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Les distributeurs ont une réunion ce mercredi avec le ministre de l'Économie pour parler du panier anti-inflation et des négociations sur les prix. Les industriels de l'agro-alimentaire seront reçus eux jeudi. Pour en parler, Thierry Cotillard, le président du groupe Intermarché-Netto.
Regardez L'invité de RTL du 30 août 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine, vous recevez donc ce matin le patron du groupement Les Mousquetaires,
00:13 Thierry Cotillard. Les Mousquetaires, on le rappelle, c'est notamment
00:16 intermarché ou encore netto, 3000 magasins, plus de 3000 magasins en France, 150 000 salariés.
00:21 Thierry Cotillard, vous serez tout à l'heure donc, dans quelques minutes d'ailleurs, à Bercy, aux côtés de Bruno Le Maire, qui réunit une nouvelle
00:27 fois aujourd'hui les patrons de la grande distribution.
00:29 Demain, ce sont les industriels, les grandes marques qui seront convoqués.
00:32 Le ministre a expliqué en début de semaine qu'il souhaitait vous demander de prolonger les dispositifs anti-inflation qui ont été mis en place
00:38 au début de l'été, avant l'été même. Est-ce que vous êtes prêt à jouer le jeu ?
00:42 On va jouer le jeu pour Intermarché Netto parce qu'en fait,
00:46 lorsqu'on a fait notre panier anti-inflation, on a fait le choix de mettre beaucoup de produits, 500 produits, des paies significatives de l'ordre de
00:52 16% et on a pris de la part de marché, on a 500 000 nouveaux consommateurs.
00:56 Donc nous, on va être force de proposition pour lancer une nouvelle campagne.
01:00 Après le panier anti-inflation, on va lancer 100 jours pouvoir d'achat, c'est ce qu'on va présenter à Bercy, à Monsieur Le Maire.
01:06 Et on est très agressif sur des baisses.
01:10 On reconduit les marques de distributeurs, les 500 produits, on y ajoute 500 produits de marques nationales.
01:15 Et donc ça va être un plan très offensif pour faire baisser les prix à la rentrée.
01:19 100 jours de pouvoir d'achat sur 1000 produits, ce que vous nous dites. En supermarché, on est à 3 à 5 000 produits, 20 000 en hypermarché.
01:26 C'est tout petit encore.
01:27 Alors c'est 15 000 produits en général dans un intermarché.
01:30 Mais par contre, ça représente un produit sur cinq acheté par nos consommateurs.
01:36 Donc ça va, lorsqu'on fait le choix de ces produits là, faire baisser le ticket moyen.
01:40 Et on ne va pas s'en réduire simplement à cette liste de 1000 produits.
01:45 Ce qu'il faut retenir, c'est que les Français se privent sur les produits frais, le poisson, la viande.
01:50 Donc on aura du steak haché jusque la fin de l'année à moins de 10 euros.
01:53 Ça, c'est important pour les familles.
01:54 On aura du filet de poisson à moins de 10 euros et surtout, on aura des promotions très fortes,
01:58 comme ce week-end, 4 baguettes pour 1,10 euros.
02:01 Et donc, c'est ça qu'on va mettre en avant toute l'année.
02:03 C'est vraiment efficace ces paniers anti-inflation ?
02:04 Je vous pose la question parce que quand on regarde les chiffres, et sincèrement, quand on passe à la caisse,
02:08 après avoir rempli son caddie, on le constate tous et les auditeurs qui nous écoutent le constatent aussi.
02:14 Ils ne baissent pas ces prix.
02:16 Certes, la hausse est moins forte, elle a ralenti, mais les prix continuent d'augmenter.
02:19 On est à plus 13% pour les produits alimentaires sur un an, je le rappelle.
02:23 Si on compare juillet 2022 et juillet 2023, vous me disiez "le septembre vert, c'est mort".
02:29 Oui.
02:29 Et alors vous, vous ne dites pas d'amélioration avant ?
02:31 Mars.
02:32 Pas d'amélioration avant mars ?
02:33 Non, parce qu'en fait, il y aura des baisses.
02:35 C'est-à-dire qu'on constate en ce moment plus de baisse de matière première que de hausse.
02:40 On a eu l'huile, on a eu évidemment le blé, on a en ce moment le papier.
02:45 Donc, ça a des répercussions sur les essuie-tout et tout.
