Lucie Castets à Matignon : Emmanuel Macron "n'a pas le choix" dit Marine Tondelier

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Les Ecologistes et les Insoumis ont lancé jeudi avec leurs universités d'été la rentrée politique du Nouveau Front populaire, qui affiche plus que jamais sa volonté d'imposer Lucie Castets à Matignon, avant d'être reçu ce vendredi par Emmanuel Macron. Marine Tondelier est l'invitée du 8h20.

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00:00Alors l'été est presque terminé et pourtant c'est encore et toujours la même question qui se pose depuis le 7 juillet dernier.
00:05Quel premier ministre, quelle première ministre pour diriger la France, à en croire l'Elysée ?
00:10La réponse n'a jamais été aussi proche et la nomination devrait intervenir à partir de mardi,
00:16après la série de consultations qui commence ce matin, dont on va parler avec vous.
00:20Marine Tendelier, bonjour.
00:22Bonjour.
00:22Et bienvenue, vous êtes la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts.
00:26Merci d'avoir accepté l'invitation du Grand Entretien ce matin.
00:29Je précise à nos auditeurs et nos auditrices que leurs questions, leurs réactions sont les bienvenus 0145 24 7000.
00:37Et puis il y a aussi, vous le savez, l'appli France Inter.
00:39Alors d'ici environ deux heures, Marine Tendelier, vous serez à l'Elysée, reçue par Emmanuel Macron,
00:44en compagnie des autres responsables des partis qui composent le Nouveau Front Populaire.
00:48Et puis avec aussi Lucie Castet, la candidate que vous soutenez pour Matignon.
00:53Hier, vous avez tous fait savoir dans une lettre aux Français que, je cite,
00:56l'inaction du président de la République était grave et délétère.
01:00Est-ce qu'on peut dire que ça donne tout de suite le ton du rendez-vous de tout à l'heure ?
01:05Écoutez, c'est la rentrée et donc je vous remercie de m'avoir invité.
01:08Et je vais essayer d'être positive pour commencer.
01:10Je pense que tout le monde a besoin d'un peu de positivité pour cette rentrée.
01:13Je ne sais pas combien de temps ça va durer, peut-être au moins jusqu'à la fin de l'émission.
01:17Mais essayons.
01:18Première bonne nouvelle, Emmanuel Macron, les plaisanteries les plus drôles étant les plus courtes,
01:24a décidé enfin de passer à l'action.
01:26Alors, il consulte, on sait que la consultation pour lui, c'est quand même beaucoup de la communication.
01:31Mais on sent que ça va avancer et que peut-être un jour, nous aurons un nom de Premier ministre.
01:36Deuxième chose, il décide de recevoir les forces dans l'ordre protocolaire.
01:40Et dans l'ordre protocolaire, il nous reçoit en premier.
01:42Peut-être que ça veut dire qu'il reconnaît enfin le résultat de l'élection.
01:48Il a beaucoup parlé de victoire relative, certes, mais lui, son échec n'est pas relatif du tout.
01:52Il est cuisant et celui du Rassemblement National aussi.
01:56Ensuite, il nous a fait une proposition, celle d'être reçu soit seul,
02:00les socialistes ou seul, les communistes, les écologistes et les insoumis,
02:04soit d'être reçu ensemble.
02:06Et je dois vous dire qu'on n'a pas débattu longtemps.
02:08Instinctivement, tout le monde avait répondu quand on échangeait avec les chefs de parti,
02:12évidemment qu'on y va ensemble.
02:13Et pourquoi on voulait y aller ensemble ?
02:15Non seulement parce qu'on avait envie d'être reçu ensemble,
02:16mais aussi parce que ça nous permettait de mettre une condition,
02:19celle de venir avec Lucie Casté.
02:21Et le fait que tout à l'heure,
02:22premièrement dans l'ordre protocolaire, Lucie Casté rencontre Emmanuel Macron
02:26est pour moi un signal extrêmement positif.
02:29Après, oui, vous avez raison, il est dans l'inaction.
02:32Et cette inaction, elle n'a que trop duré,
02:34parce qu'il a fini par poser une question extrêmement claire aux Français,
02:38en juin dernier, à laquelle les Français ont répondu extrêmement clairement.
02:42Voulez-vous, oui ou non, une cohabitation ?
