• avant-hier
Avec Roland Lombardi, Docteur en histoire spécialiste du moyen-orient et directeur de la rédaction du “Diplomate média”

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

---
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
---
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2024-11-30##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Il est 8h19 sur Sud Radio. C'est une surprise à laquelle on assiste au Levant. Direction la Syrie.
00:10Alors même que les hostilités viennent de prendre fin entre Israël et l'Esbola au Liban,
00:15la guerre civile syrienne vient de reprendre. Offensive surprise effulgurante de groupes djihadistes
00:20qui sont entrés, après une offensive de plusieurs dizaines de kilomètres, dans la ville d'Alep,
00:25reprise de manière sanglante, pourtant, il y a des années, par le régime de Bachar el-Assad.
00:29Le régime syrien est-il en déroute ? Qui sont ces djihadistes qui sont entrés dans Alep ?
00:33On en parle avec notre invité Roland Lombardi. Bonjour.
00:36Bonjour.
00:38Soyez le bienvenu sur Sud Radio.
00:40Vous êtes docteur en histoire, spécialiste du Moyen-Orient, rédacteur en chef du Média franco-égyptien de Géopolitique.
00:46Le dialogue, qui sont...
00:49Non, non, c'est pas le dialogue, c'est le diplomate.
00:51Pardonnez-moi monsieur, c'est une erreur.
00:53Excusez-moi, c'est le matin, ça arrive.
00:55Excusez-moi, je me rattrape.
00:57En tout cas, qui sont ces djihadistes qui sont entrés dans Alep ?
01:01Alors, ce sont les deux principales milices islamistes de Syrie,
01:07avec Harar al-Sham et Hayat al-Tarir al-Sham,
01:11les fameux HTS, qui sont les successeurs, on va dire, d'Al-Nusra, vous savez,
01:19les fameuses milices que notre ancien ministre des Affaires étrangères, M. Fabius, disait d'elle qu'elle faisait du bon boulot.
01:27Oui, on peut rappeler d'ailleurs le front Al-Nusra qui était, il y a quelques années, lié à l'organisation Al-Qaïda.
01:31Ce sont les héritiers de ce groupe-là ?
01:33Absolument, ce sont les héritiers directs de ce groupe-là.
01:37Alors aujourd'hui, ils sont sous la protection...
01:39C'est quand même fort de café.
01:41Ils sont sous la protection de la Turquie, de M. Erdogan.
01:43Ils occupent le bastion d'Idlib, qui se situe...
01:49Près de la frontière turque.
01:51Voilà, à la frontière turque.
01:53Idlib qui est aussi au sud de la ville d'Alep.
01:57Et Idlib, et depuis mars 2020, lorsque il y a eu une signature de cessez-le-feu entre les deux parrains de ces milices,
02:07et pour les Syriens et les Russes, le 5 mars 2020 avait été signé un cessez-le-feu.
02:11Donc ça fait 4 ans qu'il n'y avait pas eu d'affrontements majeurs dans cette région.
02:17Et donc là, nous avons assisté...
02:19Ça a commencé jeudi matin, le 27, avec une attaque suicide, avec deux voitures piégées, d'après les informations que nous avons.
02:33Et aujourd'hui, comme vous l'avez rappelé en introduction, ils occuperaient 5 quartiers du sud-ouest d'Alep.
02:43Et donc il y a eu des bombardements de la Russie et du régime syrien.
02:51Mais pour l'instant, ce qu'on peut constater, c'est que le régime et les Russes, à la fois, ont été surpris,
02:59parce que les Russes et certains observateurs savaient que ça couvait.
03:03En tout cas, le régime a été pris de court.
03:07Alors revenons maintenant sur la suite des événements, vous l'avez dit.
03:11La Turquie, vous dites, soutient plus ou moins activement, même si elle s'en défend publiquement, cette offensive.
03:19On parle de groupes djihadistes qui seraient soutenus par le gouvernement turc, qui est pourtant membre de l'OTAN et qui est notre allié en théorie.
03:24Comment se manifeste ce soutien ? Qu'est-ce qui nous permet de dire que la Turquie les soutienne ?
03:29C'est de notoriété publique. C'est de notoriété publique.
03:33Comme vous l'avez dit, la Turquie, membre de l'OTAN, soutient les rebelles syriens qui sont majoritairement islamistes.
