• il y a 9 heures
Ancien élève de l’Ecole navale, Jean-Pierre Maugendre est le directeur général de la très active association Renaissance Catholique qui organise sa traditionnelle fête du livre, le 1er décembre à Port-Marly (78). Pour les téléspectateurs de TVL, il est surtout l’animateur, avec Guillaume de Thieulloy, de l’émission dominicale "Terres de Mission".
Dans un très bel ouvrage intitulé : "Quand la mer se retire", Jean-Pierre Maugendre propose au lecteur toutes les tribunes qu’il a consacré à l’actualité politique et religieuse de 2005 à 2024, soit la relecture des presque vingt années passées sous les pontificats des papes Benoit XVI et François. Pour l’auteur, le catholicisme contemporain est confronté à un double défi. D’une part, l’Eglise s’interroge sur son identité et sa mission. Des croyances et des pratiques bimillénaires sont remises en cause. La pratique religieuse est en chute libre parallèlement à l’effondrement des vocations. D’autre part, l’Eglise, en particulier en Occident, doit faire face à une sécularisation massive, les législations et la vie quotidienne s’éloignant chaque jour plus de l’enseignement évangélique et du simple respect de la loi naturelle.
Face à ce constat, Jean-Pierre Maugendre propose des pistes de résistance et des axes de renouveau. Dans la préface du livre, Michel De Jaeghere fait le portrait en creux de l’animateur de "Terres de Mission" : "Il n’est pas dans le camp des pessimistes ou des optimistes. Il est dans le camp de ceux qui pensent ou placent leur Espérance dans un retour inéluctable de la pratique religieuse en repoussant la triple tentation de la résignation, de l’aveuglement et du désespoir".

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Transcription
00:00TVL lance sa campagne de dons pour l'année 2025. Participez maintenant.
00:06TVL, la liberté à tout prix.
00:30Il est ancien élève de l'école navale, il est le directeur général de l'association Renaissance Catholique
00:50et il est surtout l'animateur, avec Guillaume Detieuloy, de l'émission dominicale Terre de Mission.
00:56C'est bien évidemment sur TV Liberté, sur TVL. Bonjour Jean-Pierre Maugendre.
01:00– Bonjour Marcel Bill.
01:02– Je suis à votre place pour vous interroger.
01:04– Alors, je vais répondre.
01:06– Et vous êtes dorénavant l'auteur d'un gros et bel ouvrage,
01:10dernier en date intitulé « Quand la mer se retire ».
01:14Un esprit espier que vous demanderez si vous vous lancez dans un roman de plage
01:18ou ce sont vos souvenirs de vacances ?
01:20– Alors pas tout à fait, parce que d'ailleurs le sous-titre est « La tragédie de l'église au XXIe siècle ».
01:25Donc pour un roman de plage, ce ne serait pas tout à fait adapté.
01:29Nous devons le titre à Michel de Gégère qui a fait la préface de cet ouvrage.
01:33Quelle est l'idée ? L'idée est de dire quand la mer se retire,
01:36voilà vous êtes au bord de la mer, la mer se retire, c'est la marée descendante,
01:40et qu'est-ce qui reste ? Eh bien il reste des rochers et parcs, il reste des flaques d'eau,
01:45et puis la belle étendue que vous aviez devant vous, ma foi, c'est devenu un petit peu crapoteux.
01:51Il y a trois catégories de personnes.
01:53Il y a les gens qui, d'une certaine manière, se satisfont de la situation en disant
01:58« Oh ben il reste quelques flaques, oh ben ce rocher est amusant ».
02:02Voilà, ils prennent leur partie de la situation.
02:05Il y a les gens qui se désespèrent en disant « Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu,
02:09la mer ne remontera jamais, tout est perdu, il n'y a rien à faire ».
02:13Et puis il y a les gens qui croient que le retour de la marée de flots,
02:17de la marée montante est inéluctable, qu'il faut l'attendre, qu'il faut y croire,
02:23et puis surtout qu'il faut essayer d'y travailler.
02:26C'est ce que nous avons cherché à faire dans le cadre, en fait,
02:29de toute cette rétrospective des 20 années qui viennent de passer,
02:33refusant à la fois la résignation, l'aveuglement, mais aussi le désespoir.
