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00:00Bonjour François Ruffin, vous êtes élu d'une terre d'agriculture, la Somme.
00:04Comment elle se passe la mobilisation chez vous, la mobilisation des agriculteurs ?
00:08Est-ce que vous êtes allé les voir ?
00:09Oui, je suis allé les voir lundi.
00:11Vous savez, ce qu'ils me disent, c'est simplement qu'on n'a pas envie d'être une monnaie d'échange
00:15pour permettre de vendre des voitures allemandes en Amérique du Sud, en gros.
00:20Et il faut se rappeler des propos du Président de la République dans le cœur de la crise Covid qui disait
00:24« déléguer notre alimentation, notre protection à d'autres est une folie ».
00:27Donc évidemment, on a déjà fait de la Picardie, on a vu partir les usines, vers la Chine notamment.
00:34Est-ce qu'on veut voir partir nos fermes et vers la ferme-usine que serait le Brésil ?
00:39Par ailleurs, moi j'avais rencontré des agriculteurs brésiliens du Cerrado
00:43et qui, eux, en joignaient aussi de ne pas signer ce traité.
00:47Pourquoi ?
00:48Parce qu'eux-mêmes, étant de petite agriculture et étant confrontés à des agriculteurs
00:55qui font 10 000 hectares, ils me disaient « une propriété, c'est l'équivalent de 10%
00:59des importations de soja en France ».
01:02Vous voyez ? Donc quel modèle on veut suivre ?
01:05En fait, toute la question qui est posée là, c'est quel cap on veut donner à l'agriculture française ?
01:09Est-ce que le cap qui est donné, c'est d'être compétitif avec les fermes-usines du Brésil
01:13ou de Nouvelle-Zélande, avec qui il y a un accord de libre-échange qui a été signé ?
01:17Ou bien, est-ce que ce qu'on pense qu'on doit faire, c'est d'abord nourrir notre pays et bien nourrir ?
01:22On n'est pas tout seul, on est dans l'Union Européenne.
01:25Et vous avez vu d'autres pays, d'autres grands pays comme l'Allemagne,
01:28ils sont pour ce traité de libre-échange.
01:31Il y a la possibilité de dire non à ce traité de libre-échange.
01:35Et je crois que même en général, pour les Français aujourd'hui,
01:39il y a un sentiment d'absurdité à ce grand déménagement du monde
01:42qui se produit maintenant depuis 40 ans.
01:44Je le disais, c'est vrai sur les usines, mais pourquoi on va faire venir des moutons de Nouvelle-Zélande ?
01:49Pourquoi on ferait venir des bœufs d'Amérique du Sud ?
01:55Tout ça n'a pas de sens. Je pense qu'on est dans un moment où il y a une perte de sens.
01:59Vous savez, moi, c'est un engagement sur l'agriculture, il est dans la durée.
02:02Je pense qu'il y a eu un sens qui a été donné à ce qu'on faisait sur l'agriculture dans l'après-guerre.
02:06Il s'agit d'avoir la souveraineté alimentaire.
02:09Et on y est parvenu en une génération.
02:11En une génération, parce qu'on y a mis les moyens de mécanique,
02:15on a retrouvé notre souveraineté alimentaire.
02:18Et puis ensuite, il n'y a plus...
02:20Sinon, la seule mission qu'on a donnée, c'est la mission exportatrice de l'agriculture française.
02:24Ça n'est pas souhaitable.
02:26Vous voyez, et aujourd'hui, on se retrouve, 30 ans après,
02:30il y a eu les accords de Marrakech qui ont été signés en 1994, ça veut dire quoi ?
02:33Ça veut dire qu'on renonce à quelque part à une exception agriculturelle.
02:37Moi, je suis partisan que de la même manière qu'on a construit une exception culturelle
02:41qui nous permet d'avoir du cinéma français, qui nous permet d'avoir des livres français,
02:44qui nous permet d'avoir de la musique française et européenne et diverse,
02:48eh bien, on est une exception agriculturelle qui fasse que non,
02:52la seule règle, ça ne soit pas les plus bas coûts, les normes environnementales les plus faibles.
02:57François Ruffin, Michel Barnier sera tout à l'heure devant le Congrès des maires de France.
03:01Il a annoncé hier un assouplissement du zéro artificialisation net des sols
03:06qui vise à freiner la construction pour préserver des terres agricoles.
03:10Est-ce que vous le regrettez ?
