• il y a 12 heures
Avec Me Hector Lajouanie, avocat pénaliste à Versailles

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##C_EST_A_LA_UNE-2025-02-13##

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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 7h12. Maître Hector Lajoigny, bonjour. — Bonjour.
00:07— Vous êtes avocat pénaliste à Versailles. Je voulais revenir évidemment sur le décès de la petite Louise, cette collégienne de 11 ans.
00:17Il a avoué Owen... Quelle hypocrisie. Owen L., on disait dans les médias. Mais c'est très hypocrite. On ne donne pas son nom parce qu'on ne doit pas donner son nom, hein.
00:27C'est bien ça, maître. — Tout à fait, tout à fait. — Bon. Et puis on met L. Bon, évidemment, tout le monde le reconnaîtra dans son quartier.
00:33Donc Owen, tout simplement. Il s'appelle Owen. C'est son prénom. Owen a 23 ans. Il est étudiant en BTS informatique.
00:41Il a avoué avoir tué la petite Louise après une dispute en ligne contre un autre joueur sur Fortnite, le fameux jeu vidéo.
00:52Il était énervé. Et habituellement, lorsqu'il joue en ligne et qu'il s'énerve, que fait-il ? Il va se promener pour se relaxer.
00:59Donc il est sorti de chez lui. Il a voulu, dit-il, raqueter quelqu'un pour se calmer. Donc il croise Louise. Il la suit.
01:08Il l'emmène dans le bois des Templiers en lui disant qu'il a perdu un objet. Elle prend peur. Elle crie. Il la poignarde plusieurs fois
01:16avec un Opinel qu'il possédait, qu'il avait pris avec lui. Il entre chez lui en courant. Et là, en rentrant, il avoue le crime
01:24à sa petite amie, justement. Les parents, eux, ont été dans un premier temps arrêtés, suspectés d'avoir couvert le crime.
01:35Les parents ont été gardés à vue pour non-dénonciation de crime et relâchés. Vous comprenez qu'ils aient été relâchés, maître ?
01:42— Oui. Parce que Camus, dans une phrase qu'il n'a jamais dite, il paraît, aurait dit « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère ».
01:50Alors il paraît qu'il s'est pas été exprimé comme ça. Mais on comprend l'idée. La non-dénonciation de crime, ça ne s'applique pas
01:57aux parents et aux conjoints, sauf pour certaines exceptions, dont les crimes sur les mineurs. Voilà. — Ah, d'accord.
02:05Donc les exceptions pour les crimes sur les mineurs. — C'est même sauveur de la parole.
02:08— Alors comment se l'explique que les parents, dans un premier temps, aient été gardés à vue pour non-dénonciation de crime et ensuite relâchés ?
02:16Alors ? — C'est qu'en fait, l'infraction est assez précise. Il faut que la dénonciation vise à limiter les effets du crime ou à permettre
02:25d'empêcher d'autres crimes de se commettre. Donc déjà, peut-être que l'infraction a été mal caractérisée. — D'accord.
02:31— Et deuxièmement, il y a ce qu'on appelle en France l'opportunité des poursuites. C'est que le procureur ou le policier n'est pas obligé
02:37de poursuivre toute infraction. Si demain, vous traversez hors du passage piéton et que vous êtes à moins de 50 mètres du passage piéton,
02:44en principe, vous êtes obligé de l'emprunter. Pour autant, si un policier vous voit, il va pas forcément vous dresser à un procès verbal.
02:50— Donc là, non-dénonciation de crime, peut-être, mais ce n'est pas forcément avéré, quoi, si j'ai bien compris.
02:58— Bah un, c'est pas forcément avéré, puisqu'il faut démontrer qu'en fait, la personne était au courant, aurait pu limiter les impacts du crime
03:06ou aurait pu prévenir d'autres crimes. Donc c'est une première possibilité. Après, ce que moi, je pense, sans avoir lu le dossier,
03:12parce qu'aujourd'hui, on dit tous plein de choses, mais on n'a pas lu le dossier, c'est que peut-être qu'en termes d'opinion publique,
03:17c'est compliqué de poursuivre une mère qui n'a pas dénoncé son fils. Alors vous me direz...
03:22Vous avez été confronté à ça. Il arrive souvent... Ça arrive qu'une mère ne dénonce pas son fils ou sa fille qui est auteure d'un crime.
03:33Elle est rarement poursuivie. — Bien sûr que ça arrive. On peut se poser la question chacun de nous. Est-ce que si nos enfants nous disent
03:42qu'ils ont commis un crime, est-ce qu'on va pas cacher le cadavre ? C'est ça, l'idée. C'est qui on est pour dire que nous, parents,
