À la veille du vote des motions de censure déposées par LFI et le RN, comment la gauche va aborder l'après Barnier ? Le NFP restera-t-il ? Le PS choisira-t-il de s'émanciper ? Écoutez l'interview de Alexis Corbière, député écologiste et social de Seine-Saint-Denis.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 03 décembre 2024.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 03 décembre 2024.
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00:00RTL soir, Yves Calvi et Agnès Bouffillon.
00:03RTL 18h19, bonsoir Alexis Corbière.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes député désormais écologiste et social de Seine-Saint-Denis,
00:10ancienne élue insoumise et membre du Nouveau Front Populaire.
00:13C'est donc Mme Le Pen qui est en train de pousser Michel Barnier vers la sortie.
00:16Est-ce que vous lui dites merci ?
00:19Non, il ne faut pas poser les choses ainsi.
00:21Le pays est dans une situation difficile.
00:23Il serait un peu décalé d'être dans une forme d'exaltation, de joie.
00:28Il n'y a rien à fêter.
00:29Mais il y a à trouver des solutions.
00:30D'abord, reprendre un peu le fil de ce qui a eu lieu.
00:32Vous savez, M. Barnier,
00:35on sait bien que je n'ai pas d'atomes crochus politiques avec lui,
00:39mais il fait face au port.
00:40Il est un peu victime d'une situation.
00:42Et le responsable, c'est quand même Emmanuel Macron,
00:44qu'il a mis dans de sacrés draps,
00:45qui a cherché à donner comme lecture de l'élection législative
00:49qu'il y a eu en juin 2024,
00:51l'inverse opposé de mon point de vue,
00:53de ce que les Français avaient exprimé majoritairement.
00:56D'abord, il fait le choix de M. Barnier,
00:58qui est un homme lié aux Républicains,
01:00qui sont tout petits aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
01:02Ils ont fait 6%.
01:03Ils sont une poignée, quelques dizaines de députés.
01:07Il a pour feuille de route, c'est surtout ça l'essentiel,
01:09de continuer la politique d'Emmanuel Macron depuis 2017.
01:13Une politique qui amène à ce que le déficit a été creusé,
01:16qui n'a pas de grande réussite,
01:17tellement qu'on peut dire sur le terrain de l'emploi.
01:20Il ne veut pas revenir sur la réforme des retraites.
01:22Donc, il s'est mis dans la main de Mme Le Pen,
01:24parce que les seuls, peut-être, qui lui ont donné l'illusion
01:27qu'ils étaient partenaires de jeu quand il est arrivé,
01:29c'est Mme Le Pen, qui a dit « Moi, je ne censure pas a priori ».
01:32Et ça l'a un peu grisé à l'idée qu'il avait une marge de manœuvre.
01:36Voilà, donc à prendre un œil...
01:38– Vous venez de faire pardonner moi, je vais vous interrompre,
01:39mais il y a une très bonne analyse politique sur l'antenne d'Ayrtel.
01:44Mais j'ai une autre question à vous poser.
01:48– Je vous en prie.
01:48– Vous n'allez pas me dire, je crois vous connaître Alexis Corbière
01:51et suivre votre carrière d'engagement,
01:54que voter avec Mme Le Pen ne vous pose pas un problème
01:56mais c'est ce qui va arriver au bout du compte ?
01:59– Evidemment, ce qui me poserait un problème fondamental,
02:01et si un jour je le fais, poussez-moi par la fenêtre,
02:04c'est d'agir, de faire un gouvernement avec Mme Le Pen.
02:07Je lutte contre les idées de Mme Le Pen.
02:10Maintenant, il se trouve que la question de l'inde n'est pas,
02:12voulez-vous partir en vacances ?
02:13– Vous êtes serein de renvoyer la droite à la maison grâce à un vote avec l'extrême droite ?
02:16– Mais comme dans le jeu, si je puis dire, dans le périmètre tel que l'Assemblée est,
02:20de toute manière, tout ce qu'a fait Emmanuel Macron
02:22a été avec l'accord de Mme Le Pen.
02:24Savez-vous que nous avons travaillé, vous le savez d'ailleurs Yves Calvi,
02:26pendant trois semaines, 15 jours, trois semaines, sur le budget,
02:28nous avions établi des majorités et ce budget a été rejeté
02:31dans une alliance entre Macron et Le Pen, c'est tout.
