• il y a 3 mois
Thierry Cotillard, président du groupement "les Mousquetaires" était l'invité de "Tout le monde veut savoir" ce jeudi.

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00:00Bonsoir Thierry Cotillard, merci beaucoup d'être avec nous ce soir dans Tout le Monde Veut Savoir. Je rappelle que vous êtes président du groupement
00:06Les Mousquetaires, des anciennes que les français connaissent bien,
00:09Intermarché, Netto, Brico-Dépôt, 150 000 salariés dans plusieurs pays, Brico-Marché,
00:14pardon, il y a Netto et Brico-Marché, 150 000 salariés dans plusieurs pays.
00:18On va parler avec vous du pouvoir d'achat des français,
00:21de l'évolution des prix, du contexte politique, question de savoir quel impact a pu avoir cette forme d'instabilité sur le climat des affaires.
00:29Mais d'abord je voudrais commencer avec vous sur une question plus générale. Au fond, vous avez près de 3500 points de vente en France.
00:34C'est 3500, oui, c'est ça.
00:37Vous êtes une sorte de, allez, thermomètre, baromètre de
00:42ce que ressentent les français dans leur consommation,
00:45leur pouvoir d'achat bien sûr. Qu'est-ce que vous
00:48percevez en cette rentrée de l'état d'esprit des français à travers précisément ces points de vente
00:53que vous avez ? C'est d'autant plus vrai que nous sommes des indépendants qui sommes sur le terrain chaque semaine dans nos différents points de vente.
01:00Ce qu'on sent en cette rentrée,
01:02c'est l'après-gio. On a vécu un été en deux temps où
01:06juillet a été vraiment maussade, la météo, le contexte politique, et une certaine euphorie
01:11portée d'ailleurs par des volumes de ventes qui ont été au rendez-vous. C'est des croissances à
01:14dix points, donc c'est énorme. On a vraiment consommé en France et on a les sorties... Grâce aux Jeux olympiques ?
01:20Entre autres, et une météo, lorsqu'on fait 20% de progression sur les glaces, c'est aussi qu'il a fait beau.
01:25Et on a senti des français finalement assez heureux.
01:29Et en fait, toute la question est de savoir, est-ce qu'on va surfer sur cette dynamique ?
01:33Et par rapport à cette dynamique, il y a plutôt des bonnes nouvelles
01:36en cette rentrée. Une rentrée où il y a une tendance à la baisse au niveau des prix, on va l'évoquer,
01:41mais une forme de paradoxe, c'est-à-dire que moi je vois mes clients toutes les semaines,
01:46et bien ça reste difficile quand même en fin de mois. Et donc on a ce sentiment que les indicateurs progressent, mais le moral n'est pas
01:53encore au top,
01:54parce que pour une partie des français, les fins de mois sont difficiles. Et on va décliner toutes ces questions,
01:58la question de ce paradoxe, aussi des habitudes de consommation des français, mais je reste d'un mot sur
02:02les Jeux olympiques, puisque les français, effectivement, une sorte de parenthèse
02:06enchantée, euphorique.
02:09Vous avez donné les chiffres, plus 11%
02:11je crois, ça veut dire aussi que je sens de l'optimisme dans votre discours, c'est un peu une façon de répondre à
02:17notamment à tous les cassandres qui disaient les Jeux olympiques, ça va être terrible, au fond,
02:21un certain nombre de les villes où ça a lieu, ça va être vide, tout le monde va les fuir. Vous, vous avez un discours qui
02:25va plutôt à l'encontre de tout cela ? Je vais à l'encontre de tout ça, parce que
02:29là où on était présent, à Paris, en banlieue, à Lille, à Marseille,
02:33tous les adhérents du groupement ont fait du chiffre. Et moi, à titre perso, si vous voulez,
02:38j'ai fait le choix d'être là en août, c'est-à-dire, je me suis dit, ça va être extraordinaire, c'est-à-dire que
02:43l'expérience est unique de vivre les JO à Paris. Sur les plus 11%, concrètement, qu'est-ce qu'on a acheté de plus pendant les Jeux olympiques ?
