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Anne Fulda reçoit Géraldine Maillet pour son livre «Ma minuscule» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'Heure des livres, Géraldine Maillet.
00:03Alors on vous connaît, vous avez toujours plusieurs vies,
00:07mannequin, réalisatrice, chroniqueuse télé, romancière,
00:10vous avez déjà écrit de nombreux livres,
00:12et là vous venez de publier Ma minuscule,
00:14un livre qui est paru chez HarperCollins,
00:17un livre qui est touchant, un témoignage d'amour pour votre grand-mère,
00:21un témoignage tout court sur la vieillesse,
00:24ce qu'on appelle le quatrième âge,
00:26et un hommage aussi pour le monde des soignants,
00:29c'est tendre, cru, drôle, triste, c'est la vie.
00:33Merci Yann.
00:34Alors, Simone a 93 ans, Marie et Alice sont ses autres prénoms,
00:38mais ses petits-enfants l'ont surnommée Mamie Téti,
00:40elle n'aime pas les couleurs vives, le saumon est son plat préféré,
00:43et elle ne dit jamais non à une petite coupe de champagne,
00:45même si ça fait longtemps qu'elle n'y a pas eu droit.
00:47Simone, Mamie Téti, c'est donc votre grand-mère,
00:50qui a eu un AVC il y a un an et demi,
00:52alors pourquoi avez-vous décidé d'écrire ce livre ?
00:55Parce que ça a été une déflagration,
00:57quand vous avez quelqu'un qui vous aime,
00:58même si elle est très âgée, qui a un AVC devant vous,
01:00vous vous dites, comment je vais faire pour la sauver,
01:02parce que vous voulez malgré tout la sauver,
01:04même si elle a 93 ans,
01:05et vous pensez que son avenir est incertain.
01:07Et ça a été une déflagration évidemment intime,
01:10et après je me suis dit, mais en fait, autour de moi,
01:12il y a plein de gens qui ont des minuscules,
01:14vous avez des minuscules dans votre vie,
01:15les gens qui nous écoutent ont des minuscules,
01:17il n'y a pas plus universel finalement,
01:19que les gens qu'on aime, qui vieillissent autour de nous,
01:21et qui finalement, petit à petit, ont des capacités,
01:25qui réduisent comme une sorte de peau de chagrin.
01:27Et donc j'ai voulu écrire ce livre,
01:29pour lui rendre hommage,
01:30pour rendre hommage à ce quatrième âge,
01:32qu'on dit qu'on aime, mais qu'on n'aime pas vraiment,
01:34qui est un peu sur une voie de garage.
01:35J'ai voulu finalement faire un livre,
01:37merci pour vos mots, ça me touche beaucoup,
01:39un beau livre sur la vieillesse,
01:41sur le temps qui court, sur le temps qui passe,
01:43sur le corps qui flétrit, sur les rides,
01:45sur les pertes de mémoire.
01:47Et au fur et à mesure de cette année et demie,
01:49avec ma grand-mère, de parcours du combattant,
01:52j'ai vu que l'on sauvait des soignants.
01:54Et comme en France, on dit qu'il n'y a rien qui marche,
01:56qu'on meurt aux urgences,
01:57qu'on maltraite nos vieux dans les EHPAD,
01:59j'ai vu autre chose.
02:01Et j'ai voulu aussi raconter cette autre chose,
02:03et rendre hommage à ces soignants,
02:05qui sont complètement invisibles pour ma grand-mère,
02:07encore aujourd'hui, parce qu'elle ne les reconnaît pas,
02:09et qui ont été si utiles dans cette ronde,
02:11un peu pleine d'humanité.
02:13Il faut dire que cette grand-mère,
02:15vous avez toujours, j'imagine, de façon différente,
02:17un lien très particulier avec elle,
02:19cette grand-mère qui était bien belle,
02:21Santé Calèche d'Hermès, vous vous appelez tous les jours.
02:23C'était, vous dites,
02:25comme la poupette de la boum,
02:27de Sophie Marceau.
02:29Absolument, c'était ma Denise Gray.
02:31Vous arrivez encore à avoir des liens avec elle,
02:33des relations,
02:35une communication,
02:37puisqu'elle a Alzheimer.
02:39Oui, elle a Alzheimer.
02:41En fait, c'est ce que veut montrer ce livre, Anne,
02:43c'est aussi, et ce que m'ont aidée
02:45à accepter les soignants.
02:47C'est-à-dire que quand vous aimez quelqu'un
02:49et qu'il devient l'ombre d'elle-même,
02:51en fait, ma grand-mère est devenue
02:53l'ombre d'elle-même, ça vous est insupportable.
02:55Et comment vous acceptez
02:57ce côté insupportable ?
02:59En fait, les soignants m'ont aidée.
