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Aujourd'hui, dans le grand entretien de 8h20, Ali Baddou et Marion L'Hour reçoivent Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti Les Écologistes.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end

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Transcription
00:00 - Je suis invité du grand entretien avec Marion Loures et la secrétaire nationale du parti Les écologistes,
00:05 la marche contre l'antisémitisme, la campagne des européennes, l'urgence écologique aussi évidemment.
00:11 Pour intervenir, chers auditeurs, le 01 45 24 7000 ou l'application France Inter.
00:16 Bonjour Marine Tondelier. - Bonjour.
00:18 - Et bienvenue. Le Parisien, aujourd'hui en France, publie ce matin une lettre aux français que signe le président de la République.
00:25 A quelques heures de la marche contre l'antisémitisme, il assume de ne pas y participer et il déclare, je le cite,
00:31 "Nous voulons l'unité des français. Nous sommes la nation de l'universel."
00:36 Est-ce que vous avez le sentiment de vivre justement un moment d'unité, d'unité nationale ?
00:41 - J'aurais aimé vivre un moment d'unité nationale parce qu'une cause aussi grave que celle de l'antisémitisme le mérite,
00:47 parce que celles et ceux qui sont victimes d'actes antisémites ou qui ont peur de l'être de plus en plus depuis quelques semaines dans ce pays le méritent.
00:54 Moi quand j'entends que des personnes décrochent la mézouza de leur porte d'entrée,
00:58 quand j'entends que des personnes ont peur de mettre leurs enfants dans des écoles juives parce qu'il y a des menaces particulières contre ces écoles,
01:04 qu'ils ont peur de rentrer tard chez eux seuls le soir,
01:08 oui, je pense que ça devrait mériter un moment d'union nationale et j'aurais aimé que ce soit le cas.
01:13 - Et ça n'est pas le cas. Pourquoi ?
01:15 - Ça n'est pas le cas parce que cette initiative d'une grande marche aujourd'hui a été lancée
01:20 et très sincèrement les écologistes ont toujours marché pour l'antisémitisme et ce n'est pas aujourd'hui que ça va s'arrêter.
01:26 Mais on voit bien que le fait que le Rassemblement national, que Marine Le Pen, que Jordane Bardella aient annoncé leur participation à cette marche,
01:33 en change un peu la nature, mais beaucoup de personnes d'en embarrassent.
01:36 Ce n'est pas pour ça que nous n'irons pas, mais moi j'entends le malaise, je le partage.
01:39 - Vous êtes embarrassée ?
01:40 - Évidemment, évidemment. Alors moi en plus je vous dis ça, je suis élue dans la circonscription Marine Le Pen depuis 2014,
01:47 ma mairie et Rassemblement national, que le 4 décembre pour la Sainte-Barbe, la Sainte-Patronne des mineurs, nous défilerons dans la ville,
01:53 que pour le 14 juillet nous défilerons avec les pompiers, ça m'est déjà arrivé.
01:57 Mais j'avoue que sur ce sujet de l'antisémitisme ça m'embête encore un peu plus et je pense que ça dessert le sujet parce que c'est ce sujet-là.
02:05 - Vous y serez vous cette après-midi Marine Tondeli avec d'autres formations de gauche,
02:09 derrière une banderole en forme de cordon républicain contre, je cite, "tous les fauteurs de haine et de racisme".
02:16 C'est suffisant comme cordon sanitaire pour vraiment se démarquer du Rassemblement national, une banderole ?
02:21 - Vous voyez, moi j'étais beaucoup interpellée par des militants et par des républicains qui ne sont pas des militants politiques,
02:26 qui disaient "c'est nous qui avons notre place dans cette marche, c'est eux qui devraient se poser la question de ne pas venir,
02:32 avoir la décence de ne pas le faire, avoir le respect de ne pas le faire".
02:35 - Ils auraient fallu des solutions ?
02:37 - Oui, c'est ce que j'ai demandé aux organisateurs et ça m'aurait paru très logique.
02:41 À partir du moment où ils annoncent qu'ils viennent et qu'ils seront là, je pense que c'est trop facile que nous on leur laisse la place,
02:47 parce que ça veut dire que cette marche devient majoritairement la leur.
