Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit la spécialiste française du Beach Flags : Annah Abravanel. La Luzienne, âgée seulement de 21 ans, est devenue en 2024 championne du monde de Beach Flags, en Australie, terre reine de la discipline. Elle a également remporté l'Open du Japon, et est devenue la première française médaillée de l'Open d'Australie, toujours en 2024. 2025 s'annonce grandiose pour celle qui est également étudiante à Sciences Po Paris.
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SportTranscription
00:17Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport,
00:19soyez les bienvenus dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:22Bienvenue dans la victoire éternelle avec encore une championne hors du commun
00:26qui permet à la France de briller aux quatre coins du monde,
00:29surtout très, très, très loin.
00:30Bonjour, ma chère Anna Abrabanel.
00:33Bonjour.
00:34Ça va bien ?
00:34Très bien. Je suis très heureuse d'être ici.
00:36On est ravis de t'accueillir.
00:37Tu es championne du monde 2024 d'une discipline inconnue en France.
00:43C'est pas... Tu le prends pas mal si je dis ça.
00:45Non.
00:46Mais c'est une discipline qui est tellement importante dans d'autres pays,
00:50notamment en Australie.
00:51Et c'est notre Française qui excelle.
00:53Qu'est-ce que le Beach Flags, Anna ?
00:56C'est une épreuve du sauvetage sportif où l'idée, c'est...
01:01On est allongés sur le sable.
01:02Sauvetage en mer, hein ?
01:04Ouais, sauvetage sportif.
01:05Ou en piscine, mais enfin... Oui, oui.
01:06En fait, le sauvetage sportif, c'est constitué d'une partie en piscine
01:10et d'une partie en mer.
01:11Donc la partie en piscine, il va y avoir des mannequins, des boétubes, des palmes.
01:15Et la partie en mer, ça va être des épreuves dans la mer,
01:18de la nage, de la rame, du surf-ski
01:21et des épreuves sur le sable avec du sprint et des Beach Flags.
01:24Donc les Beach Flags, l'idée, c'est... C'est quoi ?
01:28En fait, imaginons, on est 10.
01:30On est allongés sur le sable, sur le ventre.
01:32Et on va avoir de l'image qui va arriver, vas-y.
01:34À 20 mètres, il y a 9 bâtons, on donne un départ
01:37et la personne qui n'a pas le bâton est éliminée.
01:39OK.
01:40Et on fait ça jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un bâton.
01:43Donc c'est un sifflet qui vous...
01:45Ouais, il y a un monsieur, en fait, qui va nous donner le départ.
01:49Donc c'est sauveteur en position, tête basse, top.
01:52Et au coup de sifflet, on part.
01:54Donc, ça veut dire qu'il faut qu'il y ait une réactivité...
01:57Exactement.
01:58Exceptionnelle.
01:59Ouais.
02:00Une explosivité de malade.
02:03Ouais.
02:04Et puis, il y en a une qui n'aura pas de bâton parce qu'il en manque un.
02:07Exactement, c'est comme les chaises musicales, en fait.
02:09OK.
02:10Et à quel moment tu sais où est le bâton ?
02:13Quand tu te lèves et que tu pars.
02:14Quand tu te retournes.
02:15Donc l'idée, en fait, le sauvetage sportif, chaque épreuve
02:19va mettre en avant, en fait, le fait de sauver quelqu'un.
02:22Donc l'idée, là, dans les beach flags, c'est que le bâton représente la main de la victime.
02:27En fait, on entend un bruit, on entend quelqu'un qui appelle à l'aide.
02:31On se retourne, on cherche la main de la victime, le bâton,
02:34et on va la chercher le plus vite possible, en fait.
02:37Et alors, il y a un truc qui est génial, et cette image, ce qu'on vient de voir,
02:39est assez spectaculaire, mais significatif, c'est qu'il y a de la stratégie.
02:43Il y a beaucoup de stratégie, ouais.
02:44Ouais, parce qu'il faut couper la route de l'autre.
02:46Ouais.
02:47Et il y a des moments pour le faire, il y a des manières de le faire.
02:51Donc, c'est vrai qu'il y a une partie très stratégique et très intéressante.
02:55Là, à 3, là, vous êtes à 3, et on va le voir, là, tu vas vraiment l'empêcher, la gêner.
03:00Ouais, la fille avec le lycra rouge et jaune.
03:03Parce qu'en fait, il y a des batailles aussi avec des clubs, donc un système de points,
03:07où moi, si je gagne, je rapporte 20 points, la deuxième, 18 points, etc.
03:11Donc l'idée, c'est...
03:12OK, toi, t'es de quelle couleur, là ?
03:13Là, à droite, en rouge.
03:15Voilà, et tu bloques, tu gênes les deux, presque.
03:18Ouais, du coup...
03:18Et l'une et l'autre, mais ça veut dire qu'il y a plus de distance,
03:20puisque tu prends le...
03:21Oui, mais comme je suis plus rapide, ça compense.
03:23Pas, pas, pas, pas, pas, pas, pas !
03:25Je sais que je suis plus rapide, mais oui, mais bien sûr, non.
03:27Je sais que je suis plus rapide, donc je vais vous gêner toutes les deux.
03:30Exactement, ouais.
03:31Et je vais choisir, du coup, un petit peu,
03:34celle avec qui je veux être en finale, d'une certaine manière.
03:36J'adore, c'est génial.
03:37Parfois, ça marche pas.
03:38Parfois, tu te fais éliminer, et...
03:41C'est pour ça, c'est un risque que tu prends,
03:42mais il faut avoir pesé le pour et le contre, et savoir...
03:44Donc, tu sais, avant même le départ,
03:47Parce que là, il y a quoi ?
03:48Il y a deux secondes et demie, trois secondes de course ?
03:51Tu sais avant le départ ce que tu vas faire,
03:52ou tu vas réagir en fonction du départ aussi de l'autre ?
03:56Ça dépend.
03:57Tu peux avoir ce que tu veux faire en tête,
03:59mais parfois, ça se passe pas comme ça,
04:01parce que toi, t'as été moins rapide,
04:02parce que l'autre a été plus rapide, ou inversement,
04:05et du coup, tu dois t'ajuster, en fait, à réagir.
