Amine El Khatmi, en direct d'Israël : "Nous voyons des scènes surréalistes"

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Transcript

00:00 L'édito politique avec Amine El Khatmi, bonjour.

00:04 Bonjour Benjamin.

00:06 Amine, vous êtes en direct depuis Israël actuellement.

00:09 Vous vouliez revenir sur les attaques du Hamas, puisque selon vous, le monde n'a pas encore pris conscience

00:14 véritablement de ce qu'il s'est passé le 7 octobre dernier en Israël.

00:18 Oui, Benjamin, davantage qu'un billet politique, comme j'ai l'habitude de le faire,

00:22 c'est plutôt un témoignage ce matin.

00:24 Je me trouve effectivement en Israël ce matin avec deux figures bien connues des auditeurs de Sud Radio,

00:31 André Berkoff et Elisabeth Lévy.

00:34 Et ce que nous avons vu depuis notre arrivée il y a deux jours,

00:38 particulièrement ce que nous avons vu hier, nous a laissé sidérés, sans voix.

00:43 Nous nous sommes rendus dans un certain nombre de localités dans le sud du pays,

00:47 les localités visées par le pogrom perpétré par le Hamas et ses alliés.

00:52 Nous nous sommes rendus à Oufakim, nous nous sommes rendus à Sderot.

00:57 Et il faut s'imaginer des scènes absolument surréalistes,

01:01 avec un enchaînement de voitures aux vitres éclatées,

01:06 avec des bâtiments qui, sur des dizaines de kilomètres, sont triblés de balles.

01:12 Nous nous sommes, dans la localité de Sderot, nous nous sommes rentrés dans une maison.

01:16 Nous avons, à vue d'œil, avec Elisabeth et André, comptabilisé au moins 200 impacts de balles.

01:22 Il faut s'imaginer 200 impacts de balles dans une toute petite maison avec étage.

01:27 Et ce qui nous a particulièrement frappés par ailleurs, c'est ces rues complètement désertes.

01:34 Il faut savoir que 120 000 personnes, 120 000 Israéliens vivant dans le sud,

01:39 sont désormais logés dans les hôtels, et y compris dans l'hôtel où nous nous trouvons à Tel Aviv.

01:44 Nous sommes avec des habitants. Le soir, dans les couloirs, vous avez des enfants qui sont là, qui jouent,

01:49 des enfants de Sderot, des enfants d'Ofakim, qui sont hébergés dans l'hôtel.

01:54 Nous avons rencontré Gak Levy, 22 ans, c'est l'un des rescapés de la Rêve Partie,

01:58 à l'hôpital de Tel Aviv où il est soigné, puisqu'il a reçu une balle du Hamas dans la jambe.

02:04 Et il nous a raconté ce calvaire, pendant six heures, enfermé dans une caravane,

02:10 avec la jambe éclatée, "pissant le sang", comme il nous l'a dit, pour le traduire un peu trivialement,

02:17 l'arrivée d'Otzahal, son transfert vers Israël.

02:22 Et puis, Benjamin, nous avons eu ce témoignage des soldats d'Otzahal,

02:27 que nous avons rencontrés sur une base militaire.

02:30 Un des soldats nous a dit quelque chose qui nous a glacé le sang.

02:33 Il nous a dit "nous n'avons pas encore rendu public le témoignage de toutes les exactions,

02:39 car nous avons peur de ne pas être crus.

02:42 Nous avons peur que même des amis bienveillants d'Israël ne croient pas le récit de ce que nous avons découvert."

02:49 Et Benjamin, ça m'a rappelé quelque chose.

02:52 Il faut se souvenir qu'après la Shoah, les survivants, les rescapés, à leur retour en France,

02:57 n'ont pas témoigné.

02:59 On mit du temps à parler, on mit des années à parler.

03:02 Pourquoi ? Parce qu'ils avaient peur de ne pas être crus.

03:05 Alors à ceux qui doutent encore du lien à établir entre ce pogrom et ce qui s'est passé en Allemagne et en Europe,

03:14 au plaqueur de l'Europe il y a maintenant 80 ans,

03:17 qui doutent de ce parallèle, je veux leur dire d'écouter cette parole de ce soldat

03:21 et de toutes les victimes que nous avons rencontrées hier.

03:24 Merci pour ce témoignage, Amine El Khatmi.

03:27 Et à tout à l'heure, on vous retrouve bien sûr après le journal de 8h pour continuer d'expliquer,

03:32 de raconter ce que vous avez vu jusqu'à présent sur place en Israël.

03:37 Merci à vous.

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