03:12D'abord, la première chose à dire, c'est que monsieur Barnier, il a fait une diversion
03:15et ça marche puisque vous m'en parlez ce matin.
03:17En quoi c'est une diversion ?
03:19En quoi c'est une diversion ? Il vient de gratter 10 milliards d'euros aux maires, aux collectivités.
03:24Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, très concrètement, et j'étais au salon des maires hier,
03:28quand on les interroge qu'il va y avoir 20 000 euros pour les petites communes,
03:32qu'il va y avoir 1 million d'euros, 2 millions d'euros à gratter, ça veut dire quoi ?
03:35Ça veut dire que c'est sur les ATSEM dans les écoles, c'est sur les animateurs,
03:39c'est sur la réfection d'une cuisine.
03:41Vous ne pouvez pas parler de diversion, on en parle depuis le début.
03:44Il sait qu'on lui en parlera tout à l'heure, mais là, sur le ZAN.
03:46Oui, mais j'y viens.
03:48Mais dire quand même que le gros problème des maires aujourd'hui, c'est celui-là.
03:52C'est celui de « on nous sert, on va nous empêcher de faire de l'investissement »,
03:55c'est-à-dire nous empêcher aussi d'imaginer, d'innover des choses dans nos territoires,
03:59on va nous empêcher de faire ça.
04:01Maintenant, sur le ZAN.
04:03Prenons conscience que la terre est une ressource rare, est une ressource précieuse,
04:09comme l'eau le devient, qu'en France, on est davantage consommateur de terres artificialisées.
04:15On est à 47 hectares pour 100 000 habitants, en Allemagne c'est 41, en Espagne c'est 30.
04:20Donc on est déjà surconsommateur.
04:22On me disait avant que c'était un département qui était artificialisé,
04:25ça veut dire bétonné tous les 10 ans, on est passé à tous les 7 ans,
04:28ce qu'on lit maintenant, c'est plutôt tous les 5 ans.
04:30Et donc là, c'est une erreur ce qu'annonce le Premier ministre ?
04:33Vous dire que je comprends cet assouplissement, d'accord ?
04:36Moi, je comprends cet assouplissement.
04:38Mais il y a par contre des choses que je ne comprends pas.
04:40C'est comment ça se fait que dans le ZAN, il n'y a pas compris, par exemple, les pôles logistiques.
04:45Moi, la Picardie est en train de devenir un entrepôt de l'Europe,
04:50on en voit fleurir partout, ça représente des dizaines d'hectares à chaque fois,
04:54et ça, c'est exclu de l'artificialité.
04:58On vous répondra que ce sont des emplois chez vous aussi, c'est ce que disent les maires.
05:01D'abord, je veux bien avoir une discussion sur ce que ça signifie d'être passé d'une économie
05:05de la production où on produisait des choses dans des industries,
05:08à maintenant de la gestion de flux importé par porte-conteneurs du Havre,
05:12des camions qui arrivent en Picardie et qui sont dispatchés entre Paris et le nord de l'Europe.
05:17Et ce que ça représente comme emploi, vous savez, je respecte les caristes,
05:22je respecte les manutentionnaires.
05:24S'ils ne sont pas là, c'est un chénon manquant, on n'a plus rien dans nos magasins.
05:28Donc c'est évidemment un chénon important.
05:31Mais ce que ça représente comme emploi, quand vous allez dans ces entrepôts,
05:34on les visite, vous voyez, parce que c'est un noeud du capitalisme d'aujourd'hui.
05:38Vous entrez dans ces entrepôts, ils sont gigantesques,
05:41et finalement, ce que vous avez comme emploi à l'intérieur,
05:44c'est très peu comparé à quand on visite une usine, par exemple.
05:47Donc, en fait, se pose la question, pour la France et pour l'Europe,
05:52du modèle économique qu'elle veut avoir.
05:55Est-ce qu'on considère que finalement, c'est la Chine qui devient le grand centre de production,
05:59éventuellement aussi les pays est-européens,
06:02et nous, on est juste là pour recevoir des marchandises et pour les dispatcher ?
06:06Ou est-ce qu'on se considère…
06:07– Et du coup, la réflexion est intéressante aujourd'hui,
06:09parce que vous voyez les défaillances d'entreprises, d'usines,
06:12notamment dans votre région, qui s'enchaînent,
06:14qui vont même continuer dans les semaines, les mois à venir.
06:18Qu'est-ce qu'il faut faire ? Vous vous dites quoi, en fait ?
