L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, auteur de “Le temps des combats” aux éditions Fayard, était l'invité exceptionnel de Bruce Toussaint ce mercredi.
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00:00 Il est presque 10 heures, nous accueillons Nicolas Sarkozy, invité exceptionnel de BFM TV. Bonjour Nicolas Sarkozy.
00:07 – Bonjour, merci de me voir invité. Merci à vous d'avoir accepté notre invitation.
00:14 – Deuxième tome de vos mémoires qui racontent plus précisément,
00:18 même si ça va bien au-delà bien sûr, les années 2009, 2010, 2011 de votre quinquennat
00:24 et de votre présence là à l'Élysée. Beaucoup de questions à vous poser,
00:28 beaucoup d'épisodes à revoir ensemble, beaucoup d'images également à revisiter.
00:36 Avant cela, le Maroc, si vous le voulez bien.
00:40 Qu'avez-vous ressenti en apprenant la catastrophe qui a frappé ce pays ?
00:45 – Vous savez, comme beaucoup de Français, j'aime le Maroc.
00:48 Pour une raison que j'ignore, je ne peux pas lire Camus
00:54 sans me dire que j'aurais aimé naître en Afrique du Nord.
00:58 Vous savez les descriptions de Camus qui monte dans,
01:01 alors c'est l'Algérie, c'est pas le Maroc, mais disons que c'est la même région,
01:05 et qui monte dans le bus et qui va vers les plages,
01:07 parce que les plages à Alger sont en dehors d'Alger.
01:11 J'aime ce soleil, j'aime cette lumière, j'aime cette civilisation
01:15 et immédiatement au Maroc, je me suis senti chez moi.
01:20 Je ne peux pas vous expliquer pourquoi, c'est un pays que j'aime.
01:24 J'aime la noblesse, l'élégance des Marocains,
01:27 leur chaleur, leur accueil, quel que soit leur niveau social.
01:32 J'ai bien connu, je connais bien, je crois, le roi du Maroc, sa majesté.
01:36 – Vous lui rendez hommage dans votre livre d'ailleurs ?
01:38 – Parce que c'est un grand dirigeant, c'est un très grand dirigeant.
01:41 Il faut comprendre que le Maroc a du phosphate, n'a pas de pétrole.
01:45 Le Maroc c'est un grand allié de la France.
01:47 Et cette catastrophe épouvantable a touché bien au-delà
01:52 de la communauté franco-marocaine.
01:54 C'est si proche de nous, ils sont si proches de nous.
01:58 Et puis Marrakech, à 70 km de Marrakech,
02:02 un tremblement de terre niveau 7, c'est bouleversant.
02:06 Et c'est beau de voir les Français bouleversés par cela.
02:09 – Dans votre livre, vous écrivez "La France doit chérir
02:12 cette relation privilégiée avec ce pays,
02:14 elle doit la préserver car elle ne va pas de soi".
02:17 Les Marocains sont parfois sensibles jusqu'à la susceptibilité.
02:22 Et vous écrivez aussi "le président Macron n'a pas toujours su trouver
02:24 les mots ou les gestes que les Marocains attendaient.
02:27 Son tropisme algérien lui procurera bien des déceptions".
02:32 Est-ce que c'est la raison pour laquelle la France n'a pas reçu
02:36 officiellement de feu vert pour envoyer des équipes humanitaires ?
02:39 – Je ne me permettrai pas de dire ça,
02:41 je ne connais pas le détail des relations aujourd'hui.
02:44 Ce que je veux dire par là, la France est un pays qui a eu un empire,
02:49 qui a eu une histoire coloniale.
02:53 Il n'y a quand même pas beaucoup de pays, le Maroc est un protectorat,
02:57 qui ne nous en veulent pas aujourd'hui de cette histoire commune.
03:00 Le Maroc est de ceux-ci.
03:02 L'Algérie est un grand pays que j'ai visité très souvent.
03:06 Il se trouve que les dirigeants algériens depuis les années 60,
03:11 c'est-à-dire depuis la fin de la guerre d'Algérie,
03:13 ont besoin de désigner systématiquement un ennemi,
03:16 en l'occurrence la France qui sans doute a fait des erreurs,
03:19 je ne suis pas en train de dire que tout était parfait,
03:22 mais pour faire oublier les faiblesses du développement d'un pays
03:27 qui regorge de pétrole et de gaz.
03:30 Donc pour moi, vraiment la relation franco-marocaine
03:35 elle a toujours été essentielle.
03:36 D'ailleurs le président Bouteflika m'en avait amicalement voulu
03:40 parce que j'avais fait ma visite d'État comme président de la République
03:43 au Maroc avant l'Algérie.
03:46 Mais j'avais dit à Bouteflika,
03:47 écoute, je préfère aller dans un pays où on nous accueille magnifiquement,
03:51 célébrant l'amitié et la proximité de la culture franco-marocaine,
03:56 plutôt que dans un pays où sur trois jours de visite,
03:58 je passe deux jours à me faire attraper,
04:00 alors que j'étais à peine né au moment où finissait la guerre d'Algérie.
04:06 Alors, le livre maintenant, si vous le voulez bien,
04:08 "Le temps des combats".
04:12 Au fond, pourquoi écrivez-vous ce livre ?
04:14 Dans quel but ?
04:15 Est-ce que c'est pour témoigner, bien sûr ?
04:18 Écrire l'histoire ?
04:20 Certains diront réécrire.
04:23 Expliquer ?
04:24 Et puis je le dis avec le sourire,
04:26 est-ce qu'au fond, c'est pas un peu aussi pour qu'on ne vous oublie pas ?
04:30 - Ah oui, le petit garçon qui ne veut pas être oublié,
04:34 dans le fond, je pourrais vous retourner la question,
04:36 vous disant pourquoi écrivez-vous, vous-même, d'un auteur ?
04:40 Vous savez, la sincérité d'un homme n'est pas dans ce qu'il dit.
04:45 La sincérité d'un homme est dans ce qu'il fait.
04:48 Peu importe pourquoi je l'ai fait, je l'ai fait.
04:52 J'écris du premier mot jusqu'au dernier, moi-même,
04:56 au bic, même pas à l'ordinateur.
04:59 Donc, j'ai voulu partager avec les Français
05:03 des événements qui m'appartiennent, pas plus qu'à eux.
05:06 J'ai voulu montrer que la politique, c'était chaud.
05:09 Et j'ai toujours voulu aimer des Français.
05:12 J'ai toujours voulu partager.
05:13 - Donc, c'est une façon de garder le lien avec les Français, aussi, ce livre.
05:16 - Mais ce lien, vous savez, la politique, ça a été 40 ans de ma vie.
05:21 - Mais ce que je voulais dire, c'est qu'il a fallu aussi,
05:23 après l'Élysée et après, évidemment, aussi l'aventure de la primaire en 2016,
05:28 inventer une nouvelle forme de vie publique.
05:31 Parce que ce n'est plus la même existence publique pour vous.
05:35 - Bon, franchement, moi, j'arrive à tourner la page.
05:37 J'ai adoré être ministre de l'Intérieur.
05:39 Si vous saviez, comme j'ai été heureux, 4 ans ministère de l'Intérieur.
05:43 - Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous plaisait tant ?
05:44 - Parce que c'est l'action.
05:46 Moi, je suis un homme d'action.
05:48 J'aime et j'admire les policiers, les gendarmes et être à leur tête,
05:52 c'était pour moi passionnant et un immense honneur.
05:56 J'ai été ministre des Finances, j'ai quitté.