02:34Et à ce moment-là, vous n'avez pas dit,
02:35mais enfin, Macroniste, comment pouvez-vous rejeter
02:37ce qui était majoritaire dans l'hémicycle,
02:40dans une alliance avec Mme Le Pen ?
02:41C'est ainsi, je vote la censure,
02:44je ne vote pas un texte d'amour à Mme Le Pen,
02:46même y compris dans le texte de la censure,
02:47il y a même quelques petites piques contre Mme Le Pen et elle s'en est émue.
02:51Là, ce que je dis, c'est que dans la mesure où M. Barnier,
02:55si on le laisse faire son projet de budget,
02:58moi si je suis prof avant d'être député,
03:00c'est 4000 postes d'enseignants de moins, je ne peux pas laisser faire ça.
03:03C'est concrètement 40 milliards qui sont supprimés aux services publics.
03:07Je pense à l'hôpital public, je sais que vous connaissez le dossier,
03:09je ne peux pas laisser faire ça. Et ainsi de suite.
03:11Donc à l'arrivée, je m'oppose, je censure.
03:14Et après, il faut travailler à établir une solution.
03:16Mais on va sans doute en parler maintenant.
03:17Allons dans cette logique, la gauche est-elle unie pour faire tomber le gouvernement ?
03:22Alors c'est là où j'essaie d'avoir une silhouette particulière.
03:25Je ne vais pas faire de langue de bois,
03:28mais parfois traverser un peu de petites contradictions.
03:30Moi, l'appel que je lance avec mes amis, Clémentine Autain, Daniel Simonnet,
03:34d'autres, vous nous connaissez, parce qu'on était des insoumis un peu purgés.
03:37Il faut que le NFP reste uni.
03:40Il n'y aura pas de solution si on commence à éclater.
03:42Donc j'entends des voix, côté socialiste, côté insoumis,
03:46qui en rajoutent dans la barque.
03:48Il y a mille raisons d'éclater, et ça, ce serait la pire des choses.
03:51Ça, ce serait un beau cadeau offert à Emmanuel Macron et à Madame Le Pen.
03:54Est-ce que ça veut dire qu'au moment où nous parlons, pardonnez-moi de vous interrompre,
03:57vous n'êtes pas définitivement convaincu qu'il y a une majorité prête
04:01à raccompagner le Premier ministre à la maison ?
04:04Je veux être honnête avec vous, ça, oui.
04:05Ça m'a l'air d'être assez clair qu'il y aura une motion de censure votée par tous les membres du NFP.
04:09À moins, sauf surprise, sauf quelques individualités du PS.
04:13Après tout, une espèce de cloche de conscience individuelle de certains.
04:16Je respecte, mais globalement, la tendance est que les députés NFP voteront la motion de censure.
04:21Après, il y a des stratégies différentes sur la suite, quand j'ai l'oreille fine,
04:25qui se font entendre.
04:26Ma position à moi est de dire, d'abord, nous, on reste unis le NFP.
04:29C'est à Emmanuel Macron, c'est son rôle constitutionnel de choisir qui est le Premier ministre.
04:33Si ma voix l'intéresse, je lui dis, choisissez quelqu'un qui fait partie du Nouveau Front Populaire.
04:38Et tout le monde sait que nous nous sommes mis d'accord sur la personne de Lucie Castex.
04:41On va voir si c'est ça qu'il fait, mais il doit, à mon avis, choisir quelqu'un
04:45pour une tâche extrêmement difficile, d'essayer d'avancer vers un gouvernement et proposer des choses.
04:51À partir de là, évidemment qu'il faudra peut-être trouver des points d'appui chez d'autres,
04:55pour essayer, donc il ne faut pas faire tout le programme, rien le programme.
04:58Ça, c'est la meilleure façon de tout envoyer dans le décor.
05:00Mais il y a peut-être des sujets sur lesquels on peut avancer.
05:02Abroger la réforme des retraites, je pense que majoritairement,
05:04les députés de cette Assemblée nationale-là sont pour l'abroger.
05:08On peut avancer sur la question des salaires, parce que moi, les gens ne me parlent que de ça.
05:10Ils pensent dire que le travail ne paie pas, donc comment on avance sur une conférence salariale, etc.
05:15Et puis, je vais être honnête avec vous, le problème du budget, c'est une question de recettes.
05:18Emmanuel Macron a réduit les recettes en faisant des cadeaux pour faire simple aux plus fortunés.
05:24C'est l'inverse qu'il faut mettre en œuvre.
