• il y a 21 heures
Terres de mission reçoit Stamatios Tzitzis, directeur de recherches au CNRS, pour évoquer la figure du grand philosophe du droit thomiste Michel Villey – à propos duquel il a co-dirigé un volume d'hommages universitaires (paru aux Presses du Catholic Institute for Advanced Studies).
Puis, l'abbé Michel Viot parle de la réouverture de Notre-Dame de Paris (et des polémiques !).
Enfin, Guillaume de Thieulloy présente le commentaire de Dom Delatte, 3ème abbé de Solesmes, à propos de l'encyclique Pascendi par laquelle le pape saint Pie X condamnait le modernisme (un commentaire récemment édité par l'abbaye de Randol).

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00:06TVL, la liberté à tout prix !
00:30TVL, la liberté à tout prix !
01:00Bonjour chers amis téléspectateurs, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle édition de Terre de Mission, l'émission religieuse de TV Liberté.
01:27Au programme aujourd'hui, nous allons recevoir le professeur Stamatios Tsitsits pour parler d'un livre qu'il vient de diriger sur Michel Villers,
01:36un grand philosophe du droit catholique récemment disparu, enfin qui est mort il y a une trentaine d'années, 25 ans à peu près.
01:44Puis nous parlerons avec l'abbé Michel Viau de la réouverture de Notre-Dame, donc Notre-Dame de Paris qui va être prochainement rendue occulte.
01:54Et enfin je vous proposerai la lecture d'un livre, le commentaire de Don Delatte sur l'encyclope hachendi de Saint-Pied-Dix,
02:05mais d'ores et déjà je vous souhaite un excellent avant puisque nous rentrons aujourd'hui dans l'avant.
02:25Nous revenons sur le plateau de Terre de Mission et j'ai le plaisir d'accueillir le professeur Stamatios Tsitsits. Bonjour professeur.
02:30Bonjour messieurs.
02:32Vous venez de diriger avec Thomas Syret un livre tout à fait impressionnant qui s'intitule Michel Villers à l'aune de la modernité.
02:41Alors le titre n'est pas très sexy entre guillemets, mais le bouquin est remarquable.
02:47C'est un livre universitaire, une quarantaine de contributions sur Michel Villers. Alors d'abord qui est Michel Villers ?
02:54Voilà, d'abord permettez-moi de vous remercier puisque j'insiste, si on a pu avoir ce livre, c'est grâce à vous.
03:06Vous avez assumé l'édition et il faut rendre hommage aussi à monsieur Thomas Syret qui a travaillé des semaines et des semaines pour la réalisation de ce livre.
03:20Voilà, alors Michel Villers, je pense que les universitaires et l'homme des lettres et l'homme du droit le connaît très bien.
03:31C'était un des plus grands professeurs de France et un professeur de Paris 2.
03:43Je ne sais pas si on le sait.
03:45Professeur de droit.
03:46Professeur, comme il disait, de philosophie du droit. C'est lui, il était un historien Michel Villers.
03:53Et il a découvert à travers Saint Thomas d'Aquin et les droits romains, Aristote.
03:59D'accord.
04:00Et là, Michel Villers était...
04:01Et pour le grec que vous êtes c'est un...
04:03Absolument. Et je vais vous dire là pourquoi Michel Villers a pratiqué la sérégation positive cette fois-là.
04:12Puisque, j'ouvre une parenthèse, lorsque mon directeur des thèses Ivan Bonger m'a présenté à Michel Villers en me disant
04:20« Stamathius, vous allez voir, c'est quelqu'un qui aime Aristote, qui aime les grecs, qui a les tempéraments grecs. »
04:25Il avait les tempéraments grecs.
04:26Michel Villers a dit « Ah, vous êtes grec, bienvenue. »
04:30Alors là, il ne le disait pas à tous ses étudiants, avec tant de cordialité.