03:49on aurait dénoncé notre enfant. — En revanche, la petite amie du suspect, soupçonnée de ce même fait, non-dénonciation,
03:56eh bien a été présentée à un juge en vue d'une possible mise en examen. Que s'est-il passé avec cette petite amie
04:06qu'Owen avait rencontrée sur les réseaux sociaux en 2024 ? Quand il est rentré chez lui, elle l'a soignée. Dans un premier temps,
04:14il a dit qu'il était tombé. Et puis ensuite, il a avoué le crime de la petite Louise. Et là, elle n'a rien dit. Elle est toujours
04:24chez les policiers. — Le texte nous dit une dénonciation dont on aurait pu limiter les effets. — Oui.
04:33— On aurait pu limiter les effets criminels. C'est que le parquet estime qu'elle était suffisamment au courant pour être
04:41dans la possibilité de dénoncer au moment où on aurait pu limiter les effets. — Oui. Elle était plus au courant que les parents, apparemment,
04:47puisqu'il s'est confié à elle, Owen. Elle était plus au courant que les parents, ce qui expliquerait qu'elle soit, elle, toujours entre
04:55les mains des policiers. — À un degré, peut-être, elle était peut-être plus initiée que les parents, et peut-être à un moment différent.
05:02Mais tout ça, on ne le sait pas. Et moi, je pense que le procureur ne la met pas en examen par hasard. C'est qu'il a des arguments juridiques
05:08qui seront éventuellement contestés par la défense de cette jeune femme, mais qu'en principe, on ne met pas en examen quelqu'un sans élément.
05:16Je rappelle que le procureur de la République a demandé sa mise en examen et que le juge d'instruction y a fait droit. Donc on a déjà
05:22deux magistrats professionnels qui indiquent que potentiellement, elle est coupable de non-dénonciation. Après, en tant que citoyen,
05:27on peut se dire que sans avoir lu le dossier, on ne sait pas. Mais c'est quand même sévère de se dire... On reproche à cette jeune femme
05:35de ne pas avoir dénoncé, en réalité, son conjoint. Le texte, il est précis. Et quand on regarde la jurisprudence, on n'est pas obligé de dire
05:43« Jean-Jacques Bourdin a commis un crime ». On peut aussi aller voir les autorités en disant « Je vous demande d'aller voir dans ce jardin-là
05:50parce que peut-être qu'un crime a été commis ». Vous pouvez dénoncer un crime sans dénoncer l'identité du criminel ou le lieu où il se trouve.
05:57— Oui, je comprends. Je comprends, maître. Tiens, à propos de meurtres sur mineurs de moins de 15 ans, je regardais les chiffres.
06:04Ils sont constants depuis 20 ans. Il n'y en a pas plus aujourd'hui qu'hier. Donc quand j'entends dans tous les médias dire « Ça y est,
06:12nos enfants risquent d'être assassinés », oui, mais pas plus qu'il y a 20 ans. — Mais moi, je partage complètement votre opinion.
06:19Alors après... — C'est pas une opinion. Ce sont des chiffres. — En tout cas, je partage votre analyse des chiffres. Mais il y aura des gens
06:25qui nous diront qu'en fait, ces chiffres sont pas vrais et qu'on peut en dire d'autres. Michel Lumary disait « On peut faire tout dire à des chiffres ».
06:31Elle a pas tort. Mais moi, je partage votre analyse des chiffres dans la mesure où aujourd'hui, on a plus de médias. Donc on est plus au courant.
06:38Et on a le sentiment, peut-être un sentiment qui est plus fort. Et deuxième élément, c'est qu'il faut aussi accepter qu'on ne peut pas
06:47tout maîtriser et que là, rien n'aurait permis d'éviter ce crime. Qu'est-ce qu'on va faire ? On va pas payer un garde du corps à chaque collégien ?
06:53Ça n'est pas possible. On ne peut pas prévoir. Et le risque tout et le risque zéro n'existe pas.
06:59— Je voudrais ajouter que 70 à 80% des meurtres commis sur les enfants sont commis dans le cadre familial, c'est-à-dire un père qui tue ses enfants,
07:12une mère qui affame sa fille, comme on l'a vu dans le procès de Montpellier récemment, de la petite Amandine, etc., etc.
07:19C'est essentiellement dans le cadre familial. — Bien sûr. Bien sûr. C'est très triste. C'est dommageable. On connaît ces chiffres, malheureusement.
07:27— Merci, maître. Merci d'être venu nous voir ce matin. — Avec plaisir.
07:30— Il est 7 h 20. Vous êtes sur Sud Radio. Merci d'être avec nous. Laurie Leclerc, le rappel des titres de l'actualité. Laurie.

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