• l’année dernière
Avec Jean-Philippe de Garate, ancien avocat et magistrat auteur de “Un monde perdu” publié aux éditions Le Lys Bleu.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-11-27##

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Transcription
00:00 le premier site d'articles français et patriotes présente
00:04 Sud Radio Bercov dans tous ses états
00:08 le face à face.
00:10 13h07 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face aujourd'hui avec
00:14 Jean-Philippe de Garatt, ancien avocat et magistrat et auteur de ce livre "Un monde perdu"
00:18 c'est aux éditions Le Lisbleuf.
00:20 Jean-Philippe de Garatt, bonjour.
00:22 Bonjour André Bercov.
00:24 Écoutez, on est tous vous accueillis, on vous a déjà accueillis ici,
00:28 vous êtes aussi écrivain, essayiste, vous avez écrit beaucoup de romans
00:32 et ce dernier, "Un monde perdu" donc aux éditions du Lisbleuf
00:38 et vous dites ceci, on l'explique quand on ouvre ce livre que je vous recommande
00:46 auditeurs, résidents de Sud Radio, c'est un roman, mais c'est un roman
00:50 qui parle de faits réels et de quelque chose qui nous occupe beaucoup
00:54 et il dit ceci, de bons amis m'ont demandé pourquoi écrire un tel ouvrage
01:00 la cause est très simple, entre autres, j'ai exercé les fonctions de juge correctionnel à mot
01:06 de 1995 à 2010. Alors, en quoi cela vous a incité, même plus que ça exigé,
01:14 que vous écriviez un tel ouvrage ?
01:16 André Bercov, 9 janvier 2003, "Enlèvement d'Estelle"
01:21 Estelle Mouzin.
01:23 Vous le savez bien, l'Etat a toujours raison dans ce pays, surtout quand il a tort
01:30 par manque d'esprit pratique. L'enlèvement, c'est un crime
01:36 qui va être suivi de deux autres, le viol et l'assassinat.
01:41 Et donc, pour empêcher, pour endiguer cette spirale, il faut aller très vite
01:49 être pratique, avoir une méthode, être opérationnel.
01:54 Les policiers distinguent ce qu'on appelle les raptes propres, et je vais prendre volontairement
01:58 des exemples historiques un peu lointains pour prendre de la distance.
02:02 Le premier exemple en étant Éric Peugeot, en 1960, enlevé, rendu à ses parents
02:08 après le versement d'une rançon dans le 17ème arrondissement de Paris.
02:13 L'enlèvement sale, c'est le cas en 1964 d'un petit garçon de 10 ans, je rappelle
02:19 qu'Estelle a 9 ans, Luc Taron, par Lucien Léger, au métro Villiers, dans le 17ème
02:25 arrondissement, par l'étrangleur. Pourquoi je vous parle du 17ème arrondissement
02:30 et des années 60 ? C'est parce que des enfants très proches de moi ont été enlevés
02:35 dans le 17ème arrondissement, dans les années 60, et que c'est la réaction immédiate
02:40 des proches et un peu de chance qui ont permis de faire échec à cet enlèvement.
02:45 Le moins que je puisse en dire, c'est qu'avant d'exercer les fonctions que j'ai exercées,
02:51 j'étais sensibilisé à ces choses. Dans les années 60, André Bercoff, la police
02:57 à Paris était partout. Il y avait des bornes d'appels, des commissariats de quartier
03:02 ouverts 24h/24, 365 jours. - Dans les années 60 ?
03:06 - Dans les années 60. Des motards à pied, en voiture, des contrôles, mais surtout,
03:14 on oublie toujours les détails, on oublie toujours l'esprit pratique. Les vitres teintées
03:20 étaient interdites. Les fourgons, les camionnettes étaient systématiquement ouvertes par la police.
03:27 Vous ouvriez vos portes. Alors, j'ai le souvenir personnel d'avoir vu ouvrir ces portes
03:33 de, vous savez, ces berlingots style Louis la Brocante de ces années-là. Il y avait
03:39 des concierges, les gens étaient réactifs dans la rue. Alors, les juristes sont bien
03:43 gentils avec leur cadre légal, avec l'interdiction de ceci-cela, mais le premier droit, c'est
03:50 le droit à la vie. Évidemment. Et dans les années 90, à Arlington, au Texas, une petite
03:59 fille de 9 ans, Amber, a été enlevée et assassinée. Les Américains ont tous les
04:05 défauts de la terre, mais ils ont l'esprit pratique et ils se sont aperçus que c'était
04:09 bien joli, la police, le shérif, le FBI, les pompiers, la garde nationale, les hélicoptères,
04:15 les hommes grenouilles, les barrages sur les routes, mais qu'on avait oublié l'essentiel
04:19 qui était le temps. Le temps, il faut arrêter, figer le temps pour éviter qu'on passe
04:28 de l'enlèvement aux deux crimes qui vont suivre. On arrête tout, on ne travaille plus,
04:34 on bloque la zone, une large zone, et on ouvre toutes les portes.
04:40 Toutes les portes des voitures, toutes les portes de tout.
04:43 Toutes les portes des maisons. Toutes les portes des écoles, des églises, de tous
04:48 les lieux. Et Amber Tallert, qui a été donc, Amber c'est le prénom de cette petite Texane,
04:55 a été transposée par Nicole Gage en 2005. C'est un ministre qui n'a pas fait long feu,
05:01 elle est restée je crois un an. Il y a des ministres qui restent très longtemps et qui
05:05 ne font rien, il y a des ministres qui passent assez rapidement et qui font quelque chose.
05:09 Amber Tallert a été transposée en France, 2005, Estelle a été enlevée en 2003, et
05:16 pour qu'Amber Tallert soit mise en place, il faut quatre conditions. La première, c'est
05:22 que la personne enlevée soit un mineur, en réalité ce sont des enfants. En second lieu,
05:28 que l'enlèvement soit, comment dire, révélé. L'enfant n'est pas aux urgences de pédiatrie
05:35 ou chez ses copains. La troisième condition, c'est que l'enlèvement doit impliquer un
05:40 risque de mort immédiat, ce qui exclut la quasi-unanimité de ces enlèvements entre
05:48 les parents lors des procédures de divorce, on appelle ça des enlèvements, en réalité
05:52 l'enfant est chez le père ou la mère. Et surtout, l'enlèvement doit impliquer ce
06:00 risque de mort, mais la zone géographique et le type de véhicule doit être déterminé.
