• il y a 10 mois
Avec Raphael Pitti, médecin humanitaire et responsable de la formation au sein de l'ONG Mehad

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-02-09##

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:02 Sud Radio, l'invité politique
00:04 [Musique]
00:06 Jean-Jacques Bourdin
00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous
00:10 Merci d'être avec nous, les français veulent
00:12 savoir, parlons vrai ce matin
00:14 avec le docteur Raphaël Pitti
00:16 Docteur bonjour
00:18 Bonjour, merci d'être avec nous, je suis très
00:20 heureux de vous recevoir, c'est un témoignage
00:22 que nous vous offrons ce matin
00:24 témoignage exceptionnel, vous êtes professeur
00:26 de médecine, vous êtes médecin humanitaire
00:28 ancien médecin militaire
00:30 l'un des responsables de
00:32 l'ONG de santé MEAD
00:34 vous avez connu de nombreux terrains
00:36 de guerre dans le monde, la Syrie
00:38 l'Ukraine
00:40 le Tchad, vous rentrez
00:42 de la bande de Gaza
00:44 vous étiez à Gaza
00:46 dans la bande de Gaza, quand ?
00:48 Eh bien du
00:50 22 jusqu'au 6
00:52 février, jusqu'au 6 février
00:54 nous sommes aujourd'hui le
00:56 9 février, il y a 3 jours vous étiez encore
00:58 dans la bande de Gaza
01:00 vous êtes resté 15 jours
01:02 là-bas, comment
01:04 y entre-t-on quand on est un
01:06 médecin militaire
01:08 quand on est
01:10 un médecin
01:12 humanitaire, comment entre-t-on
01:14 dans la bande de Gaza quand on est en plus français ?
01:16 - Non c'est très compliqué
01:18 c'est vraiment été très très compliqué puisque
01:20 je voulais y aller déjà depuis 4 mois
01:22 dès le début, aller sur place
01:24 bien évidemment, les populations
01:26 étaient prises dans la guerre, bien évidemment
01:28 il y avait ce massacre du 7 octobre
01:30 mais il y avait l'agression aussi
01:32 la réplique israélienne
01:34 qui était directement dans
01:36 les populations, était innocente et
01:38 subissait cette violence
01:40 de la répression israélienne sur elle
01:42 et donc il apparaissait très important
01:44 de pouvoir soutenir cette population
01:46 d'aller, de voir un peu ce que nous pouvions faire
01:48 en tant qu'ONG
01:50 eh bien c'était pas possible
01:52 aucune ONG internationale
01:54 n'avait l'autorisation des israéliens
01:56 de pouvoir pénétrer, au point que
01:58 nous avons fait pour la première fois
02:00 je dis bien pour la première fois
02:02 un collectif de 15 ONG
02:04 les plus importantes dans le monde
02:06 de Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde, Oxfam
02:08 Sèvres-Schildren
02:10 les Norvégiens, etc
02:12 nous avons fait un collectif pour dire que c'était
02:14 inacceptable qu'on ne nous laisse pas
02:16 faire notre travail
02:18 et nous continuons à plaidoyer pour
02:20 baisser le feu immédiat, etc
02:22 c'est la première fois dans le monde
02:24 où 15 ONG les plus importantes
02:26 se sont mis ensemble
02:28 pour essayer de dire c'est inacceptable
02:30 que sur le plan humanitaire on ne nous laisse pas
02:32 rentrer et faire notre travail
02:34 - Alors, je voudrais préciser les choses
02:36 il ne s'agit pas de faire de la politique
02:38 vous êtes là pour
02:40 nous raconter ce qui se passe
02:42 dans la bande de Gaza
02:44 je ne suis pas là et nous ne sommes pas là
02:46 pour prendre position pour ou contre les uns