02:44Les Français se sont déplacés aux urnes comme jamais et ils ont répondu oui.
02:48Ils auraient pu dire oui et 73% des Français dans les sondages
02:52veulent une rupture politique avec le macronisme.
02:54Ce n'est pas juste les gens qui ont voté pour le nouveau Front Populaire,
02:57c'est aussi des gens qui n'ont pas voté pour nous,
02:59certains qui n'ont pas voté du tout et des gens qui n'en peuvent plus.
03:03Parce qu'il y a l'inaction climatique, parce qu'il y a l'injustice sociale.
03:06Ce pays, au bout de sept ans, est à bout du macronisme.
03:08Mais est-ce que ça veut dire que vous êtes arrivé au bout des bonnes nouvelles,
03:11Marine Tondelier, ou est-ce que vous espérez qu'il y en ait une autre la semaine prochaine ?
03:12La bonne nouvelle, c'est qu'à partir de mardi, apparemment, ça pourrait changer.
03:15La mauvaise nouvelle, par contre, et là où je suis un peu en colère,
03:18mais je le dis avec sérénité, c'est qu'on a perdu tellement de temps.
03:22Mais ce n'est qu'une question de calendrier, vous y croyez vraiment ?
03:24Mais attendez, dans notre programme, il y avait des choses
03:26qui ont fait se déplacer des Français qui n'étaient pas venus voter depuis longtemps.
03:29Par exemple, on leur disait le chariot de course de rentrée sera intégralement gratuit.
03:33Une maman, à qui on dit ça en juin, qui vient voter le 7 juillet,
03:37qui pense qu'on pourra le faire dès la mi-juillet, ce qu'on avait l'intention de faire.
03:41Si on avait pu le faire mi-juillet,
03:43elle aurait économisé un peu d'argent sur un budget très serré.
03:46Peut-être qu'avec cet argent, on aurait pu emmener ses enfants à la mer cet été.
03:49Il y a 4 Français sur 10 qui ne sont pas partis en vacances cet été,
03:51qui ne partent jamais en vacances.
03:52Et ce n'est pas parce qu'ils ont envie de rester dans leur logement bouilloire thermique mal isolé.
03:57C'est parce qu'ils n'ont pas les moyens de le faire.
03:58Et donc, vous voyez, c'est des enfants qui n'ont pas pu partir en vacances.
04:01C'est une réforme des retraites qu'on n'a pas pu abroger au premier jour,
04:04comme on aurait pu le faire si on avait été nommé.
04:05Mais si on est nommé mardi, on peut toujours le faire mercredi.
04:08C'est un SMIC qui n'a pas pu augmenter.
04:10C'est très concret.
04:10C'est pour ça qu'on a écrit aux Français.
04:12Vous voyez, là, on est reçu par Emmanuel Macron.
04:14Moi, je pense qu'il ne faut jamais espérer de ceux qui ont créé un problème
04:19que ce soit eux qui le résolvent.
04:20Donc, on y va, c'est protocolaire.
04:23Surtout, j'ai envie d'entendre ce qu'il a à nous dire.
04:25Je ne vais pas aller essayer d'aller le convaincre.
04:27Je veux dire, il ne va rien faire pour nous faire plaisir.
04:29On ne va pas sortir un nouvel argument où il va dire,
04:32mais vraiment, si vous m'aviez dit plus tôt que Lucie Castex était experte des services publics,
04:36vraiment, je l'aurais nommé directement.
04:37Donc, s'il devait le faire, il l'aurait déjà fait.
04:39C'est ce que vous dites, Mme Tendayel.
04:40Mais par contre, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a un moment politique
04:42qui nous permet de faire cette lettre aux Français pour dire,
04:44attendez, on va aller voir Emmanuel Macron, mais nous, c'est à vous qu'on veut parler.
04:47C'est à vous qu'on veut dire quel temps on a perdu.
04:49C'est aux électeurs qui n'ont pas voté pour nous qu'on veut dire
04:51que peut-être on se pose des questions semblables
04:53et que peut-être vous avez aussi intérêt qu'on gouverne.
04:55Et je trouve que cette méthode de ne pas se laisser enfermer dans la logique institutionnelle,
05:00parce que c'est ça le risque.
