• le mois dernier

Avec Bahjat Rizk, attaché culturel à la délégation du Liban auprès de l'UNESCO ET Hugues Reiner, Chef d'orchestre, Père Hani Tawk en direct du Liban, docteur en philosophie et géopolitique

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##LE_FACE_A_FACE-2024-11-26##

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Transcription
00:00SUD RADIO BERKOV DANS TOUS SES ÉTATS
00:04LE FACE-A-FACE
00:07Un face-à-face d'André Berkov consacré à la situation au Liban avec le chef d'orchestre ukrainien
00:12et l'attaché culturel à la délégation du Liban auprès de l'UNESCO.
00:16Baratris qui est aussi l'auteur de « Les paramètres d'Hérodote » ou « Les identités culturelles collectives »
00:22et c'est aux éditions de l'Orient le jour.
00:25Et je suis très heureux d'accueillir effectivement Baratris et Ugrener
00:30et puis nous allons accueillir le père Anita Houk qui lui est à Beyrouth
00:34parce qu'on ne parle pas assez du Liban.
00:38Parce que le Liban est un pays fabuleux.
00:42Je ne vais pas en parler de moi mais j'y suis né, j'y ai grandi
00:48et je dois beaucoup beaucoup au Liban.
00:51C'est un pays de cœur, c'est mon pays de cœur
00:54et qui a été, je dois dire, on ne va pas rentrer, on ne va pas faire de la politique ici,
00:58on va parler surtout et d'humanitaire et d'aide parce que c'est le plus important.
01:02Et c'est un pays qu'il faut dire que depuis pratiquement 50 ans il est victime de la guerre des autres.
01:06On se bat sur le dos du Liban, on règle ses comptes sur le dos du Liban
01:11que ce soit des grandes puissances, des puissances moyennes et autres
01:14et comme le Liban n'a pas les moyens d'avoir une immense armée
01:19et d'avoir vraiment tous les moyens de se défendre
01:22et bien voilà, on règle ses comptes sur le dos du Liban
01:26et c'est très triste et on espère évidemment que le Liban recouvrera un jour
01:32et j'espère un jour très proche à cette espèce de formidable équilibre
01:38et de formidable surtout richesse culturelle, je dirais existentielle, artistique
01:45que nous avons tous connus, ceux en tout cas qui ont vécu dans les années 60, 70 et quelques avant
01:51et même après voilà, parce que je veux dire, je dois, je finis sur moi,
01:56je dis simplement que je suis retourné très souvent au Liban
01:59et ce qui est extraordinaire c'est que même en pleine guerre, même en pleine tension
02:03il y avait toujours cet formidable appétit de vivre, de savoir se moquer de soi-même,
02:08d'avoir de l'humour, d'avoir vraiment de la chaleur.
02:12Vous savez, c'est Arthur Adamov qui parlait de chaleur humaine.
02:16Alors, arrêtons de parler de moi, parlons de vous Hugues Rayner, comment vous me trouvez en ce moment ?
02:22Alors, respondissons, je crois que toutes vos cellules doivent être fiers de vous
02:27parce que vous faites un boulot super.
02:29Mais c'est très gentil, mais après ce, alors Hugues Rayner,
02:33mille cinq ans en concert, chef d'orchestre, compositeur, il faut le savoir,
02:37vous avez d'ailleurs tenu l'orchestre de Sarajevo, vous avez d'ailleurs,
02:41c'est votre espèce d'ambition d'être au-dessus des autres.
02:44Vous avez fonctionné au Mont Blanc, mais si.
02:46Non, au-dessus des autres, pas du tout.
02:48Les autres sont déjà au-dessus de moi, donc je me hisse.
02:51Alors, je dis simplement, et on va en parler, que vous allez présenter
02:55le 11 décembre prochain, à l'église Saint-Sulpice à Paris,
03:00le Requiem de Mozart, et qui est fait, je le dis, pour aider
03:04les déplacés du Liban, les enfants du Liban,
03:07et c'est au nom de l'association Pour la paix avec les chrétiens d'Orient.
03:11Agir pour la paix avec les chrétiens d'Orient,
03:13dont le président est François Asselineau.
03:15Voilà, et donc écoutez, pour tous ceux qui sont à Paris,
03:17pour tous ceux qui visitent Paris en décembre, allez-y, allez-y,
03:21ça va être, il y aura 400 choristes, ça va être des ténors,
03:24il y aura des chanteurs, ça va être très très très très très beau.
03:27Il faut remercier d'ailleurs, pardon de se couper,
03:29il faut remercier chaque choriste, ils sont 400,
03:32et la cinquantaine d'instrumentistes, il faut remercier les quatre solistes
03:35dont Joachim Bresson, qui est un ténor fidèle à toutes ses causes.
03:40Il faut remercier les artistes qui veulent fusionner
03:44avec la réalité sociale du monde.
03:47Et il faut remercier évidemment Sud Radio,
03:50il faut remercier vos auditeurs, parce que j'aimerais passer
03:53de 1000 places à 2000 places.
03:55Et on peut réserver directement, soit la FNAC, soit venir directement.
03:58Il faut en parler 11 décembre, 11 décembre, 11 décembre, avec obsession.
04:02C'est passé, c'est passé.
04:04Dans l'ennui, on fera des messages subliminaux, ne vous inquiétez pas.
04:08C'est vrai.
04:09Bajat Rizk, merci d'être avec nous, merci d'être venu.
04:12Alors je rappelle que vous êtes attaché culturel de l'ambassade du Liban à l'UNESCO.
04:16Vous êtes auteur, vous avez écrit plusieurs livres,
04:19donc le pluralisme culturel, la pluralité culturelle.
04:21Mais je voudrais un peu qu'on parle justement du Liban, du Liban d'aujourd'hui.
04:25Alors, on ne va pas expliquer, je crois que tout le monde sait ce qui se passe
04:30entre la Syrie, entre Israël, Gaza, etc.
04:33On en parle tout le temps et en ce moment même, le Liban est bombardé.
04:37Et il y a vraiment des immeubles, des morts,
04:43il y a des gens qui sont exilés, qui quittent le Sud pour aller dans le Nord.
04:47Comment est la situation aujourd'hui ?
04:49Comment on la vit ? Comment les gens la vivent ?
04:52La situation est certainement très difficile.
04:54Il y a une très grande tension et une grande pression sur les populations civiles
04:58et une grande terreur.
05:00Et comme vous l'avez rappelé vous-même, ça fait 50 ans qu'on vit dans cet état d'esprit.
05:03Donc ce qui est terrible aussi, c'est qu'on a l'impression qu'on est un peu bloqué
05:06dans le temps et dans l'espace.
05:08Et cela du fait, bien sûr, des interventions extérieures,
05:10mais aussi de la structure un peu particulière du Liban,
05:13qui en même temps témoigne d'un vivre-ensemble, d'un vécu, le pays-message,
05:17mais qui aussi témoigne du fragmentation institutionnel de la société.
