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Invités cette semaine :

- Sylvain Berrios, député apparenté Horizons du Val-de-Marne,
- Rémi Féraud, sénateur socialiste de Paris.

Thèmes :
- Budget 2025 : la réunion décisive
- Loi narcotrafic : que peut l'État ?

Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.

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#LCP #assembleenationale #Politique

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News
Transcription
00:00Générique
00:02...
00:09Bonjour à tous.
00:10Heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro
00:13de Parlement Hebdo.
00:14L'actualité de la semaine au Parlement.
00:16Comme chaque semaine, un débat entre un député et un sénateur.
00:19Sylvain Berrioz, bonjour.
00:21Vous êtes député du Val-de-Marne,
00:23apparenté au groupe Horizon à l'Assemblée.
00:25C'est le groupe d'Edouard Philippe. Rémi Féraud, bonjour.
00:28Député, sénateur, socialiste de Paris,
00:31et, on le précise, candidat à la mairie de Paris.
00:33Vous êtes soutenu par la maire sortante Anne Hidalgo.
00:36Vous allez débattre tous les deux du budget 2025
00:39et de la négociation entre les sept députés
00:42et sept sénateurs de la commission mixte paritaire
00:45pour trouver un compromis sur ce projet de loi de finances.
00:48La gauche et le RN brandissent la menace
00:50de la censure du gouvernement.
00:52Et comment lutter efficacement contre le trafic de drogue ?
00:55Le Sénat a voté cette semaine les principales mesures
00:58de l'opposition de loi transpartisane
01:00contre le narcotrafic, un texte soutenu par le gouvernement.
01:04On s'intéresse aux négociations autour du budget.
01:06Nous allons prendre la direction de l'Assemblée nationale
01:09où nous attend Stéphanie Despierre.
01:12Cette commission mixte paritaire, cette CMP,
01:14c'est une étape décisive pour le projet de loi de finances.
01:20Oui, sept députés et sept sénateurs
01:22sont réunis en négociation
01:24pour trouver un accord sur le budget 2025,
01:26budget qui n'avait pas pu être voté,
01:28parce que le gouvernement de Michel Barnier avait chuté.
01:31Alors, l'accord est en bonne voie.
01:33Il faut dire qu'il y a eu de multiples réunions préparatoires,
01:36d'abord au sein du Bloc central,
01:38entre les Républicains, les macronistes et le MoDem.
01:41Et a priori, les dispositions convenues avant la réunion
01:45sont respectées pendant cette réunion.
01:47Il n'y a pas de problème.
01:48Et puis, il y a eu, vous le savez,
01:50des discussions entre le gouvernement et les socialistes
01:54pour tenter de convaincre les socialistes
01:56de censurer le gouvernement de François Bayrou.
01:59Les concessions faites aux socialistes
02:03sont a priori respectées
02:06durant cette commission mixte paritaire.
02:09C'est encore pas tout à fait fini.
02:11C'est, en revanche, une première étape.
02:13S'il y a un accord,
02:14il faudra qu'il soit validé par l'Assemblée.
02:16C'est là que ça va coincer,
02:18puisque le gouvernement n'a pas de majorité.
02:20Il sera probablement obligé de recourir au 49-3.
02:23C'est là qu'on aura le verdict final du Parti socialiste.
02:27Censurons-t-ils ou non le gouvernement ?
02:29Réponse dans les semaines prochaines.
02:31Merci beaucoup à Stéphanie.
02:33Je vais poser cette question à Rémi Féraud.
02:35Avec ce budget qui se dessine,
02:37vont les socialistes censurer le gouvernement ?
02:40Je ne peux pas vous répondre à cette question.
02:42Quelle est la tonalité ?
02:44C'est notre objectif, en tout cas le mien,
02:46que la France puisse avoir un budget,
02:48même très imparfait,
02:50parce que c'est mieux que de ne pas avoir de budget du tout.
02:53Mais ça n'est pas sans conditions.
02:55Bien sûr, il y a des négociations qui avancent.
02:58Il y a la CMP,
02:59mais il y a aussi la possibilité pour le gouvernement
03:02de déposer à l'Assemblée de nouveaux amendements après la CMP.