02:48 et contre les autres
02:50 les massacres ont lieu de tous les côtés
02:52 et, pardon, mais la violence
02:54 entraîne la violence
02:56 une fois que c'est dit
02:58 vous allez nous raconter ce que vous avez vu
03:00 à Gaza, parce que c'est le plus important
03:02 donc toutes les difficultés pour aller à Gaza
03:04 finalement vous avez réussi à entrer
03:06 avec l'autorisation des Israéliens
03:08 - Certainement, parce que nous sommes
03:10 passés par une association américaine
03:12 qui a obtenu les autorisations
03:14 nécessaires, y compris celles de l'Egypte et des Israëls
03:16 et il y a eu une mission médicale
03:18 qui a pu pénétrer
03:20 et nous étions 7 Français à pouvoir nous mettre
03:22 dans cette mission médicale
03:24 - Dans cette mission médicale, bien
03:26 je précise aussi qu'aucun journaliste international
03:28 n'est autorisé à entrer dans la bande de Gaza
03:30 ce que je déplore d'ailleurs
03:32 sur tous les théâtres d'opération
03:34 malheureusement les belligérants
03:36 bien souvent interdisent
03:38 aux journalistes de venir
03:40 voir ce qui se passe
03:42 à partir du moment où on commence à interdire
03:44 à un journaliste de venir voir ce qui se passe
03:46 on a des doutes sur ce qui se passe
03:48 bien, vous allez nous raconter
03:50 ce qui se passe, vous êtes resté
03:52 15 jours à l'hôpital européen
03:54 à quel endroit ? Situé à quel endroit
03:56 de la bande de Gaza ?
03:58 - Il est dans le
04:00 dans le gouvernement de Yann Kounès
04:02 Kounès, ça dépend
04:04 comment on veut le prononcer, et donc
04:06 à mi-distance entre Rafa et la ville
04:08 de Yann Kounès, à mi-distance entre les deux
04:10 - Dans le sud de la bande de Gaza
04:12 - Dans le sud de la bande de Gaza, oui
04:14 - Cet hôpital, hôpital européen
04:16 - Oui - Pourquoi européen ?
04:18 - Parce qu'il a été construit par les européens
04:20 et qu'il était financé par les européens
04:22 - Bien, grand hôpital ?
04:24 - Oui, un hôpital de 400 lits
04:26 - 400 lits, aujourd'hui
04:28 combien de patients ? - 900
04:30 - 900, hôpital de 400 lits
04:32 aujourd'hui 900 patients - Absolument
04:34 - Quelle est la situation dans cet hôpital
04:36 et autour de cet hôpital ?
04:38 - Alors c'est catastrophique, vraiment catastrophique
04:40 je n'ai jamais vu ça, il y a, dès que vous
04:42 essayez de pénétrer à environ
04:44 déjà 40 mètres ou 50 mètres
04:46 il y a une foule énorme, nous avons
04:48 dû, nous étions dans
04:50 un mini-bus et on avançait
04:52 tout doucement parce qu'il y avait tellement de monde autour
04:54 et quand ils ont vu que nous étions
04:56 étrangers, il y a eu un accueil extraordinairement
04:58 chaleureux, les gens
05:00 nous criaient dessus "merci d'être là"
05:02 "merci d'être là" etc.
05:04 Nous avons pu arriver jusqu'au niveau du centre
05:06 d'accueil des urgences
05:08 et là il y avait tout le staff de l'hôpital
05:10 qui était sorti pour nous accueillir
05:12 et c'était des embrassades, que de nous voir là
05:14 présent et d'être là présent
05:16 un sentiment à ce moment-là, sur le plan
05:18 psychologique de dire "enfin, on est aidés"
05:20 "enfin, ils ont réussi à rentrer"
05:22 la question était "mais les Israéliens vous ont-ils laissés rentrer ?"
05:24 "ils vous ont laissés rentrer, comment avez-vous fait ?"