04:09Ce qui va m'intéresser un petit peu plus tard dans l'émission,
04:11c'est de comprendre comment on s'entraîne,
04:14parce qu'il y a effectivement cette...
04:16Ce dixième de seconde qui va faire la diff,
04:19parce que lui, il va représenter 15 centimètres,
04:21et quand tu vas passer l'épaule...
04:23Exactement, et ça, c'est important ce que tu as dit,
04:25quand tu vas passer l'épaule,
04:26parce que si déjà, t'as l'épaule qui est devant,
04:29déjà, t'as plus de la moitié du poids.
04:31T'as un grand coup d'avance, bien sûr.
04:33Hyper important.
04:35T'as juste 21 ans, t'es championne du monde,
04:37et on va se rendre compte que t'es venue mettre un bazar extraordinaire,
04:41et bravo, bravo, bravo,
04:42dans ce monde où un pays...
04:47D'abord, cette discipline est une institution dans ce pays,
04:49mais tu vas arriver, tu vas t'imposer chez eux, chez elles,
04:54et ça, c'est assez génial.
04:55Ça a mis un peu de temps, quand même,
04:57parce que quand je suis arrivée la première fois...
04:59Pour faire ça, t'as 21 ans, un peu de temps,
05:00et tu vois, c'est pas comme si c'était en fin de carrière.
05:02Non mais oui, mais je veux dire, c'est pas arrivé,
05:04je suis arrivée là-bas, et c'est bon, c'était plié, quoi.
05:06Bien sûr, on parle de sport de haut niveau.
05:09Évidemment.
05:09Donc, parce que moi, ce qui va m'intéresser,
05:11ce que j'ai, c'est l'entraînement de tout ça.
05:13Ouais, le chemin.
05:15Physique, mentale, la réactivité.
05:16Moi, j'ai en mémoire, pour avoir beaucoup bossé sur la Formule 1,
05:20les réflexes, la vitesse de prise de décision.
05:22C'est ça qui est magique.
05:24La vitesse de prise de décision, et tout ça, ça se travaille, évidemment.
05:27Comment t'es arrivée là-dedans ?
05:28Toi, t'es biarrote ?
05:29Ouais, enfin, lusienne, plutôt.
05:31J'habite à Saint-Jean-de-Luz.
05:32T'es née où ?
05:33Je suis née à Bayonne.
05:33OK, donc au Pays basque.
05:35Au Pays basque.
05:36De parents basques ?
05:38Non, parisiens.
05:39Parisiens ?
05:39Ouais.
05:40Oh là là là là là !
05:41Déjà, ça se faisait qu'on les accueille pas dans notre sud-ouest, les Parisiens.
05:46Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
05:47En plaisante, évidemment.
05:49Comment t'es arrivée là ?
05:50Alors, moi, j'ai toujours été très sportive.
05:52J'ai fait plein de sports.
05:54Et ma meilleure amie, à l'époque, avait débuté le sauvetage sportif.
05:58Donc, c'était à Sauquois, c'était même pas à Saint-Jean-de-Luz.
06:01Et elle m'avait dit, viens essayer, tu vas adorer.
06:03Et du coup, moi, j'ai essayé.
06:04Avec plein de discipline ?
06:06Ouais, donc là, ce que j'ai essayé, c'était la rame, en fait, en mer.
06:10Donc, le paddle, quoi.
06:12Et...
06:13Debout sur une planche ?
06:14Non, le paddle, c'est comme les rescues de sauvetage des sauveteurs.
06:17Donc, ce sont des planches où on peut ramer allongé ou à genoux.
06:21Ah oui, oui, bien sûr, d'accord, ok.
06:24Et du coup, donc, j'ai essayé ça...
06:25T'avais quel âge ?
06:26J'avais 9 ans.
06:27C'était en 2012.
06:29Donc...
06:30Donc, un petit bout de bonne femme.
06:31Ouais, comme ça.
06:33Et on a nagé aussi.
06:35On a fait des beach flags, un peu de spring sur le sable.
06:37Et moi, comme j'étais comme ça, je mettais une combi.
06:41Mais en fait, la combi était trop grande.
06:42J'avais froid.
06:43Donc, en dessous, j'avais je ne sais pas combien de lycra.
06:45J'adore.
06:47Enfin, c'était vraiment très marrant.
06:49Et donc, j'ai essayé.
06:50J'ai vraiment adoré.
06:51Et je n'ai pas arrêté, en fait.
06:53J'ai continué.
06:54Je me suis rendu compte que...
06:55Toutes les disciplines ?
06:56Alors, je suis vraiment restée sur la partie en mer.
06:59J'ai fait un peu de piscine, mais ce n'était pas trop mon domaine de prédilection.
07:02Je n'ai pas vraiment aimé.
07:04Donc, j'ai un peu abandonné au fil du temps.
07:07Et je me suis concentrée sur le paddle.
07:11Enfin, oui.
07:12Oui, la nage.
07:13La nage en mer, pas trop.
07:15Enfin, je veux dire la nage, pardon.
07:17Le surf-ski.
07:17J'ai fait beaucoup de surf-ski.
07:18Donc, le surf-ski, c'est ces grands...
07:21Des espèces de kayak, en fait, avec des pédales.
07:24Tu appuies à droite, tu appuies sur la pédale de droite, tu vas à droite.
07:27Tu appuies sur la pédale de gauche, tu vas à gauche.
07:30Et tu rames avec une pagaie, en fait.
07:33Donc, tu essayes toutes ces disciplines.
07:35Voilà, je vais adoubler.
07:36Le sable, donc flag, sprint.
07:39Super, donc j'ai beaucoup aimé.
07:41Et puis, j'ai fait ça pendant...
07:43J'ai continué, en fait, sur ce chemin-là.
07:45Donc, de 9 ans à ?
07:46Ben, 21 ans.
07:48OK.
07:48Oui, bien sûr.
07:49Mais sauf qu'il y a un moment où tu as délaissé certaines disciplines.
07:52Alors, j'ai toujours gardé ce côté en océan.
07:57Donc, je suis partie au club du Biarritz-Sauvetage Cotier en juillet 2021.
08:02Et donc, là, j'ai fait beaucoup...
08:057 ans.
08:07Ouais, 18, j'aurais dit.
08:09Donc, j'ai fait beaucoup la partie océan.