06:20Vous vous dites, il faut plus de protectionnisme,
06:22il faut fermer nos frontières et on protège tous nos emplois ?
06:24– Vous savez, je suis partisan du protectionnisme depuis longtemps, d'accord ?
06:28C'est pas nouveau, en 2011 déjà, je signais un bouquin sur cette question-là.
06:32– Et l'élection de Donald Trump vous renforce dans cette opinion ?
06:35– Écoutez, on a une Chine qui aujourd'hui est protectionniste
06:38et qui pratique du dumping, en plus avec des tarifs de l'énergie
06:41dont elle a bénéficié puisqu'elle a le gaz et le pétrole russes à très bas coût.
06:46On a de l'autre côté les États-Unis qui sont protectionnistes,
06:49qui l'étaient déjà sous Biden, qui vont se renforcer sous Trump.
06:52Et on a une Europe qui est l'idiote de la mondialisation,
06:56qui, c'est porte ouverte, allez-y, rentrez, faites rentrer vos marchandises en or.
07:00– Du coup, vous voulez une augmentation des droits de douane,
07:02mais vous imaginez bien qu'en face, ils vont faire la même chose.
07:04– Écoutez, prenez le pneu, vous avez Michelin là, d'accord ?
07:08Qu'est-ce que nous a dit déjà Agnès Pognon-Reniacher
07:11quand il s'assistait de Bridgestone ?
07:13Parce que dans ma région, on a eu Continental, on a eu Goodyear,
07:16on a eu Bridgestone, rien que dans ma région.
07:19Et c'est comme si la même histoire se reproduisait tout le temps,
07:22la ministre disait, c'est une invasion de pneus asiatiques.
07:25Mais non, elle nous est présentée comme étant un phénomène naturel,
07:28comme un genre d'épidémie.
07:30Ça serait les sauterelles qui arriveraient sur le continent.
07:32– Ça s'appelle la mondialisation.
07:33– Oui, sauf que ça, on peut choisir d'être dans la régulation de cette mondialisation
07:36ou d'être dans le laisser-faire et le laisser-aller.
07:39Et il y a un choix qui est fait au niveau européen,
07:41qui est le choix du laisser-faire et du laisser-aller.
07:43Donc évidemment, il ne s'agit pas de choisir l'autarcie, ce n'est pas ça.
07:47Ce que dit par exemple Olivier Luanzi, qui a rendu un rapport sur l'industrie,
07:51que le gouvernement et le président de la République
07:54ont finalement refusé de rendre au public,
07:56parce que ça ne répondait pas à leurs attentes.
07:58Mais ce qu'il disait, c'est qu'il fallait identifier 150 produits
08:01qui seraient des produits clés et sur lesquels on considère qu'il faut se protéger
08:05de manière soit à faire naître notre industrie, soit à en sauver les emplois.
08:10– Et c'est le coût du travail qui pose problème en France,
08:14d'après ce que disent les patrons qui ferment ces usines.
08:17On avait sur ce plateau la patronne de la CGT, Sophie Binet,
08:20qui dit, écoutez, ça va toucher une centaine de milliers d'emplois,
08:24il faut un moratoire sur les licenciements.
08:26Ça franchement, est-ce que c'est réaliste ?
08:27– Écoutez, quand vous dites que c'est le coût du travail aujourd'hui, non.
08:30Un, ce qui pose problème, c'est le coût de l'énergie, d'accord ?
08:33Qui a bondi, et qui a bondi à la fois pour les petits commerçants,
08:36pour les artisans, pour les consommateurs, mais aussi pour l'industrie.
08:40Et ça, il y aurait tout à fait possibilité qu'on le règle
08:43en ne liant pas le prix de l'énergie dans notre pays au prix de marché européen.
08:49C'est la première chose.
08:50La deuxième chose, c'est que ce qui coûte le plus cher dans notre pays,
08:53c'est le coût du capital, c'est pas le coût du travail aujourd'hui.
08:56Quand je vous lisais les échos de mon ami Bernard Arnault,
08:59la presse économique, qu'est-ce que vous lisez ?
09:02Les dividendes sont partis pour battre de nouveaux records,
09:04la France est championne d'Europe des dividendes, la bourse au plus haut.
09:09Vous avez en fait, paillettes et confettis pour les uns,
09:12et ils viennent nous dire que du côté du travail, ça serait trop cher.