02:48Beaucoup de snacking, c'est-à-dire qu'on a eu de la consommation,
02:51c'était pas pour acheter de la lessive, ça a été évidemment du sandwich, des salades, de l'eau,
02:55et puis des marchés porteurs comme les glaces, donc c'était très ciblé et on l'avait anticipé, c'est-à-dire qu'on avait pensé que c'était ces
03:01familles de produits qu'allait exploser pendant les JO.
03:03Sur la question du pouvoir d'achat des Français, Thierry Cotillard, je me souviens d'une expression utilisée par un de vos homologues, Alexandre Bompard,
03:09PDG de Carrefour, qui disait que l'hyperinflation,
03:12on l'a dépassé, une inflation notamment dans ce qui concerne l'alimentaire à deux chiffres, avait créé une forme de traumatisme
03:19chez les Français. Est-ce que vous percevez encore ce traumatisme-là
03:22dans vos clients au quotidien, dans vos 3500 points de vente ? Je pense, je crois qu'il avait raison,
03:27il y a eu un traumatisme parce que, je vous le redis,
03:30cette inflation à deux chiffres, vous avez compris, elle est derrière nous, elle est là en ce moment. Ça, vous pouvez le dire, c'est terminé.
03:35Oui, c'est terminé,
03:37l'inflation est à deux points et la bonne nouvelle pour tous les Français et les téléspectateurs qui nous écoutent, c'est que
03:42on commence à avoir une déflation sur les produits alimentaires. Déflation pour ceux qui nous regardent, c'est pas quand on disait
03:49l'inflation baisse ou c'est simplement que ça a augmenté moins vite,
03:52c'est que là franchement, ça baisse. Ça baisse, ça baisse sur les marques de distributeurs parce que vous avez des matières prebières, lorsque le
03:58blé a baissé, son cours a baissé au niveau mondial,
04:01les pâtes ont baissé, les biscuits ont baissé et ça n'a pas été que cette matière première-là, ça a été le papier, donc les essuie-tout
04:07baissent, la rentrée scolaire avec tous les cahiers ont baissé et c'est des baisses significatives de l'ordre de 7 %, donc c'est une réalité.
04:15Mais il y a eu un traumatisme parce qu'en fait, on s'est pris 20 points, on s'est pris 20 % en deux ans
04:21et la réalité, il faut le dire, on ne reviendra jamais au prix de départ, au prix de 2022. Ça, vous le dites aussi à ceux qui
04:27espéraient que ce ne soit qu'une parenthèse.
04:29Ce sera impossible parce que,
04:31et là, si on avait un industriel, il vous expliquerait, et nous, nous sommes industriels, vous savez, on a nos abattoirs, on a des usines
04:37pour fabriquer les produits à nos marques propres,
04:39les salaires augmentés, les coûts de production sont plus importants, il n'y aura pas de retour en arrière.
04:45L'objectif des prochaines négociations, puisque les marques nationales, vous le savez, on les négocie une fois par an,
04:50ce sera d'aller chercher de la déflation, mais jamais dans cette proportion de 20 %. Vous évoquiez les baisses de prix,
04:56le blé, les fournitures en cette rentrée, notamment parce que le prix du papier baisse. Ça, il faut le
05:00expliquer à ceux qui nous regardent.
05:02On demande souvent aux distributeurs d'avoir une sorte de boule de cristal. Ce n'est pas facile, mais je vais quand même vous poser la question.
05:06Parce que, ceux qui nous regardent là, ils voient certains prix qui baissent,
05:09même s'ils ne les voient pas toujours, parce qu'il peut y avoir une différence entre le ressenti et ce qu'on voit dans les rayons.
