• avant-hier
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Pour l'instant, nous commençons l'émission, mais avant cela, c'est le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
00:04Chère Isabelle, bonsoir.
00:07Une enquête pour violences aggravées est en cours après l'agression mardi d'une professeure d'EPS du Collège des Hormaux à Fontenay-aux-Roses.
00:14Deux jeunes qui n'étaient plus scolarisés dans l'établissement ont été sommés par l'enseignante de quitter un terrain de sport.
00:21Les adolescents refusent et tentent de lui dérober ses affaires alors qu'elles se débattent.
00:26La scène a été filmée par un troisième jeune. Le préfet des Hauts-de-Seine appelle à prendre des mesures rapides.
00:32Le ministère français du commerce extérieur l'assure.
00:35La France et l'Europe défendront leurs valeurs face aux ingérences inacceptables des États-Unis.
00:40Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l'ambassade américaine demandant si elle mettait en place des programmes de lutte contre les discriminations,
00:49ce qui pourrait les empêcher de travailler avec l'État américain.
00:53Depuis l'ONU alerte la Birmanie à un besoin urgent d'aide humanitaire.
00:57Une grave pénurie de fournitures médicales impacte l'assistance déployée dans le pays.
01:02Un convoi de 17 camions transportant des abris et des fournitures médicales devrait arriver demain en provenance de la Chine.
01:08On le rappelle, le séisme qui a frappé la région hier a fait plus de 1600 morts et plus de 3400 blessés.
01:16Merci beaucoup pour le point sur l'information.
01:18A la une de face à Mathieu Bocoté, c'est une formule qui ne vous a pas laissé indifférent, Mathieu.
01:23Celle du garde des Sceaux Gérald Darmanin qui entend lutter contre le grand effacement de la France.
01:30Formule qui n'est pas sans rappeler celle du grand remplacement, certes plus polémique.
01:34Au-delà des mots, qu'est-ce que cela implique ? On en parle dans un instant.
01:38A la une également, il a donc été condamné à 50 prisons fermes par un tribunal algérien.
01:43Boilem Sansal dans un simulacre de procès.
01:46Certains espèrent une grâce du président Théboune.
01:49Boilem Sansal incarcéré depuis le 16 novembre dernier.
01:52Est-il le nouveau Solzhenitsyn français ?
01:54Élément de réponse dans cette émission.
01:56Enfin, cher Mathieu, vous recevez ce samedi soir Ophélie Roch qui vient de publier Antisèche d'une prof.
02:01Auteur également de Black Mesa, Ophélie Roch apporte son regard sur cette école de la République en crise.
02:07Entre violences, réformes inefficaces et baisse du niveau scolaire.
02:11Entretien à suivre dans cette émission.
02:14Voilà le programme de face à Mathieu Bocoté.
02:16Dimanche dernier, Mathieu, Gérald Darmanin a dit davantage craindre le grand effacement de la République
02:22que le grand remplacement du peuple français.
02:25Cette formule frappe et vous souhaitez y revenir.
02:28Que voudrait dire ce grand effacement à l'heure où un ancien président de la République risque de la prison
02:34et où la chef de l'opposition nationale l'inéligibilité ?
02:39En quoi est-il engagé et peut-on vraiment le détacher de ce qu'il appelle lui-même le grand remplacement ?
02:45Tel sera le sujet de votre premier édito Mathieu.
02:48C'était un entretien tout à fait intéressant de Gérald Darmanin parce qu'il cherche à distinguer deux choses.
02:53Le grand remplacement dit-il, concept que l'on sait qui est porteur d'une charge polémique incroyable
02:58et le grand effacement de la République.
03:01Première réflexion, je note qu'aujourd'hui tout apparemment arrive sauf le grand remplacement.
03:07Donc le mot grand remplacement est la formule sur laquelle se calquent toutes les inquiétudes de l'époque.
03:12Le grand déclassement, le grand effacement, le grand renversement, le grand basculement.
03:18Mais quand on dit grand remplacement, alors c'est impossible d'autant que, on le sait,
03:22la police idéologique du régime, c'est-à-dire globalement la presse de gauche,
03:26se fait un devoir de toujours dire la théorie conspirationniste et raciste du grand remplacement
03:31pour qu'on soit bien certain que tous comprennent le prix qu'il y aurait à payer, embrasser cette formule.
03:37Mais, quoi qu'il en soit, Gérald Darmanin dit, ce n'est pas ce que je crains.
03:40Ce que je crains, je vais le citer exactement, je vais citer un paragraphe de l'entretien.
03:44L'immigration a de nombreuses conséquences, mais je crains plus le grand effacement de la République que notre grand remplacement.
03:51Nous devons nous imposer, dicter les règles, les prescriptions de l'islam sont très claires,
03:57on s'adapte au pays dans lequel on vit.
03:59Première partie de la citation, je commande tout de suite en disant,
04:02je crains plus le grand effacement de la République que notre grand remplacement, ce « notre » réfère au peuple français.
04:08Il dit ne pas craindre ce grand remplacement, mais il note l'existence d'un peuple français.
04:12Premier élément, nous devons nous imposer.
04:15Qui est ce « nous » qui doit s'imposer?
04:17Ce n'est pas la République simplement comme système de référence ou de valeur,
04:20donc c'est un peuple, encore une fois.
04:22Dicter les règles, nous devons fixer ce que veut dire vivre en France.
04:26Et il ajoute, donc je l'ai dit, les prescriptions de l'islam sont très claires,
04:30on s'adapte au pays dans lequel on vit.
04:32Ça c'est Gérald Darmanin qui dit ça.
04:34Il ajoute, la majorité des musulmans respectent depuis plus d'un siècle cette règle en France,
04:39et cela fait d'eux aussi de grands français, de grands militaires, de grands serviteurs de l'État.
04:43Et là, il y a deux choses là-dedans.
04:45Est-ce que l'islam, empiriquement, lorsqu'il s'installe dans le monde aujourd'hui,
04:49tend à vouloir imposer ses règles ou à s'adapter à la société qui l'accueille?
04:53On pourrait dire que les études, selon la formule des scientifiques politiques,
04:57on pourrait dire que tout laisse croire que l'islam, lorsqu'il arrive massivement,
05:01cherche à imposer ses codes davantage que s'intégrer à la société qui l'accueille.
05:06Par ailleurs, il nous dit, la majorité des musulmans respectent depuis plus d'un siècle cette règle en France,
05:11et là, c'est à ce moment-là qu'on doit distinguer entre ceux qui pouvaient être là en 1910, 1920, 1930,
05:16et la vague massive depuis les années 70, 80, 90, c'est ce qui a suivi,
05:21avec un islam travaillé par l'islamisme et qui bénéficie de la force de la pression démographique.
05:27Une fois que c'est dit, il faut réfléchir à la portée de cette déclaration de Gérald Darmanin,
05:32parce qu'il nous dit, finalement, la question du peuple français, elle existe, mais elle n'est pas centrale.
05:38Je prends au sérieux l'idée que le peuple français, s'il changeait de nature, s'il changeait de composition,
05:43s'il changeait de substrat, vous voyez ce que je veux dire?
05:46S'il changeait de substrat démographique, qu'est-ce que ça ferait?
05:49Est-ce qu'un pays peut être absolument indifférent à la composition de sa population?
05:54Est-ce qu'un pays peut être absolument indifférent à la population qui le compose?
05:59Et là, on va se dire, un peuple qui change de population, enfin, un pays qui change de population,
06:04change de peuple, il change d'identité, il change de culture, il change de mœurs.
06:09Alors, évidemment, sur la carte, on va encore dire France, tout comme on dit encore aujourd'hui Belgique,
06:13tout comme on dit encore aujourd'hui Londres, mais ce qu'on voit, est-ce que la Belgique est encore la Belgique
06:18ou n'est-elle pas devenue le Belgiquistan? Est-ce qu'on voit avec Londres, plusieurs,
06:22Mélanie Phillips avait dit le Londonistan, est-ce qu'en France, à partir d'un moment de bascule démographique,
06:27moi, je fais le procès de personne, chacun a le droit de pratiquer sa foi, évidemment,
06:30chacun peut croire en ce qu'il veut, évidemment, mais est-ce qu'un effet de seuil démographique
06:34entraîne un changement de culture, et de ce point de vue, la République, telle qu'il l'a définie,
06:39pourrait-elle survivre à un changement de population?