05:25Et là-dessus, peut-être qu'on peut trouver des points d'appui chez Comodem.
05:28Je pense à M. Matéi ou d'autres, je ne sais pas si ceux qui nous écoutent connaissent.
05:31Les personnalités du groupe Comodem étaient favorables à des taxes
05:34qui sollicitent davantage les plus grandes fortunes.
05:36Sinon, on ne s'en sort pas.
05:37– Bon, est-ce qu'au moment où nous parlons,
05:39vous soutenez la candidature de Lucie Castex pour Matignon ? Oui ou non ?
05:42– Oui, on va le dire comme ça, oui, oui, c'est une femme intelligente.
05:45Moi, je suis rustique, je veux dire à l'ancienne.
05:47Ce qui nous rassemble aujourd'hui dans le NFP, c'est son nom.
05:50Je ne vois pas pourquoi je vais mettre 100 balles dans la machine.
05:52Je suis un peu trivial en vous parlant,
05:53mais je vais alimenter moi-même le fait qu'il y ait un autre nom.
05:57Si Emmanuel Macron veut être joueur qui dit un autre nom, je l'examinerai.
06:00Mais je vois bien que le personnage, là aussi, peut avoir ses petites facilités.
06:05Il peut jouer à nous diviser.
06:06Je dis à mes amis, ne nous divisons pas.
06:08Mais je profite du micro pour aller plus loin.
06:10C'est qu'il y a même une potentielle accélération du calendrier présidentiel.
06:13Moi, autant, je ne crois pas à ce que là, Emmanuel Macron,
06:15dans les semaines qui viennent, il démissionne.
06:17Mais soyons honnêtes, si après la prochaine dissolution qui aura lieu,
06:20Emmanuel Macron subit encore une défaite, il n'est pas fou.
06:23Ce n'est pas une planante d'imaginer qu'il ne peut plus rester.
06:26Donc, il y a une potentielle accélération du calendrier présidentiel qui est sur la table.
06:29– Mais ça veut dire que vous souhaitez une démission du président de la République
06:32pour que les choses soient plus claires et qu'on retourne aux eaux ?
06:35– Moi, je suis un opposant depuis le départ à Emmanuel Macron.
06:37S'il s'en va, pour le coup, ça me va.
06:39Mais ce n'est pas le sujet, je veux dire, une supplique de ma part n'a aucun sens.
06:44Par contre, ce que je dis, c'est qu'il faut préparer cette éventualité-là.
06:48Et là, je tiens à dire que je suis pour que le NFP,
06:50et là, c'est un petit coup de gueule que je pousse auprès des directions du NFP,
06:53il faut préparer collectivement la possibilité qu'il y ait une présidentielle
06:56qui arrive plus vite que prévu.
06:57Et j'entends deux voix qui m'agacent un peu.
06:59Celle de M. Hollande qui dit, il y aura plusieurs candidats du NFP.
07:02En gros, il est candidat, il revient.
07:04Et c'est un échec assuré.
07:05Ou parfois, certains autour de Jean-Luc Lenchon qui viennent dire,
07:07l'unité, c'est moi, je suis le candidat, ralliez-vous à moi.
07:10Et ça ne tiendra pas, à mon avis, ça ne produira pas la dynamique large que je souhaite.
07:14Donc, il faut qu'on discute collectivement comment on fait pour trouver un candidat
07:17ou une candidate qui nous rassemble.
07:19Sinon, on se laisse dans la main d'Emmanuel Macron qui reste le maître du jeu.
07:23Et ça, je crois que ce n'est pas prévoyant.
07:24Les Français attendent de nous, les Français de gauche et écologistes attendent de nous
07:27qu'on crée les conditions d'une potentielle victoire pour changer la vie.
07:30– Merci beaucoup Alexis Corbière, député écologiste et social de Seine-Saint-Denis.
07:33Et merci à Christophe Justignani qui nous a permis de mettre en place cette liaison
07:37devant l'Assemblée.
07:38Dans un instant, bien entendu, toute l'actualité dans le journal 28h30.
07:41Et puis, à 18h40, l'ancien patron du service de la protection des hautes personnalités,
07:46Frédéric Aurel et notre invité Donald Trump sera à Paris samedi pour la réouverture de Notre-Dame.
07:51Comment organise-t-on la visite d'un président américain victime de deux tentatives d'assassinat
07:55ces derniers mois ? Eh bien, je vais lui poser la question.