Marine Tondelier : Le gouvernement "rabote les derniers remparts à la crise environnementale"

  • il y a 9 heures
Aujourd'hui, dans le grand entretien du 6/9, nous recevons Marine Tondelier, secrétaire nationale Les Ecologistes – EELV, et élue à Hénin-Beaumont.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end

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Transcription
00:00Le grand entretien ce matin avec Marion Lourdes, nous recevons la secrétaire nationale du parti
00:05Les écologistes, figure du Nouveau Front Populaire, questions chers auditeurs au 0145 24 7000
00:12ou sur l'application d'Inter, bonjour Marine Tondelier.
00:15Bonjour Ali Baddou, bonjour Marion Lourdes, et je me permets peut-être un petit mot pour
00:19souhaiter un bon réveil à vos auditeurs de France Inter, parce que comme je n'ai pas
00:22beaucoup de bonnes nouvelles à leur donner dans l'interview, j'essaye de commencer
00:25quand même par une note de douceur dans ce monde de brut, mais je m'y engage, gardons
00:29l'espoir, gardons le moral, parce qu'on va continuer à se battre, oui, pour des jours
00:32heureux et pour ça on a besoin de vous.
00:34Eh bien bonjour.
00:35C'était le titre d'un de vos livres nouvelles du front, sur le front justement, celui du
00:40budget, le Premier ministre Michel Barnier a présenté hier les grandes lignes de son
00:44budget pour la France 2025, du point de vue de la patronne du parti Les écologistes,
00:51qu'est-ce que vous pensez de ce budget-là ?
00:53Alors j'ai beaucoup de choses à vous dire sur l'écologie, mais peut-être commencer
00:57par vous dire qu'on voit bien que ce Premier ministre Michel Barnier ne doit son maintien
01:02à son poste de Premier ministre que quelque part au fait de contenter le rassemblement
01:07national.
01:08Ils vont le faire sauter à la corde, et donc ce budget en est l'illustration.
01:12Peut-être la chose la plus emblématique, c'est le fait qu'il baisse les emplois
01:17dans les écoles, 4000 emplois en moins principalement dans les écoles maternelles et primaires
01:21où on sait que tout se joue, et pendant ce temps-là il les augmente dans l'armée
01:25et dans les prisons, dans la justice, et donc on voit bien finalement quelle société
01:28ça dessine.
01:29Je ne dis pas qu'il ne manque pas de personnel dans la justice, mais vous voyez, on avait
01:32Saint-Icane dans son discours de politique générale, qu'il n'avait aucune vision
01:35pour l'école, et que par contre quand il se mettait à parler de sécurité et d'immigration,
01:38il avait des choses très précises, très concrètes, très détaillées à dire, et
01:42ben ça se voit dans le budget, et franchement, je ne crois pas que ce soit la France qu'on
01:45veuille pour nos enfants.
01:46Vous êtes à la tête d'un parti qui s'appelle Les écologistes, pourquoi refuser de parler
01:49d'écologie en premier lieu, de répondre d'abord sur ce terrain-là, avant de vous
01:54engager sur le terrain politique et du combat contre le Rassemblement National, qui est
01:58un combat que vous menez depuis longtemps, puisque vous êtes élue d'opposition à
02:01Hénin-Beaumont ?
02:02Je comptais vous parler de l'environnement toute la suite de l'interview, donc ça
02:05tombe bien.
02:06Sur le front de l'environnement, les choses sont alarmantes, on m'a dit plusieurs fois
02:10dans des interviews « ah ben vous devez être content les écolos, vous avez les premiers
02:14ministres, le plus écologiste de l'histoire des premiers ministres ». Bon, déjà la
02:17barre n'était pas très très haute, il faut quand même se le dire, et puis nous
02:20on savait.
02:21On savait que si en 1993, quand il était ministre de l'environnement, il avait dit
02:25« dette écologique », ça aurait été une sorte de truc hyper moderne, une révélation,
02:29il avait mis un nouveau concept sur la table.
02:31Bon, ce qu'il oublie quand même de vous dire, c'est que la dette écologique, elle
02:34ne se rembourse pas.
02:35Donc ce n'est pas vraiment une dette, tout ce qu'on accumule comme retard, on ne le
02:38rattrapera jamais.
02:39Le changement climatique, on ne le fera pas revenir en arrière, et les espèces disparues
02:43non plus.