09:15Non, l'État doit être là pour rééquilibrer ça,
09:17pour venir dire à Auchan par exemple, j'étais dans un magasin,
09:22Auchan à Valenciennes, vous savez, ce sont ces gens qui nous parlent
09:26en permanence de la valeur travail et qui, au fond, la déprécient liquide
09:31des gens qui sont attachés à leur travail.
09:33Quand je vais chez Auchan, je rencontre des vendeurs dont on supprime
09:36les rayons entiers, la télévision, la téléphonie et ainsi de suite,
09:40qui sont là depuis 20 ans, depuis 25 ans, depuis 30 ans,
09:44qui aiment leur métier, qui aiment l'équipe avec qui ils travaillent,
09:47qui y sont bien, et dont on vient de dire du jour au lendemain,
09:50avant les fêtes de Noël, allez hop, vous partez, vous sortez.
09:53Dans un groupe mulier, d'accord, la fortune des muliers,
09:56c'est plus 40% en deux ans, c'est plus 8 milliards d'euros.
10:00Donc qu'est-ce qu'il peut faire l'État ?
10:01– Taxer le montage des plus riches, c'est ce que veut le gouvernement,
10:03on n'a pas juste parlé du budget, c'est parce que c'est important.
10:05– Non, attendez, je termine sur Auchan.
10:07Les muliers, ils peuvent très bien reclasser leur salarié chez les boulangers,
10:12qui se portent très bien, qui habillent,
10:14chez Noroto, chez un tas d'entreprises qu'ils ont,
10:18et ils pourraient faire ce choix-là.
10:20Et l'État devrait mettre la pression pour ça.
10:22Là, on a un État qui fait le choix de l'impuissance face à tout ça.
10:25– Puisque vous parlez du travail, François Ruffin,
10:27cette nuit, le Sénat a adopté une mesure qui vise à demander aux travailleurs
10:34de travailler 7 heures de plus chaque année, 216 voix contre 119,
10:38la mesure est passée, qui viendrait s'ajouter à la journée de solidarité
10:42qu'on connaît déjà depuis la canicule de 2003,
10:45c'est-à-dire la fin à l'époque du lundi de Pentecôte.
10:48Qu'est-ce que vous pensez, et vous comme député,
10:51quelle sera votre réaction quand le texte arrivera en l'État à l'Assemblée nationale ?
10:54– Je pense que c'est un scandale, je pense que c'est un scandale
10:58de demander aux gens d'avoir du travail gratuit,
11:02quand depuis trois ans, les salariés ont déjà largement payé,
11:07puisque le salaire réel baisse depuis trois ans.
11:10Et pour qui il a le plus baissé ce salaire réel ?
11:13C'est montré par l'INSEE, il a le plus baissé pour les travailleurs
11:17de la deuxième ligne, pour les caristes, les manutentionnaires,
11:21les ouvriers de l'industrie agroalimentaire,
11:23les travailleurs du bâtiment que je citais,
11:25c'est pour eux que ça a le plus baissé.
11:27Ce sont ceux à qui, dans le cœur de la crise Covid,
11:30le Président de la République promettait reconnaissance et rémunération.
11:34Ils ont eu à la place l'inflation qui est venue grever les petits salaires
11:38et ils ont eu deux ans de plus pour la retraite.
11:42Et c'est à eux qu'on vient dire que, parce que Bruno Le Maire
11:46a été le pire économiste de France, qu'il a creusé le déficit tous azimuts,
11:52c'est à eux qu'on vient dire qu'ils vont devoir payer.
11:54Quand, de l'autre côté, on a, je l'ai dit sur les dividendes,
12:00les 500 fortunes françaises, en 1996, elles faisaient 5% du PIB
12:06à la naissance du classement de Challenge.
12:08À l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, c'est 20%.
12:11On est aujourd'hui à 45%.
12:13Que, déjà, le capital donne 7 heures.
12:16Que il donne 7 heures de son année.
12:19Et la volonté de taxer davantage le capital, c'est ce qu'il y a dans le budget.
12:22On va en parler juste dans un instant, François Ruffin.
12:25François Ruffin, vous restez avec nous.
12:26On laisse passer le Fil Info, puisqu'il est déjà 8h45.
12:29Le Fil Info, Maureen Swignard.
12:32Le ministre des Transports appelle à la prudence.
12:34Ce matin, le patron de la SNCF prévient, lui, qu'il y aura des perturbations aujourd'hui.
12:38La neige et le vent en cause.
12:4054 départements en vigilance orange.