06:43Autrement dit, est-ce que le changement, l'arrière-fond du pays,
06:48est-ce que ça ne change pas finalement la culture politique, les institutions, et ce qu'il appelle la République?
06:53C'est ce que nous dit Jean-Luc Mélenchon, qui lui prend au sérieux cette question,
06:56en nous disant qu'il revendique le grand emplacement, parce qu'avec ça, la criolisation permettra d'accoucher d'une nouvelle France.
07:03Il est possible que Jean-Luc Mélenchon, à cette matière, ait moins de pudeur et plus d'ardeur.
07:08Prenons néanmoins au sérieux cette formule, que voudrait dire le grand effacement, Mathieu Bocoté, de la République?
07:13Vous avez tout à fait raison de mettre l'accent sur ça. Il y a la question de la composition du peuple français,
07:18de l'identité du peuple français, mais la République, qu'est-ce que ça voudrait dire, le grand effacement de la République?
07:23Allons-y de manière assez simple. La République pose la question de la souveraineté.
07:27D'un côté, il y a la souveraineté nationale. Est-ce qu'on est encore en République si on a sacrifié la souveraineté nationale,
07:33ou est-ce qu'on ne devient pas la province d'un empire? Gérald Darmanin, dans cet entretien, c'est intéressant,
07:38dit que la France n'a pas les mêmes libertés que le Danemark dans la gestion de sa politique migratoire.
07:44Il reconnaît par là que le Danemark est plus souverain que la France dans son rapport à l'Europe,
07:49et il avait déjà fait d'autres déclarations en ce sens. La souveraineté populaire, maintenant.
07:53La souveraineté populaire est essentielle à la République. Dans un système qui refuse les référendums,
07:58et qui diabolise l'usage du référendum, sauf pour parler de la couleur des bicyclettes, comme j'aime dire.
08:03Mais quand vient le temps de dire que le peuple va pouvoir se prononcer sur des questions qui posent son avenir,
08:08des questions existentielles, on ne doit pas lui poser.
08:11Quand le Conseil constitutionnel a développé une doctrine du verrou institutionnel et constitutionnel
08:16pour empêcher la consultation du peuple français, est-ce qu'on est encore en République?
08:21Le mépris de la démocratie parlementaire, quand on explique que finalement, ceux pour qui nous votons et qui sont élus,
08:26est-ce qu'ils sont, eux, en capacité de prendre des décisions? Eh bien non, ils sont privés de décisions.
08:31Donc, est-ce que nous sommes encore en République?
08:33Quand il y a une forme de coup d'État des juges, pour reprendre la formule d'un journaliste devenu politique,
08:38quand on parle de coup d'État des juges, où on voit, par exemple, Marine Le Pen, on verra lundi,
08:42peu importe ce qu'on pense d'elle, ce qu'on voit, c'est qu'elle a la volonté d'une casse de dire,
08:46nous allons, on va voir jusqu'où ils iront, mais la possibilité d'anéantir, d'évacuer du jeu politique,
08:51de décapiter juridiquement la chef de l'opposition nationale.
08:55Est-ce que le pouvoir de la caste, c'est l'autre nom de la République? Je n'en suis pas certain.
08:59Est-ce que la politisation de la justice et la judiciarisation de la politique,
09:04donc la politisation de la justice, la justice au service d'une idéologie,
09:07la judiciarisation de la politique, vous dites quelque chose politiquement,
09:10vous pouvez vous retrouver devant le tribunal.
09:12Éric Zemmour, cette semaine, condamné pour son analyse de Crépole,
09:15condamné à payer une amende, et s'il ne paye pas l'amende, pourrait aller en prison.
09:19Aujourd'hui, Bouadame Sanssard est en prison pour ce qu'il a dit en Algérie.
09:22Évidemment, la France n'est pas l'Algérie, évidemment,
09:24mais Éric Zemmour est menacé d'aller en prison pour des propos tenus à propos de Crépole.
09:29Donc, il y a quelque chose d'inquiétant. Allons plus loin.
09:31Le génie républicain, je pense qu'à travers le monde, la France de la Troisième République est admirée.
09:35Pour ça, la méritocratie. Cette idée que l'individu, par l'école, notamment, j'y reviendrai,
09:40peut se hisser au sommet de la société par son mérite, par son travail,
09:43par sa capacité à prendre au sérieux ses capacités.
09:46Il décide de s'investir, et il peut arriver, se construire une vie honorable, une belle vie.
09:51Bon. Est-ce que c'est encore possible dans une société victimaire, qui victimise tout le monde,
09:55dans une société où, finalement, on a davantage de chances d'avancer,
09:58si on décide de se greffer à un groupe qui se dit victime,
10:01davantage que quand on mise sur soi-même et son talent.
10:04La responsabilité individuelle, dans le même sens.
10:07La responsabilité individuelle, est-ce qu'elle existe encore?
10:09Elle est peut-être dans l'esprit républicain.
10:11Si vous dites, finalement, non, l'individu est responsable de peu de choses,
10:15on est dans une logique d'assistanat généralisée aujourd'hui,
10:19où, finalement, la logique du socialisme mental nous commande tous,
10:22est-ce encore la République? L'école!
10:24L'école qui doit transmettre une culture générale.
10:27La culture générale qui permet à tous de devenir citoyen.
10:30La culture générale qui fournit les repères,
10:32qui permet de se situer dans le temps,
10:34qui permet d'appréhender le monde, d'éduquer le jugement,
10:36et qui permet ensuite de se construire soi-même son propre savoir.
10:39Quand on a sacrifié la culture générale,
10:41est-ce qu'on est encore en République? Poussons plus loin.
10:44Le service public, vous savez mes réserves par rapport à l'État,
10:46mais généralement, l'État avait des fonctions légitimes,
10:49c'est-à-dire encadrer l'existence collective, servir le bien commun.
10:52Dès lors que l'État est devenu une bureaucratie qui fait gosser tout,
10:55qui vampirise tout, est-ce que le service public tel qu'on l'entendait
10:58est encore républicain?
11:00Et je veux pousser ça un peu plus loin.
11:02Avec le triomphe de la déconstruction, l'idéologie de la déconstruction,
11:05depuis 60 ans environ, on a déconstruit les valeurs,
11:08la nation, la patrie, la culture, les grands référents philosophiques.
11:13Eh bien, à certains égards, on a détruit les fondements
11:16anthropologiques de ce qu'on appelait la République.
11:19Alors, même le mot République, on dirait qu'il a changé de sens.
11:22La République, c'était la mise en forme politique de la souveraineté
11:25populaire et de la souveraineté nationale.
11:27Aujourd'hui, la démocratie, donc la souveraineté, a été chassée.
11:30Ce qui reste, ce sont des valeurs républicaines un peu abstraites
11:33avec lesquelles on rééduque la population,
11:35dès lors qu'elle n'est pas d'accord avec l'idéologie dominante du moment.
11:38De ce point de vue, peut-être est-ce cela ce que voulait dire,
11:40peut-être, Gérald Darmanin, en parlant de l'effacement de la République.
11:43Et peut-on, Mathieu, lier grand effacement de la République
11:47et grand remplacement du peuple français?
11:49Alors, encore une fois, vous savez, le grand remplacement,
11:51ce n'est pas une formule que je revendique moi-même,
11:53parce qu'elle est tellement chargée polémiquement,
11:55on ne sait plus exactement ce qu'elle veut dire.
11:57Parlons simplement de submersion migratoire,
11:59comme le dit cette figure du centrisme, qui est François Bérou.
12:02Moi, je suis très centriste, vous savez.
12:05Et il y a un lien, parce qu'en fait, ce qu'on pourrait dire,
12:08et c'est ce que disaient ceux qui s'adressent à ces questions depuis longtemps,
12:11le consentement ou la paralysie ou la sidération de la population
12:15devant la submersion migratoire.
12:17Derrière cela, il y a aussi un effondrement culturel,
12:20un effondrement dans une nation, dans la capacité d'exister
12:23autrement que dans la moraline dominante,
12:25la capacité à poser la question des frontières,
12:27la capacité à faire preuve d'autorité lorsque c'est nécessaire,
12:29la capacité de ne pas être dans l'humanitarisme gluant
12:32qui paralyse tout.
