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Terres de Mission reçoit l'abbé Claude Barthe pour parler de son livre "L'Eglise demain" (Editions de L'Homme Nouveau) qui envisage les étapes pour que l'Eglise revienne à sa Tradition (en tout domaine).
Puis, Louis-Marie Bonneau, chercheur au Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), présente le livre qu'il a récemment publié : "L'OMS et le programme de reproduction humaine - 1950-2020 : 70 ans de politique démographique" (L'Harmattan).

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00:00La Marseillaise
00:30Bonjour chers amis téléspectateurs, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle
00:44édition de Terre de Mission, l'émission religieuse de TV Liberté. Au programme aujourd'hui
00:50deux séquences, une première avec l'abbé Claude Barthes que vous connaissez bien.
00:54L'abbé Barthes qui est spécialiste de liturgie, spécialiste d'actualité dans
00:59l'église, vaticaniste, vient de publier aux éditions de l'Homme Nouveau un petit
01:04ouvrage qui s'intitule l'église demain et qui est un peu un programme de réforme
01:08de la réforme, comment sortir de la crise de l'église en quelque sorte. Un livre passionnant
01:17et je pense que l'abbé Barthes va être fort intéressant. Puis nous allons discuter
01:22ensuite avec Louis-Marie Bonneau qui est un jeune chercheur et qui vient de publier un
01:27livre assez passionnant et assez glaçant aussi sur l'OMS et le programme de reproduction
01:31humaine. Vous savez que l'OMS, comme beaucoup d'organisations internationales, pousse
01:35beaucoup au multianisme, à la contraception et aux avortements forcés aussi à l'occasion,
01:42parfois à la stérilisation forcée. Et donc Louis-Marie Bonneau a enquêté, a fait un
01:48travail de recherche sur 70 ans de programme de l'OMS sur la reproduction humaine. Ça
01:55donne un ouvrage assez passionnant. Voilà pour le programme de notre émission.
01:59Et bien, retour sur le plateau de terre d'émission, j'ai le plaisir d'accueillir un habitué,
02:16l'abbé Claude Barthes. Bonjour M. l'abbé, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
02:21Vous êtes un peu un spécialiste de l'actualité de l'Église, que ce soit au Vatican, en
02:27France. Et là, vous venez de publier un court ouvrage, mais assez dense, qui s'appelle
02:31« L'Église Demain ». C'est un programme de révolution, si je puis dire, sous-titré
02:36pour une vraie réforme. C'est paru aux éditions de l'Homme Nouveau. Pour être
02:40tout à fait honnête, en lisant ça, pour ne rien vous cacher, je lisais ça dans le
02:44métro, et je pensais au Comte de Chambord. C'est « Il faut reprendre le grand mouvement
02:48de 1789 », ce qui, dans la bouche du Comte de Chambord, était un peu baroque. Et dans
02:51votre bouche, dire une vraie réforme, ça semble un peu bizarre aussi. Mais… Pardon,
02:57mais en fait, je pense que c'est assez… C'est l'idée que, de fait, il y avait
03:02des choses à changer en 62, au début du Concile Vatican II, mais on a pris un chemin
03:08qui conduit à l'enterrement des réformes et à l'apostasie immanente. Enfin, c'est
03:13pas forcément Vatican II qui est à l'origine de l'apostasie, mais…
03:16– Quoique…
03:18– Vous allez encore vous faire des copains. Mais donc, l'idée, c'est qu'on entend
03:23bien qu'il y avait des choses à réformer, et évidemment, tout le programme réformateur,
03:27d'ailleurs, depuis 12, était sur la table. Et voilà, la réforme est devenue révolution,
03:33et il est temps de se calmer et de laisser des évêques et des prêtres lancer les réformes
03:39dont on espère qu'elles seront reprises par le Pape dans quelques années, le plus
03:43longtemps possible.
03:45– C'est la grande idée, vous avez très bien compris. On attendait une réforme.
03:50Enfin, on attendait aussi une révolution, il faut bien le dire. Mais disons, en tout
03:54cas, au lieu d'une réforme, on a eu une révolution.
03:56– Et alors, vous parlez d'un certain nombre de chantiers, il y a la liturgie, il y a le
04:01catéchisme, il y a les séminaires. Qu'est-ce qui serait prioritaire pour vous ?
04:08– Ça, c'est une question difficile. Bien sûr, le catéchisme en soi, c'est évident,
04:15mais il faudrait que marche en même temps la liturgie, parce que la liturgie, c'est
04:18très visible, on le voit d'ailleurs dans la manière dont c'est passé.