03:05Et puis, il y a la discussion collective des socialistes,
03:08qui aura lieu pendant le week-end, au début de la semaine qui vient.
03:13Donc, non, rien n'est acquis en matière de non-censure,
03:16mais notre objectif, c'est de pouvoir permettre à la France
03:20d'avoir un budget.
03:21Pour ça, je crois que nous avons montré
03:23notre démarche constructive, notre capacité de compromis,
03:26et qu'on ne s'y trompe pas.
03:28J'ai voté contre le budget avec mes collègues socialistes au Sénat.
03:32À la CMP, il n'y a pas d'approbation
03:34par les socialistes de la copie qui sort de la CMP.
03:37Il ne s'agit pas de voter pour le budget,
03:39il s'agit de ne pas le censurer pour que la France ait un budget.
03:43Sylvain Berrioz, vous l'entendez, rien n'est encore acquis.
03:46Le gouvernement doit tout faire pour que les socialistes
03:49ne le censurent pas.
03:51On doit tout faire pour avoir un budget.
03:53On doit sortir de cette instabilité politique,
03:56mais aussi de cette instabilité budgétaire et donc économique.
03:59On doit tout faire pour avoir un budget.
04:02On sait tous que ce budget sera imparfait,
04:04quand bien même ce serait un budget uniquement du socle commun,
04:08de toute manière, il serait imparfait.
04:10Nous aimerions avoir une baisse des dépenses massives.
04:13Dans ce budget, il n'y aura pas des belles dépenses massives
04:16à la hauteur de ce que nous attendions.
04:19De toute manière, ce sera un budget imparfait.
04:21Il n'en demeure pas moins qu'il nous faut un budget.
04:24Il faut se rappeler de l'endroit dont on part.
04:27On part d'un déficit qui a explosé,
04:29puisqu'il a atteint 6,1 %, 166 milliards d'euros.
04:33On est aujourd'hui dans une logique
04:36de ramener ce déficit à 5,4, 5,5,
04:39ce qui est quand même un effort conséquent.
04:41Il faut le faire rapidement.
04:43De toute manière, on sait que ce sera imparfait,
04:46mais il faut y aller, il faut discuter autant de temps qu'il faut
04:50pour pouvoir obtenir et avoir un budget,
04:53et discuter avec tout le monde.
04:55Rémi Féraud, le gouvernement, François Bayrou,
04:57ont fait des concessions aux socialistes
04:59qui sont pour l'instant respectées dans cette négociation sur le budget.
05:03Ça veut dire qu'il y a une satisfaction sur ce qui a été conquis,
05:07arraché par les socialistes dans cette négociation ?
05:10Le respect, vous voulez dire, des concessions qui ont été faites
05:13pour que les socialistes ne votent pas la censure
05:16dès la déclaration de politique générale.
05:18On peut penser notamment à l'annulation de la suppression
05:22des 4 000 emplois dans l'éducation nationale.
05:26Il semble que cela soit respecté.
05:28Il y a eu des nouvelles mesures depuis qui ont été prises.
05:31Je pense notamment à tous les coups de rabot budgétaire
05:34qui ont été inscrits par le gouvernement
05:36ou par la majorité sénatoriale
05:38lors de la discussion au Sénat,
05:40à laquelle j'ai participé comme sénateur socialiste,
05:43membre de la Commission des finances.
05:45Des coups de rabot extrêmement lourds sur l'écologie,
05:48l'enseignement supérieur et la recherche,
05:50ou alors des coups de rabot plus limités,
05:53mais sur tous les ministères.
05:54Je pense, par exemple, à la baisse des crédits
05:57pour l'hébergement d'urgence.
06:00Franchement, alors qu'il y a des milliers de personnes à la rue,
06:03c'est pas ce dont on a besoin.
06:05La baisse des crédits pour l'accueil des demandeurs d'asile,
06:08c'est comme ça toutes les missions budgétaires.
06:11Donc je pense que le gouvernement va devoir faire
06:14des efforts supplémentaires, en recette ou en tout cas en dépense,
06:18pour arriver à un compromis et à une non-censure du budget.
06:21Vous, Sylvain Mérios, vous dites que ces coupes sont nécessaires.