12:42La neige qui tombe déjà en Bretagne et en Normandie.
12:45La tempête balaie le pays d'ouest en est.
12:47Il faut taxer moins et travailler plus.
12:50Voici la position du ministre de l'Économie.
12:52Antoine Armand s'exprime dans le journal Le Parisien aujourd'hui en France.
12:55Le ministre macroniste s'oppose à Michel Barnier, le Premier ministre,
12:59et son projet de revenir sur une partie de l'exonération des charges des entreprises.
13:03Dans la bande de Gaza, la défense civile annonce la mort de 22 personnes la nuit dernière
13:08dans une frappe israélienne.
13:10Une frappe dans le nord du territoire.
13:12Et on apprend ce matin que l'envoyé américain pour les négociations pour un cessez-le-feu
13:16va rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou aujourd'hui.
13:20C'est inédit, la valeur du bitcoin, la crypto-monnaie,
13:23a franchi la barre des 95 000 dollars.
13:26Conséquence toujours de l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche.
13:29Le marché anticipe un assouplissement des règles et des politiques économiques.
13:42Toujours avec le député Picardie-Debout de La Somme,
13:45François Ruffin en parlait à l'instant des orientations du gouvernement
13:49dans ce nouveau budget qui va voir le jour.
13:52Le budget a été amendé par les parlementaires,
13:54les retraites finalement ça a bougé.
13:56Le budget ayant été rejeté par l'Assemblée Nationale,
14:00par une alliance des macronistes et du Rassemblement National,
14:03de toute façon c'est la version du gouvernement qui revient.
14:06Et c'est en train de bouger sur certains sujets.
14:08Je parlais des retraites, ça a bougé.
14:10Plus d'impôts pour les plus riches,
14:12la réduction des allégements de cotisations patronales,
14:14c'est ce qui bouge en ce moment au Sénat.
14:17Est-ce que ça va dans le sens de ce que vous attendez ?
14:19Ecoutez, moi je ne suis pas sénateur,
14:21je ne sais pas ce qui va sortir de là.
14:23J'ai une confiance limitée quand même dans la présidence de Gérard Larcher,
14:27ce qui peut sortir de ce Sénat-là en termes de justice fiscale dans notre pays.
14:31Vous savez, il faut poser un principe simple,
14:33les petits doivent payer petits, les gros doivent payer gros.
14:36Là, il y a un choix du gouvernement qui est de venir faire payer,
14:39ce n'est pas les erreurs, ce n'est pas des dérapages
14:42qui ont été faits par Bruno Le Maire,
14:44c'est le choix déterminé pendant plusieurs années
14:47de creuser le déficit à la pelleteuse.
14:49Je suis membre de la commission d'enquête sur le déficit public
14:52qui avait été lancé par les Républicains.
14:54Qu'est-ce qu'ils venaient dire, les économistes, devant notre commission ?
14:57Ils venaient dire que 50% de cette dette publique
15:01c'était due aux crises, crise de subprimes et crise Covid,
15:04que 50% c'était dû à la baisse des impôts sur le capital,
15:07exit tax, flat tax et compagnie.
15:09Et là, qu'est-ce qu'on vient faire dans le budget ?
15:13On vient essentiellement taxer les consommateurs,
15:15c'est la taxe sur l'électricité,
15:17on vient grever les retraites des gens sur les retraités,
15:21on vient amputer le budget des collectivités,
15:26c'est-à-dire que tous ces gens-là vont devoir payer
15:28pour les 200 milliards que Bruno Le Maire a jetés par les fenêtres.
15:34Ça va se terminer par un 49-3,
15:36c'est ce qu'a dit Michel Barnier, le Premier ministre.
15:39Pour vous, ça veut dire forcément mention de censure ?
15:41Face à ce budget-là, il n'y a pas le choix,
15:43y compris sur ses conséquences économiques.
15:45Le Conseil de la France et de la Conjoncture Économique
15:47dit que ça sera moins 0,8 points de croissance.
15:52Déjà, il faut voir dans quelle situation on est.
15:55On sait que la machine est enrayée, ça ne va pas.
16:00Et là, on va décider de mettre un coup de frein dans ce temps-là.
16:02Il est évident que ce qu'il faudrait dans ce temps-là,
16:04ça s'appelle du contrat cyclique,
16:06c'est-à-dire que quand le cycle ralentit,
16:08c'est le moment de mettre du charbon dans la machine.