02:50 Et je pense que par une participation massive, les Françaises et les Français que leur présence dérange,
02:55 on doit montrer que oui, on est là, parce que cette cause est indispensable, l'antisémitisme,
03:02 que non, on ne leur cède pas la place et qu'on fait même en sorte de garantir un cadre sain avec le Parti communiste,
03:08 avec le Parti socialiste, avec beaucoup de partis de gauche, nous travaillons à cela depuis quelques jours,
03:12 vous l'avez dit, derrière une banderole "contre l'antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme",
03:17 je pense que le message est clair.
03:18 Et on a beaucoup de retours de gens qui nous disent "merci, merci parce que j'avais envie de venir et je ne savais pas comment faire,
03:23 grâce à ce safe space, je sais que je pourrais le faire en sécurité".
03:27 Après, on a dû réfléchir à ça, parce que je ne veux pas que notre présence à cette marche soit interprétée,
03:32 assimilée à une caution donnée à leur présence et à la légitimité de cette présence du Rassemblement national dans la marche.
03:39 Mais ce cordon sanitaire, il ne suffit pas à LFI, à vos partenaires de la NUPES,
03:43 vous aviez déjà dit aussi, à une époque, qu'il fallait priver le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, de Twitter,
03:49 vous partez sans eux aux européennes, ça y est, c'est le dernier clou sur le cercueil de la NUPES, c'est fini ?
03:54 Premièrement, juste préciser qu'ils ont annoncé qu'ils ne viendraient pas avant qu'on puisse discuter même de l'idée de ce cordon sanitaire,
04:01 donc je ne pense pas que les deux décisions soient liées.
04:04 Après, encore une fois, je pourrais vous dire tout ce que j'en pense, mais je pense que le sujet aujourd'hui, c'est l'antisémitisme,
04:10 et ce qui m'agace, ce qui me fait mal, c'est que j'ai l'impression qu'on n'arrive pas à garder au premier plan ce sujet,
04:15 on est sans cesse perturbés dans le débat politique actuel par les polémiques.
04:19 Et donc, tout ce sujet devient un prétexte à polémique du tweet de l'un, de la réponse de l'autre,
04:25 il y a une vraie brutalisation du débat politique qui ne nous aide pas à prendre de la hauteur,
04:28 et je pense que dans les moments terribles que notre débat national et que la situation internationale traversent depuis le 7 octobre,
04:35 c'est de hauteur dont nous avons besoin.
04:36 N'empêche que la gauche part des unis.
04:38 Oui, et je le regrette.
04:41 Vous le regrettez ? Vous avez, comme secrétaire nationale, changé le nom de votre parti.
04:46 Il n'est plus question d'Europe, écologie, les verts, mais des écologistes.
04:50 Le parti des écologistes.
04:52 Mais dans une période de transition.
04:54 De transition jusqu'aux élections européennes, et une fois le 9 juin passé,
04:58 vous enlèverez Europe et les verts.
05:01 Même les verts font du greenwashing, Marine Tandelier.
05:04 Vous savez, on a arrêté de s'appeler les verts il y a 10 ans,
05:06 et tout le monde nous appelle encore les verts, et ça me va très bien.
05:08 Mais c'est du greenwashing !
05:09 Pourquoi vous dites ça ?
05:10 Changez de nom, pourquoi faire ?
05:12 Parce que vous pensez qu'on n'est pas écologistes, et qu'on cherche des noms pour faire semblant qu'on est écologistes.
05:16 Ah bah vous vous débarrassez d'Europe et vous vous débarrassez de la couleur verte.
05:19 On ne se débarrasse de rien du tout.
05:20 On a fait plusieurs enquêtes d'opinion qui montrent que les gens ont besoin qu'on ait un nom très simple.
05:24 Et que Europe, écologie, les verts, même en termes de français, c'était la fusion d'Europe, écologie et des verts.
05:29 Et donc c'est un nom provisoire.
05:30 Il est resté provisoire 10 ans.
