Le Haut-Karabagh s’est-il rendu à l'Azerbaïdjan - On décrypte le monde

  • l’année dernière
Avec Taline Ter Minassian, professeur d’histoire contemporaine de la Russie et du Caucase

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2023-09-23##

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Transcript
00:00 8h17 sur Sud Radio, les Arméniens du Haut-Karabagh se sont-ils rendus à l'Azerbaïdjan
00:04 après plus de 30 ans d'indépendance de facto ?
00:07 On en parle avec notre invité Taline Terminacion, bonjour à vous !
00:11 - Bonjour ! - Bienvenue sur Sud Radio, vous êtes professeur d'histoire contemporaine
00:16 à l'INALCO, l'Institut National des Langues et Cultures Orientales.
00:19 Je le disais, les Arméniens du Haut-Karabagh se sont-ils tout simplement rendus à l'Azerbaïdjan
00:25 pour parler, on commençait hier, entre l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabagh et la Russie
00:30 en vue, je cite Bakou, de la réintégration pacifique de la population du Haut-Karabagh.
00:36 Est-ce que la guerre est finie ?
00:37 - La guerre est finie techniquement, puisque un cessez-le-feu a été conclu
00:44 il y a déjà trois jours de cela, les opérations militaires n'ont pas duré très longtemps
00:49 comme vous l'avez rappelé, ou en tout cas comme on a pu le constater.
00:54 Maintenant évidemment, toute la question est de savoir quel sera le devenir de cette population
01:02 et la question de garantie de sécurité de cette population au sein d'un Azerbaïdjan
01:09 qui a beau adresser à la communauté internationale des discours bienveillants,
01:18 et bien cet Azerbaïdjan est quand même un État qui est une dictature ultra-nationaliste
01:26 et pas spécialement amicale à l'égard de ses minorités, en particulier de la minorité arménienne.
01:31 Donc toute la question est de savoir ce qui va se produire dans les prochains jours
01:36 et dans les prochaines semaines dans un État de débandade généralisée,
01:42 de disparition des autorités institutionnelles de l'État de facto qui a été construit pendant 30 ans.
01:50 Et donc la question du devenir de cette population, doit-elle sortir et se rendre en Arménie ?
01:58 Mais alors par quelle voie ? Ça supposerait l'ouverture du corridor de la Chine.
02:03 - Et un exil absolument épouvantable, il faudrait le rappeler en plus.
02:06 Mais justement, première question qui est importante, si je peux me permettre ta ligne de termination,
02:11 combien y a-t-il aujourd'hui à peu près d'Arméniens dans la région du Haut-Karabagh ?
02:16 - On les estime à 120 000, en tout cas c'est le chiffre qui est sans arrêt mentionné.
02:23 Vous pensez bien que depuis la guerre de 2020, les va-et-vient des populations les uns avec les autres,
02:30 entre les deux territoires j'entends, on n'a pas le temps de faire un recensement exact.
02:37 Donc le chiffre qui est avancé c'est 120 000.
02:41 - Oui 120 000, ce qui est quand même considérable.
02:42 120 000 civils, puisque les combattants du Haut-Karabagh ont déposé leurs armes,
02:48 et surtout que l'armée arménienne, en tout cas que la République indépendante d'Arménie,
02:52 a renoncé à les défendre, en tout cas n'y arrive plus aujourd'hui, on est d'accord ?
02:57 - Oui, le cessez-le-feu signifie ça, signifie que les Arméniens,
03:03 armée de la République de l'Afghan, mêlée aux forces arméniennes,
03:08 avec qui évidemment ils avaient partie liée, ont déposé les armes.
03:12 - Voilà, c'est ça.
03:13 Exactement, vous disiez l'Arsak, alors je le prononce mal, pardonnez-moi,
03:16 je n'ai pas d'accent arménien, qui est le nom arménien donné au Haut-Karabagh,
03:20 c'est important de le préciser.
03:22 Quelles sont aujourd'hui concrètement les craintes qui pèsent sur l'avenir de cette population,
03:28 de ces 120 000 Arméniens dans la région ?
03:31 - Les craintes sont très concrètes.
03:33 Soit cette population s'en va et on lui donne les moyens de s'en aller,
03:39 mais encore faut-il savoir dans quelles conditions,
03:42 car l'Azerbaïdjan aura, comment dire, tout loisir de décider de l'amnistie ou non,
03:50 des populations masculines, etc., des combattants, enfin tout ça n'est absolument pas clair.
03:55 Et s'ils s'en vont tous, alors l'Azerbaïdjan aura une victoire éclatante,
04:01 ce sera la fin du scénario du nettoyage ethnique qui était à l'œuvre depuis trois ans,
04:07 mais aussi on peut dire depuis un siècle.
04:10 Donc ça c'est un scénario.
04:12 L'autre scénario, c'est qu'une partie de cette population puisse rester,
04:16 mais dans ce cas, selon quelle garantie de sécurité ?
04:20 Devenant des citoyens de l'Azerbaïdjan,
04:24 il faudrait alors que les jeunes gens arméniens de cette région de l'Altsakh
04:29 fassent par exemple leur service militaire au sein de l'Azerbaïdjan,
04:35 ce qui paraît en tout cas pour l'instant complètement invraisemblable,
04:40 sachant d'ailleurs les conditions très invraisemblables de cohabitation
04:45 tout simplement entre les Arméniens et les Azéries.
04:48 Et donc il faudrait à minima une feuille de grotte et des garanties de sécurité
04:54 qui soient intégrées dans l'État azerbaïdjanais,
04:56 sachant que Alief, le dictateur d'Azerbaïdjan,
05:00 refuse absolument d'entendre parler de tout statut pour cette région.
05:07 Alors même d'ailleurs qu'à l'époque soviétique,
05:09 tout de même le Houkh al-Abar était une région autonome,
05:14 donc il y avait un statut, et il ne veut pas en entendre parler.
05:16 Et c'est la raison pour laquelle on va continuer à suivre ce dossier tragique,
05:21 cette histoire tragique, celle de la région arménienne du Haut-Karabakh,
05:24 qui était indépendante de facto et qui s'est rendue cette semaine,
05:27 après près de 30 ans de guerre, plus ou moins larvée aux forces azerbaïdjanaises.
05:31 Merci beaucoup Taline Terminatian.
05:34 Je rappelle que vous êtes professeure d'histoire contemporaine Aline Alko.
05:37 Merci à vous d'avoir pris la parole sur Sud Radio.
05:39 Il est 8h23, je présente...

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