Après des mois de retard en raison de bisbilles autour de la désignation de son président, le comité d'organisation des JO d'hiver 2030 dans les Alpes françaises a été officiellement lancé mardi, avec à sa tête le champion olympique de ski de bosses 1992, Edgar Grospiron, choisi après le retrait de Martin Fourcade. Écoutez-le dans RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 18 février 2025.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 18 février 2025.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bouffillon.
00:03Bonsoir Edgar Groppiron, vous êtes à distance mais nous sommes ravis de vous accueillir.
00:07Champion olympique de ski de Bosse, c'était en 1992, Albertville.
00:11Merci de prendre la parole sur RTL depuis Lyon où vous venez d'être officiellement investi,
00:16je le rappelle, président du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques des Alpes 2030.
00:22Qu'est-ce qui domine ce soir Edgar Groppiron ? La joie d'être à la tête de ce projet ou la peur face à l'ampleur de cette tâche ?
00:29D'abord je suis interviewé par Yves Calvi, je vais vous demander un autographe.
00:32Je pense que c'est plutôt dans l'autre sens que ça devrait marcher.
00:38Non, c'est la joie qui domine la peur, c'est pour demain.
00:42En fait, même pour être vraiment très franc, la peur je l'ai eue la semaine dernière,
00:47où j'étais vraiment à un moment donné tétanisé et terrorisé, non pas par l'enjeu,
00:52mais par le risque que ça pouvait avoir sur ma famille, mon couple et les enfants.
00:59On a beaucoup discuté et on a reposé des bonnes bases,
01:05et du coup là je me sens hyper solide grâce à mon épouse pour entamer cette magnifique aventure.
01:13C'est intéressant parce que vous nous expliquez que c'est d'abord une question en quelque sorte d'intimité familiale qui était pour vous la plus importante.
01:19Votre nomination fait suite au renoncement de Martin Fourcade.
01:22J'imagine que ça n'a pas été facile facile d'arriver dans ce climat, non ?
01:26Écoutez, Martin, j'ai eu la chance de pouvoir petit-déjeuner avec lui le lendemain de son retrait,
01:33pour échanger, pour partager.
01:35Et il ne vous a pas fait peur ?
01:39Je ne vais pas dire qu'il m'a rassuré.
01:43Mais ce n'est pas le seul athlète ou personnalité que j'ai pu appeler.
01:51J'ai eu aussi plein d'autres sons de cloche.
01:54Je suis allé voir le CIO pour voir comment eux percevaient le dossier, ce qu'on allait pouvoir faire.
02:01Et là aussi j'ai trouvé des réponses vraiment intéressantes.
02:04J'ai eu l'occasion de prendre une décision qui a été vraiment éclairée par énormément d'échanges,
02:11y compris avec Tony Estanguet, par exemple, ou ses équipes.
02:14Votre nomination est faite, mais elle est quand même tardive.
02:18Le patron des Geodivers aurait dû être nommé il y a plusieurs mois.
02:21Est-ce qu'il y a urgence ? Est-ce qu'il y a quand même, selon vous, un besoin d'accélération très important ?
02:27Oui, tout à fait. Et c'est ce que je vais m'attacher à faire.
02:31J'ai quand même un dossier qui n'est pas parfaitement ficelé.
02:35Donc il va falloir d'abord faire un gros travail pour ficeler ce dossier.
02:39Ça veut dire quoi ? Ça veut dire confirmer les sites, le schéma directeur des sites, et puis les budgets.
02:47Savoir qu'est-ce qu'on dépense et où, et pour quelles raisons,
02:51quelles bonnes raisons on a de dépenser cet argent, sachant qu'il doit y avoir un héritage derrière.
02:58Donc on a quand même des lignes directrices qui sont posées et qui sont extrêmement importantes.
03:06Le délai, justement, quand je vous dis que je vais aller voir le CIO,
03:09c'est parce que le délai des cinq ans qui nous restent pour livrer des Jeux Olympiques,
03:13la question, c'est de savoir si c'était faisable.
