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  • 10/03/2025
Comment préparer le pays à une hausse de 4 degrés d'ici 2100 ? Le gouvernement a dévoilé ce matin un plan, maintes fois repoussé. Une cinquantaine de mesures pour rénover les logements, aménager les forêts ou encore anticiper les sécheresses... Les moyens alloués sont-ils suffisants ? Écoutez
l'interview de Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 10 mars 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h17, bonsoir Marine Montandelier.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes secrétaire nationale des écologistes, merci de prendre la parole sur RTL ce soir.
00:11Comment préparer le pays à une hausse de 4 degrés d'ici 2100 ?
00:15Le gouvernement a dévoilé ce matin un plan, maintes fois repoussé d'ailleurs,
00:18une cinquantaine de mesures pour rénover les logements, aménager les forêts
00:22ou encore anticiper les sécheresses. Qu'en pensez-vous ?
00:26J'en pense que c'est très important, mais qu'il faut des moyens
00:30et que ce plan, vous l'avez dit, qui prévoit quand même qu'on vive dans une France
00:33à plus 4 degrés d'ici la fin du siècle,
00:37en fait, pour faire face à ça, le gouvernement français nous prépare un plan
00:40avec un euro par français et par an.
00:43Vous voyez bien qu'il y a un petit problème.
00:44Je rappelle quand même que plus de 6 Français sur 10 sont exposés aux risques climatiques,
00:49qu'un Français sur 4 vit dans une zone inondable
00:52et que 20 millions de Françaises et de Français sont déjà exposés
00:55au phénomène de retrait gonflement des argiles.
00:58Vous le savez peut-être, vous qui nous écoutez,
00:59si vous avez des fissures, par exemple, dans vos maisons.
01:03Et donc d'ici 2100, par exemple, les submersions marines devraient augmenter de moitié.
01:07Il y a 20 millions d'habitants au bord de la Méditerranée, par exemple,
01:11qui pourraient être déplacés d'ici 2100 du fait de la fragilité des littoraux.
01:16Pardonnez-moi, 20 millions tout autour du pontour méditerranéen ?
01:19Excusez-moi, je vous interromps, mais comme je pense que le titre a dû impressionner nos auditeurs,
01:23nous parlons bien du pourtour de la Méditerranée, pas uniquement en France.
01:26Ils peuvent être impressionnés parce qu'il n'y a pas que les Français qui comptent.
01:28Nous sommes d'accord.
01:29Ça concerne l'humanité.
01:31Et la réalité, c'est que pour les enfants qui naissent cette année,
01:34c'est l'habitabilité même de la planète pour l'année de leurs 30 ans qui est en question.
01:37Donc, vous voyez, ça nécessite des vraies ambitions.
01:40Et nous, on trouve que le compte n'y est pas.
01:42Par exemple, vous savez, on demandait parce qu'il y a une première version de ce plan
01:46qui est sorti à l'automne et il y avait une consultation.
01:49Il y a eu 6000 personnes qui ont donné leur avis.
01:51Et dans les 6000 contributions, il y avait celles de notre parti politique, les écologistes.
01:55Nous, par exemple, on demandait des mesures de protection pour les travailleurs
01:58qui sont exposés à de très fortes chaleurs.
02:00C'est le cas déjà en Grèce, en Chypre, en Espagne.
02:04À partir d'une certaine température, pour certains métiers particulièrement exposés,
02:07ceux qui travaillent sur les toitures, par exemple, dans le PTP,
02:10ils ont une forme de droit de retrait possible.
02:13On les protège, on les met à l'abri.
02:16Malgré la proposition qu'on a faite plusieurs fois,
02:17ce n'est toujours pas dans la réglementation française.
02:20Et puis, ce qu'on demande, bien sûr, c'est des moyens.
02:22Et là, on peut vous dire qu'après le projet de loi de finances qui vient d'être adopté,
02:25on en est loin.
02:26Donc, vous venez de nous dire que le principe est absolument nécessaire,
02:29mais les moyens loués sont insuffisants.
02:31Quels sont les sites du pays pour lesquels vous êtes particulièrement inquiète
02:35sur le plan géographique ?
02:36Les vulnérabilités, elles sont multiples.
02:38Il y a premièrement celles et ceux qui habitent sur le pourtour du pays,
02:42notamment sur le littoral.
02:44Par exemple, à Saint-Malo, il y a 25 000 habitants qui vivent sous le niveau de la mer.
02:48En tout, c'est 130 000 Bretons qui sont potentiellement menacés par l'érosion.
02:54Deux tiers des côtes normandes sont déjà en érosion
02:56avec un rythme moyen de 20 à 25 centimètres par an pour les falaises sédimentaires.
03:01Ça, c'est un chiffre du GIEC normand.
03:03Vous voyez, c'est vraiment un risque qui concerne tout le monde,
03:05mais Oxfam a sorti des études qui font froid dans le dos sur le nombre d'écoles
03:09qui, en 2050, ne pourront peut-être pas accueillir des enfants tous les jours
03:14à cause des chaleurs extrêmes qu'ils pourraient faire dans les locaux.
