• il y a 2 mois
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Avec Thibault Walle, chef de mission Liban de SOS Chrétiens d'Orient


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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-10-08##

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Transcription
00:00Oui, après avoir écouté, on n'a pas entendu trop parce qu'on a beaucoup beaucoup de choses à dire, c'est
00:05l'extraordinaire chanteuse Fayrouz qui chante Zorouni. Zorouni veut dire venez vous voir. C'est une des chansons les plus populaires
00:12du Liban et du Proche-Orient. Thibault Vallée, bonjour.
00:17Bonjour Antoine Bercoff.
00:18Alors vous êtes chargé de Mission Liban de SOS Chrétien d'Orient. Dites-nous, on voit ce qui se passe, on entend ce qui se passe depuis
00:26effectivement quelques jours, avec les raids, les raids au Sud-Liban,
00:31les raids israéliens dans la banlieue sud de Beyrouth, à Baalbeck, dans le nord, etc.
00:38Deux choses, comment vivent les Libanais ? Encore une fois,
00:42ça dépend évidemment des régions. On sait que telle région est tout à fait préservée, d'autres pas. En tout cas comment, quel est le
00:49sentiment qui prévaut aujourd'hui ?
00:52L'assitude, encore une fois, ça recommence ou quoi ?
00:55Thibault Vallée. Alors oui, le sentiment des Libanais aujourd'hui est un agacement, une lassitude par rapport à ces bombardements.
01:04Rien qu'au cours des 48 heures, il y a eu plus de 190 frappes aériennes
01:09qui ont été enregistrées, ce qui porte le total à 9263 frappes
01:14depuis l'intensification du conflit. C'est vrai qu'on sent de la part des Libanais une certaine lassitude
01:22par rapport à ces bombardements, et pas que par rapport à ces bombardements d'ailleurs.
01:27Imaginez bien le bruit d'un drone en stationnaire
01:31toute la journée au-dessus de vous.
01:34C'est vraiment quelque chose qui vous empêche d'oublier ce qu'il se passe actuellement dans votre pays.
01:41Et forcément, il y a une vraie lassitude de la part des Libanais par rapport à ce qui est en train de se passer
01:48dans leur pays.
01:49Alors Thibault Vallée, vous êtes actuellement à Beyrouth, vous-même, depuis quelque temps déjà,
01:54vous êtes dans la capitale libanaise.
01:58Alors exactement, moi je suis à
02:01Achrafieh, donc c'est le quartier au nord de Beyrouth,
02:04et personnellement je suis arrivé au Liban il y a un peu plus de trois mois.
02:08Trois mois, d'accord. Alors d'abord, dites-nous un peu, SOS Chrétien d'Orient, spécifiquement par exemple au Liban,
02:14c'est quoi votre tâche, c'est quoi votre
02:17votre boulot, disons-le comme ça ?
02:21Tout à fait. Alors SOS Chrétien d'Orient travaille au Liban depuis juillet 2014, donc ça fait maintenant un peu plus de dix ans.
02:29Au Liban, auprès des Libanais,
02:33justement pour les aider, pour les soutenir, aussi bien moralement que matériellement,
02:38et
02:39tenir la promesse de Saint-Louis, qui est très chère, qui est très chère dans mon cœur, qui est très chère aux Libanais aussi,
02:45de maintenir ce lien entre la France et le Liban.
02:48Rappeler la promesse de Saint-Louis, c'est vrai, on l'oublie ça, c'est-à-dire qu'il y avait déjà des liens du temps de Saint-Louis
02:55avec le Liban.
02:57Tout à fait, bien sûr, ça c'est vraiment quelque chose que les Libanais n'ont pas oublié,
03:01et d'ailleurs ils appellent la France la mère du Liban, notre mère à nous.
03:06C'est vrai que c'est quelque chose qui nous rappelle, qui nous redisent très souvent.
03:12Et alors justement,
03:15est-ce qu'ils ont l'impression, avec ce qui se passe, et effectivement où les gens ne doivent pas dormir facilement,
03:22est-ce qu'ils ont l'impression qu'encore une fois,
03:26sans faire de politique,
03:28est-ce qu'ils ont l'impression qu'ils n'ont plus la maîtrise des choses, et qu'ils ne sont plus que des spectateurs plus ou moins victimes,
03:35et plus ou moins
03:37engagés, et en tout cas engagés à subir,
03:41plutôt que de mener, effectivement, comme dans tout pays
03:45paisible, une vie normale, et une vie où ils auraient la maîtrise de leur pays, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
03:52C'est vrai que c'est quelque chose qu'ils évoquent très souvent.