02:44Mais ce qui est dingue, c'est que juste en disant ce mot « dette écologique », il
02:48produit à ce que des journalistes viennent nous dire « ben alors, vous êtes contents
02:50les écolos ? ». Et donc on a le choix entre avoir l'air jamais content, avoir l'air
02:55sectaire, ou faire semblant de se réjouir pour des choses dont on ne saurait pas.
02:58Non, mais c'est juste pour souligner que pendant dix jours, c'est ce qu'on nous
03:01a demandé.
03:02Maintenant que tout le monde a vu le budget, on arrête de nous poser la question.
03:04Nous, on avait quand même en tête depuis longtemps que ça se finirait comme ça.
03:07Il va prendre 60% du fond vert.
03:11Le fond vert, il a été créé il y a deux ans par Elisabeth Borne, il y a deux ans.
03:14Pour la transition écologique.
03:15Ils se sont dit qu'il fallait aider les collectivités pour la transition, pour l'adaptation, au
03:19moment où une partie de la France est inondée, je pense que chacun se rend compte de ce que
03:22ça veut dire.
03:23Et donc c'est un fond qu'il y a deux ans, deux ans après, ils enlèvent 60% du budget.
03:27Ils enlèvent aussi beaucoup de moyens aux collectivités territoriales.
03:29Pour la métropole de Lyon, juste pour ça, c'est 50 à 70 millions d'euros qui vont
03:34être enlevés quand même aux collectivités, juste pour la métropole de Lyon.
03:38En tout, c'est 5 milliards.
03:40Et donc, ils sont en train finalement de raboter tous les derniers remparts à la crise environnementale.
03:45Ils augmentent les crédits écologiques.
03:47Comment ?
03:48Ils augmentent les crédits écologiques.
03:492,8 milliards d'augmentation.
03:50Vous avez vu sur quoi ils augmentent ? Vous avez vu sur quoi ils baissent ? Je vais vous
03:53donner trois exemples.
03:54Ça baisse sur la rénovation thermique des logements.
03:56Ils avaient déjà enlevé 1 milliard au printemps par un simple trait de plume.
04:00D'ailleurs, ils avaient dû enlever 10 milliards au printemps de dépenses en tout.
04:05Sur les 10 milliards, ils avaient enlevé 2 milliards à l'écologie, ce qui ne représente
04:07pas un cinquième du budget de l'État, donc ce n'était pas du tout proportionnel.
04:10Et là, ils s'en prennent à nouveau à ce budget, alors que 5,2 millions de Français
04:15vivent dans des passoires thermiques.
04:16Alors, on dit passoires thermiques l'hiver, mais l'été, ce sont des bouilloires thermiques.
04:20C'est des gens qui ont des enfants qui n'arrivent pas à se concentrer sur leurs devoirs, qui
04:24sont malades, qui ont une santé mentale compliquée parce que c'est très dur de se projeter
04:27dans un avenir confiant quand on n'arrive pas à se loger correctement, à se chauffer
04:31ou à vivre à des températures décentes.
04:33Et ça, ils vont agir à la baisse là-dessus.
04:36Ensuite, ils vont baisser aussi les crédits sur, par exemple, les flottes automobiles.
04:41On sait que tout le monde doit changer de véhicule si on veut pouvoir avoir un avenir
04:45soutenable.
04:46Et ça, ils coupent aussi.
04:47Vous vous rappelez quand ils ont annoncé…
04:48Mais ils augmentent le malus !
04:49Oui, mais on ne peut pas punir sans offrir de solution.
04:53Ils avaient annoncé en grande pompe, pour vous montrer que ces gens donnent quand même
04:56plus dans la communication que dans la transition.
04:58Ils avaient annoncé en grande pompe 100 euros par mois à une véhicule électrique par leasing
05:03pour les plus précaires en France.
05:04Et bien, au bout de quelques mois, ils ont arrêté parce que, victime de leur succès,
05:08ils n'avaient pas prévu assez de crédits.
05:09Ils font de l'écologie punitive alors ?
05:10Est-ce qu'ils en remettent cette année ? Non, ils en enlèvent encore.
05:13Oui, ils font de l'écologie punitive.
05:14Mais ils font tout punitif.
05:15Ils font tout punitif.
05:16Ce n'est pas que sur l'écologie.