04:34Alors, j'ai eu le bonheur et la chance d'être invité par le couple Villers.
04:42Madame Villers qui était professeure de grec aussi.
04:45D'accord.
04:46Et Michel Villers chez eux, qui n'habitait pas loin de l'université, rue d'Assas.
04:52Et Michel Villers avait la particularité, les personnes qu'il aimait, de les taquiner.
04:59Et comme il avait compris mon tempérament grec, plus il me taquinait, plus il me mettait en colère, plus ça l'amusait.
05:08Alors un jour, madame Villers a dit « Mais vous n'allez pas tuer mon mari quand même ? »
05:12Elle était dans la cuisine, elle préparait les cafés.
05:13Je dis « Mais non madame, rassurez-vous, je ne pourrai jamais tuer un philhélène. »
05:17Alors, il m'avait raconté, il était professeur du droit romain, on le sait.
05:23Il a découvert à travers saint Thomas d'Aquin, il faut insister qu'il était extrêmement discret Michel Villers, mais c'était un grand catholique Michel Villers.
05:34Et sa fille Lucie, qui est une amie si vous voulez, elle est religieuse.
05:42D'accord.
05:44D'ailleurs, elle nous a félicité d'avoir sorti ses livres à Lucie.
05:50Elle était très très très émue, très contente.
05:52Et il a voulu, pour la première fois, créer en France, et à Paris 2, au moins à Paris 2, un 2A, à l'époque c'était les 2A des philosophies de droit.
06:05D'accord.
06:06Alors ses collègues, comme c'était Michel Villers, qui était plus que brillant, et comme il avait un tapérament un petit peu grec, rigolaient un petit peu.
06:14Et lorsque Villers a fait les 2A des philosophies du droit, il a eu un succès fou.
06:21D'accord.
06:22Il y avait non seulement des étudiants qui voulaient se faire inscrire dans ces 2A, mais il y avait aussi des personnes qui allaient assister à son cours.
06:33Voyez, et Michel Villers, après, on a compris, je suis reconnaissant à Michel Villers, en tant que grec et en tant que spécialiste de la philosophie du droit,
06:43c'est lui qui a mis en valeur la philosophie du droit en France.
06:47Oui, c'est bon.
06:48Après, tous les théoriciens croyaient pouvoir faire de la philosophie du droit,
06:53alors que, je ne vais pas citer, et c'est très bien, des personnes qui se veulent philosophiques qui sont des théoriciens du droit.
07:02Absolument, des techniciens.
07:04Techniciens, voilà.
07:05Et ça, c'était Michel Villers.
07:07Et à 87, Michel Villers nous a quittés malheureusement.
07:12Moi, je dois dire que Michel Villers, pour moi, c'est l'auteur du Droit et des droits de l'homme, qui est un immense livre très critique sur les droits de l'homme.
07:22Alors, je sais bien que ça ne plaira pas à tout le monde, mais est-ce que vous pouvez nous en dire un mot ?
07:26Pourquoi est-ce que Michel Villers était un peu réservé sur les droits de l'homme ou critique ?
07:30Absolument, c'est une excellente question et merci de me donner la possibilité d'éclairer ce passage.
07:37Alors, d'abord, si vous voulez, si vous me permettez, Michel Villers a tout dit dans un article qui a été publié dans les archives des philosophies du droit,
07:47je pense à 61 ou 62, là, qui s'appelle Droit naturel classique.
07:53Oui, c'est ça.
07:54Ça, c'est son chef d'œuvre.
07:55Et après, Michel Villers a lu, je l'ai taquiné, a lu Saint Thomas d'Aquin.
08:04Et il a voulu ne pas trahir ses idées religieuses et ne pas trahir aussi Aristote.
08:13C'est ça.
08:14Aristote a fait la séparation entre la métaphysique et les droits, pas les droits positifs, les droits dans la cité, si vous voulez.