02:39– Et vous vous retrouvez dans ce portrait, parce que Michel de Gégère, dans sa préface,
02:42dit « Ben oui, il y a trois familles que vous avez évoquées »,
02:45et puis il dit « Mais il y a surtout Jean-Pierre Beauchamp qui, lui,
02:48place l'espérance dans un retour inéluctable de la pratique religieuse
02:52en repoussant la triple tentation que vous venez d'évoquer ».
02:55Est-ce que vous vous retrouvez vraiment dans ce portrait ?
02:57– Alors oui, je crois, en tout cas j'essaye, et puis on en parlera peut-être,
03:02je me mets à l'école d'un de mes maîtres, Jean Madiran,
03:06qui à la fin de son ouvrage « Une nouvelle chevalerie naîtra » nous dit
03:12« Ce n'est pas l'espérance de la victoire, c'est la nécessité du combat
03:16qui fait le chevalier chrétien ».
03:18Eh bien je crois que tout chrétien, tout baptisé, tout confirmé,
03:22il est appelé à ce combat par ce statut, et en plus il a l'espérance de la victoire,
03:27même s'il ne la voit pas immédiatement.
03:30– Alors, on va revenir à cet ouvrage publié aux éditions Contre-Temps
03:34et en vente bien évidemment sur la boutique de TVL,
03:37vous la retrouvez sur le site tvl.fr.
03:40Dans cet ouvrage, vous réunissez quelques tribunes
03:42que vous avez consacrées à l'actualité politique et religieuse sur 20 ans,
03:46on va dire très précisément entre 2005 et 2024.
03:50Pourquoi avoir ce choix de créneau qui correspond globalement
03:54au pontificat de Benoît XVI et actuel de Pape François ?
03:58– Voilà, alors 2005 nous est apparu un peu comme une date charnière,
04:042005 il y a deux dates importantes,
04:07le 19 avril c'est l'élection du cardinal Ratzinger au souverain pontificat,
04:13donc il devient pape sous le nom de Benoît XVI,
04:16en choisissant ce nom de Benoît XVI, il cherche,
04:20et son pontifical manifestera, à se repositionner
04:24dans la grande tradition historique de l'histoire de l'Église,
04:30en particulier en faisant référence à Saint-Benoît de Nursie
04:35qui est le patron de l'Europe, et donc en choisissant ce nom,
04:38il manifeste cette volonté de rester fidèle aux racines de l'Europe,
04:45aux racines religieuses, aux racines culturelles de l'Europe,
04:48donc c'était un motif d'espérance en ces temps de confusion,
04:54et puis également 2005 c'est aussi une date charnière,
04:57puisque vous l'avez vu, l'ensemble de ces chroniques,
05:01c'est de l'actualité religieuse et de l'actualité politique,
05:04en particulier de l'actualité politique française,
05:07et en 2005 c'est le référendum sur la constitution européenne
05:12qui, par 55% des voix, les Français se positionnent
05:20contre le fait de l'élaboration de cette constitution européenne,
05:24et donc 2005 nous est apparu comme une date charnière,
05:28sous cet aspect, une espérance religieuse
05:31et une espérance nationale et française.
05:33– Et nous arrivons bien évidemment, on va le voir,
05:35jusqu'à aujourd'hui, jusqu'en 2024,
05:37vous avez fait le choix de conserver dans l'ouvrage un ordre chronologique
05:40pour évoquer une actualité, vous l'avez dit,
05:42à la fois politique et religieuse,
05:45l'actualité religieuse c'est encore globalement une église
05:49ébranlée par l'immense scandale de la pédophilie,
05:52pas sûre de sa doctrine et abjurant sa propre liturgie,
05:55je reprends vos termes, et de l'autre côté un État
05:58qui lui a abdiqué sa souveraineté et démantelé ses frontières.
06:02Et je me suis dit, est-ce que le point saillant
06:04de ces deux institutions, Église, État,
06:07dans la période que vous avez retenue 2005-2024,
06:10est-ce que ça ne se résume pas à un seul mot, la décadence ?
06:14– Alors je crois effectivement que le terme que vous employez
06:19correspond assez à la réalité,
06:23alors une décadence avec, me semble-t-il,
06:26une différence dans le domaine religieux,
06:28en particulier Benoît XVI, dont il faut quand même rappeler l'histoire.
