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00:00– Bonjour à tous, de quoi Louis Sarkozy est-il le nom ?
00:09C'est la question que l'on va se poser avec notre invité du jour, Rodolphe Karte.
00:14Bonjour. – Bonjour.
00:15– Rodolphe Karte est journaliste pour la revue Élément,
00:18également contributeur à Front Populaire et Omerta.
00:22Vous êtes, Rodolphe Karte, déjà l'auteur de plusieurs ouvrages,
00:25« Feu sur la droite nationale » et « Faire légion pour un réveil des autochtones ».
00:31Mais on va bien parler de Louis Sarkozy, puisqu'il en est question dans cet ouvrage,
00:35publié chez Perspective Libre, donc je disais le titre tout à l'heure,
00:39de quoi Louis Sarkozy est-il le nom ?
00:42En tout cas, on sait qu'il est le fils du président, de l'ancien président d'ailleurs, Nicolas Sarkozy.
00:48Il a grandi et fait ses études aux États-Unis dans une académie militaire.
00:53Il avait déclaré en 2019 qu'un retour en France serait inenvisageable.
00:58Depuis 2024, il est malgré tout l'invité régulier de la chaîne d'information en continu LCI.
01:05Comment, Rodolphe Karte, vous expliquez ce retour ?
01:09Quels sont les réseaux exactement à l'origine de cette couverture médiatique ?
01:14Déjà, comme vous l'avez dit, c'est le fils de notre cher ancien président.
01:19Alors, bien sûr, Nicolas Sarkozy nous est tous resté en mémoire pour son côté un peu comique.
01:23C'est la fameuse Rolex au poignet, Ray-Ban sur le nez.
01:26Et puis, pour des côtés un peu plus dramatiques, ou en tout cas un peu moins drôles,
01:30comme le fameux traité de Lisbonne, passé par Congrès, son américanisme bien connu,
01:36son atlantisme aussi forçonné.
01:38Et c'est vrai que oui, c'est toujours intéressant de s'intéresser aux familles politiques.
01:42C'est une tradition qu'on connaît bien aux États-Unis avec les Kennedy, les Roosevelt.
01:46En France, bien sûr, il y a eu les grandes familles royales, les grandes dynasties royales.
01:50On a aussi même des dynasties républicaines, comme les Carnot, ou même les Debré, plus récemment.
01:54Et c'est vrai qu'aujourd'hui, disons qu'on a un peu descendu d'un cran,
01:57avec maintenant les Sarkozy et même les Duhamel, les bien connus Duhamel.
02:03Donc, c'est vrai que je me suis intéressé à ce personnage,
02:05parce que c'est toujours intéressant de voir revenir comme ça des personnalités,
02:10surtout avec des noms aussi connus.
02:12Et c'est vrai que j'ai essayé de dessiner et un peu de comprendre
02:15pourquoi, justement, Louis Sarkozy revenait.
02:18Et c'est vrai qu'à mon avis, il y a trois plans d'analyse qui sont intéressants pour le comprendre.
02:23Comme vous l'avez très bien dit, ce sont ses réseaux, familiaux, mais aussi plus larges.
02:27Ensuite, il y a la question...
02:29Pour rappeler, d'ailleurs, que c'est Martin Bouy qui est le président du groupe TF1,
02:34LCI étant une chaîne de ce groupe.
02:37– Exactement, et c'est son parrain.
02:38Donc là, on voit bien les réseaux qu'a tissé son père,
02:41quand il était maire de Neuilly de 1983 à 2002,
02:45où il a vraiment côtoyé cette grande bourgeoisie d'affaires françaises,
02:49le grand patronat, on va dire.
02:51Et c'est vrai que oui, je me suis donc intéressé aussi à sa place
02:55dans un moment, à mon avis, qui est vraiment intéressant au sein de la politique française,
02:59qui est une reconfiguration de la droite,
03:00notamment avec les dernières péripéties qu'on a connues via Marine Le Pen,
03:07avec son cas pour la prochaine présidentielle, bien évidemment.
03:10Et puis enfin, il y a, à mon avis, une question, on va dire, un peu plus profonde,
03:15qui est celle du devenir de la droite,
03:17où j'oppose une droite qu'on pourrait qualifier de libérale-conservatrice
03:20à une droite alibérale, plus nationaliste, souverainiste.
03:24Et à mon avis, c'est un débat qu'on va avoir de plus en plus au sein du dit du camp national.
03:29– Vous pensez qu'il reste une place à prendre entre la Macronie et le Rassemblement national ?