08:25Et vous avez vu cette image au Panthéon des philosophes où Platon, lui, montre le monde des idées, c'est-à-dire il y a les droits,
08:34mais on ne peut pas concevoir un droit qui ne reflète pas l'idée du juste.
08:40Les droits naturels, c'est les justes qui sont dans le monde des idées, les justes métaphysiques.
08:44Et Aristote, lui, a dit, ces droits, ça existe, mais ce qui m'intéresse, c'est les droits qui sont ici,
08:54applicables, et il a dit la fameuse phrase, là, qu'on n'écite pas très, très souvent,
08:59« To dicaion polachos leiete ».
09:03Les droits, c'est dit de plusieurs façons.
09:05C'est-à-dire, là, il y a des anglo-saxons qui ont présenté un Michel Villet positiviste, ce qui est archi faux.
09:13Michel Villet était quelqu'un qui prenait les droits naturels empruntés par les droits romains à travers saint Thomas d'Aquin,
09:24qui fait la différence entre la loi morale, qui est d'origine théologique, et les droits,
09:33qui est le fruit de la prudence du juge, la phronésis, et qui est un produit dialectique.
09:42C'est-à-dire, le juge va voir les données d'une société concrète,
09:50avec ses valeurs, avec ses normes positives, puisqu'il a dit, là, restons dans l'éthique,
09:58à Nicomèque, livre 3, les droits existent là où il y a la loi.
10:04Mais, malheureusement, on n'explique pas ce que c'est que la loi.
10:09La loi, ce n'est pas la loi positive, la loi, c'est la loi des ancêtres,
10:14patrion nomos, qui transmet toutes les valeurs d'une cité datant et d'aujourd'hui.
10:21Or, il était loin d'être positiviste, Michel Villet, n'est-ce pas ?
10:25Alors, c'est lui, de façon contradictoire, qui va peser les pours, qui va peser les contres.
10:33C'est qu'on a pris de trop les pléonectis, et c'est lui qui a eu peu pour trouver le juste milieu.
10:41Ça, c'est les droits naturels, si vous voulez, qui n'est pas au sens propre du mot,
10:47il fallait l'expliciter, on ne l'explique pas, les droits historiques,
10:51c'est-à-dire les droits qui ont traversé la cité.
10:55Or, culture, histoire et droit sont des termes qui vont ensemble.
11:01Il n'y a pas les contrats sociaux chez les Grecs.
11:04Ce n'est pas les contrats qui créent l'histoire.
11:06L'histoire est créée, et après, il y a des accords.
11:09Or, Michel Villet, il avait la perspicacité et le génie de mettre en valeur les spécificités d'Aristote,
11:21et surtout, même s'il ne maîtrisait pas très bien les Grecs anciens,
11:25il avait approfondi la philosophie qui existe dans le vocabulaire juridique des Grecs pour l'expliciter.
11:33Ça, c'est le propre de Michel Villet.
11:36Personne ne l'a fait à son époque pareil.
11:39Et après, bien sûr, les catholiques étaient très favorables à la philosophie de Michel Villet,
11:49si vous voulez, parce qu'il n'a pas trahi le catholicisme,
11:52il n'a pas présenté les droits naturels qui tombent du ciel comme des chevets dans la soupe,
12:00mais qui lui a donné des racines rationnelles.
12:05Et par la rationnelle, par la raison, Michel Villet ne parlait pas de la raison raisonnante,
12:14il parlait de la raison créatrice.
12:16Il y a des sortes de raisons, n'est-ce pas ?
12:19Voilà, ça, c'est le phénomène de Michel Villet.
12:22Alors, les droits et les droits de l'homme, il voulait dans ses livres-là dire
12:26« Je ne rejette pas tout ce qui est droit naturel, qui vient du ciel. »
12:32Mais ça, c'est de la morale.
12:34Ce n'est pas du droit.
12:36Les droits droits sont un produit dialectique.
12:41Et là, ça lui donnait l'occasion.