05:59 Je sais tourner les pages, mais la page de la France et la page des Français,
06:05 d'une autre façon, plus apaisée, moins opérationnelle, plus distante.
06:11 Et puis, il y a tellement de gens, y compris vous,
06:14 qui ont parlé d'événements qu'ils ont vécu de l'extérieur
06:17 et qui ont parlé de ce que je pensais, pourquoi j'avais fait...
06:20 J'ai eu envie de dire ma vérité.
06:22 Et vous voyez, moi, je ne prétends pas à l'objectivité ni à l'exhaustivité.
06:28 Juste, j'ai voulu montrer qu'on pouvait être président de la République
06:31 et avoir des sentiments.
06:32 - Mais le temps des combats, le titre est bon
06:34 parce qu'on a l'impression que vous êtes sur le ring en lisant ce livre.
06:38 Que raconter ces années-là vous permet de remonter, en effet,
06:43 et de repartir en quelque sorte au combat.
06:46 Vous disiez à l'instant, c'était chaud.
06:49 Oui, et le livre aussi, parce que vous ne vous ménagez pas,
06:54 vous ne ménagez pas non plus vos adversaires,
06:57 vous ne ménagez pas non plus ceux avec qui vous avez travaillé.
07:00 Ça, c'est plus rare dans un bouquin politique.
07:03 - Vous savez, faire un livre,
07:05 en tout cas pour celui qui le fait, c'est important.
07:08 Si c'est pour rien dire, il vaut mieux pas faire de livre.
07:10 - C'est ça.
07:11 - Et à partir du moment où vous dites des choses,
07:13 vous prenez le risque de ne pas être objectif,
07:17 de gratigner, de favoriser.
07:20 J'ai essayé.
07:22 Celui pour lequel j'ai eu le plus sévère, c'est moi.
07:25 Et c'est un travail difficile que de se remettre en cause.
07:31 Mais au fond, c'est des événements communs.
07:33 Quand vous êtes président de la République,
07:35 vous n'êtes pas un homme politique.
07:37 Vous faites partie de la famille des Français,
07:38 y compris de ceux qui n'ont pas voté pour vous, qui vous aiment pas.
07:42 - Ce que je veux dire, c'est que dans un livre comme ça,
07:44 où on revient sur le passé, on peut aussi avoir,
07:47 sans aller jusqu'à l'idée du pardon,
07:49 on peut avoir l'envie de gommer certaines choses.
07:53 Pas du tout.
07:54 Ce n'est pas votre style.
07:55 Vous dites vraiment ce que vous avez pensé sur l'instant
07:59 et aussi la réflexion que cela vous amène aujourd'hui
08:02 sur certaines personnalités.
08:04 - J'ai voulu que vous, en le lisant,
08:05 vous soyez à côté de moi dans le bureau.
08:08 Et que vous compreniez comment ça se passe.
08:10 Ce n'est pas désincarné.
08:11 Moi, j'avais vu Mitterrand,
08:13 dont j'ai été le ministre pendant la cohabitation.
08:16 Souverain, grande dimension, un peu immobile.
08:21 J'ai vu Chirac, dont j'étais aussi le ministre.
08:23 Sympathique, empathique, dynamique,
08:26 parfois un peu automatique.
08:28 Et je m'étais promis que si j'avais la chance
08:30 ou l'honneur de devenir président,
08:32 j'essaierais d'être un président incarné.
08:36 Et l'écriture, pour moi, je lis tous les jours.
08:38 C'est très important.
08:40 Et j'ai voulu faire un livre incarné,
08:43 où les gens se disent,
08:43 tiens, il nous raconte vraiment ce qu'il a vécu après.
08:45 On est d'accord ou on n'est pas d'accord.
08:47 Ce n'est pas du mensonge.
08:49 - Ce devoir de vérité, il est intéressant,
08:50 notamment lorsque vous jugez ceux que vous avez choisis.
08:54 Parce qu'au fond, c'est votre responsabilité de les choisir.
08:57 Ce ne sont pas des portraits d'ailleurs,
09:00 parce que c'est plutôt des impressions que vous livrez
09:03 sur les gens qui ont travaillé avec vous.
09:05 On va dire qu'il y a deux sortes de pics.
09:07 Il y a des pics subtils et puis il y a des pics carrément caches.
09:11 Je vais vous donner deux exemples,
09:12 pour ceux qui nous regardent et qui découvrent aujourd'hui ce livre.
09:16 Pic un peu subtil.
09:17 Sur François Fillon, à qui vous rendez hommage
09:20 tout au long du livre en disant qu'il a été d'une loyauté absolue
09:24 à son poste de Premier ministre.
09:25 Je vous cite "il était toujours vêtu avec une grande élégance,
09:29 un peu affecté à mon goût, mais assez original dans le choix des couleurs
09:31 et dans la forme des vestes ou des chemises.
09:34 J'avais fini par remarquer qu'il y attachait un soin tout particulier.
09:38 Je m'amusais de ses costumes qui le rendaient toujours très visible sur les photos".
09:44 Je vous avoue, j'ai ri en disant cela.
09:47 - Vous vous rendez compte ? C'est formidable.
09:50 Un journaliste aussi expérimenté que vous, qui en a tant vu,
09:53 vous pourriez dire "tiens, encore un bouquin politique, peu importe".
09:56 Et vous me dites, le matin, on commence la semaine...
09:59 - Mais bien sûr, j'ai ri.
10:02 François Fillon est un homme de grande qualité,
10:06 qui a présenté pour moi un avantage immense,
10:09 il rassurait des gens que ma personnalité pouvait inquiéter.
10:13 Mais vous savez que c'est très important la complémentarité
10:15 et dans le couple président-premier ministre.
10:18 Mais j'avais noté cela, comme j'aurais pu noter les chaussettes de baladures.
10:24 Moi, je n'ai jamais eu des chaussettes de gardiennales.
10:27 - Mais les costumes ont fait scandale, c'est la raison pour laquelle vous le souviens.
10:30 - Je vous dis, ce n'était pas mon arrière-pensée.
10:34 Je ne frappe jamais quelqu'un à terre.
10:38 Et si j'ai dit ça, c'était en souvenir un moment,
10:41 j'avais invité François Fillon à venir nous voir,
10:43 alors qu'on était à Brégançon avec Carla,
10:47 et que toute la presse avait souligné le costume particulier qui était le sien.
10:55 - Il y a des phrases plucages sur Ramayad notamment,
10:58 dont vous parlez et vous évoquez cette déloyauté.
11:01 Et puis les Français,
11:03 "les Français peuvent être les adversaires les plus cruelles
11:05 et les plus redoutables de leur propre pays.
11:07 Nous sommes ainsi capables d'être les champions de la destruction
11:10 de nos meilleurs atouts et de nos forces les plus efficientes",
11:14 écrivez-vous.
11:16 Ce qui m'amène à un sujet qui est à la fois dans votre livre
11:19 et dans l'actualité et qui concerne l'insécurité.
11:23 Vous en parlez, évidemment,
11:25 il sera question dans quelques secondes du fameux discours de Grenoble.
11:29 Il y a ce que certains qualifient d'ensauvagement,
11:33 d'autres de décivilisation, avec cette violence parfois extrême.
11:40 Ce matin encore à Nice, nous avons l'exemple d'une femme
11:43 qui a été laissée pour morte dans la rue après avoir été frappée
11:49 avec barbarie, disent les policiers qui étaient sur place.
11:52 Quel serait le mot, selon vous, qui qualifierait cette violence ?
11:57 Inacceptable.
12:00 Ce n'est pas un sujet d'éditorial ou de bavardage.
