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Vendredi 29 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Damien Pelletier (PDG, Ecomesure) , Sylvain Waserman (PDG, ADEME) et Jean-Philippe Ricard (Cofondateur, W Platform)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, c'est une émission spéciale de Smart Impact que
00:12je vous propose aujourd'hui depuis le salon Polytech pour une édition qui se tient pour
00:18la première fois à Paris et réunit tous les acteurs de la transition écologique.
00:22Dans cette émission, on va découvrir des solutions pour lutter contre la pollution
00:26de l'air avec Écomesure et puis on va parler financement de la transition écologique
00:31avec Sylvain Wassermann, le président de l'ADEME.
00:34Voilà, c'est parti pour ce Smart Impact spécial Salon Polytech.
00:38L'invité de ce Smart Impact depuis le salon Polytech, c'est Damien Pelletier.
00:49Bonjour.
00:50Bonjour.
00:51Bienvenue, vous êtes le président d'Écomesure.
00:52Votre métier, c'est la surveillance de la qualité de l'air, c'est ça ?
00:56Oui, absolument.
00:57Avec quels outils ?
00:58En fait, on développe des systèmes qui mesurent la qualité de l'air, c'est des objets
01:03connectés en réalité et on est constructeur de bases de données.
01:07En fait, toutes les données qu'on récolte, on les met à disposition des clients, des
01:11collectivités sous forme de services sur plateforme web.
01:16Qui sont vos clients aujourd'hui principalement ?
01:19Ils sont très divers, ça va du particulier à la collectivité et aux industriels.
01:24Or, à l'été, la problématique de la qualité de l'air, elle touche ou elle concerne tout
01:29le monde.
01:30Bien sûr.
01:31Après, pour différentes problématiques, c'est soit par rapport à sa propre santé,
01:35soit pour répondre à une réglementation ou à une préoccupation du moment ou de l'industrie.
01:45Voilà, c'est tout le monde, c'est les industriels, les collectivités.
01:48Vous avez, je crois, racheté l'entreprise il y a une dizaine d'années.
01:51Oui.
01:52Quelle idée, quelle ambition ?
01:54En fait, il y a une dizaine d'années, il ne faut pas être trop devin pour penser
02:00que l'augmentation de la population allait générer des problématiques de ressources,
02:04de pollution et d'énergie tout simplement par le croissement de la population.
02:11Et la problématique de la qualité de l'air en particulier était tout juste naissante.
02:18En tout cas, elle n'était pas du tout transformée en termes de business.
02:27Donc moi, j'ai simplement acheté cette boîte en ayant l'idée qu'on pouvait démocratiser
02:33l'accès aux données environnementales et notamment la qualité de l'air en mettant
02:36en œuvre des systèmes simples alors qu'à l'époque, c'était des systèmes très
02:40complexes, très scientifiques qui demandaient beaucoup d'investissement et beaucoup aussi
02:45de formation à utiliser.
02:46Alors que nos systèmes, nous, sont très faciles à installer, très faciles à utiliser
02:52et très peu coûteux à déployer en réalité.
02:54Un salon comme celui-là, il y a de l'ambiance dans les allées, c'est un enjeu important
02:58pour une entreprise comme la vôtre ?
03:00Oui.
03:01Alors, Polytech, c'est le salon en France majeur pour nous.
03:05Alors, il était traditionnellement à Lyon d'ailleurs, mais c'est le salon majeur.
03:09Il y a tous nos clients, tous nos partenaires, toutes nos parties prenantes qui sont dans
03:15ce salon-là.
03:16C'est d'ailleurs un des premiers spécialisés sur la pollution et notamment sur le traitement
03:23des déchets à l'origine.
03:24Puis maintenant, ça touche les problématiques liées à la santé générée par les pollutions.
03:31Oui, une entreprise comme la vôtre, elle est vraiment au cœur finalement des enjeux
03:34d'un salon comme Polytech.
03:36Je voudrais donner un chiffre, c'est l'OMS qui nous donne ce chiffre, 4,2 millions d'essais
03:40prématurés par an dans le monde à cause de la pollution de l'air.
03:44Et puis, ces images très récentes qu'on a vues de New Delhi, des images de pollution.
03:50Moi, je fais pas mal de footing et je voyais des gens qui couraient dans cette pollution.