04:21– Dans la seconde scène de la piquet, oui.
04:23– La liturgie a joué un rôle considérable, à la fois pour faire passer le reste, et
04:28en même temps pour prendre conscience, pour piquer l'instinct de la foi de ceux qui
04:35trouvaient que les choses avaient changé, c'est quand même très visible. Oui, je
04:42dirais quand même le catéchisme, bien entendu. Alors, vous me direz, le catéchisme, il a
04:45déjà été en cours de réforme, c'est-à-dire que, oui, tout n'est pas à faire, tout
04:54n'a pas été fait, mais toute une partie des, ce qu'on appellerait les conciliaires,
05:03ont quand même, je pense que tous ont une mauvaise conscience, mais une partie davantage.
05:10C'est-à-dire que depuis le concil, dans le concil, et après le concil, il y a, dans
05:15le monde conciliaire, ces deux tendances centre-droite-centre-gauche, pour parler en termes politiques,
05:22qui ne veulent rien dire, bien sûr, enfin, qui sont bien pratiques, ce que Benoît XVI
05:27a appelé l'herméneutique... – De continuité ou de rupture.
05:32– Oui, de rupture, et de l'autre côté, de réforme dans la continuité. Alors, cette
05:38herméneutique de réforme dans la continuité comprend, a compris pendant tout un temps
05:43qu'il fallait arrêter le cheval qui se promenait, calmer le jeu, et lancer à l'effet
05:50et ce genre de choses, et celle du catechisme, mais aussi, remarquez-le, chez le même Benoît
05:56XVI, alors Benoît XVI ensuite, celle de la liturgie. Alors bon, le catechisme qui a
06:02été fait... – Pardon, sur le catechisme, le chapitre
06:07que vous consacrez dit effectivement qu'il y a des bonnes nouvelles, le catechisme de
06:12l'Église catholique... – Oui, semi-bonnes nouvelles, oui, parce
06:15qu'il y avait aussi... – Mais je trouve qu'il y a quelque chose
06:18de très juste, c'est que ça n'a pas été traduit en manuel pour les enfants.
06:21– Tout à fait. – En fait, on a l'impression qu'il y
06:24a une constitution qui, en gros, est plutôt bonne, mais c'est pas le tout. En fait,
06:31personne ne lit le catechisme de l'Église catholique. Il faut donc en faire quelque
06:36chose d'utilisable. – Alors, on a fait un résumé, mais qui
06:38non plus n'est pas utilisable. – Qui n'est pas utilisable.
06:39– Et puis, par ailleurs, il y a les enfants, pour lesquels il faut faire des gains d'éducation.
06:42Donc, il s'est fait des choses, mais alors là, pour le coup, c'est déjà la pré-réforme,
06:47comme avant le Concile de Trente, il y avait des choses qui se passaient.
06:49Et il y a eu tout le travail des éditions de Téquis, par exemple, qui a été contenu.
06:53– Mais qui, pour le coup, est en marge et dans l'opposition.
06:55– Alors, ça, ça fait partie de ce qu'il faut avoir en tête quand on parle de la réforme
06:59future, c'est que ces choses qui sont faites en marge, ou alors la Fraternité de Saint-Pierre,
07:02les Trois Blancheurs, des choses qui sont extrêmement utiles et qui font qu'à la marge,
07:08à la périphérie, comme on dit aujourd'hui, cette réforme à faire a quand même des assises.
07:15Et il faut, en quelque manière, remettre l'Assemblée de Véry au centre.
07:19Alors, ça vaut aussi pour la liturgie, c'est clair, puisque la liturgie romaine a été maintenue
07:25– Au périphérie. – Au périphérie, bien sûr.
07:28Et il faudra remettre au centre. Alors là, ce sera un peu plus compliqué, certainement.
07:32Tout sera compliqué, certainement. Donc, il faudrait parler de la manière…
07:36– Vous dites un truc très intéressant, et pour moi, ça fait partie de la difficulté
07:42de cette vraie réforme. Si d'aventure, un évêque disait « Tiens, à partir de maintenant,
07:49le catéchisme marginal devient central dans mon diocèse, la liturgie marginale devient centrale,
07:55ce qui, en soi, n'est pas très difficile. C'est une décision d'une personne.