05:26 et nous étions là avec eux
05:28 mais à ce moment-là c'était
05:30 un chaos, c'est-à-dire il y a ces
05:32 25 000 personnes qui sont autour de l'hôpital
05:34 qui se sont fait des abris,
05:36 qui se sont fait n'importe quoi
05:38 - Autour de l'hôpital, il y a des milliers
05:40 de réfugiés
05:42 qui sont venus du nord
05:44 de la bande de Gaza, qui sont installés
05:46 autour de l'hôpital, pourquoi autour de l'hôpital ?
05:48 Pour être protégés ?
05:50 - Pour croire qu'ils seront éventuellement protégés
05:52 alors que nous savons même que dans les autres hôpitaux
05:54 que ce soit à Gaza, ils ne l'ont pas été
05:56 pendant que nous y étions
05:58 à Yankounès
06:00 au centre-ville, l'hôpital Al-Nasr
06:02 construit par les Égyptiens
06:04 les Israéliens
06:06 avaient encerclé cet hôpital
06:08 empêchant les gens de rentrer et de sortir
06:10 et ils ont enlevé
06:12 le directeur de l'hôpital et on ne sait toujours pas
06:14 où est-ce qu'il est, bien évidemment
06:16 et là, les gens sont
06:18 persuadés que le fait d'être
06:20 autour de l'hôpital, ils seront protégés
06:22 à l'intérieur de l'hôpital, c'était
06:24 le même chaos, dans tous les couloirs
06:26 énormément de monde
06:28 pour essayer d'avoir un peu
06:30 d'intimité, quelque part
06:32 ils ont fait descendre depuis les faux
06:34 plafonds des draps
06:36 et donc ils se sont fait des
06:38 petites zones
06:40 mais tout l'hôpital est
06:42 comme ça, ils dorment la nuit
06:44 alors bien évidemment ceux qui sont à l'extérieur rentrent
06:46 à l'intérieur de l'hôpital pour dormir
06:48 il y a un chaos épouvantable
06:50 cette population de 25 000 a des besoins
06:52 de santé primaire pour soigner leurs bronchiques
06:54 pour soigner leurs problématiques
06:56 pathologies chroniques, etc. Ils vont aux urgences
06:58 au même temps vous avez les afflux
07:00 des blessés qui sont
07:02 ceux des bombardements qui sont constants, jour et nuit
07:04 les bombardements, les snipers
07:06 vous avez les blessés des snipers
07:08 qui arrivent essentiellement
07:10 à la tête, ils blessent
07:12 et tirent essentiellement sur la tête
07:14 des traumatismes crâniens
07:16 l'hôpital est débordé, les moyens
07:18 biologiques ne sont pas suffisants
07:20 bien évidemment
07:22 il y a donc de ce fait, il assure
07:24 au même temps l'accueil
07:26 et au même temps le traitement
07:28 alors que normalement dans les situations
07:30 comme ça, on a un hôpital de stabilisation
07:32 et vous évacuez vers un
07:34 hôpital de traitement
07:36 là ils sont obligés à la fois
07:38 de stabiliser et au même temps de traiter
07:40 - ça veut dire qu'on traite, on opère
07:42 tout en même temps
07:44 - en même temps
07:46 - on ampute, en même temps
07:48 - et comme on n'a pas le temps bien évidemment
07:50 d'essayer de sauver une jambe, etc
07:52 on ampute pour aller au plus vite et au plus rapide
07:54 et surtout dans le
07:56 triage, on laisse mourir les blessés
07:58 les plus graves, les blessés qui éventuellement
08:00 auraient mérité d'être une surveillance
08:02 pour voir si on peut encore... là on tue
08:04 on laisse mourir, on laisse mourir tous les
08:06 plaies du crâne que j'ai vu
08:08 on les a laissés mourir
08:10 parce qu'on savait que ça allait être long, qu'il faudrait
08:12 les mettre en réanimation, qu'il n'y avait pas suffisamment
08:14 de place en réanimation, donc ces gens-là
08:16 étaient... comme il n'y a pas de morphine
08:18 bien évidemment on les laisse mourir
08:20 sans
08:22 soutien sédatif
08:24 sans soutien morphinique, on les laisse
08:26 mourir comme ça. - Vous avez déjà vu ça ?