12:43Il ne voulait pas attaquer.
12:44Il avait l'intempérament grec, mais il n'était pas grec comme moi.
12:47Il n'attaquait pas tout de suite.
12:49Et il a dit « Ce qui m'intéresse, c'est les droits dialectiques,
12:53savoir ce qu'elle est juste trouve. »
12:55C'était une occasion de dire que je ne suis pas d'accord avec les droits fondamentaux
13:00qui sont des droits dogmatiques.
13:04Droits 1 et droits 2.
13:06On l'accepte ou on ne l'accepte pas.
13:08Les droits ne pas être dialectiques.
13:12Ça, c'est le génie de Michel Villet.
13:14Il est le premier à avoir mis en lumière.
13:17Et bien sûr, après, il y avait les disciples de Michel Villet,
13:21ces étudiants qui sont devenus des professeurs,
13:25qui ont eu des étudiants qui sont devenus disciples,
13:29et qui sont devenus, oui, disciples de Michel Villet.
13:33Ils n'ont pas connu Michel Villet.
13:34Et maintenant, nous sommes à la quatrième génération
13:39qui est nourrie du villaïsme, si vous me permettez, ce barbarisme.
13:44Et nous avons publié l'article de deux de ces étudiants
13:49qui n'ont pas.
13:50Quatrième, grâce à vous.
13:51Et je vous en remercie beaucoup.
13:53– Merci beaucoup.
13:54Donc, je rappelle, sous la direction de Stamathios Thyssis
13:57et Thomas Cyrée, Michel Villet, à l'aune de la modernité.
14:00C'est un livre qui a été publié par les presses académiques
14:03du Catholic Institute of Advanced Studies.
14:06Voilà, excellent livre.
14:08Merci beaucoup, professeur.
14:09– C'est moi qui vous remercie.
14:10Permettez-moi, si je n'abuse pas de votre patience,
14:15de rendre hommage à des personnes qui se sont battues
14:20pour propager les idées de Michel Villet,
14:23notamment trois parmi d'autres.
14:26C'est le professeur Paulo Ferreira da Cunha,
14:29qui est au Portugal et qui n'a pas connu Michel Villet.
14:33Et qui a rendu hommage à Michel Villet.
14:37Bozon, qui a fait sa thèse sous la direction de François Valançon
14:42et il m'avait comme conseiller, qui a soutenu sa thèse à Paris 2.
14:47Et c'est la première thèse concernant Michel Villet.
14:54Notre ami Bial Melkevic, de ma génération,
14:57qui est professeur et directeur de décollection,
15:01qui a publié tout de suite, même s'il a d'autres intérêts,
15:06toujours fidèle à Michel Villet,
15:08mais il s'occupe aussi de la philosophie moderne.
15:11Mais dès qu'il a entendu parler de Michel Villet
15:14et du livre de la thèse de Bozon,
15:16il a publié dans ses collections, Rabubaldi,
15:21sa première thèse en espagnol,
15:23sous la direction d'un ami de Michel Villet, si vous voulez.
15:27Et permet, témoin de vous dire, que l'icône fait une table ronde.
15:32L'icône la consacrait à notre livre.
15:38Alors, Bozon, avec le professeur Amato,
15:43qui organise un colloque les 12 en Italie, à Michel Villet,
15:48et notre ami Paolo Ferreira d'Acuna,
15:51qui organise un autre colloque à Porto, si vous voulez.
15:57Et enfin, je terminerai là, il y a Rabubaldi,
16:02qui va faire un colloque sur Michel Villet à Buenos Aires.
16:06Merci beaucoup, professeur.
16:20Nous revenons sur le plateau de Terre de Mission.
16:22J'ai le plaisir d'accueillir l'abbé Michel Viau.
16:24Bonjour, monsieur l'abbé.
16:25Bonjour.