07:58Évidemment, il y a trois curés qui vont ranchonner, mais ça ne va pas entraîner…
08:03Ça n'est pas difficile, en fait. Mais vous dites un truc que je trouve très juste,
08:08c'est que c'est difficile pour les gens que ça critique.
08:11Donc, typiquement, les personnes de l'institution en place ne vont pas sauter de joie
08:16à l'idée qu'on dise « ça fait 50 ans que votre pastoral ne donne pas des fruits époustouflants ».
08:20Et puis, de l'autre côté, c'est aussi difficile pour la périphérie qui arrive au centre
08:24parce qu'elle risque de perdre son identité, de se diduer.
08:26Et donc, qu'est-ce qu'on accepte, qu'est-ce qu'on n'accepte pas ?
08:28Ce n'est pas si facile que ça, non plus.
08:29– Bien sûr. Alors, concrètement, au jour d'aujourd'hui, on va dire que c'est impossible.
08:36Parce que, dans le climat français, on voit où un évêque fait un petit quelque chose,
08:40il est tout de suite repris en main, et en resserrant des vis un peu partout,
08:45la période est vraiment très difficile.
08:47Mais peut-être que c'est tellement gros que ça ne peut pas durer.
08:51Donc, en effet, un évêque pourrait faire des choses comme ça,
08:53il aurait à se battre contre son prélit, ce qui reste, son prélit immédiat.
08:59Et en effet, il y aurait cette difficulté concrète,
09:01et aussi pour la périphérie qui arrive au centre.
09:05– Pour celui qui mène la marque, l'évêque, dans l'église,
09:09ce sont les évêques et le pape qui mènent la marque.
09:11Pour celui qui s'attèderait à cette réforme,
09:13il y a celle de faire passer les fidèles d'un État à un autre.
09:18Avec des cas différents, par exemple le catéchisme, on ne peut pas bricoler,
09:21on ne peut pas dire, on va faire un semi-catéchisme d'abord,
09:23puis un vrai catéchisme ensuite.
09:25Il faut tout de suite donner un vrai catéchisme,
09:27en essayant de le faire entendre, en se développant une homélytique,
09:31parce qu'il n'y a pas que le catéchisme.
09:33– Oui, l'ensemble de la prédication.
09:35– Absolument.
09:36– Vous parlez beaucoup des fins dernières aussi,
09:37ce qui est clairement un des sujets majeurs.
09:40– Oui, alors que ça n'a pas été touché par le Vatican II,
09:45mais malgré tout, dans ce climat général de révolution,
09:47ça s'est complètement effondré.
09:49Alors pour ce qui est de la liturgie, oui, c'est la fameuse réforme de la réforme.
09:52C'est-à-dire que moi, je suis très favorable à la réforme de la réforme,
09:56en condition de bien comprendre ce que c'est.
09:57Le terme est réforme de la réforme.
10:00Il s'agit de réformer la réforme, et non pas de réformer le rite traditionnel.
10:03Et là, en l'espèce…
10:05– Et de garder, comme disait le cardinal Ratzinger,
10:06le rite traditionnel comme la but témoin
10:08vers laquelle la réforme de la réforme doit tendre, en fait.
10:10– Absolument, tout à fait, c'est bien ça.
10:12Donc, si on imagine ce diocèse…
10:16– Imaginaire.
10:16– Oui, voilà, comme je cherche le nom du Télémac,
10:22– Oui, c'est ça, c'est ça.
10:24– De Salernes.
10:26– Donc, dans ce lieu, l'évêque fera quelques concessions aux paroisses ordinaires.
10:36Parce qu'il est évident qu'elles ne peuvent pas, d'un coup,
10:38passer d'un État dans un autre.
10:43Voilà, alors là, il y a des choses qu'on peut faire, en effet,
10:45qu'on peut tolérer, qu'il faut tolérer certainement.
10:47– Oui, bien sûr.
10:48De toute façon, la réforme de la réforme
10:50ne pourra pas être aussi brutale que la révolution,
10:52parce que sinon, on a…
10:54il y a quelque chose de brutal dans le symbolique.
10:56– Oui, c'est vrai.
10:57– En fait, tout simplement,
10:58je sais bien que ça ne fait pas partie du texte même de la réforme,
11:00mais ça fait vraiment partie de la réforme.
11:02L'hôtel, l'hôtel Fasso, retourner l'hôtel,
11:04et j'incite là-dessus, qui est tout bête,
11:06mais en même temps très fort.
11:08– Oui, c'est très fort.