08:11Presque plus que la partie sable.
08:13Et ça m'a vraiment reconnectée avec ce sport, avec la nature, l'océan.
08:18Parce que c'était une période assez compliquée pour moi où j'ai failli arrêter.
08:21Et vraiment, partir dans ce club à Biarritz, ça m'a redonné un élan, en fait.
08:25Ça m'a redonné goût à la compétition, à l'entraînement.
08:28Donc, j'ai vraiment adoré.
08:29Parce que tu avais eu une approche de sportive de haut niveau,
08:32de compétition, de recherche de performance ?
08:34Ouais, déjà.
08:35Parce que j'étais en équipe de France en 2018-2019 avec l'équipe junior.
08:402021, je n'ai pas été sélectionnée.
08:42Donc, année assez compliquée.
08:44Attends, il faut que je comprenne une chose.
08:45Pendant que tu fais tout ça, tu fais des études en même temps ?
08:47Oui.
08:48Oui.
08:48OK, donc tu vas avoir ton bac.
08:50J'ai mon bac.
08:51Après ton bac ?
08:52Après mon bac, je fais une licence.
08:54Donc, le bachelor à Sciences Po Paris.
08:56Mais j'ai des aménagements qui me permettent de faire les cours à distance, globalement.
09:00Je valide mon bachelor.
09:02Donc, je l'ai validé l'année dernière.
09:04Et donc là, je suis en première année de Master Marketing à Sciences Po à Paris.
09:07Là, ce n'est pas à distance.
09:09Il y en a là-dedans.
09:10Donc, il faut venir et il faut faire les deux.
09:11Et il faut partir en Australie, au Japon et compagnie.
09:14Vous voyez un peu les aménagements et les efforts et les sacrifices.
09:16Ouais.
09:17Donc, là où je voulais en venir, c'est que tu grandis dans cette discipline
09:21en tant que femme, d'étudiante, de futur...
09:26Futur quoi, d'ailleurs ?
09:27Je ne sais pas trop encore.
09:28C'est dans le marketing, la com ?
09:30J'aime bien le domaine de la préparation mentale.
09:32Du coup, peut-être développer quelque chose en lien avec toutes les connaissances
09:37que j'aurais apprises à Sciences Po,
09:39les connaissances de sportif de haut niveau,
09:41les connaissances que j'ai en préparation mentale.
09:43Et l'expérience.
09:44Voilà, exactement.
09:45Faire un petit truc comme ça.
09:46Les deux grandissent.
09:47Ouais.
09:47Et à quel moment tu vas aller te focaliser et te spécialiser sur le beachflag ?
09:52Alors, je dirais que c'est à partir de 2022.
09:54Donc, en fait, en septembre 2022.
09:56Il y a deux ans et demi.
09:57Ouais.
09:58Je pars aux premières sélections en équipe de France Senior.
10:01À ce moment-là, tu n'as pas de titre, rien ?
10:03Je suis championne de France, championne d'Europe Junior,
10:06championne d'Europe Senior.
10:07En quoi ?
10:08En beachflag.
10:08Ah, OK.
10:09Donc, tu ne m'as pas spécialisé, mais déjà un peu.
10:10Si, mais je veux dire, je faisais d'autres choses aussi quand même.
10:13OK.
10:13Tu étais gentille.
10:15Ouais.
10:15Et donc, je suis sélectionnée pour ma première équipe de France en Senior.
10:20Donc, pour moi, c'est dingue.
10:21Surtout que l'année d'avant, en Junior 2, je n'avais pas été sélectionnée.
10:25On part aux championnats du monde en Italie.
10:27Et moi, j'ai une idole qui s'appelle Elisabeth Forsyth,
10:30qui est la reine des beachflags depuis 2018.
10:33Elle est un battue et elle est super forte.
10:36Et là, je vois qu'elle est sélectionnée avec l'équipe australienne.
10:39Moi, mon rêve, c'était de la rencontrer et de courir avec elle.
10:42Pourquoi ? Elle est italienne et…
10:44équipe australienne.
10:46Donc, les championnats du monde sont en Italie.
10:48Ah, pardon.
10:49Donc, c'est une australienne. OK.
10:51Et elle est sélectionnée avec l'équipe d'Australie
10:53pour participer aux championnats du monde qui ont lieu en Italie.
10:56Et donc, moi, je vais là-bas.
10:59Donc, j'ai 19 ans.
11:00Je fais mes courses.
11:02Donc, je fais des très belles courses.
11:03Et puis, en flags, on n'est plus que 4.
11:07Donc, ce qui est déjà dingue.
11:08Très belle performance.
11:09Et je me dis, en fait, je suis à un tour de la médaille, quoi.
11:12Truc de ouf.
11:13Oui, parce qu'on rappelle qu'on procède par élimination.
11:16De une par une.
11:16Il manque un bâton.
11:17Et à chaque fois, celle qui n'a pas de bâton, bim, bim, bim.
11:19Exactement.
11:20Et donc, au bout de, j'en sais rien, 40 minutes d'effort,
11:23on n'est plus que 4.
11:23Et moi, je me dis, je vais réussir à avoir une médaille.
11:25C'est dingue.
11:26Et puis là, il y a Elisabeth Forsyth, mon idole, l'australienne, à l'extérieur.
11:31Moi, je suis à côté d'elle.
11:31Et il y a deux autres filles.
11:32Et en fait, il y a cette fameuse partie stratégique qui rentre en jeu.
11:35Et elle m'élimine.
11:37Et là, moi, ça a été, mais...
11:39End of the world.
11:40Ouais, j'en ai pas dormi pendant plusieurs mois.
11:43Mais vraiment, c'était horrible.
11:45Et bon...
11:46Pourquoi ?
11:46Parce que j'arrivais pas à le procès, quoi.
11:50Mais c'est d'avoir perdu ou d'avoir été éliminée par ton idole ?
11:53Bah, les deux, je pense.
11:55Je pense que ça a été un mélange.
11:56Tu l'envoulais ?
11:57Tu ressentais quoi ?
11:58Ah, j'étais triste.
12:00Je m'envoulais à moi-même aussi, parce que j'avais fait une erreur.
12:03Laquelle ?
12:04Une erreur stratégique.
12:05J'aurais dû aller pas là où j'étais.