05:01On rentre un peu dans ces voyages en terre politique inconnus.
05:04Personne ne sait ce qui va se passer.
05:06Qu'est-ce que vous y croyez encore ?
05:07Je vous pose la question, Marine Tendayel.
05:09Est-ce que vous y croyez encore qu'Emmanuel Macron donne Lucie Castex,
05:12ce qu'il n'a pas fait depuis le 7 juillet ?
05:13Je pense qu'il n'a pas le choix, tout simplement.
05:15Et j'entends les personnes qui nous disent,
05:17ah ben, vous n'avez pas la majorité absolue.
05:19Figurez-vous qu'on avait remarqué et qu'on aurait beaucoup aimé la voir.
05:22On ne l'a pas.
05:22Je suis dans la modestie, mais je ne suis pas dans le déni comme Emmanuel Macron.
05:26C'est-à-dire que j'entends qu'on n'est pas la majorité absolue.
05:29Je pourrais faire comme Jordan Bardella pendant la campagne législative.
05:32Venir en disant, alors moi je préviens tout de suite
05:34que si on n'a pas la majorité absolue, je n'irai pas à Matignon.
05:36Si tout le monde fait comme Jordan Bardella, comment on fait ?
05:39Personne n'a la majorité absolue.
05:40Alors, tout le monde attend parce qu'on décide qu'on va gouverner
05:43que si c'est royal au bar, que si c'est tapis rouge, que si c'est confortable.
05:47La vie politique, ce n'est pas confortable.
05:49Et dans la période troublée et troublante dans laquelle nous sommes,
05:52ça sera confortable pour personne.
05:53Il y a deux types de gens.
05:55Il y a ceux qui restent à l'écart en regardant, en faisant les commentateurs sportifs.
05:58Il y a les 70 millions de sélectionneurs.
05:59Il aurait dû faire ça.
06:00Lui, il est nul.
06:01Comment ils vont faire ?
06:02Nous, nous avons décidé de nous atteler au travail.
06:05Je veux dire, quand vous êtes écologiste, insoumis, communiste, socialiste,
06:08ce n'est pas l'adversité qui vous effraie.
06:10Sinon, on ne serait pas là depuis longtemps.
06:11Et donc, oui, ça va être dur.
06:13Ça va être confortable, pas du tout.
06:14Ça va être évident, pas du tout.
06:15Ça va être facile, pas du tout.
06:17Mais on est déterminés.
06:18Et on ne va pas faire un refus d'obstacles parce que ce n'est pas pour nous.
06:21On doit ça aux gens pour lesquels on se bat.
06:23Ceux qui ont voté pour nous et d'autres qui n'ont même pas voté pour nous.
06:25Et certains qui n'ont pas voté du tout.
06:27Est-ce que les yeux font savoir, Marine Tendelier,
06:29que le président souhaitait avancer vers la constitution d'une majorité
06:32la plus large et la plus stable possible au service du pays ?
06:35Est-ce que Lucie Castel répond à cette exigence-là ?
06:38Mais elle est aujourd'hui la candidate à la tête de la coalition
06:42la plus large, la plus cohérente et la plus solide possible.
06:45Vous voyez, on a entendu circuler d'autres noms.
06:48En disant, il y a d'autres solutions.
06:49Les noms que j'entends circuler ne sont pas des solutions.
06:52C'est de la politique fiction.
06:54Je veux bien qu'on me dise que Lucie Castel pourrait utilement
06:56bénéficier d'une majorité plus large.
06:58On en aurait aussi très envie.
06:59Mais toutes les autres solutions dont j'entends parler
07:02ne reposent sur aucun socle solide.
07:04Nous, on a eu le mérite de nous présenter aux électeurs...
07:06Y compris des socialistes comme Bernard Cazeneuve, par exemple.
07:08Attendez, on a eu le mérite de se présenter aux électeurs sur un programme clair.
07:11Nous, c'est transparent, c'est chiffré.
07:13Nos objectifs, tout le monde les connaît.
07:15Ce n'est pas, on se présente séparés.
07:18On parle de Bernard Cazeneuve.
07:20Bernard Cazeneuve, c'est une personne qui était membre du Parti Socialiste
07:25et qui peut-être aujourd'hui est soutenue par une partie de ce parti.
