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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des rodéos urbains.
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Transcription
00:00 Tout ça se heurte à la volonté des Français qui est plus d'autorité.
00:03 On a un sondage qui a été fait, c'est pour CNews,
00:06 pensez-vous qu'il faut durcir les sanctions pénales pour les auteurs de rodéos sauvages ?
00:10 93% de oui.
00:12 Mais oui, on pense que c'est tout à fait normal.
00:14 Ça pourrit la vie de nos concitoyens au quotidien.
00:17 Les premières victimes de cela, ce sont nos concitoyens.
00:21 D'ailleurs, malheureusement, le plus grand nombre de blessés et de tués
00:25 par les rodéos urbains, c'est la population.
00:29 Alors nous, en tant que policiers, parce qu'on essaye de les...
00:32 Quand vous essayez de vous mettre sur le route, ils vous roulent dessus.
00:34 Donc voilà, à Schiltilgeim, c'est quand même incroyable.
00:39 Le gars qui a foncé sur le policier municipal est dehors.
00:43 Attendez, laissez-moi juste en mener une phrase.
00:45 M. Jacob, là, ça veut dire qu'on donne un permis de rouler sur les policiers.
00:48 On est d'accord ? On remet ce tome-là dehors.
00:51 Celui de Schiltilgeim, il a été remis en liberté.
00:54 Celui de Pau, qui là aussi s'en est pris un fonctionnaire de police,
00:57 a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
01:00 Mais quel message de fermeté qu'on voit ?
01:03 Le message, c'est "recommencer".
01:04 Le refus d'obtempérer toutes les 20 minutes,
01:06 s'il y avait autant de personnes en prison,
01:08 ça explose d'un grand plus.
01:10 Alors, attendez, Jean-Sébastien n'a pas parlé, et M. le préfet.
01:13 Ces sondages-là, ils existaient déjà avant 2022,
01:17 ils existaient déjà avant 2017, me semble-t-il.
01:19 Quel choix politique les Français ont-ils fait ?
01:21 Parce qu'il n'y aura pas de baguette magique...
01:23 Non, mais j'y reviens.
01:24 Vous avez raison d'y revenir, mais bon, il faut qu'on avance aussi.
01:26 Non, mais oui, mais pardon, mais moi, il me semble que ça permet d'avancer
01:29 parce qu'on peut passer notre temps à se désoler
01:31 de ce que nous avons sous les yeux,
01:33 sans chercher à comprendre les mécanismes politiques,
01:35 parce que nous sommes quand même dans un État de droit.
01:36 Donc, on ne peut pas instantanément,
01:38 Gabriel Attal ne peut pas dissoudre l'État de droit instantanément.
01:40 En revanche, nous pourrions collectivement décider d'élire des gens
01:43 qui réformeraient l'École nationale de la magistrature,
01:46 qui changeraient la sociologie du corps de la magistrature,
01:49 qui décideraient effectivement d'appliquer et de voter les lois...
01:52 Mais ils feraient quoi, des juges en place ?
01:54 Mais c'est un des...
01:55 Mais dans ce cas-là, consédent, il n'y a rien à faire.
01:57 Il faudra un petit temps de latence.
01:59 Mais dans ce cas-là, sinon, on est condamnés à la désolation
02:01 parce qu'encore une fois, c'est notre responsabilité.
02:03 J'entends.
02:04 Non, mais véritablement, les parents des enfants en question,
02:07 ça fait plusieurs générations qu'ils ont été élevés comme ça.
02:10 Donc, on s'étonne de ces enfants-là,
02:12 mais ces enfants-là ne sont que le produit de la société
02:14 que nous avons construite depuis...
02:15 Monsieur le préfet Michel Oboe, qu'est-ce que vous pensez de ce débat ?
02:18 Moi, d'abord, je suis un peu choqué des propos du Premier ministre,
02:21 qui sont moins sur un point, c'est quand il s'adresse à l'ensemble des Français
02:24 et il dit "nos jeunes".
02:26 Je suis désolé, ce ne sont pas nos jeunes.
02:28 Parce que les jeunes dont on parle,
02:30 c'est une frange de la population juvénile
02:33 qui a entre 12 et 17 ans,
02:35 en gros, 150 000 jeunes,
02:37 une centaine de jeunes,
02:39 ils sont tous liés à une géographie particulière,
02:42 qui est la géographie des quartiers dits sensibles,
02:46 les 1 500 quartiers qui nous posent le plus de problèmes.
02:48 Il y en a à peu près une centaine par quartier,
02:51 ça fait 150 000 jeunes.
02:53 150 000, c'est les mêmes que les 150 000 qui sont déscolarisés.
02:58 Et c'est à peu près les mêmes,
02:59 ce sont 10 000, 120 000,
03:01 que ceux qui sortent de l'école sans diplôme.