11:10Mais pour le coup, on pourrait imaginer,
11:12là, Benoît XVI avait vraiment montré l'exemple,
11:14le fait de célébrer régulièrement orientés,
11:16de donner la communion aux bancs de communion,
11:18ce n'est pas une déclaration de guerre,
11:20mais enfin, ça envoie un message…
11:22– Oui, ça envoie un message.
11:24– À Rome, on fait comme ça, ou à la cathédrale, on fait comme ça.
11:26– On fait comme ça.
11:28Et ça devrait être d'autant plus facile
11:30qu'il y ait une attente quand même
11:32de ceux qui restent, de peuple chrétien,
11:34de liturgie qui soit plus…
11:36parce que si le traditionnalisme,
11:38comme on l'appelle,
11:40cette mouvance qui tient à la liturgie traditionnelle,
11:42puisqu'on parle de ça maintenant,
11:44marque des points,
11:46aux grandes dames,
11:48aux adversaires,
11:50c'est que la cause est bonne.
11:54– Oui, et puis après,
11:56il y a aussi une question de démographie,
11:58c'est que, comme tout le reste s'effondre,
12:00le simple fait d'avoir des enfants
12:02fait que la transmission est plus du côté conservateur
12:04que du côté, d'ailleurs, pas uniquement tradit.
12:06Là aussi, vous dessinez bien ça.
12:08Alors que pendant très longtemps,
12:10il y avait une alliance que vous diriez
12:12du centre gauche et du centre droit
12:14contre les tradits,
12:16aujourd'hui, il y a plutôt une alliance
12:18des restaurationnistes, donc du centre droit,
12:20des ratinguerriens et des tradits
12:22contre le centre gauche.
12:24– Oui, ça c'est un effet de…
12:26– C'est un effet de Benoît XVI.
12:28– C'est un effet de Benoît XVI et un effet de François.
12:30C'est un effet de front commun.
12:32Je suis parfois très étonné
12:34de voir les gens qui viennent de…
12:36– Et qui sont très durs,
12:38moi je suis très impressionné par des prêtres
12:40qui ne célèbrent que la Nouvelle Messe
12:42et donc qui ne connaissent pas grand-chose
12:44aux combats tradits,
12:46qui sont extrêmement durs.
12:48– Pour le dire clairement,
12:50le cédé-vacantisme aujourd'hui
12:52est hors du monde traditionnel.
12:54– C'est ça.
12:56– C'est curieux, mais c'est comme ça.
12:58– Donc on dit prédication-catéchisme
13:00d'un côté et liturgie de l'autre,
13:02il y a aussi la question
13:04de la formation des prêtres.
13:06– C'est très important, bien sûr.
13:08Et là aussi, il s'agirait en l'aménageant,
13:10en la rectifiant peut-être,
13:12enfin je ne sais pas, en l'améliorant,
13:14prendre ce qui se fait à la périphérie
13:16pour le ramener au centre.
13:18– Mais typiquement,
13:20le modèle des séminaires tradits,
13:22c'est Cône-Vic-Grasse-Banne,
13:24donc un séminaire hors du monde
13:26où on vit une vie un peu monacale.
13:28– Non, certainement pas.
13:30Là justement, une des choses à améliorer,
13:32c'est là aussi,
13:34il faudrait prendre des choses
13:36qu'ont imaginé, expérimenté
13:38même le centre droit.
13:40Là je pense à l'Ustiger,
13:42le quartier de l'Ustiger,
13:44il y a ces maisons.
13:46– Comme on revenait d'ailleurs
13:48à la contre-réforme.
13:50– Oui, tout à fait.
13:52Une formation insérée dans les paroisses
13:54elles-mêmes, à condition que la formation
13:56soit très correcte.
13:58Et oui, donc pas hors du monde.
14:00On comprend qu'on ait fait comme ça
14:02dans ces maisons,
14:04il fallait le faire, il faut le faire toujours.
14:06On est dans une situation très particulière.
14:08On pourrait aussi poser une question,
14:10c'est bon de venir,
14:12puisque j'ai l'air de licencier
14:14les communautés ecclésiadéies.
14:16Il faut quand même se dire
14:18que les communautés ecclésiadéies
14:20se sont constituées
14:22à cause d'une situation exceptionnelle.