03:55Je me disais, mais c'est le dernier truc à faire.
03:57Oui.
03:58C'est un phénomène en aggravation.
04:01Qu'est-ce qu'on peut en dire si on dézoome un peu, si on essaie de prendre un peu de
04:05hauteur ?
04:06En fait, ça dépend des pays et c'est lié aux mesures qui sont prises, aux dispositions
04:11qui sont prises.
04:12Oui.
04:14Par exemple qu'en France, c'est plutôt en amélioration.
04:15D'accord.
04:16Notamment à Paris.
04:17Bien sûr, il faut toujours aller plus loin, mais là, c'est plutôt en amélioration.
04:22Par contre, dans des pays qui sont vraiment en développement, qui font leur révolution
04:25industrielle comme l'Inde, la Chine, enfin ces pays-là, ce n'est pas simplement la
04:30révolution industrielle parce que vous parlez du smog, je pense en Inde, c'est un phénomène
04:35assez local, mais qui met une sorte de chape de plomb et on ne se voit pas à 3 mètres.
04:45Pareil à Beijing.
04:46Je pense que c'est en aggravation peut-être dans ces pays-là.
04:49En Europe, plutôt ça s'améliore par les mesures qui sont prises et les prises de conscience.
04:57En fait, tous les jours, il y a des nouvelles problématiques à regarder.
05:05Actuellement, c'est le méthane par exemple, méthane avec toutes les usines de méthanisation
05:09qu'on crée un peu de partout dans les campagnes, c'est super, mais ça amène d'autres problématiques
05:13notamment l'émission de méthane qui n'est pas un gaz très agréable.
05:18En fait, c'est une problématique qui va se poursuivre, mais en allant toujours plus
05:28loin.
05:29On va terminer en donnant plusieurs exemples des réalisations que vous pouvez faire, mais
05:34un mot de l'Europe, nouvelle directive de l'Union Européenne sur la qualité de l'air,
05:40est-ce que notre continent devient un peu mieux disant sur ces enjeux ?
05:44Clairement, après pas forcément suivi, mais clairement.
05:49Récemment, effectivement, il y a eu une sorte d'uniformisation des normes régionales,
05:56celle de l'OMS.
05:57En Europe, on a plutôt rabaissé même les seuils d'acceptation des pollutions.
06:03Avec une uniformisation, on est dans les différents pays.
06:06On est, je pense, avec les Etats-Unis, les deux régions qui sont les plus concernées
06:16et en avance sur les réglementations ou les directives.
06:21Les Etats-Unis, justement, parmi les réalisations des co-mesures, il y a un travail avec les
06:28écoles de Boston.
06:29C'est ça, racontez-moi.
06:30D'abord, aux Etats-Unis, on s'est intéressé depuis très longtemps.
06:34C'est une filiale qu'on a créée avant le Covid en 2019.
06:38C'est un pays où on fait actuellement presque un tiers de notre chiffre d'affaires.
06:45Un des déploiements et réalisations majeures qu'on a fait aux Etats-Unis, c'est de mettre
06:51nos systèmes dans toutes les écoles publiques de Boston.
06:53Il y a 123 écoles à Boston.
06:59C'est un peu particulier parce que ce sont des vieilles écoles mal ventilées avec des
07:03vieux systèmes de ventilation, de chauffage ou autre.
07:07Il y a une vraie problématique de qualité d'air intérieure dans les écoles avec tous
07:12les lobbies ou CPG, des parents qui se préoccupaient de la santé de leurs enfants.
07:18Donc, on a équipé toutes les écoles, c'est-à-dire des plus gros déploiements de la société
07:22voire même dans notre secteur.
07:24Et alors là, vous déployez quoi si on rentre dans le détail ?
07:28Dans le détail, on déploie dans toutes les classes, on met un capteur connecté de
07:33la qualité de l'air qui va mesurer les particules, le dioxyde de carbone et le monoxyde de carbone.
07:40Le dioxyde de carbone, ce n'est pas dangereux en tant que tel, c'est juste un indice de
07:47bien-être.
07:48Par contre, le monoxyde de carbone, le CO, c'est dangereux, c'est mortel.
