Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari reçoit Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires, pour évoquer les sujets de l'inflation, de la crise agricole et de la Nouvelle-Calédonie.
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00:00 [Musique]
00:04 18h40, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1 avec Thierry Cotillard.
00:09 Bonsoir Thierry Cotillard, président du groupe Moi les Mousquetaires.
00:12 Ravie de vous avoir ce soir. On est toujours avec Jean-Sébastien Ferjou et avec Baptiste Morin du service économique d'Europe 1.
00:17 Bonsoir à vous. On va parler évidemment de l'inflation, du pouvoir d'achat, de la vie chère,
00:21 de ce qui se passe entre le rapprochement de votre groupe et les magasins casinos que vous êtes en train de racheter.
00:27 Mais avant ça, j'aimerais parler un petit peu de la situation en Nouvelle-Calédonie, très compliquée,
00:31 notamment pour le ravitaillement des supermarchés. On sait qu'il y a eu des pillages, il y a eu des saccages dans ces supermarchés.
00:37 On va juste écouter quelques réactions de consommateurs là-bas dans les supermarchés et vous allez nous dire comment s'organise le ravitaillement. Écoutez.
00:44 Alors moi je me suis concentré sur les produits de première nécessité, à savoir ce qui concerne l'hygiène et ce qui est facile à préparer,
00:52 ce qui est facile, pâtes, riz, un peu de viande, quelques boîtes de conserve.
00:57 Le but c'est de ne pas surcharger les sacs puisqu'on doit rationner, il faut partager avec tout le monde.
01:02 Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie de voir un magasin ouvert.
01:05 Donc là en ce moment tout est bon par rapport à tout ce qui est noir dehors.
01:09 Honnêtement, d'habitude je ne mange pratiquement pas de pain, mais étant donné qu'on est rationné, je me mets à manger du pain.
01:15 Voilà, il parle de rationnement. Est-ce qu'il y a un risque de pénurie tirée quotidien ou pas ?
01:18 Il n'y a pas de risque de pénurie puisque nous on n'exploite pas directement des magasins, on a un partenaire.
01:24 Et le partenaire a été livré juste avant les meutes et il peut tenir un mois.
01:28 Donc le sujet ne va pas être celui-là, le sujet va quand même être de pouvoir livrer les magasins.
01:33 C'est-à-dire qu'on n'est pas à l'abri d'avoir des blocages aux sorties de nos deux bases et donc de ne pas pouvoir livrer les magasins.
01:40 En tout cas le partenaire, et d'ailleurs je voudrais avoir une pensée et un mot de solidarité pour eux,
01:44 parce que la situation est quand même très compliquée. Notre partenaire a neuf points de vente,
01:48 sur les neuf, deux ont été totalement pillés et brûlés. C'est quand même de ça dont on parle, c'est vraiment grave.
01:54 Et sur les sept qu'il peut encore exploiter, deux sont vraiment en mode dégradé, c'est-à-dire ils sont aidés par la police,
02:00 on filtre et effectivement dans tous les magasins il y a des quantités qui sont limitées.
02:04 Bien sûr, et on voit qu'il y a une forme de solidarité quand même chez les consommateurs,
02:09 qu'ils ne s'en prennent pas trop parce qu'ils font un essai pour les autres.
02:11 On avait connu ça, rappelez-vous, avec le Covid, des consommateurs responsables qui comprenaient et agissaient dans le sens de l'action.
02:19 Thierry Cotillard, où est-ce qu'on en est de l'inflation ?
02:21 Baptiste Morin qui est là nous dit que, Baptiste, il y a une petite baisse des prix.
02:26 Pour la première fois en deux ans et demi, c'est au négatif, mais c'est -0,1%, donc c'est anecdotique,
02:33 mais quand même on passe dans la période négative, on était dans la période positive, des taux à +20, +16.