14:24Pour répondre,
14:26c'est-à-dire que pourtant,
14:28alors bien sûr,
14:30elles rendent dignement le service,
14:32elles vont le rendre encore longtemps,
14:34et il ne s'agit pas de dire
14:36bon ben voilà, au revoir et merci,
14:38je ne sais pas,
14:40au contraire, je pense
14:42qu'elles pourraient jouer
14:44un rôle qu'on remplit
14:46dans le temps de la contre-réforme
14:48catholique, après le Concile de Trente,
14:50toutes ces
14:52œdisses, ces pusulpiciens,
14:54ces lazaristes,
14:56qui se sont occupés justement
14:58de la formation.
15:00– Et des missions paroissiales.
15:02– Et des missions paroissiales, bien sûr.
15:04Comment imaginer aujourd'hui une mission paroissiale,
15:06c'est quelque chose comme ça, bien sûr.
15:08– Merci beaucoup M. David.
15:10L'Église Demain, pour une vraie réforme,
15:12c'est paru aux éditions de l'Homme Nouveau,
15:14c'est un petit livre qui coûte 13 euros
15:16et qui fait 125 pages,
15:18très stimulant, je pense que vous allez encore
15:20avoir de nouveaux copains,
15:22mais ça vaut vraiment la peine d'être lu,
15:24chers amis téléspectateurs. Merci M. David.
15:26– Merci.
15:28– Retour sur le plateau de Terre de Mission,
15:40et j'ai le plaisir d'accueillir Louis-Marie Bonneau.
15:42Bonjour Louis-Marie. – Bonjour.
15:44– Vous êtes chercheur à l'ECLJ,
15:46qui est le Centre Européen pour le Droit et la Justice,
15:48ou la Loi et la Justice, je ne sais plus.
15:50– Oui c'est ça.
15:52– En anglais, Law and Justice.
15:54– Law and Justice, c'est ça.
15:56– Donc vous êtes chercheur à l'ECLJ,
15:58qui est un organisme qui travaille auprès des institutions internationales,
16:02notamment le Conseil de l'Europe,
16:04et alors la raison pour laquelle je vous reçois,
16:06ce n'est pas l'ECLJ, même si on a plusieurs fois reçu
16:08des chercheurs de l'ECLJ ici,
16:10c'est que vous venez de publier un ouvrage chez l'Armatan
16:12qui s'appelle l'OMS et le Programme de Reproduction Humaine,
16:16et comme je vous le disais avant de commencer,
16:20quand j'ai reçu le bouquin, pour être franc,
16:22j'ai pensé que c'était le genre de bouquin
16:24qui allait à la cantonade aux journalistes
16:26et j'ai failli le poubéliser, enfin pas le poubéliser,
16:28mais l'archiver, et comme je fais toujours,
16:30je feuillais un peu, et je me suis dit,
16:32tiens, il y a des choses qui m'intéressent.
16:34Et en fait, je l'ai lu intégralement,
16:36ce qui ne m'arrive pas tout le temps,
16:38mais c'est un sujet extraordinairement intéressant.
16:42Vous faites en quelques dizaines de pages
16:46le parcours de la fondation de l'OMS,
16:48donc l'Organisation Mondiale de la Santé,
16:52de 1950 à 2020,
16:54et tout ce qu'ils ont fait en matière
16:56de reproduction humaine,
16:58et alors ça va vraiment dans toutes les directions,
17:00de la propagande pour l'avortement
17:02à la stérilisation forcée,
17:04en passant...
17:06Donc il y a vraiment de tout,
17:08y compris des choses tout à fait honorables par ailleurs,
17:10il n'y a pas que des trucs monstrueux,
17:12mais franchement, en lisant le bouquin,
17:14il y a des moments où on sursaute quand même.
17:16Alors, première chose,
17:18qu'est-ce qui vous a donné l'idée de vous intéresser
17:20à ce programme de reproduction humaine de l'OMS ?
17:22Déjà, merci beaucoup pour votre invitation.
17:26Ce qui m'a donné envie de m'intéresser à ce programme,
17:28c'est la publication en 2022
17:30des lignes directrices de l'OMS
17:32sur l'avortement,
17:34qui ont été publiées à ce moment-là
17:36et qui étaient vraiment extrêmes,
17:38qui expliquaient, par exemple,
17:40qu'un avortement pratiqué chez une jeune fille mineure
17:42sans l'avis de ses parents
17:44était tout à fait normal,
17:46devait être valorisé, etc.