07:30Une partie d'une partie du Nouveau Front Populaire.
07:33Et c'est un parti dont en plus, il est parti.
07:35Donc expliquez-moi en quoi ça fait une majorité plus solide et plus cohérente.
07:39Vous savez bien que le problème, c'est la présence au sein de ce putatif
07:43gouvernement de Lucie Castel de membres de la France Insoumise.
07:46Puisqu'une partie du Bloc Central, de la droite républicaine a dit
07:49de toute façon, s'il y a des ministres LFI, nous allons tout de suite à la hausse des censures.
07:53Parce que c'est les mêmes qui nous disent que notre majorité n'est pas assez large,
07:57qui sont les premiers à dire.
07:59D'ailleurs, vous devriez enlever les insoumis.
08:01J'imagine qu'une fois qu'on aura enlevé les insoumis, il faudra enlever les écologistes aussi.
08:04Pour vous, c'est sûr qu'ils ne se posent pas.
08:05Et puis après, peut-être même pas tous les socialistes sont fréquentables.
08:08Sans la France Insoumise, c'est une question qui ne se pose pas, Marguerite Gondelier, ce matin.
08:11Ceux qui veulent nous diviser, veulent nous affaiblir.
08:16Il n'y a pas de majorité absolue dans ce pays.
08:18La majorité la plus large et la plus cohérente, c'est la nôtre.
08:20On ne va pas se faire racheter par appartement, se faire vendre à la découpe.
08:24Le Nouveau Front Populaire est une force riche parce qu'elle est diverse.
08:28Moi, je suis une écologiste.
08:30L'écologiste n'est pas juste dans la couleur de ma veste.
08:32Je crois en la biodiversité et en sa force.
08:34Je pense que le Nouveau Front Populaire est un écosystème et que si nous avons gagné,
08:37c'est parce que nous allions de Philippe Poutou à François Hollande.
08:40Si on commence à enlever François Hollande, puis Philippe Poutou, puis les insoumis,
08:43puis les socialistes, puis les écologistes.
08:45On voit très bien ce qu'il y a au bout.
08:47Moi, ce que je vous dis, c'est que nous sommes cohérents.
08:49Quand nous avons écrit aux parlementaires cet été, tous les présidents de groupes
08:52parlementaires du NFP avec Lucie Casté, nous l'avons fait ensemble.
08:55On leur a proposé une méthode en transparence.
08:57On a pris de la hauteur.
08:58On leur a tendu la main.
08:59De l'autre côté, Gabriel Attal a écrit tout seul un courrier pour Renaissance.
09:03Et puis, Horizon a écrit tout seul un courrier pour Horizon.
09:06Et puis, pendant ce temps-là, Marc Fesneau du MoDem,
09:07donc c'est les trois partis de l'ex-majorité présidentielle,
09:10lui, il est président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale.
09:13Il a dit dans la presse « Ah, ben moi, je pense qu'il n'aurait pas du tout fallu faire de courrier ».
09:17Donc, venez pas nous expliquer à nous qu'on est divisés.
09:19La réalité, c'est qu'on est plus unis que tous les autres réunis et qu'on offre un chemin d'espoir.
09:25Et un chemin, surtout, j'insiste, ne nous laissons pas enfermer dans la logique institutionnelle.
09:28C'est important, mais on ne va pas faire un feuilleton que sur la forme,
09:32que sur comment on va faire et telle partie de la Constitution.
09:35À la fin, on fait ça pour améliorer le quotidien et pour permettre les lendemains.
09:40C'est bien ça qui est en jeu.
09:41Ce sont les Françaises et les Français, il ne faut jamais le perdre de vue.
09:43On va aller au Standard de France Inter, où nous attend Ahmed, bonjour.
09:46Bonjour.
09:48Et bienvenue, vous nous appelez de Gironde, je vous laisse poser votre question à Marine Tondelier.
09:52Marine Tondelier, est-ce qu'avec les autres partenaires du Nouveau Front Populaire,
09:57vous avez réfléchi à des alternatives si le mauvais joueur qui nous sert de président continue à refuser la nomination de Lucie Castex ?
10:05Merci pour cette question.
10:06Vous avez raison de souligner qu'Emmanuel Macron fait son gaulois réfractaire et que ce qu'il est en train de faire, c'est de l'obstruction.