06:34Voilà, le cardinal Ratzinger, au moment du concile Vatican II,
06:37il est le conseiller, le péritus comme on dit du cardinal Frings,
06:41il est dans l'aile marchande du concile,
06:43il est dans ceux qui souhaitent des réformes,
06:46il est dans ceux qui souhaitent la suppression de l'index,
06:50l'index c'était cet inventaire des livres
06:54qu'il était interdit de lire sauf autorisation spéciale, etc.
06:57Donc il demande, il aspire à un grand vent de liberté.
07:01– Est-ce que c'est un progressiste, on peut dire ce terme-là ?
07:04– Alors à ce moment-là et sous cet aspect, oui,
07:07mais ce qui se passe, et là je crois aussi qu'il faut
07:10que nos téléspectateurs en soient bien conscients,
07:13et c'est important, tous nous sommes le fruit de notre histoire
07:17et tous nous évoluons,
07:20et donc cet évêque progressiste, conseiller du cardinal Frings,
07:26en fait très rapidement va être interpellé par deux choses,
07:30il va être interpellé d'abord par la réforme liturgique,
07:34vraiment la brutalité avec laquelle a été imposée la réforme liturgique,
07:39la manière dont ont été méprisés, rejetés des pratiques multiseculaires,
07:44il en est très blessé, et il le dit dans ses écrits,
07:49il n'a pas compris, il en a été meurtri, blessé,
07:52donc ça c'est le premier élément,
07:54et puis le deuxième élément aussi,
07:56en particulier quand il va être nommé préfet de la congrégation
07:59pour la doctrine de la foi,
08:01il va être très frappé par deux choses,
08:03l'effondrement du catéchisme,
08:05c'est-à-dire que la foi n'est plus transmise dans les catéchismes
08:09tels qu'ils sont mis à disposition des enfants,
08:12alors pour le cas de la France,
08:14il interviendra en 1983 en faisant deux conférences,
08:17une à Lyon, une à Paris,
08:19et puis il est confronté, vous l'avez évoqué,
08:22il y a le scandale de la pédophilie,
08:25et puis il y a aussi, sur le plan politique,
08:28le développement de la théologie de la libération en Amérique Latine,
08:32et en fait cet homme qui était assez promoteur d'un renouvellement,
08:41d'une rénovation de l'Église,
08:44prend conscience qu'on est en train de prendre une mauvaise voie
08:49et que, ma foi, il va falloir remettre un petit peu d'ordre
08:55dans la doctrine de l'Église, dans sa pratique et dans sa liturgie.
08:59Et puis d'un point de vue politique,
09:02en fait ce que l'on observe très rapidement,
09:05c'est que ces espoirs qui avaient été mis sur ce non au référendum
09:12sur la constitution européenne,
09:14espoirs sur lesquels avait capitalisé Nicolas Sarkozy
09:17puisqu'il avait fait une première campagne électorale
09:20exaltant la France, le refus de la repentance, etc.,
09:24en fait c'est lui qui, quelques années plus tard,
09:27par un autre biais, fera passer ce qui avait été refusé
09:32par ce biais du référendum.
09:35– Quand on voit le tableau sombre,
09:37on lit ces chroniques les unes après les autres,
09:39on se dit, c'est un tableau sombre,
09:41voire quelquefois désespérant de cette période.
09:45Est-ce qu'il y a finalement, je pose la question crûment,
09:48un intérêt à revenir sur ce passé ?
09:50Est-il pas plus intéressant finalement de s'appliquer
09:52à revitaliser nos institutions et puis aussi notre foi ?
09:56– Alors, l'histoire, il faut d'abord la considérer
10:01comme un cumul d'expériences,
10:03et je crois que c'est le général Mathis qui dit ça,
10:08le général Mastis, il a été, c'est d'actualité,
10:11secrétaire d'État à la Défense de Donald Trump,
10:15et on l'appelait le moine-soldat,
10:17et c'est un homme qui avait beaucoup de culture,
10:19et il disait, il n'y a aucune situation
10:22à laquelle je me sois trouvé confronté
10:25qui n'ait pas déjà été traité avant moi,
10:28d'une manière ou d'une autre, dans un cadre analogue.