05:17Vous voyez, ce gouvernement, on l'a dit depuis 7 ans que Macron avait fait des cadeaux
05:22fiscaux aux plus riches et qu'un jour, on le paierait tous.
05:25Et bien, c'est de l'inaptitude, c'est de l'amateurisme.
05:27Et aujourd'hui, qui ils envoient en première ligne pour corriger leur amateurisme ? Les
05:31plus précaires.
05:32Ils envoient les retraités en première ligne parce que, au lieu d'être indexés sur
05:36l'inflation en janvier, ce sera en juin, c'est 15 euros par mois de revenus en moins
05:40pour un retraité qui a 1500 euros par mois.
05:42Ils envoient en première ligne les malades parce qu'ils vont augmenter le ticket modérateur
05:46des médecins.
05:47Ils envoient en première ligne nos enfants parce qu'ils vont baisser le nombre de personnels
05:50dans les écoles et parce que l'avenir environnemental qu'on leur prépare est apocalyptique.
05:55Excusez-moi de vous le dire, il y a un rapport qui sort hier qui montre que sur les espèces
06:00sauvages, alors les espèces sauvages, ça va des éléphants aux grenouilles.
06:03C'est le WWF, le rapport qui sort tous les deux ans.
06:04WWF nous dit qu'en 10 ans, en 10 ans, les populations sauvages d'animaux ont baissé
06:10de 73%, moins 73% d'espèces sauvages en 10 ans.
06:14Je le répète pour que chacun comprenne bien au petit-déjeuner ce qui est en train de
06:16se passer.
06:17C'est que le vivant est en train de disparaître, progressivement, de notre faute à nous les
06:22humains et que dans la vie politique française, dans la vie politique mondiale même, c'est
06:27anecdotique.
06:28On n'en parle pas.
06:29Ça devrait nous obséder tout le temps, du réveil au coucher.
06:31Mais non, c'est pas ça qu'on fait.
06:33Nous, on préfère continuer de protéger les riches et continuer de faire payer les plus
06:37précaires.
06:38C'est pas ça la justice sociale, c'est pas ça la justice environnementale.
06:40Alors de nombreuses questions au Standard Inter, Marine Tondelier, Sylvain qui nous
06:45appelle de Villeurbanne.
06:46Bonjour Sylvain.
06:47Oui, bonjour.
06:48Bonjour à tous.
06:49Et bienvenue dans le Grand Entretien.
06:51Vous aviez une question pour Marine Tondelier.
06:52Oui, alors moi je suis un électeur de gauche, j'ai voté pour le Nouveau Front Populaire
06:57aux dernières élections législatives et je me demandais quand est-ce que les verts
07:02et la gauche en général allaient cesser de ressasser le fait que ça ne soit pas leur
07:09candidat qui a été désigné Premier Ministre ? Quand est-ce qu'ils allaient cesser ce
07:13procès en illégitimité de Barnier, du gouvernement et de la politique actuelle ?
07:19Nous, on a tourné la page et on a l'impression que les verts et la gauche en général ressassent
07:26sans cesse par rapport à ça et on aimerait dire en fait qu'ils proposent plutôt des
07:30idées et qu'on avance plutôt que de ressasser tout ça.
07:34Merci Sylvain pour votre question ou votre remarque plutôt Marine Tondelier.
07:38C'est vrai que ça n'en finit pas de revenir l'éternel retour de ce même discours.
07:43Je m'inscris en faux parce que moi je n'en ai pas parlé, c'est Sylvain qui pose la question
07:47et donc du coup je vais devoir en parler alors que je n'avais pas prévu de le faire.
07:49Mais Sylvain a déjà l'avantage de vivre dans la métropole de Lyon qui est une métropole écologiste.
07:54Bon, il aura 50 à 70 millions de budget en moins à cause de ce gouvernement mais ça
07:59ce n'est pas de la faute du NFP.
08:00Sylvain a raison de dire qu'il faut qu'on se concentre sur l'avenir, sur des solutions.
08:04Hier, le Nouveau Front Populaire a fait une conférence de presse pour présenter en fait
08:09eux comment ils auraient fait pour les recettes du budget.
08:11La même se prépare pour les dépenses.
08:13Ils ont fait un contre-budget.
08:14On fait un contre-budget, c'est notre travail et je précise qu'on le fait ensemble.