02:47 Et donc, en fait, sur la MDD, on obtient des baisses.
02:50 Donc, les marques de distributeurs.
02:51 Les marques de distributeurs, on obtient des baisses qu'on répercute aux consommateurs.
02:54 Pour la marque nationale, c'est un autre débat, puisque, et c'est tout l'objet de la réunion à Bercy,
02:58 la loi n'oblige pas l'industriel à revenir et renégocier.
03:01 Les industriels, les grandes marques ne jouent pas le jeu ?
03:04 Certaines ont joué le jeu.
03:05 Donc, on va citer des Panzanides et Le Cieurt,
03:08 qui ont eu la lucidité de penser que lorsque la matière première baissait,
03:11 il fallait la répercuter pour le consommateur pour augmenter les volumes.
03:14 Et puis d'autres ne le font pas.
03:16 C'est pire que ça.
03:17 Nous, on ne va pas faire du "name and shame" de ceux qui ne jouent pas le jeu.
03:19 On va dire tout à l'heure à Bercy du "name and shame" d'une pratique qu'on dénonce,
03:24 qui est la "shrinkflation".
03:25 Alors ça, ça fait plein de mots anglais.
03:27 Donc "name and shame", c'est donner les noms un peu en pâture, en tout cas public.
03:30 Exactement.
03:30 Et alors la "shrinkflation", c'est le fait de nous proposer une innovation qui soit une fausse innovation.
03:36 C'est un produit qui existe.
03:37 C'est souvent un best-seller de la multinationale.
03:40 Et l'innovation, c'est de baisser le grammage en augmentant le prix.
03:43 Donc la boîte de céréales, je dis n'importe quoi, de 400 grammes, je la mets à 350 grammes.
03:46 Hop, le prix a baissé, mais normal, il y en a moins.
03:47 Et tu augmentes le prix et ça fait une explosion de 15%.
03:50 Aujourd'hui, au moment où je vous parle, il y a 125 propositions d'innovation dans ce style-là.
03:55 Et donc on pense que ça ne va pas dans le sens de l'histoire.
03:58 En tout cas, ce n'est pas ce qu'attendent les consommateurs.
04:00 Et on va le dénoncer.
04:01 On va demander aux industriels de devenir raisonnables sur les prix.
04:03 Donc vous allez demander à Bruno Le Maire d'interdire cette pratique, par exemple ?
04:06 Ce sera difficile de l'interdire.
04:07 Je pense qu'il faut qu'on soit dans un dialogue constructif avec les industriels
04:12 pour que, comme l'a dit le président de l'ANIA,
04:14 si on n'est pas raisonnable sur cette inflation, c'est suicidaire.
04:17 Et donc j'en appelle à la responsabilité des multinationales
04:20 de nous proposer des baisses lorsqu'elles s'imposent.
04:23 Vous dites que les industriels ne jouent pas tous le jeu.
04:25 Ils ne répercutent pas forcément la baisse du prix des matières premières.
04:30 Vous, distributeurs, vous jouez le jeu ? Vraiment ?
04:32 Oui, alors nous, en fait, c'est assez simple.
04:33 On a un modèle différent des autres, puisqu'on fabrique une grande partie de nos distributeurs.
04:39 Alors, je vais prendre un exemple que m'a soufflé Olivier Dauvert,
04:42 qui est spécialiste de la grande distribution, que les auditeurs connaissent bien
04:44 puisqu'ils le retrouvent aux côtés de Julien Courbet quasiment tous les jours.
04:48 Cet exemple, c'est celui des petits beurres,
04:50 les biscuits qu'on connaît tous, composés à 70% de blé.
04:53 La tonne de blé, on s'en souvient, avait flambé avec la guerre en Ukraine.
04:57 Et elle coûte aujourd'hui, cette tonne de blé, 6% moins chère qu'au mois de janvier 2022,
05:01 c'est-à-dire avant la guerre.
05:03 Et pourtant, mon paquet de gâteaux, lui, il ne baisse pas.
05:06 Il coûte 21% plus cher qu'il y a un an.
05:10 1,21€ pour la marque nationale.
05:12 Et du coup, avec Olivier, on a regardé votre marque, la marque distributeur,
05:16 Chabriol chez Intermarché, c'est pareil.
05:18 Notre paquet de biscuits, il était vendu à 84 centimes en août 2022.