06:07 Et j'en reviens à cet aspect pratique, c'est qu'on ne peut pas ouvrir les véhicules
06:13 comme ça. Dans le cas d'Estelle, on va y revenir.
06:18 On va en parler du cas d'Estelle, vous avez exposé la chose, on va prendre une petite
06:23 pause et on va entrer dans le vif du sujet. Estelle Mouzin, Monique Olivier et Jean-Marc
06:30 Fourniret.
06:32 Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente
06:36 Ici Sud Radio, les Français parlent au français, je n'aime pas la blanquette de veau.
06:48 Je n'aime pas la blanquette de veau.
06:51 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
06:55 Et la justice aussi dans tous ses états. On en parle parce que demain, à la cour d'assise
07:04 des Hauts-de-Seine, à Nanterre, commence le procès de Monique Olivier.
07:11 Qui est Monique Olivier ? C'est l'ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret.
07:15 Elle est jugée devant la cour d'assise à partir de demain pour complicité dans l'enlèvement
07:21 d'Estelle Mouzin en 2003 et aussi dans l'enlèvement, le meurtre et le viol de Marie-Angèle Domesse
07:26 en 1988 et de Johanna Parrish en 1990.
07:31 On va en parler et on va surtout parler d'Estelle Mouzin qui avait 9 ans lorsqu'elle a disparu
07:37 sur le chemin qui la menait de son école au domicile familial le 9 janvier 2003.
07:41 Donc il y a un peu plus de 20 ans dans la petite ville de Guermante en Seine-et-Marne.
07:47 Alors justement, et je rappelle simplement que l'ancien mari de Monique Olivier, le tueur en série
07:54 Michel Fourniret, avait reconnu être l'auteur de son assassinat.
07:57 Il est décédé en prison en mai 2021 et donc c'est Monique Olivier, son ex-épouse,
08:02 qui va être effectivement présente et jugée pour complicité.
08:07 Alors Jean-Philippe de Garattes, en quoi cette histoire, en quoi vous êtes vous,
08:13 à propos de vos fonctions, de présents en fonction, être attaché à cette histoire ?
08:18 J'étais magistrat à Maud entre 1995 et 2010
08:23 et l'enlèvement ayant lieu à Guermante le jeudi 9 janvier 2003,
08:29 je l'ai appris le lundi suivant, le 13 janvier,
08:33 ça a commencé par l'affaire de Guermante.
08:37 Et je voudrais dire ici quelque chose qui peut paraître un peu décalé, mais que j'ai ressenti très profondément.
08:43 Guermante c'est un village, c'est pas une ville, c'est un village tout en longueur, avec de larges pelouches.
08:50 Combien d'habitants à peu près ?
08:51 Je ne pourrais vous dire, parce que c'est dans la conurbation de Bussy-Saint-Georges
08:55 et maintenant, j'allais dire pris dans la grande, comment dire, banlieue de Mickey, de Disney, du RER A.
09:04 Guermante avant était plutôt dirigée vers Maud,
09:09 mais le fait de ces transports en commun ont dirigé les cadres.
09:14 Revenons à Guermante.
09:18 Guermante c'est un village en longueur, avec un château, un golfe, c'est assez résidentiel.
09:24 Et tout de même, nous ne sommes pas n'importe où.
09:30 Nous sommes en France.
09:34 Guermante ce n'est pas n'importe quel nom, et ce que je vais dire va peut-être paraître décalé,
09:40 mais Marcel Proust, la recherche est en perdu, le côté de Guermante.
09:46 Je cite "Et le nom de Guermante d'alors est aussi comme un de ces petits ballons dans lesquels on a enfermé l'oxygène."
09:54 J'ai eu la première sensation qui était la mienne, c'était celle d'une profanation.
10:00 Et c'est un mot que je veux employer à plusieurs reprises dans cette affaire,
10:04 parce qu'on a non seulement profané un enfant, on a non seulement profané son environnement,
10:11 mais on a marqué à jamais un village.
10:15 Guermante ne sera plus jamais le Guermante de Proust,
10:19 et d'ailleurs, je ne sais plus quel collègue avait employé cette expression,
10:24 "la princesse de Guermante", en parlant d'Estelle.
10:28 Alors donc, vous apprenez cela, qu'est-ce qui s'est passé, comment ça a été vécu,
10:34 c'était il y a 20 ans maintenant, et comment vous, magistrat,
10:40 vous avez été, est-ce que vous avez été impliqué et comment dans cette affaire ?
10:45 - J'ai été présidé, ou j'étais l'assesseur d'audience correctionnelle,
10:49 avec des assesseurs qui étaient des juges d'instruction.
10:53 J'ai vu, parce qu'il y a eu une grande litanie de juges d'instruction, je ne sais plus, je crois sept,
11:00 et j'ai vu tout ce à quoi nous avons assisté,
11:05 la destruction en 2008 d'un restaurant asiatique,
11:09 qui a coûté 300 000 euros de remise en état pour l'État,
11:14 parce que le juge d'instruction avait entendu dire qu'il avait sous la plaque de béton des restes humains.
11:20 On en était là !
11:22 - Et c'était, c'est avéré complètement...
11:24 - C'était des os de poulet, de cheval, enfin de mouton, ce que je veux dire par là...
11:29 - Tout le monde cherchait partout, etc.
11:32 - La sensation que j'en garde, c'est celle d'une perdition.
11:35 La police, elle, est intervenue assez vite, mais c'est le SRPJ de Versailles, nous sommes à mot,
11:41 c'est pas la porte à côté, quand je dis que l'État n'a pas de sens pratique,
11:46 un SRPJ à Versailles, avec une antenne à mot, ce n'est pas franchement une très bonne organisation.