12:07Mais j'étais jeune aussi, entre guillemets.
12:09J'ai manqué d'expérience.
12:10Mais t'as voulu lui couper la route ?
12:11Non, j'ai voulu...
12:12Je sais pas ce que j'ai voulu faire.
12:14Je...
12:15Manque d'expérience ?
12:16Ouais, complètement.
12:17Non, manque d'expérience.
12:19Exactement.
12:19Manque d'expérience internationale à très haut niveau.
12:22Et je vais la voir...
12:23Je vais la voir à la fin de la compète, quand même.
12:25Parce que bon, je suis d'Aigle et c'est mon idole, quoi.
12:28Je vais lui parler.
12:29Adorable.
12:31Adorable.
12:31Et là, elle me dit...
12:32Attends, attends, attends.
12:32Pardon.
12:33Elle a gagné la compète ?
12:34Elle a gagné, évidemment.
12:35Elle est embattue depuis 2018.
12:37Donc, tu vas la voir.
12:37Je vais la voir.
12:39Et là, trop sympa.
12:41Et elle me dit...
12:42Ben, tu sais quoi ?
12:43Viens t'entraîner en Australie avec moi.
12:46Et je rentre chez moi.
12:47Donc, à la fin de la compète.
12:50Et une semaine après, j'avais pris mon billet.
12:51Je partais en Australie.
12:53Un mois et demi, je m'entraînais avec elle.
12:55Donc, elle m'a fait rentrer un peu dans le truc.
12:58Elle m'a dit dans quel club aller, avec qui m'entraîner.
13:00Je me suis entraînée avec elle.
13:02Donc, moi, j'étais comme une dingue.
13:04Je m'entraînais avec elle.
13:05Et j'ai fait championnat d'Australie.
13:07Et puis, je me suis pris des petites claques quand même.
13:10Parce que, ben, manque d'expérience et tout.
13:13C'est pas du jour au lendemain que...
13:14Exactement.
13:15C'est tellement...
13:15Il y a tellement de paramètres qu'en fait, il faut...
13:17Pardon, mais moi, quand je vois ça, c'est des courses tellement courtes.
13:21Oui.
13:21Tu n'as pas le droit à l'erreur.
13:22Chaque détail devient essentiel.
13:23Exactement.
13:24Du coup, tu n'as pas le droit à l'erreur.
13:26Donc, le moindre truc...
13:27Tu maîtrises un truc.
13:28Puis, la fois d'après...
13:29En fait, tu apprends quelque chose, tu le maîtrises.
13:31Mais c'est un autre truc qui ne va pas.
13:32Donc, tu es éliminée.
13:33Bon.
13:34OK.
13:34Tu comprends, tu apprends, tu t'améliores.
13:37Tu ne refais pas l'erreur.
13:38Qu'est-ce qui se passe ?
13:38C'est un autre truc que tu fais.
13:39Ben oui.
13:40Ça ne va pas t'éliminer.
13:41C'est dingue.
13:41Oui.
13:42Puis, il y a autre chose.
13:42Oui.
13:43C'est qu'il y en a une à côté.
13:44Oui.
13:44Elle aussi, elle progresse.
13:46Oui.
13:47Exactement.
13:47Aussi.
13:48Donc...
13:49Championnat d'Australie.
13:50Championnat d'Australie.
13:52Je suis à un tour de passer en finale.
13:53Parce qu'il faut savoir que le niveau est tellement élevé là-bas.
13:55Il y a tellement de densité.
13:56Oui, mais c'est plus une discipline.
13:58C'est une institution.
13:58Oui, c'est vraiment un des sports...
14:00Ça fait partie de la culture.
14:01Oui, exactement.
14:02Complètement.
14:03Donc, si tu arrives à faire une finale en catégorie Open.
14:06Donc, la catégorie, en fait, senior.
14:08Au championnat d'Australie, c'est vraiment un succès en soi.
14:13Bon.
14:13Et moi, à un tour de la finale.
14:14Ah, voilà.
14:15Ça, c'était l'année dernière.
14:17Championnat d'Australie l'année dernière où je fais troisième.
14:19Donc, j'y suis retournée.
14:21Parce que, bon, ça m'a un peu saoulée.
14:24Je voulais faire mieux.
14:25On revient, pardon, sur les championnats d'Australie.
14:27Oui, donc, 2023, je manque la finale à un tour.
14:31Mais parce que, pareil, je fais une erreur.
14:33Je fais une erreur.
14:34Et alors, j'avais le potentiel de faire la finale.
14:36Donc, j'étais deg, deg, deg, deg.
14:38Et en fait, il faut savoir qu'avant de partir en Australie,
14:42ma mère, quand elle me dépose à l'aéroport, à la porte d'embarquement,
14:46elle me dit, bon, c'est le premier d'une multitude de départs là-bas.
14:52Parce que tu ne vas peut-être pas y arriver cette année,
14:56mais on fera en sorte que tu vas tellement y aller qu'un jour, ça marchera.
15:01Et en fait, elle tira autant de fois qu'il faudra.
15:04Elle est géniale, ta mère.
15:05Oui, mes parents, ils sont dingues.
15:07Et elle m'a dit...
15:08Elle est ancienne sportive ?
15:09Oui, elle était en équipe de France de natation.
15:10Ah, voilà.
15:12Et elle m'a dit...
15:13Ça, quelqu'un normalement constitué ne te dit pas ça.
15:17Et elle m'a dit, je ne sais pas combien de fois il faudra que tu y ailles,
15:22mais on fera en sorte que tu iras autant de fois qu'il faudra.
15:26Et si tu veux réussir, en gros, nous, on va t'aider.
15:30C'est un truc de dingue.
15:31Là, je voudrais que ceux qui nous regardent comprennent.
15:34Déjà, l'approche d'une ancienne sportive, moi, ça m'a sauté aux yeux.
15:38Mais au-delà de ça, parce que tu ne vas pas pour gagner de l'argent,
15:41tu ne vas pas sur une discipline médiatique,
15:43tu ne vas pas pour faire la une des journaux,
15:45c'est juste parce qu'elle a envie que sa fille kiffe.
15:48C'est magique, magique, magique.
15:50Ma mère, c'est...
15:52J'ai beaucoup de chance.