08:17Parce que moi j'ai tellement entendu pendant des semaines les rumeurs comme quoi le NFP
08:21se déchirait, il n'était d'accord sur rien.
08:23Il se trouve qu'on avait écrit un programme ensemble, attendez, en 4 jours on a écrit
08:27un programme ensemble, chiffré, qu'on était prêt à appliquer.
08:29On est je crois à 18, 19 semaines après les législatives.
08:33On a fini par répondre à la question du qui, premier ministre, du qui au gouvernement,
08:37ça a pris trois semaines de plus, mais toujours pas à la question du pourquoi faire.
08:40Parce qu'au sein de cette majorité qui se présente comme les gens les plus crédibles
08:43de France, ils sont très très sérieux évidemment parce qu'ils sont de droite, mais ils ne
08:46sont toujours pas d'accord sur des questions aussi futiles que faut-il augmenter l'impôt
08:50ou pas en France.
08:51Alors ça c'est pas sérieux.
08:52Voilà, ce contre-budget prévoit beaucoup de hausses d'impôts, c'était aussi dans
08:55votre programme Nouveau Front Populaire.
08:56On a le mérite de la constance.
08:58Quand on lit l'interview de Yanis Varoufakis, cet ancien ministre grec, il dit « si on
09:04applique ce budget, on doit sortir de l'Union Européenne ».
09:09Je pense qu'il y a un rapport de force à jouer avec l'Union Européenne, que sûrement
09:13la Grèce dans les années 2010 n'était pas en mesure de jouer.
09:16Nous on peut.
09:17Et d'ailleurs l'Europe ne nous demande absolument pas de faire…
09:19Donc il ne faut pas sortir ?
09:20Non, on peut jouer un rapport de force, je n'ai pas dit de sortir.
09:22L'Europe ne nous demande absolument pas de faire tout ce qu'est en train de préparer
09:25le gouvernement Barnier.
09:26L'Europe ne dit pas « il y a trop de dépenses ».
09:28C'est les agences de notation ?
09:29L'Europe compare les dépenses et les recettes.
09:31Ce que veulent les agences de notation, pareil, c'est de la stabilité, c'est de la prévisibilité,
09:36c'est ça que demandent les milieux économiques.
09:38Moi ce que je vois quand même dans tout ce qui est présenté là, c'est un truc qui
09:42n'a pas de sens.
09:43On nous explique qu'on va augmenter des recettes pour les plus riches, mais on dit
09:49« attention c'est exceptionnel, c'est très limité dans le temps, un an, deux ans,
09:52trois ans maximum, ne vous inquiétez pas les plus riches ».
09:54Par contre, pour les plus précaires, les baisses des dépenses, là c'est pour tout
09:57le temps.
09:58On ne nous a pas expliqué que c'était exceptionnel.
09:59Je voulais quand même vous rappeler un chiffre.
10:01Carlos Tavares, PDG de Stellantis, 36,5 millions d'euros de revenus en 2023.
10:08C'est 1586 fois ce que gagnerait un ouvrier à la chaîne, un intérimaire, en un an.
10:15Il faut quand même se rendre compte que les 500 plus grosses fortunes de France, qui avaient
10:19200 milliards de patrimoine il y a 10 ans, en 10 ans elles sont passées à 1200.
10:25C'est plus que x5.
10:27Et donc oui, il faut mettre à contribution les plus riches, pas comme le fait le gouvernement
10:30de manière microscopique, de manière ultra-ciblée dans le temps.
10:34C'est partout et tout le temps.
10:35C'est un ISF climatique, c'est taxer les héritages, ce qu'on appelle les héritages
10:39dorés, quand ils ne font plus d'une certaine somme, ça paraît logique enfin.
10:42Marine Tendelier, vous parliez de rumeurs quand j'évoquais les divisions à gauche,
10:47notamment au cœur du Nouveau Front Populaire.
10:49Jeudi, c'est un candidat de droite au poste de président de la Commission des Affaires
10:53Sociales, Frédéric Valtout d'Horizon, qui a été élu.
10:56Les députés de gauche sont pourtant majoritaires dans cette commission, mais les élus de la
10:59France Insoumise ont refusé de voter pour la candidature du socialiste Jérôme Guedj.
11:04Vous voulez vraiment nous faire croire qu'il y a unité et objectifs communs ?
11:09Vous parlez de Jérôme Guedj qui n'a pas soutenu le Nouveau Front Populaire.