07:53Il suffit qu'il y ait une mauvaise chaufferie, en sous-sol notamment, qui fait émaner des
07:58gaz et ça peut être dangereux pour les élèves.
07:59Donc, on mesure ces trois polluants, les particules, le dioxyde de carbone et le monoxyde de carbone.
08:06On fait remonter les données sur une plateforme, elles sont mises à disposition du public.
08:11Je pourrais vous montrer l'application au cas où si on a le temps, mais elles sont
08:14mises à disposition du public.
08:16Donc, on est totalement exposé aux remarques des parents d'élèves voire des professeurs
08:26ou autres.
08:27Donc, c'est sur des applications qu'on peut retrouver sur les webphones.
08:31Autre exemple, on a donné un exemple de collectivité.
08:34C'est une usine de cellulose au Chili, c'est ça ?
08:39Oui.
08:40Alors là aussi, c'était quoi le défi à relever ?
08:42Alors là, c'est plutôt pour les employés.
08:45En fait, c'est toujours un double objectif.
08:48Il y a pour les gens qui s'occupent d'extraire des minerais ou d'être dans une cimenterie
08:55ou typiquement dans une usine de cellulose.
08:57Et pour les gens qui y travaillent, il faut quand même surveiller que ce n'est pas dangereux
09:01pour eux.
09:02Et pour les riverains autour de l'usine.
09:04Donc, c'est toujours ce double enjeu.
09:05Donc là, c'est un déploiement qu'on a fait cette année au Chili parce qu'on exporte
09:1070% de notre activité.
09:13On a déployé dans plus de 50 pays dans le monde.
09:17C'était pour à la fois le bien-être des salariés et gérer l'information des résidents
09:27alentours.
09:28Je crois qu'il y a 15% du chiffre d'affaires d'Ecomesure qui est consacré à la recherche
09:31et le développement.
09:32Ça veut dire que vous continuez d'inventer ? C'est quoi les pistes d'innovation sur
09:38lesquelles vous travaillez aujourd'hui ?
09:39Déjà, si on n'invente plus, si on n'innove plus, on meurt.
09:41On est dans la tech.
09:42Il y a deux moteurs, c'est l'innovation et le développement international.
09:47Donc, si on s'arrête sur un des deux, on est sûr de mourir à terme.
09:51Donc là, on investit effectivement énormément dans la R&D.
09:57Actuellement, ce n'est pas pour suivre les modes, mais on a depuis 3 ans lancé un programme
10:01pour développer des algorithmes à base d'intelligence artificielle.
10:04En 2025, pour rentrer un peu dans les tailles techniques, les données qui viennent de nos
10:11capteurs sont retraitées après par des algorithmes, jusqu'à présent des algorithmes
10:15traditionnels.
10:16Et là, c'est des algorithmes basés sur l'intelligence artificielle, donc des modèles
10:19qu'on a créés nous-mêmes et qui augmentent les données de façon à les rendre extrêmement
10:24fiables, extrêmement précises.
10:26C'est l'axe principal de recherche.
10:33Merci beaucoup Damien Pelletier et bon Salon Polytech, à bientôt.
10:37Merci beaucoup.
10:38Merci.
10:41Smart Impact au Salon Polytech avec Sylvain Wassermann.
10:48Bonjour.
10:49Bonjour Thomas.
10:50Bienvenue.
10:51Vous êtes le président de l'ADEME, l'agence de la transition écologique créée au début
10:53des années 90.
10:54On l'appelait alors l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, d'où son
10:58acronyme.
10:59Vous nous rappelez quelles sont vos missions, quelles sont les missions de l'ADEME aujourd'hui?
11:02Oui, nous avons deux missions principales.
11:04La première, c'est d'éclairer et d'inspirer parfois la décision publique, c'est-à-dire
11:09les politiques publiques qui se construisent au niveau du gouvernement ou au niveau d'une
11:13collectivité parfois.
11:14Ça, c'est la première mission.
11:16La deuxième, c'est d'accélérer la transition écologique avec de l'expertise, avec une
11:22présence dans tous les territoires et avec des budgets importants que nous confie l'État
11:27et qu'on a la mission de gérer.
11:29Alors justement, à propos de budget, c'est forcément un chapitre important de notre
11:34interview.
11:35Le Sénat examine en ce moment le budget 2025.