05:21C'est-à-dire que le Liban s'est construit au départ sur un modèle un peu inédit
05:24du fait de sa géographie.
05:26Puisque ces communautés se sont installées là-là au fil du temps,
05:29à travers la côte, la montagne, la plaine, la montagne qui nous enclave.
05:33Donc il y a une disposition particulière au Liban
05:35qui a fait coexister toutes ces communautés.
05:37Mais en même temps, c'est devenu intérêt fertile
05:39pour aussi des tensions à l'intérieur du pays à cause des conflits culturels.
05:44Et comme maintenant avec la mondialisation et le développement des moyens de communication,
05:48la problématique des conflits culturels se répand un peu partout,
05:52en Ukraine, en Russie.
05:54Donc toute la difficulté et l'intérêt du Liban,
05:56elle est certes à court et moyen terme de sauver des populations,
06:00de faire de l'humanitaire, d'aider les gens à tenir le coup.
06:03Mais également de réfléchir sur ce qu'a Libanais un peu à long terme.
06:07De remettre un cadre de réflexion qui prenne en considération les conflits culturels
06:11et aide à les négocier avant qu'ils adviennent.
06:13Parce que sinon on est entretenu dans une infinité de conflits
06:16qui sont appelés à se répandre un peu partout dans le monde.
06:19Donc ce n'est plus uniquement le cas du Liban.
06:21Le cas du Liban est intéressant en tant que tel, comme un vécu.
06:24Mais il demeure affectif.
06:26Vous qui avez vécu au Liban, vous avez vécu cette jouissance du pluralisme,
06:30de l'ouverture culturelle.
06:31Mais quand on se transpose au niveau politique et économique,
06:34et plutôt à l'espace idéologique, à ce moment-là c'est un rapport de force.
06:37Alors justement M. Rizk, je vais parler de ça.
06:39Parce que les signes positifs se transforment en signes négatifs.
06:42D'ailleurs certains redoutent une libalisation de la France, il faut le dire.
06:46Pourquoi ? Parce qu'il y a effectivement ce qu'on a pu vivre
06:49avec la coexistence pacifique des communautés.
06:52Mais à un moment donné, pour des raisons X et Y, qui sont extérieures,
06:55que ce soit ce qui s'est passé en 1970 avec les Palestiniens,
06:59que ce soit ce qui s'est passé avec les Syriens, etc.
07:02Vous savez ça mieux que moi.
07:04Les signes positifs se transforment en signes négatifs.
07:07Mais je me rappelle, peut-être vous n'étiez pas encore né,
07:10moi en tout cas j'étais un gosse,
07:12je me rappelle de l'article de Georges Nakach,
07:14qui était le fondateur de l'Orient, et directeur de l'Orient, un très grand journaliste.
07:17Il avait écrit un livre qui lui avait valu presque la prison,
07:20en tout cas il avait été mis en état d'arrestation,
07:23mais ça n'a pas duré longtemps.
07:25Ça s'appelait « Deux négations ne font pas une nation ».
07:28C'est un texte qui date des années 50, vous voyez,
07:31donc c'est pas nouveau tout ça.
07:33Et comment faire justement, comment et pourquoi,
07:36justement ces signes positifs se transforment en signes négatifs,
07:40avec tout ce qui s'est passé, encore une fois, pas depuis hier avant-hier,
07:43mais depuis des décennies ?
07:45Oui, effectivement, quand le culturel est instrumentalisé par le politique,
07:50bien sûr ça devient des idéologies.
07:52Donc c'est le rapport du culturel et du politique qui est intéressant à observer.
07:55Parce que les politiques vont entretenir un discours plutôt de mobilisation,
07:59alors que les gens qui sont dans la culture, c'est plutôt une ouverture vers autrui.
08:03Et donc il s'agit de voir, de rationaliser le culturel,
08:07et d'empêcher l'idéolisation du culturel par le politique.
08:10Et ça, pour vous dire la nation,
08:12nous avons les définitions de nation qui ont été données par Fichte et Renan au XIXe siècle,
08:16mais moi j'ai travaillé sur les paramètres d'Hérodote en remontant au père de l'Histoire,
08:20qui a vu le premier choc des civilisations entre les Grecs et les Perses,
08:23500 ans avant Jésus-Christ.
08:25C'est vrai, c'était déjà le choc des civilisations.
08:27De tout temps. Dès qu'on rentre de l'après-histoire à l'histoire,
08:29on est dans le dialogue ou l'affrontement culturel.
08:32Ça c'est une donnée structurante de nos sociétés humaines.
08:36Et plutôt que de le nier, il faudrait plutôt l'encadrer.
08:39Et donc Hérodote avait défini à l'époque, 500 ans avant Jésus-Christ,
08:42en disant le monde grec uni par la langue, le sang,
08:45les sacrifices et les sanctuaires qui nous sont communs,
08:47et nos mœurs qui sont les mêmes.
08:49Donc la religion, le sang, la langue et les mœurs.
08:54Et ces mêmes paramètres sont repris par la Charte de l'UNESCO
08:57qui dit sans distinction les droits de l'homme, de sexe, de langue, de religion.
09:01Et donc si vous voulez, l'ambiguïté provient du fait que tous les êtres humains
09:06tendent vers un universalisme, les droits de l'homme,
09:08c'est ce qu'on voudrait, mais on doit vivre dans nos sociétés,
09:11dans nos aiguilles, dans notre histoire.
09:13L'identité est une chose qu'il faut définir,
09:15parce que si on occulte les spécificités culturelles de chaque pays,
09:18certainement il va y avoir des guerres civiles ou des guerres entre nations.
09:22Donc toute la difficulté de cette problématique,
09:25c'est comment en même temps préserver les identités collectives nationales,
09:31parce qu'on n'a pas d'autre choix que de rester dans un cadre national.
09:35Et en même temps, en essayant de le dépasser autant que faire se peut vers l'universalisme.
09:39Si on est dans un universalisme abstrait et béat, ça ne résout pas les problèmes.
09:43Moi je suis à l'UNESCO, et on est tout le temps dans des discours un peu citoyenneté mondiale,
09:46citoyenneté numérique, qui ne portent pas sur le réel.
09:49Mais certains mondialistes, et vous le savez, à l'UNESCO comme ailleurs,
09:52mais surtout ailleurs, et on le sait, veulent abolir les frontières.
09:55Ils veulent dire mais non, non, il n'y a plus qu'un seul monde,
09:57les étalations ça ne sert à rien, etc.
09:59Impossible, parce que vous vous structurez soit à travers votre langue,
10:01soit à travers votre religion, soit à travers votre race,
10:03soit à travers vos mœurs.
10:05Les paramètres n'ont pas changé.