16:26Vous êtes un habitué,
16:27donc j'ose à peine vous présenter pour les téléspectateurs,
16:29mais vous êtes prêtre diocésain du diocèse de Blois.
16:32Vous êtes en ministère à Paris.
16:34Vous venez de publier un livre avec Johan Piccard
16:38sur l'Église au risque de la foi,
16:40mais on en parlera la semaine prochaine.
16:42Aujourd'hui, je voulais qu'on parle ensemble
16:44de la réouverture de Notre-Dame,
16:46puisque donc dimanche prochain...
16:48Oui, c'est ça, samedi et dimanche prochain,
16:51on a les événements de réouverture
16:55de la cathédrale Notre-Dame de Paris,
16:57avec un...
17:01D'abord, peut-être qu'on va...
17:03Je vais vous laisser, comme prêtre du diocèse de Paris,
17:06vous réjouir de la réouverture de...
17:08Je suis diocèse de Créteil, maintenant.
17:10Ah bon ? D'accord, j'ignorais ça.
17:12Parce que j'ai déménagé,
17:14je ne suis plus au service du diocèse de Paris.
17:16D'accord.
17:17Mais donc, comme prêtre,
17:19j'imagine que vous vous réjouissez
17:21de la réouverture de Notre-Dame,
17:22qui est quand même la cathédrale un peu phare de France.
17:25Qu'est-ce que vous voulez dire,
17:28est-ce qu'il y a matière à se réjouir
17:32de la rapidité des travaux ?
17:35Il y a matière à se réjouir, oui,
17:38d'une certaine rapidité des travaux,
17:40et du fait aussi qu'on ait eu le souci de l'identique.
17:44Par exemple, sur la question de la charpente,
17:48ce n'était pas un moindre problème.
17:51Oui, c'est d'accord.
17:52Et je pense que...
17:54J'ai une pensée émue pour le général Georges Lain,
17:57que j'ai bien connu
17:58quand j'étais au Moyen-Âge,
18:00chez les anciens combattants.
18:02Et il a fallu quand même beaucoup de volonté
18:04pour imposer cela,
18:06comme aussi la flèche de Viollet-le-Duc,
18:10à l'identique, n'est-ce pas,
18:12à l'identique visuel en tout cas,
18:14parce que ça fait partie de tout un héritage
18:19parisien, français,
18:21et même, on s'est rendu compte, mondial.
18:23Oui, absolument.
18:24Parce que l'émotion était mondiale.
18:26Donc c'est quelque chose de mondial
18:28et qui n'appartient pas seulement à la France.
18:32On était tenus quand même par les accords internationaux
18:35que nous avons signés.
18:36On n'a pas le droit de changer,
18:38en particulier la forme d'un monument de patrimoine.
18:42On a signé des accords de Venise, en particulier,
18:44qui nous interdisent de changer l'aspect extérieur,
18:48au moins, d'un monument
18:51qui est du patrimoine mondial de l'humanité.
18:53– J'ai l'impression que ça a été respecté.
18:55– Oui, absolument.
18:56– Jusqu'à plus en plein formé.
18:57J'ai l'impression que ça a été respecté pour tout l'extérieur.
19:00Maintenant, j'ai vu les films intérieurs.
19:03Je ne suis pas entré.
19:05Mais enfin, je tiens tout de même à dire
19:07que la cathédrale n'a jamais été désacralisée.
19:09– Oui, absolument.
19:10– Même depuis l'incendie,
19:12puisque des messes y ont été célébrées.
19:14– Je me souviens bien.
19:15C'était le courage de Mgr Opetit qu'il faut saluer.
19:18– Voilà, Mgr Opetit a tenu…
19:20– Qui, dans les ruines, est venu célébrer la messe.
19:22– Absolument.
19:23Et il l'a très bien fait.
19:24Parce que ça montre que, bien sûr,
19:26il va y avoir des actes de resacralisation de certaines choses,
19:30notamment l'hôtel, puisque c'est un hôtel nouveau.