10:14C'est la première chose qui est très intéressante dans votre question.
10:17La deuxième, c'est que non, il n'y a pas de plan B à Lucie Castex.
10:19Je pense que vous avez bien en tête qu'on a pris le temps de trouver ce nom parce qu'on l'a fait sérieusement,
10:24qu'il fasse un nom de consensus, d'expérience, de compétence.
10:27Quelqu'un qui soit sincèrement aligné avec le programme parce qu'il faut le mettre en œuvre
10:31et quelqu'un qui soit de nature à apaiser ce pays qui en a grand besoin.
10:34Lucie Castex correspond à tous ces critères.
10:36C'est le nom que nous avons choisi, il n'y en a pas d'autre.
10:39Elle a l'entier soutien, je le dis, l'entier soutien du Parti socialiste, du Parti communiste, du Parti insoumis, du Parti écologiste.
10:45Nous ne sommes pas en train de préparer un plan B.
10:47Mais qu'est-ce qui se passe si ce n'est pas ce nom-là, justement, qui sort la semaine prochaine ?
10:51Vous voyez bien que les si, vous allez me dire et si c'est lui, et si c'est elle, et si il se passe ça.
10:56Il va se passer des choses tous les jours.
10:58Moi, je pense que les Français ont pu apprécier la constance de mes prises de position
11:02depuis plusieurs semaines dans cette séquence perturbée et perturbante.
11:05La force de ce que les écologistes ont joué comme rôle, c'est qu'on s'est consacré sur les problèmes prioritaires.
11:11La priorité, jusque mardi, il y en a une seule, c'est la nomination de Lucie Castex.
11:16Et tout ce qui pourra arriver d'autre, et qu'elle soit nommée ou pas, il arrivera beaucoup d'autres choses.
11:21Tous les jours, peut-être même plusieurs fois par jour, on prendra les problèmes un par un,
11:25on les priorisera et on y répondra.
11:27Je vous rappelle quand même que quand on s'est lancé dans cette aventure du Nouveau Front populaire,
11:32la phrase que j'ai le plus entendue des journalistes, des camps d'en face, des camps autour, c'était
11:37« ça ne marchera jamais ».
11:39Le 10 ce matin, on nous a dit que c'était voie à l'échec.
11:43Qu'on ne trouverait jamais d'accord programmatique, on l'a fait.
11:45Qu'on ne trouverait pas d'accord électoral, on l'a fait.
11:47Qu'on ferait une campagne catastrophique, nous l'avons menée et elle était belle.
11:50Qu'on ne pouvait pas gagner, nous avons gagné.
11:52Et puis après, évidemment, on n'allait pas trouver de nom de Premier ministre.
11:55Elle s'appelle Lucie Castex et maintenant on dit qu'elle ne sera pas nommée.
11:58Et puis quand elle sera nommée, on nous dira « vous n'arriverez pas à faire voter le budget », ainsi de suite.
12:02Et donc moi je vous dis, c'est tellement difficile comme période politique que les gens ont le droit de douter.
12:07Ils ont le droit de penser qu'on ne va pas y arriver.
12:09Ce que je leur dis, c'est que nous nous y croyons, que nous sommes déterminés comme jamais.
12:13Et j'aime bien citer ce slogan qui est écrit sur mon bureau, je vais vous dire, depuis des années et auquel je me réfère souvent.
12:18« Ceux qui pensent que c'est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui y essaient ».
12:22Ils n'ont pas le droit de ne pas y croire, mais ils ne peuvent pas nous enlever ça.
12:27Pardonnez-moi de continuer à jouer au jeu des scies, parce qu'on en est là quand même.
12:30C'est votre travail, pas de problème.
12:31Si jamais Lucie Castex était choisie la semaine prochaine par Emmanuel Macron, qu'est-ce que ça donne ?
12:38Est-ce que le reste du gouvernement est prêt ?
12:39Est-ce que vous avez déjà fait des grands arbitrages entre les familles politiques qui composent le nouveau Front Populaire ?
12:44Ou est-ce qu'il va falloir là aussi entrer dans une nouvelle réflexion qui ne sera pas forcément plus simple
12:50que la réflexion qui vous a mené à choisir le nom de Lucie Castex ?