10:06C'est la façon de les négocier et de pouvoir les recadrer,
10:09de les négocier avant qu'il y ait un conflit.
10:11Par exemple, en Russie, c'est plutôt un conflit cultulaire, de mœurs, et linguistique.
10:16Il n'est pas religieux, il n'est pas racial.
10:18Au Liban, dans certains pays comme l'Irak, il y a un conflit ethnico-linguistique
10:21entre les Kurdes et les Arabes, et un conflit entre les chrétiens et les Syriens.
10:26Donc l'idée au départ de mon travail, c'est bien sûr en partant de l'expérience libanaise,
10:30parce que j'ai vécu une guerre très traumatisante,
10:32c'est d'essayer de la réfléchir et de l'encadrer
10:34pour proposer une grille de lecture et de négociation
10:37qui est qu'on essaye de négocier les conflits avant qu'ils n'atteignent.
10:40Parce qu'une fois qu'on est dans le rapport de force, c'est impossible de revenir en Allemagne.
10:43Malheureusement, pour le moment, on n'a pas pu négocier avant.
10:46Oui, parce qu'on n'a pas d'outils, si vous voulez.
10:48Mais est-ce qu'on peut négocier pendant ?
10:50Non, parce que si vous voulez, moi j'ai essayé à l'UNESCO d'introduire,
10:53en disant définissez la culture.
10:54Même l'UNESCO ne dispose pas d'une définition de la culture.
10:56Ah oui, même l'UNESCO, il n'y a pas de définition.
10:58Non, il y a une qualification.
10:59Il dit que c'est un bien culturel mondial, si vous voulez.
11:03Ce qui ne veut rien dire, parce qu'ils sont enfermés dans cette doctrine de l'universalisme.
11:08Et puis le politique, bon, correct, soyons clairs.
11:10Voilà, donc on est brimés d'un côté, et sinon vous avez les politiques
11:14qui ont intérêt à transformer les discours identitaires et les discours idéologiques.
11:18C'est comme ça qu'ils mobilisent.
11:19Aujourd'hui, il faut penser qu'avec la mondialisation,
11:21on est passé des idéologies sociales aux idéologies identitaires.
11:24Et il va falloir, c'est le travers de la mondialisation, encadrer.
11:27Et moi, ma démarche, c'était pas seulement de parler du Liban avec mes émotions,
11:31parce que bien sûr, j'étais très heureux de représenter mon pays,
11:34comme vous d'ailleurs, on le ressent, comment vous portez le Liban.
11:36Mais d'essayer un peu de mettre un cadre de négociation.
11:39Parce qu'une fois que le conflit est là, et ça, c'est réduit à être l'UNESCO, l'ONU, tout ça,
11:43qu'ils redéfinissent un cadre.
11:44Parce qu'une fois que le discours est enclenché, et à force de déni d'un côté,
11:48ou au contraire, de clivage identitaire de l'autre,
11:51ça se termine mal. Soit par une dictature, soit par une guerre civile.
11:54– C'est bien pour ça que pour mon pays, la France,
11:56je me préoccupe de ce qui se passe au Liban.
11:58Parce que je crois que nous sommes, non pas dans la même situation,
12:01mais dans une situation homotétique.
12:02– Partout, partout.
12:03M. Berghoff, partout, dans toutes les...
12:05C'est le rapport de l'UNESCO qui dit que sur les 86 conflits dans le monde aujourd'hui,
12:08il y en a 82 qui sont d'ordre culturel.
12:13Et que tous ces conflits ont surgi avec la mondialisation.
12:15Et c'est dans un rapport de l'an 2000, avant le 11 septembre,
12:18qui est intitulé « Diversité culturelle, pluralisme et conflits ».
12:21Et moi, mon intérêt, si vous voulez, bien sûr, c'est de sauver le Liban,
12:24d'attirer l'attention du Liban, c'est mon pays.
12:26Mais pas être seulement dans l'affectif.
12:28Il va falloir partir du Liban pour encadrer.
12:30– De toute façon, l'émotion ne suffit pas.
12:32Il faut la raison.
12:33On va en parler tout de suite, après cette petite pause,
12:36avec le père Hanitaou qui est à Beyrouth,
12:38et avec Hugues Réner qui va nous expliquer pourquoi il fait ce concert
12:42et pourquoi il s'engage.
12:43Et d'ailleurs, ce n'est pas la première fois dans cette démarche.
12:47– Bien volontiers.
12:48– Artistique et politique.
12:51Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
12:56– Un concert, un grand concert, le 11 décembre prochain,
12:59à l'église Saint-Sulpice, pour la Fondation Agir pour la paix
13:04avec les chrétiens d'Orient.
13:06Un intellectuel et évidemment un compositeur et chef d'orchestre,
13:11Hugues Réner, on va en parler, de ce concert qui va se passer là
13:15et auquel je vous invite vraiment.
13:17Il faut y aller.
13:18Si vous êtes à Paris, il faut vraiment y aller.
13:21Et puis un intellectuel, Benjamin Trisk,
13:25qui nous rappelle effectivement que tout cela date de Hérodote
13:28et bien avant.
13:29Le choc des civilisations, c'est 2000 à 3000 ans.
13:32Il ne faut pas l'oublier.
13:34Et on ne corrigera pas les tardes aujourd'hui avec les émotions
13:40et avec la liberté des émotions.
13:42Il faut aussi la raison, et ça joue.
13:44Et puis quelqu'un qui se bat au Liban, le père Hani Taouk.
13:49Bonjour mon père.
13:50– Bonjour, bonjour à tout le monde.
13:52– Bonjour.
13:53Eh bien écoutez, vous êtes à Beyrouth,
13:55on est très heureux de vous avoir à l'antenne.
13:57Et je voudrais que vous nous expliquiez, vous dirigez la cuisine de Mariam.
14:01C'est quoi la cuisine de Mariam ?
14:03– Tout à fait, c'est une cuisine qui a été fondée en 2020
14:07suite à la troisième plus grave explosion au monde,
14:11l'explosion qui a touché notre capitale Beyrouth.
14:13– L'explosion du port de Beyrouth, c'est ça ?
14:15– Le port de Beyrouth, tout à fait.
14:17On a commencé dans la rue pour aider les volontaires
14:20et les gens qui ont perdu leur maison et leurs propriétés.
14:24Donc on a passé 25 jours dans la rue.
14:26Et puis on a pris un petit dépôt, un petit entrepôt,
14:31demi-détruit.
14:32Et petit à petit on a transformé ça en une cuisine primitive
14:36et petit à petit en une salle à manger.
14:38Et le projet est grandi.
14:41Et puis en 2024, c'est-à-dire au début de cette année,
14:46on a ouvri une nouvelle cuisine qui peut accueillir jusqu'à 300 personnes assises.
14:56On a commencé avec 1500 plats par jour.
14:59On distribue 1500 plats par jour.