03:15Et compte tenu de l'expérience de Paris 2024 et de tout ce qui va pouvoir nous être transféré,
03:22on va rattraper beaucoup de notre retard.
03:25Et puis, c'est ce qui fait aussi le défi et le charme de ce projet,
03:28c'est de pouvoir réaliser quelque chose que jamais aucun comité d'organisation n'a réalisé jusque-là.
03:34Et moi, ça, c'est la petite cerise sur le gâteau.
03:37Oui, c'est ce que j'ai compris.
03:38Alors, il y a une question centrale, très affective aussi, qui concerne tout le monde.
03:43Est-ce que ça va se faire avec ou sans Val d'Isère, l'espace Kili ?
03:47Alors, je n'ai pas la réponse.
03:49D'abord, parce que...
03:50Vous avez un avis quand même ?
03:52Ah oui, j'ai toujours un avis sur la situation, mais je ne vais pas vous le donner
03:57parce que je ne veux pas dévoiler de choses.
04:00Et je me suis engagé à ne pas imposer mes choix et ma vision,
04:06mais au contraire, à tenter de convaincre les parties prenantes
04:10qui m'ont fait confiance de ce qui va être bon pour le dossier.
04:14Et ensuite, avec une équipe opérationnelle, de mettre en œuvre ce qu'on a décidé.
04:21Voilà, ma méthode, elle est assez simple de ce point de vue-là.
04:24Donc, je peux avoir un avis sur Val d'Isère,
04:26vous pouvez me demander mon avis sur les cérémonies, ouverture, clôture ou quand comment.
04:31C'est mon avis personnel, mais ça n'engagerait que moi.
04:36Or là, je vous parle en tant que président, fraîchement nommé, de ce Cojop Alpes 2030.
04:42Alors, je ne sais pas si je sais décoder le gros piron,
04:45mais intuitivement, en vous écoutant, je me dis, il a envie qu'il y ait Val d'Isère,
04:49mais il ne l'imposera pas.
04:52Et vous me répondez quoi ?
04:54Je vous réponds, les conditions dans lesquelles Val d'Isère pourrait accueillir une épreuve
05:02me sont plus importantes que la présence de Val d'Isère sur la carte.
05:08Très bien.
05:09Ça va, ça va, M. Occhialvi, vous arrivez à déchiffrer le gros piron ?
05:13Là, c'est bien, vous m'avez remis un petit coup de sable.
05:16Alors, 15 jours de fête, 15 ans de dette, c'est le slogan d'un collectif hostile au Géodivers.
05:22Chez nous et chez vous, comment allez-vous les financer ?
05:25On vous attend aussi en gestionnaire d'un budget d'un peu moins de 2 milliards d'euros.
05:29C'est une très grosse responsabilité, Edgar Groupiron.
05:33Attendez, 5 ans pour livrer des jeux d'hiver avec un budget de 2 milliards,
05:38dont il faut aller chercher 600 millions auprès de partenaires
05:41et 270 à 280 millions sur de la billetterie.
05:45Je ne parle pas ensuite des produits dérivés.
05:49Recruter près de 2000 personnes pour arriver à délivrer ça,
05:54c'est une aventure entrepreneuriale assez incroyable.
05:57Et donc, effectivement, le budget est partagé entre le COJOP,
06:02le comité d'organisation, et la Solidéo,
06:05qui va être l'organe de financement des infrastructures.
06:09Et je peux vous dire que je vais être entouré de gens qui savent compter.
06:15J'en profite pour vous faire remarquer déjà un futur procès d'intention qu'on pourrait vous faire.
06:19Si vous prenez des maisons comme Renault, Total ou Coca-Cola comme sponsor,
06:23on aura fait un très bon tour des pollueurs de la planète.
06:27Vous êtes préparé à cet affrontement, si je puis dire ?