03:34– En tout cas, le flotteur droit de l'extrême-centre essaye de la récupérer, cette place.
03:40Et moi, justement, je me suis intéressé, vous savez, à Aquilino Morel.
03:44C'était l'ancien conseiller politique de François Hollande, exactement.
03:47Et c'est vrai que ce sont des ennemis politiques, mais il faut aller les lire.
03:50Parce que surtout, quand c'est des ennemis politiques de qualité,
03:52ils ont parfois des choses à nous apprendre.
03:54Et Aquilino Morel, dans un article pour le point vraiment intéressant, disait,
03:57enfin, en tout cas, il essayait de comprendre l'engouement pour le Rassemblement national.
04:01Et il expliquait, justement, que le vote Rassemblement national était assez facilement explicable.
04:06Tout d'abord, par la désindustrialisation.
04:08Ensuite, la paupérisation et le déclassement d'une petite classe moyenne.
04:12L'insécurité culturelle, l'immigration à contrôler.
04:15Et enfin, la fédéralisation, ou en tout cas, le processus fédéral de la France au sein de l'Union européenne.
04:20Et il expliquait que, comment dire, la seule personnalité politique qui avait réussi ces dernières années
04:25à, comment dire, à ralentir l'envolée, à l'époque du Front national et maintenant du Rassemblement national,
04:31c'était Louis Sarkozy en 2007.
04:33Parce que c'est vrai que la stratégie Buisson, en 2007, avait fait reculer en nombre de votes le Rassemblement...
04:38Le lieu de Nicolas Sarkozy.
04:39Exactement. Donc, Aquilino Morel dit, justement, il faut que le gouvernement central, ou en tout cas, l'extrême centre,
04:47si elle veut gagner la prochaine élection et ne pas que le RN accède au pouvoir,
04:52il faut faire émerger un nouveau Sarkozy.
04:54Et c'est là que notre cher Louis Sarkozy rentre en jeu.
04:57Parce que lui, à mon avis, il est le VRP de luxe pour Bruno Rotaillot.
05:01Le potentiel, ou en tout cas, l'un des potentiels candidats, on va dire, du centre droit.
05:05– Donc, une jeunesse passée aux États-Unis, des études dans une académie militaire.
05:12Est-ce que vous pouvez nous expliquer, Rodolphe Karte, ce que Louis Sarkozy a ramené des États-Unis ?
05:17– Ah ben, c'est vraiment un, comment dire, un univers mental.
05:20Comme vous l'avez très bien dit, il fait ses classes militaires aux États-Unis.
05:24Il va même acquérir la nationalité américaine en 2023.
05:28Il a donc été naturalisé.
05:30Et c'est vrai que c'est vraiment un environnement qui va l'influencer énormément.
05:33Petite anecdote assez rapide, il prend le nom, quand il rentre à cette école militaire, d'Adams.
05:40Et Adams, c'est un nom qui vient d'un jeu vidéo, Medal of Honor,
05:46où dans ce jeu vidéo, on incarne un GI.
05:49Donc là, vous voyez vraiment, il y a un environnement déjà qui est posé dès l'adolescence.
05:52Et ensuite, ça va s'affirmer, parce qu'il va faire des études à l'université de New York.
05:56Et là, on voit que ses références vraiment politiques, intellectuelles, à chaque fois, elles sont anglo-saxonnes.
06:02C'est Grant, c'est John Locke, le philosophe libéral bien connu.
06:07Donc on voit vraiment que c'est son environnement, c'est son bain intellectuel dans lequel il baigne.
06:11Et ça va vraiment l'imprégner.
06:13– Comment ça se traduit, justement ?
06:15Vous dites, il est baigné dans le conservatisme et dans le libéralisme.
06:20C'est quoi ses références, son approche par rapport à ses valeurs ?
06:25– En fait, chez lui, on retrouve vraiment le discours traditionnel
06:29qu'on peut retrouver chez tous les libéraux conservateurs, même européens.
06:33Critique du mammouth bureaucratique, liberté d'entreprendre, liberté de déplacement aussi,
06:40vraiment cette idée aussi de sécurité.
06:43Ça, c'est très intéressant, ça revient beaucoup,
06:45surtout qu'on va arriver dans une nouvelle période électorale présidentielle.
06:49Vous allez voir que, justement, tous nos petits, comment dire, présidentiables de droite
06:54vont muscler un peu leur jeu sur ces questions.
06:56C'est vraiment un discours, somme toute, conventionnel.
06:58Et c'est vrai qu'il a même un peu la donnée aussi néoconservatrice.