08:28 - Non, non, non, non
08:30 où que je sois allé, on a toujours
08:32 assisté, toujours accompagné
08:34 bien évidemment les morituris, les blessés
08:36 les plus graves que l'on savait ne pas pouvoir traiter
08:38 parce que si nous le faisions
08:40 nous perdions du temps, nous perdions des matériels
08:42 nous avions pas les moyens, etc
08:44 et peu de chances de sortir vivant ces personnes
08:46 les morituris
08:48 on leur met une perfusion, on les sédate
08:50 bien évidemment, on met de la morphine
08:52 et on les laisse partir tout doucement
08:54 là c'est pas possible.
08:56 - Les médicaments ?
08:58 Il manque des médicaments ou il y a ce qu'il faut ?
09:00 - Alors... - Est-ce qu'il y a
09:02 des équipes médicales
09:04 suffisamment nombreuses ?
09:06 C'est des palestiniens essentiellement
09:08 j'imagine. - Il y a parce que ceux du nord
09:10 bien évidemment, ils sont venus
09:12 ils n'ont pas de travail
09:14 donc il y a des équipes
09:16 et justement ça crée même
09:18 un vrai problème
09:20 il y a trop de médecins, trop d'infirmiers
09:22 et je me suis retrouvé aux urgences
09:24 pour essayer d'organiser à peu près
09:26 les urgences, essayer de faire en sorte que nous
09:28 puissions faire le tri en avant de l'hôpital
09:30 et pas à l'intérieur de l'hôpital
09:32 pour ne faire rentrer à l'hôpital que les urgences
09:34 pas les pathologies
09:36 aiguës,
09:38 simplexes, d'accord ?
09:40 Qu'elles restent dehors de manière à pouvoir
09:42 libérer de la place ? Impossible, impossible
09:44 vous savez pas à qui vous avez affaire, vous vous retrouvez
09:46 par terre avec des blessés graves
09:48 les morts on les a mis sur des brancards et les chariots
09:50 d'accord ? Alors que le blessé vivant
09:52 grave, il est par terre
09:54 et on le technique par terre
09:56 alors que il y avait
09:58 pourquoi ramènent-ils les morts ?
10:00 Pour les faire enregistrer, tous les morts qui
10:02 viennent à l'hôpital
10:04 ils sont enregistrés, ce qui permet de tenir à peu près
10:06 l'inventaire
10:08 des morts qui sont là-bas
10:10 - Dr Raphaël Pity, autour de l'hôpital
10:12 quelle est la situation ?
10:14 Vous avez discuté avec de très
10:16 nombreux palestiniens de Gaza
10:18 - Je suis allé plusieurs fois à Rapha
10:20 - Plusieurs fois je sais, oui
10:22 - Je suis allé voir le ministre de la santé
10:24 je suis allé voir le maire de Rafa
10:26 je suis allé dans
10:28 tous les zones - Ministre de la santé du Hamas
10:30 - Oui, du Hamas, qui se cache
10:32 dans un hôpital, etc. Il sait qu'il est
10:34 certainement, il sera ciblé
10:36 s'il sort, etc.
10:38 Un homme admirable pour le travail qu'il est en train de faire
10:40 par rapport à cette situation
10:42 de confusion, de chaos
10:44 qui essaye quand même de maintenir
10:46 un système de santé, ce qui est extrêmement compliqué
10:48 - On a beaucoup dit qu'il y avait
10:50 des complicités dans les hôpitaux
10:52 complicités avec le Hamas
10:54 qu'il y avait même des tunnels
10:56 construits sous
10:58 certains hôpitaux, pas tous les hôpitaux
11:00 mais certains hôpitaux
11:02 autour
11:04 des hôpitaux
11:06 on dit que
11:08 60% des immeubles
11:10 de la bande de Gaza ont été détruits
11:12 ou endommagés
11:14 autour des hôpitaux, comment vit la population ?
