Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent de la hausse de la précarité en France.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline2
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bienvenue sur Europe 1 et sur CNews et on commence comme d'habitude par un tour complet de l'information avant d'ouvrir nos débats.
00:09Les agriculteurs multiplient les actions avant la mobilisation nationale prévue lundi.
00:13Michel Barnier a promis de respecter tous les engagements pris en faveur de la profession.
00:18Aujourd'hui à Castres, les agriculteurs manifestaient pour dénoncer l'accord de libre-échange actuellement sur la table entre l'Union européenne et les pays du Mercosur.
00:26Le parquet national financier requiert un procès pour corruption et trafic d'influence contre Rachida Dati et Carl Sgan.
00:33La ministre de la Culture est soupçonnée d'avoir perçu 900 000 euros de la part d'une filiale de l'alliance Renault-Nissan,
00:40sans contrepartie d'un travail réel.
00:42Dans ce dossier, Carl Sgan est lui visé par un mandat d'arrêt international.
00:47Olaf Scholz et Vladimir Poutine se sont entretenus pour la première fois en deux ans au téléphone.
00:53Aujourd'hui, le chancelier allemand a exhorté le président russe à retirer ses troupes d'Ukraine et à entamer des négociations avec Kiev.
01:00Olaf Scholz a souligné l'engagement indéfectible de l'Union européenne à l'égard de l'Ukraine.
01:06Et puis, et puis, 406e jour de détention pour les otages retenus par l'organisation terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.
01:13Deux de ces otages sont français, il faut le rappeler, ils se nomment Ofer et Oad.
01:19Nous pensons évidemment tous à ces otages ce soir et à leurs familles.
01:22Nous demandons une fois de plus leur libération immédiate et sans condition.
01:26Merci de nous accueillir sur Europe 1 et sur CNews.
01:29Avec moi pour décrypter cette information très riche, Véronique Jacquier, journaliste.
01:35Soyez la bienvenue, je suis ravi de vous accueillir.
01:37Bonsoir, bonsoir à tous.
01:38Louis Doragnel, journaliste politique.
01:40Bonsoir Thierry.
01:40Toujours un plaisir de vous avoir à mes côtés.
01:42Jean-Sébastien Ferjou, directeur d'Atlantico.
01:45Ravi de vous retrouver, mon cher.
01:48Muriel Wakin, Melqui, avocate et présidente de l'organisation juive européenne.
01:51Soyez la bienvenue.
01:52Merci, bonsoir Thierry.
01:53Et Nathan Devers, écrivain.
01:55Très heureux de vous retrouver en ce vendredi soir.
01:57On va commencer par cette alerte du Secours catholique.
02:00Je vous en parlais, on va commencer par un sujet très, très concernant.
02:05Plus d'un quart des personnes accueillies par le Secours catholique l'an dernier
02:08étaient sans ressources, un niveau record selon l'association.
02:12Je vous propose d'écouter, avant d'ouvrir notre débat,
02:14le président du Secours catholique, Didier Durrier.
02:18L'enseignement général, c'est qu'on est un peu dans la continuité de celui de l'an dernier.
02:22Donc, une situation qui, pour les publics qu'on accueille,
02:25à peu près un gros million de personnes, se dégrade.
02:29Un revenu médian qui baisse encore, c'était déjà le cas l'an dernier.
02:32On baisse de 19 euros sur un total de 555.
02:35Donc, ça fait une aggravation de la pauvreté des personnes qu'on accueille.
02:39On est sur une tendance qui ne s'améliore pas, malgré les efforts,
02:42car beaucoup de gens, en toute bonne foi, font l'état d'effort.
02:45Donc, qu'est-ce que ça veut dire que les gens n'ont pas de ressources ?
02:48Ça veut dire qu'il faut qu'ils trouvent d'autres moyens pour vivre.
02:52Ça veut dire qu'ils sont dans des situations extrêmement compliquées.
02:54Ça veut dire qu'ils ont beaucoup de mal à s'intégrer dans la société.
02:57Donc, on a un travail de fond à faire, la puissance publique,
03:01la puissance législative, pour faire en sorte que ces gens soient mieux intégrés.
03:05Jean-Sébastien Fergeau, le constat est tacablant.
03:07La situation de la France est catastrophique en 2024.
03:10Oui, après, il faut toujours regarder.
03:12Incontestablement, il y a des Français qui vont très mal.
03:15Il faut toujours regarder dans le détail des chiffres.
03:17Ce n'est pas forcément la pauvreté qui explose dans l'absolu,
03:19mais souvent l'intensité de la pauvreté chez ceux qui sont déjà
03:23dans des situations de pauvreté, ce qui n'est pas exactement la même idée.
03:27C'est-à-dire que ceux qui sont déjà fragilisés sont dans des situations
03:30encore plus fragiles.
03:31Et effectivement, c'est très inquiétant parce qu'on nous a répété
03:34que la crise de l'inflation était derrière nous.
03:37Pour toute la partie qui relevait de la sortie du Covid, c'est le cas.
03:40Pour la partie qui relève des prix de l'énergie, malheureusement,
03:42ce n'est pas le cas.
03:43Les prix de l'énergie sont en train de repartir à la hausse
03:46parce qu'on s'est un peu bercé l'illusion que nous avions échappé
03:50à la dépendance au gaz russe.
03:52Mais malheureusement, c'est faux.