12:54Non mais ne vous inquiétez pas pour ça.
12:55En tout cas, je ne suis absolument pas inquiète, parce que je sais que la question la plus difficile était sans doute celle de la Première Ministre.
13:02Parce que nous sommes un tout, un écosystème, composite, et que faire une équipe, on sait le faire.
13:09Ce qui était difficile, c'est d'avoir qu'un seul nom.
13:10S'il était socialiste, qu'est-ce que ça voulait dire pour les insoumis ?
13:13S'il était insoumis, qu'est-ce que ça voulait dire pour les socialistes ?
13:14Ce sont des questions normales.
13:15Mais sur les principes de base, nous étions d'accord.
13:19Et que l'on ait 24 heures, une semaine ou trois semaines pour former un gouvernement, on sait le faire.
13:24On nous pose la question, on nous répondra dans les temps voulus, et ça ne m'inquiète absolument pas.
13:29Et il y aura toutes les composantes du Nouveau Front Populaire dans ce gouvernement ?
13:32Toutes les composantes, et la société civile, la personne choisie pour être Première Ministre le démontre.
13:35Et d'ailleurs, c'est hyper intéressant, je pense que choisir Lucie Castex avec son histoire sur les services publics,
13:39pour tous les fonctionnaires qui souffrent depuis sept ans, pour tous les usagers de services publics qui en ont besoin de plus,
13:45d'ouverts plus longtemps, de plus accessibles, ça veut dire quelque chose aussi.
13:49Et donc, il y aura d'autres personnes de ce type aussi dans un gouvernement du Nouveau Front Populaire.
13:52Mais moi, plus que la question du qui, ce qui m'intéresse, c'est pourquoi faire ?
13:55Je veux dire aux Français qu'à la minute où nous sommes nommés, nous abrogeons la réforme des retraites par décret.
14:00Ça prend 24 heures.
14:02Que nous prendrons des mesures fortes, que tout ne sera pas facile, ni évident, ni confortable, encore une fois.
14:06Qu'on devra aller se battre à l'Assemblée Nationale, mais ce qui sera intéressant, c'est que ça remet l'Assemblée Nationale au centre.
14:11Ça va être transparent.
14:12Quand on dit pourquoi vous n'avez pas fait la coalition avant ?
14:14Avant de trouver un nom.
14:16On se serait mis dans un souterrain, là, avec Gabriel Attal, etc., dans une salle sans fenêtres.
14:20Et puis, dans le secret, on aurait dit, je te donne ça, en échange, je fais ça, on annule ça, on s'en renonce.
14:24Là, ça va se faire en transparence.
14:26À l'Assemblée Nationale, on dira, voulez-vous voter les super profits ?
14:2880% des Français sont pour les taxer.
14:31Le Modem avait même déposé une proposition de loi pour le faire.
14:34Normalement, si on le dépose à l'Assemblée Nationale, c'est adopté.
14:36Si des gens veulent voter contre qu'on taxe les gens qui font des super profits, sans travailler plus, sans avoir plus de mérite, sans avoir plus de talent,
14:42des mannes qui leur tombent du ciel, si on ne peut même pas les taxer, ils assumeront.
14:46Les Français regarderont.
14:47Parlons de programmes, justement, avec Guy qui nous attend au Standard de France Inter.
14:51Bonjour et bienvenue, Guy.
14:52Bonjour.
14:53Je vous laisse poser votre question.
14:54Une question très courte.
14:56Quel est le programme dans ce quoi-faire du NFP pour le nucléaire ?
15:03Merci, Guy.
15:04Notre programme, c'est de déployer massivement les énergies renouvelables.
15:0710 milliards par an.
15:09Pourquoi c'est important ?
15:10On a une crise énergétique.
15:11Maintenant, c'est urgent.
15:13On a une crise climatique.
15:15Maintenant, c'est urgent.
15:16Quand on a des crises urgentes, on veut y répondre plus vite.
15:19Est-ce que vous savez combien de temps il faut pour construire un EPR ?
15:22Quelques années, visiblement.
15:23Alors, c'est normal que vous ne le sachiez pas parce que celui qu'on a essayé de construire,
15:26ça a pris beaucoup plus de temps que prévu.
15:28Et ce que Emmanuel Macron annonce, on ne sait pas quand ils ouvriront.