12:08 La bananisation de l'horreur,
12:12 la bananisation de l'inhumanité,
12:17 c'est le premier élément qui est rendu inacceptable aux oreilles des Français.
12:23 Tout ne se vaut pas.
12:24 On parle à longueur de plateau des violences policières,
12:28 qui sont deux mots qui sont parfaitement incompatibles.
12:32 Ça n'existe pas des violences policières pour vous ?
12:33 Non, il peut exister une bavure policière,
12:37 et elle doit être sanctionnée.
12:38 Il n'existe pas de violences policières pour la bonne et simple raison
12:42 que la police a la force de l'ordre de la République.
12:45 Donc parler communément de violences policières
12:49 pour la mettre au même niveau que cette barbarie que l'on voit,
12:52 ça rend les gens fous de rage.
12:55 Et ils ont raison.
12:58 Lorsque l'on voit que ces deux individus
13:03 qui ont agressé une personne à la sortie d'un supermarché
13:07 ont été remis en liberté,
13:09 le soir même, et que le policier qui a été pris
13:15 dans l'affaire de ce malheureux qui a refusé deux fois
13:18 de s'arrêter un contrôle est toujours en prison,
13:21 les gens se disent "est-ce qu'on a encore du bon sens ?"
13:25 La violence, M. Seyn, a toujours existé.
13:29 Il ne s'agit pas de se précipiter sur le dernier fait divers.
13:32 J'ai moi-même été tellement accusé de profiter
13:37 ou d'utiliser des faits divers.
13:39 Vous savez, une fois j'ai reçu la famille,
13:45 père et mère, d'une jeune fille qui avait été violée et tuée.
13:50 J'ai été tellement bouleversé par le rendez-vous que j'ai eu
13:55 que je n'ai pas pu avoir le moindre rendez-vous
13:57 pendant l'heure qui a suivi, je le raconte.
13:59 Absolument.
14:00 Parce que ce n'est pas parce qu'on est président de la République,
14:02 ministre de l'Intérieur, journaliste,
14:05 ou en charge d'une responsabilité, qu'on doit banaliser cela.
14:09 Et je trouve qu'on met trop dans l'actualité sur le même plan
14:14 ce type d'événement inacceptable et le reste.
14:17 Mais qu'est-ce qu'on fait Nicolas Sarkozy ?
14:19 Parce que j'ai l'impression que ça fait 20 ans au fond qu'on a ce débat.
14:23 Pourquoi 20 ans ?
14:24 Je pense à 2002.
14:26 Oui, au plus.
14:27 Le moment où vous arrivez et où vous mettez vous-même
14:29 ce sujet sur le devant de l'actualité.
14:33 Je pourrais vous citer le Karcher.
14:35 Et alors ?
14:36 Oui, ça a marché ?
14:38 Attends.
14:39 D'abord, je ne prétends pas moi en 5 ans.
14:40 Vous savez, je vais vous faire une confidence,
14:41 j'aurais bien continué donc en 5 ans.
14:44 Si vous regrettez que je n'ai pas pu faire plus longtemps,
14:47 je ne prétends pas en 5 ans pouvoir éradiquer la violence.
14:50 J'ai juste voulu faire une chose.
14:53 Quand je suis arrivé ministre de l'Intérieur,
14:55 c'était après une grande polémique
14:57 qu'elle M. Jospin avait dit à l'époque Premier ministre
14:59 à une pauvre femme qui avait peur en rentrant chez elle en métro.
15:03 Vous savez madame, vous n'avez pas peur,
15:06 vous avez l'impression d'avoir peur.
15:07 Le sentiment d'insécurité.
15:09 Comme vous allez chez le dentiste,
15:10 le dentiste vous dit "Monsieur",
15:12 vous êtes sur le fauteuil avec la fraise,
15:14 "Monsieur, vous n'avez pas mal,
15:15 vous avez l'impression d'avoir mal."
15:17 J'ai voulu rompre avec le déni de réalité.
15:22 Et c'est la première étape de l'action.
15:24 Mais qu'est-ce qui m'est tombé dessus ?
15:27 J'étais moi-même coupable.
15:29 Un journal épouvantable
15:32 m'avait titré "le voyou de la République"
15:36 en parlant de moi,
15:38 à la suite du discours de Grenoble.
15:39 Donc la complicité dans la banalisation
15:44 du monde politico-médiatique est en cause.
15:47 Si nous, nous ne nous indignons pas
15:50 au-delà de quelques minutes de cette pauvre femme
15:53 sur le trottoir avec cet individu
15:55 qui lui frappe à coups de talons sur la tête,
15:58 on ne peut rien faire.
15:59 Alors, l'État doit agir.
16:03 Mais l'État agira d'autant mieux
16:07 que le débat politico-médiatique
16:09 ira dans le sens de plus de fermeté.
16:13 L'autorité...
16:15 Ce n'est pas une question de nombre de policiers.
16:17 J'ai vu qu'on m'avait mis en cause
16:18 parce que j'avais diminué le nombre de fonctionnaires.
16:20 Dieu sait que la France en a besoin.
16:23 Vous pouvez doubler le nombre de policiers.
16:25 Ce n'est pas pour ça que vous réglerez le problème.
16:27 Si vous mettez sur le même plan les violences de rue
16:29 et, entre guillemets, ce qu'on appelle les violences policières,
16:32 l'autorité, on n'en finit pas de payer
16:35 le prix des stupidités balancées à longueur d'année
16:39 dans les événements de 68 par Cohn-Bendit
16:42 et tous ses acolytes.
16:43 Il est interdit d'interdire.
16:46 Donc, l'action commence par le discours décomplexé.
16:52 – Mais l'action ?
16:54 Celle menée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
16:57 que vous connaissez bien, vous lui rendez hommage d'ailleurs,
16:59 lui aussi dans ce livre.
17:01 Il est à la hauteur de la situation ?
17:03 – Gérald Darmanin est un bon ministre de l'Intérieur.
17:06 La question ne peut pas être résumée au seul ministre de l'Intérieur.
17:10 J'ai été un ministre de l'Intérieur qui n'était pas toujours soutenu
17:12 par le président de la République.
17:14 Si dans le même temps, vous dites "ces violences sont inacceptables",
17:20 mais qu'en même temps vous avez un discours pour déculpabiliser,
17:23 expliquant que c'est la pauvreté,
17:26 que c'est l'intégration qui n'a pas marché,
17:28 que c'est le manque d'éducation,
17:30 à ce moment-là, plus rien n'est audible.
17:32 Est-ce que je peux permettre de prendre un exemple ?
17:35 Si votre enfant, votre père de famille, jeune,
17:38 veut traverser la route en courant,
17:41 sans tenir compte des feux rouges ou des passages piétons,
17:43 vous l'attrapez par la manche et vous lui dites "non,
17:46 vous n'avez pas besoin de tout lui expliquer".
17:48 C'est un acte d'autorité.
17:51 Eh bien l'acte d'autorité consiste à dire
17:53 "maintenant, si vous touchez à quelqu'un qui porte uniforme,
17:56 c'est inacceptable".
17:57 Si vous faites preuve de violent tribut, c'est inacceptable.
18:00 Ça veut dire que c'est aussi une question de justice,
18:03 de lois qui ne sont pas assez dures, de répression ?
18:05 Je ne pense pas qu'en multipliant les lois,
18:08 on change quoi que ce soit.