11:38Il faut faire, on le sait, 60 milliards d'économies.
11:40Il y a plusieurs associations de défense de l'environnement qui nous disent que la copie
11:45initiale du gouvernement n'était pas au niveau des enjeux environnementaux et notamment
11:50ça concerne l'ADEME.
11:51Est-ce que votre budget est potentiellement sacrifié?
11:53Rien n'est encore décidé, mais est-ce que potentiellement ce budget est sacrifié?
11:56J'ai lu, moins 35% de budget.
11:58Évidemment, on avait une juste participation et un juste effort que tout le monde doit
12:05faire.
12:06Nous, on avait deux combats principaux.
12:08D'abord, c'est la décarbonation de l'industrie parce que, et j'écrivais une tribune chez
12:13un de nos confrères sur le sujet, plus que jamais, les entreprises ont besoin de l'État
12:18en ce moment même parce que ne pas se décarboner, c'est perdre en compétitivité, c'est perdre
12:24les combats de demain, c'est risquer d'être déclassé.
12:27Donc plus que jamais, les entreprises ont besoin de l'État.
12:31L'État a répondu massivement avec, en plus du programme France 2030 et du volet Transition
12:38écologique, 1,6 milliard pour la décarbonation des entreprises qui a été annoncée.
12:42Donc, sur ce point de décarbonation des entreprises, il est probable, évidemment, il faut parler
12:47sous toute réserve des étapes à venir, mais en tout cas, la position du gouvernement,
12:52c'est de consacrer un budget supérieur même à ce qu'il était en 2024 quand on additionne
12:57le 1,6 milliard et la somme qui sera dans France 2030 sur la décarbonation de l'entreprise.
13:03Le deuxième combat important qu'on avait concernait le fonds chaleur.
13:08Pourquoi ? Parce que le fonds chaleur, c'est la façon dont on irrigue le territoire avec
13:13des infrastructures de chaleur renouvelable et donc les collectivités qui pilotent leur
13:17transition ont besoin de ce fonds chaleur.
13:19Et là, le gouvernement vient d'annoncer, vendredi dernier, vient d'annoncer le maintien
13:25du fonds chaleur à son niveau historique, c'est-à-dire 800 millions d'euros.
13:28Et ça, pour nous, c'est un message de l'État très puissant sur le fait que l'État est
13:35aux côtés des entreprises, je l'ai dit, pour se décarboner, mais aussi des territoires
13:39qui construisent ces infrastructures.
13:40Et je voudrais quand même donner quelques chiffres.
13:42On y reviendra en détail sur le fonds chaleur et la décarbonation de l'industrie.
13:46Ils sont très importants, on y reviendra en détail.
13:49Mais sur la philosophie générale de ce budget, et j'entends l'argument, tout le monde doit
13:54faire des économies et ça fait trop de gouvernements et de présidents successifs, on ne les fait
13:59pas vraiment.
14:00Donc, que l'ADEME emprenne sa part, c'est normal, mais qu'est-ce que vous répondez
14:05à ceux qui disent quand même, les enjeux environnementaux, en ce moment, ils sont en
14:08train d'être sacrifiés.
14:09La prime rénov, le leasing à 100 euros sur la voiture électrique, etc.
14:13Moi, je vais parler des enjeux sur l'ADEME, après, le reste du monde ne rentre pas dans
14:17mon périmètre, mais pour l'ADEME, décarbonation de l'industrie, on sera en augmentation par
14:23rapport à 2024, fonds de chaleur, on est au même niveau que 2024.
14:26Donc, c'est factuellement faux de dire qu'aujourd'hui, la copie, en fait, c'était la crainte qu'il
14:32pouvait y avoir, puisqu'il y avait une baisse un peu homogène qui avait été faite dans
14:35un budget, je vous rappelle, qui avait été fait dans une période un peu transitoire
14:39de flottement entre les gouvernements.
14:41Là, le Premier ministre et le gouvernement ont tranché sur leur copie.
14:44Encore une fois, c'est une copie, tout peut arriver, il y a encore tout un processus,
14:48mais sur la copie du gouvernement, regardons les chiffres.
14:52Il y a plus d'argent pour la décarbonation des entreprises et il y a le maintien du
14:56fonds chaleur.