10:31Eh bien, l'histoire de ces 20 années,
10:33c'est aussi nous permettre de bénéficier de l'expérience
10:37de ce qui s'est passé pendant ces 20 années,
10:40pour tenir au mieux notre barque,
10:43en fonction des responsabilités qui sont les nôtres.
10:46Et puis, de dire que c'est un, je dirais,
10:51un ouvrage qui est désespéré, je ne crois pas que ce soit le cas,
10:55puisque dans un certain nombre de chroniques,
10:57je donne évidemment deux exemples qui sont un peu,
11:00un est une tarte à la crème, l'autre les moines,
11:03le premier, bien sûr, c'est le développement
11:06de tous les pèlerinages traditionnels,
11:09le point important des vocations traditionnelles
11:11dans un pays comme la France,
11:13sur les vocations sacerdotales,
11:15et puis je donne aussi un exemple,
11:17j'ai eu l'occasion d'en parler sur Terre de Mission,
11:19qui pour moi est très frappant,
11:21c'est le développement de la congrégation
11:23des dominicaines enseignantes du Saint-Nom de Jésus.
11:26À l'origine, il y a trois branches en 1975,
11:29elles sont 120 religieuses,
11:31il y a une branche, je dirais, officielle,
11:33qui aujourd'hui a quasiment disparu,
11:35et puis il y a deux branches,
11:37une branche où elles sont 150 sœurs,
11:39alors qu'elles étaient 25,
11:41et puis une branche où elles étaient une quinzaine de sœurs,
11:44c'est-à-dire que l'Église a connu des crises,
11:48et puis elle a connu aussi des papes réformateurs.
11:52Aujourd'hui, je crois que notre responsabilité,
11:55là aussi, c'est ce qu'écrit le père Calmel
11:59en employant cette expression de Fortin,
12:02c'est de maintenir la foi,
12:04c'est de maintenir notre tradition nationale
12:06là où nous avons autorité,
12:08dans ce qui est de notre ressort,
12:10et puis un jour, Dieu nous donnera le pape
12:12qui restaurera l'Église
12:14et le prince qui restaurera la France.
12:16– Voilà, ni optimiste, ni pessimiste,
12:18toujours cette troisième voie, vous vous y tenez,
12:20je comprends d'ailleurs parfaitement votre souci
12:22de tirer des enseignements du passé, tout proche d'ailleurs,
12:24et de mieux comprendre l'enchaînement des faits
12:26et des idées qui nous ont conduit à la situation présente,
12:29mais à nouveau, je pose la question,
12:31mais quelles leçons en tirer pour l'avenir,
12:33parce que c'est ça finalement qui importe,
12:35et qui importe aussi à nos téléspectateurs.
12:37– Alors quelles leçons,
12:39alors au pluriel,
12:41dans le domaine religieux,
12:45dans le domaine religieux,
12:47je pense que la leçon que l'on doit en tirer,
12:50en particulier aujourd'hui,
12:53c'est que ce qui prime, c'est la foi,
12:55ce qui prime, c'est la transmission de la foi.
12:58Au moment du baptême, on demande au baptisé,
13:00que demandez-vous à l'Église de Dieu,
13:02le baptême,
13:04non, que vous donne la foi,
13:06que vous donne la foi, la vie éternelle,
13:08voilà, notre responsabilité de baptiser dans l'Église,
13:10à notre place de laïc,
13:12c'est de conserver et de transmettre la foi,
13:14et tout est au service de ça.
13:16– D'accord, mais ça vous parlez pour les catholiques,
13:18pour ceux qui ont la foi.
13:19– Pour ceux qui ont la foi,
13:20donc ça c'est dans le domaine religieux,
13:22c'est ce que j'ai dit,
13:23et pour ceux qui n'ont pas la grâce de la foi,
13:25– C'est le plus grand nombre, vous avez remarqué Jean-Pierre Mojandre.