12:34Eh bien, ça, cette déculturation qu'on voit aujourd'hui,
12:37elle nous prédispose en fait à consentir à la submersion migratoire
12:40parce qu'on voit tout à travers la moraline humanitariste mondialisante.
12:44Régis Debré et Louis Powell, homme de gauche, homme de droite,
12:48deux figures différentes, avaient posé la même question.
12:51Comment transformer une masse en peuple?
12:54Une masse humaine, comment la transformer en peuple?
12:56Notre époque transforme plutôt un peuple en masse
12:59et par ailleurs fragmente la collectivité en mille petites tribus
13:03pleines de griefs, pleines de doléances
13:06et incapables de penser quelque chose comme le destin de la nation.
13:09Donc, de ce point de vue, il est possible que le changement de population,
13:12l'effondrement moral, l'effondrement même mental de nos élites,
13:16l'incapacité à s'identifier soi-même comme peuple,
13:19il est possible que tout cela nous conduise effectivement
13:21à la fin d'une certaine idée de la République
13:23et aussi à la submersion migratoire.
13:25Il n'y a que quelques sièges entre deux centristes
13:28et donc je me tourne vers vous, Arthur de Vatrigan.
13:31Grand remplacement, grand effacement,
13:33grand remplacement du peuple français,
13:35grand effacement de la République, qu'en pensez-vous?
13:38Il y a quelque chose d'assez fascinant chez Gérald Darmanin,
13:41c'est son inconséquence sans gêne.
13:44On peut l'affirmer sans trop se tromper,
13:46c'est quand même le pire ministre de l'intérieur depuis au moins Clovis
13:50et qui depuis 2017, il a le titre de menteur premier
13:54alors qu'il y a quand même une concurrence assez sérieuse
13:57et pourtant, pourtant, il continue à prendre les Français
14:00pour des débiles amnésiques.
14:02Il faut relire entièrement son entretien dans le JDD,
14:05c'est fascinant.
14:07Ça commence par, je peux témoigner qu'Emmanuel Macron
14:10a toujours été partisan de la fermeté contre l'immigration irrégulière.
14:14On en sourirait presque s'il n'y avait pas tant de tragédies.
14:17Comment on peut affirmer une telle chose
14:20quand on a connu tant de victimes innocentes
14:24de l'immigration irrégulière?
14:26Est-ce qu'il va se pointer devant les parents de Philippines
14:29et leur dire, oui, Emmanuel Macron est très ferme
14:31sur l'immigration irrégulière?
14:33Sérieusement, cette phrase, c'est une honte.
14:35Ensuite, il déroule le classique, il ne faut pas confondre
14:37l'islam, immense religion, profondément respectable,
14:39de paix, d'amour, tout ça, avec l'islamisme
14:41qui veut la fin de notre civilisation.
14:43Je veux bien comprendre que ce soit rassurant de le dire,
14:46mais qui est-il pour affirmer ce qu'est le véritable islam?
14:51Tout le monde prétend en être les dignes représentants,
14:54des musulmans qui sont très intégrés,
14:56comme des terroristes.
14:58Évidemment, il faut rappeler des évidences,
15:00tous les musulmans ne sont pas des islamistes,
15:02mais il faut rappeler une autre évidence,
15:04c'est que tous les islamistes sont des musulmans.
15:06Comme le disait Rémi Brague, grand spécialiste de l'islam,
15:10c'est compliqué de prouver que Daesh a trahi le Coran.
15:13Les islamistes avoquent eux-mêmes Mahomet,
15:17le bel exemple, comme il est cité dans le Coran.
15:20Quand on a été ministre de l'Intérieur,
15:22une des choses, c'est connaître un peu la question.
15:24Est-ce que l'islam est une religion
15:26qui est inséparable de la politique?
15:29Parce que c'est une religion, mais c'est aussi une civilisation,
15:31tout le monde le sait.
15:32Les lois sur lesquelles la nation musulmane se règle
15:34sont des lois qui sont édictées par Dieu.
15:36Pour tout croyant, qu'il soit musulman ou d'une autre religion,
15:39évidemment que la République n'est pas au-dessus de Dieu.
15:42Le problème, c'est qu'il y a deux civilisations qui se rencontrent.
15:45La civilisation française et la civilisation islamique
15:48sont incompatibles.
15:50Je sais bien que ce n'est pas trop à la mode,
15:52mais être aux commandes exige quand même un minimum de vérité.
15:55Maintenant, si on en revient à la République.
15:57Je crains le plus le grand effacement de la République,
15:59notre grand remplacement.
16:01Il dit qu'on doit imposer, dicter les règles.
16:03Premièrement, sur dicter les règles,
16:05bien que passé par l'action française,
16:07je pense que Gérald Darmanin a oublié
16:09de faire la conférence sur Joséphe de Metz,
16:11sinon il aurait retenu que les souverains
16:13ne commandent efficacement que dans le cercle des choses
16:16approuvée par l'opinion.
16:19Traduction, toutes les lois ne triompheront jamais
16:22d'un État social contraire.
16:24Alors, sauf dans un régime autoritaire,
16:26sauf dans une dictature, même dans une République,
16:28à condition qu'il n'y ait pas la démocratie.
16:30On en connaît quelque chose.
16:32Concernant la République, encore une fois,
16:34ce que je vois, c'est le grand effacement de la France, surtout.
16:36Parce que pourquoi nos hommes politiques
16:38préfèrent toujours parler de République
16:40plutôt que de la France ?
16:42Ils touchent des primes dès qu'ils sortent le mot République.
16:44Ils ont poussé des herpès comme ça dès que le mot France arrive.
16:46C'est quand même assez fascinant.
16:48Il y a très peu d'hommes politiques qui parlent de la France.
16:50Ils parlent de la République en permanence.
16:52Donc s'il y a bien un effacement dans leur bouche,
16:54et celui de la France,
16:56qui réduit la France qu'un système politique ?
16:58Parce que la République, c'est un régime politique.
17:00La France, c'est une nation,
17:02avec un patrimoine, avec une population,
17:04avec une histoire, avec une géographie.
17:06Et dans chaque ville et chaque village,
17:08tout le monde le sait, il y a au centre, en plus d'une église,
17:10un monument au mort.
17:12J'ai beau faire l'effort, je n'ai aucun souvenir
17:14de ce qu'il y a écrit, mort pour la République.
17:16Mort pour la France, j'en connais plein.
17:18En revanche, je connais aussi quelques monuments
17:20qui rendent hommage aux morts de la République.
17:22Comme par exemple dans la Vendée,
17:24chère à Philippe de Villiers.
17:26On aurait pu rappeler dans cet entretien par exemple
17:28la volonté d'expulser les détenus étrangers
17:30et qui fait consensus
17:32du côté des Français.
17:3490%, quasiment, 87% si mes souvenirs sont favorables.
17:36Parlons de Boilem-Sensal.
17:38À présent, nous le disions,
17:40Boilem-Sensal est condamné à 5 ans de prison.
17:42Les mobilisations pour sa libération
17:44n'auront rien donné.
17:46Mathieu Bocoté.
17:48Plusieurs y voient une condamnation à mort.
17:50Il m'est difficile, voyant cela,
17:52de ne pas penser à Solzhenitsyn.
17:54Est-ce aussi votre cas, Mathieu Bocoté?
17:56Absolument, absolument.
17:58Solzhenitsyn, c'est le dissident,
18:00on pourrait dire, de référence au XXe siècle.
18:02Je le répète,
18:04qu'est-ce qu'un dissident?
18:06Ce n'est pas quelqu'un qui révèle
18:08quelque chose d'absolument inconnu,
18:10qui révèle une vérité
18:12qui était ignorée par tous.
18:14Un dissident, c'est quelqu'un qui révèle
18:16une vérité par tous connue,
18:18mais généralement tue,
18:20parce que la révélation de cette vérité
18:22aurait une sanction
18:24inévitable
18:26et particulièrement qui peut aller très loin.
18:28Par exemple, on le voit en France aujourd'hui,
18:30si je peux me permettre, lorsqu'on parle de Crépole.