11:13Donc je peux vous dire qu'au sein du Nouveau Front Populaire, il y a beaucoup d'unité.
11:16Je ne vais pas passer toute la matinée à commenter ça.
11:18Benjamin Lucas, député du groupe écologiste, a fait un tweet où il explique tout.
11:21Vous allez voir, c'est très bien fait.
11:22Moi, je préfère vous parler, comme je vous l'ai dit, d'environnement parce que tout
11:25ça ne m'intéresse plus.
11:26Je n'arrive plus à m'y intéresser, vraiment.
11:28Vous savez, on a un plan d'adaptation climatique qui devait être présenté fin 2023.
11:33Alors, ça a été décalé à avril, ça a été décalé à mai, ça a été décalé
11:36à juin.
11:37On ne l'a toujours pas.
11:38C'est ce plan qui doit nous expliquer comment le pays s'adapte au changement climatique.
11:41C'est ce plan qui doit nous expliquer comment font les personnes qui ont des retraits gonflement
11:45d'argile.
11:46C'est des millions de logements qui sont concernés en France.
11:50On nous explique, Oxfam a sorti quand même des chiffres qui nous montrent qu'en 2030,
11:54il y aura environ 1,3 million d'enfants en France qui seront exposés à des chaleurs
11:57de plus de 35 degrés en classe, qu'il y a 5% des hôpitaux de ce pays qui sont menacés
12:01par la submersion marine, par l'inadaptation climatique, que c'est 3% des écoles primaires,
12:06que c'est 2,3% des maisons de retraite.
12:08Et eux, qu'est-ce qu'ils font ? Une dissolution, après une trêve olympique, après ils essayent
12:12de faire des gouvernements, après ils nous imposent des baisses de budget.
12:15Et l'adaptation climatique, c'est quand ? C'est criminel, en fait, de faire ça.
12:18Ça met en danger notre avenir et c'est là-dessus que je vais me concentrer.
12:23Bonjour Jean-Pierre et bienvenue sur France Inter.
12:25Oui, bonjour Jean-Pierre de Besançon.
12:28Je voulais poser une question à notre invité pour laquelle j'ai largement donné mon vote
12:34la dernière fois aux européennes et je remercie de sa ténacité et de son combat.
12:39Je voulais simplement poser une question très très simple.
12:42Il y a quelques mois ou quelques semaines, je ne sais plus exactement, il était question
12:47la taxe sur les transactions financières que M. Macron avait envisagée avec l'Europe
12:54et il serait le seul à refuser cette taxe sur les transactions financières.
12:58Et c'est grandement dommage parce qu'en fin de compte, la taxe en question pour les gens
13:03qui ont des actions serait minime en termes de frais.
13:07Mais pour l'Europe et la France, ce sera un milliard.
13:10Est-ce que j'ai raison, s'il vous plaît ?
13:12Merci pour votre question Jean-Pierre.
13:15C'est une des pistes, c'est la piste aussi qui va dans ce sens-là.
13:18Vous savez ce qu'on appelle le prélèvement forfaitaire unique, la flat tax que Macron
13:23avait décidé d'appliquer aux revenus du capital.
13:26Ça veut dire qu'aujourd'hui, très concrètement, les revenus du capital sont moins taxés que
13:29ceux du travail et ça non plus.
13:31Ce n'est pas juste.
13:32On veut supprimer cette flat tax, réintégrer les revenus du capital dans le barème de
13:36l'impôt sur le revenu et puis ça paraîtrait quand même assez logique pour financer la
13:40transition écologique et la justice sociale dans ce pays.
13:44Marine Tentelier, je voulais vous parler du Rassemblement National.
13:47Sujet que vous connaissez bien puisque vous êtes élue à Hénin-Beaumont.
13:50Quand on voit ce qui s'est passé, ce dont parlait Ali tout à l'heure, à la Commission
13:53des Affaires Sociales, Jérôme Gatch qui n'a pas été élu faute de respect des accords
13:58à gauche, ça c'est ce que dit Boris Vallaud au Parti Socialiste.
14:01C'est compliqué que ça, comme vous l'avez compris.
14:02C'est comme ça qu'il l'explique.
14:03Quand on change les candidats la veille, sans l'expliquer aux partenaires, ça plonge
14:06tout le monde un peu dans le désarroi.