06:25On voit dans chaque mission,
06:26ça fait plaisir à personne, sur le sport, la culture,
06:29mais vous vous assumez de tailler dans chacun de ces budgets ?
06:32On doit faire baisser les dépenses publiques.
06:35Aujourd'hui, vous savez, on dit...
06:38J'entends la gauche parfois parler d'augmenter de façon très forte,
06:42ou de changer de nom, d'ailleurs, l'impôt sur l'IFI.
06:46L'IFI, c'est 2,5 milliards d'euros.
06:48Quand bien même vous doublierez...
06:50L'impôt sur la fortune.
06:51Quand bien même vous viendrez à augmenter de 100 %,
06:54ça ne ferait toujours que 2,5 milliards de plus.
06:57Donc en fait, la masse qui est devant nous,
07:00la masse de ce déficit,
07:02impose qu'on ait une baisse des dépenses.
07:04L'impôt ne résoudra pas,
07:06et ne peut pas résoudre l'impasse financière dans laquelle on est.
07:09Et il faut être attentif dans les propos que l'on tient.
07:13Il ne faut humilier personne.
07:16Le gouvernement a tenu sa parole vis-à-vis des socialistes.
07:20Et ça, c'est important.
07:22Il n'y aura jamais de grande avancée,
07:24il n'y aura jamais un budget parfait,
07:26mais le gouvernement a tenu sa parole, et ça, c'est important.
07:29Alors l'un des points sensibles de cette négociation budgétaire
07:32concerne l'aide médicale d'État,
07:34qui permet de financer les soins des étrangers
07:36en situation irrégulière.
07:38Le Sénat avait baissé de 200 millions d'euros ses crédits,
07:41ce qui était une ligne rouge pour la gauche.
07:43Et pour en parler, on va retrouver Stéphanie Depierre
07:46à l'Assemblée nationale.
07:47Il semble qu'un compromis a été trouvé sur l'aide médicale d'État.
07:54Oui, finalement, les députés et les sénateurs
07:55se sont mis d'accord pour baisser les crédits de 111 millions d'euros
07:59par rapport au budget barnier,
08:01c'est-à-dire qu'en 2025, il y aura 1,2 milliard d'euros
08:05consacrés à cette aide médicale d'État.
08:07C'est en fait le même montant qu'en 2024.
08:09Alors les sénateurs, les Républicains,
08:11proposaient de consacrer seulement 1,1 milliard d'euros.
08:15Le Parti socialiste, lui, voulait 1,3 milliard.
08:19C'est finalement donc le compromis proposé par les macronistes
08:23à 1,2 milliard qu'il a emporté.
08:25Le Parti socialiste l'a même voté,
08:28tout en disant qu'il n'était pas tout à fait d'accord,
08:31mais il explique surtout qu'il reste vigilant sur les critères
08:34et de manière globale, il explique que ce budget
08:36n'est pas un budget de jette gauche,
08:37que ce sera forcément un mauvais budget pour les socialistes,
08:41mais qu'ils essayent de le rendre moins mauvais.
08:44Un discours qui ne convainc pas du tout la France insoumise,
08:47qui depuis le vote de cette décision sur l'aide médicale d'État
08:51dénonce l'attitude des socialistes,
08:53et elle explique qu'ils sont complices d'une baisse des crédits
08:56du budget consacré à la santé.
08:59Merci beaucoup, Stéphanie.
09:00Rémi Féraud, ce compromis, c'est un gel.
09:021 milliard de nid, plus ni moins que les dépenses de l'AME de 2024.
09:06Est-ce que cela peut vous convenir ?
09:08Ce qui est essentiel, c'est de maintenir le principe de l'AME,
09:12un principe humain, humaniste, dans la vision de l'immigration,
09:17et puis aussi de protection de la santé publique,
09:19pas seulement des personnes qui arrivent sur le territoire,
09:22mais aussi de tous les Français.
09:24Donc, le maintien de l'AME, d'un budget suffisant,
09:28peut-être qu'il faudra le revoir en cours d'année,
09:30oui, c'est évidemment extrêmement important pour nous,
09:34et je crois que là-dessus,
09:35il y a, avec un certain nombre de députés, de sénateurs,
09:39mais surtout des députés de la majorité,
09:41des députés macronistes, un accord de principe.