11:52 Mais il y a eu toutes sortes de choses, par exemple,
11:56 le père d'Estelle, Éric Mouzin, qui tous les ans a organisé une réunion à la mairie de Guermante,
12:03 pour sensibiliser, et pour que cette affaire ne soit pas...
12:07 - Et il y avait les photos partout, les photos d'Estelle Mouzin partout...
12:10 - Il y avait dans la gare de l'Aise, dans la gare de Maud, etc.
12:14 Mais, de toutes les façons, aujourd'hui, nous savons que tout ça était trop tard,
12:19 nous savons, et on va en parler dans le détail ensuite,
12:23 le rôle de Monique Olivier dans cette...
12:26 - Dans cette affaire. - Dans cet assassinat.
12:29 La police, mais je le raconte dans ce livre, parce que
12:33 il y a des choses qui paraissent dépasser l'entendement,
12:36 a été extraordinairement précise,
12:40 mais le juge d'instruction a demandé à la partie civile, je dis bien la partie civile,
12:45 de payer la numérisation des 70 tômes.
12:49 Ce n'est pas, je suis désolé, on consacre beaucoup d'argent pour notre pôle financier,
12:55 c'est très important de faire condamner le député Duchemolle ou le président Bismuth,
13:01 mais c'est peut-être plus important de retrouver nos enfants.
13:05 On peut peut-être consacrer un peu d'argent pour ces affaires,
13:10 or là, la numérisation du dossier n'a pas été faite,
13:14 et de toutes les façons, la meilleure preuve de ce que je vous dis,
13:17 puis je vais ajouter un dernier point ensuite,
13:20 la meilleure preuve, c'est que ce dossier a été délocalisé de mots à Paris.
13:25 On a retiré ce dossier au juge d'instruction, parce que les choses n'avançaient pas.
13:30 - Et juste aussi aujourd'hui, je passe Estelle Mouzin, on sait exactement quand elle est morte.
13:35 - Alors, c'est la grande question qui sera posée à Monique Olivier,
13:40 je ne vais évidemment pas rentrer dans le procès qui va s'ouvrir,
13:43 et qui aura trois semaines pour faire la lumière.
13:47 Je voudrais juste dire la chose, attendez, je voudrais juste dire une chose sur la police.
13:51 La police a fait un travail remarquable, elle n'a pas toujours été écoutée.
13:55 - D'accord.
13:57 - La deuxième chose, c'est que dans ce roman, je parle d'un policier
14:02 qui en est allé jusqu'à consulter des sorcières vaudous,
14:07 pour vous dire à quel point, comment dire,
14:11 à la fois il y avait les méthodes que l'on connaît de la police,
14:15 mais qu'on nageait dans un océan d'incertitude.
14:19 Et puis je voudrais revenir maintenant sur ce que vous disiez précisément sur cette affaire.
14:25 Il y a ce qu'on pourrait appeler un esprit provincial dans les recherches.
14:30 Je n'ai rien contre la province, mais le fait que fournirait cet ardennais
14:34 l'a exclu pendant longtemps des recherches qui ont été opérées à Nantes,
14:39 ou dans la région des Mille-Ger...
14:41 - Et pourquoi ? Pourquoi ça l'a exclu ?
14:43 - Parce qu'on considérait que ce crime était un crime régional,
14:47 et que le prédateur devait être soit à Paris, soit à Meaux,
14:51 en tout cas on n'imaginait pas un ardennais qui s'inflige,
14:55 enfin qui s'inflige, qui fasse de tels repérages en Seine-et-Main,
14:59 car on sait qu'il y a eu des repérages,
15:01 et on sait aussi qu'il a même eu une dénonciation,
15:04 j'en reviens toujours à cet aspect pratique,
15:07 de ce fourgon sans vitre que Fourniray utilisait.
15:13 - Et donc, bon, Fourniray a été longtemps hors de cause,
15:19 mais encore une fois je vous avais posé la question,
15:21 est-ce qu'on sait quand, enfin, elle a été enlevée en 2003, on se rappelle ?
15:26 - Elle a été enlevée le jeudi 9 janvier 2003 à Guermande,
15:30 vers 18h30-19h, sa grande soeur l'attendait,
15:33 elle ne l'a pas vue venir.
15:35 - Et alors, elle a été tuée, est-ce qu'on sait quand elle a été tuée ?
15:38 - Elle a été enlevée par Fourniray, et conduite dans les Ardennes, vivante.
15:43 Et la chose la plus importante pour moi,
15:45 c'est le seul point qui compte dans cette affaire,
15:48 vue de l'extérieur encore une fois,
15:50 c'est que Monique Olivier a gardé cet enfant pendant un jour.
15:56 Fourniray n'était pas là le vendredi 10 janvier 2003.
16:02 Et on peut dire ce qu'on veut, ce n'est pas à moi d'accabler,
16:06 vraiment, ce n'est pas dans ma psychologie,
16:08 ni dans mes habitudes de frapper les gens à terre,
16:12 mais cette femme, elle a plus de 70 ans,
16:14 elle a eu trois enfants.
16:16 Trois garçons dont aucun, à notre connaissance, n'a été violenté,
16:20 ni aucun n'a été tué.
16:22 Et la question qui pour moi résume tout,
16:25 est-elle restée dans les Ardennes sous la garde de cette femme pendant un jour ?
16:32 Un jour pendant lequel, c'est long un jour,
16:35 on en revient toujours à cette notion du temps.
16:38 - Mais elle a été, je vous répète la question,
16:40 mais peut-être que vous ne savez pas,
16:42 est-ce qu'on sait quand elle a été assassinée ?
16:45 - Alors, de ce que l'on peut savoir,
16:48 Fourniret n'était pas là le 10 janvier.
16:52 Donc elle n'a pas été assassinée le 9,
16:56 ni dans la journée du 10,
16:58 puisqu'elle était sous celle qui était comme une gardienne de l'enfer,
17:02 puisqu'elle savait le sort que cette petite fille allait subir.
17:07 - Elle était complice à ça ?
17:08 - Non, je n'aime pas, je ne pense pas que le terme soit adapté juridiquement,
17:14 c'est un co-auteur.