07:02Ça, je l'avais appréhendé dans un précédent livre
07:05qui s'intitulait justement La menace néoconservatrice.
07:07Et que ce soit en politique intérieure ou en politique extérieure,
07:10on retrouve vraiment des correspondances, comme je vous l'ai dit,
07:13chez tous les libéraux conservateurs qu'on retrouve en Europe.
07:16– Alors, ce goût pour les États-Unis, évidemment, Nicolas Sarkozy
07:21est complètement dans ce bain.
07:24Il avait d'ailleurs révélé sa candidature à l'élection présidentielle de 2007
07:29en août 2005, donc soit 16 mois avant son officialisation.
07:34C'est quoi, comment vous comprenez l'intérêt de cette famille
07:38pour les États-Unis, eux qui sont français, d'origine hongroise et grecque,
07:43qui est donc vraiment une famille européenne et juive par la mer ?
07:47– En fait, c'est vraiment une incarnation de la droite orléaniste,
07:51vous savez, on va dire de l'ouest parisien.
07:54C'est vraiment le modèle anglo-saxon, multiculturaliste,
07:57vraiment, comment dire, on est vendu, mais c'est pas vendu,
08:02mais aux idées du libre marché, de ce genre de choses.
08:04– C'est la droite orléaniste.
08:06– Voilà, exactement, très libéral, et c'est vrai que je me suis replongé
08:10dans les articles de l'époque sur le candidat Sarkozy,
08:13et c'est vrai que, comme vous l'avez très bien mentionné,
08:15au moment de l'affaire Wikileaks, donc en 2010-2011,
08:18c'est vrai qu'il y avait eu tous ces câbles qui étaient sortis
08:22de l'ambassade américaine sur le candidat Sarkozy,
08:25où vraiment il disait, c'est notre candidat, c'est lui qu'il faut mettre en avant.
08:28Il avait été très critique de la politique Villepin, justement, en 2003,
08:33sur la non-intervention en Irak.
08:35Enfin, il disait vraiment, c'est notre candidat, il faut qu'on le pousse en avant.
08:38C'est quelqu'un qui est, comment dire, qui est vendu aux idées du libre marché,
08:42de la gouvernance mondiale, vraiment très néo-conservatrice et interventionniste.
08:46D'ailleurs, on l'a vu avec l'intervention en Libye un peu plus tard.
08:50Et donc, vraiment, oui, il y avait cet idéal de projection vers les États-Unis.
08:55On sait que les milieux patronaux qu'il fréquentait étaient baignés aussi dans cet univers mental.
09:00Donc, comme je vous dis, c'est très logiquement qu'on a retrouvé ces caractéristiques
09:06à la fois chez le père et puis après chez le fils.
09:09Une famille Sarkozy très cosmopolite, dites-vous, dans votre ouvrage.
09:14Comment ça se traduit ?
09:15Vous évoquez son beau-père, Richard Attia, sa maman, Cécilia,
09:20et puis sa belle-mère également, Carla Bruni.
09:22Oui, au-delà des parents, on va dire, naturels, il faut aussi s'intéresser aux pièces rapportées.
09:27Et c'est vrai que, pareil, là encore, j'ai refait des recherches,
09:30donc, différents articles sur ces personnalités.
09:34C'est vrai que, par exemple, Cécilia Sarkozy avait déclaré, justement,
09:39qu'elle était fière de n'avoir aucune goutte de sang français.
09:42Bon, pourquoi pas ?
09:43Mais là où c'est intéressant, c'est que Carla Bruni, dans le livre de Feu Patrick Buisson,
09:47La cause du peuple, Patrick Buisson revenait sur une anecdote
09:50où, justement, la femme du président s'entretenait avec le président du film
09:54Bienvenue chez les Ch'tis, notamment à l'époque où il y avait cet engouement autour de ce film.
09:58Et, justement, elle avait un côté, ou en tout cas, un discours très critique
10:02sur ces populations françaises.
10:03Elle parlait d'endogamie, elle parlait de sang pourri, de vieux sang pourri,
10:07et qu'il fallait une régénération par l'immigration.
10:09Donc, vous voyez, c'est vraiment, comme ça, là encore, un univers mental
10:12dans lequel a baigné Louis Sarkozy.
10:14Oui, le président Sarkozy avait d'ailleurs fait un discours sur le métissage
10:17pendant son quinquennat en disant qu'il s'agissait du défi du XXIe siècle
10:21et que si les Français n'acceptaient pas ce défi,
10:23la République serait là pour punir éventuellement ceux qui n'iraient pas dans le bon sens.