03:02 Donc on a une frange,
03:04 une population assez importante, juvénile,
03:06 mais enfin, une frange, simplement,
03:07 il y a 2 500 000 jeunes de cet âge-là en France.
03:10 Donc je suis désolé, ce ne sont pas nos enfants.
03:13 Je pense que vous avez peut-être des ados comme moi,
03:15 ici autour de la table,
03:16 qui sont des enfants qui vont sortir avec un couteau
03:18 pour aller tuer quelqu'un.
03:19 Mais par contre, cette frange-là, elle existe.
03:22 C'est celle-là dont on a envie d'entendre parler.
03:25 Et ce qui m'étonne, c'est que le Premier ministre,
03:27 il a fait rédiger un discours,
03:29 bon ça c'est très bien,
03:30 mais pourquoi il n'a pas réuni les services avant
03:33 pour dire voilà les mesures qu'on va prendre ?
03:36 Parce qu'après tout, on y réfléchit depuis tellement de temps
03:38 qu'on saurait presque dire quoi faire.
03:40 Si on voulait vraiment s'en tenir compte.
03:42 - Il n'y a pas besoin de grenettes, bien sûr.
03:44 - Non mais là-dessus c'est très juste.
03:46 Ça c'est plus au niveau politique.
03:48 Plus Emmanuel Macron est faible,
03:50 plus à chaque fois qu'il veut prendre une décision
03:52 ou son gouvernement,
03:53 il organise des concertations,
03:55 il fait venir les oppositions.
03:56 Et en réalité, ça ne sert à rien, ils ont été élus.
03:58 C'est comme ça.
03:59 Je rejoins ce que disait Jean-Sébastien Ferjou.
04:01 Maintenant, c'est eux qui ont les commandes en main,
04:03 qui ont les clés du camion.
04:04 Donc c'est à eux d'agir.
04:05 On ne va pas refaire sans cesse des concertations.
04:08 - Mais ils vont refaire un grenet.
04:09 - Le diagnostic, il est connu.
04:11 Il y a des études dans tous les sens
04:13 sur le problème de la démécancie des mineurs,
04:15 sur le problème de la non-exécution des autos TF,
04:17 sur tous les sujets qui ne marchent pas,
04:19 parce qu'en ce moment c'est la valanche,
04:21 il n'y a rien qui marche,
04:22 tout explose en même temps.
04:23 - On paye toutes les factures en même temps.
04:24 - Mais il n'y a pas besoin de grenettes,
04:25 il n'y a pas besoin de faire des études.
04:26 Elles existent toutes.
04:27 - Les policiers auront des solutions.
04:29 - Il y a des rapports parlementaires,
04:30 il y a des rapports de la Cour des comptes
04:31 qui sont extrêmement bien faits.
04:32 - Mais ils sont mis sous le tapis, Louis,
04:34 sous le tapis, pour caler les armoires.
04:36 - Attendez, pas tous en même temps.
04:38 Monsieur Jacob et Monsieur le Préfet.
04:39 - Moi je veux bien, c'est très bien tout ça,
04:42 c'est super, mais allons-y, mettons tout en œuvre.
04:44 Quand Gabriel Attal annonce 8 500 policiers,
04:47 gendarmes de plus d'ici 2027,
04:49 ok, mais qu'on nous laisse faire notre job sur le terrain.
04:52 Parce qu'on pourra mettre toujours autant de policiers
04:54 sur le terrain qu'on voudra,
04:56 si derrière on ne peut pas faire notre boulot,
04:58 on réglera.
04:59 - Ok, Monsieur le Préfet.
05:00 - Oui, oui, c'est important.
05:02 En fait, moi je ne crois pas que ce soit si simple que ça
05:05 pour y avoir beaucoup réfléchi.
05:07 C'est-à-dire qu'on est quand même dans un problème
05:11 qui est systémique, c'est-à-dire qu'il faut toucher
05:13 à la fois le logement, il faut toucher à la parentalité,
05:15 il faut toucher à l'éducation, etc.
05:17 C'est quand même assez compliqué.
05:18 Mais on pourrait poser les premières pierres
05:21 d'une reconstruction d'une certaine façon de ce système.
05:24 Ces jeunes appartiennent à une géographie,
05:26 je l'ai dit tout à l'heure,
05:27 ils appartiennent à des familles,
05:31 et puis par ailleurs, ils appartiennent à un mode de pensée
05:34 qui est alors absolument terrifiant,
05:37 parce que quand vous les...