17:48Quand on s'est un petit peu intéressés
17:50aux rédacteurs de ces lignes directrices,
17:52on s'est rendu compte que 67% étaient des militants
17:54de l'avortement sur les réseaux sociaux,
17:56etc.,
17:58mais publiés sous le timbre de l'OMS
18:00qui expliquait aux États ce qu'il fallait faire
18:02et comment modifier leur législation.
18:04C'était quand même assez choquant.
18:06Et on s'est rendu compte que
18:08c'était un sous-programme de l'OMS
18:10qui, plus précisément, avait rédigé ces lignes directrices
18:12et qui s'appelle
18:14le programme de reproduction humaine,
18:16le Reproduction Programme en anglais,
18:18HRP.
18:20Et donc, on a commencé un petit peu
18:22à gratter.
18:24On s'est rendu compte que,
18:26quelques années avant, Warren Buffett,
18:28un milliardaire américain, avait fait un don
18:30de 100 millions de dollars pour ce programme.
18:32On s'est dit, bon,
18:34il y a des choses intéressantes à creuser
18:36et, malheureusement,
18:38la recherche scientifique était assez pauvre
18:40et universitaire était pauvre sur le domaine.
18:42Les articles
18:44qui avaient été rédigés sur le programme
18:46avaient été rédigés par des anciens
18:48directeurs, surtout, du programme.
18:50Et donc, ça nous a poussé à creuser vraiment
18:52à partir de sources primaires.
18:54Ce livre est vraiment fait à partir de sources primaires.
18:56– Donc, quand vous dites sources primaires, c'est les rapports de l'OMS ?
18:58– Les rapports de l'ONU, de l'OMS,
19:00du directeur général de l'OMS
19:02et les archives, en fait.
19:04– D'accord. Et alors, ce qui se dégage,
19:06c'est quoi ? C'est une constance
19:08malthusienne,
19:10je ne sais pas comment dire ça,
19:12où est-ce qu'il y a des inflexions ?
19:14Les années 60 ont changé quelque chose ?
19:16Comment ça s'est passé ?
19:18– Je dirais qu'il y a toujours
19:20une même direction, mais que le discours évolue
19:22pour des raisons marketing
19:24au fur et à mesure des années.
19:26Ça a commencé en 1950
19:28avec la création, effectivement,
19:30dans ces années-là, un petit peu avant pour l'ONU
19:32et en 1948
19:34pour l'OMS,
19:36où il y avait une vraie crainte
19:38que l'explosion démographique dans le monde
19:40ait des conséquences désastreuses
19:42d'un point de vue économique.
19:44Donc l'ONU était convaincue
19:46de ça et l'OMS aussi.
19:48Elle craignait que la surpopulation
19:50ait des conséquences en matière de santé
19:52et que ça y ait également
19:54des conséquences économiques.
19:56On revient assez souvent à l'économie
19:58et à la crainte économique in fine.
20:00– D'accord.
20:02– Et donc, pour éviter
20:04cette explosion démographique,
20:06ils ont décidé d'étudier
20:08les moyens de réduire
20:10la taille de la population humaine sur Terre.
20:12Et donc,
20:14ils ont lancé à partir de 1970
20:16des programmes d'études
20:18pour développer différentes méthodes,
20:20dont des méthodes abortives
20:22et contraceptives qu'on trouve
20:24actuellement dans toutes les pharmacies
20:26en France et ailleurs.
20:28– Mais ils ne se sont pas contentés
20:30de faire des études scientifiques.
20:32Ils ont aussi poussé à des changements
20:34de législation.
20:36– Oui, ils se sont contentés par des études
20:38avec des scientifiques de haut vol,
20:40nobélisables, et avec des études
20:42d'excellente qualité, dont la moralité
20:44est tout à fait contestable, c'est sûr.
20:46Et puis, effectivement,
20:48une fois qu'ils ont développé les méthodes
20:50qui étaient jugées les plus efficaces,
20:52ils ont émis des recommandations
20:54pour les États, pour les faire accepter.
20:56Et surtout à partir de 1994
20:58et la conférence du CAIR,
21:00ils n'ont plus dit que c'était
21:02pour des raisons économiques.
21:04C'est pour les droits de l'homme.
21:06La contraception, c'est pour, bien évidemment,
21:08la santé et les droits des femmes.
21:10Mais oui, mais en fait, non,
21:12ça a été fait pour réduire
21:14la population humaine.
21:16– Et dans la pratique, la contraception chimique
21:18a des vraies conséquences négatives
21:20sur la santé des femmes.
21:22Et sur l'environnement.