10:28Exactement. Et d'ailleurs, lors de ces affaires judiciaires,
10:32Nicolas Sarkozy avait pris comme axe de défense de critiquer cette caste
10:35qu'il avait dit à demi-mot, entre guillemets, blanche, venant d'un certain milieu.
10:40Alors, je ne vais pas ici me faire le défenseur de la caste judiciaire, bien évidemment,
10:44mais là aussi, l'angle d'attaque était assez intéressant.
10:47Et le dernier personnage que vous avez mentionné, c'est donc Richard Attias,
10:51donc son beau-père à Louis Sarkozy.
10:53Et là aussi, c'est intéressant parce que je me suis référé
10:55à une ancienne émission de télévision,
10:57Les Grandes Questions, qui était à l'époque conduite par Franz Olivier Gisberg.
11:01Et le plateau, il y a vraiment intéressant parce qu'on retrouve Richard Attias,
11:04Daniel Kohn-Bendit et Éric Zemmour.
11:06Bien évidemment, Éric Zemmour se fait le défenseur de l'enracinement,
11:10de l'identité française, vraiment du côté ethno-culturel,
11:14si je puis dire, ou en tout cas de la volonté de conservation de ce noyau.
11:17Et en face, Richard Attias, Daniel Kohn-Bendit,
11:20eux sont les promoteurs du cosmopolitisme.
11:23– L'Open Society.
11:23– Exactement, des villes, si vous voulez, ouvertes sur le monde,
11:26comme Shanghai, Londres, et ils critiquent justement l'aspect renfermé
11:30ou en tout cas fermé des Français.
11:31Donc là aussi, c'était assez intéressant,
11:34même si bien évidemment, Louis Sarkozy n'est absolument pas comptable
11:37de ses parents ou de son milieu familial.
11:41Il n'empêche, je pense que ça l'a influencé,
11:42comme on est tous influencés par notre milieu familial.
11:44– Exactement.
11:45– Depuis 2024, on le disait en introduction,
11:49Louis Sarkozy a fait ses armes sur la chaîne d'information en continu LCI.
11:55Il a pu avoir l'occasion de s'exprimer sur les conflits,
11:59que ce soit en Ukraine ou entre le Hamas et Israël.
12:02Comment se positionne-t-il ?
12:04– Et en plus, il était intervenu déjà, justement en tant qu'intervenant,
12:09au moment de la présidence, ou en tout cas de la campagne présidentielle américaine.
12:15Et on sait aujourd'hui qu'il a même une émission avec Rachel Garrido.
12:18Donc vous voyez, là aussi, il continue vraiment à s'installer sur cette chaîne.
12:20Et c'est vrai que, comment dire, ces prises d'opposition internationales
12:25sont vraiment les, comment dire, ces interventions qui l'ont fait remarquer.
12:29Il y a cette fameuse phrase, vous savez, qu'il a dit,
12:31« qu'ils crèvent tous », je dis en substance ce qu'il a dit,
12:35justement sur le conflit israélo-palestinien.
12:37– À propos des terroristes du Hamas.
12:38– Exactement.
12:39Donc c'est des paroles quand même relativement fortes.
12:41Et c'est vrai qu'il s'inscrit dans cet axe néoconservateur,
12:45j'ai envie de dire, plutôt favorable à la politique israélienne,
12:47et qui dépareille un petit peu avec la politique arabe
12:50qu'on avait pu connaître avec d'autres présidents français,
12:52ou en tout cas une autre ligne qu'on avait connue en politique étrangère.
12:56Et le second point, c'est bien évidemment la guerre russo-ukrainienne.
12:59Et là, ce qui est intéressant, c'est que s'il a pu se faire le soutien de Trump
13:02au moment de la présidence américaine,
13:04j'ai envie de dire que le conflit russo-ukrainien est vraiment le point de rupture.
13:09Lui est un soutien de l'Ukraine,
13:11et évidemment, il s'est opposé aux prises d'opposition de Trump,
13:15enfin en tout cas, ces toutes dernières prises d'opposition
13:16que Trump avait annoncées pendant sa campagne.
13:19C'est d'autant plus drôle.
13:20Mais en tout cas, quand notre cher président Macron a fait sa sortie
13:23en disant que la Russie était une menace pour la France,
13:27lui a tweeté laconiquement, il a raison.
13:29Donc bon, vous voyez, là aussi, on le retrouve de ce côté-là,
13:33en tout cas des idées politiques.
