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Distributeurs et industriels mènent actuellement leurs négociations annuelles pour s'accorder sur les évolutions de prix en 2025. Ça se termine le 1er mars. Où en est-on ? Écoutez l'interview de Thierry Cotillard, président du groupe Les Mousquetaires, qui regroupe entre autres Intermarché et Netto.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 13 janvier 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:04Bonsoir Thierry Cotillard.
00:05Bonsoir.
00:06Vous présidez le groupe Les Mousquetaires qui regroupe entre autres Intermarché et Netto.
00:10Distributeurs et industriels mènent actuellement leurs négociations annuelles pour s'accorder sur les évolutions de prix en 2025.
00:15Ça se termine le 1er mars. On en est où au moment où on se parle nous ce soir ?
00:19Alors on en est qu'on est en train effectivement de définir les prix de la consommation pour 2025.
00:24Ce sera effectif au 1er mars.
00:26On en est qu'on devrait viser des baisses parce qu'on est nous-mêmes industriels.
00:30Donc on sait que le coût de production a baissé.
00:33Tout simplement par rapport à Yannan, l'électricité est moins chère.
00:36L'emballage, même les coûts de transport avec le pétrole qui a baissé.
00:39Beaucoup de matières premières sont à la baisse.
00:41Mais la réalité c'est que ça va être un combat parce que pour les très grandes marques nationales,
00:46les hausses de tarifs c'est en moyenne 6,50%.
00:50Donc on trouve ça irresponsable.
00:51C'est pas sérieux.
00:52Les PME ont joué le jeu, il faut le dire aussi.
00:55Quand les grands industriels étaient à 7%, les PME sont à 2,40%.
01:00Je vous sens énervé.
01:02Qui ne joue pas le jeu ?
01:04Je vais vous en citer une.
01:07Moi j'adore le chocolat, les biscuits.
01:09J'adore Pépito.
01:10Et j'ai envie de vous dire Aïe Pépito.
01:12Parce qu'aujourd'hui la hausse est de 18% sur ses biscuits quand le concurrent est à 9%.
01:18Donc moi je veux bien tout.
01:20Mais à un moment on sait que ça va profiter à l'actionnaire.
01:24C'est un peu le flou artistique.
01:26Et c'est pour ça qu'on va mener un combat dans les semaines qui viennent.
01:29Parce qu'on trouve que c'est pas comme si on n'avait pas pris de la hausse pendant deux ans.
01:33C'est-à-dire qu'on sort d'une hyper-inflation à 20%.
01:36Donc on pense que ça n'est pas acceptable pour nos consommateurs.
01:38C'est surtout irresponsable de leur part.
01:40Je vais aller jusqu'au bout de mon raisonnement.
01:42Ça va servir l'actionnaire de ses grands groupes.
01:44Et on n'est pas d'accord pour que ça profite à toutes ces grandes multinationales.
01:49Vous allez retirer les Pépito de votre...
01:51C'est le vrai risque.
01:52De vos magasins ?
01:53Non mais sérieusement ce sont des choses auxquelles vous pensez ?
01:55Bien sûr.
01:56Quand ça devient inabordable, vous savez, le français a compris que la marque de distributeur pouvait être une alternative.
02:01Donc on a notre équivalent de Pépito en marque de distributeur.
02:04Si à un moment ces industriels ne jouent pas le jeu et vont trop loin en tarif,
02:09il y aura bien sûr des assortiments qui vont être réduits.
02:12Parce que je trouve que là on va trop loin.
02:14On parle de Pépito.
02:15Est-ce qu'il y a d'autres exemples marquants ?
02:17Il y en a d'autres.
02:18Dites-nous.
02:19Pour les français, les aliments pour chien et chat, c'est quand même une dépense qui est conséquente.
02:24La matière première, je vous en parlais.
02:26On a des matières, il faut le dire aussi, qui vont augmenter.
02:28Le jus d'orange, le café, le chocolat.
02:30Le jus d'orange est en train de devenir un produit de luxe.
02:32Ça devient inabordable pratiquement.
02:34Mais notre combat c'est justement de le rendre accessible.