11:16 Est-ce qu'elle arrive à se nourrir ?
11:18 Est-ce que l'aide humanitaire
11:20 arrive ? Je sais qu'elle arrive
11:22 difficilement, elle est insuffisante
11:24 Comment vit la population, aujourd'hui ?
11:26 - On est dans une situation
11:28 de déshumanisation
11:30 Monsieur, déshumanisation
11:32 de la population
11:34 ce sont un énorme bidonville
11:36 fait de briques, de brocs, de cartons
11:38 de tapis, etc.
11:40 qui sert d'abri
11:42 il y a une... les immondices
11:44 ne sont pas ramassées, bien évidemment
11:46 partout
11:48 les évacuations ne sont pas suffisantes
11:50 pour cette population
11:52 et donc il y a de l'eau partout, c'est de la boue
11:54 ça stagne, les gens ont des problèmes pour se laver
11:56 il y a très peu de toilettes
11:58 par rapport à ça, ils font la queue
12:00 - 1 300 000 réfugiés
12:02 dans le sud de la bande de Gaza
12:04 Rafa c'est 250 000 habitants
12:06 - Exactement, exactement
12:08 c'est une situation où vous avez une populace
12:10 qui est là dans les rues
12:12 qui essaye de trouver à manger, qui fait la queue pour avoir du pain
12:14 qui fait la queue pour avoir de la farine
12:16 qui fait la queue pour essayer même
12:18 de charger leur téléphone
12:20 - On peut acheter ?
12:22 On peut encore acheter ? - Oui, on peut acheter
12:24 - Il y a encore des endroits ?
12:26 des épiceries ? des points de vente ?
12:28 - Oui, oui, il y a des marchands ambulants
12:30 on vous vend des boîtes de conserves
12:32 de viande
12:34 on vous vend du fromage aussi
12:36 vous avez des légumes aussi
12:38 mais les gens n'ont pas d'argent
12:40 on les a chassés au même temps
12:42 ils ne peuvent pas accéder, même l'argent qu'ils avaient en banque
12:44 ils ne peuvent pas y accéder
12:46 donc ils se retrouvent sans rien
12:48 les prix c'est 2-3 fois le prix normal
12:50 vous ne trouvez pas d'œuf
12:52 l'œuf fait un peu moins de 1€
12:54 - 1€
12:56 - Et vous n'en trouvez pas, pas du tout
12:58 vous ne trouvez pas de poulet, vous ne trouvez pas de viande
13:00 vous ne trouvez rien de cela
13:02 ils sont complètement dépendants de l'aide humanitaire internationale
13:04 il y a une situation de tension
13:06 toute dispute
13:08 et Dieu sait si c'est facile la dispute
13:10 vu la masse, les choses
13:12 les frictions entre les hommes, etc
13:14 compte tenu de cette densité de population
13:16 qui est là en train d'attendre, qui ne fait rien
13:18 qui cherche justement cette nourriture
13:20 qui vit dans des conditions
13:22 qui sont indignes, qui sont sales
13:24 bien évidemment
13:26 c'est une dispute et la dispute devient
13:28 une émeute, où tout le monde s'en mêle
13:30 et prend parti
13:32 jusqu'à ce que j'ai pu assister
13:34 à cette scène où ça commence par une dispute
13:36 ça devient une émeute
13:38 le type essaye de s'enfuir
13:40 poursuivi par une populace
13:42 qui veut le lâcher, presque
13:44 il essaye de rentrer à l'intérieur de l'hôpital
13:46 par le service des urgences
13:48 la foule le poursuit en criant
13:50 et à ce moment là, le garde tire en l'air
13:52 pour essayer de calmer la foule
13:54 - On en est là quoi
13:56 - On en est à une situation d'émeute
13:58 c'est à dire qu'à tout moment
14:00 tout peut exploser pour cette population
14:02 - Pour cette population
14:04 population
14:06 est-ce que la population parle du Hamas ?