14:57Après, bien sûr, on doit participer à l'effort commun, on le fait sur nos budgets, nos budgets
15:02de communication, nos budgets de mobilisation, de toutes les lignes qu'on peut avoir d'engagement
15:09financier.
15:10Mais les deux principales qui constituent 80% de nos dépenses, c'était les entreprises
15:17et le fonds chaleur.
15:18C'est la ministre.
15:19C'est Agnès Pannier-Runacher qui s'est battue, vous avec elle.
15:22Après, c'est la ministre qui a porté le sujet, bien sûr.
15:24Moi, j'ai alimenté la ministre des éléments qui peuvent lui servir très factuels parce
15:29qu'évidemment, ce n'est pas uniquement se battre pour son budget.
15:32La ministre, en portant le fonds chaleur notamment, en portant la décarbonation de l'industrie,
15:36en portant le fonds chaleur, elle porte des éléments qui sont majeurs pour la transition
15:40écologique, majeurs.
15:41Et nous, notre rôle, c'est de l'alimenter dans les éléments factuels.
15:46Franchement, il faut qu'on partage quelques éléments factuels au moment où on peut
15:51se dire est-ce que c'est trop, pas assez, etc.
15:53Il faut regarder les chiffres.
15:54Je vais vous donner quelque chose qui va parler à vos auditeurs.
15:57Exemple très simple, le fonds chaleur a coûté 4,3 milliards d'euros d'argent public depuis
16:03qu'il a été créé.
16:04C'était quand déjà la création ?
16:05Ça fait maintenant 15 ans qu'il y a un essor entre 10 et 15 ans.
16:10Vous allez dire que ça a coûté 4,3 milliards, combien ça a rapporté ?
16:134,3 milliards depuis sa création.
16:15Ça permet d'économiser 40 TWh, c'est-à-dire entre 1 et 4 milliards d'euros tous les ans
16:21en déficit de balance commerciale parce que tout ça, c'est de l'énergie souveraine locale
16:25plutôt que de l'énergie importée.
16:26Donc, il faut mettre les chiffres en proportion.
16:29Et d'ailleurs au passage, ces 4 milliards d'argent public ont eu un effet levier et
16:32ont généré 14 milliards d'investissement d'argent privé.
16:35Donc, on est sur une logique de rentabilité au niveau du bout en bout, si on résonne
16:43en coûts complets et en rentabilité complète.
16:45Il y a bien sûr une rentabilité climat évidente parce que ça économise des tonnes de carbone
16:51mais également une rentabilité économique en diminuant de 1 à 4 milliards par an le
16:56déficit commercial.
16:57Un enjeu de souveraineté évident.
16:59Exactement.
17:00Quel critère pour aider une collectivité, pour aider celles et ceux qui peuvent bénéficier
17:05de ce fonds de chaleur ?
17:06D'abord, on a beaucoup travaillé depuis un an et demi et c'était l'une de mes priorités
17:11en arrivant sur l'efficacité carbone de l'euro investi, c'est-à-dire pour 1 million
17:15d'euros d'argent public investi, combien de tonnes de carbone ça économise.
17:18On a aujourd'hui avec le fonds de chaleur un des dispositifs les plus performants qui
17:22soient avec 36 euros la tonne.
17:24Donc, les calculs sont sur les amortissements de 20 ans, sur les infrastructures, bref,
17:27je ne vais pas dans ces détails.
17:28Donc, on est parmi les dispositifs les plus efficaces.
17:32Et lorsque l'argent public est rare, il faut le mettre là où il est le plus efficace
17:35et le fonds de chaleur, c'est l'un des domaines, fonds de chaleur et décarbonation
17:38de l'industrie, c'est l'un des domaines où il est le plus efficace.
17:41Et donc, les critères, c'est quoi ? C'est là-dessus, c'est vraiment le premier indicateur.
17:47On est prêt à vous aider, à vous prêter de l'argent, à vous subventionner si c'est
17:51particulièrement efficace ? Alors, par strat, c'est-à-dire qu'évidemment,
17:56on ne vise pas uniquement l'efficacité en valeur absolue, sinon on ne ferait que
18:00des réseaux de chaleur en centre-ville urbain dense alors qu'on fait des réseaux de chaleur
18:04en territoire.