02:40 C'est exactement ça, alors c'est fini cette inflation, les chiffres, les 20% c'est derrière nous.
02:46 On est quand même en cumul depuis le début de l'année en légère inflation à 1,5-2%, mais il y a de bonnes nouvelles.
02:52 Les bonnes nouvelles, c'est ce que vous dites, un début de déflation,
02:56 on a surtout des produits de marque-distributeur qui sont en baisse significative,
03:00 nous on a 1000 produits depuis le 1er janvier en baisse, avec du moins 15% sur des lessives, sur des frites surgelées,
03:07 donc des produits très importants pour les Français, et puis des marques nationales aussi,
03:11 où vous savez, au sortir des négociations, on a plutôt eu de l'inflation de l'ordre de 2-3 points,
03:15 et on fait le choix, parce qu'il y a une vraie compète entre les enseignes, de renier sur nos marges,
03:20 et donc de commencer à baisser aussi les prix sur les marques nationales,
03:24 et d'ailleurs on ne s'y trompe pas, 700 000 nouveaux clients chez Intermarché Netto,
03:28 donc ça prouve que quand on fait des prix et qu'on achète de la MDD, on peut baisser un peu son panier.
03:33 - MDD c'est ? - Marque de Distributeur, pardon.
03:35 - Merci, vous n'êtes pas obligé de baisser les prix, parce qu'il paraît qu'il y a la déconsommation maintenant.
03:39 Les Français achètent moins ? - Alors, ils achètent différemment,
03:43 c'est-à-dire qu'on a vu, effectivement depuis le début de l'année, une baisse en volume de l'ordre de 0,5%,
03:49 ça c'est une réalité, mais en valeur ça augmente, puisque portée toujours par l'inflation qui est à 2%.
03:54 La réalité, c'est que, avant de parler de déconsommation, parlons plutôt d'une consommation différente.
03:59 Qu'est-ce qui se passe ? Les Français choisissent plusieurs enseignes pour aller prendre la promo dans l'un,
04:05 le premier prix dans l'autre, et puis la bonne affaire de la semaine dans le troisième,
04:09 et puis lorsqu'ils sont face au rayon, c'est vraiment la baisse des marques nationales au profit des marques de distributeur
04:15 ou des marques de premier prix, les marques de premier prix sont à +10 ou +15 selon les familles de produits,
04:20 donc on voit en fait un Français qui a évolué dans sa consommation.
04:24 Thierry Cotillard, qu'est-ce qui monte, qu'est-ce qui descend ? Les produits d'hygiène, paraît-il, sont en train d'augmenter.
04:29 Alors, on a un vrai sujet sur les produits d'hygiène, c'est la conséquence de la loi de Crozay,
04:36 on pouvait faire des produits sur des shampoings, des promotions très fortes à 60-70%, c'est interdit maintenant,
04:42 c'est plafonné à 34%, donc qu'est-ce qu'on a fait nous les distributeurs ?
04:46 On a baissé le prix en fond de rayon parce qu'on a des volumes qui sont à -8 sur les shampoings,
04:51 à -7 sur l'hygiène en général, et une étude qui vient de sortir nous dit qu'un Français sur deux
04:57 se limite dans la consommation de produits d'hygiène, donc nous, on est là pour les rendre accessibles,
05:02 et pour les rendre accessibles, on a plutôt baissé ces prix en rayon.
05:06 En revanche, vous avez de l'inflation très forte liée à la matière première, c'est le cas du cacao x10,
05:14 c'est le cas du café et c'est le cas de l'huile d'olive, alors c'est pas vrai sur l'huile de tonosol,
05:18 mais l'huile d'olive est en train de prendre +30%, donc on voit bien que selon les aléas climatiques,
05:23 on a encore des inflations à venir.
05:25 Mais on reste sur une tendance à venir assez stable.
05:29 Stabilité, inflation, contenu, et c'est une bonne nouvelle.