14:08 - Non
14:10 les seules fois, c'est que le Hamas
14:12 pour deux ou trois personnes
14:14 qui ont eu le courage de me dire les choses
14:16 le Hamas ne leur a pas apporté du bien
14:18 - Oui
14:20 - Par contre aujourd'hui
14:22 quelque part, ils nous défendent
14:24 quelque part
14:26 - Ils ne nous ont pas apporté de bien
14:28 - C'est vrai qu'ils n'ont pas
14:30 contribué au bien-être de la population
14:32 de Gaza
14:34 alors qu'ils avaient des moyens considérables
14:36 mais en même temps
14:38 la population se dit
14:40 ils nous défendent
14:42 - Maintenant ils nous défendent
14:44 et donc ça a radicalisé les positions pour le Hamas
14:46 c'est à dire qu'ils sont là et quelque part
14:48 ils défendent notre dignité
14:50 - Oui
14:52 est-ce que les civils
14:54 connaissent l'existence des tunnels
14:56 on parle beaucoup de ces tunnels
14:58 - Jamais, jamais
15:00 - Est-ce que
15:02 la population est un
15:04 bouclier humain
15:06 est-ce que le Hamas s'en sert ?
15:08 - Ecoutez, les Israéliens
15:10 ont fait déplacer un million de cent mille
15:12 personnes, alors on ne peut pas dire qu'ils
15:14 ont été retenus par le Hamas
15:16 on les a forcés à partir, à quitter leur maison
15:18 etc. Ils sont maintenant concentrés
15:20 dans Arafat, tout ça est sous la volonté
15:22 des Israéliens, pas celle du Hamas
15:24 - Vous avez
15:26 employé une image qui est forte
15:28 vous dites
15:30 ça ressemble au ghetto de Varsovie
15:32 - Ecoutez, de tous les films que nous avons pu voir
15:34 ces films documentaires, on voyait ça
15:36 cette population qui erre dans
15:38 les rues du ghetto
15:40 etc. - Population juive
15:42 - Juive, on voyait en même temps ces images
15:44 des gens qui étaient dénutris
15:46 qui mouraient de faim, les enfants etc.
15:48 On voyait les petits métiers
15:50 n'est-ce pas ? Le cordonnier
15:52 qui est sur le bord de la route
15:54 qui répare de vieilles chaussures
15:56 on voyait ces gens avec les machines à coudre
15:58 qui réparent les vêtements etc.
16:00 C'est ce que vous voyez
16:02 là-bas, c'est exactement cette image-là
16:04 - Vous parlez de génocide ?
16:06 - Ecoutez
16:08 si vraiment
16:10 Netanyahou envisage
16:12 d'attaquer Arafat
16:14 vous voyez la description que j'en fais de Arafat
16:16 de cette situation où les gens ont perdu
16:18 leur dignité, où les gens sont
16:20 concentrés, où les gens ont faim
16:22 où les gens vivent une situation comme ça
16:24 s'il envisage
16:26 dans cette situation d'attaquer
16:28 Arafat, alors on peut lui faire ce procès
16:30 d'intention, c'est-à-dire de vouloir
16:32 massacrer cette population
16:34 et donc on peut faire un procès d'intention
16:36 et de dire "il y a une volonté de tuer"
16:38 - Vous dites ce matin
16:40 au monde
16:42 puisque vous en revenez
16:44 et que vous êtes rare
16:46 à pouvoir y aller, vous dites ce matin
16:48 sur notre antenne
16:50 si Israël
16:52 attaque Arafat
16:54 à commencer un bombardement, à bombarder
16:56 c'est l'objectif
16:58 d'essayer de détruire
17:00 le Hamas à Arafat dans le sud
17:02 qui se serait, j'emploie le conditionnel
17:04 je ne sais pas, qui se serait
17:06 protégé
17:08 si je puis dire avec la population dans le sud
17:10 si Israël attaque
17:12 c'est une catastrophe
17:14 humanitaire sans limite
17:16 - Totalement, totalement
17:18 il y a une vraie volonté de massacrer la population
17:20 comment voulez-vous retrouver
17:22 les gens du Hamas
17:24 à l'intérieur
17:26 de 1 400 000 personnes
17:28 qui sont dans cette situation, comment voulez-vous
17:30 réussir à aller
17:32 à pouvoir les cibler
17:34 personnellement au milieu de 1 400 000 personnes
17:36 ça veut dire que
17:38 vous voulez massacrer tout le monde en espérant
17:40 qu'au milieu il y aura, et Dieu
17:42 reconnaîtra les siens si ça rappelle quelque chose
17:44 - Dites-moi docteur
17:46 est-ce qu'Israël détruit Gaza
17:48 sans détruire le Hamas selon vous ?