19:32Mais ça ne veut pas dire que le lieu a été désacralisé.
19:36Et que, par exemple, en ce moment,
19:38on pourrait y faire n'importe quoi sous pretexte que c'est un chantier.
19:41On ne peut y faire qu'un chantier.
19:43Terminer le chantier.
19:45– C'est notamment à ça que je voulais en venir.
19:47Il y a eu beaucoup de débats,
19:49et notamment de débats attentants à la loi de 1905.
19:52Il avait été question que le président de la République
19:55vienne délivrer un discours dans la cathédrale
19:59en violation évidente de la loi.
20:01Le ministre de la Culture a évoqué la possibilité,
20:05contre l'avis de l'archevêque,
20:07de rendre payant l'ouverture de la cathédrale.
20:10Tout ça, ce sont des attaques contre la loi de 1905.
20:15Qu'est-ce que, là aussi, un prêtre,
20:17qu'est-ce que vous dites de ces attaques ?
20:20Est-ce que vous réjouissez que le président de la République
20:22ait reculé sur cette histoire de discours ?
20:25– Ah, bien entendu, ça, oui, oui.
20:27Parce qu'au moment où le pape François vient de recommander,
20:31il a signé une lettre, une très belle lettre de 9 pages,
20:34jeudi dernier, l'étude de l'histoire.
20:37Bien sûr, forcément, c'est l'histoire de l'Église.
20:41Mais de l'histoire en général.
20:43Il demande que les futurs prêtres connaissent mieux l'histoire.
20:46Qui ne la connaissait pas ?
20:47Je crois que c'est extraordinaire.
20:49Eh bien, en ce qui concerne Notre-Dame,
20:53et d'ailleurs les cathédrales,
20:55jamais aucun de nos rois n'a pris la parole dans la cathédrale.
21:01Ils venaient pour prier.
21:03Il y a le cas, en 1302, de Philippe le Bel,
21:07qui, pour la première fois, a réuni des états généraux à Notre-Dame.
21:10Mais il les a réunis, pourquoi ?
21:12Parce qu'il y a des problèmes graves avec le pape Boniface VIII,
21:15qui peuvent amener l'excommunication du roi,
21:18et qui sait, l'interdit.
21:19J'étais sur la France,
21:20parce que Boniface VIII était quand même un personnage assez...
21:23– Un peu hantier.
21:24– Oui, un peu mégalomane aussi.
21:26Un peu narcissique aussi.
21:30Enfin, il se met en scène.
21:32Un homme intelligent, par ailleurs.
21:34On voit qu'il a écrit des choses.
21:35« S'aboule une âme sans âme »,
21:37ce n'est pas un tissu de racisme, bien au contraire.
21:41Vraiment d'un orgueil néanmoins.
21:43– De part et d'autre, d'ailleurs.
21:44Le roi n'était pas non plus...
21:46– Le roi ne pouvait pas laisser ses marchés sur les pieds.
21:48Vous comprenez ?
21:49– Mais de part et d'autre.
21:50Le pape pouvait pas laisser ses marchés sur les pieds
21:52pour une question de légitimité.
21:54– Saint-Louis avait déjà dit, en 1904,
21:56à un prédécesseur de Boniface,
21:59que le roi était empereur de son pays.
22:02Et il lui a interdit d'entrer en royaume de France,
22:05parce qu'il n'était pas d'accord avec lui
22:08à la déposition d'Henri II de Reinstoffen.
22:10Il est allé à Clunis, c'est tout.
22:12Ah oui, tout de même.
22:14Donc c'était un congru, ça.
22:16Je pense que les choses sont venues dans l'ordre.
22:19Il viendra...
22:21– Oui, comme un chef temporel, il reste sur le parvis,
22:24et c'est très bien.
22:25– Bien entendu.
22:26– Et de fait, on lui est très reconnaissant
22:28de la réussite des travaux.