05:13Dans les mois qui viennent, est-ce que ça va continuer à baisser ? Est-ce que
05:16les risques géopolitiques peuvent contribuer à ce qu'il y ait une inversion de cette dynamique-là ? Comment est-ce que vous sentez les choses dans les
05:23mois qui viennent ? Dans les mois qui viennent,
05:26très clairement, on va continuer à avoir quelques produits sur les marques de distributeurs qui vont baisser. Donc, cette baisse
05:32qui est de l'ordre de 1 à 2 % chez Intermarché va se confirmer.
05:35Tout le pari, c'est de savoir en mars, mars c'est demain, c'est dans six mois, est-ce que les industriels auront enregistré des baisses de
05:41matières premières ?
05:42Ou il y aura de l'inflation ? Parce que, évidemment, il y a des cultures qui peuvent être empénurées. Je prends deux, trois exemples pour être très
05:49factuel. Les tablettes de chocolat
05:51vont augmenter. Le jus d'orange va augmenter. Pourquoi ? Parce qu'en fait, on a eu des pénuries d'orange
05:57au niveau de la récolte en Amérique latine. Et sur le chocolat ? Et sur le chocolat, c'est la même chose. Donc, le cours du
06:03chocolat, il n'a pas augmenté, il s'est envolé. Il a fait fois 3, fois 4.
06:07Donc, un Nestlé qui va venir avec sa tablette de chocolat, voire l'acheteur d'Intermarché, va revendiquer des hausses qui seront
06:14significatives et qui correspondraient à une réalité de marché. Et là, vous les accepterez, vous ne direz pas, ce sont des
06:18industriels qui essaient de vous la faire à l'envers, si vous permettez l'expression.
06:23Exactement. On a l'exemple d'une PME, là, en Bretagne, qui est connue pour sa mousse au chocolat, la mousse au chocolat Marie Morin.
06:28Cette PME, je peux vous dire qu'elle ne peut pas attendre mars. Donc, elle est en discussion avec mes acheteurs pour voir si, justement,
06:35dès le mois de septembre, on est en capacité à prendre quelques hausses pour l'aider à passer
06:39cette inflation de matières premières. Et d'un mot sur ce qui va continuer à baisser ? Vous évoquiez le blé, les pâtes.
06:43Les pâtes. Et puis, d'une manière générale,
06:46l'énergie est en train de baisser.
06:48J'ai envie de vous dire, ça se voit à la pompe. C'est-à-dire qu'il y a un an,
06:52l'essence était 20 centimes plus chère. Et là, on a quand même la lecture que
06:57l'effet euro-dollar est favorable et ça s'est détendu au niveau de l'OPEP. Donc, c'est plutôt une tendance pour les mois qui viennent.
07:05Il y a les prix et puis il y a les habitudes de consommation. Là encore, je le cite,
07:09pardon, Alexandre Brompard, PDG de Carrefour, qui avait parlé au moment de cette hyperinflation de tsunami de déconsommation.
07:15Est-ce que ça, vous la voyez encore ? On ne va pas parler de tsunami. Soyons juste précis. La réalité, et il avait raison, Alexandre Brompard,
07:21c'est 1,8 % de baisse en volume
07:24des consommations. Ce qui n'est pas un feu de paille, c'est que les Français ont changé leurs habitudes de consommation.
07:30On va prendre peut-être une minute pour les expliquer, ces changements d'habitude. Déjà, ils ont décidé d'aller voir plusieurs enseignes, chercher les bons plans.
07:36Donc, ils vont aller
07:38chez nous, mais ils vont aller chez d'autres distributeurs. Ils comparent de plus en plus. Ils comparent, ils cherchent les bons plans, les promos. Et puis,
07:43après, j'aime à dire qu'il y a la règle des trois tiers. Il y a un tiers des Français
07:47qui vit bien, et il ne s'est rien passé. Ils n'ont pas changé leurs habitudes. Le deuxième tiers,
07:52ces Français-là ont changé leurs habitudes, et ils ont notamment acheté beaucoup plus de marques de distributeurs, qui coûtent 30 % moins cher.