13:35– Et concernant ce conflit israélo-palestinien,
13:37Louis Sarkozy avait déclaré,
13:40Israël fait le travail de l'humanité,
13:42l'humanité étant une définition visiblement assez large à ses yeux.
13:49Depuis son retour en France,
13:51Louis Sarkozy fait l'objet de toutes les attentions du personnel politique.
13:56Vous l'indiquez dans votre ouvrage.
13:57du personnel politique, évidemment, de droite,
14:00du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
14:03à Rachida Dati, qui est encore ministre de la Culture,
14:07le maire de Cannes, David Lysnard,
14:09également Sébastien Lecornu, qui est à la Défense.
14:14Comment vous expliquez toute cette émulation
14:17autour de Louis Sarkozy aujourd'hui ?
14:18– Tout d'abord, comme je l'ai dit,
14:20c'est vraiment un éditorialiste, un promoteur des idées,
14:23qu'on aime ou qu'on n'aime pas.
14:24Donc c'est, comme je vous l'ai dit,
14:25cette ligne plutôt libérale-conservatrice.
14:27Et après, pour revenir à Aquilino Morel,
14:30Aquilino Morel disait qu'aujourd'hui,
14:32l'électorat de droite, pour faire simple et scinder entre deux camps,
14:35les classes populaires et les classes moyennes-basses, ORN,
14:38et on va dire les classes plutôt éduquées, supérieures,
14:41la petite bourgeoisie, qui, elle, reste LR,
14:44on va dire, ou en tout cas, macrono-compatible.
14:46Et Aquilino Morel disait, justement, pour éviter l'accession…
14:49– Les classes éduquées, vous voulez dire qu'il n'y a pas besoin éduquées, ORN ?
14:51– Non, mais vous savez, c'est souvent les mots qui reprennent.
14:53Voilà, exactement.
14:54Et en plus, vous savez, les travaux de Christophe Guy,
14:57lui, revient sur ces oppositions de la France périphérique
14:59et de la métropole, en expliquant qu'aujourd'hui,
15:01les votes se font selon, bien évidemment, le revenu,
15:04mais aussi le diplôme, ce genre de choses.
15:06Donc c'est des données qu'il faut prendre en compte, bien évidemment,
15:09ni d'un point de vue péjoratif, ni d'un point de vue amélioratif.
15:13En tout cas, Aquilino Morel disait que le grand danger,
15:15et en tout cas, ce qui permettrait au RN d'accéder au pouvoir,
15:18c'est si une partie de cette petite bourgeoisie dite « patriote »
15:21avec les guillemets qu'il faut mettre, basculait.
15:24Et donc, l'objectif, on va dire, de ces personnes,
15:27c'est vraiment, comment dire, de fixer cet électorat
15:30qui est à la tentation de la bascule pour le RN,
15:33notamment avec Bardella, qui arrive à séduire des classes plus supérieures
15:38ou en tout cas plus métropolitaines peut-être que Marine Le Pen.
15:40Et justement, c'est cette volonté de fixer.
15:42Et aujourd'hui, à mon avis, Louis Sarkozy sert dans cette construction
15:46du narratif du nouvel homme présidentiel.
15:48Si vous avez suivi, par exemple, le lancement de la nouvelle formule de Valeurs Actuelles,
15:52le premier invité de Valeurs Actuelles était Bruno Retailleau,
15:56avec ce titre, et si c'était lui.
15:58Et justement, la petite nouveauté, ou en tout cas, l'actualisation à faire de mon livre,
16:02parce que moi, au moment où cette information est sortie,
16:05mon livre était déjà sorti, c'est qu'aujourd'hui,
16:07Louis Sarkozy a un podcast avec le Média 21 News,
16:12et son premier invité, je vous le donne en mille,
16:14c'était aussi Bruno Retailleau.
16:15Donc là, vous voyez, il y a vraiment une volonté de construire un narratif.
16:19On l'a vu aussi, vous savez, avec tous les sondages qui sont commentés,
16:22et commandés justement pour faire monter Bruno Retailleau,
16:26où on le voit faire toutes ces saillies contre l'Algérie,
16:28alors que toutes les OQTF nous reviennent par un vion.
16:31Et bien vraiment, il y a cette volonté de faire émerger un homme providentiel
16:35et qu'il ne soit pas au RL, parce que toute une partie du système,
16:39et on l'a vu notamment dernièrement avec Marine,
16:40ne veut pas du Rassemblement National au pouvoir et veut se maintenir.