03:41Il y a aussi l'ANS, qui est aussi au nord de la Syrie, dans la zone protégée.
03:45L'armée nationale syrienne.
03:47Voilà, qui est aussi dans la zone protégée aussi par l'armée turque.
03:52Elle le soutient financièrement, militairement, et c'est le grand parrain de ces groupes-là en Syrie.
03:59Alors qu'est-ce qui peut se passer maintenant dans les jours qui viennent ?
04:02On l'a vu, offensive fulgurante.
04:04On ne peut pas encore dire techniquement qu'Alep est tombé aux mains des djihadistes, ou plutôt retombé.
04:08Mais en revanche, on ne peut pas l'exclure dans les jours ou les heures qui viennent, puisque les djihadistes ne semblent pas être en train de reculer.
04:15Est-ce qu'on va vers la création, je ne sais pas, d'un nouveau califat, comme ce qu'on avait vu dans l'est de la Syrie avec Daesh ?
04:22Est-ce qu'on va vers un effondrement du régime, ou juste vers un épisode, une poussée de fièvre,
04:27qui sera réprimée ensuite dans le sang par l'armée syrienne et par ses alliés russes ?
04:33Je pense que nous allons aller vers un affrontement féroce,
04:37parce que le régime ne peut pas laisser tomber cette ville aux mains des islamistes.
04:41Elle l'avait reprise en 2016.
04:44C'est la deuxième ville de Syrie majoritairement sunnite, mais c'est la deuxième ville de Syrie.
04:49C'est un centre économique important.
04:51Mais il faut comprendre aussi la raison pourquoi aujourd'hui il y a eu cette offensive.
04:57Moi, je pense qu'il faut élargir le focus.
05:00Il faut toujours comprendre les origines de ces tensions.
05:04Il me semble, sans tomber dans le complotisme, que ces milices ont lancé leur offensive
05:13et ils n'auraient pas lancé cette offensive sans l'aval de la Turquie.
05:19Et la Turquie elle-même ne l'aurait pas fait sans l'aval des États-Unis.
05:24Donc je pense que c'est surtout un moyen pour les Turcs de négocier,
05:28qui sont toujours en négociation avec les Américains pour un tas de raisons,
05:31pour la levée de sanctions, pour un retour de la Turquie dans le projet des F-35.
05:36Et surtout, c'est un fabuleux moyen d'affaiblir la Russie,
05:41qui a d'autres chats à fouetter en Ukraine.
05:44Justement en Ukraine, là où elle commence doucement mais progressivement à reprendre du terrain
05:50et à peut-être dans quelques semaines, quelques jours,
05:56certains disent dans quelques jours, mettre le coup de grâce à l'armée ukrainienne.
06:00Donc c'est surtout, moi je vois, le moyen d'affaiblir la Russie,
06:03de le couper ailleurs du théâtre le plus important pour elle qui est l'Ukraine.
06:07En tout cas, ces milices ont toujours été un outil de négociation pour la Turquie.
06:11Et un dernier point aussi, ça confirme le très fort affaiblissement des Libanais du Hezbollah
06:17qui ont été décimés dans leur combat contre Israël,
06:20alors même qu'ils soutenaient activement et très efficacement l'armée syrienne de Bachar el-Assad
06:25il y a encore quelques mois.
06:27Tout à fait. Pas que le Hezbollah, il y a aussi les forces spéciales iraniennes,
06:33notamment les gardiennes de la révolution, qui ont été ciblées régulièrement,
06:39et ça depuis des années, et surtout intensivement, comme vous l'avez dit,
06:42depuis ces derniers mois, par les forces israéliennes.
06:46Bon, écoutez, on suivra la situation. Merci beaucoup pour cet éclairage, en tout cas.
06:50Et on suivra la situation dans cette ville d'Alep,
06:52qui était l'une des plus belles villes de Syrie avant le début de la guerre.
06:55On ne sait pas trop dans quel état, actuellement, elle se trouve,
06:58mais on peut aussi craindre le pire.
07:00Je rappelle que vous êtes, en tout cas, pour Le Média franco-égyptien,
07:04Roland Lombardi, Le Média géopolitique, Le Diplomate.
07:08Pardonnez-moi mon lapsus d'introduction.
07:11Vous êtes docteur en histoire, spécialiste du Moyen-Orient et rédacteur en chef du Média Le Diplomate.

Recommandations