05:32 Et donc il y a plein de choses qui ne sont pas dans notre nom, et qu'on est et qu'on demeure.
05:36 Ne vous inquiétez pas pour ça.
05:37 Ah je ne parle pas de mon inquiétude, je parle de re-branding, comme on dit en bon français,
05:43 c'est-à-dire d'une opération marketing.
05:44 Vous venez de l'avouer d'ailleurs en disant que c'était une série d'enquêtes et d'études.
05:48 Est-ce que ça indique un changement de doctrine Marine Tendollier ?
05:51 Non mais quand on fait de la politique, on le fait pour être entendu, parce que nous souhaitons convaincre.
05:55 Et donc à partir du moment où votre nom est un obstacle au fait que les personnes situent bien qui vous êtes, d'où vous parlez,
06:01 oui on a un problème.
06:02 Les écologistes, c'est simple.
06:04 Et je pense que comme le disait Boileau, ce qu'on soit aisément s'énonce clairement.
06:10 Les écologistes, c'est très clair, nous restons pro-européens, nous sommes verts, plus que jamais même.
06:15 Il n'y a pas de problème là-dessus.
06:16 Et donc voilà, on va changer la doctrine, pas forcément, nos valeurs restent, évidemment.
06:22 Mais ce que l'on va changer, c'est la manière de faire, parce qu'on est en 2023, un moment où les gens ne s'engagent plus comme il y a 40 ans.
06:28 Et j'étais énormément sollicité par des gens qui disent "moi je suis loin de la politique, mais je veux aider pour les océans, pour les forêts, pour la biodiversité.
06:35 Je veux des conseils pour limiter mon impact sur l'environnement.
06:38 Je veux préparer les municipales comme citoyens dans ma ville, mais je pense que vous pouvez m'aider.
06:41 Je veux des formations, de l'information, et ce serait le rôle aussi d'un parti comme le vôtre.
06:45 Et donc les écologistes, ce sera bien plus qu'un parti politique.
06:48 Et pas du tout, absolument pas moins d'Europe, ça, faites-nous confiance.
06:51 Et ça va vous permettre d'aller vers les élections européennes l'année prochaine.
06:54 Alors les États membres de l'Union Européenne devront restaurer la nature sur au moins 20% des terres et des espaces marins de l'Union d'ici 2030.
07:01 C'est ce que prévoit le texte qu'ont conclu le Parlement Européen et les 27 États membres cette semaine.
07:07 Mais il y a quand même des mais.
07:08 La droite, représentée par le Parti Populaire Européen, se réjouit de la suppression dans ce texte de l'obligation de renaturer 10% des terres agricoles.
07:17 Et puis le texte prévoit une obligation de moyens et pas de résultats.
07:20 Marine Tendelier, est-ce qu'au niveau européen, avec une telle obligation de fonctionner avec des compromis,
07:25 on n'est pas condamné à une certaine inefficacité sur ce sujet de l'écologie et de l'environnement ?
07:30 Alors on a une spécificité en France, c'est que dès qu'on n'est pas très content de ce que fait l'Europe, on accuse l'institution européenne.
07:35 Mais l'institution européenne, ce sont des États, ce sont des députés européens qui prennent des décisions en conscience.
07:40 Et à partir du moment où le président de la République a dit qu'en gros l'écologie, ça commençait à bien faire au niveau européen
07:45 et qu'il fallait faire une pause réglementaire au niveau européen,
07:48 ça a fait que beaucoup de gens de droite, d'extrême droite, des conservateurs,
07:52 se sentent autorisés en fait à légitimer tous les reculs sur l'environnement et notamment cette directrice de restauration de la nature.
08:00 On voit bien que c'est des processus qui sont très longs, ça vous avez raison, parce qu'il faut emmener tout le monde,
08:06 parce que ça donne beaucoup plus de levier, beaucoup plus de force à l'écologie.
08:10 Et voilà, je pense à ma collègue Caroline Rousse qui est très engagée pour l'écologie au Parlement européen
08:15 et qui suit notamment ce texte, qui a passé des heures et des heures ces derniers jours en trilogue pour la restauration des fonds marins.