17:17 - Alors elle était quoi ?
17:18 - C'est un co-auteur.
17:19 - Mais donc, pardon, on va continuer, Jean-Philippe de Caracte,
17:23 on a le temps.
17:24 Mais je répète encore une fois ma question,
17:27 est-ce qu'on sait ou on ne sait pas,
17:29 c'est peut-être le procès qui le montrera,
17:32 on sait quand elle a, on lui a ôté la vie, disons cela comme ça ?
17:36 - Je ne le sais pas.
17:37 - D'accord.
17:38 - En tout cas, elle était vivante 10.
17:40 - D'accord.
17:41 - Donc il y a eu après, alors on va en parler,
17:45 et je voudrais justement, parce que votre roman le raconte,
17:48 à votre amie, vous avez fait un roman,
17:50 vous avez beaucoup parlé de cela, et c'est très bien,
17:52 donc je rappelle le monde perdu,
17:54 on va en parler de ce qui s'est passé, de ce qu'il y a eu,
17:57 parce que l'affaire Mouzin a enflammé toute la France,
18:00 et évidemment, et pour cause, et a raison,
18:02 on va en parler tout de suite après cette petite pause,
18:04 à tout de suite.
18:06 Terre de France.fr,
18:07 le premier site d'articles français et patriotes présente
18:10 Ici Sud Radio,
18:14 les Français parlent au français,
18:19 les carottes sont cuites,
18:21 les carottes sont cuites.
18:24 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
18:27 L'enlèvement d'Estelle Mouzin, et là son assassinat ensuite,
18:33 Jean-Philippe Decarate, vous le racontez,
18:35 enfin vous le racontez dans votre livre,
18:37 mais je voudrais rappeler aux auditeurs,
18:39 parce que tout le monde entend parler de cette horrible affaire,
18:42 mais comment ça s'est passé en fait ?
18:47 Elle avait, donc justement, Estelle Mouzin,
18:50 la petite Estelle Mouzin,
18:52 elle était seule à ce moment-là,
18:54 comment Fourniret a pu l'enlever ?
18:57 - Fourniret a fait des repérages.
18:59 Et la deuxième chose, c'est que nous étions au mois de janvier,
19:02 il faisait nuit,
19:03 elle rentre à 18h30 de l'école,
19:05 elle est accompagnée d'une amie,
19:08 elle passe devant la boulangerie,
19:10 son amie rejoint son propre domicile,
19:12 et elle, elle a quelques centaines de mètres à peine.
19:16 Nous sommes à Guermande, c'est un village très allongé,
19:19 avec des grandes étendues herbeuses,
19:21 avec des arbres, nous sommes en hiver,
19:24 et donc elle est seule pendant quelques centaines de mètres.
19:27 Et ça suffit.
19:29 Et d'ailleurs, Éric Mouzin en voudra beaucoup à l'institution
19:33 de ne pas avoir relevé, parce qu'il y en a des détritus,
19:37 de je ne sais quoi, de, comment dit-on,
19:40 de nourriture ou de genre de choses,
19:43 qui n'ont pas été, qui ont été perdues,
19:45 qui n'ont pas été prélevées.
19:47 Il y a beaucoup de ce genre de choses dans le dossier.
19:49 On a oublié, on n'a pas fait.
19:52 - Oui, et donc, voilà, et ça s'est passé,
19:55 comme vous dites, quelques centaines de mètres suffisent,
19:57 quelques secondes suffisent pour faire cela.
20:00 Et qu'elle a été juste après ?
20:03 Donc, on apprend la disparition d'Estelle Mouzin,
20:07 et pendant des mois et des mois et des mois,
20:10 effectivement, son portrait s'affichait partout,
20:13 on l'a vu à la télévision,
20:15 on le voyait sur les murs,
20:17 même pas seulement de Guermande,
20:20 mais à Paris, partout,
20:22 dans toute la France, etc.
20:24 Et c'était quelque chose auquel,
20:28 à ce moment-là, les gens voyaient ça,
20:30 et puis ils disaient, voilà,
20:32 et vous avez vu, vous avez assisté
20:34 aux réunions de famille des Mouzins, à ce moment-là ?
20:36 - J'ai assisté à deux reprises
20:39 aux assemblées générales de l'association à Guermande,
20:43 qui était présidée par le père,
20:45 et je peux vous dire qu'il n'y avait pas de foule
20:47 à la mairie de Guermande.
20:49 - D'accord.
20:50 - La deuxième chose que je peux vous dire,
20:52 c'est que, dans le flot des affaires,
20:56 parce que l'administration judiciaire
21:00 s'occupe de tout,
21:02 elle n'a pas un grand sens des priorités,
21:05 je le dis, alors il faut être juste,
21:07 le parquet, le procureur de mots,
21:09 dès le lendemain, a ouvert une...
21:12 a, comment dire, requis l'ouverture
21:14 d'une information judiciaire pour séquestration,
21:16 enlèvement et séquestration,
21:18 mais le SRPJ, je vous dis, arrive de Versailles.
21:21 Je voudrais rappeler,
21:23 pour que les choses paraissent bien justes
21:26 dans l'esprit des auditeurs,
21:28 comment les magistrats peuvent appréhender
21:31 ce genre de choses.
21:33 La première chose, c'est qu'il y a 30 000 disparitions
21:35 par an en France.
21:37 Il y en a 25 000 qui sont volontaires,
21:39 ce sont les gens surendettés ou qui veulent quitter leur...
21:42 - Qui disparaissent volontairement.
21:44 - Qui disparaissent, ce qui veut dire
21:46 qu'il y en a 5000 involontaires.
21:48 Alors, parmi les 5000 involontaires,
21:50 il y a des accidents.
21:51 L'exemple type qu'on donne toujours,
21:53 c'est l'infirmière entre deux patients
21:55 dans le massif central,
21:57 qui a disparu comme ça,
21:59 avec son véhicule, on l'a retrouvé le véhicule
22:01 dans un étang,
22:03 dix ans plus tard.