03:56Ça participe d'ailleurs de cette lassitude qu'on évoquait précédemment.
04:01Les Libanais ont l'impression de ne plus avoir leur destin en main, et de ne plus pouvoir
04:07bénéficier de leur pays comme ils l'entendraient.
04:11C'est un pays qui a suivi plusieurs crises au cours de ces dernières années, imaginez bien la crise économique en 2019,
04:19puis la crise du Covid, puis l'explosion du port, le 4 août...
04:21L'explosion du port de Beyrouth, qui a fait des dégâts considérables, tout à fait.
04:27Qui a laissé un vrai traumatisme ici,
04:30auprès de la population, et qui est rappelé sans cesse par ces bombardements.
04:34C'est vraiment quelque chose qui a vraiment laissé une marque, une empreinte
04:39dans les Libanais. Et actuellement, la vacance du pouvoir. Il n'y a toujours pas de président au Liban.
04:45Le système politique libanais...
04:48Il n'y a pas de parlement, si vous voulez. Le parlement ne se réunit pas, actuellement.
04:54Alors actuellement, il ne se réunit pas, mais il y a toujours un gouvernement avec des ministres sortants,
05:02qui continuent à exercer leur fonction, mais du jour au lendemain, si un président viendrait à être réuni,
05:10il quitterait leur fonction. Donc c'est vraiment cette incertitude qui participe aussi à cette lassitude
05:17de ne pas pouvoir combler leur destin entre leurs mains.
05:19Et comment ils le ressentent, effectivement ? Est-ce qu'ils ont l'impression que cette guerre, enfin parce qu'il faut bien garder la guerre aujourd'hui,
05:27peut-être pas encore avec l'Iran, encore que c'est parti, mais avec le Hezbollah,
05:32est-ce qu'ils ont l'impression que ceci se passe au-dessus de leur tête, et qu'au fond...
05:38Est-ce qu'il y a encore... Je pose la question, je sais que c'est pas facile à répondre, mais est-ce qu'il y a, entre
05:44chrétiens et chiites et sunnites,
05:47il y a... On a vu ce qui s'est passé pendant 15 ans de cette guerre civile
05:52terrible qu'il y a eu entre 75 et 90, 92... Est-ce qu'aujourd'hui
05:57ils se disent tous, écoutez, c'est au-delà de nous, et
06:01le Hezbollah, qui on le sait, est plus fort que l'armée libanaise, aujourd'hui en armes de très très très loin,
06:07il y a l'ONU dans le sud, il y a l'armée libanaise, mais l'armée libanaise ne joue pas son rôle, les députés libanais le disent.
06:14Est-ce que tout ça fait que
06:18ça peut durer encore très longtemps ? Vous le sentez comment, Thibaut Vallée ?
06:24Alors cette situation peut effectivement durer encore longtemps.
06:29Après, comme toujours, au Liban, il y a toujours des différences de point de vue.
06:34Je ne dirais pas que tout le panais pense de la même façon, loin de là.
06:40Et donc voilà, oui, la situation peut durer dans ces conditions, bien sûr.
06:45Et alors vous, votre travail, je dirais, vous en parlez, je voulais savoir, par exemple, qu'est-ce que vous avez fait
06:53depuis trois mois que vous êtes là ? Vous êtes allé où ? Vous êtes intervenu où ? C'est intéressant de nous le raconter.
07:00Qu'est-ce que vous avez fait, pratiquement, pour essayer de diminuer le drame de cette situation, en tout cas ?
07:10Bien sûr, alors, vu la situation actuelle, nous procédons à beaucoup de projets d'urgence.
07:15Notamment, nous avons fait des donations de matelas dans un centre d'accueil,
07:20parce que vous n'êtes pas sans le savoir, actuellement, la crise des déplacés au Liban est une crise majeure
07:26qui aura une réelle influence sur l'avenir du pays.
07:29C'était le premier ministre libanais, Najib Mikati, qui estimait à plus d'un million de déplacés actuellement au Liban.
07:39Un million de déplacés du Liban Sud, c'est ça, plutôt ?
07:43Voilà, un peu partout, des déplacés viennent, notamment, bien sûr, du sud du Liban, mais qui aussi viennent d'Arier, la banlieue sud de Beyrouth,
07:53qui est pilonnée jour après jour depuis plusieurs semaines.
07:57Encore, il y a 30 minutes environ, il y a eu deux raids aériens israéliens sur la banlieue sud de Beyrouth.
08:07Et donc, il y a ces déplacés qui comptent presque un million, là, vous venez de le dire,
08:12et vous, vous essayez d'apporter un certain nombre de médicaments aussi, en quoi ça consiste exactement ? Expliquez-nous.