08:22 Et c'est un sujet sur lequel à 2-3 cm près, on repartait en arrière.
08:28 Et donc moi j'en veux un petit peu au président Emmanuel Macron qui, au lieu d'appuyer de toutes ses forces pour faire avancer ces sujets au niveau européen,
08:34 fait preuve d'un peu de fébrilité et même de recul. On le voit aussi sur le glyphosate, sur d'autres sujets, c'est pas possible de faire ça.
08:40 Et obligation de moyens et pas de résultats, c'est une déception ?
08:43 Bah évidemment, mais vous savez, il faut mieux. Au niveau européen, on n'obtient jamais exactement ce qu'on voudrait.
08:49 On va se battre aux élections européennes pour avoir plus de poids au sein de ce Parlement européen,
08:53 mais les écologistes ne s'avouent jamais vaincus et ils vont arracher, centimètre par centimètre, des avancées.
08:59 C'est ça le rôle de l'écologiste. C'est pas en 2023, au moment où les enfants qui naissent cette année,
09:03 on ne sait pas leur garantir que la planète sera encore habitable dans 30 ans.
09:06 Je vais vous dire, on n'en est plus à attendre le grand soir, attendre que toutes les planètes soient niaies
09:10 pour pouvoir dire "ça y est, on est content, ça y est, on s'engage".
09:12 On va arracher, centimètre par centimètre, toutes les choses qui permettront de reculer l'effondrement,
09:18 d'améliorer notre adaptabilité aux changements climatiques et de vrai pour la justice environnementale et la justice sociale.
09:25 De nombreuses questions, Standard Marine Tondelier,
09:28 mais vous avez l'impression qu'on vit une période de recul en matière écologique en France en ce moment ?
09:32 Vous voyez, dans le débat public, on voit bien qu'avec l'actualité qui est la nôtre, le sujet passe au second plan.
09:39 Je peux comprendre pourquoi, semaine après semaine, je me dis "oui, il y a le conflit israélo-palestinien,
09:43 il y a la réforme des retraites, et en fait, semaine après semaine, on ne pourrait jamais parler d'écologie,
09:49 il y a toujours plus d'urgence". Et ça, ça me préoccupe, et c'est pour ça qu'il faut un parti écologiste fort dans ce pays.
09:54 Vous voyez quand Emmanuel Macron réunit les chefs de parti le 17 novembre, vendredi prochain,
09:59 et qu'il ne met même pas l'écologie à l'ordre du jour, alors qu'on va parler de décentralisation, référendum sur l'immigration,
10:04 je me dis "mais ils ont compris ou ils n'ont pas compris ?"
10:07 Et vous y allez quand même ?
10:08 Et j'y vais quand même parce que vous savez quoi ? Si j'estime que l'écologie doit être à l'ordre du jour,
10:12 je pense que ma simple présence met le sujet à l'ordre du jour, je suis connue pour être franche,
10:17 d'ailleurs Emmanuel Macron nous demande des échanges francs, il va être servi,
10:20 et donc si je n'y vais pas, alors je suis sûre qu'on n'en parlera pas.
10:23 Ma simple présence me permet de m'assurer que ce sera le cas sur l'environnement,
10:27 mais aussi sur la justice sociale, qui est la préoccupation première des français,
10:30 qui n'est pas non plus à l'ordre du jour. Alors pour parler immigration, retraite des élus,
10:35 cumul des mandats, là il y a du monde, pour parler des sujets qui préoccupent aux premiers chefs les français,
10:38 un peu moins, c'est pour ça que je vais me battre.
10:40 On file au standard Marine Tondelier, bonjour Jean-Éric.
10:43 Bonjour Jean-Éric.
10:44 Bonjour, vous nous appelez de Grenoble.
10:46 J'appelle de Grenoble, je suis ancien chargé de mission auprès de la région,
10:51 et j'aurais une question sur savoir si vous alliez soutenir la campagne du WWF qui dit que de fabriquer des SUV,
10:58 ça va nous emmener dans une impasse concernant les matériaux,
11:01 et aussi que le gouvernement envisage d'exonérer le malus écologique des véhicules,
11:08 les véhicules électriques uniquement, avec la notion de poids,
11:13 les véhicules lourds électriques ne seront pas soumis au malus écologique.