09:44J'espère que l'AME sera maintenue dans ce budget
09:47et que les Républicains n'en feront pas un totem,
09:49ne voudront pas absolument obtenir sa suppression.
09:52C'est pour nous extrêmement important
09:53parce qu'on n'est pas seulement sur une question budgétaire,
09:56on est sur une question de valeur,
09:58et cette dimension-là est aussi extrêmement importante aujourd'hui.
10:02Sylvain Barrios, cette nouvelle concession faite à la gauche,
10:05le maintien des crédits de l'Aide médicale d'État
10:07par rapport au niveau de 2024,
10:09est-ce que le risque, maintenant, pour le gouvernement,
10:11ce n'est pas de s'exposer à des critiques venues des Républicains
10:14et puis à un risque de censure venu du Rassemblement national
10:17qui dénonce une forme de laxisme sur l'immigration ?
10:20En fait, je ne crois pas parce que l'AME,
10:23l'Aide médicale d'État, c'est une question de dignité
10:26pour les personnes qui sont sur les territoires français.
10:28Si j'étais vulgaire, et je vais l'être,
10:30on ne va pas laisser crever les gens dans la rue.
10:32Ce n'est pas possible.
10:34Et je pense qu'aucun parlementaire,
10:36LR, Horizon, Modem ou EPER,
10:41n'accepterait cette logique-là.
10:43En revanche, ce que nous disons collectivement,
10:45et ça je pense qu'on peut être d'accord,
10:47c'est que l'AME doit servir à soigner et uniquement à soigner.
10:52Voilà, une fois qu'on est parti de là,
10:53la dépense peut être abordée.
10:56Mais sur le principe, je pense que personne n'a à l'idée
11:01de devoir laisser mourir des gens dans la rue
11:04sous prétexte que la France ne serait pas capable de soigner
11:07ceux qui sont sur les territoires français.
11:09Et ça pose effectivement d'autres problèmes,
11:11d'autres sujets, ceux de l'immigration.
11:13Et c'est vrai qu'il y a un corollaire entre l'AME et l'immigration,
11:18c'est un autre sujet.
11:19Mais l'AME, lorsqu'on est sur le territoire français,
11:22c'est une question de dignité.
11:23La France ne peut pas laisser mourir des gens dans la rue.
11:27Il y aura bien, dans ce budget concernant les entreprises,
11:29une taxation pour celles qui font énormément de bénéfices.
11:33Bernard Arnault s'est dit clairement contre cette taxe.
11:38Il dit qu'on va taxer le made in France.
11:41Il dit regarder du côté des Etats-Unis.
11:43Rémi Féraud, qu'est-ce que vous lui dites à Bernard Arnault,
11:46qui est très mécontent de cette nouvelle taxation ?
11:49Que c'est tout notre contrat social qui est en jeu.
11:52C'est-à-dire la capacité du pays à créer des richesses.
11:55Et Bernard Arnault a beaucoup apporté à notre pays,
11:59mais aussi tous ses salariés.
12:01Et notre capacité à faire en sorte
12:03que cette création de richesses en France
12:06soit aussi en partie redistribuée
12:09pour les services publics, pour la solidarité.
12:11C'est ça, le contrat social français.
12:13Et donc, il faut aussi que les Français s'y retrouvent.
12:17La politique de l'offre,
12:19elle doit entraîner au moins un peu de ruissellement.
12:22Donc, si le développement de nos entreprises,
12:26si la création de richesses n'entraîne pas la possibilité
12:30pour l'Etat, pour la protection sociale,
12:33d'apporter un plus aux Français,
12:36pour l'école, pour l'hôpital, pour la solidarité,
12:38pour financer toute notre protection sociale,
12:41alors c'est tout notre contrat social qui est en jeu.
12:43C'est ça que j'ai envie de dire à Bernard Arnault.
12:46Il faut aussi, alors que le populisme guette,
12:49alors que les extrêmes, notamment l'extrême droite a monté,
12:52que les Français s'y retrouvent, comprennent
12:54et se tournent à nouveau positivement vers la politique
12:58et vers, justement, ces enjeux qui sont au cœur
13:02de notre politique économique et sociale
13:04et de notre débat économique et social,
13:06sans chantage à la délocalisation.