07:59Et le troisième tiers, qui provoque vraiment la déconsommation,
08:02c'est des Français qui ont changé leur habitude, mais surtout qui se sont privés de produits, et qui arrêtent d'acheter.
08:08Et ce tiers-là, vous continuez à le voir ?
08:11On le voit, et notre politique, c'est de voir comment on peut
08:16contrebalancer ça en faisant des offres commerciales. Je vous prends l'exemple très simple que tout le monde va comprendre.
08:20Le poisson et la viande a fortement inflaté et génère des baisses de marge augmentées,
08:26et fait que les volumes baissent de 5 %. Nous, chez Intermarché, on a nos bateaux
08:31pour pêcher, et on a nos abattoirs. Donc, sur la viande et le poisson, on a décidé de faire des produits à moins de 10 € le kilo.
08:38Et bien, on n'est pas en baisse, on est en progression. Donc, ça prouve bien que le Français veut consommer, c'est juste une histoire de prix de vente.
08:43Un mot sur cette déconsommation, encore.
08:45On avait constaté, du moins c'est ce que disaient les distributeurs, comme vous, que les Français se privaient de ce qu'on appelle les achats-plaisirs.
08:53Le jouet pour son enfant, pour son fils, pour sa fille,
08:57la petite sucrerie qui peut faire plaisir, dont on peut se passer, mais qu'on a quand même envie d'acheter.
09:02Est-ce que ça, ça se remet un petit peu en marche, cet achat-plaisir ?
09:06Ça se remet, et la plus grosse famille qui avait été impactée par cette inflation à deux chiffres, c'était le bio.
09:11Et là, la bonne nouvelle, c'est que ça revient.
09:13C'est-à-dire que le bio...
09:15C'est un achat-plaisir, le bio ?
09:17Non, mais c'est un achat, je dirais, responsable.
09:19C'est citoyen.
09:21Et la bonne nouvelle, c'est que les Français ne se détournent pas du bio.
09:23On a quand même eu des baisses de 10 %, et là, ça repart.
09:27Donc, c'est une bonne nouvelle, parce qu'en amont, vous avez des producteurs de lait bio, des producteurs de céréales bio,
09:32et ça veut dire que la filière va se sentir mieux demain.
09:34Marie Cotillard, l'année a été marquée, c'était en début d'année, par la révolte des agriculteurs.
09:39Visiblement, les problèmes sont loin d'être résolus.
09:42Écoutez le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
09:45Il était ce matin au micro d'Apolline de Malhermont.
09:47Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
09:49Avec un effet des multiplicateurs, c'est le sentiment d'avoir été floué.
09:52Les transformations ne sont pas concrètes.
09:54Les adultes n'ont pas le sentiment que les choses ont changé.
09:56Il y a le sentiment, clairement, d'avoir été floué, pris pour des jambons, si vous voulez.
10:02Ça finit avec beaucoup de frustration et le sentiment que, finalement, dans ce pays,
10:06si on n'utilise pas la violence à une forme de démagogie, on n'est pas entendu.
10:10Rien n'a changé ?
10:12Moi, j'ai débattu avec Arnaud Rousseau à la REF du MEDEF à la rentrée.
10:17Je pense qu'on entend moins parler de la colère, mais la crise, elle est toujours là.
10:21C'est-à-dire que c'était une crise multifactorielle.
10:23L'État avait sa responsabilité d'engager sur des surtaxes, sur un maximum de contraintes pour la production.
10:30Toutes les réponses n'ont pas été apportées.
10:32Et puis, il y a un sujet, et là, on ne va pas se défausser, on va prendre notre responsabilité,
10:36qui est le sujet crucial, c'est la rémunération des agriculteurs.
10:39Les distributeurs ont souvent été pointés du doigt en disant que c'est à cause de vous,
10:44parce que vous mettez la pression sur les agriculteurs pour, comment dire,
10:50au fond, avoir les marges les plus importantes.