11:17 Merci Jean-Éric pour votre question, et les questions sur les mobilités, les voitures sont nombreuses.
11:23 Marine Tondelier, qu'est-ce que vous lui répondez ?
11:24 Merci à Jean-Éric pour la précision de sa question, on voit qu'il a beaucoup travaillé le sujet.
11:28 La première chose c'est qu'évidemment on soutient la campagne du WWF,
11:33 et en fait l'écologie c'est un travail d'équipe,
11:35 il n'y a pas un parti tout seul qui serait omniscient, omnipotent,
11:38 on repose sur une société civile écologique forte, sur des entrepreneurs,
11:42 il y a tout ce monde qui se mobilise,
11:45 et les écologistes, le nouveau mouvement qu'on a lancé,
11:47 visent aussi à fédérer ces initiatives,
11:49 et donc on a notamment une application qui s'appelle "Ecolo !",
11:53 vous pouvez télécharger sur vos smartphones,
11:54 et qui fait accéder à une plateforme de mobilisation,
11:57 où vous pouvez accéder à toutes les campagnes que l'on soutient,
11:59 pas juste celles qu'on organise, mais celles qu'on soutient,
12:01 et donc celle-ci, vous me la prenez, en fera partie,
12:04 on va l'ajouter de ce pas sur l'application.
12:06 Ensuite sur les véhicules lourds,
12:08 moi je ne dis pas qu'il ne faut pas de voiture,
12:10 je suis la première à habiter dans un endroit en France,
12:12 le Bassin-Bénin du Pas-de-Calais,
12:13 sans voiture je n'irais pas très très loin.
12:15 Mais avoir une voiture, c'est un besoin,
12:20 pour le déplacement de beaucoup de gens en France,
12:22 par contre la compétition actuelle sur le poids des véhicules,
12:25 sur le mode de consommation ostentatoire,
12:28 que ça signifie aussi, est un sujet,
12:30 et je suis d'accord avec ce que propose Jean-Éric,
12:33 moi j'ajouterais même, pour commencer,
12:35 puisque les petits pas ça compte aussi,
12:37 qu'on commence par interdire la publicité sur ce genre de véhicules.
12:40 Ce n'est pas possible, alors qu'on sait que c'est climaticide,
12:42 alors qu'on sait que ça ne rend pas plus heureux,
12:44 alors qu'on sait que ça crée même plutôt de la frustration
12:46 chez celles et ceux, soit qui ne peuvent pas se l'acheter,
12:48 soit qui prennent un crédit en leasing,
12:50 et qui se sur-endettent pour avoir ce genre de véhicules,
12:52 qui ne les protègent pas plus qu'un petit véhicule.
12:55 Oui, je pense que commencer par interdire la publicité,
12:57 ce serait une bonne chose,
12:58 et que la réglementation arrête de fermer les yeux
13:01 sur le poids des véhicules, qui est un vrai sujet.
13:03 Un autre moyen de transport, Marine Tontelier,
13:05 c'est l'avion qui a emmené la maire de Paris en Polynésie.
13:09 Quelle transition, je vous fais une savoie, elle est acrobatique !
13:11 Elle a été très critiquée, mais pas tant que ça,
13:13 parce que là aussi, il y a quand même un bilan carbone,
13:15 elle a été très critiquée à Indalgo pour son voyage à Tahiti,
13:18 mêlant professionnel et personnel,
13:20 du 16 octobre au 5 novembre,
13:22 un déplacement à 60 000 euros,
13:24 notamment pour aller sur le site pressenti pour l'épreuve de surf des Jeux Olympiques.
13:27 - Sauf qu'elle n'y est pas allée.
13:28 - Sauf qu'elle n'y est pas allée,
13:29 et qu'il y a des problèmes écologiques autour de ça.
13:31 Un site qui a été finalement, un voyage qui a été finalement validé
13:34 par la commission de déontologie de la ville.
13:36 Vous, vous êtes des écologistes,
13:37 vous faites partie de la majorité municipale à Paris.