02:37Je reviens.
02:38Les matières premières pour faire l'aliment pour chien, il est en baisse de 4%.
02:42Les tarifs sont à plus 4%.
02:44Donc ça ne va pas.
02:46Si on ne fait rien, c'est ça qu'il faut comprendre à l'antenne.
02:49Si on ne fait rien, les français vont prendre 7 à 8% d'inflation sur ces grandes marques.
02:54Notre combat, c'est bien évidemment de faire réduire ces tarifs pour aller sur ce qui est la logique économique,
03:00c'est-à-dire une baisse des prix en 2025.
03:02Les petits producteurs jouent plus le jeu ?
03:04Oui, beaucoup plus.
03:05Parce qu'ils sont contraints ou parce qu'ils sont conscients ?
03:07Ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
03:09Non, ils sont conscients parce que l'actionnariat, ce sont des chefs d'entreprise comme mes collègues qui ont des intermarchés.
03:14Ils savent que le consommateur ne peut pas faire une dépense inutile et futile.
03:19La demande des petites entreprises, c'est 2,40%.
03:23Je peux vous assurer que quand on commence à 2,40% de la discussion, on trouve des accords.
03:27D'ailleurs, au moment où je vous parle, pour vous donner un peu un ordre d'idée,
03:30Intermarché négocie à peu près avec 10.000 fournisseurs.
03:33Sur 5.000, on s'est déjà entendu parce que la demande des petites entreprises et des moyennes entreprises était raisonnable
03:39et on a déjà trouvé l'accord.
03:40Comment on négocie avec 10.000 fournisseurs ?
03:42C'est une armée d'acheteurs, de collègues qui quittent leur magasin et qui depuis descendent.
03:49Parce qu'en fait, on en est là, mais ça dure trois mois.
03:52Au moment où je vous parle, ça fait déjà un mois que les premiers rendez-vous ont été pris.
03:55Une heureuse de 2,40%, c'est déjà beaucoup plus que l'inflation actuellement ?
04:01La réalité, c'est que depuis un an, c'est 1,30%.
04:04La réalité, c'est que depuis quelques semaines, on est en baisse de prix, ce qui est une nouveauté.
04:09Et la réalité, et c'est plutôt la très bonne nouvelle, c'est que des produits comme le riz, c'est moins 10%.
04:15Le produit comme les cordons bleus ou alors les poissons panés sont à moins 7, moins 8%.
04:21Et ça, ce n'est pas un contrat qu'on a avec des grandes marques nationales, c'est souvent sur nos marques de distributeurs
04:26et on peut négocier tout au long de l'année.
04:28Donc, c'est des baisses qu'on a obtenues en septembre et qu'on a déjà proposées à nos consommateurs.
04:32Le blé, le sucre ont connu de vraies baisses.
04:34Est-ce que vous les répercutez ?
04:35Est-ce que vos fournisseurs, là aussi, jouent le jeu ?
04:38Alors, vous avez cité Pépito il y a quelques instants, mais voilà, on pense aux pâtes, enfin toutes sortes de choses.
04:42La conclusion, les PME jouent le jeu, la transparence est là.
04:46Le coût réel des matières premières est impacté dans le tarif, les grandes marques non.
04:50Alors, ce qu'on fait, vous savez, quand on est une enseigne populaire comme Intermarché Netto,
04:54on ne va pas attendre d'avoir obtenu de la baisse sur ces 8 ou 9% d'inflation qui nous sont proposées.
05:01On a décidé qu'au 28 janvier, on prenait ces produits et on allait nous taper dans nos marges,
05:05baisser nos marges pour baisser les prix.
05:07Quand bien même, on n'a pas encore la lecture des résultats des négociations,
05:11mais je pense que les Français ne peuvent plus attendre.
05:13Et il faut absolument, aujourd'hui, qu'on aille leur donner un coup de main sur le sujet du pouvoir d'achat.
05:17Et justement, les Français, la consommation des ménages, ça donne quoi ?
05:19Vous êtes un poste d'observation exceptionnel.