15:53Et aujourd'hui, ce que j'ai réussi à faire et tout ce que je mène comme projet,
15:59si je n'avais pas ma famille et mes parents qui m'aidaient comme ils m'aident,
16:02jamais, jamais je réussirais comme ça.
16:05Et ma victoire aux championnats du monde, je l'ai dédiée à ma maman.
16:08Pouah, mais tu m'étonnes.
16:10Tu m'étonnes.
16:11Oui.
16:12Et du coup, donc, moi, je rentre, j'étais deg.
16:14Oui, 4e, 2023.
16:16Non, non, non, je ne passe pas en finale.
16:18Ah oui, pardon.
16:192023, je ne passe pas en finale.
16:21Du coup, je rentre et ma mère, elle me dit,
16:23mais ce n'est pas grave, tu retournes l'année prochaine.
16:26Du coup, on se refocalisait, enfin, on se remettait des objectifs comme ça.
16:30Donc, j'y suis retournée en 2024.
16:31Attends, ne va pas trop vite.
16:33Tu t'entraînes comment ?
16:33Qu'est-ce que ça change dans ta vision, dans ton approche ?
16:36Ça me fait une échéance, ça me fait des choses en plus, en fait.
16:41Tu te sens suivie, poussée ?
16:42Oui, parce qu'en fait, si tu veux, là-bas,
16:45donc Elisabeth Forsyth, mon idole, grâce à elle, j'ai rencontré Simon Harris.
16:50Qui est Simon Harris ?
16:51Simon Harris, c'est une légende dans les beach flags.
16:54Il a été 11 fois champion d'Australie, multiple fois champion du monde.
16:57C'est vraiment, s'il y a une personne que tu dois citer dans les beach flags, c'est lui.
17:02Donc, moi, c'est mon deuxième idole.
17:03Les deux idoles, c'est Elisabeth et Simon.
17:05Et donc, très dur d'accéder à lui, parce qu'il est très compliqué.
17:11Et donc, en 2023, au bout d'un moment, au bout d'un mois à peu près,
17:14j'ai réussi à le rencontrer.
17:15Mais bon, moi, je partais deux semaines après, quoi.
17:18Et j'ai réussi à être invitée à un de ses entraînements,
17:20parce qu'il faut être invitée.
17:21Et ils coachent quatre athlètes, quoi.
17:23Et ils sont tous champions d'Australie dans leur tranche d'âge.
17:26Bon, donc moi, c'était Noël.
17:28Je n'ai pas dormi la veille, j'étais comme une dingue.
17:31Et donc, je fais l'entraînement, ça se passe super bien.
17:33On accroche de ouf et il me dit, écoute, reviens la semaine prochaine.
17:37Je reviens la semaine prochaine.
17:38Super, ça se passe très bien.
17:40Et puis, quand je rentre en France, il m'envoie un message.
17:42Il me dit, écoute, j'aimerais te coacher depuis l'Australie.
17:44Qu'est-ce que t'en penses ?
17:46Moi, je lui dis, attends, quoi ?
17:49C'est un vrai compte, là ? C'est vraiment toi ?
17:50Voilà le changement.
17:52Et là, je fais, ouais.
17:53Et du coup, donc, c'est lui qui me coache en flax.
17:55Donc, on s'écrit presque tous les jours.
17:57Il m'envoie les séances à faire.
17:58Ma mère, elle vient, elle me filme mes séances pour que je lui envoie.
18:02Il me fait des retours sur mes entraînements, sur mes compètes.
18:05Et donc, j'ai un vrai suivi.
18:06Et donc, quand je vais là-bas, je m'entraîne avec lui.
18:09Bon, du coup, je retourne en Australie en 2024.
18:12Je retourne, je repars un mois et demi.
18:15Donc, je m'entraîne avec lui.
18:18Génial et tout.
18:20On arrive au championnat d'Australie et...
18:22Entre-temps, t'as été championne d'Europe senior en 2023.
18:25Ouais, c'est ça.
18:26OK, vas-y, on repart.
18:27Et donc, je fais et puis là, en fait, j'arrive à passer en finale.
18:33Donc, déjà, truc de ouf.
18:35Moi, je pleure et tout parce que j'étais trop contente.
18:37Finale, vous êtes combien ?
18:38Et finale, on est 8, donc c'est vraiment pas beaucoup.
18:41Vas-y, ça se passe comment ?
18:42Alors, c'était dingue parce qu'en fait, on termine les demi-finales vers 17h.
18:47Le soleil, il se couche vers 18h là-bas et on avait la finale genre à 20h.
18:51Donc, en fait, on était dans la nuit.
18:52Donc là, c'est ce qu'on voit, il y a sur le petit écran,
18:55mais c'est dans la nuit avec des spots lumineux.
18:59Et en fait, on voit là, c'est vraiment...
19:03On est comme dans une arène, en fait, avec plein de gens qui nous entourent,
19:06beaucoup de bruit et on voit pas dans la vidéo,
19:08mais en fait, sur le côté, il y a une espèce de grande dune
19:11avec plein de gens en hauteur.
19:12Ah ouais !
19:13C'est un truc de ouf.
19:14Et donc...
19:17Et donc, cette finale ?
19:18On est 8, on est 7, on est 6, on est 5.
19:21Et je me dis...
19:22Déjà, en fait, j'étais même pas stressée.
19:24Vraiment, j'étais dans un autre monde parce que moi,
19:27normalement, je le regarde avec ma mère, ça,
19:29et je vois les crânes de couleurs et tout.
19:32Donc, me dire que je suis là et qu'il y a des gens qui me regardent
19:35et que j'ai mon petit crâne de couleurs, c'est un truc de ouf.
19:37Oui, mais la prépa avec le fameux Simon, ça a changé ta vie ?
19:39Non, mais c'était ouf.
19:40Parce qu'elle est physique, mais elle est mentale, cette histoire.
19:41Ouais, complètement, exactement.
19:43Donc moi, vraiment, je kiffe.
19:44Je vis ma meilleure vie.
19:46Et j'y vais, mais tour par tour.
19:48Et je me dis à chaque fois, je me dis,
19:50allez, encore un, encore un, encore un.
19:52Et au bout d'un moment, on n'est plus quatre.
19:54Et là, je vois Elisabeth à l'extérieur, à côté de moi.