10:52Vous avez fait votre examen de conscience ?
10:54On l'a fait et on a la conclusion de penser qu'on est concerné
10:57et qu'on prendra notre part de responsabilité.
10:59Si demain, il n'y a pas d'agriculture, on vendra quoi dans nos intermarchés et nos netto ?
11:03Donc, par rapport à l'appel et la remarque de Arnaud Rousseau,
11:08nous, on appelle à plus de directivité et de transparence.
11:11Je m'explique, il faut ouvrir justement le capot, savoir qui gagne quoi,
11:15et puis être beaucoup plus dirigiste et cadrer tout ça.
11:17Donc, une proposition sur laquelle on est d'accord avec Arnaud Rousseau,
11:21c'est de penser qu'il y a un premier niveau négociation entre agriculteurs et industriels.
11:26Ce prix d'achat, on les met dans les conditions générales de vente,
11:29on n'y touche pas, on les sanctuarise, la fameuse sanctuarisation,
11:32et on nous laisse négocier le reste.
11:34Et ça, ce n'est pas dans la loi, c'est ce qu'on propose,
11:36ils ont l'air d'être favorables, on le soutient,
11:38et si on fait ça, ça aidera vraiment à ce que ça aille mieux.
11:41Mais un point très concret, est-ce que vous pensez que dans les semaines,
11:43les mois à venir, on peut revoir des agriculteurs dans la rue ?
11:47En ce moment, c'est compliqué parce qu'en termes de récolte,
11:49ça ne serait pas la bonne période, mais est-ce que vous pensez que,
11:51clairement, on peut se retrouver dans les mois qui viennent
11:54le même type de révolte que ce qu'on a vu en janvier ?
11:56Bien sûr, parce qu'en plus, vous avez eu des crises conjoncturelles
12:00qui viennent s'ajouter, la crise de la langue bleue,
12:02il y a la crise aussi des céréaliers, parce que la récolte a été mauvaise,
12:05mais bien sûr, il faut être lucide, et ce qu'il faut,
12:08c'est qu'on ait justement un changement de gouvernement.
12:11Il nous faut des responsables politiques qui anticipent,
12:14là où ça commence à fatiguer tout le monde,
12:16c'est en gestion de crise qu'on fait des annonces,
12:18C'est ce que le gouvernement a fait ?
12:20Pour partie, mais pas assez,
12:22puisqu'aujourd'hui, Arnaud Rousseau le dit,
12:24il y avait trop d'effets d'annonce, et ce qui serait intéressant,
12:26c'est que les négociations commencent dans deux mois,
12:29avant de commencer les négociations,
12:31qu'il y ait une urgence à traiter ce sujet avec ce nouveau gouvernement.
12:34On va parler dans un instant du nouveau gouvernement,
12:36mais juste avant, toujours sur la question du pouvoir d'achat,
12:38il y a la question des salaires, et il faut dire que vous avez
12:40un discours assez singulier, certains diront hétérodoxe,
12:43là où la plupart des patrons disent, non, non, le SMIC,
12:45il ne faut pas y toucher, les salaires, oui, mais vous comprenez,
12:47il y a la question de la compétitivité, je vous ai écouté,
12:49et quand on vous interroge sur le SMIC à 1600 euros,
12:51vous dites, il faut peut-être y réfléchir,
12:54donc ça veut dire que vous assumez de dire qu'il faut augmenter
12:57de façon importante le salaire minimum,
13:00qui, je rappelle, est aujourd'hui à 1400 euros net.
13:03Moi, j'ai un discours avec des convictions,
13:05et je représente des chefs d'entreprise qui sont sur le terrain,
13:07et qui ont des employés qui sont aussi leurs consommateurs.
13:10Donc la conviction que j'aime et que nous avons,
13:13c'est que les salaires, oui, doivent augmenter
13:16quand il y a des périodes de très forte inflation.
