Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Le rugbyman Sébastien Chabal confie n'avoir "aucun souvenir" de certains matches disputés dans sa carrière. Regardez la réaction d'Olivier Magne, ancien international du XV de France et consultant rugby de RTL.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 11 avril 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03Il est 18h17, bonsoir Olivier Magne.
00:07Bonsoir Yves.
00:07Vous êtes notre consultant rugby sur RTL, ancienne internationale de notre 15 de France.
00:12Sébastien Chabal est donc amnésique.
00:14Il affirme ne plus se souvenir d'aucun de ses matchs, ni même de la naissance de sa fille.
00:19C'est une confession poignante, mais aussi extrêmement inquiétante.
00:22Quelle est votre réaction, première réaction, je dirais, amicale et sans doute affective ?
00:27Oui, tout d'abord, c'est douloureux de l'apprendre.
00:31C'est vrai que je ne savais pas avant de voir évidemment les médias et ce sujet autour de Sébastien.
00:38Je suis un peu désolé et un petit peu surpris aussi parce que c'est quelque chose dont on n'en avait pas parlé.
00:44Sébastien était resté assez discret là-dessus.
00:47Et d'avoir ces informations dans les médias me touche quand même beaucoup.
00:52Vous avez joué de nombreux matchs ensemble en équipe de France.
00:55Avez-vous été marqué d'une quelconque façon, vous, par les chocs qu'il a subis ?
01:01Non, pas véritablement.
01:03Parce que quand on joue au rugby, on est dans la pleine force de l'âge.
01:08On s'engage au maximum.
01:10Et ces chocs-là font partie finalement intégrante de notre parcours de sportif.
01:15C'est vrai que Sébastien a un jeu qui était beaucoup plus direct de par ses capacités athlétiques, physiques.
01:22C'est un joueur qui aimait beaucoup défier l'adversaire sur l'affrontement total.
01:28Pour autant, je ne pensais pas que Sébastien avait subi autant de chocs que d'autres joueurs pour pouvoir finalement se trouver dans cette situation aujourd'hui.
01:37Alors, ce qui est très intéressant dans votre premier témoignage, c'est que vous nous dites que vous ne pouviez pas imaginer cette situation
01:41et que vous l'avez toujours connu, jouer à un rugby, qui est celui qu'on observe à longueur d'année sur tous les terrains de rugby, c'est ça ?
01:49Oui, tout à fait.
01:50Alors, à l'époque, évidemment, on ne connaissait pas toutes les conséquences que pouvaient avoir les chocs à répétition
01:57et surtout le manque de repos entre les chocs.
02:00Aujourd'hui, les différentes fédérations, notamment la fédération internationale, World Rugby, la fédération française de rugby, la ligue nationale de rugby,
02:08font énormément d'efforts justement pour prévenir ce genre de blessure qui doit être aussi grave et aussi tenue aussi grave
02:17et aussi avec autant de repos, j'irais, entre les différents chocs qu'une blessure musculaire qui nécessite du temps pour se reposer.
02:26Donc aujourd'hui, il y a quand même énormément de choses qui vont plutôt dans le bon sens
02:31et on espère que les joueurs ne se trouveront pas dans la situation de Sébastien à l'avenir.
02:38Je vais revenir sur les temps de repos.
02:41Quels sont les coups ou les chutes les plus rudes finalement aujourd'hui au rugby ?
02:47Finalement, c'est tous ces chocs un petit peu imperceptibles,
02:51mais quand il y a de l'affrontement, il y a toujours un choc à la tête,
02:54il y a toujours, vous engagez votre physique sur la totalité,
02:57donc il y a forcément un moment ou un autre où votre tête est dans une situation un petit peu délicate
03:06où vous prenez des chocs répétés et sans même vous en apercevoir,
03:10il y a des micro-traumatismes qui sont là, qui sont présents
03:13et qui ne permettent pas finalement de dire si véritablement il y a eu un accident de jeu,
03:17comme sur des chaos où là, aujourd'hui, quand il y a un chaos,
03:21il y a un médecin qui est présent sur le stade
03:23et qui signifie à l'arbitre et à l'équipe concernée que le joueur doit sortir du terrain
03:29et à ce moment-là, il est exclu du match
03:32et ce joueur doit observer un temps de repos assez important pour pouvoir rejouer par la suite.
03:36Vous-même, Olivier Magne, avez-vous eu des pertes de conscience
03:39ou de mémoire consécutive à des chocs en dépit de votre casque ?
03:42Je vais revenir ensuite sur la question du casque.
03:44Oui, oui, oui, tout à fait, j'en ai eu.
03:46J'ai fait évidemment des chaos dans la carrière d'un rugbyman
03:51où évidemment on est très exposé à ce niveau, on fait tous des chaos.
03:56Après, je crois qu'on n'est pas tous égaux, malheureusement,
03:59ou heureusement dans ce genre de situation, on ne réagit pas tous de la même manière.
04:04Malheureusement pour Sébastien, les chocs répétés ne lui permettent pas aujourd'hui
04:09de se rappeler de ce passé de rugbyman.