19:58Et en gros, elle me dit, t'inquiète, on y va, quoi.
20:03Genre, on travaille ensemble, en fait.
20:05Et du coup, elle fait en sorte de s'écarter
20:09pour pas me prendre le bâton, pour que j'ai un bâton.
20:12Et du coup, on n'est plus que trois, en fait.
20:16Et moi, j'ai ma médaille au championnat d'Australie.
20:18Et je crois que je suis la première européenne,
20:20même pas française, mais européenne,
20:22à avoir une médaille en flax au championnat d'Australie, en fait.
20:28Et là, je fais troisième.
20:32Je ne peux pas faire un deuxième parce que je suis moins forte qu'elle.
20:35Mais déjà, c'est un résultat exceptionnel.
20:37C'est une révolution.
20:37Ouais, franchement.
20:39En fait, il n'y a qu'une seule personne en France
20:42qui a été championne d'Australie, champion d'Australie.
20:45C'était en 2012, à Perth, c'était sur le surf-ski.
20:50Et donc, je crois que je suis la deuxième personne à avoir une médaille.
20:52Mais dans ta discipline, t'es la première ?
20:53En flax, ouais, dans ma discipline, la première.
20:55Ensuite, on bascule, l'année d'après.
20:56Donc, je rentre.
20:59Je rentre et après, il y a la sélection pour l'équipe de France.
21:02Et c'était très, vraiment très court le temps.
21:05Et moi, j'étais très malade en rentrant parce que décompensation, etc.
21:09Ça a été très compliqué, cette sélection.
21:12Donc, je suis sélectionnée et je pars au championnat du monde en Australie,
21:15en septembre 2024.
21:18En Australie, truc de ouf.
21:19Et là, j'ai réussi à gagner.
21:22Et du coup, je suis championne du monde en Australie.
21:25Elle y était ?
21:26Non, elle n'y était pas parce qu'elle était blessée.
21:29Mais ça a été une autre Australienne et elles sont très fortes.
21:32Ça, c'est les images.
21:34Ouais, donc ça, c'est...
21:36Est-ce qu'on peut dire que t'as révolutionné la discipline grâce à ce résultat ?
21:40Quand je dis révolutionné, c'est impossible.
21:42Sur le papier, personne ne peut imaginer que...
21:44Non, c'est vrai.
21:46Je ne sais pas si je me suis révolutionnée,
21:48mais j'espère en tout cas que j'ai pu...
21:49Là, t'es où ?
21:50Là, je suis...
21:51Si t'es trop tard, c'est fini.
21:54Avec le lycra rose.
21:56J'espère... Là, à gauche.
21:59Rose ?
21:59Ouais, exactement.
22:00Rase, c'est au Pays basque.
22:02Rose, c'est à Paris.
22:03J'espère que j'ai pu inspirer certaines personnes
22:06et juste aider à ce qu'il y a un mouvement
22:08et que les gens sachent que c'est possible,
22:10ils peuvent le faire en fait et qu'ils mettent le travail
22:13et qu'ils persévèrent.
22:15Peut-être que j'ai ouvert des portes...
22:16Ça, c'est la finale.
22:17Exactement.
22:18Et là, évidemment, il n'y a qu'un bâton.
22:20Ouais.
22:21Et là, c'est dingue.
22:22J'arrive même pas à comprendre.
22:23Moi non plus.
22:24On peut la revoir, s'il vous plaît ?
22:27Ah, on a le ralenti qui arrive.
22:28OK, génial.
22:29Parce que ça se joue à rien,
22:30parce qu'on a l'impression que t'es derrière.
22:31Non, mais ouais.
22:32Mais non, en fait, j'ai l'épaule devant.
22:34OK.
22:35Là, j'ai l'épaule devant.
22:36Ah oui, tu la freines.
22:37Et elle tombe, en fait.
22:39Elle essaie de me pousser, elle tombe.
22:41Ah oui.
22:42Regarde, on le voit là.
22:44Donc toi, t'es à gauche.
22:45J'ai l'épaule devant.
22:46T'as l'épaule devant.
22:46Et là, elle me pousse.
22:47Et en fait, elle tombe
22:48parce qu'elle n'arrive pas à me pousser.
22:50J'ai le bâton.
22:51Ça veut dire qu'il faut que t'aies les jambes, mais...
22:54Et les abdos, ouais.
22:55Ouais, le gainage, les jambes, un truc de ouf.
22:57Parce que ça pousse, ça va hyper vite.
22:59Mais en plus, c'est que là, ça va tellement vite
23:01que tu ne sais pas, c'est de l'instinct.
23:03Et t'as pas le droit d'écarter le bras,
23:05sinon t'es disqualifié.
23:06Sauf que sur le moment, tu ne dis pas
23:08« garde le bras collé ».
23:09Est-ce qu'on peut me remettre, s'il vous plaît,
23:11le ralenti pour que je comprenne et que je vois
23:13à quel moment l'épaule passe devant ?
23:14Parce qu'en fait, la clé, elle est là.
23:15Parce que je suis devant dès le départ, en fait.
23:16Je suis devant dès le départ et je vais au coup.
23:18On regarde le départ.
23:19Effectivement, t'es devant.
23:20Ouais, t'es devant,
23:22mais à la troisième foulée, elle revient.
23:24Elle revient.
23:25Donc ça veut dire qu'il faut...
23:26Toi, tu le sens qu'elle revient ?
23:28Ouais, du coup, je me suis collée à elle.
23:30Voilà.
23:30Tu vas la chercher pour lui dire
23:32Ouais, exactement.
23:33Parce que si tu ne te colles pas, elle te passe.
23:34Ouais, parce qu'elle court plus vite que moi.
23:36Ouais, ouais, ouais.
23:37Mais à l'explosivité, au démarrage, tu l'as eue.
23:39Tu l'avais déjà battue, elle ?
23:40Euh...
23:42Je ne crois pas que j'ai été contre elle avant.
23:45Ça a changé quoi dans ta vie, ce titre de championne du monde,
23:47en Australie, chez eux, là-bas ?
23:49En vrai, c'est bizarre parce que j'ai du mal à réaliser, en fait.
23:53J'adore.