16:44– Ce narratif, on l'avait déjà vu à l'œuvre en 2007,
16:49avec l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy,
16:52puis en 2017 avec Emmanuel Macron qui venait de nulle part,
16:55mais qui est arrivé à l'Élysée comme on s'en souvient.
16:58– Louis Sarkozy assiste à la campagne électorale de Donald Trump avant son élection
17:06et il estime que cette stratégie de l'actuel locataire de la Maison-Blanche
17:12peut fournir des armes à la droite européenne.
17:16Comment la droite dite européenne pourrait s'inspirer de Donald Trump ?
17:22– Là, par exemple, je pourrais aller dans son sens.
17:24– Le côté vitaliste de la campagne américaine de Donald Trump,
17:29on doit en prendre, à mon avis, je pense, dans les années à venir,
17:31en prendre justement acte.
17:33Vraiment cette volonté de s'assumer, d'assumer le côté très patriotique,
17:37d'assumer le côté croire en son destin, dans la nation, vraiment.
17:41Moi, j'ai rien à dire là-dessus, je suis plutôt pour.
17:43Mais là où le bas blesse, si je puis dire,
17:46c'est que, et ça a donné une micro-affaire Sarkozy, en tout cas sur les réseaux,
17:50c'est que Louis Sarkozy vantait, par exemple, le fait d'avoir séduit ou dragué
17:54une partie des électeurs latino-américains.
17:56Vous savez que Trump a récupéré une partie des électeurs latino-américains
18:01qui, par habitude, votaient plutôt démocrate.
18:03Et lui dit, justement, nous, si on a un discours conservateur,
18:06on va pouvoir draguer une partie de l'électorat maghrébin en France.
18:10Bon, si vous voulez, là, le parallèle…
18:11– Les musulmans, ils sont plutôt conservateurs.
18:14– Exactement, on disait, justement, vous voyez, si on attaque le wokisme de front,
18:18on va réussir à ramener une partie chez nous des électeurs maghrébins.
18:21Je pense que les parallèles sont un peu audacieux,
18:25notamment si on compare les flux, les entrées, ce genre de choses,
18:29et les dynamiques, bien évidemment qu'un latino-catholique
18:32n'a rien à voir avec un maghrébin musulman.
18:34Je pense là-dessus, on ne peut pas faire des parallèles,
18:35ou en tout cas, si on les fait, on risque, à mon avis, de se tromper.
18:39Et justement, la deuxième affaire, c'est qu'un influenceur assez connu des réseaux
18:43avait justement apostrophé Louis Sarkozy en lui disant
18:47« Demain, s'il y a un parti de centre-droit pro-business,
18:50comment dire, qui n'est pas aussi inflexible que les partis de droite
18:53sur la question de l'islam, et bien justement, ce parti fera 60%. »
18:57Et Louis Sarkozy avait acquiescé ce message.
19:00Alors là aussi, il s'est repris une déferlante.
19:02Et la troisième affaire, qui est peut-être la plus importante,
19:05c'est que le JDD, dans un article sur Louis Sarkozy, avait sorti un off.
19:08Et ce off, il est vraiment éclairant, parce que tout d'abord,
19:10Louis Sarkozy disait « Le prénom Mohamed doit devenir un prénom français. »
19:15Premier point.
19:16Le deuxième point est encore plus intéressant.
19:18Il disait « Si, dans quatre siècles, les Français sont de la couleur de mon café,
19:22mais qui boivent du vin et qui payent des impôts, on aura réussi. »
19:26– Je m'en fiche.
19:26– Je m'en fiche.
19:27– Donc là, vous voyez, la rupture, elle est totale.
19:29Et c'est vrai que ça nous renvoie à ce débat qui est, pour l'instant, aux États-Unis,
19:33mais qui est vraiment intéressant, à mon avis.
19:35C'est qu'une partie des libéraux conservateurs ont pu se faire les défenseurs
19:39d'un certain conservatisme sociétal.
19:41Mais par contre, sur la question ethno-culturelle, ils sont complètement à la ramasse.
19:44Et donc là, on voyait le différentiel entre, on va dire, d'un côté les libéraux conservateurs
19:49et de l'autre, les souverainistes plus attachés à la question ethno-culturelle.
19:52– Justement, sur cette citation de Louis Sarkozy, je la répète,
19:57« Si dans quatre siècles, les Français ont tous la couleur de mon café, je m'en fous. »
20:02Comment est-il vu dans le camp national ?
20:05– Ah ben ça, ça a été une rupture définitive.
20:07En tout cas, dans la bulle, on va dire plutôt des réseaux sociaux.
20:10Là aussi, il faut toujours se méfier des loupes grossissantes que peuvent être les réseaux sociaux.