04:12Mais ce sont des échanges que vous avez pu avoir avec lui
04:14ou que les rugbymans ont entre eux, de savoir s'il faut ou non porter un casque
04:19qui, à mon avis, doit quand même être contraignant.
04:22Débattez-vous parfois en vestiaire, notamment après des blessures difficiles, de cette question ?
04:28Oui, oui, il y a bien sûr des discussions, des échanges, des débats autour de ça.
04:35Le casque, pour autant, n'exclut pas le fait qu'il y ait un choc.
04:38Le casque, c'est vraiment pour autre chose.
04:40C'est pour les coupures, notamment, qui étaient répétées pour mon cas.
04:42D'accord.
04:44Mais le choc à la tête, quand vous le prenez, casque ou pas, il revient au même.
04:48D'ailleurs, notre sport, l'autre sport, cousin du rugby et le football américain,
04:53est aussi un petit peu dans cette problématique.
04:57Donc, c'est évidemment d'en discuter le plus largement possible,
05:03d'ouvrir le débat, de permettre à tous les spécialistes qui peuvent aider,
05:09finalement, le rugby et les joueurs, à prendre conscience aussi
05:13que l'affrontement direct n'est pas toujours peut-être la solution
05:16et qu'il y a peut-être aussi d'autres moyens de jouer à ce jeu.
05:19Elle permettra d'éviter tous ces problèmes que l'on peut rencontrer aujourd'hui.
05:24Alors, il y a des tas de choses assez surprenantes.
05:25Il existe aujourd'hui notamment des protèges.
05:27Donc, connectés, est-ce que ça joue un rôle de protection ?
05:30Oui, tout à fait. Alors, c'est très intéressant.
05:34Ces protèges dents connectés permettent d'analyser, finalement,
05:37un choc qui aurait échappé aux médecins du match,
05:42à des entraîneurs, à l'environnement, au staff
05:45qui auraient vu des joueurs avoir des chocs à la tête.
05:48Et ce protèges dents connectés permet, en temps réel,
05:51de savoir s'il y a un choc trop important qui a été subi par le joueur
05:55et qui demande à le faire sortir pour le faire soigner,
06:00voire pour lui faire tout le protocole commotion en rugby
06:03qui permet aux joueurs de revenir sur le terrain ou non.
06:06Donc, je vous ai bien compris.
06:07On sait maintenant, en temps réel, ce qu'est la nature, en tout cas,
06:10de la gravité du choc que vient de subir un joueur de rugby
06:15grâce à ce matériel.
06:18Grâce à ce matériel qui ne cesse d'évoluer, qui ne cesse de progresser.
06:22Alors, ce n'est pas complètement au point,
06:25mais pour autant, c'est déjà une première approche
06:26qui permet aux joueurs et à l'environnement, au staff médical,
06:30de savoir si le sportif a subi un choc trop important
06:33et qui demande sa sortie.
06:34Soyons simples, faut-il aller plus loin, selon vous, aujourd'hui,
06:36pour protéger les joueurs ?
06:39Oui, il faut toujours essayer de trouver des solutions
06:42pour protéger les joueurs.
06:44Et je pense qu'avant tout, c'est aussi une prise de conscience
06:47sur la nature du jeu que l'on veut proposer.
06:50Et c'est vrai qu'il y a, à mon sens, aujourd'hui,
06:53un rugby qui est trop frontal,
06:56un rugby qui demande énormément d'engagement
06:59et les joueurs subissent des chocs très importants
07:02avec des joueurs qui font plus de 120 kg,
07:04qui font moins de 12 secondes au 100 mètres.
07:07Ça crée des chocs assez importants.
07:09Donc, voilà, il y a évidemment la nature du jeu,
07:12quelle philosophie de jeu on met en place
07:14et puis après, surtout, tous les outils qui permettent
07:17d'identifier les chocs trop importants sur les joueurs.
07:19Vous imaginez la Fédération Internationale vous suivre
07:22sur ces préconisations, finalement, que vous nous donnez ?
07:24Parce que vous parlez très simplement d'une situation objective.
07:29Oui, oui, bien sûr.
07:30Mais la Fédération Internationale World Rugby
07:31a parfaitement conscience des enjeux de notre sport,
07:34qui ne doit pas être, finalement, une arène
07:37où tout est possible dans cette arène.
07:39Donc, il y a un rugby qui doit être spectaculaire, certes,
07:43mais où les chocs doivent être contenus
07:46et demander à ce rugby-là d'être beaucoup plus
07:49à la recherche d'espaces disponibles
07:51plutôt qu'à des recherches d'affrontements
07:53et de défis physiques.
07:54Donc, voilà, il y a évidemment un sport de combat
07:58qui est de là, de par sa nature,
08:00qui est très plaisant à regarder.
08:02Mais pour autant, on doit mettre tous les outils à disposition,
08:05les protège-dents connectés, peut-être des protections supplémentaires,
08:10des temps de repos supérieurs,
08:13ou maintenant aussi, évidemment, de ce que je vous disais,
08:16de permettre aux joueurs de jouer à notre rugby,
08:18de leur demander de jouer à notre rugby
08:19pour aussi se protéger.