05:22C'est la conséquence de ça, M. Calvi, parce qu'en fait, lorsque, à un moment, ça devient inaccessible,
05:26la consommation s'arrête et c'est un danger pour l'économie française.
05:29Donc, les faits, on n'a pas encore toutes les statistiques,
05:32mais je peux en avant-première vous dire que ça n'a pas été totalement l'euphorie,
05:36puisque sur les produits festifs, on enregistre des baisses de 3%.
05:40Alors, il y a des fortunes diverses.
05:41Les gens se sont fait plaisir sur les chocolats.
05:43On l'a fait plus 6%.
05:44Mais à l'inverse, le foie gras, qui est un marqueur de la consommation,
05:48est en régression de plus de 5 points et le champagne, c'est entre 5 et 10% de baisse.
05:53Donc, ça prouve aujourd'hui qu'il y a une tension sur le pouvoir d'achat.
05:56Et on en arrive à des changements de comportement de consommateurs.
05:59Le saumon, moins 4, et la truite, plus 6.
06:03Donc, ça veut dire qu'il y a bien des changements qui sont liés à cette pression sur le pouvoir d'achat.
06:07Nos agriculteurs ont été reçus ce matin à Matignon.
06:10Ils réclament du Congrès.
06:11Qu'est-ce que ça veut dire, d'après vous ?
06:13Le Congrès, c'est une attente que les engagements pris par le gouvernement soient tenus.
06:17Donc, très clairement, aujourd'hui, c'est des attentes qu'on connaît sur les normes,
06:21sur les contrôles, pour les aider à ce que leur coût de production soit compétitif
06:25et surtout qu'il soit un peu moins embêté par l'administration française.
06:28Et puis, la deuxième chose, ils attendent, et on a tous une part de responsabilité,
06:32d'être mieux rémunérés.
06:33Et pour ça, il faut que le gouvernement prenne rapidement des sanctions,
06:37enfin, des sanctions, des décisions,
06:39pour que, justement, les grands industriels qu'achètent aux producteurs
06:43soient beaucoup plus clairs sur l'origine des produits et sur le prix auquel ils payent.
06:47Ce n'est pas encore obtenu avec la loi Egalim.
06:50Il faut un amendement de la loi Egalim pour imposer aux industriels
06:53de nous donner les prix auxquels ils achètent.
06:55Que dites-vous, et ce sera ma dernière question à nos auditeurs
06:57qui nous appellent pour nous dire, en grec général,
06:59que leur ticket de caisse continue à augmenter ?
07:02Je leur dis que c'est une réalité, que nous on en a conscience
07:05et qu'on en fait un combat, c'est-à-dire que le rôle d'un distributeur
07:08et d'une enseigne, j'allais dire populaire dans le bon sens du terme,
07:11comme intermarché, c'est d'être justement agressif.
07:15Des fois, on nous le reproche, c'est ça qui est fou.
07:16On passe souvent pour le méchant qui combat dans les box,
07:19mais c'est au service.
07:20Alors, on n'est pas non plus des chefs d'entreprise,
07:23on est là pour aussi augmenter notre clientèle.
07:25Mais je peux vous assurer que nos équipes sont vraiment mobilisées
07:29pour qu'après ces 20% d'augmentation de prix,
07:33parce que le problème, c'est qu'on ne va jamais revenir en arrière,
07:35ça cesse.
07:36On ne reviendra jamais en arrière.
07:37Jamais en arrière.
07:38On avait l'objectif de faire baisser ces 20% peut-être de 3-4%.
07:41Ça semble compromis avec les tarifs des grands industriels,
07:44mais on va tout faire pour qu'on enregistre des baisses rapidement.
07:47Merci beaucoup Thierry Cotillard, président du groupe Les Mousquetaires.
07:50Dans un instant, les toutes dernières informations
07:52dans le journal de 18h30 et puis juste après RTL Inside.
07:55Et cette situation à peine croyable dans une cité scolaire d'Amiens
07:58où la température est de 12 degrés.
08:00Une situation qui dure et qui, vous l'entendrez, devient extrêmement pénible
08:04et pour les élèves et pour les professeurs.
08:06A tout de suite.

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