18:05Et quand on regarde la carte de la France, elle est complètement couverte par nos réseaux
18:09de chaleur.
18:10Donc, c'est par strat qu'il faut regarder l'efficacité.
18:11Et ça permet aussi avec nos ABAC et nos référentiels de dire à un élu qui veut
18:16s'engager dans un réseau de chaleur, voilà le juste niveau de dépense, entre guillemets,
18:21mais le juste niveau de dépense que tu dois faire plutôt que d'être entre les mains
18:26d'un cabinet ou d'un bureau d'études qui va vous dire voilà l'argent qu'il
18:30faut investir.
18:31Ça permet d'avoir des référentiels, de comparer et on est en train d'élaborer
18:35ces strats pour que l'argent public soit le plus efficace possible.
18:39L'autre levier très efficace dont vous en avez parlé, c'est effectivement la
18:44décarbonation de l'industrie.
18:4550 plus gros pollueurs identifiés, vous nous l'avez dit, 1,6 milliard de budget
18:51supplémentaire.
18:52Alors, ce sont des autorisations d'engagement, donc ça veut dire que le premier versement
18:55ce sera 2028, c'est ça ?
18:57Alors non, le premier versement c'est avant 2028.
19:00Par exemple pour le fond de chaleur, quand vous avez 300 millions d'autorisation d'engagement,
19:05ça fait pour 2025 entre 10 et 15 millions de CP, de crédit paiement.
19:08Donc effectivement, c'est des charges lissées et il n'y a rien de plus normal pour des
19:12investissements à long terme que d'avoir des financements à long terme.
19:14C'est une base de la finance d'entreprise que j'ai apprise quand j'étais patron
19:18d'entreprise.
19:19C'est tout à fait logique.
19:20C'est une coïncidence d'actualité, mais au moment où effectivement il y a cette
19:24annonce d'un milliard 6 supplémentaire, il y a ArcelorMittal qui annonce le report
19:27de son projet d'acier décarboné à Dunkerque.
19:30On voit bien, et là aussi, les sommes potentiellement engagées par ArcelorMittal, elles sont énormes.
19:35On parle d'un milliard 8 d'investissement pour remplacer un haut fourneau charbon par
19:39un four électrique.
19:40Non, non, non, non.
19:41Ce signal...
19:42Alors, soyons précis.
19:43C'est ce que j'ai vu dans les échos.
19:44Le 1,5 milliard à 1,8 milliard, c'est pour le processus de décarbonation complet, c'est-à-dire
19:49basculer un four électrique et basculer à l'hydrogène, donc pour une chaîne de décarbonation
19:54complète.
19:55Donc l'acier, ça se fabrique avec du charbon aujourd'hui, il n'y a rien de plus polluant.
19:59Oui, mais ils renomment ou ils reportent.
20:00Alors, ils ont demandé du temps et du délai parce que, pour des raisons qui leur sont
20:05propres, ils ont demandé du délai.
20:06Donc, évidemment, le choix souverain de l'entreprise de se décarboner, ils le considèrent comme
20:13un avantage concurrentiel.
20:14Je ne sais pas ce qu'il y a derrière leur décision, mais en tout cas, ce qui est certain,
20:18c'est que l'État a répondu présent sur les 1,5 milliard, c'était 1,5 milliard le
20:22chiffre que j'ai en référence, mais peu importe, sur 1,5 milliard, l'État a proposé
20:27850 millions d'euros d'aides, donc un investissement massif parce que l'enjeu est immense.
20:34L'enjeu, c'est de passer de l'acier au charbon à de l'acier à l'hydrogène.
20:38Et quand on parle d'efficacité du levier, là, l'industrie, les 50 plus gros pollueurs,
20:44là aussi, vous lui dites 1 million d'euros d'argent public, c'est extrêmement efficace.
20:46C'est extrêmement efficace.
20:47C'est extrêmement efficace.
20:48On chute le coût de la tonne de carbone évitée massivement parce que l'échelle est absolument
20:55colossale.
20:56Donc, c'est un effet d'échelle qui fait que ArcelorMittal, même si ça représente
20:59beaucoup d'euros d'argent public, ce n'est même pas la moitié de l'investissement
21:02qu'il a à consentir lui-même.
21:04Et surtout, c'est une très, très bonne efficacité carbone de l'euro investi.