13:08Sylvain Berlioz, vous êtes d'accord,
13:09les grands groupes qui ont fait des bénéfices
13:11doivent respecter ce contrat social
13:13et faire preuve de solidarité,
13:15faire un effort financier ?
13:16D'abord, la solidarité existe déjà.
13:18Je vous rappelle que sur les recettes fiscales,
13:21vous avez 100 milliards d'euros de TVA,
13:25qui sont une recette de consommation,
13:26donc une recette liée intimement à l'économie.
13:29L'impôt sur les sociétés,
13:31c'est de l'ordre de 72 à 75 milliards d'euros.
13:35C'est déjà un impôt et c'est déjà une redistribution.
13:39Il faut faire extrêmement attention
13:41parce que les recettes fiscales de l'État
13:43sont intimement liées à l'activité économique.
13:45On a vécu le dernier trimestre ou quadrimestre 2024
13:49avec une régression de notre PIB.
13:53Si on rentre dans un cycle de récession,
13:57à ce moment-là, on n'aura même plus les moyens
13:59d'assurer la solidarité actuelle.
14:02Donc moi, je ne suis pas du tout d'accord avec ça.
14:04D'ailleurs, ce budget, de ce point de vue-là, me gêne.
14:07Moi, je suis favorable à ce qu'on continue
14:09à soutenir massivement l'activité économique,
14:13ça soutient d'ailleurs également les salariés,
14:15ce qui nous permet ensuite d'avoir une action sociale efficace.
14:19Il faut faire attention parce que nous risquons
14:21de casser le modèle économique français
14:24et ça a des conséquences, et d'ailleurs, on le voit aujourd'hui.
14:26Aujourd'hui, vous avez des plans d'incendiements massifs
14:29qui sont liés à un défaut d'investissement.
14:31On parle de très gros groupes qui ont des bénéfices
14:34qui se chiffrent en milliards d'euros.
14:36Mais d'accord, les très gros groupes payent aussi des impôts
14:38et on voit des milliers de personnes en France.
14:41On peut toujours taper sur nos champions,
14:42mais après, ne venons pas pleurer.
14:44Ne venons pas pleurer, nous avons des champions,
14:46il faut aussi les respecter.
14:48Je ne vous dis pas que Bernard Arnault a raison,
14:49je vous dis simplement qu'essayons juste
14:52d'écouter leur raisonnement sur le coût du travail
14:55et sur la façon dont on a à gérer un modèle économique
14:58sans le fracasser, et je pense qu'on pourra trouver un équilibre.
15:02Et dans ce budget, pour nous, horizon, c'est un problème.
15:06La dépense publique ne baisse pas suffisamment
15:10et nous disons attention à ne pas casser
15:12le volet économique du pays.
15:14Rémi Féraud, il nous reste 30 secondes
15:15avant de parler du narcotrafic.
15:17Pour conclure rapidement sur la position des socialistes,
15:20quels vont être les points importants à négocier
15:22avec François Bayrou dans ces derniers jours
15:24de discussion budgétaire ?
15:25Quelles vont être les mesures symboliques que vous demandez ?
15:27Ça, il va falloir que nous ayons la réunion entre socialistes.
15:31Ça peut être en recette, parce que la fiscalité,
15:35évidemment, sur le capital,
15:37reste très insuffisante, à notre avis,
15:40mais je pense que ce sera surtout en dépense.
15:43Il va falloir qu'on voit, là où il faut qu'on demande
15:46au gouvernement un effort supplémentaire
15:48pour que la position des socialistes soit claire
15:50et qu'elle soit suivie par tous les députés socialistes.
15:53Donc, il y a encore quelques jours pour cela
15:56avant le vote sur la censure à l'Assemblée nationale.
15:58On va parler de la lutte contre le trafic de drogue,
16:01puisque le Sénat a voté cette semaine
16:03les principales mesures de la proposition de loi transpartisane
16:06pour lutter contre le narcotrafic.
16:08Audrey Vuetaz.
16:14Le constat est partagé par tous les bords politiques
16:17et par le gouvernement.
16:18La France doit rapidement se réarmer face au narcotrafic.