15:01Et après les événements qui ont touché notre pays encore,
15:05après la tension entre les volats et Israël,
15:09on a passé avec les déplacés de 1500 à 4000.
15:12Et aujourd'hui on a commencé à 5000 plats par jour.
15:15– C'est-à-dire que vous nourrissez actuellement 5000 personnes par jour ?
15:19– 5000 personnes par jour.
15:21– C'est formidable.
15:23– On est la plus grande cantine peut-être au Moyen-Orient
15:28qui distribue gratuitement, quelle qu'elle soit la personne,
15:34qu'ils soient libanais, syriens, palestiniens, noirs, blancs, je ne sais pas quoi.
15:39Quelle qu'elle soit, il peut entrer dans notre salle à manger.
15:43Il peut manger jusqu'au bout pour 2, 3, 4 fois.
15:46Il peut prendre avec lui à sa maison dans une marmite
15:50ou bien dans un grand récipient pour manger avec sa famille en Corse.
15:54Et on a des plats fermés, des barquettes, qu'on les ferme très bien
15:59pour les transporter aux maisons d'accueil
16:03ou bien ce qu'on appelle les centres d'accueil aujourd'hui, les centres d'abri.
16:07– Alors dites-moi, effectivement c'est formidable de faire ça
16:11parce qu'on sait dans quel état un certain nombre, des milliers de gens sont,
16:16vous dites, sans aucune discrimination, sans aucune différenciation.
16:20– Parce que c'est ce qui caractérise notre cuisine.
16:23– Oui, et comment vous faites, Père Indita, comment vous financez cela ?
16:29Comment ça se passe, c'est les dons, c'est quoi ?
16:33– Oui, en fait, je profite de votre émission pour dire vraiment merci
16:37à tous les gens qui étaient à côté de nous,
16:40surtout la fondation CMA-PGM, département Île-de-France,
16:44département Réunion Sud, Rotary Club de Marseille,
16:48la fondation encore Mont-Limon-d'Azur et surtout mon ami Hugues René,
16:54on va continuer à travailler ensemble, même après le concert,
16:58le concert qui va dérouler le 11 décembre,
17:02c'est un grand concert avec mon ami Hugues,
17:06qui va grouper jusqu'à 400 chorégraphes.
17:10– Tout à fait, on en a parlé Père Indita,
17:14je voudrais savoir, vous êtes…
17:16– C'est avec des gens comme Hugues et des gens qu'on appelle les bonnes volontés,
17:22les gens les bons, donc qu'on travaille et qu'on a toujours
17:26des supports et des soutiens pour continuer notre mission.
17:30– Père Indita, je voudrais savoir, vous êtes docteur en philosophie, je crois ?
17:34– Oui, j'ai pas continué mon doctorat, mais je suis en maths,
17:383-4 masters en droit international, en sciences politiques, en médiation,
17:44et je continue, je suis inscrit en doctorat.
17:50– Non mais c'est déjà très bien, comment alors justement,
17:58là on est en pleine crise à Beyrouth et au Liban et ailleurs,
18:04en tout cas dans ce Proche-Orient tellement en mouvement,
18:08et hélas souvent dans des mouvements négatifs,
18:12mais est-ce que vous vous restez optimiste ?
18:16Est-ce que vous pensez que d'une manière ou d'une autre,
18:18et comment on peut sortir ?
18:20Il est question, je vous dis ça, mais on en a parlé beaucoup,
18:22il est question d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah,
18:26on en parle beaucoup, vous dites que dans les 36 heures
18:30ou dans les 40 heures il va y avoir, on espère, une perspective de cessez-le-feu
18:34qui dirait quand même 6 semaines, mais au-delà de ça,
18:38on l'espère tous bien sûr, mais au-delà de ça,
18:42pour vous ce qui est important c'est d'aider tout le monde,
18:46c'est de continuer à vivre dans cet univers.
18:50– Oui, tout à fait, on est tellement enraciné dans notre pays,
18:52on est tellement fiers de notre mission de construire les ponts
18:58entre les différentes communautés, et nous, nous ne croyons pas
19:02à ce qu'on appelle les clashs des civilisations,
19:06c'est au contraire, on croit à la rencontre des civilisations,
19:10et grâce aux réseaux sociaux aujourd'hui, à la mondialisation aujourd'hui,
19:16je peux être en contact avec les gens qui ont à l'extrême,
19:20je ne sais pas quoi, dans le village qui est en Argentine,
19:26ou bien en Inde, ou bien en Chine, donc au contraire,
19:28aujourd'hui c'est la rencontre des civilisations,
19:32et on peut construire, et moi en tant que chrétien,
19:36je crois vraiment en Jésus-Christ, je crois au fond de moi-même
19:40que j'ai une mission de construire, d'être le pont
19:44entre les différentes civilisations et les différentes traditions,
19:48on parle de la tradition au Moyen-Orient, surtout au Liban,
19:54entre les différentes traditions qui existent,
19:58et après, la guerre va s'arrêter un jour,
20:02que ce soit aujourd'hui, que ce soit demain, que ce soit dans un mois,
20:06on va s'asseoir pour la même table.
20:08– Mais juste, Perline, je crois que vous n'êtes pas tellement en désaccord,
20:12apparemment oui, avec Baha Jatrisque, pour une raison très simple.
20:16– Non, non, non. – Pardon ?
20:18– Je le respecte, je le respecte absolument,
20:22mais moi je crois à la rencontre des civilisations.
20:24– Tout à fait.
20:26– Aujourd'hui, tu as la possibilité de rencontrer,
20:30pas de parler avec lui, il y a cent ans, tu n'as jamais parlé de…
20:34– C'est vrai, c'est vrai.
20:36– Il y a cent ans, tu n'as jamais entendu d'un pays qui s'appelle l'Argentine,
20:40ou bien Brésil.
20:42– C'est vrai, ça c'est le triomphe de la technologie.
20:44Alors qu'est-ce que vous répondez, juste, monsieur Risque,
20:48qu'est-ce que vous répondez, effectivement, au père Anita Hou,
20:52qui dit, attendez, le choc des civilisations, d'accord,
20:54mais ce qui est important, justement, aujourd'hui,
20:56je peux parler à un village argentin, je peux parler au monde entier,
21:00et est-ce que ce n'est pas le problème, justement,
21:02il faut opposer au choc des civilisations,
21:04et travailler pour la rencontre des civilisations ?
21:06– Bien sûr, moi je pense que le choc des civilisations
21:10et le dialogue des cultures sont les deux faces du même médaille.
21:14On ne peut pas avoir l'un en excluant l'autre.
21:16C'est la seule chose que je relève.
21:18Bien sûr, je crois au Liban en tant que pays message,
21:22tel que l'a dit sa sainteté le pape Jean-Paul II.
21:24Je crois aux idéaux de l'universalisme, des droits de l'homme,
21:28et des religions universelles.