17:50 - Vous voulez mon sentiment ?
17:52 - Oui - Vraiment ?
17:54 - Israël a perdu la guerre
17:56 depuis 4 mois
17:58 - Et pourquoi ? - Parce qu'il est là tout le temps
18:00 le Hamas est là, et continue à tirer
18:02 la résistance est toujours présente
18:04 du Hamas - Vous parlez de résistance ?
18:06 - Bah écoutez, dans cette situation-là
18:08 par rapport à ce qui est en train de se passer
18:10 c'est pour ça que je disais, la population
18:12 palestinienne de Gaza
18:14 est aujourd'hui
18:16 radicalisée pour le Hamas
18:18 parce que le Hamas leur permet justement de relever la tête
18:20 et de se sentir digne parce qu'ils résistent
18:22 et c'est ce sentiment-là
18:24 par rapport à cette population
18:26 qui est fragile, fragilisée
18:28 le Hamas leur donne le sentiment
18:30 quelque part, de pouvoir
18:32 se battre dans l'honneur
18:34 - Est-ce que ça nourrit la haine des juifs ?
18:36 - Certainement, bien évidemment
18:38 bien évidemment, bien évidemment
18:40 sur le plan international en particulier
18:42 la position même d'Israël qui ne respecte
18:44 pas le droit humanitaire international
18:46 elle ne le respecte pas
18:48 avez-vous vu ces images par exemple
18:50 de l'enquête qui a été menée par l'ONU
18:52 par rapport au droit humanitaire
18:54 international ? Vous avez vu ce qu'a fait
18:56 l'ambassadeur israélien
18:58 il est venu devant la commission
19:00 il a pris le rapport, il l'a déchiré devant tout le monde
19:02 et il est parti
19:04 il est parti
19:06 non respect, ce gouvernement
19:08 est en train de faire de l'état d'Israël
19:10 un paria de la communauté internationale
19:12 un paria d'Israël
19:14 devient le paria de la communauté internationale
19:16 il ne respecte plus aucun
19:18 aucun loi
19:20 règlement international
19:22 - Alors j'ai une question docteur Pithier
19:24 est-ce que quand on se rend comme ça
19:26 sur ces théâtres
19:28 de guerre
19:30 est-ce qu'on ne perd pas
19:32 un peu de lucidité ?
19:34 je vous pose la question franchement
19:36 est-ce qu'on n'est pas emporté
19:38 par ce qu'on voit
19:40 par les horreurs que l'on croise
19:42 - Ecoutez
19:44 ça fait 30 ans que je suis
19:46 dans les zones de guerre
19:48 la Syrie par exemple
19:50 ou l'Ukraine maintenant avec
19:52 Mariupol etc...
19:54 Qui m'a entendu parler de cette façon ?
19:56 On est devant
19:58 une population qui est dans une nasse
20:00 qu'on a ramené progressivement
20:02 de droite, de gauche etc...
20:04 On a ramené vers Rafa
20:06 en leur faisant croire qu'ils seraient protégés dans la zone de Rafa
20:08 que s'ils allaient dans le sud etc...