21:10Mais malgré cette aide publique massive, ils reportent.
21:14Je repose la même question.
21:15Il faut leur demander pourquoi.
21:16C'est vraiment leur choix.
21:17C'est un climat général.
21:18Vous voyez ce que je veux dire.
21:19Ça fait un an avec le mouvement des agriculteurs, avec même le résultat des élections européennes.
21:24C'est le vote souverain des électeurs européens.
21:26C'est cette petite musique qu'il faut appuyer sur le fond.
21:30Moi, je vais rester à ma juste place, mais je voudrais dire une chose.
21:32C'est que des processus de décarbonation de l'industrie, ça ne se fait pas en claquant
21:36des doigts.
21:37C'est des plans pluriannuels.
21:38Et je vais vous donner une anecdote.
21:40J'étais dans l'Orne il y a quelques semaines.
21:44Un patron de PME de verrerie, on parle de décarbonation, on va dire verrerie traditionnelle
21:51des dizaines d'années.
21:52Il me dit j'ai reçu une lettre de mes clients qui sont de l'industrie du luxe, c'est 80%
21:56de mon chiffre d'affaires.
21:57Ils m'ont dit en 2030, on sera totalement décarboné, donc c'est avec vous ou sans
22:01vous.
22:02Et vous croyez que pour ce patron de PME, se décarboner, c'est juste l'air du temps.
22:07Non.
22:08Il a dit moi, je suis out of business si je ne me suis pas décarboné en 2030.
22:11Donc ce mouvement là, il existe pour l'acier.
22:14J'ai échangé avec l'ambassadeur de Suède.
22:16Il se lance massivement dans l'acier hydrogène pour que toutes leurs voitures puissent être
22:21notamment carbone neutre avec produit avec de l'hydrogène complètement décarboné.
22:25J'ai vu en France une filiale française, d'un groupe italien qui produit de l'acier,
22:32acier à haute valeur ajoutée.
22:33Il me dit si je ne me décarbone pas, je serai hors du business.
22:37Je crois qu'il y a une logique, bien sûr, d'un contexte qui peut paraître anxiogène
22:43pour certains chefs d'entreprise, mais les chefs d'entreprise savent, et j'ai présenté
22:47des matrices de risque à mes actionnaires, qu'aujourd'hui, un risque qui apparaît
22:51dans les matrices de risque, c'est le risque de l'inaction.
22:53C'est au fait, si je mets la tête dans le sable et que j'attends tranquillement, qu'est-ce
22:57qui se passe demain ?
22:58Merci beaucoup Sylvain Wasserman, et bon salon politique, c'est l'heure de notre rubrique
23:03consacrée aux startups.
23:06Smart Ideas, on est toujours au Salon Polytech avec Jean-Philippe Ricard, bonjour.
23:15Bonjour.
23:16Bienvenue, vous êtes le cofondateur, directeur technique et innovation de W Plateform, créé
23:21en 2021 avec Mathieu Planté, et avec quelle idée, dites-nous tout ?
23:25Alors W Plateform, l'idée c'est de travailler sur l'économie circulaire de produits chimiques
23:29et notamment du CO2.
23:31Aujourd'hui, l'idée, c'est de développer la captation et les usages du CO2.
23:38La première chose, on porte 4 marques qui sont CO2 Winery, CO2 Brasserie, CO2 Meta,
23:47et CO2 Engineering.
23:49Dans les trois premières, on va capter du CO2 concentré, on va le purifier.
23:54Et l'idée, c'est de le valoriser ensuite derrière.
23:57Et après, vous nous le mettez dans un verre, ça continue de faire des bulles, donc ça,
24:01c'est quoi ?
24:02Je fais des bulles de CO2.
24:03C'est du CO2 en fait qui est solide.
24:05Vous l'avez récupéré où celui-là ?
24:06Qu'on a récupéré sur une cave coopérative pour cet été.
24:10Vous récupérez le CO2, vous en faites quoi après ?
24:13Alors, on en fait plein de choses du CO2.
24:15Le CO2, là, on en a fait de la glace carbonique qui permet en fait d'apporter du froid et
24:20d'énertage dans le vin notamment.
24:21Mais on peut aussi en faire de l'eau gazeuse à très gros débits pour pouvoir réduire
24:26les consommations d'eau pour le nettoyage.