13:27– Et il paraît, il paraît,
13:28donc ça, ça nous rappelle aussi,
13:30là vous voyez, j'ai fait une petite rubrique nécrologique
13:34sur Élie Denoy de Saint-Marc,
13:36et Élie Denoy de Saint-Marc,
13:38dans ses ouvrages, ses entretiens avec Laurent Beccaria,
13:41il admire sa mère pour qui la foi ne pose aucun problème,
13:46lui est un homme qui a beaucoup douté,
13:48qui ne savait pas,
13:50et bien je crois que pour ceux qui n'ont pas la grâce de la foi,
13:54il faut essayer de la demander,
13:56je crois que c'est Saint-Augustin qui disait aussi,
13:59tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas trouvé.
14:03– Alors désavir politique.
14:05– Alors politique,
14:07la leçon que j'en retire,
14:09de tout ce que nous avons vu là,
14:11c'est que rien n'est écrit,
14:13c'est que rien n'est écrit.
14:15Alors la politique française,
14:18ma foi est quand même un petit peu désespérante,
14:21ça c'est vrai,
14:23nous l'avons vu,
14:25Patrick Buisson avait inspiré
14:28la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy,
14:31qui lui avait permis d'assécher les voix du Front National
14:35et d'être élu dans des conditions tout à fait anorables,
14:39ce qu'il y a d'encourageant,
14:41c'est que quand on parle de la France,
14:44quand on parle de se réapproprier notre histoire,
14:47quand on parle d'être fidèle à nos racines,
14:50l'expérience de la campagne de Nicolas Sarkozy,
14:53entre autres, l'a montré,
14:55il y a du répondant,
14:57également je l'ai développé à plusieurs occasions,
15:01qui s'intitule « Qui dira la vérité aux gilets jaunes ? »
15:04Eh bien les gilets jaunes, bien sûr,
15:06il y a une inquiétude matérielle,
15:08c'est l'augmentation du prix de l'essence,
15:11c'est le fait qu'en travaillant honorablement,
15:14on peut à peine vivre, etc.,
15:16donc il y a vraiment ce souci matériel,
15:18mais il y a aussi, tout le monde en est d'accord,
15:21pour les avoir fréquentés,
15:23il y a aussi un souci culturel et identitaire.
15:26Voilà, ces gilets jaunes,
15:29ce sont les petits blancs qui constatent
15:33que peu à peu, la manière de vivre qui est la leur,
15:36à laquelle ils sont attachés,
15:38ce qu'ont vécu leurs parents,
15:40eh bien petit à petit,
15:42c'est en train de leur être enlevé.
15:44Et je crois qu'il y a là un motif d'espérance,
15:47alors ça c'est très buissonien,
15:49puisque l'analyse de Buisson,
15:51un peu d'une certaine manière,
15:53c'est de dire que la France se redressera
15:56quand on pourra avoir une convergence
15:59de ces petits blancs frappés dans leur identité,
16:02dans leur manière de vivre,
16:04dans leur mode de penser,
16:06dans leurs habitudes culturelles,
16:08voilà, on voit ça beaucoup
16:10avec une association comme SOS Calvaire,
16:12donc qui restaure des calvaires dans toute la France.
16:15Moi, tous les témoignages que j'ai d'Alexandre Cayet,
16:18on vient dans des villages,
16:20il n'y a personne à la messe,
16:22eh bien pour restaurer le calvaire,
16:25et donc là, il y a quelque chose,
16:27je dirais, il y a un motif d'espérance,
16:29et Buisson développé, je crois, il a raison,
16:31l'avenir de la France,
16:33c'est la convergence des luttes
16:35de ces petits blancs,
16:37et puis, je dirais,
16:39de gens qui sont moins dans ce profil,
16:41qui ont peut-être un profil d'études,
16:43plus de responsabilités dans la société,
16:45qui ont plus reçu,
16:47qui sont plus attachés
16:49à une tradition intellectuelle, culturelle,
16:51peut-être aussi d'une certaine manière
16:53plus catholique,
16:55et je pense que c'est de la convergence
16:57de ces deux forces,
16:59ayant compris que leur intérêt,
17:01aux uns et aux autres,
17:03c'est de se réapproprier les racines de la France,
17:05que viendra le sursaut politique.
17:07– Alors, au fil des pages,
17:09nous croisons des acteurs politiques,
17:11on en a parlé, les acteurs religieux,
17:13on en a parlé aussi, les intellectuels
17:15qui ont écrit l'histoire de ces 20 dernières années,
17:17et puisque dans votre introduction,
17:19après tout, vous avez cité une phrase
17:21d'un écrivain, un philosophe,
17:23à qui je dois aussi d'ailleurs beaucoup,
17:25arrêtons-nous sur cette personnalité
17:27de Jean Badiron, que vous qualifiez
17:29de gentilhomme français.