03:17Pareil pour les EHPAD.
03:18Par exemple, il y a des EHPAD qui ne seront pas en mesure,
03:20dans une France à plus 4 degrés, d'accueillir convenablement.
03:24Et nous, notre sujet, c'est que ça, on le sait, tout le monde le sait.
03:27Tout le monde devrait le savoir, en tout cas, surtout le responsable politique.
03:30La question, c'est qu'est-ce qu'on fait pour anticiper ?
03:32Ce débat n'est pas possible aujourd'hui dans notre pays ?
03:35Vous avez suivi des débats parlementaires comme moi.
03:38Quand on enlève 56% de moyens sur le fond vert, c'est-à-dire 1,4 milliard d'euros.
03:45Quand on enlève 59% sur les opérations pour planter des haies,
03:50pour aussi permettre une meilleure gestion de l'eau,
03:53qui va être un vrai problème dans les décennies qui viennent de sécheresse ou d'inondation.
03:57Quand on prévoit sur le plan, je vous parlais des retraits gonflements argiles,
04:01donc c'est millions de Français, il y a des millions de Français concernés
04:04qui ont des fissures dans leur maison.
04:06Vous savez combien le plan consacre à ce phénomène ?
04:093 euros par maison.
04:113 euros par maison.
04:13Ils vont rigoler les assureurs et les personnes qui habitent dans les maisons encore plus.
04:16Plus je vous écoute, plus je me dis que c'est l'ensemble du budget qu'il aurait dû fournir,
04:20qu'on aurait dû fournir sur uniquement cette question.
04:22Vous avez bien compris, il faut un budget écologiste.
04:26Il faut un budget écologiste et dans un moment où on parle beaucoup de la guerre en Ukraine notamment
04:31et qui plonge une grande partie de ce pays dans l'angoisse et c'est naturel,
04:35il faut aussi dire que l'écologie c'est un projet de paix.
04:38Parce que voyez-vous, aujourd'hui on consacre quasiment plus d'argent
04:42que l'on envoie à Poutine parce qu'on lui achète du gaz,
04:47des engrais pour l'agriculture intensive, du pétrole, de l'uranium enrichi,
04:52tout ça on l'achète à la Russie et ça finance la guerre qu'il mène contre l'Ukraine.
04:55On donne plus d'argent à Poutine par ces biais-là
04:58qu'on en donne à l'Ukraine en aide militaire, de reconstruction, etc.
05:02Donc ça pose un problème.
05:03La réalité c'est qu'il faut changer toute notre manière d'organiser la société
05:09qui est ce qui garantira une meilleure protection des Français
05:12parce que ça garantira la paix, on ne dépendra plus d'impérialisme fossile
05:17mais aussi parce qu'on protégera leur avenir.
05:19Et quand j'entends les partis de droite nous parler de sécurité toute la semaine,
05:22ils parlent d'une certaine forme de sécurité, on voit bien laquelle,
05:25et qu'il y a une forme importante de sécurité.
05:27Mais bien protéger les Français c'est aussi s'occuper de leur avenir climatique.
05:31Marine Tondelier, je prends trois questions très simples.
05:33Quels sont les sites du pays pour lesquels vous êtes particulièrement inquiète
05:36au moment où nous parlons ? J'ai bien compris que le littoral en faisait partie.
05:39Et est-ce que la physionomie de la France va vraiment changer dans les 20 années qui viennent ?
05:46Je vous ai parlé du littoral, je vais vous parler maintenant des zones très concernées par la sécheresse.
05:50Moi j'étais il n'y a pas longtemps dans l'Aude en soutien des viticulteurs.
05:54Les viticulteurs de l'Aude savent très bien que leur vigne est en train de crever
05:59et qu'il est quasiment déjà trop tard.
06:02C'est-à-dire que là ils essayent de gagner quelques années,
06:04mais qu'il sera bientôt juste plus possible d'avoir des activités viticoles
06:09dans cette région de France.
06:11Et c'est toute une activité qui s'effondre, c'est une partie de leur patrimoine,
06:15et donc ça va être beaucoup plus compliqué.
06:17Parallèlement à ça, je vois des agriculteurs du Pas-de-Calais, là où j'habite,
06:20qui commencent à faire des vignes.
06:22Vous voyez bien que c'est tout le tissu agricole aussi qui va être complètement chamboulé.
06:26C'est pour ça que moi j'ai toujours dit que les agriculteurs n'étaient pas les ennemis des écolos,
06:29et les écolos pas les ennemis des agriculteurs.
06:31Parce qu'on sait bien, eux, comme nous, en priorité ce qui nous attend.
06:35Eux, parce que c'est leur métier, au quotidien, les mains dans la terre,
06:38ils voient bien que la biodiversité s'effondre,
06:40ils voient bien que d'année en année ils prennent des risques,
06:42et que même les assureurs ne les suivent plus.
06:44C'est des risques financiers aussi qu'ils prennent.
06:46Et puis nous écologistes, parce qu'on suit ces questions de prêts,
06:48et qu'ils ont tous nos soutiens à ces agriculteurs.