24:28C'est-à-dire qu'en fait, on va faire de l'eau gazeuse qui est à quelques grammes
24:32par litre comme vous le voyez là, et en fait, on va avoir un côté mouillant et un côté
24:37chimique qui va permettre de réduire les consommations d'eau pour nettoyer des sols
24:41mais aussi des cuves qu'on aura nettoyées à la soude avant.
24:44En fait, on va réduire par trois les consommations d'eau quand on rince des cuves de soude,
24:49par exemple dans le vin.
24:50Donc là, oui, on est dans une circularité du vin, c'est-à-dire que vous récupérez
24:53le CO2 d'une coopérative qui elle-même va l'utiliser ensuite pour nettoyer ses
24:58sols.
24:59Je comprends bien.
25:00Exactement.
25:01Ou ses cuves.
25:02On est vraiment dans cette démarche d'économie circulaire.
25:04C'est quelque chose qui me tient à cœur depuis une bonne quinzaine d'années.
25:07Je travaille là-dedans depuis…
25:08Et alors, ça a supposé pas mal de recherche et développement, de brevets pour arriver
25:12à ces petites bulles dans le verre.
25:14Exactement.
25:15Alors, on fait des grosses et des petites, des grosses bulles et des petites bulles.
25:20On a un brevet qui, effectivement, sur la partie purification et compression du CO2
25:26parce qu'en fait, on comprime jusqu'à 200 bars le CO2 sorti des cuves de vin ou
25:32des cuves de bière ou de la méthanisation.
25:36Et alors, si on prend un brasseur, comment il va utiliser ou réutiliser ce CO2 ?
25:41Un brasseur, c'est l'idéal en termes d'économie circulaire parce qu'en fait,
25:43il consomme autant de CO2 qu'il en émet.
25:46Donc, l'idée, c'est de le capter en source, de faire en sorte de le purifier pour éviter
25:51les problématiques bactériennes qui peuvent y avoir ou la teneur en oxygène qui peut
25:56avoir un effet néfaste sur la bière derrière.
25:58Donc, on va le purifier et ensuite, on va le recycler pour gazéifier la bière et pour
26:03faire des bulles dans la bière.
26:04On fait des bulles dans l'eau, mais aussi dans la bière.
26:06C'est vraiment immédiatement.
26:08Il va pouvoir livrer dans le circuit.
26:13Vous avez annoncé une levée de fonds de 2 millions d'euros, je crois que c'était
26:15en mars dernier.
26:16C'est ça ? Alors, quelle stratégie il y a derrière cette levée de fonds ?
26:19La stratégie, en fait, c'est de continuer le développement de nos technologies, nos
26:24équipements qu'on fournit autour de la purification, valorisation du CO2, mais aussi d'aller
26:28sur l'aval parce que c'est bien d'avoir du CO2.
26:30On fait de l'économie circulaire dans les chais et la bière, mais pour la méthanisation,
26:35il va falloir développer d'autres usages aussi pour pouvoir faire des e-fuel, du méthanol
26:41ou des choses comme ça, des produits chimiques qui vont permettre de consommer ce CO2 qu'on
26:45va récupérer.
26:46Vous n'y êtes pas encore aujourd'hui ou ça commence à fonctionner ?
26:51Sur l'usage pour faire des produits chimiques, on n'y est pas tout à fait encore.
26:56On travaille avec soit des procédés physico-chimiques, là, on est en R&D, et sur la partie micro-algues
27:03aussi.
27:04En fait, on travaille avec un partenaire qui a réduit les consommations énergétiques
27:07de la production de micro-algues pour pouvoir faire des molécules d'intérêt.
27:11C'est hyper concret, on est dans plusieurs secteurs d'activité, c'était passionnant
27:17de découvrir W Plateform, Jean-Philippe Ricard, bon salon pollutant qu'on vous laisse partir
27:22dans les allées, les bulles sont quasiment terminées, et parler de vos brevets et de
27:29votre activité.
27:30Merci beaucoup.
27:31Voilà, c'est la fin de cette émission spéciale de Smart Impact depuis le Parc des Expos de
27:35la Porte de Versailles à Paris.
27:37Je vous dis à très vite sur BeSmart for Change.

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