20:15Mais en tout cas, par exemple, on l'a vu, là aussi, permettez-moi de revenir à l'exemple américain,
20:19on voit qu'aujourd'hui, une partie des décideurs ont le nez sur les réseaux sociaux et sont influencés.
20:25Il y a eu cette information qui nous a fait beaucoup rire,
20:28où on a vu, on s'est rendu compte que M. Bayrou recevait une partie des tweets
20:33qui avaient de l'influence sur les réseaux, sur son bureau le matin.
20:36Et on a vu donc que des tweetos, comme par exemple Boulik,
20:40un tweetos bien connu pour ceux qui utilisent Twitter,
20:42pouvaient peut-être se retrouver sur le bureau du Premier ministre.
20:46Donc là, vous voyez, on commence tout de même à sortir
20:49et on voit que l'influence se fait via d'autres canaux que les canaux conventionnels,
20:53on va dire télé, presse écrite.
20:55Et c'est vrai que cette influence, ou en tout cas cette importance
20:58que prennent les réseaux sociaux, mais aussi les podcasts,
21:01comme par exemple aux États-Unis, à mon avis, ça c'est une bonne chose pour nous,
21:04ou même les médias, on va dire, un peu plus dissidents,
21:07comme le vôtre, par exemple, chez TVL.
21:09Là, on voit que notre voix commence mine de rien à porter.
21:12Alors, il faut toujours aussi rester très humble.
21:14Évidemment que les médias conventionnels ont une force de frappe
21:17qui est difficilement égalable.
21:19Mais en tout cas, on voit que ça commence à s'inscrire.
21:22Et dans la logique populiste, qui est plutôt ma logique politique qui m'est chère,
21:25c'est vrai que là-dessus, les Américains nous ont donné un exemple aussi.
21:29Les podcasters stars, l'influence via les réseaux sociaux,
21:31et bien ça peut marcher.
21:33Mais par contre, c'est plus facile quand on a un Musk, bien évidemment, qui les détient.
21:36– Vous décrivez une Union européenne en phase terminale.
21:41Est-ce que vous pouvez nous indiquer quels seraient les symptômes
21:45de cette Union européenne en phase terminale ?
21:47– Justement, comment dire, le constat aujourd'hui, il est simple.
21:50On a une baisse de la natalité des populations autochtones,
21:55on a une immigration de masse extra-européenne,
21:57et on a, troisième point, on va dire, un modèle économique fondé sur la consommation.
22:01Et aujourd'hui, ce constat, somme toute, difficile, ou en tout cas négatif pour nous,
22:07il remet en cause vraiment le contrat sur lequel se sont construits les États-nations du XIXe siècle.
22:12Les États-nations du XIXe siècle, ils se fondaient sur quoi ?
22:15Sur un peuple ethno-culturellement homogène, on va dire.
22:18Bien évidemment, dans les marches, il pouvait y avoir quelques différences,
22:20mais vraiment un peuple, on va dire, homogène, exactement.
22:23Deuxièmement, une élite, une nouvelle élite, ou en tout cas un remplacement des élites,
22:27parce qu'à l'époque, les anciennes aristocraties sont remplacées par les bourgeoisies montantes.
22:30Donc on va dire qu'une élite qui se décerne non plus par le sang, mais par le mérite.
22:36Troisième point, c'est vraiment une consolidation de la classe moyenne.
22:40On a une classe moyenne qui commence à monter au XIXe siècle dans toutes les nations européennes.
22:44Et en tout cas, une économie fondée sur l'économie de production industrielle.
22:48Et aujourd'hui, on voit que tous ces points, ils sont remis en question.
22:51Tout d'abord, la stabilité ethno-culturelle des démocraties de l'Ouest en Europe.
22:56Bon, pas besoin de revenir dessus, on sait tous et on a tous fait le constat, notamment en France.
22:59Deuxième point, aujourd'hui, l'élite, à l'époque, qui était montée au XIXe siècle,
23:04était une élite, on va dire, plutôt nationaliste, mais en tout cas qui se faisait par le travail, par le mérite.
23:09Aujourd'hui, on voit plutôt des logiques népotiques, ploutocratiques, pour se maintenir.
23:14Et on voit que nos élites sont de plus en plus de mauvais niveaux, justement.
23:18Troisième point, la classe moyenne, aujourd'hui, est complètement fracturée.
23:22En tout cas, elle est désintégrée, elle est plutôt en voie de déclassement.