23:53J'ai du mal à réaliser parce que pour moi,
23:55j'ai juste fait ce que je fais tous les jours à l'entraînement
23:57et j'ai appliqué ce pour quoi je m'entraîne.
24:01Donc...
24:03C'est dur à réaliser.
24:04J'ai encore du mal aujourd'hui à me dire que ouais,
24:06je suis championne du monde, quoi.
24:07Est-ce que le fameux Simon, il était là ?
24:09Ouais, il me coachait, il m'a coachée, c'était dingue.
24:11Et Elisabeth était dans les gradins,
24:13elle est venue m'encourager à l'échauffement et tout.
24:14Non, c'était ouf.
24:15Il t'ont dit quoi avant cette finale ?
24:17Elisabeth, elle m'a dit que j'allais gagner.
24:19À quel moment elle te l'a dit ?
24:20Euh...
24:23À l'échauffement, elle est venue me voir et elle m'a dit...
24:25À l'échauffement quand vous étiez encore 8 ?
24:27Non, non, l'échauffement avant la finale.
24:29Avant la finale, elle m'a dit c'est pour toi
24:32et elle m'a donné quelques conseils et...
24:34Et Simon ?
24:36Ben Simon, il coachait aussi l'Australienne.
24:39Oh la vache.
24:39Il nous coachait les deux.
24:40Du coup, il n'a pas trop pu réagir.
24:42Hop, hop, hop, hop, hop, hop.
24:43Mais un jour, il a laissé filer dans un message
24:45parce qu'en gros, du coup, il me coache.
24:47Et dans un message, un jour, il m'a dit
24:48ouais, si tu ne travailles pas ça,
24:51Brittany, l'Australienne, elle va te passer devant.
24:54Du coup, moi, je me suis dit
24:55mais attends, pour me passer devant,
24:56ça veut dire que je suis devant.
24:57Et du coup, je me suis dit qu'il pensait
24:59que je pouvais être devant.
25:01Je voudrais juste quand même préciser
25:02que depuis, tu as gagné l'Open du Japon.
25:04Ouais.
25:04Où tu n'aurais jamais dû être,
25:05mais bon, tu l'as gagné.
25:06Ouais, voilà.
25:07Est-ce qu'aujourd'hui,
25:07et ça sera ma dernière question,
25:08est-ce que tes adversaires te craignent ?
25:11Je ne sais pas.
25:11Je ne suis pas dans leur tête.
25:13Non, tu dois bien savoir ce qui se dit.
25:15Je ne sais pas.
25:15En vrai, je suis...
25:16Ça, c'est les images du Japon.
25:17Je suis concentrée sur moi.
25:19Je ne sais pas, je n'en sais rien.
25:21Peut-être, sûrement.
25:24Tu as 21 ans.
25:25Ouais.
25:26Tu comptes faire ça jusqu'à quand ?
25:28Peut-être les Jeux de 2032,
25:30si c'est au jeu.
25:31Non, en réalité...
25:32Où ça ?
25:33Brisbane.
25:34Voilà.
25:34C'est pour ça, peut-être que ça sera.
25:36Mais ce n'est pas sûr qu'il y ait les FLAGS,
25:37si ça y est.
25:38Parce que 2032, tu auras quoi, 29 ?
25:39Ouais, 29.
25:40Ouais, ça se fait, non ?
25:41Après, les FLAGS,
25:42on peut avoir une carrière qui est longue.
25:43Donc moi, si je veux continuer
25:44encore pendant dix ans,
25:45je continue pendant dix ans.
25:47Ça demande une telle explosivité.
25:48Ouais, ouais.
25:49Tu es un peu comme le Florent Monodou.
25:50Ouais, c'est ça.
25:51Il vient chercher un beau truc
25:53à l'explosivité, au mental et à l'expérience.
25:56Ouais, ouais.
25:56Là, le mental, hyper important.
25:58Dans les FLAGS,
25:59c'est un effort qui est répétitif.
26:01Tu n'as pas le droit à l'erreur.
26:02C'est court, c'est hyper intense.
26:03Sur une période de temps
26:05qui est quand même assez longue,
26:06mentalement, il faut être super solide.
26:07Est-ce que tu peux regarder ta caméra
26:08et dire merci, maman ?
26:10Merci, maman.
26:11Je t'adore.
26:12Refais-le moi, vas-y.
26:13Merci, maman.
26:15C'est incroyable.
26:15Ce que tu as dit, ta mère,
26:16ça me bouleverse.
26:18C'est magique.
26:18Ouais.
26:19Bravo, maman.
26:21Je suis certain que tu vas inspirer
26:22d'autres championnes.
26:22Et on va parler de tout ça
26:24avec Julie Caron de Fémina.
26:31Ma chère Julie, bonjour.
26:32Bonjour, Alexandre.
26:33Et enchantée, Anna.
26:35Je suis rave d'être là.
26:36De quoi allons-nous parler aujourd'hui ?
26:37Alors, aujourd'hui, dans Sacré Championne,
26:39je vais vous parler d'une athlète
26:40avec qui vous partagez deux points communs,
26:42enfin, au minimum.
26:44Déjà, elle est aussi originaire
26:46du Pays basque.
26:47Et le deuxième point commun,
26:48c'est que vous êtes toutes les deux
26:49la première Française de votre discipline
26:52à devenir championne du monde.
26:54Waouh.
26:55Donc, et celle dont je sois
26:56à vous parler aujourd'hui,
26:57c'est la surfeuse Pauline Hadot.
27:00Est-ce que ça se dit quelque chose ?
27:01Oui, évidemment.
27:02Alors, de son côté, Pauline,
27:03elle a commencé le surf à seulement 8 ans.
27:06Pas du tout une famille de surfeurs.
27:08Elle veut se mettre,
27:08parce qu'elle habite sur la côte,
27:11sur la planche.
27:12Mais voilà, elle ne vient pas
27:13comme beaucoup de surfeuses d'une famille
27:14où ça surfe dans tous les sens.
27:16Et là, c'est le coup de foudre.
27:18Mais pas trop de compétition au départ.
27:19Enfin, très vite, puisqu'à 10 ans,
27:21elle participe à son premier championnat,
27:23première compétition.
27:24Et donc, devinez quoi ?
27:26Elle gagne.
27:27Et oui, elle remporte haut la main.