22:29– Bien entendu.
22:30Évidemment, et c'est bien que ça ait été fait dans les délais.
22:35Il est rendu finalement au culte.
22:37Il y aura des choses qu'il fera terminer, un peu comme pour Reins.
22:40On l'a rendu au culte en 1937 ou 1938.
22:43– Mais ce n'était pas fini.
22:45– Ce n'était pas fini, il s'était fini il y a quelques années.
22:47Et le président Le Brun, il était même sur le trône,
22:51sur un trône qu'on avait installé à la place du trône des rois de France,
22:55où ils étaient sacrés, mais il n'a absolument rien dit.
22:58Et on a accueilli un légat,
23:00une personne, je crois que c'était Stuart,
23:02qui avait été délégué.
23:03Mais vous savez, le légat est accueilli comme le pape.
23:05– Comme le pape.
23:06– Voilà, et donc…
23:07– Et cette histoire d'ouverture payante de la cadérale,
23:11qu'est-ce que vous en pensez ?
23:12– Ce n'est pas dans les mœurs françaises.
23:15Je crois qu'il ne faut pas non plus en vouloir Madame Dati,
23:19parce qu'il faut tout dire à ce propos.
23:23C'était parce qu'elle est, à juste titre,
23:26très inquiète de l'état des églises dans Paris.
23:29Parce qu'il y a eu un laissé-aller,
23:31qui n'existait pas, du temps de M. Chirac.
23:34Je n'ai pas toujours été d'accord avec M. Chirac,
23:36mais sur la question des églises…
23:39– Il en retenait.
23:40– Ah, tout à fait.
23:41Et là, il y a quand même des gros problèmes.
23:42Tenez, en regardant de plus près,
23:44parce que, évidemment, on était à Saint-Sulpice et non plus à Notre-Dame,
23:47vous savez, Saint-Sulpice aurait besoin…
23:49– Oui, il n'est pas dans un très bon état.
23:50– Ben voilà, et puis il y en a d'autres, il pleut.
23:52Et c'était pour ça que Madame Dati avait fait cette suggestion.
23:56C'était pour reverser…
23:57D'ailleurs, Stéphane Bern aussi avait pensé à ça.
23:59C'était dans le but de sauver le maximum de…
24:02Voilà.
24:03Mais effectivement, ce n'est pas dans les morts françaises.
24:06Je crois que ça n'aurait pas été une bonne chose.
24:09– Merci beaucoup, M. Lavez.
24:12Et donc, rendez-vous, chers amis téléspectateurs.
24:15Cette émission va paraître le 8 décembre,
24:22le jour de la réouverture de Notre-Dame.
24:27Et évidemment, il faut se réjouir que ce joyau
24:31de la dévotion française soit rendu occulte.
24:34Merci, M. Lavez.
24:35– Merci.
24:36– Et nous revenons sur le plateau de Terre l'émission.
24:50Et je voulais vous proposer la lecture d'un livre,
24:54comme je le fais de temps en temps.
24:56Ce livre a été publié récemment par Notre-Dame de Randolphe
25:00qui est une abbaye bénédictine,
25:03fille de Fongombo, elle-même fille de Solem.
25:06Et donc, ce texte, ce livre, est un commentaire de Don Delatte
25:11qui a été un père-abbé de Solem,
25:13le troisième père-abbé de Solem,
25:15sur l'encyclique Pachendi de Saint-Pédis.
25:18Pour être tout à fait franc,
25:19j'ignorais que Don Delatte avait commenté cette encyclique,
25:23qui est une encyclique majeure de Saint-Pédis,
25:25de lutte contre le modernisme.
25:27J'ignorais que Don Delatte en avait parlé,
25:29mais un lecteur du salon beige a attiré mon attention sur ce livre
25:33et je ne saurais trop vous conseiller,
25:35chers amis téléspectateurs, de lire ce livre,
25:38qui est un petit livre, qui fait 150 pages,
25:41ce n'est pas un très long commentaire,
25:43150 pages y compris, l'encyclique elle-même.