06:50Est-ce que l'urgence écologique n'est pas en ce moment, en tout cas,
06:52victime, par définition, de la guerre à laquelle nous sommes confrontés,
06:56voilà, entre la Russie et l'Ukraine ?
06:59C'est le vrai sujet.
07:00Alors, moi je ne priorise pas une urgence sur l'autre.
07:03Nous avons, avec la paix en Europe et l'habitabilité de la planète,
07:07les deux questions existentielles, en fait,
07:09qui se posent à nous pour les années qui viennent.
07:11Donc, pour une fois, je vais vous dire qu'il faut faire du en même temps.
07:14Et l'écologie permet, comme je vous l'expliquais,
07:16à la fois d'être un projet de paix,
07:19qui assèche aussi les financements de Poutine et de Trump,
07:22et qui permet d'être moins dépendant des impérialismes fossiles
07:26que sont les États-Unis et la Russie,
07:29mais permet aussi de protéger nos enfants, nos petits-enfants,
07:34et puis nous-mêmes, parce qu'on voit bien que ces risques-là,
07:36c'est plus loin de nous, dans l'espace et dans le temps.
07:39C'est ici et maintenant.
07:40J'étais l'hiver dernier avec des gens à Saint-Omer,
07:43qui n'avaient jamais voté écologiste de leur vie,
07:45ce n'était vraiment pas leur sujet,
07:46et qui me disaient, avec de l'eau jusqu'à la taille dans leur maison,
07:49ils avaient tout perdu.
07:50Ils me disaient, Madame Tendelier, ça y est, on est des réfugiés climatiques.
07:53Et c'était les habitants de Saint-Omer
07:55qui, quelques jours avant, n'auraient jamais cru que ça leur arriverait.
07:58C'est maintenant.
07:59Une toute dernière question qui nous sort de ces questions
08:02par ailleurs passionnantes et importantes d'écologie et de climat.
08:06Le chef de l'État a-t-il, selon vous, raison de considérer la Russie
08:09comme une menace directe pour la France et pour l'Europe ?
08:11Et du coup, est-ce qu'il faut réarmer en conséquence notre pays ?
08:15Oui, il a raison de dire que la Russie est un risque,
08:19mais vous savez, moi, ce qui me choque le plus,
08:21c'est que quand on fait des réunions à l'Élysée
08:23pour nous dire les yeux dans les yeux,
08:25que ce soit le directeur adjoint des renseignements,
08:28que ce soit le chef d'état-major des armées,
08:31ils nous disent les yeux dans les yeux
08:32que la Russie, ce n'est pas juste un risque militaire,
08:34qu'ils sont aussi en train d'essayer de déstabiliser nos démocraties,
08:37d'influencer les scrutins de nos pays,
08:40comme ils l'ont fait en Roumanie,
08:41que ça peut nous arriver en France,
08:42qu'ils font des cyberattaques,
08:43qu'ils influencent l'opinion par des réseaux sociaux et des médias russes,
08:47bien copieusement repris par des médias d'extrême droite.
08:50Et donc, on nous parle de tout ça
08:51comme si c'était un risque, oui, dans l'absolu,
08:53mais enfin, c'est quand même un risque.
08:54C'est le cas depuis des années, on le sait très bien.
08:56Oui, mais c'est au service de quelqu'un quand même.
08:58Ah oui, bien sûr.
08:59C'est au service de l'extrême droite.
09:00Et donc, quand je vois qu'on fait des réunions avec tous les chefs de parti
09:03et où je dois discuter de ces risques-là
09:04devant Louis Alliot, qui représente le Rassemblement national,
09:08j'ai un problème.
09:09Et donc, je pense que...
09:10Mais vous voulez les exclure très sérieusement,
09:12étant donné les scores très importants
09:16qu'ils obtiennent aux élections françaises.
09:18Vous ne pouvez pas les exclure.
09:19Mais ils sont là, je suis élue d'opposition
09:20dans une ville de Rassemblement national,
09:21je serai encore en conseil municipal jeudi matin.
09:23Donc, je respecte les résultats de la démocratie
09:26quand ils sont obtenus réellement.
09:27Et donc, discuter de comment Trump et Poutine
09:31vont tenter d'influencer les prochaines élections en France
09:34au service de l'extrême droite,
09:35devant l'extrême droite,
09:36excusez-moi de vous dire que j'ai un petit problème
09:38et je pense que vos auditeurs comprennent bien pourquoi.
09:40Merci infiniment Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes.
09:43Sachez que dans moins de dix minutes,
09:44nous reviendrons sur ce texte permettant aux infirmières
09:47de pouvoir prescrire elles-mêmes des médicaments.
09:49Une proposition de loi est étudiée à l'Assemblée nationale.
09:51Alors, dans quel cadre, avec quels objectifs ?
09:53Nous posons la question dans un instant,
09:55pardonnez-moi, juste après le journal,
09:57au président de la Fédération nationale des infirmiers,
09:59Daniel Guillerm.
10:00A tout de suite.
10:01Agnès Bonfillon et Yves Calvi.
10:03RTL Soir.

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