20:10 Et maintenant on la met
20:12 dans une situation où on supprime
20:14 la dignité de ces personnes
20:16 il y a pire que de tuer
20:18 c'est d'enlever la dignité des personnes
20:20 quand vous ne pouvez pas nourrir vos enfants
20:22 quand vous êtes obligé d'être dans la situation de misère
20:24 quand vous avez eu votre maison
20:26 etc... et que maintenant vous êtes
20:28 dans une espèce d'abri, dans la saleté
20:30 que vous cherchez la nourriture
20:32 ça c'est inacceptable
20:34 c'est humainement inacceptable
20:36 qui l'a voulu ?
20:38 Qu'ils se battent contre le Hamas
20:40 moi je ne vois pas d'inconvénient
20:42 c'est un problème effectivement de politique
20:44 entre eux etc... Mais la population
20:46 a-t-elle le droit
20:48 d'être en situation de telle souffrance ?
20:50 Est-ce qu'on a le droit ?
20:52 Y a-t-il pas la possibilité de faire respecter
20:54 ce droit humanitaire international ?
20:56 De respecter ces populations ?
20:58 Non pas du tout.
21:00 Les bombardements sont jour et nuit
21:02 et ils ont été jusqu'à un niveau de notre hôpital
21:04 qui a fait souffler les faux plafonds
21:06 jusqu'à tout proche de notre hôpital
21:08 il y a les snipers qui tirent
21:10 sur tout ce qui bouge etc...
21:12 il y a les drones tueurs
21:14 il y a une surveillance constante jour et nuit
21:16 d'un bourdonnement énorme
21:18 de ces drones de surveillance qui tournent en permanent
21:20 jour et nuit etc...
21:22 et qui est insupportable pour toute cette population
21:24 et il y a les conditions
21:26 de vie dans lesquelles ils sont. Est-ce que c'est acceptable ?
21:28 Vous n'aviez pas vu ça à Mariupol ?
21:30 À Mariupol,
21:32 on a cette stratégie russe
21:34 qui a été mise en place déjà à Alep
21:36 ou en Tchétchénie
21:38 qui consiste à assiéger
21:40 une ville, c'est ce qu'ils voulaient commencer
21:42 à faire à Kiev, assiéger la ville
21:44 de Kiev et ils ont fait ça à Mariupol
21:46 et ensuite c'est les bombardements complets
21:48 On écrase
21:50 on leur coupe l'eau, l'électricité etc...
21:52 et les gens se terrent dans les caves
21:54 sans pouvoir sortir ni rien
21:56 ils sont dans des abris, il n'y a pas d'abri
21:58 à Rafah. Il n'y a pas
22:00 la possibilité de s'extraire de la violence
22:02 c'est-à-dire de partir à 10 mètres, 20 mètres, 30 mètres
22:04 il n'y a pas de possibilité
22:06 ils sont 1,4 millions
22:08 complètement pris dans cette nasse
22:10 1,4 millions
22:12 c'est inacceptable sur le plan humanitaire
22:14 c'est inacceptable
22:16 et je ne comprends pas comment notre gouvernement
22:18 et j'en appelle encore à M. Macron
22:20 M. le Président
22:22 la France doit se singulariser par des prises
22:24 de position humanitaire
22:26 notre pays doit pouvoir justifier
22:28 ces valeurs qui sont les siennes de la défense des droits de l'homme
22:30 il vous appartient
22:32 justement de défendre cette population
22:34 la population, je dis bien
22:36 pas les rebelles, pas les terroristes
22:38 pas la population
22:40 et d'obtenir en même temps la libération
22:42 des otages. La France doit se singulariser
22:44 plutôt que de se taire
22:46 - Merci Dr. Raphaël Pitti
22:48 d'être venu nous voir ce matin
22:50 je tenais à entendre votre témoignage
22:52 ici, chacun
22:54 a le droit à la parole. Je le dis, je le répéterai
22:56 tant que je serai là à 8h57
22:58 merci, à tout de suite

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