21:24Et par ailleurs, on a l'impression
21:26qu'une partie de l'argent occidental,
21:28puisque ces organisations sont financées
21:30par les États et les particuliers,
21:32et une partie de cet argent,
21:34c'est des sommes gigantesques,
21:36qui sont utilisées pour faire pression
21:38sur l'Inde, sur la Chine,
21:40dans les années 60 ou 70,
21:42pour quelles pratiques,
21:44y compris des choses qui sont
21:46vraiment très prolentiques,
21:48là, pour le coup, en matière
21:50des droits de l'homme.
21:52Vous parlez de campagnes de stérilisation.
21:54Je trouve qu'il y a des choses
21:56qui sont quand même inouïes.
21:58– Alors, ils n'ont pas forcément
22:00mais ils ont plutôt réellement
22:02créé des techniques pour que
22:04la stérilisation soit la plus efficace
22:06possible, marche vraiment
22:08et soit réalisée la plus facilement possible.
22:10– J'entends bien mais…
22:12– On parle de la contraception aussi.
22:14– Mais de mon point de vue,
22:16ce n'est pas moins grave de dire
22:18voilà comment il faudrait faire.
22:20C'est quand même les théoriciens.
22:22Moi, je trouve ça inouï quand même
22:24qu'on dise, bon, après tout…
22:26Vous ne le dites pas, et évidemment,
22:28moi non plus, mais il y a des moments
22:30où on se demande si ce n'est pas carrément
22:32du racisme parce qu'on a l'impression
22:34que c'est quand même des pays sous-développés.
22:36On va leur apprendre à se tenir, en gros.
22:38– Je pense qu'il s'agit d'une forme
22:40de néocolonialisme teinté, effectivement,
22:42de racisme et on peut le voir,
22:44ça se prouve par deux éléments.
22:46C'est que les principaux financeurs
22:48du programme sont des pays scandinaves
22:50qui ont une tradition eugénique.
22:52– De l'eugénisme, oui, bien sûr.
22:54– Donc, dès 1970, c'est ces pays
22:56qui ont commencé à financer le programme
22:58à destination des pays les plus pauvres,
23:00effectivement, d'Afrique, d'Inde, etc.
23:02et c'était assumé qu'il fallait réduire
23:04la population de ces pays
23:06pour, évidemment, leur bien.
23:08Ils n'étaient pas capables
23:10de choisir eux-mêmes
23:12quelle direction prendre.
23:14Et puis, en proposant des méthodes
23:16de contraception et de stérilisation,
23:18etc., qui soient le plus indépendants
23:20possible de la volonté des individus,
23:22des femmes qui les prenaient le plus souvent,
23:24donc les implants contraceptifs,
23:26la contraception de longue durée
23:28et puis même des recherches
23:30sur les vaccins contraceptifs stérilisants
23:32qui n'ont pas donné lieu
23:34à des produits disponibles
23:36sur le marché aujourd'hui,
23:38mais il y a encore des essais cliniques
23:40qui, jusqu'à très récemment,
23:42étaient encore menés pour essayer
23:44de les développer.
23:46– D'accord.
23:48C'est quand même assez fascinant.
23:50Et puis, il y a aussi tout…
23:52Je pense qu'autour de l'OMS
23:54gravit tout un…
23:56Vous parliez tout à l'heure
23:58de Warren Buffett,
24:00mais il y a aussi la fondation Gates,
24:02il y a aussi le planning familial
24:04qui est souvent engagé dans…
24:06Et donc, ils ne sont pas tout à fait
24:08des gens neutres sur ces questions,
24:10c'est le moins qu'on puisse en dire.
24:12Et je pense…
24:14Enfin, le planning familial,
24:16c'est quand même spécialement évident.
24:18La fondatrice du planning familial
24:20a une relation assez permanente
24:22avec l'Allemagne nazie,
24:24elle explique des choses
24:26tout à fait impressionnantes.
24:28Alors maintenant, ils la mettent
24:30moins en avant parce qu'ils n'assument
24:32plus tout à fait, mais c'est quand même…
24:34À l'origine de la culture de l'avortement,
24:36il n'y a pas que des choses
24:38tout à fait glorieuses en faveur
24:40des droits de l'homme.
24:42– Il y a surtout de l'eugénisme.
24:44– Il y a beaucoup d'eugénisme, c'est ça.
24:46– Et l'historien le prouve
24:48parce que l'ONU continue
24:50à nous rappeler les heures
24:52les plus sombres en permanence.