13:18Et ce n'est pas que des déclarations,
13:20c'est-à-dire qu'on a regardé, bien évidemment,
13:22ce qu'on a fait sur les salaires dans nos supermarchés depuis 2022.
13:25Ils ont pris 10%.
13:27Et ce qu'on dit, c'est qu'à minima, il faut engager en France
13:30une réflexion sur ces salaires,
13:33parce que le vrai risque, c'est la paupérisation.
13:35Et donc la paupérisation, ça veut dire la déconsommation,
13:38et c'est le début de quelque chose qui n'est pas versé.
13:40Mais donc concrètement, le SMIC à 1600 euros,
13:42vous dites, pourquoi pas ?
13:44En tout cas, je le dis, attention, pas brutalement,
13:47parce que bien évidemment, du jour au lendemain,
13:49ce serait tuer des entreprises, notamment les plus petites
13:51qui n'en auront pas les moyens,
13:53mais donner une trajectoire ferait sens, et surtout...
13:55Donc un horizon allant de, aujourd'hui, nous sommes à 1400,
13:58jusqu'à 1600, progressivement.
14:00Et puis je vais vous donner un exemple,
14:01c'est que nous, on a une pratique dans la convention collective
14:04de la grande distribution alimentaire,
14:06c'est qu'on a un 13ème mois.
14:08Le 1300 et quelques euros, lorsque vous touchez
14:10le 13ème mois en janvier, quand vous faites la moyenne mensuelle,
14:12ça fait 1595 euros.
14:14Eh bien, je dis, pourquoi ne pas réfléchir
14:17sur certaines professions qui en auraient les moyens,
14:19et qui ne mettraient pas en danger, évidemment,
14:21leur équilibre économique, cette proposition
14:23de faire avancer sur un 12ème mois et demi,
14:25ou un 13ème mois, comme on l'a fait il y a quelques années.
14:27Et c'est évidemment une position qui nous permet
14:30de fidéliser nos collaborateurs et de rester dans nos enseignes.
14:33Mais vous voyez bien, Thierry Coutillard,
14:34que vous êtes assez seul à tenir ce discours.
14:36Il y a le patron de Michelin, qui avait, lui, pour le coup,
14:38assumé de dire que, pour que le salaire soit décent,
14:40c'était l'expression qu'il utilisait,
14:41il fallait augmenter les salaires dans son entreprise.
14:43Mais sinon, quand on parle du SMIC à 1600 euros
14:46à des patrons et à des chefs d'entreprise,
14:47c'est plus souvent l'idée de la compétitivité
14:50et de la difficulté de payer ce type de salaire.
14:52Oui, mais on tombe un peu dans la caricature
14:54de penser que les patrons s'opposeraient à ça.
14:56Vous savez, la première ressource dans mon entreprise,
14:58ce sont mes salariés.
14:59J'ai tout intérêt à ce qu'ils se sentent bien,
15:02qu'ils aient les moyens de vivre
15:04et qu'ils s'épanouissent dans nos entreprises.
15:05Je crois que c'est d'un autre temps que d'opposer ce sujet,
15:08en tout cas, de ne pas assumer de le poser sur la table.
15:11Et je vous le redis, de passer de 1300 à 1600,
15:14ça tuerait à trop d'entreprises,
15:15mais par contre, donner une trajectoire ferait sens.
15:17Thierry Cotillard, un mot sur la politique.
15:19Les milieux économiques se plaignaient de l'instabilité
15:22créée par la dissolution,
15:23par le fait qu'il n'y avait pas de Premier ministre.
15:25Là, il y en a un, Michel Barnier.
15:26Alors, on n'a pas encore de gouvernement,
15:27on ne peut pas tout avoir.
15:28Mais malgré tout, est-ce que vous êtes, à minima,
15:30satisfait du choix qui a été fait par le président de la République ?
15:33On est ravi d'avoir un Premier ministre,
15:34parce qu'évidemment, il y avait un certain flou.