15:31Même lui, il ne le sait pas.
15:322040, il a dit 2040.
15:34Les rapports sur son bureau disaient plutôt 2045.
15:36Et si c'est comme à Flamanville, il faut multiplier par deux le délai.
15:39Puisqu'on dit que c'est urgent, il faut déployer les énergies qui vont le plus rapidement possible à déployer.
15:43L'eau renouvelable.
15:44Et nous étions tous d'accord là-dessus au sein du Nouveau Front Populaire.
15:46Donc un plan d'urgence de 10 milliards par an.
15:49Ensuite, nous avons écrit un programme pour deux ans.
15:51En deux ans, on n'ouvre pas de nouvelles centrales nucléaires
15:53et on ne ferme pas non plus d'EPR en deux ans.
15:55Et au-delà de deux ans ?
15:56Parce que la question du nucléaire, c'est une question qui vous divise quand même au Nouveau Front Populaire.
16:00Au-delà de deux ans, la position des écologistes, vous le savez bien,
16:03ce n'est pas de faire un black-out.
16:04C'est-à-dire qu'on ne dit pas, nous on arrive, on ferme les centrales.
16:06Nous, on déploie l'eau renouvelable.
16:07Et à mesure qu'on atteint une production suffisante,
16:11couplée aussi à des politiques de sobriété.
16:13Parce que peut-être qu'il faut éteindre les panneaux publicitaires la nuit.
16:16Peut-être qu'il faut arrêter de jeter de l'énergie par les fenêtres
16:18dans un moment où tout devient rareté
16:20et où la question même de l'habitabilité de la planète se pose.
16:23Au fur et à mesure que nous produisons assez d'énergie renouvelable,
16:25alors on peut fermer des centrales,
16:27en commençant évidemment par les plus vieilles et par les plus dangereuses.
16:31C'est ça notre programme.
16:33Et les décisions, comme sur les autres sujets,
16:34se prendront en transparence à l'Assemblée Nationale.
16:36Lucie Castex a parlé de bifurcation écologique hier,
16:39lors d'un meeting à l'université d'été de votre parti.
16:42On avait assez peu entendu parler écologie jusqu'à présent.
16:45Est-ce que c'était un regret pour vous ?
16:47Ce n'est pas un regret, c'est une inquiétude.
16:50Parce que les enfants qui naissent cette année,
16:52on ne sait pas leur garantir que la planète sera encore habitable dans 30 ans.
16:55Parce que 60% des oiseaux des champs ont disparu en France en 40 ans.
17:0080% des hirondelles en Ile-de-France en 20 ans.
17:0366% des papillons.
17:0570% des insectes volants.
17:07Vous l'avez incité à en parler justement ?
17:08On en parle souvent, c'est quelque chose auquel elle est très sensible.
17:11Et moi j'ai toujours dit à mes partenaires,
17:13nous sommes les écologistes de la bande, mais servez-vous.
17:15C'est libre de droit.
17:16Parlons-en tous, tout le temps.
17:18Je dois vous dire aussi que,
17:19par exemple, le sujet des arbres est hyper important.
17:21Les Français ne se rendent pas forcément compte que
17:23la mortalité des arbres en France a progressé de 80% en 10 ans.
17:27Parce qu'avec la sécheresse, ils tombent malades,
17:30parce qu'il y a de plus en plus de parasites,
17:31parce qu'avec les dérèglements climatiques,
17:34ils ont du mal à évoluer correctement.
17:35Et donc pourquoi c'est important ?
17:37On aime tous se promener en forêt,
17:38on sait à quel point les arbres sont importants pour la santé globale,
17:41mais c'est aussi un enjeu de biodiversité et un enjeu climatique.
17:43Le climat, c'est une bombe à retardement.
17:46Et il y a dans le monde ce qu'on appelle des puits de carbone,
17:48c'est-à-dire des choses qui stockent naturellement ou artificiellement le carbone.
17:52Les forêts, c'est le deuxième puits de carbone au monde,
17:54d'après les océans.
17:55Et le pouvoir des puits de carbone de forêt français
17:59a été divisé par deux en 10 ans.
18:01Parce que les forêts ne vont pas bien.
18:02Parce qu'il y a eu des feux de forêt.
18:03Parce que les arbres grandissent moins bien.