18:32Donc, il y a la notion de dissidence,
18:34je veux dire quelque chose.
18:36Dans le cas de Boilem-Sensal,
18:38c'est un cas très particulier,
18:40parce que, pourquoi est-il en prison?
18:42Pour avoir remis en question
18:44l'intégrité du territoire algérien.
18:46Donc, il remet en question une certaine lecture de l'histoire.
18:48Pour cela, on le met en prison.
18:50Je note, et je ne sais pas si vous êtes sensibles à ça,
18:52sur les réseaux sociaux,
18:54comme on dit, les influenceurs islamistes,
18:56probablement, ou à tout le moins liés au régime algérien,
18:58ne cessent de nous expliquer
19:00que Boilem-Sensal l'a quand même cherché.
19:02Il ne cesse de nous dire que, fondamentalement,
19:04il a créé les conditions
19:06pour qu'on le mette en prison.
19:08On n'aurait peut-être pas dû aller jusque-là,
19:10mais franchement, si on ne veut pas aller en prison,
19:12on ne devrait pas tenir les propos qu'il a tenus.
19:14Ça, je le lis avec quelques effarements.
19:16On le présente comme un écrivain islamophobe
19:18qui, de ce point de vue,
19:20ne mérite pas sa liberté d'expression.
19:22C'est quand même fascinant.
19:24Alors, nous, en Occident, évidemment, ça nous choque.
19:26Ça nous choque parce qu'on a intégré,
19:28je pense que notre civilisation est fondée
19:30sur la quête de la liberté.
19:32Je pense que ça remonte aux Grecs,
19:34qui ont été un des éléments fondamentaux.
19:36Or, qu'est-ce qu'on voit ici?
19:38C'est qu'un homme qui a usé de sa liberté de parole
19:40et qui était par ailleurs devenu citoyen français,
19:42ne l'oublions pas, est traité aujourd'hui
19:44comme un individu qu'on veut...
19:46Il doit servir d'exemple
19:48parce qu'il a transgressé un tabou du régime algérien.
19:50Après, il y a une dimension un peu universelle là-dedans.
19:52Le pouvoir, partout sur Terre,
19:54n'aime pas qu'on le contredise.
19:56Je pense que ça, il faut le savoir.
19:58Bertrand Jouvenel,
20:00un auteur un peu oublié aujourd'hui,
20:02qui a écrit du pouvoir,
20:04avait réfléchi à cette question.
20:06Le pouvoir, par définition, aime s'étendre.
20:08Le pouvoir, par définition, aime s'emparer des consciences.
20:10Le pouvoir, par définition,
20:12aime qu'on le célèbre.
20:14Le pouvoir, par définition,
20:16aime qu'on répète ses slogans.
20:18Le pouvoir, par définition,
20:20veut que nous voyons le monde avec ses propres yeux.
20:22De ce point de vue,
20:24on pourrait parler d'Orwell.
20:26Orwell parle du totalitarisme,
20:28mais qu'est-ce que le totalitarisme
20:30c'est un pouvoir absolument dévoyé
20:32qui va jusqu'au bout de toutes ses pathologies.
20:34Le pouvoir n'aime pas non plus
20:36qu'on le dévoile.
20:38Et ça, c'est absolument fondamental de l'avoir à l'esprit.
20:40Il n'aime pas qu'on le dévoile.
20:42Il n'aime pas qu'on dévoile ses mécanismes.
20:44Il n'aime pas qu'on dévoile son mode de fonctionnement.
20:46Il n'aime pas qu'on explique
20:48de quelle manière il nous a servi.
20:50Voilà pourquoi il ne cesse de multiplier,
20:52dans sa nature propre, on pourrait dire,
20:54les interdits pour nous amener,
20:56en fait, à nous y soumettre.
20:58L'originalité du monde occidental,
21:00c'est d'avoir cherché à composer
21:02un système politique qui limite
21:04le pouvoir, qui limite les abus
21:06de pouvoir, qui fait en sorte
21:08que le pouvoir ne peut pas tout faire.
21:10Alors l'État de droit, c'est ça qui est absolument tragique.
21:12L'État de droit, aujourd'hui, c'est devenu l'autre nom
21:14du gouvernement des juges qui pratique son propre
21:16arbitraire pour paralyser le peuple français.
21:18Mais l'État de droit, dans sa véritable définition,
21:20sa définition antérieure,
21:22c'est le culte des libertés publiques,
21:24c'est le culte de la liberté d'expression,
21:26c'est le refus de l'arbitraire,
21:28c'est la possibilité pour chaque homme de contester
21:30le pouvoir sans risquer sa peau.
21:32Et je crois que c'est Churchill
21:34qui disait qu'elle est le propre
21:36d'une dictature. En fait, dans la dictature
21:38et la démocratie,
21:40c'est en dictature,
21:42si ça sonne à 6h du matin chez vous,
21:44vous avez terriblement envie de fuir immédiatement.
21:46Vous savez que ce n'est pas votre voisin,
21:48vous savez que ce n'est pas votre fils qui vient chercher refuge.
21:50À 6h du matin, quand on vient sonner chez vous,
21:52vous vous inquiétez. De ce point de vue,
21:54je pense que Boislem Sansal est le grand
21:56dissident de notre temps.
21:58Il joue un rôle absolument essentiel,
22:00presque. C'est une figure devenue sacrificielle
22:02qui incarne la possibilité
22:04pour un homme de se tenir droit
22:06et de ne pas céder devant ceux qui veulent
22:08le casser.
22:09À vous entendre, la liberté semble
22:11s'éclipser comme si notre époque
22:13ne savait plus qu'en faire.
22:15Est-ce vraiment votre avis, Mathieu Boccott?
22:17Oui. En fait, il y a un paradoxe de la liberté.
22:19La liberté est un élan naturel.
22:21C'est un élan au cœur de l'homme.
22:23Ensuite, le propre du pouvoir, je l'ai dit,
22:25c'est de chercher à toujours limiter la liberté,
22:27de la confiner dans le domaine le plus intime.
22:29C'était l'Allemagne de l'Est.
22:31On parle souvent de cet exemple-là.
22:33L'Allemagne de l'Est maximisait le domaine des plaisirs intimes.
22:35Pourquoi? Parce que l'homme qui s'opère
22:37simplement dans les plaisirs intimes
22:39et privés va oublier la chose publique.
22:41De ce point de vue, ça fait un peu penser
22:43à notre civilisation, vous ne trouvez pas?
22:45C'est-à-dire, on nous dit, amusez-vous, divertissement
22:47en temps plein, liberté de divertissement
22:49et liberté de l'intime en temps plein.
22:51Ne vous emmêlez pas, c'est trop compliqué pour vous.
22:53Donc, il y a un élan naturel de la liberté,
22:55mais il faut avoir ensuite le courage de la liberté,
22:57pour reprendre la formule du sociologue québécois
22:59Fernand Dumont, le courage de la liberté.
23:01Et le courage de la liberté, il peut venir
23:03pour quelques-uns très naturellement,
23:05comme une sorte de piqûre de naissance.
23:07Pour la plupart, il faut s'y éduquer.
23:09Il faut s'y éduquer, et c'est le passage
23:11par la culture, c'est le passage par les œuvres,
23:13c'est le passage aussi par les épreuves
23:15nécessaires qui nous éduquent à la liberté civique.
23:17La pente naturelle de l'humain moyen,
23:19quoi qu'on en dise, c'est le conformisme.
23:21L'homme ordinaire aujourd'hui a compris
23:23qu'il doit répéter le slogan du moment
23:25pour faire carrière.
23:27Et on le voit, la classe politique
23:29que nous avons, les élites que nous avons,
23:31il y a quand même aujourd'hui un taux
23:33de médiocrité assez élevé.
23:35Pourquoi? Parce qu'ils ont compris
23:37l'idée que c'est la répétition du slogan,
23:39la répétition du même, la soumission
23:41à l'opinion du moment, quitte à embrasser
23:43l'opinion contraire le lendemain,
23:45tout simplement parce qu'on veut progresser.
23:47Un homme véritablement libre se dresse,
23:49c'est Boislem-Sensal dans les circonstances actuelles.