16:10Malheureusement, je le redis à cause de la faute
16:13d'Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire
16:16durant des années, c'est Mozart de la finance,
16:18on en se retrouve à avoir les caisses vides,
16:20donc on ne peut pas le faire au niveau français.
16:22Je pense que là, il y a un gros enjeu qui va se reposer,
16:25je viens brièvement, mais dans les semaines qui viennent,
16:27dans les mois qui viennent, peut-être dans les années qui viennent,
16:30au niveau européen, sur deux points.
16:32Un, la question du protectionnisme, on l'a abordé,
16:34ça va créer des dissensions au sein de l'Union Européenne,
16:37c'est évident.
16:38Mais deux, la question d'un plan de relance
16:41C'est Mario Draghi qui estime qu'il faut 800 milliards d'euros aujourd'hui,
16:44parce que non seulement on a dépensé tout cet argent-là
16:47durant ces dernières années, mais ce n'est même pas
16:49pour faire de l'investissement, ce n'est même pas
16:51pour se préparer, par exemple, aux chocs climatiques.
16:53Donc, motion de censure, avec le Rassemblement national,
16:56et après ?
16:58Écoutez, je ne suis pas responsable des choix catastrophiques
17:02d'Emmanuel Macron, qui nous a placés dans l'instabilité budgétaire,
17:05je l'ai dit, dans l'instabilité sociale, on l'a vu ces dernières années,
17:08mais qui nous place aussi dans l'instabilité politique.
17:10Son choix de dissolution du 9 juin au soir,
17:13c'est un choix catastrophique, d'accord ?
17:16Donc là, il nous a plongés dans l'incertitude,
17:20dans le doute et dans une instabilité politique.
17:22Donc de la crise économique, on va terminer avec une crise politique majeure.
17:26Mais c'est tout le souci qu'on a aujourd'hui, c'est qu'on est dans une tempête,
17:29il n'y a pas d'équipage, il n'y a pas de capitaine.
17:32Voilà, on est dans ce moment-là.
17:34Et ça, oui, la responsabilité, elle est imputée centralement
17:37au Président de la République.
17:38Et nous, à gauche, il faut que nous construisions une issue.
17:41Il faut que ce qui apparaisse comme une issue de stabilité,
17:44de protection pour les Français, ça soit un vote progressiste et un vote de gauche.
17:47Mais c'est pas mal parti, parce que justement, vous êtes un peu divisé.
17:50Je fais le scénario du pire, là, maintenant.
17:52Motion de censure, gouvernement renversé,
17:55il ne peut pas y avoir d'élection législative avant un an.
17:58En parallèle, vos ex-amis insoumis préparent une proposition de destitution,
18:03qui a ses limites, là, maintenant, on le voit.
18:05Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait, en fait, François Ruffin ?
18:08Qu'est-ce qu'on fait ? Je vous le demande.
18:10Et j'aimerais que la question soit très clairement posée au Président de la République,
18:14qui a fait tous ces choix-là.
18:15Vous voulez son départ, vous ?
18:16En tout cas, je pense que lui peut y réfléchir, d'accord ?
18:20Il peut y réfléchir, il peut y réfléchir sérieusement.
18:22Il faut voir dans quelle situation il a placé le pays depuis des années, maintenant.
18:27Il a rapetissé la France sur le terrain national,
18:31mais il l'a rapetissé aussi sur le terrain international.
18:34Ce qui fait que, même en Europe, aujourd'hui, notre voix pèse peu.
18:37Donc, le bilan Macron, j'aimerais qu'il le tire avec lucidité.
18:41– Ces derniers jours, vous êtes occupé par une actualité judiciaire
18:45qui vous concerne directement.
18:47François Ruffin, vous avez assigné LVMH, dont le patron est Bernard Arnault,
18:51l'homme le plus riche de France en justice.
18:53Vous lui reprochez de vous avoir fait espionner à l'époque où vous étiez journaliste,
18:57pendant le tournage de votre film Merci patron, il y a maintenant 10 ans environ.
19:00Et pour cela, il aurait fait appel à Bernard Squarciani,
19:03qui est l'ancien directeur central du renseignement intérieur.
19:06On dirait une fiction. Est-ce que tout ce que vous avancez est vrai ?
19:09– Mais ce n'est pas ce que j'avance.
19:10Vous savez, c'est le procureur de la République,
19:12c'est deux juges d'instruction qui ont travaillé sur le dossier,
19:15et au fil du dossier, il y a un côté rigolo quand même,
19:19parce que c'est James Bond chez les ch'tis.