05:39 et ceux qui travaillent dessus en direct le disent,
05:41 quand vous les avez en face de vous,
05:43 ce sont tous des jeunes qui sont capables de tuer 200 fois,
05:48 et pas de loin, puisqu'ils tuent avec des couteaux
05:50 ou des battes de baseball,
05:52 et qui n'ont jamais peur de tuer,
05:54 et qui, interrogés quelques années après,
05:56 ne se sont même pas rendus compte
05:57 qu'ils avaient donné la mort à un autre jeune.
05:59 Donc c'est quand même...
06:00 On a généré une frange de la population juvénile
06:06 qui est extrêmement dangereuse pour la société.
06:09 - Décivilisée ?
06:10 - Qui est irrécupérable ou pas ?
06:11 - C'est pas décivilisée, c'est...
06:13 Elle est dangereuse.
06:14 Alors, elle n'est pas récupérable tout le temps,
06:16 ce que dit Maurice Berger,
06:17 et c'est-à-dire qu'il y a une partie d'entre eux
06:19 qui sont difficiles à récupérer.
06:21 Ceci dit, si on faisait un travail en amont,
06:23 puisque tout ça commence au collège,
06:25 c'est-à-dire dès l'âge de 12 ans,
06:26 si on faisait un travail en amont,
06:28 on éviterait quand même une grande partie de nos problèmes.
06:30 Et c'est pas forcément très compliqué,
06:33 mais c'est...
06:34 Enfin, c'est pas très compliqué.
06:36 C'est des mesures administratives, d'une certaine façon.
06:38 - Et puis il faut tout faire en même temps.
06:39 - Et on a même le financement,
06:40 puisqu'après tout, on dépense 640 millions cette année
06:45 pour la politique de la ville,
06:46 pour faire de l'animation.
06:48 Si on les remettait dans le circuit
06:49 pour faire de la parentalité et de l'éducation,
06:52 et de l'autorité,
06:54 je pense qu'on arriverait à financer le système.
06:57 - Je pense qu'il y a un problème de plus,
06:58 c'est que ce travail en amont
07:00 est déconstruit par un travail en aval,
07:02 par l'extrême-gauche et la France insoumise,
07:04 qui encouragent les émeutiers.
07:05 Parce que là, on est dans la forme d'ultra-violence.
07:07 Continuer, incendier,
07:09 ceux qui refusent d'obtempérer,
07:11 ce sont des victimes.
07:12 Regardez l'affaire Nahel, qui était quand même incroyable.
07:14 Petit ange, parti trop tôt, etc.
07:16 - Les policiers étaient placés en détention provisoire
07:18 le soir même, là, pour le coup.
07:20 - 93 %, je veux bien,
07:22 mais vous avez tout un discours
07:23 qui encourage ces gens-là.
07:25 - C'est un discours politique minoritaire dans ce pays,
07:29 mais qui est très écouté
07:31 par les dirigeants politiques,
07:33 quels qu'ils soient,
07:34 parce que, bon, moi, je suis comme vous,
07:36 j'ai une assez longue expérience autour du régime politique,
07:39 qui est très écoutée par tout le monde.
07:41 Donc ça, c'est vrai,
07:42 c'est pour ça qu'il est important
07:44 qu'il y ait une parole politique qui soit claire
07:46 vis-à-vis de cette frange-là,
07:48 parce que je ne crois pas, par contre,
07:49 que les institutions elles-mêmes aient basculé.
07:52 Dans l'éducation nationale, moi,
07:53 je vais plus dans les collèges de quartier,
07:57 c'est dans les collèges de quartier
07:58 que la discipline est la plus rude,
08:00 parce que les profs,
08:01 ils sont confrontés à cette difficulté.
08:03 Donc, je veux dire,
08:05 vous rencontrez que des gens mobilisés.
08:07 Après, la question, c'est que c'est l'organisation
08:09 qui ne fonctionne pas, quoi.
08:11 - Vous avez raison.
08:12 - J'aimerais revenir sur le sondage
08:13 qu'93 % des Français souhaitent alourdir les sanctions.
08:16 À chaque fois qu'on a quelque chose,
08:18 on dit "on va alourdir les sanctions".
08:19 On a fait ça pour les squats,
08:20 on a mis plus de sanctions.
08:21 Ça ne sert à rien.
08:23 On a un arsenal juridique.
08:24 Pourquoi on ne l'applique pas ?
08:25 Il suffit d'appliquer les sanctions qui existent.
08:27 Pourquoi vouloir ajouter aux mille feuilles législatives
08:30 et ajouter pour ajouter ?
08:31 - Parce que c'est pour donner l'impression
08:32 de faire quelque chose.
08:33 - Oui, c'est pour faire des mots à bavard.
08:34 On dit "on a fait quelque chose,
08:35 on a ajouté des sanctions,
08:36 mais on n'applique pas celles qui existent".
08:38 Eh bien, ça ne sert à rien.

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