23:51Il montre l'exemple, il réveille en chacun
23:53la flamme et le désir de la liberté.
23:55Et de ce point de vue, Boislem-Sensal est le dissident
23:57de notre temps.
23:58Est-ce que vous partagez cette position, Arthur?
24:00Boislem-Sensal, dissident de notre temps.
24:02Oui, ça c'est évident.
24:04Pour froncer les sourcils très fort
24:06et prendre son air le plus martial
24:08au 20 heures d'un journal
24:10pour annoncer une guerre contre un virus
24:12ou celle qui vient contre la Russie,
24:14Emmanuel Macron est très fort.
24:16Il cherche pour venir au secours d'un innocent
24:18devenu français par désir
24:20et condamné pour un prétexte,
24:22celui qui permet encore de cracher sur la France
24:24parce que Boislem-Sensal a été condamné
24:26pour un prétexte.
24:28Là, il n'y a plus personne.
24:30Et même au contraire, on multiplie
24:32les courbettes et les flatteries
24:34à l'endroit d'un autocrate corrompu,
24:36à savoir le président Théboune.
24:38Évidemment, je prie pour que ces humiliations
24:40et toutes ces concessions
24:42permettent de libérer Boislem-Sensal
24:44un homme par la taille mais qui porte en lui
24:46la grandeur des braves.
24:48Malheureusement, même si je l'espère,
24:50je ne pense pas que ça signera la fin
24:52de notre soumission. Et le message qu'on continuera
24:54à envoyer, c'est qu'il ne fait pas bon
24:56d'épouser la France quand on est ailleurs
24:58et surtout en Algérie.
25:00Les harkis s'en souviennent. L'écrivain
25:02le découvre. L'abandon est leur récompense
25:04et la honte notre damnation.
25:06On revient dans un instant.
25:08On va parler école
25:10avec Ophélie Roch, écrivain,
25:12professeur qui a écrit
25:14Antisèche d'une prof.
25:16Entretien à suivre dans un instant
25:18pour Face à Mathieu Boquecôté. A tout de suite.
25:22Quasiment 19h30 sur CNews
25:24pour la suite de Face à Mathieu Boquecôté.
25:26On est toujours avec Mathieu, bien sûr, Arthur de Vatrigan
25:28et nous a rejoints sur le plateau. Ophélie Roch,
25:30bonsoir, chère Ophélie.
25:32Vous venez de publier
25:34Antisèche d'une prof.
25:36Vous avez également écrit
25:38Black Mesa. Alors, pourquoi
25:40avoir invité Mathieu Boquecôté
25:42Ophélie Roch ce samedi soir ?
25:44Les livres sur l'école sont nombreux
25:46et le problème, c'est que la plupart sont sur le même modèle.
25:48On fustige, on dénonce,
25:50on condamne, puis à la fin
25:52on n'apprend absolument rien. C'est-à-dire, c'est comme s'ils étaient
25:54pré-programmés. C'étaient des livres tchat-gpt.
25:56Et là, on tombe sur un livre tout autre
25:58qui ne se fait pas d'illusion
26:00sur l'école, mais qui traverse
26:02toutes les dimensions de l'école aujourd'hui
26:04avec un ton ironique, un ton moqueur
26:06et avec un plaisir de plume dont
26:08on ne se privera pas. Ophélie Roch, bonsoir.
26:10Alors, vous avez le titre
26:12Antisèche d'une prof et vous avez surtout
26:14un sous-titre. Pour survivre
26:16à l'éducation nationale.
26:18Alors, je vous poserai la question, à quoi avez-vous survécu ?
26:20À quoi survivez-vous ?
26:22Je pense que c'est une réponse
26:24que tous les professeurs
26:26pourraient vous donner des réponses différentes
26:28et tous les professeurs pourraient vous dire
26:30mais on a un peu tous traversé finalement
26:32pour le coup un parcours commun.
26:34Ce qui n'est pas évident pour survivre à l'éducation nationale,
26:36moi je pense que la première chose qui me vient à l'esprit,
26:38c'est la machine, la taille de la machine.
26:40C'est une machine qui est effroyable.
26:42Les rectorats ne facilitant
26:44rien le travail du professeur
26:46et puis ça, une fois qu'on prend
26:48la machine qui est quand même assez lourde en elle-même,
26:50après dans les salles de classe,
26:52il se passe ce qui se passe, alors il peut se passer
26:54plein plein plein de choses qui sont super sympathiques
26:56et qui font qu'on aime faire ce métier
26:58et puis il y a aussi parfois la grande
27:00solitude de certains professeurs qui se retrouvent dans des classes
27:02qui sont parfois très
27:04difficiles à gérer et c'est là
27:06où on fait comment on fait finalement
27:08pour survivre à ça, comment on peut faire
27:10est-ce qu'il y a des petites techniques
27:12et alors il n'y a pas de technique miracle
27:14mais la chose qui est possible en tout cas
27:16c'est de voir que
27:18face à un constat commun, qu'est-ce qu'on peut
27:20faire pour survivre et moi je pense
27:22que pour survivre la meilleure manière c'est encore
27:24l'humour en fait, c'est-à-dire de dire
27:26oui les choses ne vont pas bien, on ne va pas
27:28se mentir, mais
27:30il y a quand même derrière chaque cas problématique
27:32il y a parfois
27:34de la place, de l'espace, même s'il est
27:36minime et infime, de glisser un petit sourire
27:38alors vous nous dites justement
27:40il est possible d'enseigner, mais non pas grâce
27:42au ministère de l'éducation nationale
27:44ah c'est malgré lui
27:46non pas grâce au système scolaire, mais malgré lui
27:48chaque professeur doit dégager son espace de souveraineté
27:50pour affronter sa classe, pour être
27:52capable de peut-être transmettre un peu
27:54c'est le gros problème, en fait
27:56si vous voulez on a souvent des professeurs qui ont des constats similaires
27:58on a souvent des chefs d'établissement
28:00qui ont des constats similaires
28:02donc on se dit a priori ça devrait bien fonctionner
28:04en fait, et
28:06ça ne fonctionne pas toujours si bien que ça
28:08parce qu'on a des ordres et des contre-ordres
28:10on a des rectorats qui s'amusent à faire des choses
28:12et à défaire les choses, alors eux-mêmes ce n'est pas leur faute
28:14forcément au rectorat, c'est parce que les ministres
28:16se succèdent, on ne les compte plus
28:18et chacun tente de faire quelque chose
28:20déjà c'est souvent au rebours
28:22du bon sens, ce qui n'est jamais
28:24une très très bonne nouvelle
28:26et ensuite ça se tire dans les pattes
28:28constamment en fait
28:30au bout d'un moment on a le sentiment
28:32qu'on est un petit peu
28:34toujours un peu
28:36le mot est peut-être un peu fort
28:38parce que c'est un métier qui reste formidable sur plein de points
28:40mais on a un petit peu de la chair à canon quand même
28:42c'est-à-dire qu'on se balade d'une idéologie à une autre
28:44on est forcé de faire tantôt ça tantôt ça
28:46on a des injonctions contraires
28:48il faut être cool mais pas trop, il faut être sévère
28:50mais pas trop, on doit être proche des élèves
28:52mais pas trop, ce qui fait qu'à force de dire
28:54il faut faire ça, mais il ne faut pas faire ça
28:56mais attention, en fait on est nulle part
28:58alors vous nous racontez
29:00si on prend, je décris la structure du livre
29:02ça commence avec la salle des professeurs
29:04et ça se termine avec les sorties scolaires
29:06ou à peu près, et là vous nous présentez
29:08alors je mets l'accent sur la salle des professeurs un instant
29:10parce que vous nous présentez aussi ce qu'est l'école
29:12concrètement, le bâti
29:14l'immeuble, vous nous présentez si je comprends bien
29:16une école qui est souvent
29:18pas toujours je devine, mais un peu en ruine
29:20un peu insalubre
29:22pas véritablement un environnement
29:24qui pose à l'étude, et comment peut-on enseigner
29:26dans tout cela ?