21:30Mais ce que je relève, c'est que malgré tout,
21:34on ne peut pas occulter les conflits sur le terrain,
21:36les conflits qu'il faut gérer aussi, et qu'il faut encadrer.
21:40Donc mon but, moi, ce n'était pas de mettre en avant,
21:42de façon inéluctable et fatale, le choc des civilisations.
21:46Mais c'est au contraire de ramener les choses
21:49dans une dimension un peu réaliste,
21:52pour les négocier avant que les guerres adviennent.
21:55Donc la démarche se complète avec celle de père Hani.
21:58À aucun moment, et je ne réduis pas du tout la religion,
22:01pour moi c'est un absolu, c'est un absolu de foi.
22:04Mais en même temps, vous êtes obligé de rentrer dans la relativité
22:08en tant qu'être humain, et d'inscrire les choses dans l'histoire.
22:10Alors ce qu'on observe, c'est que les conflits qui se multiplient,
22:13et ça ce sont les rapports de UNESCO, ce n'est pas moi,
22:16ce n'est pas de mon fait, donc ces définitions,
22:18ce travail un peu scientifique que j'essaie de faire,
22:21c'est en mettant de côté ma foi absolue en tant que chrétien,
22:25et le fait effectivement que j'ai une croyance
22:28dans l'humanité et dans l'humanisme.
22:30Alors justement, moi je voulais juste apporter ma petite pierre à cela.
22:33Moi je crois qu'effectivement c'est synergique,
22:35mais d'autant plus synergique que, vous savez, il y a deux camps.
22:39Il y a les mondialistes qui veulent effacer les frontières,
22:42effacer les identités, effacer les états-nations.
22:45Mais moi je crois qu'on ne peut devenir citoyen du monde
22:47qu'en étant conscient de son identité.
22:49C'est-à-dire qu'il y a les identités meurtrières,
22:52et il y a les identités ouvertes.
22:54Ce qui est très important, c'est de travailler pour l'identité ouverte,
22:57et de ne pas laisser la place aux rapports de force.
23:00Parce qu'aujourd'hui on le voit, hélas, dans le monde,
23:02ce sont les rapports de force qui dirigent,
23:05et si on enlève toute identité aux 7 milliards de personnes
23:10qui sont sur la planète, on le voit très bien.
23:13Pourquoi il y a les BRICS ? Pourquoi la Chine ?
23:15Pourquoi l'Inde ? Pourquoi la Russie ?
23:17Pourquoi tout ça ?
23:18C'est qu'on part d'une identité, que ce soit une religion,
23:21que ce soit etc.
23:22Et ça ne veut pas dire qu'on veut vaincre les autres et les éliminer.
23:25Ça veut dire qu'il faut coexister.
23:27On va continuer à en parler avec Hugues Réner,
23:29parce que si je ne lui donne pas la parole,
23:31il va me menacer avec sa baguette,
23:33et ça risque d'être extrêmement grave.
23:35Donc, à tout de suite, après cette petite pause.
23:39Et avant qu'il y ait un drame, vous pouvez tout de même appeler
23:42si vous avez une question ou si vous voulez réagir à notre émission
23:45au 0 826 300 300.
23:57Et nous avons même un ténor avec nous.
24:00Je ne sais pas s'il va chanter.
24:02Est-ce que vous pourriez nous faire...
24:04Oui, le début du Requiem.
24:06Le début du Requiem, c'est possible comme ça ?
24:08Tu sais, après la basse, quand on fait...
24:17Et toi, qu'est-ce que tu fais après ?
24:24Pas mal.
24:25Pas mal.
24:29Formidable.
24:30Le Requiem de Mozart, voyons-là, en direct,
24:33en plateau, sur, sous le radio,
24:35dans le Berkhoff, dans tous les états.
24:37Hugues Réner, 1500 concerts en tant que chef d'orchestre.
24:40Compositeur ici, il faut le dire.
24:43Vous avez travaillé dans toutes les capitales du monde.
24:47Même à l'ombre de Claude Monet, il faut le dire aussi.
24:50Sans aller plus loin, mais quand même.
24:51Non, on ne va pas dire que j'habite à Giverny.
24:53Non, il ne faut pas le dire.
24:55Pourquoi, ce Requiem de Mozart,
24:57pourquoi vous vous êtes engagé
24:59à agir pour la paix avec les chrétiens d'Orient ?
25:01Alors, d'abord,
25:03je ne mets pas sous le...
25:05Si vous voulez,
25:07je suis chrétien.
25:08Mon père est juif.
25:09Ma mère était catholique
25:11et mon éducation était protestante.
25:13Très œcuménique.
25:14Oui, je suis un petit-fils
25:16de Schwitz.
25:18Mes grands-parents ont été
25:20déportés,
25:22et ma tante, qui a 15 ans,
25:24a été déportée.
25:26Elle s'appelait Cécile.
25:27Elle venait de se convertir au christianisme.
25:29Donc, quelque part, j'ai envie
25:31d'accepter cet héritage.
25:34Et c'est pour ça que je me suis engagé
25:36auprès de Agir pour la paix avec les chrétiens d'Orient.
25:38Annie Léritier, qui est une des
25:40vice-présidentes,
25:42a fait le lien avec son président,
25:44François Fillon, pour qu'on se rencontre et qu'on discute.
25:46Oui, François Fillon, qui est président.
25:48Et il m'a dit, pourquoi vous êtes tombé sur nous,
25:50une petite association. Je lui ai dit, parce que je suis déjà tombé.
25:52On ne peut pas être chrétien si on n'est pas tombé quelque part,
25:54tombé dans une espèce de compréhension,
25:56d'empathie, absolument.
25:58Mon frère est en situation de handicap,
26:00et c'est mon vrai professeur de conscience.
26:02Mon père, qui était écrivain,
26:04a été mon principal éducateur.
26:06Et il disait, d'ailleurs, ne pas tenir
26:08compte de la vie des autres,
26:10c'est se déclarer mort.
26:12Mon père, écrivain aussi, Sylvain Renner,
26:14avait écrit une biographie sur Golda Meier.
26:16Et en le lisant, on voit
26:18toute la sagesse.
26:20Il disait des propos absolument extraordinaires.
26:22Il faut lire un petit peu.
26:24En tout cas, je suis gré au président d'APCO
26:26d'avoir, à l'Assemblée,
26:28prêté l'attention
26:30aux minorités,
26:32les chrétiens d'Orient, parce qu'effectivement,
26:34ce n'est pas une histoire simplement de foi,
26:36c'est une histoire de civilisation.
26:38Maintenant, vous m'interrogez pour la véritable nature.
26:40Évidemment, quand vous avez des grands-parents
26:42absents, et quand à 9 ans,
26:44vous découvrez ça,
26:46vous allez devenir musicien.
26:48Comme si on voulait botter en touche.
26:50Se séparer un petit peu de la planète.