18:05Parce qu'ils sont malades.
18:05Parce qu'ils meurent.
18:06Et donc ça veut dire que même si on fait des efforts,
18:09on s'adapte tous,
18:10rien que la forêt qui va mal,
18:12elle stocke du coup deux fois moins de CO2.
18:13Une forêt qui brûle, elle relargue dans l'atmosphère,
18:15comme dans le Gard les 300 hectares la semaine dernière,
18:18tout le CO2 qu'elle a stocké.
18:20Et donc vous voyez bien que ces sujets-là,
18:22on n'en parle pas pour vous inquiéter gratuitement,
18:24on en parle pour les garder au cœur de l'attention.
18:26Sinon, on va passer notre temps à dire
18:27Éric Cazeneuve et trucs, Xavier Bertrand.
18:30Ok, c'est divertissant.
18:31Mais il ne faut jamais passer à côté de l'essentiel,
18:34de la ressource en eau,
18:35qui concerne aussi tout le monde.
18:36Quand l'été, on doit choisir entre arroser les cultures des agriculteurs,
18:39nettoyer sa voiture,
18:40ou pouvoir faire une petite piscine pour rafraîchir les enfants.
18:43On se rend bien compte que ce ne sont pas des sujets dans l'absolu pour demain.
18:47Ce sont des sujets pour maintenant et c'est concret.
18:48Un mot du budget de 2025.
18:50Parce que là aussi,
18:51ce sera l'une des tâches les plus urgentes pour le Parlement.
18:54La date limite, c'est le 31 décembre.
18:55Le Premier ministre démissionnaire a envoyé des lettres de cadrage
18:59à tous les ministères en annonçant un gel des dépenses de l'État pour l'année prochaine.
19:03Est-ce qu'il a eu raison de le faire ?
19:04Est-ce que ça fait partie de la gestion des affaires courantes ?
19:07Ou est-ce qu'il outrepasse là son rôle, Gabriel Attal ?
19:10C'est sûr que gérer les affaires courantes au bout de six semaines, ça devient compliqué.
19:13Parce que normalement, dans un pays comme la France,
19:16il n'y a pas que des affaires courantes.
19:18Cette trêve olympique qu'a décrétée Macron,
19:20c'était en fait une pause démocratique.
19:21Et la démocratie, on ne peut pas la mettre en pause.
19:24Parce qu'à l'ombre des Jeux Olympiques, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
19:26Ils ont pris des décisions cruciales.
19:28Celles notamment de faire 10 milliards d'économies dans le budget, encore.
19:31On peut considérer que pour eux, c'est des affaires courantes.
19:33C'est ce qu'ils ont fait pendant sept ans.
19:35Mais c'est complètement antidémocratique.
19:38Ça s'est fait à l'ombre des ministères.
19:39Il y a eu des réunions interministérielles tout l'été
19:41où ils ont demandé des économies en plus pour l'hôpital, etc.
19:44Et donc ça, ce n'est pas possible.
19:45Ce que je sais aussi, c'est qu'on nous a dit
19:46« Ah, mais vous savez, nous ferons populaire.
19:48Si vous êtes nommés, vous aurez du mal à faire un budget. »
19:50On a travaillé tout l'été. On est prêts.
19:52Mais c'est vrai aussi que chaque jour où on ne nous nomme pas,
19:54ça rend la tâche plus compliquée.
19:55C'est difficile de faire un budget.
19:56Ça prend du temps. Il y a des milliers de pages à préparer.
19:58Et donc on veut être nommés pour le faire.
19:59Et surtout, ils nous donnent des leçons budgétaires pour nous dire
20:03« Vous n'arriverez pas à faire comme ci, comme ça. »
20:04Ils ont créé 1000 milliards de dettes en sept ans.
20:07Mais ce n'était même pas de la dette pour faire de la transition écologique.
20:09Ils sont dans l'inaction climatique.
20:10Ce n'était pas de la dette pour réduire la fracture sociale.
20:13Il y a 9 millions de pauvres dans ce pays.
20:14Il n'y en a jamais eu autant et jamais aussi pauvres.
20:15Je ne prends pas de leçons budgétaires de leur part.
20:19Ce n'est pas des leçons qu'ils devraient nous présenter, c'est des excuses.

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