17:31– Exactement,
17:33Jean Badiron, gentilhomme français,
17:35gentilhomme, il l'était d'abord
17:37dans sa tenue,
17:39c'était un homme toujours
17:41très droit, avec un beau visage,
17:43de beaux yeux bleus,
17:45toujours très courtois,
17:47toujours très affable,
17:49toujours très gentil,
17:51et puis un gentilhomme français,
17:53parce qu'il était imprégné
17:55de toute
17:57l'histoire de notre pays,
17:59et des auteurs
18:01qui l'ont fait, dans sa déclaration
18:03d'identité de la revue qu'il avait fondée,
18:05itinéraire, je trouve que ça,
18:07c'est très très beau, il dit,
18:09nous sommes d'abord des héritiers,
18:11voilà, moi Jean Badiron, la revue
18:13que la Providence m'a donnée
18:15de diriger,
18:17je suis un héritier du père Emmanuel,
18:19de Charles Péguy,
18:21des frères Charlier,
18:23de Don Guéranger, voilà, et en ce sens,
18:25c'est un gentilhomme français,
18:27dans son comportement,
18:29et puis dans la reconnaissance
18:31de ce qu'il doit
18:33aux anciens qui l'ont précédé,
18:35et d'ailleurs il développera ça dans
18:37un de ses livres, Une civilisation blessée au cœur,
18:39c'est que le grand mal de notre monde,
18:41le grand mal
18:43de la société moderne,
18:45c'est l'impiété, l'impiété filiale,
18:47de croire que le monde
18:49commence avant nous, avec nous,
18:51et qu'avant nous, il n'y a jamais eu que des abrutis,
18:53et puis qu'aujourd'hui, enfin, on a découvert
18:55la pierre philosophale, et bien Jean Badiron,
18:57il était à l'opposé de ça,
18:59il cherchait à
19:01faire fructifier
19:03le capital intellectuel
19:05important que la Providence lui avait confié.
19:07– Voilà, et c'était aussi un grand journaliste,
19:09à préciser, puisqu'il a dirigé pendant
19:11de très nombreuses années, plusieurs décennies,
19:13le quotidien présent aujourd'hui d'Hisparc.
19:15J'ai vu que vous êtes assez avare
19:17d'ailleurs dans les hommages que vous faites,
19:19je sais qu'il y aurait beaucoup de monde
19:21à mettre, j'ai retenu
19:23Eugène Corti, De Noix-Saint-Marc,
19:25Jean Badiron, le docteur Dore,
19:27le culte des morts,
19:29c'est pas votre truc ?
19:31– Alors,
19:33j'ai aussi
19:35fait le choix
19:37de ne parler que
19:39de personnes que j'avais rencontrées et connues,
19:41donc ce qui limite
19:43de manière à faire quelque chose
19:45de pas uniquement
19:47livresque, alors celui que j'ai
19:49le moins connu, c'est Elie De Noix-Saint-Marc,
19:51bon mais, les autres,
19:53j'ai eu l'occasion vraiment de passer
19:55beaucoup de temps et donc
19:57je me sentais plus habilité
19:59à mettre une petite note personnelle
20:01que d'avoir été un simple lecteur, même s'il y aurait
20:03bien sûr des choses à dire sur d'autres.
20:05– Et le docteur Dore, petit bonhomme,
20:07grand bonhomme. – Ah le docteur Dore, petit bonhomme,
20:09et grand bonhomme,
20:11vous voyez,
20:13il nous arrive parfois dans l'existence
20:15de rencontrer des personnes
20:17dont on dit, j'ai rencontré un saint.
20:19C'est pas souvent.
20:21Je crois qu'avec le docteur Dore,
20:23c'était le cas.
20:25– Allez, dans le livre, il y a aussi des prises de positions
20:27politiques ou sociétales
20:29qui font de vous plus
20:31un acteur finalement qu'un observateur.
20:33Un exemple,
20:35un vibrant exemple, pourquoi je ne suis pas Charlie ?