29:28C'est vrai, centaines d'établissements en effet bénéficient de locaux
29:30qui sont neufs, mais il y a aussi ceux qui bénéficient
29:32de locaux qui n'ont jamais été
29:34rénovés depuis les années 60
29:36donc quand c'est des préfabriqués
29:38ça vieillit très très mal
29:40moi j'ai des collègues par exemple
29:42notamment dans les salles un peu spéciales, vous savez les salles
29:44un petit peu d'art plastique, celles de physique chimie, celles qui demandent
29:46un petit peu un microcosme particulier
29:48et parfois moi on rentre dans certaines salles
29:50mais je me dis mais c'est pas possible, ils vont avoir un cancer
29:52ça vient de partout, ça se voit, ça se sent
29:54si vous voulez il y a vraiment des bâtiments
29:56où même pour un enfant
29:58on rentre là-dedans, on n'a pas envie
30:00c'est pas forcément facile
30:02alors on en joue souvent en tant que
30:04professeur, et même les enfants en jouent
30:06finalement en disant ah bah tiens cette porte là
30:08elle marche plus, regardez, oui en effet la poignée
30:10reste dans la main, c'est un peu fâcheux
30:12les fenêtres tantôt elles sont cadenassées
30:14tantôt elles ne ferment pas, donc si vous voulez
30:16on a l'extrême froid ou l'extrême chaud d'une salle à l'autre
30:18alors parfois ça peut faire sourire
30:20on ne sait jamais comment s'habiller
30:22je crois que ça c'est quelque chose
30:24qui semble anodin en soi
30:26et c'est pas forcément le plus grave
30:28mais quand même, ça montre bien que
30:30l'État français a de l'argent
30:32met de l'argent dans l'école, en tout cas quand on voit
30:34les comptes officiels
30:36mais où va cet argent, enfin en tout cas
30:38dans le bâti, j'ai pas le sentiment
30:40Arthur de Matrigot
30:42Dans cette grande machine et cette grande structure
30:44il y a différents métiers
30:46il y en a un que vous aimez particulièrement
30:48c'est l'inspecteur académique
30:50ce sont des 1, ils arrivent on ne sait pas trop d'où
30:52ils surgissent comme ça
30:54ils ravagent tout et ils repartent
30:56en laissant souvent derrière un professeur
30:58qui est désemparé, avec aucune solution
31:00parce que le rôle des 1 n'est pas de rebâtir
31:02à la place, c'est juste de passer
31:04et en effet, alors il y a sans doute
31:06des exceptions et des gens qui font
31:08très très bien leur travail, mais quand même
31:10en général, c'est vrai qu'on a un peu le sentiment que
31:12ce sont si vous voulez
31:14des censeurs, mais des censeurs en plus
31:16qui interviennent
31:18sur une heure de cours
31:20comment vous voulez que certains professeurs
31:22résument leur carrière sur une heure de cours
31:24alors que l'inspecteur parfois passe tous les 4-5 ans
31:26c'est un peu absurde en fait, c'est un système
31:28qui est vraiment absurde. Alors vous avez ce passage effectivement
31:30sur les inspecteurs académiques
31:32on semble y voir presque, je me permets de dire
31:34à la manière d'un étranger, un très français étrange
31:36la passion du contrôle
31:38c'est à dire au nom de l'excellence
31:40au nom de l'accadrement, en fait il y a une forme
31:42de passion du contrôle, il y a presque un petit jeu de pouvoir
31:44qui se joue à l'école à travers cela
31:46Oui, oui, je pense que
31:48c'est encore, enfin c'est vrai que
31:50c'est un système
31:52en fait qui est très hiérarchisé
31:54et c'est un système qui est
31:56tellement hiérarchisé à l'intérieur de la hiérarchie
31:58qu'on ne sait plus vraiment
32:00on a l'impression que parfois certaines personnes
32:02veulent à tout prix dire
32:04mon idée est la meilleure
32:06mais quelqu'un supérieur à lui
32:08va lui dire non non c'est mon idée
32:10et enfin au bout de course on a le pauvre professeur qui est là
32:12bon en fait je n'ai pas trop compris ce qu'il fallait qu'on fasse
32:14du coup chacun
32:16alors le seul avantage de ce chaos intégral
32:18c'est qu'en fait finalement
32:20le professeur est seul
32:22et donc cette liberté elle est à double tranchant
32:24il est seul dans les moments
32:26où ils vont mal, ça c'est là où ça devient problématique
32:28mais il est aussi seul finalement
32:30avec une certaine liberté pédagogique
32:32puisque de toute façon quand on nous donne
32:34des ordres, ils sont tout de suite après annulés
32:36autant faire comme on le souhaite
32:38et quitte à pas
32:40on a des programmes
32:42on essaie de les suivre, ça oui
32:44après sur les manières en disant attention aux compétences
32:46alors les stylos rouges
32:48ça serait pas mal que vous le bannissiez
32:50parce que ça traumatise les élèves
32:52et puis finalement on nous dit oui mais non en fait
32:54le stylo vert c'est pas assez suffisant
32:56revenez au stylo rouge quand même
32:58c'est étrange en fait, on vit des choses un peu étranges parfois
33:00alors je reviendrai dans un instant
33:02sur ce qu'on peut transmettre aujourd'hui à la jeune génération
33:04mais une question sur les modes pédagogiques
33:06dont vous parlez, notamment la mode du numérique
33:08alors vous nous présentez
33:10l'école du numérique sans le numérique
33:12ça si je comprends bien, il y a eu un moment où on s'est dit
33:14on doit avoir l'école du numérique intégrale
33:16on n'en avait pas nécessairement
33:18les moyens concrètement et par ailleurs
33:20on s'en est pas vraiment réfléchi pour savoir ce que ça allait
33:22vouloir dire pour la transmission du savoir
33:24c'est à mon sens, c'est le fiasco total
33:26déjà cet argent là, il aurait pu être mis ailleurs
33:28par exemple dans les bâtiments
33:30ou dans l'encadrement, rajouter des
33:32par exemple des surveillants, dans la cour
33:34enfin rajouter du personnel
33:36humain, ça ça aurait eu un sens
33:38rajouter des infirmiers vous voyez, ça aurait été
33:40quelque chose de pas mal
33:42mais là en fait, l'école numérique ne fonctionne pas
33:44alors elle ne fonctionne pas aussi bien dans le public que dans le privé
33:46j'ai expérimenté les deux et je n'ai pas vu
33:48forcément de décalage
33:50dans l'un qui s'en sort mieux que l'autre
33:52l'école du numérique c'est apprendre à ne pas avoir
33:54de manuel, ce qui à mon sens, papier
33:56ce qui à mon sens c'est déjà une aberration, c'est à dire que
33:58le plaisir de feuilleter, ces enfants
34:00qui s'ennuyaient parfois en classe mais qui
34:02on les voyait prendre un manuel d'une autre
34:04matière et qui feuilletaient au moins
34:06ils écoutaient peut-être pas votre cours mais ils apprenaient des choses
34:08l'air de rien. Là en fait, il y a la tablette
34:10et la tablette elle n'est pas bridée
34:12donc les enfants, libre à eux d'aller sur n'importe
34:14quel site
34:16les tableaux qui sont maintenant des tableaux
34:18en fait qui ne sont plus lacrés
34:20et passés de mode depuis bien
34:22longtemps, mais les tableaux numériques ne fonctionnent
34:24pas tout le temps, il y a des partenariats avec des
34:26sociétés privées qui font que par exemple
34:28en classe parfois quand vous allumez un tableau vous êtes obligé
34:30de vous faire tirer 2, 3, 4
34:32minutes de pub pour des séries Apple
34:34par exemple, donc en fait on a un peu
34:36le sentiment que quand vous êtes là, que vous allumez
34:38votre cours, enfin le tableau pour
34:40faire le cours et que là vous avez la pub
34:42des séries Apple, il y a quelque chose
34:44mais qu'est-ce qu'il se passe en fait ?
34:46Qu'est-ce que cette école, pourquoi elle a été
34:48mettre de l'argent dans autant
34:50de matériel technique qui ne fonctionne pas
34:52parce que finalement il n'y a pas l'argent suffisant
34:54pour faire tout les...