13:41 Est-ce que vous pensez qu'il fallait vraiment faire ce voyage ?
13:44 - Bah, en fait, c'est toujours la même question,
13:47 c'est qu'on a les Outre-mer,
13:49 qui sont des territoires qui comptent aussi,
13:51 et moi je veux bien expliquer, moi par exemple,
13:53 qui ne prend plus l'avion,
13:54 je pense que je...
13:56 Dans mon mandat de secrétaire nationale,
13:58 je trouverais logique qu'à un moment,
14:00 j'aille quand même rendre visite aux Outre-mer,
14:02 pour le Chlordécone, pour les mines d'or en Guyane,
14:05 pour le nickel en Nouvelle-Calédonie,
14:07 je ne vais peut-être pas tous les faire,
14:08 mais vous voyez, il y a quand même des sujets majeurs,
14:09 et ce n'est pas une différence de seconde zone.
14:11 - Vous allez donc prendre l'avion ?
14:12 - Je ne prends plus l'avion, personnellement,
14:14 mais je pense que si il y a une raison pour laquelle je pouvais le prendre,
14:17 ce serait un sujet pareil.
14:19 Après, si elle avait pris l'avion pour aller dénoncer le site des Jeux Olympiques,
14:22 je veux bien, mais là, c'est vrai qu'on a l'impression que c'était une visite
14:24 qui était faite pour aller voir ce site,
14:26 qu'en plus, elle n'a pas été voir.
14:27 Et donc, moi, j'aimerais qu'on se concentre sur le fond de ce problème,
14:30 ce site des Jeux Olympiques, que même les locaux dénoncent.
14:32 Il s'agit d'organiser l'épreuve de surf en Polynésie,
14:36 et donc, dans un lagon où il y a déjà un site de surf,
14:38 vous voyez, quand c'est les Jeux Olympiques, il faut tout améliorer,
14:40 et donc, il faut construire une nouvelle tour de juges
14:42 qui va abîmer, en fait, le lagon, les fonds marins,
14:44 et y compris, les autorités locales se posent très sincèrement la question,
14:48 et donc, je pense que ça doit nous amener à reconsidérer la manière
14:51 dont on organise les grandes compétitions sportives.
14:53 Moi, quand je vois que les Jeux... Accrochez-vous, hein !
14:56 Les Jeux Asiatiques d'hiver de 2029,
14:59 donc, Jeux d'hiver, vous voyez, du ski, des patinoires,
15:01 vont avoir lieu en Arabie Saoudite, les Jeux Asiatiques d'hiver.
15:04 Ça n'a aucun sens !
15:05 Donc, il faut arrêter ça, et si on n'arrive pas à écologiser
15:08 la manière dont on organise ces grandes compétitions,
15:10 elles vont finir par disparaître,
15:12 parce qu'on ne pourra plus écologiquement les organiser.
15:14 Donc, par exemple, pour les Jeux Olympiques, peut-être qu'à un moment,
15:16 il faut penser à reconsidérer la manière dont ils s'organisent,
15:19 parce que peut-être que ce n'est pas un pays qui gagne tout,
15:21 et qui doit tout construire tous les 4 ans dans son pays,
15:24 y compris des villages olympiques de 20 000 personnes qui servent une fois.
15:27 Peut-être qu'il faut imaginer d'autres choses,
15:29 et par exemple, le fait d'avoir des épreuves sportives dans plusieurs pays,
15:33 moi, c'est ça que je propose.
15:34 Mais je reviens à ma question, elle devait y aller, Anne Hidalgo, ou pas ?
15:37 Moi, je n'ai pas compris le motif de son voyage perso, pro.
15:39 J'ai compris qu'elle avait ses enfants aussi sur place,
15:42 elle a le droit d'aller voir ses enfants, quand même.
15:44 Mais j'ai compris que tout était un peu mélangé, que ça avait suscité l'émoi,
15:48 elle s'est expliquée, la commission de déontologie s'est prononcée.
15:50 Voilà. Je vous ai écrit sur la question.