14:08Constance, cohérence, stabilité, c'est important pour construire le partenariat à long terme.
14:12Mais vous comprenez la déception des Français parce qu'il y a une étude récente de la
14:14Fondation Jean Jaurès qui explique largement, à 50%, la progression du RN par cette déception
14:19vis-à-vis des politiques.
14:20Je ne pense pas que les gens votent RN parce qu'il y aurait eu un changement de vote
14:25dans l'élection de la présidente de la Commission des Affaires Sociales.
14:28Vous voyez, ça fait petite cuisine, si j'ose dire.
14:30Oui, mais en fait, je pense que les Français ne voient même pas ça.
14:32Ce n'est pas ça leur sujet.
14:33Leur sujet, c'est le quotidien.
14:34Je vous le dis parce que les écologistes gèrent dans ce pays, certaines des plus
14:39grosses villes de France, mais aussi des villes bien plus petites dont on parle peu, que les
14:42écologistes changent au quotidien la vie et la ville de millions de Français.
14:46Qu'on améliore leur quotidien et qu'on protège leur lendemain.
14:48C'est ça qui les intéresse.
14:50Qu'est-ce qu'on fait concrètement pour eux ?
14:52Franchement, je crois que le sujet des Français, ce n'est pas ce qui se passe dans les boutiques.
14:55Par contre, pour celles et ceux qui votent RN, j'en connais énormément puisque j'habite
14:59à Élam-Beaumont, j'y suis née, j'y ai grandi et j'y milite aujourd'hui.
15:02La plupart d'entre eux sont laissés berner par Marine Le Pen.
15:04Il y en a qui sont raciques, xénophobes, je les mets de côté.
15:06Ce n'est pas la majeure partie de l'électorat RN.
15:08La majeure partie de l'électorat RN, c'est des gens qui sont dans la galère et qui pensent
15:11sincèrement qu'avec Marine Le Pen, ça irait mieux.
15:13Sauf que Marine Le Pen, qu'est-ce qu'elle a fait ?
15:15Elle les a dupés au moment où elle a eu le choix entre laisser faire un premier ministre
15:19du NFP qui aurait fait le SMIC à 1600 euros, qui aurait abrogé la réforme des retraites,
15:23qui aurait fait les premiers mètres cubes d'eau gratuits, qui aurait fait l'école intégralement gratuite.
15:27Elle a dit tout de suite NFP hors de question.
15:29Elle a mis un veto absolu.
15:32Elle a soutenu un premier ministre, Michel Barnier, qui va faire du macronisme empire
15:37au service des plus puissants, on est en train de le voir.
15:39Et ça, je pense que ces électeurs vont s'en rendre compte assez rapidement.
15:42Mais quand le RN fait ce que le NFP pourrait considérer comme une bonne proposition,
15:46je pense à l'abolition de la réforme des retraites.
15:48À vous dire la réforme qu'ils ont refusé de combattre dans la rue,
15:51la réforme sur laquelle ils ne sont pas mobilisés en hémicycle,
15:53la réforme sur laquelle pendant les quelques semaines qu'a duré la campagne législative,
15:57on n'a absolument rien compris à ce qu'ils voulaient faire.
16:01Maintenant, ils mettent dans une niche à l'Assemblée nationale,
16:03et ils sont divisés entre eux là-dessus.
16:05Vous avez vu quand même que Monsieur Ciotti, qui rejoint le RN en disant
16:08« on va faire l'union des droites, on est très solide, on est la majorité alternative »,
16:10il ne veut même pas voter leur test.
16:12Il faut voter avec eux ou pas ?
16:13Ah ça, c'est un autre sujet.
16:14Mais ce que je voulais vous dire, c'est quand même, déjà, c'est une petite victoire culturelle,
16:17parce que le RN, qui n'a jamais rien compris aux retraites,
16:19décide de prendre notre proposition de loi.
16:21Deuxièmement, ils n'arriveront pas à la voter entre eux,
16:23puisque Monsieur Ciotti n'est même pas d'accord avec Marine Le Pen,
16:26alors qu'ils prétendent gouverner la France ensemble.
16:28Franchement, entre l'extrême droite, qui n'est pas d'accord sur les retraites,
16:30le centre qui gouverne actuellement, qui n'est pas d'accord sur les impôts,
16:32franchement, c'est très amateur tout ça.