19:21Voilà, LVMH, le premier groupe de luxe au monde,
19:24Bernard Arnault, la première fortune de France,
19:26par le biais de son numéro 2, Pierre Godet,
19:29choisit de faire infiltrer Fakir et de mettre…
19:33– Le journal ?
19:34– Notre journal, de mettre trois sociétés d'intelligence économique,
19:40c'est-à-dire d'un genre d'espionnage discret sur notre dos,
19:44de dépenser 2 millions d'euros quand même là-dessus,
19:47et d'installer deux tops à l'intérieur de la rédaction de Fakir.
19:51– Mais pour quelle raison, avec quel objectif ?
19:53– Avec l'objectif d'abord d'avoir le fait merci patron avant sa sortie,
19:57d'observer tous nos faits et gestes, et y compris jusqu'à mon domicile,
20:02de faire remonter un trobinoscope de tous les membres de l'association
20:07avec les affiliations politiques, avec les numéros de téléphone,
20:12avec les adresses e-mail, voilà ce à quoi a procédé le groupe LVMH.
20:18– Alors le truc c'est que Bernard Arnault lui-même,
20:20il n'est pas sur le banc des accusés,
20:22il devrait être entendu sous le statut de témoin,
20:26on n'est pas dans une mise en cause pure et simple de l'homme le plus riche de France.
20:31– De toute façon il y a un dossier d'instruction qui raconte tout ça en détail,
20:35et je pense que ça vous pose, à vous et à nous journalistes,
20:40plusieurs soucis, je le dis, sur que fait la démocratie avec l'oligarchie,
20:44que ce qu'il se passe en matière de presse
20:46quand lui et Bernard Arnault sont directement propriétaires de titre de presse,
20:50qu'il est le principal annonceur, que quand des médias lui échappent,
20:53il cherche à les effrayer et à leur faire peur et à les faire taire,
20:57mais qu'est-ce qu'il se passe avec la police,
20:59puisque là ce qu'on voit c'est que la police de la République
21:02est jusque, imaginez, au numéro 2…
21:04– Alors il n'était plus en poste un Bernard Squersy, il faut le rappeler.
21:06– Non mais d'accord, il a fait appel au service de police,
21:09le numéro 2 du renseignement à l'Élysée, qui était sur notre affaire,
21:13comme s'il n'avait pas autre chose à faire,
21:15de la préfecture de police de Paris jusqu'au service belge,
21:18alors tout ça peut faire sourire, mais c'est dans un temps
21:21où il y avait des affaires de terrorisme beaucoup plus sérieuses
21:25et où la France a été frappée, et la police a mis de l'énergie
21:29dans François Ruffin et Fakir face à LVMH pour le tairnage de Merci Patron,
21:35et ça pose aussi un souci à l'égard de la justice,
21:38puisque LVMH et Bernard Arnault sont sortis du dossier,
21:43comment ? En signant un chèque de 10 millions d'euros,
21:46c'est-à-dire, pour moi, en achetant la justice,
21:48et en permettant d'être exfiltré du dossier
21:51et de ne pas être aujourd'hui sur le banc des accusés.
21:53Tout ça pose des questions, je le redis, c'est James Bond chez les ch'tis,
21:57je veux dire, moi, mon plan de départ…
21:58– En fait, vous êtes étonné de ce que vous racontez.
22:00– Oui, mais moi, mon plan de départ, c'est d'amener M. Bernard Arnault
22:04manger une frite merguez à l'Androcy, à la friterie chez Jojo,
22:08avec les clures qu'il avait licenciées, c'est un acte de dialogue social.
22:12Et tout ça part complètement dans un espèce de délire,
22:19parce qu'au fond, il ne supporte pas la moindre dissidence.
22:22On est dans des groupes où, quand on participe aux assemblées générales,
22:25vous savez que parfois, je me suis fait petit actionnaire pour y participer,
22:28on a des votes à 99%, il ne supporte pas la dissidence.
22:32Donc quand il y a une dissidence, mais même quand c'est, par exemple,
22:35les socialistes qui, à un moment, disaient qu'il fallait relever
22:37l'impôt de solidarité sur la fortune, c'était M. Bernard Arnault
22:40qui montait au créneau pour dire que tous les cadres de LVMH partiraient.
22:43C'est M. Bernard Arnault qui appelle Emmanuel Macron
22:46pour que je perde mon mandat dans ma circonscription.