15:53 On retourne au standard. Bonjour, vous nous appelez de Haute-Corse ?
15:57 Oui, bonjour, France Inter, bonjour Madame Pondelier.
16:01 L'écologie, le bio, l'agriculture, y a-t-il un trait d'union entre ces 3 entités ?
16:06 Car il semblerait que l'agriculture soit un peu abandonnée
16:09 dans le domaine des subventions de la part de l'Union Européenne.
16:14 Marine Pondelier, merci pour votre question, Dominique.
16:17 Alors, les choses sont un peu plus compliquées que ça.
16:20 Je pense que le montant des subventions européennes accordées à l'agriculture
16:26 est un premier sujet, vous avez raison, mais c'est surtout la manière dont elles se répartissent.
16:29 Et aujourd'hui, les aides agricoles européennes,
16:31 c'est nous qui décidons en France comment on les répartit en France,
16:35 et elles bénéficient essentiellement aux plus gros.
16:37 Oui, mais elles bénéficient essentiellement aux plus gros.
16:39 Et quand je vois qui dirige aujourd'hui la FNSEA,
16:42 c'est-à-dire un très très gros industriel,
16:46 je me demande comment on peut prétendre représenter des petits paysans.
16:50 Et on voit bien dans la manière dont s'organise le débat agricole en France
16:53 que c'est plutôt les très très gros qui ont la main.
16:55 Je vous donne un autre exemple, c'est celui des fermes-usines.
16:57 On se dit comment ça peut encore être ouvert aujourd'hui ?
16:59 C'est 3% des éleveurs qui produisent aujourd'hui 60% de la viande en France.
17:03 Et donc moi je suis la première à défendre les petits éleveurs, les paysans, etc.
17:07 Mais il y a une forme d'agro-business qui rafle toutes les subventions,
17:10 qui est encouragée d'ailleurs par le système de subvention.
17:13 Je trouve ça profondément injuste, et en plus évidemment d'être climaticide.
17:17 Alors parlons du business tout court, vous êtes toujours pour la décroissance ?
17:20 Vous voyez bien qu'on ne va pas pouvoir croître de manière infinie dans un monde fini.
17:24 Non mais je vous pose la question !
17:26 Mais la croissance de quoi ? C'est ça le sujet.
17:28 Je suis pour la croissance du bonheur, je suis pour la croissance des manifestations progressistes.
17:32 Le PIB ça ne veut rien dire.
17:34 Ça ne veut dire quelque chose pour l'ensemble des richesses produites dans un pays par an ?
17:37 Tous les économistes sérieux remettent en cause cet indicateur de croissance.
17:40 D'autant que déjà on se basera sur un indicateur dont tout le monde considère que ce n'est pas le bon,
17:44 on aura du mal à parier sérieusement.
17:46 Mais qui est utilisé partout dans le monde.
17:48 "Notre écologie est radicale" disiez-vous au moment de conquérir votre parti.
17:52 Elle est toujours radicale.
17:54 Mais nos problèmes sont radicaux.
17:56 Les problèmes que l'on traverse en ce moment et que l'on s'apprête à vivre sont radicaux.
18:00 J'habite dans le Pas-de-Calais, vous voyez les inondations...
18:02 Non, parce que vous parliez de la politique des petits-pains.
18:05 Oui, mais...
18:06 C'est contradictoire avec l'idée que l'écologie politique doit être radicale, non ?
18:09 Absolument pas.
18:10 Moi je pense que c'est très radical de s'attaquer aux problèmes et de vouloir les faire avancer coûte que coûte,
18:15 sans se draper dans une forme de dire "ce n'est pas exactement ce que je voulais,
18:19 donc je dis non et je proteste contre tous les gens qui ont dit oui".
18:22 La radicalité c'est de faire avancer les dossiers.
18:24 Et en l'occurrence, je vous répète, ce n'était pas clair,
18:26 les problèmes que l'on affronte sont radicaux.
18:28 J'habite dans le Pas-de-Calais, je vois les personnes les plus précaires,
18:32 dont les maisons sont en train de fuir, dont les voitures sont endommagées,
18:35 on ne sait même pas comment on va faire.