08:21Vous avez entraîné les moins de 20 ans de l'équipe de France.
08:24Avant un certain âge, le plaquage n'est pas le même, expliquez-nous.
08:28Oui, on demande aux joueurs, maintenant,
08:30évidemment, les plaquages en haut du corps sont proscrits,
08:33tous les plaquages sont à la taille,
08:35quand les joueurs n'ont plus le droit de faire des plaquages cathédrales,
08:41qui étaient des plaquages très dangereux,
08:43où on soulevait le joueur qui pouvait retomber sur la tête.
08:46Voilà, il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place
08:48et qui demandent aux joueurs d'aller vers un autre rugby,
08:53de chercher des intervalles.
08:54Les affrontements directs chez les jeunes sont interdits aussi.
08:58Voilà, il y a cette volonté de la part du rugby, en général,
09:02de trouver des solutions pour protéger nos joueurs et les sportifs
09:05qui jouent à ce sport qui est formidable.
09:07Mais avant de nous séparer,
09:09est-ce que ce sont quand même des débats que vous avez eus, vous,
09:11entre joueurs,
09:12d'évoquer les possibles troubles neurologiques,
09:16sans parler de démence, bien entendu,
09:18mais de votre vieillissement ?
09:22Alors, c'est tabou ou finalement,
09:25ça ne fait pas partie des questions que vous vous posez ?
09:28Ce qu'on peut tout à fait comprendre aussi.
09:29Oui.
09:30Non, alors c'est vrai que pendant qu'on est joueur,
09:33on n'en parle pas parce que c'est quelque chose
09:35qui est relativement éloigné.
09:36Et c'est vrai qu'avec le vieillissement du sportif,
09:40c'est des choses qui apparaissent,
09:41malheureusement, chez certains d'entre nous.
09:45Pour autant, la discussion, elle est ouverte.
09:47C'est évident, ce n'est pas tabou.
09:49Aujourd'hui, on a bien conscience que notre sport,
09:52il ne doit pas être vu comme un sport
09:53qui détruit l'homme, le sportif.
09:56Pas du tout.
09:58Il y a des choses à régler, évidemment.
10:00Il y a un débat à élargir, à ouvrir.
10:03Se prémunir de tout ça, je pense que c'est possible.
10:07Et voilà, il est bien de réunir,
10:09de mettre tout le monde autour de la table,
10:11les spécialistes, les médecins, les neurochirurgiens,
10:13les spécialistes de ce sport
10:15pour permettre, évidemment, à tous
10:17de pouvoir évoluer en parfaite sécurité
10:19dans notre sport.
10:20Une toute dernière question.
10:21Le carton rouge non définitif
10:23qui fait qu'un joueur qui a pu être violent
10:26avec ses adversaires
10:28revient au bout de 20 minutes sur le terrain.
10:31Est-ce que vous trouvez qu'on doit le maintenir
10:33ou peut-être faut-il faire des sanctions
10:34qui sont plus rudes ?
10:36Oui, moi, je n'y suis pas favorable,
10:38et clairement, je me suis prononcé là-dessus.
10:39Quand un joueur commet un acte délibéré,
10:42qui menace l'intégrité physique du joueur,
10:48ce joueur n'a pas à revenir sur le terrain.
10:50Je pense que ça permet aussi à tous,
10:52à tout un chacun,
10:54à tous les sportifs qui pratiquent ce sport,
10:56de mesurer l'impact que peut avoir
10:58un choc trop violent.
11:01On est un sport où il y a, évidemment,
11:03beaucoup d'agressivité.
11:04Il ne faut pas qu'il bascule vers l'agression.
11:06Et voilà, toutes ces mesures-là
11:07permettent aussi aux joueurs
11:09de bien avoir conscience.
11:10C'est très, très tôt,
11:11quand il débute ce sport,
11:12que tout n'est pas permis sur le terrain.
11:14Merci beaucoup, Olivier Magne.
11:16Nous vous souhaitons,
11:16avec toutes les équipes d'RTL,
11:17un excellent anniversaire,
11:19puisque j'ai découvert pendant cette interview
11:21que c'était le jour
11:22ou jamais de vous le dire.
11:24On était heureux de vous entendre
11:25et de nous expliquer cette situation
11:27quand même qui nous perturbe beaucoup ce soir
11:28concernant Sébastien Chabal,
11:30ancienne internationale du 15 de France
11:32et consultant rugby d'RTL.
11:33On vous retrouve très rapidement
11:35avec beaucoup de plaisir sur notre antenne.
11:37Sachez qu'à 18h40,
11:39nous reviendrons sur le scandale
11:40des airbags Takata défectueux.
11:42Après Citroën et Volkswagen,
11:43les véhicules Toyota et Mercedes
11:45sont aussi concernés.
11:46Rendez-vous à 18h40 avec David Guyon.
11:48Il est avocat lanceur d'une action collective
11:50contre le groupe Stellantis.
11:52A tout de suite pour notre journal de 18h30.

Recommandations