08:20Alors, pour le moment, c'était vraiment l'urgence ces derniers jours, depuis le 23 septembre.
08:26Donc, par exemple, actuellement, on estime à 973 centres d'accueil, c'est un chiffre qui évolue jour après jour.
08:36C'est surtout des écoles publiques qui sont réquisitionnées par le ministère de la Santé et le ministère des Affaires sociales.
08:42Par exemple, la rentrée scolaire qui devait avoir lieu il y a deux semaines a été repoussée actuellement jusqu'au 4 novembre,
08:50mais nous verrons s'ils pourront tenir cette date, parce que les déplacés sont accueillis dans ces écoles.
08:56Mais d'ici le 4 novembre, est-ce que des infrastructures, est-ce que des moyens seront mis en place pour leur fournir un autre logement,
09:03pour leur fournir une autre place d'hébergement ? C'est vraiment une question qui reste en suspens ici.
09:09Et sur ces 1 million annoncés par le Premier ministre libanais, il n'y a que 179 000 déplacés qui sont officiellement recensés.
09:20Le reste, on ne sait pas exactement comment ils sont, etc.
09:26Actuellement, il y a 179 000 déplacés dans ces 973 centres d'accueil.
09:32Plus de 800 000 autres déplacés sont soit chez des proches, chez des amis, dans des hôtels, dans des appartements qu'ils ont réussi à louer.
09:45C'est une situation assez chaotique.
09:49Et nous, on essaye de combler les besoins.
09:53On est beaucoup sollicités.
09:54On procède également à nos propres évaluations pour les besoins.
09:59Et pour vous donner quelques exemples de notre action, au tout début de la crise, il y a quelques jours,
10:04nous avons procédé à une donation de matelas et d'oreillers pour 65 personnes dans le centre d'accueil de Djalel Dib.
10:12Djalel Dib est une ville à 7 kilomètres au nord de Beyrouth.
10:1565 personnes sont arrivées dans la journée à l'ouverture de l'école, à l'ouverture de ce nouveau centre.
10:24Et le directeur d'école nous a appris en nous disant « là, j'ai 65 personnes qui viennent d'arriver et je n'ai pas de quoi les faire dormir ce soir ».
10:32Donc en deux heures, nous avons monté ce projet, nous sommes arrivés avec les matelas et les oreillers.
10:37Et ces 65 personnes ont pu profiter de ces matelas pour passer la nuit.
10:41Mais le lendemain, comme nous sommes revenus sur les lieux pour discuter avec le directeur de l'école et faire un point sur la situation,
10:48ils n'étaient plus 65 mais ils étaient 300.
10:52Et 24 heures plus tard, c'est ça.
10:57Donc en fait, il y a une situation plus que dramatique,
11:02vous avez un flot de gens qui ne savent pas où aller, qui ne savent pas où dormir, en tout cas pour beaucoup.
11:09Donc vous, vous essayez d'apporter ce que vous pouvez apporter du point de vue matériel ou autre, c'est ça ?
11:17Exactement. En tout cas, en ce moment, sur cette mission d'urgence, nous essayons de pallier les besoins.
11:26Nous travaillons aussi en même temps à des projets d'urgence, mais un peu plus à moyen terme.
11:32Par exemple, nous allons lancer un projet médical avec une clinique mobile pour pouvoir fournir des soins, un accès aux soins à des déplacés.
11:42Cette fois-ci, ce sera dans la région de Gézine, qui est vraiment à la lisière avec le Sud-Liban, qui est dans le Sud-Liban.
11:49Tout à fait.
11:50Pour pouvoir fournir un accès aux soins aux déplacés.
11:53Donc ce sera une clinique mobile qui sillonnera une vingtaine de centres avec une population d'à peu près 6000 personnes.
12:01Et ces déplacés pourront avoir accès à un pédiatre, à une assistance sociale, à un multibillialisme.
12:09Et vous mettez ça en place très prochainement, cette clinique mobile ?
12:14On doit lancer le projet dans les jours à venir, cette semaine, si tout se passe bien, s'il n'y a pas de nouveaux développements.
12:22D'accord. En tout cas, écoutez Thibault, pour ce que vous faites, c'est très important, vraiment.
12:28Et j'espère qu'il y a plusieurs associations, en tout cas, je sais que vous faites un travail remarquable depuis des années, un peu partout d'ailleurs, au Moyen-Orient.
12:40Et pas seulement au Liban, mais là, aujourd'hui, c'est là qu'est la crise.
12:44Écoutez, on continuera en tout cas d'en parler avec vous, et merci pour ce que vous faites, c'est très important.

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