26:52Ne pas refuser l'histoire.
26:54Exactement.
26:56Ne pas refuser l'histoire, c'est se mettre un petit peu à côté
26:58pour ne pas sombrer, comme disait tout à l'heure
27:00Baja,
27:02dans l'émotionnel.
27:04Et ça, c'est très important. Pour un chef d'orchestre,
27:06ne pas sombrer dans l'émotionnel, c'est bizarre.
27:08Mais il faut avoir gardé la tête froide,
27:10qui pouvait être considérée,
27:12quand on a 9 ans, comme un désir de vengeance.
27:14Vous avez assassiné mes grands-parents
27:16et ma tante, et du coup, pour les anniversaires,
27:18nada, rien du tout, on n'a plus rien.
27:20Donc,
27:22de cette poisse, j'en ai fait quelque chose
27:24de tenace, c'est-à-dire,
27:26on va dire, résilience.
27:28Mon ami Boris Cyrulnik m'a beaucoup
27:30inspiré. Et donc, en fait, l'idée,
27:32c'est de dire,
27:34c'est pas pourquoi il y a des guerres,
27:36mais pourquoi on peut les faire.
27:38Vous avez tout à fait raison.
27:40On trouvera toujours des
27:42raisons culturelles de tout.
27:44Et il a bien raison d'avoir dit
27:46que la plupart sont des conflits culturels.
27:48Mais on peut, c'est vraiment le conflit.
27:50Mais l'imbécilité
27:52absolue de l'infantilisation, c'est
27:54de faire le jeu des marchands
27:56d'armes, et des petits jeux
27:58interactifs où on tue, ah t'es mort,
28:00je l'ai baisé, je l'ai tué.
28:02En fait, tout ça, c'est grotesque.
28:04C'est l'infantilisation. Donc, passer, à mon avis,
28:06évidemment, d'une civilisation où
28:08les guerres, on peut rien faire, c'est l'homme pour l'homme,
28:10c'est un loup, à un outil qui est
28:12l'ONU. Pourquoi l'ONU ne remplit pas sa mission ?
28:14Voilà la principale désinterpellation
28:16que j'ai faite aujourd'hui.
28:18Mais il ne s'agit pas simplement de
28:20s'indigner, comme Stéphane Essel le disait.
28:22Il s'agit, et après il a dit,
28:24engagez-vous, mais il ne s'agit pas simplement de s'engager.
28:26Il s'agit de créer le focus
28:28sur, et ne se concentrer pas
28:30sur, t'es dans quel camp, toi ?
28:32T'es dans quel camp ? Ah, toi t'es dans l'autre, on n'est plus amis.
28:34C'est se dire,
28:36finalement, ok, les conflits,
28:38si ça existe, ça fait partie de la nature humaine,
28:40c'est fantastique le conflit, la conflictualité
28:42qui ne doit pas être refoulée, comme l'a dit si bien
28:44Bajard, mais au contraire,
28:46observer, analyser, identifier
28:48et par contre s'occuper
28:50de cet instrument qui est magnifique,
28:52qui n'est pas une mondialisation, qui n'est pas le gouvernement du monde,
28:54des psychopathes de là-bas,
28:56c'est simplement s'intéresser à ce sujet.
28:58Alors on a parlé des Nations Unies
29:00comme une espèce de
29:02beauté,
29:04culturelle, c'est très beau,
29:06mais il faut s'intéresser au peuple.
29:08C'est les peuples qui sont les principales victimes des guerres.
29:10Un million de morts en Ukraine, n'en parlons pas,
29:12c'est tout le temps.
29:14Il y a plus de morts depuis 1945
29:16que pendant la seconde guerre mondiale.
29:18Donc l'outil onusien
29:20doit être soit réparé, soit remplacé.
29:22Alors, on pourrait dire
29:24les peuples unis. C'est ce que disait
29:26pendant 30 ans, j'ai étudié, pendant 30 ans.
29:28Je me suis servi de la musique,
29:30d'abord, un, pour me calmer,
29:32pour m'assagir,
29:34pour m'enoblir,
29:36parce que fréquenter Beethoven, Bach, Mozart,
29:38Gustav Mahler, Chopin,
29:40ça vous nourrit l'âme et ça vous fortifie
29:42les biceps.
29:44C'est pour ça que j'ai été appris à Sarajevo pendant la guerre
29:46pour reconstruire l'orchestre sous les snipers
29:48pour ne pas en avoir peur,
29:50mais plutôt regarder dans les yeux et dire
29:52maintenant qu'est-ce qu'il faut ?
29:54D'abord, s'intéresser, interpeller
29:56pourquoi l'ONU ne remplit pas sa fonction.
29:58Mais pas avec idéologie,
30:00pas avant.
30:02C'est très bien, c'est merveilleux,
30:04Mozart et tout ça.
30:06Je te réponds direct. Pardon, on se tutoie, on se voit, on s'en fout.
30:08Revenons-nous dans le toit
30:10pendant que vous n'y êtes pas.
30:12Oui, exactement.
30:14Ce que je disais, c'est que,
30:16qu'est-ce qu'apporte la musique ? La musique classique va créer
30:18une espèce de tempête émotionnelle,
30:20mais aussi un désir
30:22d'avoir d'autres désirs.
30:24Je fais référence à Albert Camus,
30:26si tu me permets.
30:28S'il y a beaucoup d'hommes,
30:30aujourd'hui, de femmes et d'hommes,
30:32qui, dans le secret de leur cœur,
30:34maudissent la violence et la tuerie,
30:36il n'y en a pas beaucoup qui veuillent reconnaître
30:38que cela
30:40les force à reconsidérer
30:42leur pensée ou leur action.
30:44Le ronron
30:46qu'on peut avoir. Ou ceux qui voudront faire
30:48cet effort, cependant, pour ceux qui voudront
30:50faire cet effort, ils trouveront
30:52une espérance raisonnable
30:54et la règle d'une action, changer sa pensée.
30:56Donc, si on parle de l'ONU,
30:58l'interpellation, qu'est-ce qu'on pourrait fabriquer ?
31:00J'ai écrit un manifeste
31:02avec les anciens secrétaires généraux de l'ONU.
31:04Comme ils étaient
31:0620 ans à la retraite, ils ne risquaient plus rien
31:08de leur carrière.
31:10Ils ont été anonymes, ils m'ont enseigné.
31:12Maurice Bertrand, le chef du cours commun d'inspection de l'ONU,
31:14ancien conseiller de Mondeste France.
31:16Tout ça, c'est un travail de base
31:18et le siège de cette nouvelle ONU
31:20sera à Beyrouth, capitale
31:22aujourd'hui de la souffrance, capitale
31:24d'espoir, capitale des victoires.
31:26Contre toutes, il a dit, c'est bien,
31:28toutes les guerres, quand on s'occupe,
31:30par exemple, quand on s'occupe...