18:10 C'est une question de priorité dans la société,
18:13 dans le débat, et que ça commence dans le débat politico-médiatique,
18:18 où on ne doit pas avoir sur le plateau quelqu'un qui dit,
18:21 comme pensent les Français, "c'est inacceptable",
18:24 et la communauté des autres qui pense à leur image
18:27 et qui explique toutes les raisons
18:29 qui excusent des comportements qui sont inacceptables.
18:32 Et pour revenir au mot, le mot "décivilisation",
18:34 il vous choque ou il vous paraît tout à fait adopté ?
18:36 Moi, c'est des mots...
18:38 Je pense que "décivilisation" en sauvagement,
18:42 le problème, c'est que c'est le aveu expliquer
18:45 quelque chose qui est inexplicable car intolérable.
18:48 Point. On n'en veut pas.
18:50 Maintenant, je comprends la façon
18:53 que l'on pourrait avoir de lutter contre cela,
18:54 mais est-ce que vous avez une explication, vous,
18:57 sur l'origine de cette violence ?
18:59 On ne comprend pas pourquoi il y a de plus en plus de jeunes,
19:02 très jeunes, qui se livrent à cette violence extrême.
19:07 Quel regard portez-vous là-dessus ?
19:08 Vous savez, à partir du moment où on est une société
19:10 où on conteste l'autorité,
19:13 où on conteste le simple fait d'appartenir
19:17 à une civilisation judéo-chrétienne,
19:21 où dans un mouvement massif d'immigration
19:26 depuis les années 60,
19:28 avec un système d'intégration qui ne fonctionne plus...
19:31 Naturellement, ce n'est pas parce qu'on est immigré
19:33 qu'on est délinquant.
19:34 Qui pourrait dire une bêtise pareille ?
19:36 En tout cas, pas moi.
19:37 Mais qui ne voit qu'on déracine complètement des gens
19:43 dont on ne se préoccupe absolument pas
19:45 ni des conditions d'éducation,
19:47 ni des conditions d'intégration,
19:50 et qui se retrouvent sans aucune autorité,
19:53 sans aucun cadre,
19:54 avec des familles souvent monoparentales,
19:57 qui ne peuvent plus maîtriser des adolescents
19:59 qui sont des jeunes hommes,
20:01 qui n'écoutent plus rien et qui n'ont plus aucune limite.
20:04 Et le pire, M. Touzain,
20:06 c'est que la crise migratoire ne fait que commencer.
20:09 Je dirais même qu'elle n'a pas commencé
20:11 par rapport à ce qui nous attend.
20:13 Alors, j'aimerais qu'on évoque maintenant
20:14 ce fameux discours de Grenoble
20:16 dont vous parlez dans votre liste,
20:17 c'était le 30 juillet 2010.
20:19 Regardez.
20:21 La nationalité française doit pouvoir être retirée
20:23 à toute personne d'origine étrangère
20:26 qui aurait volontairement porté atteinte
20:29 à la vie d'un fonctionnaire de police
20:31 ou d'un militaire de la gendarmerie,
20:33 ou de toute autre personne dépositaire
20:36 de l'autorité publique.
20:39 La nationalité française se mérite,
20:42 et il faut pouvoir s'en montrer digne
20:45 quand on tire sur un argent chargé
20:48 des forces de l'ordre,
20:50 on n'est plus digne d'être français.
20:52 La règle générale est claire,
20:55 les clandestins doivent être conduits dans leur pays.
20:59 Et c'est dans cet esprit d'ailleurs
21:01 que j'ai demandé au ministre de l'Intérieur
21:03 de mettre un terme aux implantations sauvages
21:06 de campements de Roms.
21:09 Ce sont des zones de non-droit
21:11 qu'on ne peut pas tolérer en France.
21:13 – Que dit-on à l'époque ? Un discours d'extrême droite.
21:16 – Oui, bien sûr.
21:17 – Vous regrettez ce discours ou pas ?
21:18 – Mais en rien !
21:20 Je regrette simplement que M. Hollande,
21:22 qui m'a succédé, ait détruit systématiquement
21:25 toutes les mesures législatives,
21:28 notamment les peines planchers,
21:30 notamment l'organisation des charters
21:33 pour renvoyer ceux qui n'avaient pas vocation à rester.
21:38 Parce que ce travail est un travail de long terme
21:40 et il ne peut pas être engagé
21:43 avec, comme disent les anglo-saxons,
21:45 le stop and le go.
21:47 Mais la responsabilité de la pensée unique,
21:51 de ce petit club médiatico-politique
21:53 engagé complètement à gauche,
21:56 qui visait à me présenter comme un voyou,
21:59 comme moi-même un délinquant,
22:01 alors que je ne voulais simplement qu'assurer la protection
22:04 de tous les braves gens, immigrés compris,
22:07 qui vivent dans les banlieues.
22:09 Vous vous rendez compte ?
22:09 – Mais la question c'est le lien que vous faites
22:11 entre l'immigration et la délinquance.
22:12 – Mais cette histoire…
22:14 Enfin, qui ?
22:15 Monsieur Toussaint, qui peut ne pas faire un lien ?
22:18 Mais qui ?
22:19 – Mais sur quelle base ?
22:20 – Bon, vous le savez simplement,
22:21 quand j'étais président de la République,
22:23 les deux tiers des délinquants arrêtés à Paris
22:27 étaient d'origine roumaine ou venaient des Roms,
22:29 puisqu'à l'époque il y avait des camps de Roms autour
22:31 que nous avons fait expulsés.
22:34 Ce sont des réalités.
22:36 Vous ne devenez pas délinquant
22:37 parce que vous êtes immigré, naturellement.
22:40 Je suis moi-même fils d'un immigré.
22:42 Mais enfin, ouvrons les yeux.
22:44 Vous allez chez le docteur, on fait un diagnostic,
22:48 vous ne voulez pas entendre le diagnostic,
22:49 comment on vous soigne ?
22:51 Et devant moi s'est levé un mur politico-médiatique,
22:57 et d'ailleurs une partie de la droite était impressionnée.
22:59 Je me souviens de Simone Veil que j'ai aimée énormément,
23:02 dont j'étais très proche,
23:05 qui pour elle, juive,
23:10 dans les camps de la mort, une femme remarquable,
23:13 l'idée que je parle des Roms était même une idée insupportable pour elle.
23:17 Mais je disais, mais Simone, on a des camps de Roms,
23:21 ils n'envoient pas leurs enfants à l'école,
23:23 ils ne payent pas la facture d'électricité,
23:26 leur place est en Roumanie, pas chez nous.
23:28 Il n'y a pas de statistiques ethniques.
23:30 Ça n'existe pas.
23:32 Déjà ça, monsieur Toussaint, déjà ça c'est extraordinaire.
23:36 Pourquoi ?
23:37 En quoi cela manque à ma dignité
23:41 si demain on dit son père est hongrois à Sarkozy
23:46 et son grand-père maternel était grec ?
23:49 Si nous ne mesurons pas la composition de la société française,
23:54 le racisme est quelque chose que j'ai en horreur,
23:58 au duxtrême droite.
23:59 Vous savez, si j'ai été battu,
24:01 c'est parce que madame Le Pen et monsieur Hollande
24:04 se sont bien trouvés de faire disparaître de la scène politique
24:10 le seul véritable rempart contre le Front National à l'époque
24:14 ou le Rassemblement National aujourd'hui.
24:16 Alors maintenant, quand vous les fermez un débat,
24:17 vous dites, monsieur Sarkozy, vous avez donc fait un lien
24:20 entre immigration et insécurité, vous êtes d'extrême droite.
24:23 Mais qu'est-ce que c'est l'extrême droite ?