18:36 On sait que tous ces problèmes vont s'amplifier avec l'accélération du changement climatique.
18:40 Et donc oui, les problèmes que l'on traverse sont radicaux.
18:43 À propos de radicalité, le Conseil d'État a annulé cette semaine la dissolution du collectif "Les soulèvements de la terre",
18:48 décidé en juin dernier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
18:51 Pour le ministre Christophe Béchut, ce n'est pas un camouflet pour le gouvernement ?
18:56 Non, jamais ! Jamais, jamais ! Il en faudra bien plus !
18:59 Il dit que ça pose la question des moyens d'action, en tout cas que la violence, la radicalité,
19:04 est rejetée par une partie de la population. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
19:07 Il se pose les questions qu'il veut, moi je me pose les miennes.
19:10 Et je me pose notamment la question d'un gouvernement qui soutient de manière très très forte les mégabassines.
19:18 Ces mégabassines sont remises en question sur le plan scientifique,
19:21 parce qu'on montre bien que la meilleure manière de conserver l'eau, c'est dans le sous-sol, c'est dans la phréatique.
19:26 Elles sont remises en question par la justice, puisque là il y a encore 15 projets de mégabassines qui ont été annulés par la justice.
19:33 Pas pour ou contre l'écologie, parce que juste c'est illégal.
19:37 Il y a un troisième sujet qui est les bassines existantes, qui sont jugées illégales,
19:40 parce que l'État et les autorités se dépêchent de la construire avant les jugements.
19:44 Et donc la question se pose de les démonter.
19:46 Et il y a eu une polémique cette semaine au sein du ministère de l'Agriculture,
19:49 parce qu'un conseiller de Marc Fesneau a dit dans une conférence de presse que bien sûr il allait falloir les démonter,
19:53 qu'après rétropédale on ne comprend même pas si l'État va appliquer le droit.
19:56 Et il y a cette quatrième question de "est-ce qu'on a le droit ou pas dans ce pays de se mobiliser contre les mégabassines ?"
20:01 Gérald Darmanin a tout fait pour mettre le débat sur la forme du combat plutôt que sur le fond du combat.
20:06 C'est son droit. Il a perdu. Donc ils ont perdu sur 4 points en plusieurs semaines.
20:11 Il n'est pas complètement perdu, mais moi je me rappelle très bien de Prisca Teveneau à votre antenne.
20:16 Vous vous rappelez cet été quand le premier référé avait été jugé,
20:21 qui nous expliquait "non mais c'est le référé, mais vous verrez au fond, on est très sûr, il n'y a pas de problème".
20:25 Eh bien patatras, ils ont encore perdu.
20:27 Ça fait beaucoup de défaites sur le dossier des mégabassines, il serait peut-être temps d'entendre raison.
20:30 Même si le Conseil d'État juge qu'il faudrait continuer à surveiller les membres du soulèvement de la terre
20:36 et que la désobéissance civile n'était pas quelque chose à pratiquer,
20:39 vous êtes pour la désobéissance civile comme mode d'action politique Marine Tendelier ?
20:43 Moi je suis pour essayer tout ce qu'on peut faire.
20:46 Je suis pour les débats scientifiques qu'on a du mal à écouter.
20:48 Je vous rappelle que sur l'autoroute A69, il y a 15 jours de cela,
20:52 la conférence des scientifiques qui démontrait l'absurdité du projet a quand même été évacuée par la police et gazée.
20:59 Les scientifiques n'avaient jamais vu ça de leur vie.
21:01 Je suis pour le débat scientifique, je suis pour le débat juridique, je suis pour qu'on puisse manifester.
21:05 Et quand tout ça devient compliqué dans ce pays, alors on en amène à faire de la désobéissance.
21:10 Mais la désobéissance n'est pas la violence, n'est pas la destruction, ce sont des élections symboliques.
21:14 Je pense qu'on a beaucoup de débats biaisés sur la notion de désobéissance et que Gérald Darmanin y contribue énormément.
21:20 On les reprendra. Merci Marine Tendelier d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.
21:24 Merci infiniment d'avoir répondu à nos questions.

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