31:32Comment vous avez appelé cette
31:34nouvelle ONU ?
31:36D'abord, ce n'est pas une nouvelle, ça sera à côté,
31:38parce qu'il ne faut pas les gêner ces grands fonctionnaires,
31:40ils sont tellement mignons.
31:42Ils sont bien payés ?
31:44Non, mais pas d'animosité, ils sont bien payés,
31:46parce que peut-être qu'ils l'ont mérité.
31:48Le sujet, il n'est pas de faire une confrontation.
31:50Qu'est-ce que vous voulez faire précisément, concrètement ?
31:52Je te dis,
31:54l'organisation des Nations Unies,
31:56c'est une chose, c'est les Nations Unies.
31:58C'est leur travail.
32:00Après, tu as l'organisation des Peuples Unis.
32:02Qui n'aime pas la guerre ?
32:04Mon père disait,
32:06ne pas s'intéresser.
32:08Vous faites une organisation des Peuples Unis, on ne va pas...
32:10À côté, c'est tout simple.
32:12À côté, parfois on verra,
32:14comme dans les Jeux Olympiques, la compétition,
32:16qui gagne la palme d'or,
32:18ça sera sans doute...
32:20C'est un travail complètement utopique, on est bien d'accord.
32:22Et puis, on peut nous...
32:24Mais on s'en fout.
32:26Ton confrère, il s'appelait...
32:28Jean-Luc S.
32:30De Radio France.
32:32Il m'a dit, c'est complètement utopique.
32:34Mais je sens que René,
32:36il est un petit peu nerveux.
32:38Moi, c'est mes grands-parents.
32:40Ils sont morts.
32:42L'utopie d'aujourd'hui peut être la réalité de demain.
32:44On peut en tout cas l'espérer.
32:46En tout cas, il faut travailler là-dessus.
32:48Henri Bergson, un dernier mot.
32:50L'avenir ne sera pas ce qui va arriver.
32:52Mais est-ce que nous allons en faire ?
32:54C'est court, Henri Bergson.
32:56Absolument.
32:58J'adore rire avec Bergson aussi.
33:00Il a fait un très beau bouquin sur le rire.
33:02Revenons à ça.
33:04Encore une fois, je répète,
33:06le concert du 11 décembre.
33:08Vous savez que nous, nous sommes
33:10sur Youtube.
33:12Nous sommes sur tous les réseaux sociaux.
33:14Nous allons être rediffusés, évidemment.
33:16Cette émission va être rediffusée.
33:18On va écouter.
33:20Nous avons plusieurs centaines de milliers de personnes
33:22qui nous écoutent sur les réseaux sociaux.
33:2420h30, parce qu'on n'a jamais dit l'heure.
33:2620h30.
33:28Absolument, 20h30.
33:3011 décembre, 20h30,
33:32Église Saint-Sulpice.
33:34Ce sera une autre inauguration que Notre-Dame.
33:36Ce sera une très belle ouverture.
33:38Benjamin Trisque,
33:40je lui ai demandé,
33:42et c'est vrai que
33:44la musique,
33:46vous savez très bien que
33:48dès qu'on quitte l'art,
33:50quel que soit l'art,
33:52que ce soit la musique, la littérature,
33:54la peinture,
33:56c'est l'absolu, parce qu'il n'y a pas de discussion là-dessus.
33:58En revanche, en politique, c'est le relatif.
34:00Il n'y a pas d'absolu en politique.
34:02Si l'on dirait que oui, Hitler c'est l'absolu,
34:04Mussolini c'est l'absolu, Pol Pot c'est l'absolu.
34:06Et on voit ce que ça donne.
34:08Mais comment faire pour
34:10que revenir sur Terre,
34:12ça dépend, vous croyez, du facteur humain ou de quoi ?
34:14Je demande, vous parlez de votre cadre,
34:16et ça vous l'avez très bien défini, mais qui peut
34:18l'incarner ?
34:20Moi, dans ma démarche, j'ai posé une problématique,
34:22qui est de recréer un cadre
34:24référentiel, qui prend en considération
34:26la référence au père de l'histoire,
34:28d'un point de vue d'anthropologie politique,
34:30et la définition
34:32des Nations Unies,
34:34les droits de l'homme sans distinction de race, de sexe,
34:36de langue de religion. Au-delà de ça,
34:38c'est aux décideurs politiques
34:40de prendre conscience qu'ils doivent garder
34:42un équilibre entre
34:44cette dimension à l'universalisme,
34:46à laquelle nous tendons tous en tant qu'êtres humains,
34:48et également la responsabilité
34:50par rapport à l'héritage
34:52qu'ils ont eu et à la culture qu'ils doivent
34:54défendre. Vous ne pouvez pas déposséder
34:56les peuples de leur culture. Donc, toute la
34:58question, c'est de pouvoir
35:00faire un équilibre
35:02entre cette dimension, cette revendication
35:04tout à fait légitime, de préserver
35:06cette culture et de la transmettre
35:08à travers des paramètres qui n'ont pas changé,
35:10qui sont toujours opérationnels,
35:12et qui nous structurent la langue, la religion,
35:14la race et les mœurs. On ne peut pas
35:16y échapper. Mais plutôt que de les utiliser
35:18à des fins propres pour enclencher
35:20des guerres, avoir du pouvoir
35:22et une emprise sur les populations parce que ça touche
35:24l'inconscient collectif, plutôt qu'utiliser
35:26cet instrument pour toucher l'affectivité
35:28et mobiliser, comprendre
35:30qu'en même temps, il y a une dimension
35:32à l'universel dont nous nous revendiquons
35:34tous, et qui doit passer par
35:36la négociation rationnelle
35:38avant le déclenchement des hostilités.
35:40Parce qu'une fois que vous passez dans le déclenchement,
35:42c'est impossible de rationaliser. On l'a vécu au Liban.
35:44On est parti pour quelque chose qu'on n'a pas essayé de résoudre
35:46ou qu'on n'a pas pu rationaliser
35:48et puis c'est l'irrationnel continu.
35:50Si vous voulez, le processus de guerre,
35:52c'est quelque chose qui se structure au fur et à mesure.
35:54Mais si vous le laissez
35:56libre, en roue libre,
35:58à un moment donné, vous ne pouvez plus l'intercepter.
36:00Donc c'est ce processus qu'il faut essayer
36:02d'intercepter et les politiques
36:04doivent prendre conscience que cette
36:06dimension de l'universel ne contradit
36:08pas les identités nationales.
36:10Les identités nationales ne doivent pas être idéologisées parce que
36:12les idéologies sont absolues.
36:14Elles n'admettent pas de contestation.
36:16Elles sont totalitaires.
36:18Ça c'est le propre des idéologies maintenant. Est-ce qu'on peut se passer d'idéologie ?