22:05 Mais il y a tout de même un chiffre noir,
22:07 et dans mon livre, je parle d'un phénomène
22:11 qui m'a toujours stupéfait,
22:13 les maternités.
22:15 Vous entrez dans les maternités
22:17 comme dans un moulin.
22:19 Quand j'étais enfant, je suis allé voir
22:21 des amis ou des cousines qui avaient des enfants.
22:23 Il y a beaucoup d'affaires dans les maternités.
22:27 Et ça ne date pas d'aujourd'hui.
22:29 Les enlèvements, les substitutions d'enfants.
22:31 Donc, ce que je veux dire par là,
22:33 c'est qu'il y a un chiffre noir,
22:37 des boîtes de nuit,
22:39 des soirées chez les amis,
22:41 des mauvaises rencontres dans les parkings,
22:43 et que donc, pour les magistrats,
22:45 l'histoire d'Estelle
22:47 était à la fois un peu atypique,
22:49 mais elle rentre, si vous voulez,
22:51 dans le flot.
22:53 - Oui, donc on s'y intéresse,
22:55 mais il y a toutes les autres affaires
22:57 qui sont là.
22:59 - Et on s'y intéresse parce que le père résiste.
23:01 La grande différence dans cette affaire,
23:05 j'ai entendu des horreurs.
23:07 Alors je vais les dire,
23:09 mais elles seront entendues ou pas.
23:11 Lorsque le portrait robot
23:15 du kidnappeur a été affiché,
23:19 j'ai entendu "Ah, on dirait le père d'Estelle".
23:23 Donc, pour vous dire,
23:25 on entend... - Et n'importe quoi.
23:27 - Voilà. Et je n'ai pas entendu ça
23:29 au café du commerce. - Oui, je comprends.
23:31 - Donc, tout cela, pour vous dire,
23:33 c'est un flot,
23:35 et on ne peut pas,
23:37 j'en reviens à ce que je disais en introduction,
23:39 on ne peut pas faire échec
23:41 à un enlèvement
23:43 si toute la population n'est pas présente.
23:45 - Si tout le monde ne se mobilise pas.
23:47 - Et que l'on fait,
23:49 Albert, pas seulement avec les pompiers,
23:51 les gendarmes, etc.,
23:53 avec toute la population.
23:55 - Oui, mais enfin, on peut répondre,
23:57 pardon, je me fais l'avocat, non pas du diable,
23:59 mais si on peut répondre, oui,
24:01 mais tout le monde a un métier, des occupations, etc.
24:03 - Mais il faut savoir quelles sont les priorités.
24:05 - Oui.
24:07 - Il est important de servir un boc de bière
24:09 à un client lorsqu'on est garçon de café,
24:11 il est important d'arrêter son activité,
24:13 de concourir à ce qu'un enfant puisse vivre.
24:15 Il me semble tout de même que dans ce pays,
24:17 c'est la première des richesses,
24:19 quand on voit en plus
24:21 la pyramide des âges
24:23 dans notre pays, il serait peut-être temps
24:25 de protéger nos enfants.
24:27 - Certes, mais vous devez,
24:29 je crois que là-dessus, personne ne vous donnera tort,
24:31 Jean-Philippe de Caracte, mais alors,
24:33 continuons, quand est-ce que les,
24:35 juste pour rappeler l'histoire,
24:37 parce que c'est important, et puis on va déboucher
24:39 sur d'autres, on va élargir
24:41 le champ, bien sûr, mais
24:43 quand est-ce que les gens ont commencé,
24:45 que les soupçots ont commencé
24:47 à converger sur Fourniret ?
24:49 - Fourniret a été arrêté,
24:51 non pas
24:53 parce que Monique Olivier l'a dénoncée,
24:55 non pas
24:57 parce que la police française
24:59 l'a arrêtée, mais parce qu'une
25:01 jeune fille de 12 ans,
25:03 dont le nom
25:05 m'échappe, Marie Angélique, ou un nom
25:07 approchant, en Belgique,
25:09 a réussi à lui échapper,
25:11 s'est fait, comment dire,
25:13 prendre en stop par une dame
25:15 qui a fait un
25:17 demi-tour et qui a
25:19 rencontré par hasard le véhicule
25:21 de Fourniret. Il a été
25:23 donc, à ce moment-là,
25:25 interpellé
25:27 et arrêté en Belgique,
25:29 puis extradé, pardon,
25:31 en 2006.
25:33 - C'est en 2006, ça ? - Oui, ce que je voudrais dire,
25:35 c'est que Fourniret,
25:37 quand on parle de Monique Olivier,
25:39 il était en prison pour des affaires
25:41 de mœurs, en 1987,
25:43 lorsqu'elle lui a écrit et qu'elle l'a
25:45 épousée, et que les crimes
25:47 ont commencé ensuite,
25:49 nous sommes en 2003.
25:51 - Et donc,
25:53 pour vous,
25:55 Monique Olivier, sans faire, on ne va pas
25:57 devancer le procès, mais quand même,
25:59 vous, quand je vous ai dit complice, vous dites non,
26:01 vous dites, elle est co-auteur.
26:03 - Mais je parle de profanation,
26:05 parce que c'est vraiment le mot qui me
26:07 semble s'imposer.
26:09 On a profané
26:11 la vie d'un enfant,
26:13 on a profané son entourage,
26:15 on a profané un village,
26:17 et
26:19 le nom même d'Olivier,
26:21 c'est un
26:23 arbre de paix.
26:25 - Oui.
26:27 On aurait envie de
26:29 ricaner si on n'avait pas envie d'en pleurer.
26:31 Vous avez raison, mais
26:33 au fond, donc,
26:35 il se passe ceci,
26:37 je termine, donc, Fournir est
26:39 arrêté, et quand est-ce qu'il avoue ?
26:41 - Très tard.
26:43 En réalité, il y a un alibi,
26:45 mais alors, enfin, je ne vais pas faire le procès du procès.
26:47 Monique Olivier
26:49 dit qu'il a passé un coup de téléphone
26:51 des Ardennes à son fils,
26:53 et on le tient, on tient cette chose
26:55 pour acquis, très bien,
26:57 et il faut qu'elle
26:59 démonte cet argument
27:01 pour qu'il avoue
27:03 en 2020, il meurt en 2021.