25:46Mais Don Delatte permet de rentrer dans la pensée de Saint-Pédis.
25:51Vous savez que depuis à peu près 100 ans,
25:54un peu plus que 100 ans,
25:55l'Église débat avec ce problème majeur du modernisme
25:59qui est une subversion du dogme
26:02par des gens qui sont explicitement, officiellement catholiques,
26:06mais qui font dire au dogme le contraire
26:09ou quelque chose d'autre que ce qu'ils disent,
26:11et en particulier qu'ils disent quelque chose comme
26:14« nous sommes d'accord avec le credo,
26:17mais il va de soi que c'est symbolique,
26:19il va de soi que ce n'est pas historique, etc. »
26:22Et Don Delatte commente avec beaucoup d'autorité,
26:28beaucoup de science aussi, le texte de Saint-Pédis,
26:32et il nous invite à réfléchir à ce qui fait
26:37que nous sommes attachés à la foi et au credo catholique.
26:42Donc ce livre est vraiment, à mon avis, déterminant,
26:46pas tellement pour la lutte contre le modernisme de jadis,
26:49parce que c'est un peu historique, c'est un peu du passé,
26:54mais aujourd'hui encore on croise beaucoup de théologiens
26:58ou de prêtres d'évêques qui nous disent des choses
27:02assez approchantes de ce que disaient
27:04les grands théologiens modernistes au début du XXe siècle,
27:07c'est-à-dire en gros « bien sûr que je suis d'accord avec vous,
27:10mais vous ne pensez pas sérieusement que le Christ est historiquement ressuscité
27:14ou pensez pas sérieusement que quand il a changé l'eau en vin,
27:17c'était vrai, et c'est un symbole, ça veut dire quelque chose. »
27:20Nous, nous pensons que c'est évidemment symbolique,
27:23mais c'est aussi historique.
27:25Donc je conçois évidemment qu'on ne soit pas catholique,
27:29ce n'est pas du tout un problème,
27:31mais si on est catholique, on ne peut pas dire
27:33que tout ce qu'il y a dans la Bible et dans l'Évangile,
27:36c'est une façon de parler.
27:38Il est clair que pour les apôtres, pour le Christ,
27:43et pour nous maintenant,
27:45ça a été quelque chose de sérieux,
27:47ça a été quelque chose d'historique,
27:49ça a été quelque chose de documenté.
27:51J'attire juste votre attention sur ce phénomène que je trouve très drôle.
27:54L'abbé Loisy, qui est l'un des plus grands théologiens modernistes,
27:57dit dans le Credo « je crois à tout, sauf à soupance pilate ».
28:00Vous savez, on dit « le Christ a souffert de soupance pilate »,
28:03et Loisy dit « je ne crois pas aux soupances pilates,
28:06parce que je crois que tout est vrai,
28:08sauf que je ne crois pas que ce soit historique ».
28:11Toute l'Église catholique a toujours cru
28:14qu'il s'était passé quelque chose historiquement,
28:16qu'un homme concret né à Bethléem, mort à Jérusalem,
28:21réellement un homme,
28:23avait par ailleurs été reconnu comme le Fils de Dieu,
28:27parce qu'il avait donné notamment des miracles
28:30pour se faire identifier comme le Fils de Dieu.
28:32Voilà.
28:33Tout ceci pour dire que c'est un excellent ouvrage
28:36que je ne saurais trop vous conseiller de lire.
28:38Commentaire de Don Delatte sur l'encyclique Pachendi de Saint-Pidi,
28:42c'est paru aux éditions de Randol,
28:44et c'est un ouvrage absolument magnifique.
28:47Ainsi s'achève notre émission.
28:49Nous nous retrouvons la semaine prochaine,
28:51et d'ici là, que Dieu nous garde.

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