24:25 Pendant des mois, j'ai entendu que le Rassemblement National
24:29 ne faisait pas partie de l'arc républicain, une stupidité.
24:32 Et ils discutent 12 heures avec le président de la République,
24:34 heureusement qu'ils ne font pas partie de l'arc républicain,
24:36 qu'est-ce que ça serait s'ils en faisaient partie ?
24:38 Donc, cette espèce de pudibonderie,
24:42 qui n'est rien d'autre, monsieur Toussaint, que de la lâcheté.
24:45 Vous savez, le problème de notre société,
24:47 c'est le souci de l'image.
24:49 Tout le monde se regarde trop dans la glace.
24:51 On veut paraître généreux.
24:53 Regardez quand on a ces malheureux qui traversent la Méditerranée
24:56 et qui vont mourir pour être nos enfants.
24:59 Donc, une partie de l'opinion
25:02 est exaspérée par l'immigration clandestine
25:05 et une autre, parfois la même,
25:07 est bouleversée par le sort de ces gens.
25:10 Mais comment voulez-vous qu'un gouvernement,
25:12 avec ce débat-là,
25:14 aussi explosif,
25:16 aussi peu raisonnable,
25:18 puisse agir dans la durée ?
25:19 Nicolas Sarkozy, invité de BFMTV,
25:21 on se retrouve dans quelques instants.
25:22 Merci de rester avec nous.
25:24 10h31 sur BFMTV,
25:25 Nicolas Sarkozy, invité exceptionnel ce matin
25:28 pour la sortie du temps des combats chez Fayard.
25:30 C'est déjà un best-seller
25:31 et c'est le deuxième tome de vos mémoires de président
25:35 pour couvrir les années 2009, 2010 et 2011.
25:38 Beaucoup de récits de l'actualité internationale notamment.
25:43 Ce qui vous vaut d'ailleurs, aujourd'hui,
25:46 une polémique assez vive
25:48 autour de la guerre en Ukraine.
25:50 Question très simple,
25:51 Nicolas Sarkozy, êtes-vous devenu pro-russe ?
25:54 Non.
25:56 Je suis toujours fasciné, monsieur Zappar,
25:58 de l'impossibilité actuelle.
26:00 Il n'y a jamais eu tant de chaînes de télévision,
26:03 de radio, de possibilité de s'exprimer,
26:08 et tant de gens qui veulent refermer le débat
26:11 avant qu'il soit ouvert.
26:13 Il y a 500 000 morts dans cette guerre.
26:16 Cette guerre, il y a un agresseur,
26:17 la Russie, Poutine,
26:20 et une victime, l'Ukraine.
26:21 Mais est-ce qu'on peut réfléchir comment on s'en sort ?
26:25 Comment on arrête un demi-million de morts ?
26:29 J'ai voulu simplement dire que,
26:31 pour résoudre une guerre, il y a deux façons.
26:34 Soit l'anéantissement de l'autre.
26:38 Je mets en garde.
26:39 On ne va pas anéantir la deuxième puissance nucléaire du monde.
26:43 Ou alors, le monde risque de verser dans une guerre totale.
26:48 Soit la discussion diplomatique.
26:51 On me dit, Poutine a changé,
26:54 on ne peut pas discuter avec lui.
26:55 Ceux qui disent ça sont en général
26:57 ceux qui n'ont jamais rencontré M. Poutine.
27:00 J'ai eu peut-être 80 conversations avec lui.
27:03 On ne peut pas faire ce reproche à Emmanuel Macron,
27:04 qui aujourd'hui n'arrive plus à communiquer avec l'admirateur Poutine.
27:08 On pourrait...
27:09 Il n'y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais...
27:11 J'ai eu des conversations très dures avec lui.
27:15 Quand M. Poutine avait eu la très mauvaise idée de rentrer en Géorgie.
27:18 Ses chars étaient à 25 km de Bélicy.
27:21 Je suis parti à Moscou.
27:23 On a discuté 7h30.
27:26 Et la guerre s'est arrêtée.
27:28 Il s'est retiré de Géorgie.
27:31 Et aujourd'hui, la Géorgie est un pays libre.
27:33 Je ne dis pas qu'on peut refaire ce que j'ai fait.
27:36 Sans doute, vous avez raison,
27:38 les circonstances sont différentes.
27:39 C'est surtout, oui, le drame est différent.
27:42 Vous évoquiez 500 000 morts en Ukraine, 500 000 victimes.
27:44 Aujourd'hui, est-ce qu'on peut encore considérer
27:48 que Vladimir Poutine est un interlocuteur ?
27:50 Écoutez ce que répond Catherine Colonna,
27:51 ministre des Affaires étrangères.
27:53 Je vais vous faire une réponse courte, je ne les ai pas compris.
27:56 Vous ne les avez pas compris.
27:57 Vous ne comprenez pas pourquoi Nicolas Sarkozy...
28:00 Vous en avez parlé avec lui ?
28:01 Non, non, non, non.
28:03 J'ai déjà été interrogée par certains de vos confrères.
28:06 Et j'ai répondu que dans ma position de ministre,
28:08 il ne m'appartient pas de commenter les propos d'un ancien chef de l'État.
28:11 Mais il serait bon que les propos de l'ancien chef de l'État
28:13 soient conformes aux principes que défend la France.
28:16 La souveraineté, l'intégrité territoriale des États,
28:19 l'intangibilité des frontières,
28:22 l'indépendance des États.
28:24 Et soient également conformes à ce qu'est la position de la France,
28:27 celle qu'elle défend dans les enceintes internationales.
28:29 C'est ça le pire en fait dans cette polémique.
28:31 Non seulement on vous accuse d'être pro-russe,
28:32 mais on vous dit "vous jouez contre la France".
28:35 Oui, enfin...
28:37 Madame Colonna n'a pas une grande expérience politique pour tout dire.
28:40 Elle a été la secrétaire générale de Jacques Chirac,
28:42 qui était un grand proche de Poutine
28:44 et qui était invitée avec M. Berlusconi
28:46 aux anniversaires de Poutine,
28:47 ce que je n'ai jamais été invité moi-même.
28:50 Donc si madame Colonna veut me répondre, on peut débattre.
28:52 Je ne dis pas que j'ai la vérité.
28:55 Mais enfin, ça veut donc dire que
28:58 quand la France prend une position,
29:00 on doit tous, celle et n'y dernière, circuler et rien avoir.
29:02 Alors, dans un côté, si vous dites quelque chose,
29:05 vous êtes d'extrême droite,
29:06 de l'autre vous êtes pro-Poutine,
29:08 le troisième, vous travaillez contre la France.
29:11 Parce que vous êtes ancien président de la République
29:13 et que la Sarkozy, vous n'êtes pas n'importe quel Français.
29:15 Justement.
29:18 Il se trouve que j'ai voté M. Macron
29:19 parce que je ne voulais ni de M. Mélenchon
29:21 ni de Mme Le Pen.
29:23 Mais enfin, on est quand même dans un pays libre.
29:25 Enfin, je l'espère.
29:26 On a le droit de donner son opinion.
29:28 Bien sûr.
29:29 Et madame Colonna peut prendre l'air martial qu'elle veut.
29:32 Ça ne donne pas de contenu à ce qu'elle dit.
29:34 Il n'y a aucun contenu.
29:36 La question, par exemple, toute simple,
29:38 est-ce que faire rentrer l'Ukraine dans l'OTAN,
29:42 est-ce que ça favorise la paix ou non ?
29:45 On peut en débattre quand même.
29:47 Je dis que ça ne favoriserait pas la paix.