20:37À cette époque-là et à ce moment-là,
20:39ce n'est pas si simple que de le dire.
20:41Ou ça vous rangeait avec des personnalités
20:43que vous ne fréquentez pas.
20:45– D'habitude, non.
20:47Pourquoi je ne suis pas Charlie ?
20:49Il y avait deux réflexions autour de cela.
20:51La première réflexion, c'est que
20:53être Charlie, je suis Charlie,
20:55c'était une incantation,
20:57une ode à la liberté d'expression.
20:59Et ce que je crois,
21:01c'est que la liberté absolue
21:03d'expression n'existe pas.
21:05C'est-à-dire que,
21:07moi je suis Charlie, les gens qui disent
21:09moi je suis Charlie,
21:11pour eux,
21:13il y a un certain nombre de tabous.
21:15Parce que toute société
21:17vit avec des tabous.
21:19Au XIXe siècle, c'était
21:21tout ce qui tournait autour de la sexualité
21:23ou autour de l'argent.
21:25Aujourd'hui, les tabous,
21:27c'est ce qui tourne autour de la race,
21:29autour du réchauffement
21:31climatique.
21:33Les races n'existent pas.
21:35A-t-on le droit de s'étonner
21:37qu'à la finale du 100 mètres plat
21:39des Jeux Olympiques, il n'y ait,
21:41à ma connaissance, que des athlètes
21:43superbement bronzés ?
21:45– Vous voulez qu'on soit pépites de tulle,
21:47c'est ça que vous voulez ?
21:49Vous allez y arriver, parce que c'est un tabou.
21:51Dans ce livre-ci,
21:53vous n'hésitez pas,
21:55on a peu de temps malheureusement,
21:57mais il faut lire tout cela,
21:59à poser des questions qui fâchent ou qui font polémique.
22:01Est-il un péché ou encore l'objection
22:03de conscience ou le devoir de désobéir ?
22:05Il faudra le lire, je ne peux pas vous poser
22:07les questions, même si c'est intéressant.
22:09Ce que je sais, c'est qu'il y a 600 pages
22:11et que tout au long, j'ai trouvé qu'il y avait un plaidoyer
22:13qui est peut-être le combat, finalement, d'une vie de Jean-Pierre Mojandre,
22:15le maintien de la tradition.
22:17De la tradition dans tous les domaines,
22:19mais surtout la réhabilitation impérieuse pour vous
22:21de la messe de Saint-Pyssing, c'est-à-dire
22:23de la messe traditionnelle.
22:25Il y a toujours chez vous, finalement,
22:27le jeune militant et ancien président
22:29du mouvement de la jeunesse catholique de France,
22:31le MJCF, connu pour être
22:33le garant de la tradition.
22:35Vous n'avez pas changé.
22:37N'est-ce pas un reproche ?
22:39– Non, je crois que c'est André Charlier
22:41qui parle de ça.
22:43André Charlier qui fut certainement
22:45un de mes maîtres intellectuels.
22:47Je crois qu'une grâce
22:49à demander,
22:51que nous devons tous demander,
22:53c'est de...
22:55Élie Denoy de Saint-Marc dit ça aussi
22:57aux jeunes de 20 ans, etc.
22:59Il faut demander la grâce
23:01de rester fidèle aux idéaux de ces 20 ans.
23:03À 20 ans,
23:05on croit qu'on va changer le monde,
23:07on croit qu'on va le sauver,
23:09on essaye d'y contribuer
23:11à sa mesure,
23:13et je crois que chacun d'entre nous
23:15doit demander la grâce
23:17de rester fidèle
23:19à ça.
23:21L'idéal de nos 20 ans,
23:23de le vivre, nous changerons,
23:25mais de croire encore,
23:27c'est la parole du Christ,
23:29je suis venu apporter le feu sur la terre.
23:31Eh bien voilà, nous l'avons cru à 20 ans,
23:33et j'espère que quelques décennies plus tard,
23:35nous le croyons encore et nous le vivons.
23:37– Quelques seulement.
23:39Quand la mer se retire, s'ouvre,
23:41dont vous l'avez dit sur l'élection de Benoît XVI,
23:43l'humble simple travailleur dans la vigne du Seigneur.