27:05 - L'arrêt en 2020 ?
27:07 - Nous sommes en deux... - Sept ans
27:09 après le crime.
27:11 - Absolument.
27:13 Donc,
27:15 voilà. - On va en parler,
27:17 on va en parler avec les auditeurs de Sud Radio,
27:19 parce que c'est un drame qui a touché
27:21 tout le monde, et puis au-delà de ça, on va parler de la justice.
27:23 À la veille,
27:25 donc, du procès de Monique Olivier.
27:27 - Oui, juste après cette petite pause, on prendra vos appels
27:29 au 0826 300 300,
27:31 on est toujours avec Jean-Philippe Caratte, qui est notre invité,
27:33 de ce Face à Face, aujourd'hui,
27:35 à tout de suite sur Sud Radio.
27:37 - "Suction désenchantée",
27:39 Mylène Farmer, les années 90.
27:41 Jean-Philippe de Caratte,
27:43 vous avez intitulé votre roman
27:45 "Un monde perdu".
27:47 "Un monde perdu", aux éditions du Lice Bleu.
27:49 Pourquoi "Un monde perdu" ?
27:51 - Mylène Farmer,
27:53 c'était une génération désenchantée,
27:55 quand vous perdez un enfant,
27:57 vous perdez tout un monde.
27:59 Et la seule solution,
28:01 c'est de tourner le dos
28:03 à ce monde.
28:05 C'est l'histoire de ce roman,
28:07 d'un homme qui change tout,
28:09 qui va d'ailleurs quitter son pays, etc.
28:11 Et Éric Mouzin,
28:13 lors de la dernière réunion
28:15 de son association, a dit
28:17 "20 ans", et il a maintenant 68 ans.
28:19 Et il s'est battu
28:21 pendant 20 ans,
28:23 il a réussi,
28:25 mais on a réussi jusqu'à un certain point,
28:27 puisque quand je parlais de profanation,
28:29 je rappelle tout de même
28:31 que la dépouille d'Estelle n'a toujours pas
28:33 été retrouvée.
28:35 - Ah oui, on ne sait toujours pas rien.
28:37 - Alors qu'il y a eu des fouilles, et qu'il faut rendre hommage,
28:39 là il faut être juste, il faut rendre hommage
28:41 à l'avocate et au juge d'instruction parisien,
28:43 qui ont été remarquables,
28:45 mais...
28:47 trop tard.
28:49 Trop tard !
28:51 - Ça c'est... ouais.
28:53 Et jusqu'à aujourd'hui, vous pensez que
28:55 Monique Olivier... - Je ne pense pas.
28:57 Je ne pense pas, je ne suis pas dans
28:59 la tête de cette femme, je voudrais juste dire
29:01 que lorsqu'on joue avec les portes de l'enfer,
29:03 on s'expose à réouvrir
29:05 d'un débat, et
29:07 je voudrais dire la chose suivante.
29:09 Nous vivons dans un monde,
29:11 nous ne sommes pas dans un
29:13 bocal indépendant.
29:15 La Hongrie,
29:17 l'Italie, la Hollande,
29:19 la peine de mort, de toutes les façons,
29:21 que l'on le veuille ou que l'on ne le veuille pas,
29:23 va être un thème
29:25 qui va ressurgir en France.
29:27 - Évident.
29:29 C'est déjà commencé d'ailleurs.
29:31 - Il y a des arguments contre l'erreur judiciaire,
29:33 la tractivité
29:35 paradoxale,
29:37 Jean Genet en parle très bien, le condamné à mort en prison,
29:39 il passe pour un dieu,
29:41 le fait que dans un état athée,
29:43 on ne puisse infliger
29:45 une peine qui est
29:47 réservée à Dieu, et puis surtout
29:49 l'argument fort, c'est que la mort
29:51 n'est pas une peine.
29:53 Tout le monde va mourir, autour de cet homme,
29:55 nous n'allons plus se mourir. - Oui, mais si on a trois ans,
29:57 tout le monde va mourir, mais on peut mourir plus ou moins
29:59 tôt, ou moins tard. - Exactement.
30:01 Et alors, quand vous regardez
30:03 les arrêts
30:05 des chambres ardentes
30:07 ou des tribunaux ecclésiastiques,
30:09 vous vous apercevez, dans le passé,
30:11 que lorsque la peine de mort était
30:13 infligée, ce n'était pas la mort qui était infligée.
30:15 On disait, cette femme,
30:17 cet homme, a ouvert
30:19 les portes de l'enfer.
30:21 Et c'est exactement la sensation
30:23 que l'on a dans cette affaire,
30:25 c'est-à-dire qu'il y avait un village paisible,
30:27 avec une jeune fille
30:29 qui avait une vie de collégienne,
30:31 avec une maman, une soeur,
30:33 et tout d'un coup, quelqu'un arrive
30:35 et elle concourt, c'est pour ça
30:37 que la complicité, pour moi, c'est la coaction,
30:39 elle concourt à ouvrir
30:41 les portes de l'enfer.
30:43 Et donc, il faut être pratique.
30:45 C'est quoi la terre ?
30:47 La terre, c'est une surface de 13 km,
30:49 on n'a jamais réussi à perforer davantage que 13 km.
30:51 Et au centre, c'est quoi ?
30:53 C'est du feu.
30:55 Donc, ouvrir les portes de l'enfer lorsqu'on vit près d'un volcan,
30:57 ça veut dire quelque chose.
30:59 Et lorsque, soit l'Église,
31:01 soit l'État condamnaient quelqu'un
31:03 à la peine capitale, auparavant,
31:05 c'était "on vous renvoie vers votre enfer".
31:07 Nous n'acceptons pas
31:09 que les portes de l'enfer soient ouvertes sur terre.
31:11 - Et alors, écoutez,
31:13 Quid, moi, j'ai une phrase
31:15 qui m'a beaucoup frappé, effectivement,
31:17 c'est l'écrivain Alphonse Carre.