16:22Nous avons abouti à un diagnostic inquiétant.
16:26Celui d'une France qui est submergée par le narcotrafic,
16:30où cette activité criminelle génère aujourd'hui,
16:34chaque année, un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros.
16:37C'est donc dans une rare concorde
16:39que le Sénat a adopté une boîte à outils policière et judiciaire,
16:4324 articles issus des travaux
16:45d'une commission d'enquête sénatoriale.
16:47Parmi les mesures, la création d'un parquet national
16:50anti-criminalité organisé sur le modèle du parquet antiterroriste.
16:55Nous voulons qu'il coordonne les parquets
16:58qui se trouvent dans les juridictions interrégionales,
17:00qui existent déjà,
17:01et les parquets locaux que vous connaissez tous.
17:04La proposition de loi
17:05étant aussi les compétences de l'Office national antistupéfiant
17:09pour en faire une DEA à la française,
17:11l'Agence américaine de lutte contre la drogue.
17:14Les sénateurs s'inspirent aussi de la législation italienne anti-mafia
17:19pour accorder l'immunité aux informateurs
17:21qui ont commis des crimes de sang,
17:23une mesure longuement discutée.
17:25Dire à nos compatriotes et à des futures victimes
17:29que nous abandonnerons toute poursuite
17:30parce que quelqu'un aura parlé à un moment donné où il aura parlé,
17:33ce n'est pas si évident que ça à faire non plus.
17:35C'est vrai que c'est un choix moral fort
17:39et finalement un arbitrage qu'on doit rendre.
17:42Est-ce qu'à un moment donné, on passe l'éponge ?
17:45Parce que la société en a besoin pour obtenir des informations.
17:48Enfin, le Sénat s'attaque au portefeuille des criminels
17:51avec une série de mesures contre le blanchiment d'argent,
17:54comme la confiscation systématique de biens
17:57dont le propriétaire ne pourrait justifier l'origine.
18:00L'ensemble du texte doit maintenant être voté en séance mardi au Sénat
18:05avant d'être transmis à l'Assemblée.
18:07Sylvain Berlioz, narcotrafique,
18:09c'est un terme qui s'est imposé dans le débat public.
18:11Est-ce qu'il faut une loi ?
18:12Est-ce que les dispositions dont on a vu dans le sujet
18:15peuvent faire avancer les choses dans cette lutte ?
18:18Oui, alors, narcotrafique, c'est effectivement imposé
18:21avec tout ce que ça véhicule comme violence
18:24et comme sentiment d'insécurité réel que l'on a dans nos villes.
18:30Et oui, bien sûr qu'il faut le prendre à bras-le-corps.
18:33C'est à la fois une question de santé publique,
18:35puisque la drogue fait partie d'une lutte
18:39pour la santé publique des Français, des plus jeunes notamment.
18:42C'est désormais, on le voit, un élément de sécurité publique.
18:46Donc oui, il faut prendre toutes les mesures nécessaires
18:51pour lutter contre ces bandes organisées
18:54et les mesures obtenues par le Sénat,
18:57qui sont des mesures transpartisanes,
18:59soutenues par le gouvernement.
18:59C'est important de le rappeler,
19:00qu'on a tous un diagnostic commun et une volonté commune d'avancer,
19:04me paraissent fortement utiles.
19:06Effectivement, c'est une proposition de loi transpartisane
19:09qui est également votée par les socialistes.
19:11Rémi Féraud, ça veut dire que vous faites confiance
19:13à Bruno Rotailleau et Gérald Darmanin
19:15pour mener cette guerre contre le trafic de drogue
19:17avec ces outils qui sont en train d'être mis en place ?
19:19Vous posez la question d'une manière étrange.
19:22J'ai confiance dans le fait
19:25que cette mobilisation transpartisane
19:27peut apporter beaucoup au pays.
19:29Et j'espère que le gouvernement va s'en emparer,
19:32y compris pour augmenter les moyens, notamment de la justice,
19:35pour le mettre en oeuvre.
19:37Mais en tout cas, la volonté affirmée par le gouvernement
19:41de reprendre cette proposition de loi transpartisane,
19:44qui fait suite à un très gros travail mené au Sénat,
19:47oui, je trouve que c'est évidemment le chemin qu'il faut prendre.