06:30Oui, je suis prêt. Je les attends.
06:33Vous les attends ?
06:35Oui, je les attends.
06:36Les attaques ou Renault, Total et Coca ?
06:38Les attaques, bien sûr.
06:40Les deux, en fait. J'attends les uns pour avoir les autres.
06:43Oui, je vois très bien.
06:46Mais là encore, on aura les réponses.
06:49C'est ça qui est intéressant.
06:50Vous savez, les attaques, les critiques, c'est une chose,
06:54mais les réponses sont d'une autre.
06:56Et j'ai déjà les réponses sur ces sujets-là.
06:59Donc, je n'ai pas peur des attaques.
07:01Le président du conseil régional de Provence-Lapcote-Dazur,
07:04Renaud Muselier ainsi que Laurent Wauquiez,
07:06sont très présents sur le dossier Alpes 2030.
07:09Est-ce que ce n'est pas un problème ?
07:11Au minimum, est-ce que ce n'est pas un peu pesant
07:13de les avoir sur le dos ?
07:14Même si on comprend qu'ils soient là.
07:18S'ils n'étaient pas là, on ne serait pas là.
07:20D'accord.
07:21Déjà, partons du principe que si la France a l'organisation
07:26de ces Jeux en 2030, c'est parce qu'ils ont été là
07:28et qu'ils ont fait le job et qu'ils les ont ramenés.
07:30Maintenant, c'est une autre aventure.
07:32Il faut qu'on les délivre, les Jeux.
07:34Et on a besoin d'eux aussi, mais plus dans la même posture.
07:38On a besoin d'eux, je vais avoir besoin d'eux en soutien
07:41parce qu'il va falloir mobiliser sur les territoires.
07:44Il va falloir qu'ils mettent certaines ressources.
07:48Il va falloir qu'ils flèchent certains budgets.
07:50Il va falloir qu'ils fassent certaines choses
07:52pour que ces Jeux puissent avoir lieu.
07:54On va rentrer dans le concret, là.
07:57On n'est plus dans la politique.
07:59Vous dites qu'on va travailler ensemble,
08:00mais vous ne craignez pas, une fois que j'allais vous dire,
08:02d'ingérence, notamment politique, sur vos choix ?
08:05Comment faire sans ?
08:08Voilà, ça va faire partie des challenges aussi.
08:14Bien sûr que tout le monde peut être tenté de faire de l'ingérence.
08:19Si vous saviez le nombre de messages que j'ai reçus
08:23de félicitations et d'encouragement accompagnés d'un CV,
08:28on ne pourrait peut-être pas qualifier ça de l'ingérence,
08:32mais peut-être une petite demande de favoritisme.
08:36Je suis confronté et je vais être confronté à ça.
08:39Mais là encore, ce n'est pas une fatalité.
08:43Il y a des solutions.
08:44On va travailler de manière intelligente
08:46pour ressortir par le haut.
08:48On vous souhaite bonne chance.
08:49Ça va être un travail, en tout cas, passionnant.
08:51Merci infiniment, Edgar Groppiron,
08:53de cette première réaction et prise de parole sur l'antenne d'Airtel.
08:55Puis je renvoie à votre livre,
08:57Arrête de souffrir pour réussir,
08:59les 10 clés de l'équilibre pro-perso.
09:01Votre livre vient de paraître très récemment aux éditions.
09:03Robert Laffont, voilà en tout cas pour cette rencontre
09:07avec celui qui va organiser nos Jeux Olympiques d'hiver.
09:10Dans un instant, le journal de 18h30,
09:12puis à 18h40, le spécialiste Guillaume Lagann
09:15viendra nous éclairer sur cette rencontre historique
09:18entre Russes et Américains en Arabie Saoudite.
09:21Les Européens ont-ils de vraies raisons de s'inquiéter ?
09:24Quel avenir pour l'Ukraine ?
09:25Rendez-vous dans moins d'un quart d'heure.