05:32 Pas de déflation en fait, on va jamais gagner.
05:36 Vous ne l'aurez pas parce que nous avons acheté en février pour 12 mois,
05:40 la prochaine négociation aura lieu en 2025, et à ce moment-là, si l'électricité a baissé,
05:46 si l'emballage a baissé, si les containers qui viennent d'Asie ont encore baissé,
05:50 on aura un objectif de déflation à l'achat, et qu'est-ce qu'on fait nous, le distributeur ?
05:53 On répercute évidemment tout de suite pour le consommateur, et à ce moment-là, on aura de la baisse.
05:57 En tout cas, le pouvoir d'achat a un impact sur la vie des Français.
06:00 On a posé la question à nos téléspectateurs et auditeurs,
06:02 est-ce que la hausse des prix remet en question vos projets de vacances pendant l'été ?
06:06 Oui, à 67%, c'est ça la réalité.
06:08 C'est ça la réalité, et puis je vous parle des produits d'hygiène qui sont effectivement
06:12 difficilement accessibles en termes de prix, et puis vous avez les produits frais,
06:16 c'est un vrai sujet, les fruits et légumes, la viande, le poisson.
06:20 Donc nous, on a une spécificité, on est pêcheurs, on a nos bateaux, on a nos abattoirs,
06:25 et là, on fait le choix de renier sur la marge d'industriel que nous sommes
06:29 pour rendre le steak achat accessible à moins de 10 euros,
06:32 et là, vous faites plus 50% de volume, donc vous voyez bien qu'il y a une élasticité,
06:36 un vrai rapport des volumes.
06:37 C'est ça le secret, c'est d'être maître de chaque étape de la chaîne pour essayer d'aller gratter.
06:41 Aujourd'hui, c'est la vision que notre fondateur a eue il y a 50 ans,
06:46 pour les commerçants indépendants que nous sommes, et bien écoutez, ça fait vraiment la différence.
06:50 Parce qu'on irait voir Charles, le vendeur de viande, on lui dirait "pas de marge sur ta viande",
06:56 et on va mettre ce prix-là, il refuserait, et d'ailleurs Carrefour et tous nos confrères
07:00 ne peuvent pas suivre les prix qu'on fait, donc c'est un vrai avantage concurrentiel.
07:04 Je dis souvent, c'est une arme de différenciation qui va faire la différence,
07:08 et les Français ne s'y trompent pas, ils viennent de plus en plus chez nous faire leurs courses.
07:11 Vous lancez des opérations régulièrement de produits à bas prix, je veux dire ?
07:16 Produits à bas prix, et puis je vous le dis, la distribution française est connue pour être l'une des plus agressives.
07:22 Alors ça déplait aux industriels, qui trouvent qu'on est peut-être un peu trop au service du pouvoir d'achat.
07:27 En tout cas, quand vous avez un Leclerc sur le parking ou en face, vous avez intérêt à surveiller vos marges,
07:32 aller serrer au maximum et à essayer de le suivre.
07:35 Donc la compète est souvent au bénéfice du consommateur et c'est une bonne nouvelle.
07:39 Jean-Sébastien Fergevay, une question, intérêt quotidien.
07:41 Oui, les Français disent souvent qu'ils sont prêts à dépenser plus pour manger mieux.
07:45 Est-ce qu'avec le contexte d'inflation qu'on a connu, vous avez constaté que c'était le cas ?
07:50 Ou est-ce qu'ils n'en ont pas les moyens ? Ou est-ce qu'autre hypothèse aussi, ça relève un peu parfois de l'hypocrisie ?
07:56 Il y a la déclaration et il y a ce qu'on constate. Nous, on est des exploitants de point de vente.
08:00 Donc je vois, ne serait-ce que dans les magasins que j'exploite, la réalité.
08:05 Vous avez eu, si on prend l'exemple du bio, des produits un peu plus chers, une vraie sanction.