23:24Et enfin, le quatrième point, aujourd'hui, l'économie de production, on est plutôt dans une économie de consommation.
23:31Et on le voit justement avec les dernières nouvelles et la volonté de mettre des tarifs douaniers.
23:35On voit qu'on n'a plus d'industrie, on voit qu'on est en train de se faire désosser en France,
23:39entre d'un côté le géant chinois et de l'autre le géant américain.
23:42Donc là, vous voyez, tous ces points qui avaient consolidé une sorte de contrat social au XIXe siècle,
23:47à chaque fois, ils sont remis en cause.
23:48Et à mon avis, c'est pour ça que les logiques, ou en tout cas les réponses libérales conservatrices,
23:53ce ne sont pas les bonnes.
23:54Et qu'il faut plutôt ici, là, se pencher vers la révolution conservatrice mondiale
23:59qui commence à pointer le bout de son nez aux États-Unis
24:01et dont on doit, demain, en France et en Europe, dessiner les traits, si je puis dire.
24:06Mais donc, vraiment, ce qui s'est passé avec le deuxième mandat de Trump,
24:09ça doit nous donner des questions ou, en tout cas, des prémonitions dans le combat à venir.
24:13– Une politique alibérale, c'est ce que vous prescrivez pour notre continent,
24:19s'il veut peser entre la Chine et les États-Unis.
24:21En deux mots, ça se concrétise comment, une politique alibérale ?
24:24– Tout d'abord, sur les relations internationales.
24:27Je veux dire, là aussi, Trump nous fait la leçon.
24:30Il revient à des relations, j'ai envie de dire, réalistes,
24:33non plus teintées, comme tous les néoconservateurs,
24:35de volonté d'imposer une démocratie mondiale.
24:37Non, là, on est dans vraiment les relations pures.
24:39Et cette normalisation des relations entre la Russie et les États-Unis,
24:43c'est vraiment un exemple qu'elle nous donne.
24:44Surtout que cette tradition, vous savez, réaliste des relations internationales,
24:48tradition qu'on pourrait dire vespalienne,
24:50où on considère les intérêts de deux billigérants dans un conflit.
24:53– La réelle politique, oui.
24:54– Exactement, la réelle politique.
24:55Eh bien, justement, c'est la voie que nous devons suivre.
24:57Nous devons arrêter de nous parer des plumes de belles vertus.
25:01Cette volonté, vous savez, de toujours parler avec des trémoulots dans la voie des droits de l'homme.
25:05Là, non, on retombe vraiment dans le concret.
25:06Et puis après, j'ai envie de dire, c'est un sujet qui m'est assez cher,
25:09mais le XIXe siècle, c'est aussi le siècle du protectionnisme.
25:12C'est le siècle où on pense les nations en tant que puissance,
25:16en tant que puissance industrielle.
25:17Donc là, vous voyez, les notions de protectionnisme ou de réindustrialisation,
25:21s'il y a dix ans, elles étaient complètement, comment dire, démonétisées dans notre camp,
25:25comme par hasard, aujourd'hui, elles reviennent.
25:26Enfin, en tout cas, nous, notre camp l'a toujours porté.
25:28Mais à l'époque, si vous parliez de protectionnisme,
25:30il y a dix ans, vous traitez de ringard.
25:33Comme par hasard, aujourd'hui, c'est des notions qui reviennent.
25:35Pareil sur les notions d'identité, de réenraciennement,
25:38de démondialisation, de circuit court.
25:40Donc là, vous voyez, mais disons que j'ai envie de dire,
25:43la réalité des faits, ou en tout cas, la réalité du monde,
25:46nous obligera à devoir repenser de manière très froide
25:49et très réaliste certaines situations.
25:51L'avance que nous avions prise au cours des siècles
25:54sur les autres continents ou sur les autres nations,
25:57aujourd'hui, ça menuise de jour en jour.
25:58Et j'ai même envie de dire qu'on prend du retard sur d'autres nations.
26:01Je pense notamment à la question technologique.
26:02Donc nous avons de moins en moins les moyens de vivre dans notre bulle
26:07et nous devons de plus en plus, justement,
26:09affronter le monde tel qu'il vient.
26:11Et à mon avis, c'est ce que font parfaitement les États-Unis aujourd'hui
26:13via Trump, bien évidemment.
26:15De quoi, Louis Sarkozy, est-il le nom ?
26:17C'est le titre de votre ouvrage, Rodolphe Karte.
26:19Merci à vous.
26:20Merci à vous.
26:20Sous-titrage Société Radio-Canada
26:25Sous-titrage Société Radio-Canada