19:51Et notre pays est à un point de bascule.
19:56Je crois qu'aujourd'hui, on le dit,
19:59les Français en prennent conscience,
20:00les élus en ont pris conscience.
20:02Si ce travail transpartisan a été mené au Sénat,
20:05c'est aussi en relais de l'alerte des élus locaux
20:08d'une situation qui n'est plus uniquement à Marseille,
20:11qui se passe sur l'ensemble du territoire national.
20:14Il ne faut pas que notre société soit débordée
20:16par le narcotrafic,
20:17que notre démocratie soit mise en danger
20:20par la corruption, par la criminalité.
20:22Ca n'est pas encore le cas, mais ça peut le devenir.
20:25C'est cette prise de conscience-là qui a mené,
20:27qui a conduit à ce travail commun
20:29et que cette proposition de loi avance,
20:30elle ira ensuite à l'Assemblée nationale.
20:32Je pense que c'est vraiment une chance pour notre pays.
20:35J'espère que le gouvernement ne la gâchera pas,
20:37mais pour le moment, ça n'est pas le cas.
20:39Et la discussion parlementaire au Sénat,
20:42avec des points extrêmement complexes,
20:44mais il faut y être très attentif,
20:46sur le respect des droits de la défense,
20:47des droits des victimes.
20:49Ca, c'est un travail parlementaire au meilleur sens du terme,
20:52donc il faut s'appuyer dessus.
20:53Sur le statut de repenti, par exemple,
20:55de dire à un criminel,
20:57si vous collaborez, on peut réduire votre peine.
20:59Est-ce que vous dites oui, il faut aller vers ce statut ?
21:02Est-ce que ça vous pose aussi des problèmes
21:04par rapport aux victimes de ces trafics de drogue ?
21:06Ou est-ce que c'est une bonne solution ?
21:08Tout ce qui permet de combattre le narcotrafic
21:11me paraît être en soi une bonne solution.
21:14Le statut de repenti serait quelque chose de nouveau.
21:16En tout cas, quelque chose de nouveau.
21:18Dans la façon d'aborder les choses
21:20et de le rendre de façon indéterminée,
21:22parce qu'il faut protéger le repenti de très longtemps,
21:26dans des programmes qui sont extrêmement complexes.
21:29Mais contrairement à ce que vient de dire Rémy Giraud,
21:32je pense que nous sommes dans la bascule.
21:34Aujourd'hui, vous avez des quartiers entiers
21:36qui sont otages des narcotraficants.
21:38La France est en voie de mexicanisation,
21:40comme le dit Bruno Rémy Giraud.
21:41Non, pas mexicanisation, c'est autre chose.
21:43Dans l'Atlantique, il se passe d'autres choses.
21:45Mais on a des quartiers entiers qui sont aux mains...
21:47Regardez ce qu'il se passe à Porte de Clignancourt,
21:50ce qu'il se passe à Marseille,
21:51ce qu'il se passe dans certains...
21:53Aujourd'hui, ne pas ouvrir les yeux sur cette réalité-là
21:57serait un problème.
21:58Nous avons déjà passé un point de bascule.
22:01Et donc, il faut prendre des mesures extrêmement efficaces.
22:05Le parquet me paraît spécialisé.
22:07Le parquet me paraît aussi une très bonne mesure.
22:10Il faut avoir à l'esprit
22:11que les forces en présence sont extrêmement puissantes
22:15et ne viennent pas du pays, du coeur du pays.
22:21La drogue arrive par conteneur de l'étranger.
22:25Il faut quand même l'avoir à l'esprit.
22:27Nous avons aussi une situation de relation diplomatique à gérer,
22:30qui renvoie aussi à toutes nos relations bilatérales
22:35avec les pays voisins.
22:36Rémy Giraud, je voudrais qu'on parle des consommateurs de drogue,
22:39puisque Bruno Rotailleau veut les sanctionner
22:42plus fermement, plus souvent.
22:44Est-ce qu'il faut les sanctionner ou les accompagner ?
22:47Je rappelle que, quand vous étiez le maire
22:49du 10e arrondissement de Paris, en 2016,
22:51vous avez accueilli la première salle de shoot en France
22:54pour consommer des drogues dures dans un espace sécurisé.