05:22 Aujourd'hui, il est à 93 centimes plus cher, alors que le blé lui a baissé.
05:26 Alors après, c'est une composante globale.
05:29 Il y a effectivement le blé, il y a le beurre.
05:31 Il faut regarder le beurre qui a plutôt augmenté.
05:32 Puis, il y a le coût de l'électricité.
05:34 Et je dirais, en fait, vous allez toujours trouver des produits comme ça
05:38 qui auraient peut-être dû baisser, qui n'ont pas baissé.
05:40 Et c'est un métier de péréquation.
05:41 Nous, on regarde dans la globalité.
05:43 Le pari qu'on avait fait, c'était de faire une liste de produits qui soient puissantes.
05:47 500 produits, là on passe à 1 000 produits.
05:49 Et on a recruté des consommateurs.
05:51 Et que choisir ?
05:52 Et 60 millions de consommateurs ont mis en avant notre enseigne en disant
05:54 "elle a joué le jeu, elle a baissé de 16% et on a recruté".
05:57 Donc, j'ai envie de vous dire, on trouvera toujours l'exception.
06:01 Mais la volonté politique, en tout cas, d'Intermarché,
06:03 ça a été, et budgétairement on l'a fait, de renier sur ses marges d'industriel
06:07 et de distributeur pour recruter des consommateurs.
06:09 - Donc, vous reniez sur vos marges avec des prix qui, parfois, on le voit bien, ne baissent pas.
06:15 Finalement, ce n'est pas tout noir ou tout blanc.
06:17 Il n'y a pas des méchants industriels et des très gentils distributeurs, on est d'accord ?
06:21 - Ce n'est jamais comme ça.
06:23 - Vous aussi, vous devez gagner de l'argent ?
06:24 - Oui, on a une obligation parce qu'on est des chefs d'entreprise indépendants.
06:28 Donc, un adhérent nous a rejoint, a investi.
06:32 Et il a l'obligation de sortir de résultats pour, je dirais,
06:35 faire face à ces échéances financières.
06:37 Donc, tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc non plus.
06:40 Mais on sait aujourd'hui qu'il y a des zones d'amélioration.
06:43 Et ce qu'on voudrait, c'est qu'on tire tous dans le même sens.
06:46 C'est-à-dire qu'on sait qu'il y a des abus de certaines multinationales.
06:49 D'autres jouent le jeu.
06:50 Un L'Oréal, par exemple, a joué le jeu.
06:53 C'est-à-dire qu'il a eu des hausses entre 4 et 6 %
06:56 lorsque certains concurrents sont arrivés avec 8-10 %.
06:58 On s'est vu lundi, le résultat, c'est que lui a des baisses de volume de 2 %
07:02 quand le marché fait -6.
07:03 Donc, son choix était gagnant.
07:05 - Parce que c'est...
07:06 - Parce qu'il a été raisonnable.
07:07 C'est-à-dire, je pense qu'il a compris que le consommateur,
07:10 sur des marchés comme l'hygiène-beauté,
07:12 ne pouvait pas se payer des produits trop chers.
07:14 - Mais du coup, dans ce contexte héricotydien,
07:16 est-ce qu'il n'est pas temps de réorganiser des négociations maintenant ?
07:18 Les prochaines négociations, c'est pour...
07:20 - Vous savez, les mousquetaires, vous avez cité Intermarché,
07:22 on a aussi Brico-Marché, Brico-Rama, Rodi.
07:25 On est aussi en Europe.
07:26 Je reviens hier soir, j'arrive du Portugal.
07:29 Première question, vous en êtes où avec l'inflation ?
07:31 Elle a commencé comme nous, à 15 %, en janvier.
07:34 Aujourd'hui, elle est à 5 %.
07:35 Et vous savez pourquoi elle est à 5 %,
07:37 parce que la France est le seul pays en Europe
07:39 où ne nous pouvons plus renégocier après le 1er mars.
07:42 Ça se joue le 1er mars.
07:44 Qu'il y ait des hausses ou il y ait des baisses,
07:45 il faudra attendre des mois. - Donc il faudrait renégocier.
07:47 - Donc la demande auprès de Bercy va être très simple.
07:48 C'est changer-nous la loi pour nous permettre de négocier à la hausse, à la baisse,
07:53 en fonction de l'évolution des marchés.
07:54 - Et on a juste au fur et à mesure.