16:34Ça ne va pas.
16:36Ils veulent juste être au pouvoir, en fait,
16:38mais ils ne savent pas pourquoi en faire.
16:40Moi, ça me pose un petit sujet, quand même.
16:42Vous êtes candidate à votre réélection à la tête du Parti des écologistes.
16:46Si vous deviez décrire, sans caricature, votre vision de l'écologie,
16:51quel mot emploieriez-vous, Marine Tendelier ?
16:55Une écologie qui serait décroissante ?
16:57Une écologie qui serait collapsologique ?
16:59Une écologie enthousiaste ?
17:01Puisque vous avez l'air de dire que tout va mal.
17:05Mon écologie, déjà, elle est indivisible.
17:07Parce qu'on a beaucoup reproché aux Verts de se disputer,
17:10et puis, il fallait choisir notre camp.
17:12Est-ce qu'on était pour une écologie crédible ou radicale, pragmatique ?
17:16Il y avait plein de qualificatifs,
17:18et tous ceux qui voulaient qu'on ajoute un qualificatif,
17:20ils voulaient nous diviser parce qu'ils voulaient nous affaiblir.
17:22Et je suis extrêmement fière, avec le travail collectif de tous les adhérents,
17:26de tous les élus du mouvement,
17:27d'avoir réussi à montrer un mouvement uni,
17:29un mouvement déterminé,
17:30un mouvement qui attire,
17:31parce que nous sommes redevenus le parti préféré des Français.
17:34Et sur le fond, l'écologie, ça change la vie.
17:36Ça change la vie, et ça fait du bien.
17:40Et je pense que c'est quand même de ça dont on a besoin dans la période.
17:42Et surtout, je le dis à un moment où on parle beaucoup
17:44d'Union de la Gauche, de 2027, etc.
17:46L'Union de la Gauche et des écologistes,
17:49il ne vous échappera pas.
17:50Eh bien nous, on sera à ce rendez-vous-là.
17:52Je suis assez inquiète en ce moment de voir, quelque part,
17:54la tentation des deux gauches irréconciliables ressurgir.
17:57Je pense que comme beaucoup d'électeurs du camp progressiste,
17:59ça nous inquiète.
18:00Eh bien nous, on sera à ce rendez-vous.
18:01On tiendra bon.
18:02On est en train de voir tout le monde, un par un,
18:04toutes les forces politiques pour en discuter avec elles,
18:05et pour trouver le chemin,
18:06compter sur notre détermination et notre enthousiasme.
18:08Il reste peu de temps Marine.
18:10Puis rejoignez-nous, parce qu'on a besoin d'aide.
18:12Bonjour Françoise.
18:14Oui, bonjour Ali.
18:16Bienvenue sur Inter.
18:17Oui, merci beaucoup pour vos informations inspirantes.
18:20Et merci, merci.
18:22Merci à vous.
18:23Je pose une question tout simple à Marine Tondésier.
18:25Nous sommes à Bordeaux.
18:27Je suis, par ailleurs, présidente de Coderre en mon village,
18:31une petite association de bénévoles,
18:34qui se base effectivement dans le cadre d'une théorie de compromis
18:38avec la mairie écologiste de Bordeaux.
18:42Comment peut-on concilier l'économie à l'écologie ?
18:48Puisque à Bordeaux, par exemple, on développe, à juste titre d'ailleurs,
18:52le rêve, la piste cyclable,
18:55donc on supprime les stationnements, on végétalise.
18:59Seulement, nous sommes dans un secteur économique urbain majeur.
19:03Il y a des hôpitaux, il y a des centres sportifs,
19:07il y a 52 000 salariés transitent quotidiennement.
19:12À Bordeaux, la plupart habitent extra-rocades.
19:16Avec une déficience structurelle des moyens de transport,
19:20comment ces millions de populaires qui ne peuvent pas habiter en ville,
19:24peuvent-ils venir travailler à Bordeaux
19:28et gagner leur croûte ?
19:30Merci pour votre question Françoise.
19:32Réponse Marine Tondésier.
19:33Oui, vous avez raison, il faut plus de transport en commun.
19:35On se bat pour ça au niveau national comme au niveau local.
19:37Hier, il y a deux jours, j'ai essayé de revenir de Saint-Etienne
19:40sur la voie Saint-Etienne-Lyon, l'une des plus empruntées de France de TER.