08:10 Vous êtes à -10 en vente et là, ça repart. Donc on sent, vous voyez, que ça se détend et que ça repart.
08:15 Mais la réalité, c'est que vous avez en fait deux catégories de Français.
08:19 Il y a ceux qui ont été impactés parce que leur salaire leur oblige à faire des arbitrages.
08:25 Donc on dit que c'est deux tiers des Français qui choisissent la MDD, qui mangent un peu moins de produits frais.
08:29 Et puis il y a un tiers des Français qui n'est pas impacté parce qu'ils ont un bon pouvoir d'achat.
08:32 Et ces gens-là continuent à consommer de la viande, du produit biologique.
08:37 Et finalement, ça ne change pas. Mais notre attention porte sur le plus grand nombre.
08:41 Et le plus grand nombre, je peux vous confirmer, a modifié ses habitudes et à nous de nous adapter pour apporter des solutions.
08:46 Tirez côté, hier, sur votre relation aux industriels, justement. Il y a eu la question de leur responsabilité.
08:51 La vôtre aussi, dans la crise agricole. Vous avez dit à l'époque que la loi Egalim ne marche pas.
08:56 Où est-ce qu'on en est aujourd'hui, pour vous ?
08:58 Alors, il est encore temps de réagir, puisqu'il y aura un décret, un projet de loi à la rentrée.
09:02 Donc, nous, on veut être force de proposition. Parce que même si on n'en parle plus, je pense que le mal-être agricole, il est toujours là.
09:09 Il y a eu des solutions apportées sur la compétitivité du monde agricole par le gouvernement. Très bien.
09:14 Mais sur le sujet de la rémunération, on ne va pas se cacher derrière notre petit doigt.
09:18 La grande distribution, c'est quand même la moitié des débouchés agricoles.
09:21 Donc on considère, en tout cas pour Intermarché Netto, qu'on a une part de responsabilité.
09:25 Donc on est force de proposition. Et qu'est-ce qu'on voudrait ? On voudrait une obligation de la transparence.
09:30 Il faut bien comprendre que lorsqu'on achète un yaourt ou un fromage dans lequel il y a du lait, moi, je n'ai pas la lecture du prix auquel on achète le lait.
09:38 Donc il faut aller plus loin. Il faut imposer que l'industriel négocie, avant de venir nous voir, le prix du lait, et on n'y touche pas.
09:46 On le met dans nos conditions générales de vente, et ça permettra de sécuriser le revenu des agriculteurs.
09:51 La loi ne prévoit pas ça. On a cette opportunité avant septembre de l'imposer.
09:56 C'est un enjeu, dans les élections européennes, on parle beaucoup de ça. Certains candidats parlent beaucoup de ça, de ces marches, l'actualise, etc.
10:04 Oui, alors c'est un sujet politique. On a même, je crois, des candidats qui sont fils des agriculteurs, donc j'espère qu'ils en font un vrai combat.
10:13 Et je vous dis, le politique va avoir un rôle à jouer. C'est-à-dire que si les règles du jeu sont claires, ça peut paraître bizarre d'ailleurs,
10:21 pour un acteur économique qui vit plutôt dans un monde libéral, de demander à avoir plus de directivité, mais on l'assume,
10:28 parce que, vous comprenez bien, la Ferme France, on la soutient. Nous, on la soutient parce qu'on a nos usines,
10:33 parce que si demain, il n'y a plus de produits agricoles, il n'y aura plus de produits dans les rayons, et ça ne tourne pas, nos métiers.
10:39 Donc, il faut absolument qu'on trouve une solution, d'autant que si c'est la règle du jeu, vous savez, c'est une histoire de compétitivité.
10:44 Si le prix du lait, on se dit, c'est 45 centimes pour que tout le monde en vive, si c'est le prix qu'achètent Leclerc, Carrefour et Intermarché,
10:50 on fera la différence sur tous les autres produits.