34:56en sorte que ça fonctionne parce que ça coûte cher de mettre
34:58en place toutes ces choses-là et surtout
35:00les enfants, en fait
35:02ils ne savent pas vraiment l'utiliser comme si c'était
35:04des étudiants, le matériel numérique
35:06un ordinateur c'est facile de s'en servir à 20 ans
35:08à la fac et je pense que c'est même
35:10très efficace mais demander à des
35:12enfants de plus en plus jeunes
35:14voire même à 6, 7 ans, bah tiens
35:16regarde, t'as ta tablette et surtout
35:18utilise-la comme un grand
35:20mais c'est monstrueux
35:22en fait parce que l'enfant il ne l'utilisera jamais
35:24comme un grand et ce n'est pas de sa faute en fait d'une certaine
35:26manière et du coup pour le professeur
35:28on se retrouve avec des tableaux qui ne fonctionnent
35:30pas, des manuels
35:32numériques qui ne fonctionnent pas parce que
35:34il y a un bug de connexion
35:36et les enfants de plus en plus
35:38l'apprentissage
35:40l'écrire demande du temps
35:42et ce temps-là
35:44c'est le temps de l'apprentissage
35:46et ce temps-là même celui-là s'en va
35:48donc finalement à force de vouloir aller
35:50de plus en plus vite partout pour
35:52gagner du temps, et bah en fait
35:54on a des coquilles vides, alors c'est très joli
35:56à voir, les tableaux numériques
35:58les projecteurs, on a l'impression que ça va
36:00fonctionner mais ça ne fonctionne pas en fait.
36:02Arthur de Vatrigan, vous nous avez fait
36:04le portrait fort sympathique d'un inspecteur
36:06académique, mais quel portrait-type
36:08d'un élève qu'un prof ne souhaite surtout pas avoir
36:10et d'un parent qu'un prof ne souhaite
36:12surtout pas rencontrer ?
36:14L'élève je dirais l'hypocrite
36:16le petit Judas qu'il y a dans chaque salle de classe
36:18le petit hypocrite
36:20si vous voulez on sait, alors on peut
36:22avoir des élèves qui sont très pénibles à gérer
36:24je pense notamment quand il y a
36:26des enfants qui sont compliqués, alors parfois
36:28il y a des enfants qui sont compliqués parce que
36:30ils sont un peu rebelles, parfois il y a des
36:32enfants qui sont compliqués mais c'est même pas leur faute
36:34c'est juste qu'ils ne devraient
36:36pas être dans des salles de classe normales parce qu'ils
36:38ont des pathologies qui parfois sont très très lourdes
36:40à supporter, pour le professeur
36:42qui essaie de faire au mieux mais c'est pas toujours évident
36:44mais je pense que le pire c'est encore
36:46l'élève qui vous sourit par devant et qui vous assassine
36:48par derrière, alors en général on sait très bien en plus
36:50qu'il vous assassine par derrière, mais bon on est adulte
36:52donc on fait semblant et on lui sourit à chaque fois
36:54mais je pense que c'est le pire
36:56le pire parent
36:58c'est celui qui va défendre son
37:00enfant quoi qu'il en coûte
37:02et en fait parfois il faut
37:04juste écouter, alors si votre enfant
37:06bah oui
37:08tous les professeurs disent qu'il y a un souci avec
37:10alors peut-être que tous les professeurs sont
37:12lunaires, c'est possible
37:14je ne sais pas, mais quand même il y a un moment
37:16il faut aussi se dire, il y a peut-être un problème
37:18et c'est parfois le déni des parents
37:20le déni des parents
37:22quand les élèves disent bah moi j'en voudrais faire
37:24un bac professionnel et que en fait
37:26nous on est là, oui bien sûr t'es fait pour
37:28et on voit que t'aimes ça et t'es super manuel
37:30et tu ferais un super plombier
37:32et que les parents sont, non non non mon enfant il doit être chirurgien
37:34mais en fait ne faites plus jamais ça
37:36vous emmenez vos enfants à l'abattoir
37:38en faisant ça, si un enfant a une envie
37:40précise, que cette envie il lui tire
37:42à coeur et qu'on a les parents derrière
37:44l'enfant il veut y aller, les profs veulent bien
37:46y aller, tout est prêt
37:48sauf les parents qui parfois s'illusionnent
37:50et en pensant
37:52mener leur enfant au meilleur, mais en fait ils vont l'emmener au pire
37:54parce qu'il y a de la noblesse dans les métiers
37:56d'Emmanuel et
37:58c'est une aberration de vouloir faire une classe
38:00d'âge à 80-90%
38:02au bac en fait
38:04Alors il y a un phénomène nouveau qui est arrivé pour les professeurs
38:06vous en parlez dans votre livre
38:08c'est la violence
38:10c'est-à-dire la violence soft
38:12on pourrait dire, c'est-à-dire le harcèlement du professeur
38:14le fait de lui gâcher la vie
38:16le harceler physiquement, j'imagine
38:18je dis soft parce que j'ai la violence hard
38:20de l'autre côté, c'est-à-dire Samuel Paty et Dominique Bernard
38:22est-ce que les professeurs
38:24les enseignants ont
38:26subi ces doubles assassinats
38:28sous le mode du traumatisme
38:30et par ailleurs comment se gère la violence ordinaire
38:32qui ne va pas jusqu'à l'assassinat ?
38:34Je crois que Samuel Paty
38:36ça avait été vraiment
38:38je pense que tout le monde l'a encore en esprit
38:40les années
38:42passant, le traumatisme
38:44est toujours là mais il est sans doute
38:46beaucoup moins fort parce que
38:48on a envie d'enseigner
38:50donc si on commence à penser tout le temps
38:52à ces choses-là, je pense qu'on n'irait pas
38:54la violence
38:56j'ai envie de dire
38:58elle est présente
39:00comme elle est présente partout dans la société
39:02c'est-à-dire que oui
39:04pas tout le temps, heureusement
39:06les cas de violences extrêmes sont heureusement des cas
39:08qui ne sont pas tous les jours
39:10mais il y a une violence larvée
39:12alors il y a une violence larvée entre les élèves
39:14il y a une violence larvée parfois
39:16entre les rapports
39:18entre certains élèves et certains adultes
39:20tout simplement parce que
39:22les enfants partent parfois du principe
39:24qu'un adulte qui dit non c'est un adulte
39:26qui leur souhaite du mal alors qu'en fait
39:28pas du tout, dire non à un élève
39:30c'est pas lui dire non pour l'humilier
39:32ou lui faire de la peine, c'est parce qu'il est nécessaire
39:34parfois d'entendre un non
39:36et ça face à cette violence-là
39:38la seule chose que l'adulte peut se faire
39:40une seule fois, c'est face à un élève qui devient vraiment agressif
39:42et qu'on sent qu'il a une envie
39:44d'en venir physiquement aux mains
39:46la seule chose je pense que l'adulte peut faire
39:48c'est le retrait, c'est-à-dire bah écoute
39:50je vois bien que
39:52et encore faut-il pouvoir le faire parce que parfois encore
39:54vous arrivez à voir venir la menace
39:56mais je pense à certains collègues
39:58qui se font, enfin moi j'ai eu des collègues
40:00qui se sont fait crever les pneus de bagnole ou des choses comme ça
40:02c'est pas très plaisant
40:04et c'est pas très rassurant
40:06c'est-à-dire que normalement
40:08on ne devrait pas avoir la violence scolaire
40:10déjà on ne devrait pas la subir à l'école
40:12mais on devrait encore moins la subir quand vous rentrez chez vous en fait
40:14alors votre livre, je prends la peine de le dire, est très drôle
40:16c'est un élément qui compte
40:18et vous racontez quelques fois la scène
40:20où il me vient à l'esprit, ce professeur
40:22spécialiste probablement d'histoire antique
40:24d'histoire romaine, et là il doit enseigner
40:26à des élèves, donc il s'apprête à enseigner
40:28probablement les subtilités du temps d'Auguste
40:30et la question qui lui est posée
40:32c'est monsieur, pourquoi les Grecs portaient des robes ?
40:34est-ce que c'est possible
40:36d'enseigner avec ce grand écart entre la culture d'un côté
40:38et l'ignorance de l'autre ?