15:38Maintenant, on souhaite,
15:39si on avait plusieurs choses à exprimer,
15:41qu'il puisse réussir à former un gouvernement
15:44qui, évidemment, rassemble plus de Français.
15:47Michel Barnier, c'est probablement quelqu'un
15:50qui a une vraie expérience,
15:51c'est quelqu'un qui a aussi la culture du compromis.
15:53Et là aussi, en France, il faudra
15:55qu'on développe cette culture du compromis,
15:57parce qu'en fait, avec trois blocs,
15:59il va bien falloir se mettre d'accord
16:00pour faire bouger les lignes.
16:01Et c'est ce qu'attendent les Français.
16:02Il n'y a pas eu tout ça pour qu'il n'y ait pas de changement.
16:04Donc, c'est vraiment ce qu'il faut qu'il se passe.
16:06Et puis, nous, en tant que chefs d'entreprise,
16:08on a besoin d'être rassurés sur notre capacité
16:11à investir, à recruter.
16:13C'est-à-dire quoi ? Vous demandez stabilité ?
16:15Non, pas sur tout, mais par exemple,
16:17je vais vous donner un exemple pour être très conscient.
16:18Sur les impôts, par exemple ?
16:19Sur les impôts, on n'en demande pas plus,
16:21et on demande surtout l'équité fiscale.
16:23C'est-à-dire que lorsque Amazon,
16:24qui prend le marché du non alimentaire,
16:26ou d'autres enseignes qui ne sont pas soumises
16:29à la fiscalité française,
16:30on demande d'être à la même enseigne
16:31et qu'ils soient taxés comme nous,
16:32et ça rapportera en plus des revenus
16:34au niveau de la France.
16:35Ce qu'il faut absolument sur tous ces sujets,
16:40c'est qu'on soit rassurés, par contre,
16:42aussi sur notre capacité à recruter.
16:44Et là, il ne faut pas tout jeter.
16:45Vous savez, la chose extraordinaire
16:47qui a été faite ces dernières années,
16:48c'est de faire découvrir nos métiers aux jeunes.
16:51Donc l'apprentissage.
16:52Grâce à l'apprentissage, il y a eu des aides,
16:53donc ce qu'on demande, c'est que tout ça
16:54ne soit pas supprimé et que ça puisse être reconduit.
16:56Pour finir un mot, Thierry Cotillard,
16:58sur la question de la précarité étudiante,
17:00peut-être que quelques étudiants,
17:02beaucoup, on espère, nous regardent
17:04et vivent au quotidien en cette rentrée
17:06la difficulté de se loger, de se nourrir.
17:10Qu'est-ce que vous pouvez faire pour eux ?
17:12Il ne faut pas qu'on oublie qu'on a tous été étudiants
17:14et c'est une période en septembre qui est compliquée.
17:16On a eu un plan chez les mousquetaires.
17:18On s'est dit qu'on allait, à notre niveau,
17:20les aider à passer une meilleure rentrée.
17:22Vous venez de le dire, il faut se déplacer.
17:24On a une enseigne qui s'appelle Rodi.
17:25Ils vont faire 25 % de remise sur les vidanges.
17:27Il faut s'installer.
17:29On a Brico-Rama qui va faire un kit.
17:30Il y aura un bureau, une lampe,
17:31et puis la chaise pour 85 euros.
17:33Le plus important en termes de masse,
17:35c'est l'alimentaire.
17:37Exceptionnellement, pour cette rentrée 2024,
17:39quand les étudiants vont aller dans notre appli,
17:41il y aura une communauté.
17:42Ils auront 10 % de plus.
17:44Je trouve que c'est super.
17:45En tout cas, ça va dans le sens que ça va aller mieux.
17:47Et puis, il y a beaucoup d'étudiants
17:49qui ont besoin de bosser.
17:51Les mousquetaires, c'est 4 000 à 5 000 offres
17:53dès la rentrée d'emploi
17:56pour nous aider à accueillir nos clients le week-end.
17:58C'est une offre aussi intéressante pour eux.

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