29:49 Vous savez, en 2008,
29:51 M. Bush me dit
29:53 « Laisse rentrer l'Ukraine dans l'OTAN ».
29:55 Mme Merkel et moi,
29:57 nous refusons.
29:58 Pourquoi, M. Brustussa ?
30:01 Parce que quand vous agitez la muletta sous le nez du taureau,
30:04 il ne faut pas s'étonner qu'il charge.
30:07 Donc, mettre l'Ukraine dans l'OTAN,
30:10 c'est une provocation.
30:13 Aux yeux des Russes,
30:15 si l'Ukraine a un statut de pays neutre,
30:17 avec des garanties pour sa sécurité
30:20 et pour ses frontières données par l'ONU
30:22 ou par la communauté internationale,
30:25 il me semble que c'est une alternative
30:27 qui vaut la peine d'être évoquée.
30:30 Quand Mme Collon a dit « On fait la guerre sans l'affaire »,
30:32 qu'est-ce que ça signifie ?
30:33 Quel est le but de guerre ?
30:36 Qu'est-ce que ça veut dire ?
30:37 C'est une nouvelle forme de conflit.
30:38 C'est une nouvelle forme de conflit qui…
30:40 Vous savez, tous les gens courageux,
30:42 boulevard Saint-Germain,
30:43 qui envoient mourir des jeunes Ukrainiens.
30:46 Ça fait pleurer.
30:47 La question, si vous permettez Nicolas Sarkozy,
30:51 au sujet de Vladimir Poutine,
30:52 est-ce que votre vision du Poutine
30:54 que vous avez connu lorsque vous étiez président,
30:57 ce Poutine-là est-il encore le même ?
30:59 Un exemple très concret.
31:00 Ce matin, il rencontre Kim Jong-un,
31:03 le leader nord-coréen.
31:04 Ça veut dire qu'aujourd'hui,
31:06 Poutine c'est ça.
31:07 Qui sont les alliés de Poutine ?
31:09 Pour vous, Monsieur Poussin,
31:10 le but de guerre,
31:11 c'est de changer le gouvernement de la Russie.
31:14 Ce n'est pas ce que je dis.
31:15 Permettez-moi de vous dire que ce n'est pas crédible.
31:18 On peut débattre sans être accusé
31:21 d'être pro l'un ou pro l'autre.
31:23 Les Américains ont une vision cohérente
31:27 et toujours la même.
31:29 Ils voulaient faire rentrer la Turquie en Europe
31:31 parce que la Turquie c'est leur allié.
31:34 Les Américains voulaient faire rentrer l'Ukraine en Europe
31:37 parce que plus il y a de pays de l'Est en Europe,
31:40 plus l'Europe sera en vérité sous domination américaine.
31:44 Je souhaite une Europe indépendante.
31:46 Il y a un double jeu des États-Unis selon vous ?
31:48 Il n'y a pas de double jeu, c'est très clair.
31:50 Les États-Unis veulent l'Europe,
31:53 mais une Europe qu'il aurait soumise.
31:55 D'ailleurs, le président Macron lui-même
31:57 a une très bonne intuition.
31:59 Il a essayé de garder le contact avec Poutine
32:02 et tout un tas de pays,
32:03 notamment les pays d'Europe de l'Est
32:05 pour des réseaux historiques que je peux comprendre,
32:07 lui sont tombés dessus.
32:08 Mais ce qui est important, voyez-vous,
32:10 après tout, peut-être que Mme Kollena a raison
32:12 sur son argumentation
32:13 ou que moi j'ai raison,
32:15 mais on doit en débattre.
32:16 Cette chape de plomb.
32:18 Alors, ne débattez pas de l'islam,
32:20 ne débattez pas de l'immigration,
32:22 ne débattez pas de la guerre Ukraine-Russie,
32:25 on va où comme ça ?
32:27 La démocratie, ce n'est pas simplement les élections.
32:29 Ça a suscité beaucoup de réactions.
32:31 Même Lionel Jospin, sorti de sa réserve,
32:34 on ne peut pas accuser Lionel Jospin
32:35 de récupération électorale.
32:38 Il a été extrêmement choqué par vos propos.
32:40 Lionel Jospin est aujourd'hui sur la ligne
32:42 de celui qu'il combattait à l'époque, George Bush.
32:45 L'obsession de Bush comme d'Obama
32:48 était d'élargir l'Europe aux pays de l'Est
32:50 et même à la Turquie.
32:51 Vous savez, lorsque je me suis opposé
32:53 à l'entrée de la Turquie en Europe,
32:55 Jacques Chirac et François Hollande étaient pour.
32:58 Je me suis opposé à l'époque.
33:01 C'est peut-être pas Mme Kollena,
33:03 mais les mêmes.
33:04 "Ah, il est turcophobe,
33:06 "ah, il est islamophobe,
33:08 "il fallait laisser rentrer
33:09 "100 millions de Turcs en Europe,
33:10 "ça serait bien aujourd'hui."
33:12 D'avoir M. Erdogan à la table du Conseil européen.
33:16 Quand vous dites quelque chose
33:18 qui ne rentre pas exactement au moment voulu,
33:21 dans la petite case de la pensée unique
33:23 derrière laquelle chacun se réfugie,
33:28 vous êtes montré du doigt ou caricaturé.
33:30 - D'ailleurs, pour finir sur ce sujet,
33:33 Zelensky, c'est pas votre tasse d'eau,
33:36 c'est ce que vous écrivez,
33:37 vous dites "leçon de morale" au MEDEF,
33:40 au Festival de Cannes.
33:42 - Quand M. Zelensky dit
33:44 "il faut que Carrefour ou la Société Générale
33:47 "ferme leur filiale en Russie",
33:48 je vois pas ce que la jeune femme vendeuse
33:51 chez Carrefour a à faire avec la guerre en Ukraine.
33:55 M. Bruce Toussaint,
33:58 quand Georges Bush a eu la très mauvaise idée
34:01 de rentrer en Irak,
34:03 sans mandat des Nations Unies,
34:06 sans mandat des Nations Unies,
34:09 et que Jacques Chirac a eu la très bonne idée
34:11 de s'y opposer,
34:13 a-t-on sanctionné les Américains ?
34:15 Qui n'y étaient pour rien.
34:17 Ma conviction,
34:20 c'est que la Russie et l'Europe
34:23 ont à travailler ensemble.
34:25 Nous sommes voisins.
34:27 C'est la différence entre les Etats-Unis et nous.
34:30 - Nicolas Sarkozy,
34:32 depuis le début de la promotion de ce livre,
34:36 vous avez pu vous exprimer aussi
34:38 sur ce qu'on appelle communément les affaires.
34:41 Et vous avez un terme que vous avez utilisé,
34:44 vous avez parlé de harcèlement
34:46 de la part de la justice,
34:48 et plus particulièrement de la part du
34:50 parquet national financier.
34:52 Jean-François Bonner,
34:54 le procureur de la République,
34:56 qui est le patron du PNF,
34:58 vous répond ce matin, c'était sur RTL,
35:00 écoutez ce qu'il dit à propos de ce mot de harcèlement.
35:02 - C'est un élément de langage
35:04 que j'entends maintenant
35:06 depuis que j'ai pris mes fonctions.
35:08 Nous l'avons notamment et abondamment entendu
35:10 lors du procès dit "bismuth",
35:12 l'affaire des écoutes téléphoniques.
35:14 On l'a également entendu lors du procès
35:16 "Big Malion" qui arrive en appel
35:18 le mois prochain ou dans deux mois
35:20 à la cour d'appel.