07:55 - Et on ne va pas se priver de parler de creux d'ail.
07:57 C'est-à-dire que de creux d'ail,
07:59 c'est quand même une loi qui va nous interdire de faire des promotions importantes
08:02 sur le non-alimentaire et on est évidemment contre ça.
08:04 - Voilà, limiter les promotions à 34 %,
08:06 on n'aura plus par exemple la lessive à -50 ou -60 %.
08:09 J'ai deux petites questions.
08:11 Alexandre Bompard, le patron de Carrefour,
08:13 évoquait hier un "tsunami de déconsommation".
08:15 Tsunami ?
08:17 - Tsunami, en tout cas une vraie inquiétude.
08:19 Le marché aujourd'hui, il est porté par l'inflation.
08:21 Quand vous allez voir les chiffres,
08:22 on va se dire "tout va bien pour la distribution", +9.
08:24 Mais c'est un -5 en volume.
08:26 Donc oui, il y a une inquiétude,
08:28 parce qu'aujourd'hui, on voit bien que les Français consomment moins,
08:31 ils changent leurs habitudes,
08:32 ils viennent plus souvent pour maîtriser leurs dépenses,
08:34 ils viennent de visite de plus dans nos supermarchés
08:36 et quand ils viennent, ils consomment 5 % de moins.
08:40 Donc oui, il y a une inquiétude
08:41 et c'est pour ça qu'on tire la sonnette d'alarme.
08:43 On dit "ça n'est pas bon pour l'économie,
08:45 ça n'est pas bon pour nos business d'avoir de la déconsommation en France".
08:48 Donc il faut réagir.
08:49 - Pour la rentrée scolaire, vous le constatez,
08:51 ce phénomène aussi, les Français achètent moins aujourd'hui
08:54 pour remplir les cartables de leurs enfants.
08:55 Vous avez des chiffres ou pas ?
08:56 - On n'a pas encore les chiffres.
08:58 On a vu le chiffre de 11 %.
09:00 - Ça, c'est l'augmentation des prix ?
09:01 - Qui est énorme.
09:02 Nous, c'est intéressant puisque le ministre Attal a dit
09:06 qu'il faudrait réfléchir à comment matifier et bien acheter.
09:09 Nous, on est plutôt rassuré, on a acheté avec une hausse de 2,70 %.
09:13 Donc on va le répercuter.
09:14 - Et pourquoi vous y arrivez et pas d'autres ?
09:17 - Bah écoutez, en tout cas, ça c'est...
09:19 - Ça veut dire que c'est possible ?
09:20 - C'est possible.
09:21 C'est-à-dire qu'on l'a annoncé.
09:22 Moi, il y a 8 mois, je disais...
09:23 - Oui, mais ceux qui nous vendent aujourd'hui à plus 11 %,
09:25 en gros, ils se moquent de nous, pardonnez-moi.
09:27 - Je ne sais pas.
09:27 En tout cas, nous, la rentrée, on savait que ça allait être compliqué.
09:30 On n'est pas des survendeurs de produits non alimentaires.
09:33 Nous, on est des spécialistes de l'alimentaire.
09:34 Donc le choix a été fait d'en faire un produit d'appel.
09:36 Donc les trois points qu'on a pris d'inflation,
09:38 et on l'avait annoncé il y a 6 mois, on avait dit
09:40 le papier va coûter moins cher, etc.
09:42 On l'a répercuté aux consommateurs.
09:43 Donc c'est une inflation de +3.
09:45 Et comme on sait qu'il y avait une attente,
09:46 on a fait des promos dingues, des promos très fortes.
09:49 Parce que si tu es malin et que tu viens chez Intermarché,
09:50 aujourd'hui, tu peux avoir...
09:51 Non, mais c'est vrai, tu peux avoir une rentrée des classes
09:54 où tu gommes l'inflation parce qu'on a des avantages-cartes,
09:57 on a des remises immédiates qui font que la rentrée des classes
09:59 coûte moins cher cette année chez nous que l'année dernière.
10:01 C'est une réalité.
10:01 - Merci beaucoup Thierry Cotillard.
10:03 J'irais vérifier le prix quand même des fournitures,
10:06 comme on a vérifié celui des petits beurres, quand même.
10:08 - Avec plaisir.
10:09 Thierry Cotillard qui annonce sur...
10:10 [SILENCE]

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