31:19 Alphonse Carre disait, on a écrit en fin 19e
31:21 début du 20e siècle,
31:23 il disait "écoutez, moi, je suis contre
31:25 la peine de mort à une seule condition,
31:27 que messieurs les assassins commencent".
31:29 Est-ce qu'il n'y a pas un vrai problème
31:31 qui est posé ? Parce que
31:33 quand on dit "oui, mais ça ne ramènera pas
31:35 la personne qui est morte",
31:37 "oui, mais ceci", "oui, mais c'est pas l'exemplarité",
31:39 "on ne va pas refaire
31:41 le débat sur la peine de mort,
31:43 encore que je compte l'organiser
31:45 bientôt", pourquoi ne pas
31:47 parler de tout, y compris de ça,
31:49 sur cette peine de mort et cette peine de vie ?
31:51 Vous, quelle est votre...
31:53 je dirais,
31:55 ma conviction, votre partie
31:57 là-dessus, Jean-Philippe Dengarate ?
31:59 - Je vous ai dit, il y a plusieurs arguments
32:01 contre, et ce qui me semble plus important,
32:03 c'est que ce n'est pas une peine.
32:05 La connexion
32:07 entre la mort
32:09 et la peine me semble quelque chose...
32:11 Il n'y a...
32:13 J'ai fait, il n'y a pas très longtemps,
32:15 une conférence devant des étudiants
32:17 en langue anglaise de toute nationalité
32:19 des Malais, des Canadiens,
32:21 pour l'Institut d'économie scientifique
32:23 et de gestion à Lille, Paris, la Défense,
32:25 il y avait également une Texane,
32:27 et cette Texane
32:29 a dit, elle avait 23 ans,
32:31 "je suis favorable à la peine
32:33 de mort parce que je ne suis pas
32:35 d'accord pour payer
32:37 l'entretien et l'hôtellerie
32:39 de quelqu'un qui a ouvert
32:41 les portes de l'enfer aux Etats-Unis
32:43 in God we trust."
32:45 Et donc, je ne veux pas
32:47 l'entretenir. - Bien sûr, pendant
32:49 40 ou 50 ans... - Je rappelle que
32:51 Lucien Léger restait 40 ans en prison.
32:53 - Ouais, ouais. Non mais, donc,
32:55 personnellement,
32:57 encore une fois, vous êtes
32:59 pour que ce débat
33:01 ait lieu. - Le débat, de toutes les
33:03 façons, la tendance lourde
33:05 sur le plan politique auquel nous nous assistons,
33:07 qu'on le veuille, qu'on ne le veuille pas,
33:09 il faut arrêter de prendre ses désirs pour des
33:11 réalités, il faut voir la réalité en face.
33:13 Je suis désolé, il y a eu un jeu de mots
33:15 qui a été fait un jour sur Fourniret,
33:17 Gilles De Rais. - Gilles De Rais,
33:19 oui. Le fameux
33:21 seigneur qui a tué
33:23 combien, des milliers, des milliers de...
33:25 - Oui, on ne le sait pas très bien, et alors, ce qui est
33:27 extraordinaire dans cette histoire, c'est que
33:29 c'était un compagnon qui écrivait à
33:31 John Arc. - Oui, ça c'est encore autre chose.
33:33 Mais dites-moi, est-ce qu'on ne parle pas, dans
33:35 le cas de Fourniret, il y a aussi,
33:37 il y a de la pédocriminalité.
33:39 - Ben ça, c'est évident.
33:41 De toutes les façons, la commercialisation
33:43 des corps,
33:45 la commercialisation
33:47 de tout, ce n'est pas
33:49 un scoop.
33:51 Le trafic d'organes,
33:53 ce n'est pas un scoop.
33:55 On ne veut voir... Le drame,
33:57 c'est le nombrilisme, ce que j'appelle l'esprit provincial,
33:59 on veut toujours résoudre
34:01 les questions en oubliant que l'Afrique, l'Asie
34:03 existent. Mais on ne peut pas
34:05 s'en abstraire. La Méditerranée, c'est
34:07 pas très large. Les vols
34:09 aériens sont assez importants,
34:11 les containers qui nous
34:13 arrivent de Chine et d'ailleurs,
34:15 ils arrivent par dizaines de milliers
34:17 chaque jour. Donc, il faut arrêter
34:19 de se voiler la face et de penser,
34:21 comme certains, dans le centre de Paris,
34:23 que tout se résout par les petits oiseaux
34:25 et des plantes vertes. - Et les ballons
34:27 et les bouquets de fleurs.
34:29 - Exactement. - Et les marches blanches.
34:31 - Et les marches blanches, c'est bien
34:33 Proust, mais la princesse de Guermande,
34:35 maintenant, c'est Estelle. - Oui,
34:37 c'est vrai. C'est vrai et
34:39 la chose qui est quand même
34:41 terrible, c'est que...
34:43 Est-ce que ce procès
34:45 en fait, ne va pas être
34:47 pour rien, Jean-Philippe De Gara?
34:49 Alors, on sait
34:51 tout maintenant, on le sait déjà.
34:53 Qu'est-ce qui va être révélé
34:55 dans ce procès? Je ne veux pas faire de la
34:57 prédiction, ça n'a pas de sens, mais quand même,
34:59 on sait tout ce qui s'est passé. - Alors, vous allez
35:01 m'étonner moi-même, mais là, je serai optimiste.
35:03 - Ah bon? - Parce qu'on a
35:05 un exemple dans l'histoire de la mode
35:07 du coeur, où trois semaines
35:09 d'audience, pour l'histoire de...
35:11 - Quelle histoire? - La mode du coeur,
35:13 c'était un petit garçon,
35:15 une petite fille, qui avait été violentée
35:17 et tuée par
35:19 un homme qui avait mis en cause son compagnon.
35:21 Et ce compagnon était Richard Romand,
35:23 qui a été innocenté pendant
35:25 les Assises. - Ah oui, la fameuse histoire,
35:27 oui. - De la mode du coeur. Quand vous parlez de
35:29 pédocriminalité, on est en plein dans le sujet.
35:31 Et donc,
35:33 moi, je ne désespère pas des Assises.