10:52 Et l'idée de prix plancher, vous êtes contre ?
10:55 Moi, j'ai surtout la discussion avec les acteurs du monde agricole, donc le président de la FNSEA, qui est expert du sujet,
11:05 voit dans cette proposition le risque d'un dépositionnement de l'agriculture française par rapport à l'international.
11:12 Donc, oui, ça semble être une bonne idée sur le marché intérieur, mais dès que vous allez exporter,
11:17 est-ce qu'on va pouvoir exporter en masse si on est dépositionné en prix ?
11:21 Moi, je crois plus à l'obligation d'être transparent et puis d'avoir une marche en avant avec, comme on l'a dit,
11:28 un premier séquençage de négo entre industriels et agriculteurs, et nous derrière, sans pouvoir y toucher.
11:32 Thierry Cotillard, vous êtes le président du groupement Les Mousquetaires.
11:35 Vous êtes en train de racheter petit à petit tout le groupe Casino, les magasins.
11:39 Ça se fait par petits blocs, c'est ça ?
11:42 Par vagues successives.
11:43 Par vagues successives.
11:44 Il y a six mois, on avait basculé 58 casinos sous l'enseigne Intermarché, la semaine dernière, 33.
11:50 Ce matin, 33 nouveaux, et encore un nombre de trois vagues jusqu'à fin septembre.
11:56 Au final, vous aurez 294 supermarchés, casinos ou hypermarchés géants qui vont devenir intermarchés ou netto.
12:04 Et vous avez également des points de vente qui vont devenir au champ.
12:07 Et pour une minorité Carrefour, je le cite parce que je pense que les téléspectateurs sont curieux de savoir
12:12 à quelle enseigne va arriver près de chez eux.
12:15 Eh bien, en tout cas, la bonne nouvelle pour Les Mousquetaires, c'est qu'on sera plus proche des Français.
12:20 Vous aurez un intermarché, non pas tous les 17 kilomètres, mais tous les 12 kilomètres.
12:24 Donc, vous imaginez le maillage qu'on va avoir.
12:26 On va pouvoir proposer les produits qui sont fabriqués en France dans nos usines et puis surtout des prix.
12:30 On en a parlé, il y a un sujet. C'est -18, quoi. C'est ça la réalité. -18% ?
12:35 -18% !
12:36 -Par rapport à casinos ?
12:37 -Par rapport à casinos.
12:38 -Et comment vous allez réussir l'intégration de tous ces nouveaux magasins qui étaient pour beaucoup dans le rouge ?
12:42 -Alors, c'est un pari... Déjà, il faut dire que c'est un chantier titanesque, parce que ce qu'on va faire là,
12:48 c'est 15 ans exactement de croissance en six mois.
12:53 Ça ne s'est pas fait depuis l'opération Carrefour Promodess, et rappelez-vous, c'était il y a 25 ans, c'était en 98.
13:00 Donc, on y va avec, je dirais, beaucoup d'énergie, d'envie de réussir, évidemment,
13:04 et nos chefs d'entreprise, aujourd'hui, refont les points de vente, embarquent surtout les équipes casinos,
13:11 parce qu'en fait, il y a un projet commercial et puis il y a quand même un projet humain.
13:14 -Mais c'est ça, vous vous êtes engagés quand même à qu'il n'y ait pas de casse humaine.
13:17 -C'est ça. C'est le projet qu'on a, parce qu'on croit en la croissance,
13:21 c'est-à-dire en baissant les prix de 20 %, on va faire revenir des clients,
13:24 et si on fait venir des clients, on peut envisager une croissance de 30 %,
13:28 et si vous faites 30 %, à ce moment-là, vous payez les loyers, les charges, et vous devenez bénéficiaire.