36:20Non, mais on peut négocier quand même
36:22pour la survie de l'être humain à travers
36:24des paramètres rationnels que moi-même j'ai été
36:26chercher 500 ans avant Jésus-Christ
36:28et dont je ne suis pas responsable. Parce que parfois ils me disent
36:30tu es socialiste, tu es catholique.
36:32Je dis en aucun cas. Je pose une problématique et c'est aux décideurs
36:34politiques.
36:36C'est pas votre faute, c'est celle d'Hérodote.
36:38Hérodote est extraordinaire parce que
36:40c'est là qu'il a mis
36:42100 mètres de contexte fichté et erronant
36:44dans des définitions de la nation qui sont
36:46soumises à un contexte politique. Alors qu'Hérodote
36:48est complètement détachée.
36:50On va en parler après
36:52cette petite pause. On va se retrouver
36:54tout de suite.
36:56Vous pouvez appeler pour réagir
36:58ou poser une question
37:00en appelant 0 826 300 300.
37:02Enfin vous faites comme vous voulez mais appelez-nous.
37:08Sud Radio, Bercov dans tous
37:10ses états.
37:12Oui, nous arrivons malheureusement en fin
37:14d'émission. C'était passionnant, effectivement.
37:16Sur le Liban, sur la musique,
37:18sur la paix, sur la guerre,
37:20sur les civilisations, sur les identités.
37:22Père Raël Itaouk,
37:24vous êtes avec nous, de Beyrouth.
37:26Oui, je suis toujours ici.
37:28Vous avez écouté un peu. Vous pensez que
37:30justement, il y a la mondialisation
37:32et les identités. On en a
37:34suffisamment discuté. Vous, vous êtes
37:36là en train de nourrir, effectivement,
37:38vous et votre équipe, 5000 personnes.
37:40C'est du concret, c'est très
37:42important, c'est même essentiel.
37:44Vous aidez les gens à vivre.
37:46Et est-ce que
37:48c'est quelque chose, vous avez autour
37:50de vous, vous avez des bénévoles, vous avez
37:52des gens qui viennent, qui travaillent
37:54bénévolement à cela ?
37:56Certainement, on a des
37:58volontaires, des bénévoles.
38:00On a des volontaires, c'est-à-dire
38:02qui prennent une certaine intimité à la fin de chaque mois.
38:04Il y a des bénévoles qui travaillent
38:06bénévolement, donc
38:08tout gratuitement. On a
38:10même des Français,
38:12des Suisses, surtout des jeunes Français
38:14qui travaillent avec nous, encore plus tard,
38:16avec nous. On a beaucoup de volontaires
38:18libanais, de différentes communautés
38:20encore, qui viennent chaque jour
38:22pour nous aider, parce que c'est un travail
38:24énorme et
38:26c'est pas évident de faire
38:285 000 plats par jour, donc
38:30il faut commencer
38:32la distribution à 11h30.
38:34Donc il faut terminer
38:36ce qu'on appelle
38:38la cuisine
38:40ou bien le repas
38:42à 11h, il faut commencer à 11h30
38:44à faire
38:46distribuer les plats. Donc vous, vous commencez dès le matin,
38:48tôt, dès le matin. Oui, oui,
38:50on commence à 6h.
38:52D'accord. Et vous,
38:54et vous servez, donc c'est chaque midi,
38:56c'est ça ? Chaque 11h, chaque midi ?
38:58Chaque midi et même le dimanche.
39:00Chaque midi et même le dimanche. Et après-midi, on a
39:02un centre d'accueil,
39:04on a un centre d'écoute,
39:06on a une clinique
39:08thérapeutique avec
39:10une thérapeute familiale, avec
39:12un médiateur,
39:14avec des gens qui viennent à l'écoute
39:16et bien à l'aide encore des gens
39:18qui ont été soumis
39:20à des traumas ou bien traumatisés
39:22après la guerre,
39:24et bien on a encore un centre
39:26où on distribue des médicaments.
39:28Donc avec des soignants, avec des infirmiers,
39:30avec tout cela, c'est ça ?
39:32Tout à fait. D'accord, d'accord.
39:34Et bien écoutez, Perrani,
39:36merci et puis vraiment, qu'est-ce qu'on peut vous dire ?
39:38Bravo. Et si on peut aider,
39:40dites-moi s'il y a des auditeurs qui veulent vous aider.
39:42Ils s'adressent à qui et comment ?
39:44Par quel...
39:46Par quel moyen ? Ils doivent s'adresser
39:48à la Fondation Agir
39:50pour les chrétiens du monde, avec
39:52notre ami Annie, qui est
39:54superbe, avec notre
39:56président François Fillon, qui est encore
39:58une personne exceptionnelle,
40:00et qui nous aide
40:02encore, et avec
40:04cette fondation, ils peuvent nous aider.
40:06Donc Agir pour les chrétiens du monde ?
40:08Non, Agir pour la paix avec les chrétiens d'Orient.
40:10D'accord. Agir pour la paix avec... C'est A-A-B-C-O.
40:12Et donc vous aurez directement
40:14leur contact, et il faut savoir que chaque place vendue...
40:16Agir pour la paix avec les chrétiens d'Orient.
40:18Chaque place vendue, 20 euros.
40:20Donc on en a 1000 places, ça fait 20 000 euros.
40:22Et donc la recette ira à l'association.
40:24Mais oui, parce que c'est pas uniquement
40:26un truc sympa, c'est aussi utile.
40:28Je voulais savoir, Annie,
40:30d'abord ça va, je suis content de
40:32t'avoir...
40:34En un mot,
40:3610 000, 20 000 euros,
40:38qu'est-ce que ça correspond en termes de cuisine pour toi ?
40:40Regarde,
40:42pour nous, on dépense
40:44chaque jour entre
40:464 000 et 4 500
40:48euros par jour.
40:50D'accord, ça fait 4 jours.
40:52Et on peut,
40:54avec toutes les donations qu'on reçoit aujourd'hui,
40:56ça peut être pas mal,
40:58une somme pas mal pour
41:00encore peut-être acheter
41:02des friandises, acheter des...
41:04payer les générateurs
41:06des quartiers, payer les gaz,
41:08donc ça peut nous aider beaucoup.
41:10Père Annie, sachez que
41:12on va passer le message, et il y aura
41:14peut-être d'autres personnes, d'autres artistes,
41:16etc., qui voudront participer,
41:18donner, donc tout ça est ouvert.
41:20Je voudrais remercier Hugues Réner,
41:22vraiment, pour sa contribution.
41:24Je voudrais remercier Bajat Rizk.
41:26Vous avez posé les cadres,
41:28et c'est très important, et de se dire,
41:30après tout, peut-être qu'on peut choisir la paix.
41:32Ce ne serait pas... On peut peut-être
41:34faire appel à l'intelligence des gens,
41:36et pas seulement à leur instinct
41:38de mort. En tout cas, c'est la grâce
41:40que je nous souhaite.

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