35:35 Je pense d'ailleurs que c'est un lieu,
35:37 il y a des jurés, on se demande d'ailleurs pourquoi il y a des magistrats
35:39 professionnels lors du délibéré,
35:41 mais ça c'est une autre question.
35:43 Mais il y a des jurés,
35:45 il y a des Français... - Qui appartiennent à la société civile,
35:47 bien sûr. - Et qui diront, je l'espère,
35:49 ce qu'ils ont à dire. Il faudrait
35:51 tout de même que la justice soit rendue
35:53 au peuple dans ce pays.
35:55 - Oui, ce ne serait peut-être pas nommé. Et pas seulement
35:57 par le ministère de la Justice,
35:59 et par des gens uniquement nommés par le ministère de la Justice.
36:01 - Le ministère de la Justice, pour l'instant,
36:03 il s'occupe beaucoup de son ministre
36:05 lui-même, j'ai l'impression.
36:07 - Oui, je crois, je crois.
36:09 Je me suis laissé dire qu'effectivement
36:11 il était très occupé de ce point de vue-là.
36:13 Mais pour revenir, en fait,
36:15 à votre roman,
36:17 "Un monde perdu", Jean-Philippe
36:19 de Caracte, à cette éternelle
36:21 histoire, mais c'est vrai,
36:23 enfin on ne voit pas parler, enfin Dostoïevski,
36:25 "Crime et châtiment", tout le monde
36:27 en a parlé, c'est une histoire vieille
36:29 comme l'humanité,
36:31 on ne va pas revenir à Abel et Cain,
36:33 mais est-ce que
36:35 au fond,
36:37 est-ce que en
36:39 supprimant la peine de mort,
36:41 est-ce que, j'allais
36:43 pas le dire, la banalité réalisation des esprits,
36:45 n'exagérons pas, mais quand même,
36:47 mais quand même,
36:49 est-ce qu'il n'y a pas eu quelque chose dont la société
36:51 s'est privée ?
36:53 A tort ou à raison, effectivement,
36:55 je ne suis pas, honnêtement, j'ai pas d'avis
36:57 sur la question, je ne suis pas violemment
36:59 contre, je ne suis pas pour, mais
37:01 je me pose des questions, et je crois
37:03 que je ne suis pas le seul. - Je crois qu'il est
37:05 très difficile d'être favorable
37:07 à la peine de mort quand on est athée,
37:09 parce qu'il n'y a pas de justice
37:11 divine. Dans tous les pays
37:13 comme les Etats-Unis, in God we trust,
37:15 c'est possible, parce que si la justice
37:17 humaine se trompe, il y aura une
37:19 justice divine. - Oui. - C'est d'ailleurs
37:21 pour cela que l'Église a pu prononcer
37:23 des peines de mort, qui encore une fois,
37:25 je le rappelle, ne sont pas des
37:27 peines de mort. On renvoie à
37:29 l'enfer celui qui a ouvert les portes
37:31 de l'enfer. - Sauf quand il y a
37:33 erreur judiciaire, et là c'est grave.
37:35 Il peut y avoir erreur judiciaire,
37:37 comme vous le savez. - Erreur judiciaire ? Mais il y a un autre
37:39 aspect des choses, et qui est un des arguments
37:41 contre la peine de mort, c'est que Jean Genest
37:43 l'écrit très bien dans
37:45 certains de ses ouvrages,
37:47 dont le nom m'échappe à l'instant,
37:49 c'est que le condamné à mort
37:51 en prison, vous savez qu'il y a un phénomène
37:53 d'inversion, que les tueurs sont
37:55 considérés, ou les gens qui ont fait des braquages
37:57 sont considérés comme des héros,
37:59 et donc il est divinisé
38:01 en prison. - Ça dépend.
38:03 - Le tueur
38:05 en prison, celui qui
38:07 est condamné à mort, à l'époque de la peine
38:09 de mort... - Pardon,
38:11 Jean-Philippe Dugard, les tueurs d'enfants,
38:13 ils étaient assez mal vus. - Non, non, mais pas maintenant.
38:15 - Ah oui, vous parlez de l'époque. - Lorsque les gens
38:17 étaient condamnés à mort,
38:19 parce que l'exécution... - Ah oui, ils devenaient...
38:21 Je comprends. - Parce qu'ils sont dans
38:23 une sorte de phase, ils sont déjà
38:25 partis, en quelque sorte. - Vous allez
38:27 suivre le procès de Monique
38:29 Olivier ?
38:31 - Suivre... - Vous n'allez pas
38:33 aller à la suite ? - Non, je n'irai
38:35 certainement pas, mais
38:37 ce qui est important, c'est ce que
38:39 diront les personnes
38:41 qui y participent.
38:43 Et
38:45 par-delà ce procès, je crois
38:47 que ça nous oblige à une
38:49 réflexion sur ce que nous
38:51 voulons dans cette société.
38:53 Et la protection des enfants, on le voit
38:55 ces dernières semaines, devient vraiment quelque
38:57 chose de fondamental.
38:59 - On l'a vu avec le film "Sound of Freedom",
39:01 qui était un film remarquable,
39:03 enfin, que j'ai vu et que nous avons beaucoup défendu.
39:05 Jean-Philippe Dugard,
39:07 merci, je crois que, en tout cas,
39:09 lisez ce livre, il vous ouvrira.
39:11 - Un monde perdu,
39:13 publié aux éditions Le Lys Bleu.
39:15 On va se retrouver demain, André Bercoff, à partir de
39:17 midi, on sera en direct avec un agriculteur
39:19 du terrain qui nous parlera de tous les problèmes
39:21 auxquels il est confronté en ce moment.
39:23 Rendez-vous demain à partir de midi. Tout de suite,
39:25 c'est Brigitte Lahaye, sur Sud Radio, qui vous parle
39:27 pour "Pourquoi faut-il s'éviter de s'envoyer
39:29 des sextos ?" A demain, sur Sud Radio.
39:31 - Sud Radio Bercoff,
39:33 dans tous ses états, midi, 14h.
39:35 André Bercoff.
39:37 avec Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes.

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