35:22 Je dirais qu'en matière économique et financière,
35:25 dès lors que vous vous attaquez
35:27 à des personnalités de cet ordre-là,
35:30 on vient bien sûr vous renvoyer la balle,
35:32 si je puis dire, sans métaphore particulière.
35:35 - Et pour être très clair,
35:37 et je vais employer une expression un peu triviale,
35:39 votre objectif ce n'est pas de vous payer Nicolas Sarkozy ?
35:41 - Absolument pas.
35:43 Il est hors de question,
35:45 et ça je le dis solennellement
35:47 à l'attention de vos auditeurs,
35:49 il est hors de question
35:51 qu'une autorité judiciaire, quelle qu'elle soit,
35:53 et en particulier le parquet national financier,
35:56 que nous "payons"
35:58 telle ou telle personnalité.
36:00 Nous sommes là pour contribuer
36:02 à rendre la justice
36:04 et notre boussole,
36:06 c'est la règle de droit,
36:08 c'est l'application du droit.
36:10 Point à la ligne.
36:12 - Point à la ligne.
36:14 Nous ne sommes pas là pour nous payer qui que ce soit,
36:16 dit le patron du PNF.
36:18 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
36:20 - D'abord j'étais étonné de voir que le procureur financier
36:22 fait une campagne médiatique
36:24 où il me prend à partie,
36:26 pas dans cet extrait mais dans d'autres que vous auriez pu...
36:28 Il me semble que la justice
36:30 a tout lieu d'être dans un prétoire
36:32 et pas dans des médias.
36:34 Et...
36:36 Dans un endroit où je peux lui répondre.
36:38 - Vous-même vous en parlez à la télévision.
36:40 - J'ai quand même le droit de me défendre,
36:42 à moins qu'on n'ait pas le droit,
36:44 alors dans ce cas-là c'est une autre chose.
36:46 Est-ce que vous me donnez quelques minutes ?
36:48 C'est très important.
36:50 J'ai été interrogé des centaines d'heures,
36:52 perquisitionné,
36:54 mis en garde à vue.
36:56 Ça fait maintenant
36:58 10 ans
37:00 que je suis examiné sur toutes les coutures.
37:02 Je ne m'en suis jamais plein.
37:04 - Vous êtes aussi jugé et même parfois condamné.
37:06 - Non, non, on va voir.
37:08 Vous savez, c'est à la fin qu'on verra.
37:10 Je ne m'en suis jamais plein,
37:12 j'ai fait face à mes responsabilités,
37:14 je ne me suis pas dérobé,
37:16 j'ai répondu à toutes les questions.
37:18 Alors qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui ?
37:20 C'est intéressant de voir.
37:22 Parce que 10 ans après,
37:24 mon patrimoine, celui de mes enfants,
37:26 de ma femme et même de ma mère,
37:28 a été,
37:30 sur les 14 dernières années,
37:32 laserisé. Vous m'entendez ?
37:34 Laserisé.
37:36 Que dit l'ordonnance de renvoi ?
37:38 Il n'y a pas d'enrichissement
37:40 personnel chez Nicolas Sarkozy.
37:42 Non mais c'est quand même,
37:44 à longueur de plateau,
37:46 les gens viennent d'ergoter,
37:48 il n'y a pas d'enrichissement personnel.
37:50 - Ce n'est pas l'objet du dossier des écoutes, par exemple ?
37:52 Vous avez une condamnation en lapin ?
37:54 - La corruption sans enrichissement personnel,
37:56 c'est déjà autre chose.
37:58 - Tout le monde sait que la corruption, finalement, n'est pas à la frontière.
38:00 - Mais ferme, monsieur Brussels.
38:02 On va en parler. Deuxième chose.
38:04 L'affaire dite "libienne",
38:06 ce scandale,
38:08 a commencé par un document publié
38:10 par Mediapart,
38:12 indiquant que j'avais signé moi-même
38:14 un accord avec monsieur Kadhafi,
38:16 excusé du peu sur 50 millions d'euros.
38:18 Ce document, tout le monde le sait,
38:20 est un faux.
38:22 C'est tellement vrai, monsieur Toussaint,
38:24 que dans l'ordonnance de renvoi,
38:26 il n'en parle plus.
38:28 - Mediapart conteste ce que vous dites sur ce point-là.
38:30 - Il n'en parle plus.
38:32 Il n'y a pas à contester. Il suffit de lire l'ordonnance de renvoi.
38:34 - La justice a donné tort à trois reprises
38:36 à Nicolas Sarkozy, selon Mediapart,
38:38 qui a voulu faire croire à un faux.
38:40 L'ordonnance de renvoi de l'affaire "libienne" parle bien
38:42 sur six pages de ce document.
38:44 Les juges décrivent, même, page 46 du document,
38:46 que la précédente information judiciaire
38:48 apportait un élément supplémentaire,
38:50 susceptible d'accréditer l'authenticité de ce document.
38:52 - Ce n'est pas vrai.
38:54 Je vais vous le démontrer. C'est la troisième chose.
38:56 Puisque je suis accusé d'avoir...
38:58 que ma campagne ait reçu de l'argent de monsieur Kadhafi,
39:00 ce qui est invraisemblable,
39:02 savez-vous que l'ordonnance de renvoi...
39:04 - Vous n'êtes pas le seul français.
39:06 - Non, non, non, non. Dix ans d'instruction.
39:08 L'ordonnance est incapable de dire de combien.
39:10 C'est-à-dire que, après dix ans d'enquête,
39:12 on n'a pas trouvé un centime
39:14 de monsieur Kadhafi,
39:16 ni dans mes comptes,
39:18 ni dans ma campagne.
39:20 Pas un centime.
39:22 - Donc ce que vous voulez dire, c'est que...
39:24 Ce que je comprends, maintenant, c'est que vous dites
39:26 "Puisqu'il est prouvé..."
39:28 Non, mais j'essaie d'expliquer aussi à ceux qui nous regardent.
39:30 "Puisqu'il est prouvé qu'il n'y a pas eu
39:32 d'enrichissement personnel,
39:34 ça démonte
39:36 tous ces français."
39:38 - On n'a pas trouvé, dans ma campagne,
39:40 un centime
39:42 de liquide,
39:44 et ça a été fait à deux reprises,
39:46 puisque dans l'affaire Béthancourt, j'ai eu un non-lieu,
39:48 le juge gentil avait examiné
39:50 la même campagne et n'avait pas trouvé.
39:52 Donc, monsieur Moustoussin,
39:54 dans un état de droit,
39:56 quand sur les comptes de la personne accusée, on ne trouve rien,
39:58 et quand dans les comptes
40:00 de la campagne de la personne accusée, on ne trouve rien,
40:02 on en tire la conclusion
40:04 qu'il est innocent.
40:06 Chez moi, on en tire la conclusion
40:08 qu'il y a suspicion. Pourquoi ?
40:10 Et j'en terminerai par là.
40:12 Parce que Kadhafi,
40:14 ses fils, et ses affidés,
40:16 disent "Vous verrez,
40:18 depuis dix ans, on produira
40:20 des documents qui prouveront
40:22 cela." Dix ans après,
40:24 pas l'ombre d'un document.
40:26 Vous m'entendez ? Pas l'ombre
40:28 d'un document. Donc,
40:30 je ne baisserai pas la tête.
40:32 Je ne veux prendre à partie
40:34 personne, ni le procureur général financier,
40:36 ni l'institution judiciaire.
40:38 Je me dis quand même,
40:40 il y a parfois quelque chose d'inquiétant,
40:42 pour moi, je suis assez grand pour me défendre.