03:01Ils m'ont dit, en fait, vous ne devez plus juger
03:03votre grand-mère avec vos paramètres
03:05à vous, avec vos critères à vous.
03:07Vous devez l'accepter
03:09dans son nouveau monde, avec ses nouveaux critères.
03:11Et dans son nouveau monde, avec ses nouveaux critères,
03:13il n'y a rien. Il y a la journée
03:15comme ça, qui s'étire,
03:17il y a les couches qu'on lui change régulièrement,
03:19il y a la douche qu'on lui donne,
03:21il y a les repas qu'on lui propose,
03:23qu'elle mange plus ou moins sans savoir vraiment
03:25dans quel ordre. Donc oui, c'est un chaos.
03:27C'est un chaos qui est forcément
03:29insupportable quand on aime les gens
03:31et voilà, on est tous confrontés à ça, malheureusement,
03:33puisqu'il y a 150 000 AVC
03:35en France chaque année,
03:37et 900 000 personnes qui ont l'Alzheimer.
03:39Mais ce chaos maintenant m'est supportable
03:41parce que je me dis que c'est son monde à elle
03:43et je ne la juge pas, je l'accepte et je lui tend la main.
03:45Même si elle me demande 250 fois l'heure
03:47et qu'il y a un grand cadran en face d'elle
03:49que je raconte dans le livre,
03:51je lui donne l'heure, ce n'est pas grave, après tout,
03:53je n'ai pas à me formaliser pour ça.
03:55Donc c'est aussi ça que j'ai voulu raconter,
03:57avec aussi de l'humour, de la tendresse, de la douceur,
03:59parce que quand c'est vieux, on ne rit plus,
04:01c'est solennel et je pense que c'est important
04:03aussi d'injecter du rire là-dedans.
04:05Ce que vous faites d'ailleurs.
04:07Vous faites aussi, c'est ça qui est intéressant,
04:09une série de portraits de soignants,
04:11assistants, médecins,
04:13ça va de la femme, du brancardier,
04:15du sapeur-pompier romain
04:17qui vient la secourir,
04:19à Soraya,
04:21arrivée en France, 25 ans, interne
04:23aux soins intensifs,
04:25l'or, 57 ans, aide-soignante.
04:27Ils sont tous dévoués,
04:29vous avez eu visiblement une bonne expérience,
04:31vous avez voulu leur rendre hommage
04:33et on voit, et surtout pour les femmes,
04:35qu'elles ont une vie familiale souvent compliquée,
04:37il y a quelque chose d'universel,
04:39c'est qu'ils sont tous très mal payés.
04:41C'est incroyable.
04:43D'abord, j'ai voulu leur rendre hommage
04:45parce que je trouvais que ça avait fonctionné
04:47incroyablement bien pour ma grand-mère.
04:49Quand j'ai appelé les pompiers,
04:51et quand ils m'ont demandé à quel âge,
04:53j'ai dit 92 ans, je me suis dit
04:55mais ils ne vont jamais la sauver,
04:57ça ne va pas être un cas de force majeure.
04:59Après, elle est allée aux urgences de Corbeil-Esson
05:01et là, pareil, tout de suite, on l'a amenée
05:03dans les urgences, faire une thrombolise,
05:05faire une IRM.
05:07J'ai voulu absolument savoir qui ils étaient
05:09et vous savez, bien sûr qu'ils ne sont pas bien payés.
05:11Mais d'abord, je me suis dit que tous,
05:13ils m'ont dit qu'ils avaient fait ça par vocation,
05:15par passion.
05:17Ils ont voulu plonger dans le grand âge
05:19parce qu'ils avaient eu, vous l'avez dit tout à l'heure,
05:21une histoire compliquée, familiale et tout ça.
05:23Et personne m'a dit, je ne gagne pas assez.
05:25Bien qu'évidemment, ils ne gagnent pas assez
05:27et c'est insupportable.
05:29Ils m'ont tous dit, nous, on voudrait
05:31qu'en fait, petit à petit,
05:33les gens qui viennent visiter ces vieux
05:35de l'humain, de l'humanité.
05:37C'est-à-dire que oui, ils font tout pour nos vieux,
05:39mais on a le droit de leur dire bonjour,
05:41comment ça va aujourd'hui.
05:43Réinjecter de l'humain aussi.
05:45En tout cas, c'est-à-dire, vous racontez aussi
05:47ce que c'est le parcours du combattant administratif
05:49dont s'occupe votre maire,
05:51les différents établissements,
05:53mais on n'a pas le temps d'en parler.
05:55C'est-à-dire, ça s'appelle Ma Minuscule,
05:57c'est donc paru chez HarperCollins.
05:59Merci beaucoup Géraldine Maillet.
06:01Merci Anne.

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