40:40ça c'est ce que j'aime, pas le fait de constater
40:42qu'il y a un tel écart
40:44mais ce que j'aime quand même dans ce métier
40:46c'est qu'on est toujours surpris
40:48et qu'en effet ce grand écart entre
40:50vous, vos certitudes
40:52je ne peux même pas dire académiques
40:54parce que c'est finalement de la culture générale
40:56mais de voir l'écart croissant entre la culture générale
40:58et les remarques qui sont parfois d'une très grande naïveté
41:00parfois en fait
41:02ça nous remet aussi en question
41:04qu'est-ce qu'on peut faire pour rendre notre
41:06enfin voilà moi c'est pareil
41:08je vois bien que
41:10quand je suis allée à l'école, moi aussi il y a peut-être des matières
41:12qui me passionnaient moins mais
41:14on acceptait d'avoir cette culture générale
41:16là certains enfants en fait il faut vraiment ruser
41:18pour leur mettre la culture un petit peu dans la tête
41:20en leur expliquant
41:22bah non mais en fait ça fait partie
41:24d'un socle commun de savoir
41:26mais je pense que là où est le problème c'est que
41:28beaucoup de la jeune génération ne voit pas du tout
41:30l'intérêt de ce socle commun
41:32savoir des bases historiques
41:34savoir tracer une ligne chronologique
41:36savoir à peu près si tu es une montagne dans le paysage français
41:38c'est quelque chose qui
41:40n'a plus l'air de les intéresser beaucoup
41:42donc il faudra en permanence ruser
41:44pour tenter en fait de transmettre le savoir
41:46bien malgré eux parfois
41:48mais il y a encore parfois
41:50une manière de communiquer
41:52ou parfois partir d'une
41:54d'une erreur qui vous fait sourire
41:56en disant ok bon
41:58ton erreur m'a fait sourire pour ça
42:00pour le petit moment et puis surtout
42:02on va surtout essayer de
42:04de partir de là pour construire un savoir solide
42:06alors une question qu'on se pose aussi souvent
42:08c'est pour les enseignants aujourd'hui pour les professeurs
42:10vous avez les élèves qui quelquefois n'ont pas du tout
42:12le même arrière fond culturel
42:14les codes de la pudeur ne sont pas les mêmes
42:16on dit quelquefois la difficulté pour les profs d'enseigner l'histoire
42:18de la Shoah en certains quartiers
42:20est-ce que c'est aussi un défi pour un professeur que d'enseigner
42:22dans un environnement où les interdits culturels ne sont pas les mêmes
42:24en fait je pense
42:26que ça dépend beaucoup des établissements
42:28pour avoir
42:30traversé une quinzaine
42:32de collèges et lycées différents
42:34j'ai envie de vous dire que selon l'établissement
42:36où vous êtes vous n'aurez pas du tout
42:38le même ressenti
42:40après oui il y a des
42:42établissements où en effet
42:44moi on m'a déjà reproché par exemple
42:46d'enseigner tout court parce que j'étais une femme
42:48et qu'une femme ne reste à la maison
42:50vous voyez il y a parfois des choses comme ça
42:52où on a l'impression que là il y a une confrontation
42:54de deux mondes qui ne se comprennent pas trop
42:56et en même temps
42:58c'est plus que jamais nécessaire
43:00d'être là et d'expliquer
43:02oui oui je suis une femme
43:04et oui oui j'enseigne
43:06et c'est comme ça
43:08et c'est la société française qui fait que oui les femmes ont le droit
43:10d'enseigner et il ne faut pas revenir en arrière là dessus
43:12et il ne faut rien lâcher
43:14il y a certaines choses
43:16je pense que le rôle du professeur est de s'adapter aussi au maximum
43:18pour ne pas heurter sciemment
43:20le but n'est pas d'aller
43:22avec un étendard
43:24forcément idéologique en disant
43:26je vais rétablir la sainte vérité
43:28par contre le rôle de l'enseignant c'est de tenir
43:30sur certains acquis
43:32en disant non on ne reviendra pas en arrière
43:34ou en tout cas je ferai tout pour
43:36qu'on ne revienne pas en arrière
43:38vous n'êtes pas entré dans la vie active
43:40directement en éducation nationale
43:42vous avez eu du professionnel dans le privé
43:44un peu avant
43:46donc il y a une question que beaucoup se posent
43:48c'est les profs sont-ils feignants
43:50et pourquoi oui ?
43:52la réponse est
43:54la question est biaisée mais
43:56je pense que c'est une profession qui vous fait redevenir enfant
43:58et je le dis mais avec
44:00quand je dis enfant ce n'est pas forcément enfant
44:02face à vos classes mais enfant face
44:04au mode de fonctionnement
44:06on pense en vacances scolaires
44:08et en même temps
44:10je pense que c'est la profession
44:12qui a
44:14le plus d'écart entre parfois
44:16oui le professeur qui est un peu
44:18stigmatisé avec un poil dans la main
44:20mais vous avez aussi ceux qui
44:22mais qui vraiment passent des heures
44:24et des heures à préparer les cours
44:26donc on a les très investis d'un côté
44:28on a un peu les planqués de l'autre
44:30mais je pense que dans beaucoup de métiers c'est comme ça
44:32mais avec le professeurat il y a peut-être quelque chose
44:34de l'ordre
44:36oui on a l'impression qu'il y a certains élèves
44:38qui sont des cancres et peut-être certains professeurs sont des cancres
44:40et il y a certains élèves
44:42c'est des intellos, il y a aussi certains professeurs
44:44qui ont une amnégation
44:46pour leur travail mais en général
44:48c'est des gens qui restent et qui ne s'enfuient pas au bout d'un an
44:50par crainte ou par effroi
44:52en général c'est des gens qui essayent
44:54dans la grande majorité de faire bien les choses
44:56alors c'est un livre étonnant parce que le portrait que vous nous faites
44:58on pourrait dire qu'il est très inquiétant
45:00pessimiste dirait certains, pourtant non
45:02à la fin il y a une forme de lueur d'espoir, d'optimisme
45:04je cite dans la dernière page
45:06il y a donc une petite lueur
45:08l'espoir réside dans les individus
45:10et non dans l'énorme machine
45:12trop lourde celle-ci incline souvent la tête
45:14et elle m'aspire dans des conjonctures imaginaires
45:16il est néanmoins possible de transmettre
45:18autrement dit vous pouvez encore faire votre métier
45:20si vous le souhaitez vraiment
45:22donc il y a moyen de voir l'école en se disant
45:24quelque chose de bien s'y passe néanmoins
45:26tout n'est pas perdu
45:28je ne crois pas au système du tout
45:30je ne crois pas au système des masses
45:32en revanche à l'intérieur d'une salle de classe
45:34oui ils sont nombreux face à vous
45:36mais en fait individuellement
45:38tant qu'on arrive à voir l'individu
45:40et tant qu'on arrive à parler à l'individu
45:42je pense qu'on peut enseigner
45:44je pense que ça sera plus possible
45:46peut-être parce qu'on est lassé
45:48parce qu'il y a peut-être aussi une lassitude
45:50ou parce que la société change trop vite
45:52et que vous n'arrivez pas à vous adapter
45:54ou que vous ne voulez pas vous adapter pour différentes raisons
45:56je pense que là il faut partir
45:58quand on commence à voir dans une classe qu'un groupe
46:00et non pas une réunion d'un individu
46:02je pense qu'il faut s'arrêter
46:04en tout cas pour moi il faudra s'arrêter
46:06chat GPT
46:08vous avez des élèves qui aujourd'hui font leurs travaux
46:10en demandant à chat GPT de les faire à leur classe
46:12comment ça ? un grand soupir de désespoir ?
46:14oh bah oui un grand soupir de désespoir
46:16et puis surtout leur dire
46:18la prochaine fois que tu utilises chat GPT
46:20pense à enlever la mention
46:22ma dernière mise à jour
46:24date de mars 2023
46:26parce que là si vous voulez c'est flagrant on va dire
46:28merci Ophélie
46:30rock anti sèche d'une prof
46:32et je rappelais tout à l'heure
46:34que vous aviez écrit également
46:36Black Mesa
46:38merci c'était un plaisir
46:40merci Mathieu, merci Arthur
46:42dans un instant c'est l'heure des pro2
46:44restez avec nous sur CNews
46:46à tout de suite

Recommandations