40:44 Le procureur financier
40:46 va à la radio
40:48 pour m'attaquer ?
40:50 Mais qu'est-ce qu'il fait,
40:52 à faire ? Pourquoi ?
40:54 Qu'ai-je dit ? Est-ce que j'ai insulté quelqu'un ?
40:56 - Vous jouez l'opinion contre la justice.
40:58 - Non, non, non, non.
41:00 - Après tout, pourquoi reprocher au procureur
41:02 financier d'aller à la radio ?
41:04 - Monsieur Brustoussin,
41:06 quand vous dites quelque chose d'idexact,
41:08 vous me permettez de vous reprendre. Je ne joue pas l'opinion.
41:10 Ce n'est pas moi qui fais fuiter les documents,
41:12 les convocations, et qui sortent.
41:14 Excusez-moi, vous êtes gentil,
41:16 mais pas naïf.
41:18 Vous savez parfaitement ce qu'il en est.
41:20 - Vous prenez l'opinion à partie pour dire que vous êtes victime de harcèlement.
41:22 - Non, non, absolument pas.
41:24 Monsieur Brustoussin,
41:26 si on dit que je suis malhonnête,
41:28 il faut le prouver. Si vous ne le prouvez pas,
41:30 vous m'avez sur votre route.
41:32 - La justice a tranché au moins
41:34 pour ce qui concerne une affaire.
41:36 Et maintenant, c'est la Cour de cassation
41:38 qui va s'exprimer pour ce qui concerne
41:40 l'affaire des écouteurs.
41:42 - Laissez-moi aller.
41:44 - Je vous laisse depuis tout à l'heure.
41:46 - La présidente de la Cour d'appel
41:48 qui m'a condamné,
41:50 un de vos confrères révèle
41:52 que cette personne, dont je ne chiterai pas
41:54 le nom par discrétion, a pris
41:56 il y a quelques années, violemment,
41:58 politiquement position
42:00 contre moi. Violemment,
42:02 nommément.
42:04 Est-ce que c'est normal, monsieur Toussaint,
42:06 qu'un juge qui vous juge
42:08 soit un de vos adversaires politiques ?
42:10 Imaginez à l'inverse, monsieur Toussaint.
42:12 Imaginez à l'inverse
42:14 que j'ai été jugé
42:16 par quelqu'un
42:18 qui était proche politiquement de moi.
42:20 Quel scandale !
42:22 Hier, j'ai appris que le syndicat
42:24 de la magistrature
42:26 invitait à la fête de l'humanité
42:28 la fête communiste.
42:30 Alors que le devoir d'un magistrat,
42:32 c'est d'être impartial.
42:34 Est-ce que vous ne pensez pas
42:36 qu'il y a quelque chose de bizarre ?
42:38 Non, non, non. J'ai voulu répondre
42:40 parce que c'est trop facile.
42:42 J'ai une question personnelle à vous poser,
42:44 Nicolas Sarkozy. Est-ce qu'il vous arrive
42:46 de penser à la pire des sanctions ?
42:48 Celle qui pourrait
42:50 vous priver de liberté ?
42:52 Est-ce qu'il vous arrive, vous,
42:54 à penser que demain, vous pouvez tomber malade ?
42:56 Oui. Eh bien, je suis comme les autres.
42:58 Mais monsieur Brustos,
43:00 je veux dire une chose.
43:02 J'ai la force de celui
43:04 qui est innocent et qui ne baissera pas la tête.
43:06 Vous parlez de l'affaire
43:10 Bismuth qui a occupé les médias.
43:12 La montagne a accouché d'une demi-souris.
43:16 On voudrait me condamner
43:18 parce que j'aurais eu l'intention
43:20 de faire une intervention sans aucune contrepartie.
43:22 Donc, on ira jusqu'au bout.
43:26 S'il faut que j'aille devant la Cour européenne des droits de l'homme,
43:28 j'irai. Mais il ne suffit pas de salir
43:30 monsieur Brustos,
43:32 pas vous,
43:34 il faut prouver. On est dans un état de droit.
43:36 Alors souvent, on me dit
43:38 "mais c'est pas trop dur, c'est pas trop dur".
43:40 Bien sûr que c'est dur.
43:42 Mais vous savez ce qui est dur ?
43:44 C'est de rester convaincu de son innocence.
43:48 C'est de continuer à se battre.
43:50 Et de continuer à en croire à la justice.
43:52 De continuer à croire dans l'état de droit.
43:54 C'est ce que je fais.
43:56 Deux dernières questions, si vous permettez.
43:58 Et d'ailleurs, si vous permettez juste un mot,
44:00 je suis présent. Parce que si j'avais fraudé le fisc,
44:02 si j'avais détourné de l'argent,
44:04 vous me diriez "enfin monsieur Sarkozy,
44:06 c'est pas bien de faire ça quand on est présent à la pub".
44:08 Non, non, vous ne me dites pas ça, vous.
44:10 Parce que vous ne pouvez pas.
44:12 Parce qu'en vérité, il y en a un.
44:14 C'est un vide sidérant.
44:16 On est au terme de cette interview.
44:20 Ça sera le prochain livre, j'imagine, mais
44:22 vous avez dû réfléchir forcément
44:24 depuis toutes ces années. Pourquoi avez-vous perdu en 2012 ?
44:26 Vous savez, je crois que ma campagne de 2012
44:32 c'était la plus belle.
44:34 Je suis parti, j'étais à 33% deuxième tour.
44:38 Je termine à 58,5.
44:40 28 au premier tour, 58,5 au deuxième.
44:42 C'est pas passé loin.
44:44 Je pense, voyez-vous, qu'il y a un tas de raisons qui sont...
44:48 Il y avait cette affaire libyenne opportunément
44:52 qui est sortie exactement entre les deux tours
44:54 par l'officine Mediapart, bien connue pour ses mensonges.
44:58 Pas simplement pour moi d'ailleurs,
45:00 sur M. Mitterrand aussi.
45:02 Et puis, réfléchissez à ça.
45:06 La droite avait eu deux mandats de Jacques Chirac.
45:08 J'en avais eu un, ça faisait trois.
45:10 Quatre, ça faisait beaucoup.
45:14 Et puis peut-être que j'avais pas aussi envie en 2012
45:18 que je ne l'avais en 2007.
45:20 Ça aussi, c'est une phrase qui restera peut-être.
45:26 Je voudrais aussi signaler que vous êtes engagé
45:28 depuis très longtemps aux côtés de l'Institut Gustave Roussy,
45:32 qui est basé à Villejuif évidemment,
45:34 et qui était la pointe dans la lutte contre les cancers pédiatriques.
45:36 Voici cette affiche qui apparaît à l'instant.
45:40 Il est possible de faire un don, c'est très important.
45:42 Le mois de septembre est un mois de mobilisation
45:44 pour récolter des fonds.
45:46 Le livre s'appelle "Le temps des combats".
45:48 C'est le récit de ces trois années
45:50 au milieu du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
45:53 Merci d'avoir accepté de répondre à toutes nos questions.
45:55 Je voudrais juste un mot sur la photo de Noé,
45:57 parce que Noé, que vous avez vu en photo, est mort.
46:00 Absolument.
46:01 Noé, c'est un petit garçon que j'ai connu à huit ans,
46:04 qui avait un cancer,
46:06 et ce cancer, 100% de mortalité.
46:10 Et c'est pour ça qu'il faut donner de l'argent.
46:12 C'est pour ça qu'il faut les aider.
46:14 Le message est passé.
46:15 Merci Nicolas Sarkozy.
46:16 du live dans un instant.