22:57Que faire avec ces consommateurs ?
22:58Autant, il peut y avoir un consensus droite-gauche aujourd'hui,
23:01et je m'en réjouis, sur la répression du trafic.
23:04Je sais que des quartiers ont basculé en France,
23:07mais pas le pays dans son ensemble.
23:08C'est pour ça qu'il est encore temps d'agir
23:10dans une logique d'efficacité.
23:12Autant sur la consommation, nous avons de vrais désaccords.
23:15Et il faut aussi accompagner les consommateurs
23:18dans une logique de santé publique.
23:20D'ailleurs, je crois que c'est ce vendredi matin,
23:23dans le journal Le Parisien,
23:24que le chef de la police judiciaire de Paris le dit,
23:27qu'à un moment, sur les consommateurs,
23:30la seule logique répressive est inefficace.
23:33Il faut qu'on soit dans une logique d'efficacité
23:36sur la répression du narcotrafic
23:37et sur l'accompagnement des consommateurs.
23:40C'est dans cette logique-là que j'avais souhaité
23:43l'ouverture de la salle de consommation de drogue
23:45à moindre risque dans le 10e arrondissement
23:48à l'hôpital Lariboisière.
23:49Tous les rapports qui ont été commandés
23:51par le gouvernement ces derniers mois
23:53montrent que le résultat est efficace
23:55en termes d'accompagnement.
23:57Il faut tenir les deux bouts de la chaîne.
23:59C'est comme ça que certains pays
24:01ont des résultats bien meilleurs que les nôtres.
24:03Les deux bouts de la chaîne,
24:04prévention, répression, certains disent
24:06qu'il faut ouvrir le débat sur la dépénalisation,
24:09sur la légalisation de certaines drogues,
24:11puisqu'on voit que la répression ne fonctionne pas.
24:14La prévention, c'est dire qu'il ne faut pas consommer de drogue.
24:17C'est zéro.
24:19C'est pas en consommer un peu, c'est zéro.
24:21Si vous rentrez dans un système de stupéfiants,
24:24vous avez peu de chances d'en sortir.
24:27Il ne faut pas rentrer dans une...
24:29La drogue, ce n'est pas bon.
24:30Ensuite, la dépénalisation.
24:32Aujourd'hui, on parle,
24:34certains ont parlé de dépénalisation du cannabis.
24:37Je vous rappelle qu'aujourd'hui,
24:38vous avez de la contrebande de cigarettes.
24:41Or, la cigarette, c'est en vente libre.
24:43Ce qui s'est passé, porte de clignancourt,
24:45dernièrement, c'était pour des ventes de cigarettes à la sauvette.
24:49Donc, la démonstration qu'une dépénalisation fonctionnerait
24:52n'existe pas.
24:54Si on veut lutter contre la drogue, c'est zéro.
24:56On ne commence pas à la consommer
24:58et on ne pardonne pas à ceux qui la consomment,
25:01sinon, c'est l'autorisation de fait.
25:04Et la prévention, c'est la prévention de la santé.
25:07Oui, on doit dire et redire à tout le monde,
25:09aux plus jeunes, comme à chacun des Français,
25:11que ce n'est pas bon pour la santé.
25:13On va se détruire la vie avec la drogue.
25:16Tout le monde peut le comprendre.
25:18Il ne reste qu'15 secondes.
25:19La dépénalisation ou l'égalisation de cannabis,
25:22ça peut être une solution pour casser le marché noir ?
25:25Je pense, aujourd'hui, que ça peut être une solution.
25:28Il peut y avoir des effets pervers.
25:30Je pense que c'est un débat
25:32qui doit être ouvert aujourd'hui
25:35pour, justement,
25:37ne pas laisser les trafiquants
25:39prendre le dessus sur la République.
25:42C'est la fin de cette émission.
25:44Merci à vous deux d'avoir accepté d'être nos invités.
25:47Merci à vous, évidemment, de nous avoir suivis.
25:49On se retrouve la semaine prochaine
25:51pour suivre les temps forts de cette actualité.
25:54SOUS-TITRAGE ST' 501

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