27:28Et donc, cette victoire très jeune,
27:30précoce, la propulse sur le devant
27:31de la scène directe
27:32dans cet univers du surf.
27:34Elle attire l'attention
27:35des sponsors, notamment.
27:36Et ça lui ouvre la porte
27:37à des compétitions bien plus grandes
27:39à l'international.
27:40Donc, elle ne s'arrête pas là.
27:41Elle continue à persévérer
27:42dans la discipline.
27:43Et puis, à 15 ans,
27:44elle devient championne
27:45du monde junior, d'abord.
27:47Une première pour une Française.
27:48Donc, déjà en junior,
27:50elle commence à glaner des titres
27:54pour la France.
27:55Et c'est que le début,
27:56puisqu'en 2017,
27:57elle réalise l'exploit de décrocher
27:59donc ce premier titre
28:00de championne du monde ISA
28:03à Biarritz, en plus,
28:04devant son public.
28:05Ce qui est assez exceptionnel,
28:06parce qu'on sait qu'alors,
28:08on a eu un champion olympique
28:11l'année dernière.
28:12Mais on sait que c'est des disciplines
28:14où nous, Européens,
28:15ou en tout cas, nous, Français,
28:17on a toujours eu un petit peu
28:18de mal à confirmer.
28:20Et d'ailleurs, elle est devant
28:21une de ses compatriotes,
28:23Joanne Deffey.
28:24Voilà.
28:24Donc, elles sont les deux
28:25sur le podium à Biarritz.
28:26Donc, vraiment un très beau moment
28:28pour le sport français.
28:30Et donc, là, c'est vraiment
28:31une consécration qui la place
28:32pour toujours
28:34parmi les plus grandes surfeuses
28:37mondiales et françaises.
28:39Et d'ailleurs, en 2021,
28:40c'est elle qui va représenter
28:42la France à Tokyo, au JO.
28:43Donc, où le surf apparaît
28:45comme nouvelle discipline olympique.
28:47Et voilà, cette expérience unique,
28:49elle a vraiment montré
28:50sa détermination à exceller
28:52et à inspirer les générations futures
28:54dans ce sport.
28:55Après ça, elle a quitté
28:56le circuit élite.
28:58Mais Pauline, en fait,
28:59ce n'est pas que une sportive.
29:01En tout cas, elle se sert
29:02de son sport pour faire passer
29:04des messages et notamment,
29:05c'est une femme engagée
29:07pour l'océan.
29:08Elle est ambassadrice
29:09de la Surf Riders Foundation Europe
29:10depuis 2018 et donc, elle participe
29:13à plein d'événements
29:15et d'actions de sensibilisation
29:16à la protection des océans,
29:17donc les ramassages
29:19de déchets sur les plages.
29:20Elle intervient aussi
29:21dans les écoles.
29:22Et donc, voilà, elle est vraiment
29:23sur tous les fronts
29:24pour défendre la planète.
29:26Je voudrais juste poser une question.
29:27Quand on a grandi
29:28dans une belle région
29:29comme le Pays basque,
29:32ça paraît facile, presque inné
29:34de se dire on va prendre
29:35soin de tout ça.
29:37On a ces vagues qui sont incroyables.
29:38Oui, c'est naturel, en fait.
29:40Quand tu te développes
29:41dans un milieu comme ça,
29:42c'est même, tu ne te poses
29:43pas la question, en fait,
29:44c'est instinctif.
29:45T'as envie de le préserver.
29:46Oui, complètement, c'est ça.
29:48Et du coup, elle est aussi marraine
29:49puisqu'elle fait beaucoup de choses
29:51pour faire rayonner son sport
29:52et sa discipline.
29:54Elle est marraine de l'association
29:55Andy Surf.
29:56Donc là, elle oeuvre
29:57pour rendre le surf plus accessible
29:59aux personnes en situation de handicap.
30:01Et donc, elle partage sa passion
30:03et offre des moments sympas
30:05avec des personnes sur les vagues.
30:07Donc, c'est aussi ça, son esprit
30:08et son engagement.
30:10Il continue aussi sur terre
30:12puisque récemment, elle court.
30:14Elle a couru l'Orange Run,
30:16donc cette course 100% féminine
30:17qui sert à récolter des fangs
30:19contre le cancer du sein.
30:21Donc voilà, c'est pour ça
30:22je voulais parler d'elle
30:22parce que vous partagez
30:23pas mal de points communs.
30:25Mais c'est aussi le genre d'athlète
30:26très complète à la fois
30:27sur le plan sportif
30:28et sur le plan humain
30:29qu'on a envie de mettre en valeur
30:31dans cette émission.
30:32La victoire est en elle.
30:33Et deux Français championnes du monde.
30:35Une première à chaque fois.
30:36Bravo.
30:36La photo de la semaine pour finir.
30:37Oui, alors c'est Naomi Girma
30:39qui signe un moment historique
30:41pour le football féminin
30:42puisqu'elle rejoint officiellement
30:44le Chelsea Football Club.
30:45Et avec ce transfert,
30:47elle devient le...
30:48Pardon, elle devient le transfert
30:49le plus élevé jamais enregistré
30:52dans l'histoire du foot féminin.
30:54Donc voilà, ce record,
30:55il met en lumière son talent à elle
30:57qui est exceptionnel.
30:58Mais elle marque aussi
30:59une avancée vraiment majeure
31:00pour les femmes dans le sport.
31:02Évidemment, parce qu'on sait
31:03souvent dans les disciplines
31:04quelles qu'elles soient
31:05qu'il y a une vraie inégalité
31:06salariale ou bonus
31:08ou ce que l'on veut.
31:09Merci infiniment.
31:10Merci à vous.
31:11Merci Anna.
31:11Prochaine compétition,
31:12c'est quoi, c'est quand, c'est où ?
31:13Championnat d'Australie 2025
31:16sur la Gold Coast à peu près.
31:18Tu te prépares déjà à fond ?
31:19Oui.
31:19Et Sciences Po aussi ?
31:20Et Sciences Po, je prépare mes exams.
31:23Génial.
31:23Merci infiniment d'être venue nous voir.
31:25Merci Julie.
31:26Et je vous dis à très bientôt
31:27avec encore des jeunes femmes
31:29exceptionnelles avec nous.
31:30Salut.