19:44Il y avait un éboulement, tous les trains supprimés.
19:46Je finis par trouver de quoi covoiturer jusqu'au Lion.
19:49J'arrive à Lille, et là, le TER, Lille et Nain,
19:51là aussi, tout est supprimé pour des vols de câbles.
19:54Et en fait, oui, le transport en commun, c'est quotidien,
19:56mais on se bat pour ça et nous, on ne réduit pas les budgets.
19:58Vous niez la contradiction entre écologie et économie ?
20:00Il n'y a pas de contradiction.
20:01Monsieur Pierre Urmic, qui est maire de Bordeaux, écologiste,
20:07vient dans un sondage qui est sorti cette semaine
20:09d'être désigné parmi les maires les plus populaires en France.
20:13Parce que la ville change sous les yeux des Bordelais,
20:15que leurs cours d'école sont végétalisés.
20:17S'il reste un peu de fond vert, on continuera.
20:19Et même s'il n'y en a pas, on se battra pour.
20:21Parce qu'il y a des pisciclabs, parce que les enfants mangent bio et local à la cantine,
20:24parce que la ville est agréable, qu'il y a des îlots de fraîcheur l'été.
20:27C'est pour ça qu'on se bat.
20:28Et je ne pense pas que ce soit inconciliable avec le milieu économique,
20:30parce que vous savez, quand les entreprises viennent s'implanter à Bordeaux,
20:33dans toute ville, elles regardent le cadre de vie pour leurs salariés.
20:36Elles regardent si la ville est attractive.
20:37Et oui, toutes les villes écologistes sont attractives.
20:39Marine Tendolie, on arrive vraiment à la fin de l'entretien.
20:41Donc en un mot, vous avez été au procès Pélico.
20:45Amazon, vous êtes une des rares politiques à vous être rendue sur place.
20:48Comment vous vous positionnez sur l'inscription dans la loi de la notion de consentement,
20:52qui est voulue en tout cas par certains de nos ministres,
20:55et qui est contestée par certains féministes ?
20:59Je pense que ça existe dans certains pays.
21:02Je vois l'avancée que ça pourrait proposer aux femmes.
21:07Mais ce que je sais aussi, c'est que ça ne suffira pas.
21:09Vous savez pourquoi je suis allée à ce procès des viols de Mazan ?
21:13C'est parce que quand j'ai pris connaissance des faits,
21:15j'ai dans un premier temps ressenti beaucoup de compassion envers Gisèle Pélico.
21:18C'est-à-dire, on avait envie de souffrir avec elle.
21:21C'était terrible, on avait envie de l'aider.
21:23Et puis, petit à petit, quand j'ai vu sa présence au procès,
21:26elle s'est battue pour que les audiences soient publiques,
21:28elle s'est battue pour que les vidéos le soient également.
21:30J'ai trouvé qu'elle faisait preuve d'une dignité et d'un courage absolu.
21:33Et je pense que c'est fondamental.
21:35D'ailleurs, j'ai vu que certains étaient choqués que je me rende au procès.
21:37Si c'est par ça qu'ils sont choqués sur les violences sexistes et sexuelles en France,
21:40on ne vit pas dans le même monde.
21:41Parce que l'histoire de Gisèle Pélico, elle peut paraître hors norme.
21:44Mais finalement, elle est tellement symptomatique de cette société.
21:46Il faut quand même dire trois choses.
21:48C'est la fin de cet entretien malheureusement.
21:50Le plus grand danger pour les femmes, c'est dans leur foyer.
21:53Ce ne sont pas des inconnus.
21:5591% des violences sexuelles, ce sont des proches qui vous les font subir.
22:00Parce que le viol, ce n'est pas une pulsion.
22:01On le voit très bien dans ce procès.
22:02C'est une planification.
22:03Et parce que la culture du viol, elle est partout.
22:06Je suis désolée quand je vois qu'on est capable d'interdire les sites de jeux en ligne
22:09au moins de 18 ans en demandant les cartes bleues, les cartes nationales d'identité,
22:13qu'on n'est pas capable de faire pour les sites pornographiques.
22:15Je suis extrêmement préoccupée.
22:16Donc on va continuer à se battre.
22:18Merci Marine Tendelier d'avoir été l'invité d'intérieur.
22:20Et courage à Gisèle Pélico et à toutes les autres.

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