13:33 On n'est pas à l'abri, et je tiens à le dire pour être très clair avec les partenaires sociaux,
13:36 que sur 294 points de vente, il y ait quelques exceptions,
13:40 qu'il y ait quelques points de vente qui, réellement, ne soient finalement pas en capacité à passer du rouge au vert,
13:47 mais ce n'est pas la copie qu'on veut, on est en train de mettre toute notre énergie pour que tout ça soit au vert.
13:53 -Jean-Sébastien Terjou ? -Oui, qu'on baisse les prix de 20 %,
13:55 où il y a un décalage de prix de 18 % entre les produits intermarchés et les produits des réseaux casinos,
14:00 c'est une moyenne, on sait, une moyenne, j'ai les pieds dans le frigo, la tête dans le chaud,
14:04 ma température moyenne est bonne. Donc votre choix chez intermarché,
14:07 parce que bien souvent derrière ces moyennes-là, c'est qu'on baisse fortement sur certaines catégories de produits,
14:10 et on les augmente sur d'autres, ou on ne les baisse pas sur d'autres.
14:14 Donc qu'est-ce que vous privilégiez, quelles sont les catégories de produits que vous privilégiez pour baisser les prix ?
14:19 -Alors, le -18, c'est la moyenne, donc vous aurez du -30 sur certaines catégories,
14:25 et peut-être simplement du -10, il n'y a aucune catégorie qui va être en inflation,
14:28 tellement l'écart, il était incroyable. Nous, on privilégiait la baisse sur les produits frais.
14:33 C'est-à-dire qu'on va vraiment avoir des écarts significatifs sur notre poisson, sur notre viande,
14:38 et puis ce qu'on appelle des familles d'attaque, c'est-à-dire qu'on a des vraies stratégies commerciales,
14:41 c'est les couches, par exemple, on sait que c'est des produits très importants pour les familles.
14:46 On veut aussi capter ces dépenses-là, parce qu'évidemment, des gens qui ont des enfants dépensent,
14:52 et bien on a des couches à prix coûtant et on a la chance d'avoir une usine.
14:55 -Les produits frais, ce sont souvent les petits producteurs derrière, les agriculteurs ou les pêcheurs,
15:00 justement on descend beaucoup les prix, est-ce que ça m'intrigue ?
15:03 -Oui, on a cette possibilité parce qu'on a intégré la filière,
15:08 c'est-à-dire que le poisson qui est sur l'étale d'intermarché, c'est important de le réexpliquer,
15:13 finalement ce sont nos salariés qui sont sur nos bateaux,
15:16 donc finalement il n'y a pas de sujet de où va la marche,
15:19 puisqu'on a la contribution totale de toute la chaîne.
15:22 -Et cette concentration dans le secteur de la grande distribution,
15:24 c'est aussi pour faire face à la concurrence de Leclerc, de certains grands acteurs ?
15:29 -C'est ce qui est en train de se passer, on nous cite puisque c'est l'actualité,
15:33 vous aurez dans quelques mois Carrefour qui va reprendre Cora,
15:36 et on sera dans le même schéma,
15:38 et donc on a la lecture de penser qu'une taille critique de la distribution en France,
15:42 ce sera 20%, nous vous savez qu'on est autour de 16%,
15:46 on va passer à 18, 18,5%, et on ira, c'est l'objectif qu'on s'est fixé,
15:51 chercher 20%, et pourquoi 20% c'est important, pourquoi être plus gros ?
15:55 Parce que c'est un poids qui nous permet de peser sur les grandes multinationales,
15:59 les Coca et autres Unilever,
16:02 et puis on ne veut pas être distancé avec un compétiteur comme Leclerc qui fait déjà 24%,
16:08 et donc c'est une histoire d'écraser nos charges fixes,
16:11 c'est une histoire de volumétrie,
16:13 et donc pour proposer les prix les plus bas, on a besoin de cette croissance externe.
16:18 -Merci beaucoup Thierry Cotillard, d'être venu ce soir sur CNews et sur Europe 1.