24:54Et puis de l'autre côté,
24:56il y a une bonne partie du programme,
24:58alors évidemment, c'est pas le programme
25:00nazi en tant que tel, mais une bonne partie
25:02du programme qui avait été récupéré
25:04d'ailleurs par les nazis, ça venait
25:06de bien plus loin, les Anglais et les Allemands
25:08avaient été assez loin dans l'eugénisme
25:10et dans le darwinisme et ce genre de…
25:12Mais la dissonance est assez troublante.
25:14Et quand on vous lit, à chaque fois,
25:16on se dit, mais c'est bizarre.
25:18– Ça relève vraiment
25:20d'une idéologie matérialiste,
25:22une vision de l'homme
25:24qui est assez primaire
25:26puisque l'homme n'existe que pour
25:28satisfaire ses besoins économiques.
25:30– C'est ça.
25:32– Et oui, c'est effectivement
25:34assez troublant de se rendre compte
25:36à quel point, quelle est cette vision
25:38de cette organisation internationale
25:40qu'est l'OMS sur ce qu'est l'homme.
25:42Mais ils en sont très fiers
25:44parce qu'ils écrivent noir sur blanc
25:46dans leurs textes que, en faisant ainsi,
25:48l'avenir s'engage vers
25:50une destinée radieuse, etc.
25:52– Comme toujours
25:54avec la totalitarisme.
25:56– Exactement.
25:58– Mais c'est encore d'actualité
26:00ou c'est des trucs qui sont du passé ?
26:02– Actuellement, les contraceptifs
26:04sont dans les pharmacies, les lignes directrices
26:06sont envoyées aux États très régulièrement.
26:08– Par exemple, aujourd'hui encore,
26:10l'OMS fait de la propagande,
26:12donc écrit à l'État français pour dire
26:14que vous devriez rembourser la pilule du lendemain
26:16ou des choses comme ça ?
26:18– Oui, c'est ce qu'ils disaient dans leurs lignes directrices
26:20encore en 2022.
26:22Effectivement, par contre, le discours change.
26:24Les motifs évoluent.
26:26Dans les années 50, on développait
26:28ces méthodes pour des raisons économiques
26:30qu'on faisait plutôt pour des raisons
26:32de droit de l'homme dans les années 90.
26:34Aujourd'hui, c'est peut-être plus
26:36pour des raisons climatiques.
26:38Il y avait comme ça une campagne
26:40sur des panneaux de bus au Canada
26:42en 2020 qui disait que le plus beau cadeau
26:44qu'on puisse faire à son premier enfant,
26:46c'est de ne pas en avoir de deuxième.
26:48Et donc, finalement,
26:50prendre la contraception,
26:52se faire stériliser ou avorter,
26:54c'est un don altruiste
26:56fait à l'humanité.
26:58Et c'est ce que les communicants
27:00du programme de reproduction humaine
27:02de l'OMS essayent de vendre
27:04aujourd'hui aux populations.
27:06– Impressionnant.
27:08Écoutez, merci beaucoup Louis-Marie.
27:10Donc, Louis-Marie Bonneau,
27:12l'OMS et le programme de reproduction humaine.
27:14Il y a des moments un peu glaçants
27:16quand même dans ce...
27:18Alors, c'est très documenté,
27:20ce n'est pas un pamphlet,
27:22mais il y a des moments où on n'aurait
27:24pas de difficulté à écrire deux ou trois pamphlets
27:26à partir des rapports que vous citez.
27:28Donc, 1950-2020,
27:3070 ans de politique démographique
27:32et de politique d'effondrement
27:34démographique en l'occurrence.
27:36– Les pays en subissent encore les conséquences
27:38comme en Chine aujourd'hui.
27:40– Merci Louis-Marie.
27:42Écoutez, chers amis téléspectateurs,
27:44si vous voulez comprendre un peu
27:46à quoi ressemblent nos dirigeants,
27:48ce que lisent nos dirigeants,
27:50les directives qu'on leur envoie
27:52depuis les officines internationales,
27:54ça vaut la peine.
27:56C'est vraiment passionnant et glaçant.
27:58Merci Louis-Marie. – Merci beaucoup.
28:00– Et donc ainsi s'achève notre émission.
28:02La semaine prochaine, ce sera Jean-Pierre Mojande
28:04et nous dans trois semaines.
28:06Et d'ici là, que Dieu nous garde.

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