22:50Donc il faut s'imaginer aujourd'hui, je pense qu'il faut une loi
22:55de séparation de l'État et de l'argent.
22:57On a là un poids des grandes fortunes dans notre pays
23:00qui est devenu tout à fait considérable.
23:02Et je le redis, moi je prends ce dossier avec beaucoup d'humour.
23:06Je ne suis pas tombé parano malgré cet espionnage-là.
23:10Je prends le dossier avec beaucoup d'humour, je le dis,
23:12c'est James Bond chez les ch'tis, mais je pense qu'en même temps,
23:14ça pose des questions sérieuses sur l'oligarchie en démocratie.
23:18– Question rapide, réponse rapide à propos de Marine Le Pen,
23:21le parquet a requis l'inéligibilité et elle a le soutien de personnalités
23:26comme Gérald Darmanin, qu'est-ce que vous en pensez ?
23:28– Écoutez, dire d'abord qu'on a là affaire à une récidiviste.
23:32Dans sa campagne de 2012, il y avait déjà escroquerie
23:36et recel d'abus de biens sociaux avec la condamnation
23:39de tout son entourage dans cette histoire-là.
23:41On avait en 2013 blanchiment pour fraude fiscale,
23:44avec Jean-Marie Le Pen qui avait un compte en Suisse et dans les Iles Vierges.
23:48– Non mais en ce qui la concerne, elle…
23:50– Mais oui, mais en 2014, on a des prêts russes et émiratis
23:53avec en contrepartie des positions pro-russes.
23:56Je veux dire qu'il y a quand même dans tout ça
23:58un rapport très particulier à l'argent au Rassemblement national.
24:02– Mais sur cette affaire-là quand même, François Ruffin,
24:05on voulait vous faire réagir sur une chose particulière,
24:07l'inéligibilité avec l'exécution provisoire.
24:09On a entendu nombre de politiques réagir pour la soutenir,
24:12pour dire non, ce serait totalement choquant qu'elle ne soit pas présente en 2027.
24:15Et parmi eux, il y a effectivement Gérald Darmanin,
24:17mais il y a aussi Jean-Luc Mélenchon.
24:19– Non, alors, moi je suis pour qu'il y ait un appel,
24:23que l'appel se déroule le plus rapidement possible.
24:27– Donc vous êtes sur la même ligne que Jean-Luc Mélenchon,
24:29qui dit non, non, non, il ne faut pas l'appeler.
24:30– Je suis pour qu'il y ait un appel,
24:31et que l'appel se déroule le plus rapidement possible.
24:33– Avant 2027 en fait, avant la présidentielle.
24:35– Voilà, il faut que l'année prochaine, il y ait l'appel de ce procès,
24:38qui est un procès évidemment important puisqu'il concerne le 1er parti de France,
24:42et que si jamais la condamnation est définitive,
24:45il lui soit impossible de se présenter à l'élection présidentielle,
24:48si jamais il y a une peine d'inéligibilité.
24:50– Donc l'inéligibilité à exécution provisoire, vous dites non, vous ?
24:53– Ça me paraît bizarre, moi je souhaite qu'il y ait un appel,
24:57mais que l'appel se déroule le plus rapidement possible.
24:59– Avec une décision définitive de la justice.
25:01– Enfin, vous dire que de toute façon,
25:03on ne combat pas le rassemblement national, comme ça, voilà.
25:07Ce n'est pas la justice qui doit combattre politiquement le rassemblement national.
25:10– Mais vous aussi vous parlez d'un procès politique ?
25:11– Non, je ne parle pas d'un procès politique, je dis qu'il faut l'égalité,
25:14il faut la justice et l'égalité.
25:15Maintenant je dis qu'on a une autre tâche,
25:17qu'on ne considère pas que la tâche sera accomplie par la justice.
25:20Ce n'est pas parce que Marine Le Pen ne se présentera pas,
25:22éventuellement ne se présenterait pas à l'élection présidentielle de 2027,
25:26que le rassemblement national et que l'extrême droite
25:29seraient moins importantes dans le pays.
25:31Et qu'il nous faudrait cesser de travailler à construire une alternative
25:35et de représenter la force de stabilité,
25:37la force de protection dont les Français ont aujourd'hui besoin.
25:40– Merci François Ruffin d'avoir été avec nous ce matin sur France Info.
25:43– Merci, je vous laisse en compagnie de Saliha Braklia,
25:45Renaud Delis, les informer dans quelques minutes.