23:45Et il se termine par ce que vous appelez
23:47la seconde mort du pape Benoît XVI
23:49à travers la déclaration
23:51fiducia supplicans.
23:53Benoît XVI, c'est aussi quand même le fil,
23:55ou plutôt même la colonne vertébrale de l'ouvrage.
23:57– Oui, puisqu'en fait,
23:59les 20 années couvrent
24:01alors d'une part son pontificat,
24:03et puis également la période
24:05entre sa renonciation
24:07et puis alors sa mort,
24:09et puis un an plus tard,
24:11fiducia supplicans.
24:13Voilà, il aura été présent
24:15tout au long effectivement
24:17de ces années.
24:19Alors j'évoque là aussi
24:21une phrase de Bernanos.
24:23Voilà, Bernanos,
24:25à un moment dit,
24:27des chefs que l'on aimerait,
24:29ce serait trop beau.
24:31Voilà, des chefs que l'on aimerait,
24:33ce serait trop beau.
24:35Je crois que la figure de Benoît XVI,
24:37même s'il peut y avoir des points
24:39sur lesquels on aurait souhaité
24:41que ce soit autrement,
24:43qu'il n'a peut-être pas,
24:45je crois qu'il nous a donné là
24:47l'image d'un pape
24:49que surnaturellement,
24:51de toute la force de notre volonté,
24:53mais également humainement,
24:55il nous était assez facile
24:57finalement d'aimer.
24:59– Voilà, vous parliez il y a quelques décennies de combat,
25:01et bien en fait je me suis aperçu
25:03que vous organisez la 32ème fête du livre
25:05cette année,
25:07plus de 100 auteurs présents,
25:0910 000 livres, grande librairie d'occasion,
25:11nombreux stands, 3 conférences, restauration sur place,
25:13garderie, livre jeunesse, c'est un grand moment
25:15et ça se déroule quand et où ?
25:17– Cette 32ème fête du livre aura lieu,
25:19– C'est notre page pub.
25:21– Très bien, donc le 1er décembre prochain,
25:23donc aux Pyramides à Portmarly,
25:25comme l'a dit, c'est une centaine d'auteurs.
25:27– C'est un espace qui s'appelle les Pyramides.
25:29– Voilà, les Pyramides à Portmarly,
25:31c'est en bordure de Seine, c'est immense,
25:33c'est très bien.
25:35Trois conférenciers sont d'or,
25:37j'ai déjà programmé, votre serviteur
25:39qui parlera de cet ouvrage
25:41quand la maire se retire et vous le dédicacera.
25:43Nous aurons également le plaisir
25:45d'accueillir Jean-Christian Petitfils
25:47qui vient de sortir un livre
25:49sur la tunique d'Argenteuil
25:51et Christophe Dickes
25:53qui vient de sortir un essai
25:55qui est de taille plus modeste,
25:57là, pour l'Église,
25:59ce que le monde lui doit
26:01et qui là aussi est une réponse
26:03aux principales objections
26:05faites à l'Église obscurantiste,
26:07ennemie des femmes,
26:09ennemie de la science,
26:11ennemie du progrès,
26:13c'est un bon moment de retrouvaille.
26:15– Une centaine d'auteurs dont beaucoup sont venus
26:17et viennent à TVL.
26:19– Bien sûr.
26:21– Ce sera donc un bon moment,
26:23oui, il y aura aussi un stand de TVL
26:25puisque vous vous accueillez très gentiment
26:27comme nous vous accueillons
26:29deux dimanches sur quatre par mois
26:31pour Terre de Mission,
26:33ça continue Terre de Mission,
26:35Guillaume de Thulois, tout va bien ?
26:37– Tout va bien, tout va bien, nous tenons…
26:39– Vous savez combien d'années vous êtes là ?
26:41– On continue encore, on en reprend pour sept ans,
26:43quand la mer se retire,
26:45en attendant la marée haute tout simplement.
26:47– On ne fait pas que l'attendre,
26:49on travaille à ce qu'elle arrive.
26:51– C'est très bien, en attendant,
26:53on va lire cet ouvrage aux éditions Contre-temps
26:55et sur la boutique TVL de Jean-Pierre Mojand.
26:57Merci, merci Jean-Pierre. – Merci Martial.

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