03:53Et quand vous regardez les prix sur les marchés de l'énergie,
03:55ils sont en train de remonter.
03:57Et l'énergie, à cette saison-là, c'est évidemment catastrophique
04:00pour les Français qui sont dans des situations de précarité
04:04parce que les factures d'énergie, ça pèse très, très lourd
04:07dans un budget mensuel.
04:08Et l'énergie, on sait que ça se traduit aussi assez directement
04:11sur les prix des produits basiques, l'alimentation notamment,
04:14parce que si vous fabriquez des pâtes, il faut de l'énergie
04:16pour fabriquer des pâtes ou du pain, ou bref.
04:18Et donc, oui, malheureusement, nous ne sommes pas face
04:21à une situation très encourageante de ce point de vue-là.
04:23Mais c'est largement, pardon, juste pour finir,
04:25un mal très auto-infligé en ce qui concerne l'énergie.
04:28Véronique Jacquet, quel constat ?
04:30Alors, tout d'abord, tous les indicateurs sont au rouge.
04:35Le travail ne paye pas, pas suffisamment.
04:38Il y a trop de tout petits salaires.
04:40Certaines personnes qui bossent et qui n'arrivent pas
04:42à nourrir leur famille.
04:44Deuxième indicateur, les loyers qui ont explosé
04:48et qui ont été doublés en 15 ans.
04:51Autre mal auto-infligé, à cause d'une politique du logement.
04:54On ne parle jamais, d'ailleurs, on ne prend jamais en compte
04:56le paramètre augmentation du loyer, mais ça a doublé en 15 ans.
05:00Tout simplement, il y a le facteur, comme l'a dit Jean-Sébastien,
05:04de, évidemment, la précarité énergétique, avec plus de 3 millions
05:07de personnes qui font attention à leur chauffage,
05:10qui préfèrent avoir froid l'hiver parce qu'ils disent
05:12on ne va pas pouvoir payer la facture de gaz ou d'électricité
05:15à la fin de l'hiver si ça continue.
05:17Donc, ça en dit long quand même.
05:18Et puis, il y a aussi la précarité qui gagne les campagnes
05:22avec des gens qui ont de plus en plus de kilomètres à faire,
05:25soit pour aller à la pharmacie, soit pour emmener leurs enfants au collège.
05:28Et tout ça, la facture, on la paye aussi parce que l'essence,
05:32je vous signale qu'au moment des gilets jaunes,
05:34c'était 1,40€ le litre.
05:36Maintenant, on est à plus d'1,80€.
05:39Alors, vous imaginez, et depuis, tous les prix ont explosé.
05:44Voilà, donc, évidemment, tous les indicateurs sont au rouge.
05:47Comme l'a dit le président du Secours catholique, en plus,
05:49on a donc une population qui se marginalise de plus en plus
05:53parce que, à cela, vous pouvez rajouter dans certaines familles
05:57l'explosion de la cellule parentale, l'explosion donc encore plus
06:01généralement de la cellule familiale, avec parfois les grands-parents
06:03qui sont loin des enfants, donc des centaines de kilomètres à faire.
06:08Il n'y a plus d'abri, si vous voulez, il n'y a plus d'abri où vous dites
06:11mais où est-ce qu'on peut se cacher ?
06:12Où est-ce qu'on peut vivre un petit peu en autarcie pour s'en sortir ?
06:15C'est de moins en moins vrai.
06:16Il y a de moins en moins de cellules refuge et le politique n'offre
06:20aucune solution, aucune situation de repli.
06:23Moi, je suis toujours étonnée, mais malheureusement étonnée,
06:26qu'Emmanuel Macron, depuis 2017, n'ait pas parlé une seule fois
06:31de la lutte contre la précarité ou de la lutte contre la pauvreté.
06:34Il n'en a jamais fait une priorité, ça n'a même jamais été un sujet.
06:37Alors, Noël approche, vous le savez, nous sommes le 15 novembre,
06:41dans un contexte économique.
06:44Est-ce que vous allez faire davantage attention pour vos courses de Noël ?
06:48On vous a posé la question, on va vous écouter.
06:52Tout compris, je dirais, comme nous sommes deux, 500, aux alentours de 500 euros.
06:58Vers les 200 ou 300 euros.
07:00C'est moins que d'habitude.
07:02Il y a une augmentation dans tous les domaines, donc il faut être prudent aussi.
07:09Ce n'est pas la peine de gréver le budget alors que la vie est devenue difficile.
07:17On va dire 200 euros maximum.
07:19Retraité, la vie est devenue très chère à Paris, en tous les cas.
07:23J'ai sept petits-enfants, donc si je passe sur une base de 100 euros par petit-enfant,
07:29ça fait déjà 700.
07:31Plus si on fait un repas, mettre la main à la poche, ça fait un billet de 1000 euros.
07:37C'est important, André, de faire écouter ces micro-trottoirs à ceux qui nous gouvernent,
07:43Louis de Raguenel.
07:44Je pense que ce qui est vrai, c'est qu'ils sont très éloignés de la réalité.
07:49Et moi, ce que je veux, pourtant, je vous ai dit tout à l'heure,
07:52mais je suis tout à fait favorable à l'économie de marché
07:57pour libérer l'entreprise des charges.
07:59Et ce que je reproche beaucoup, moi, aux politiques libérales,
08:02c'est que la plupart du temps, ils se concentrent sur ce qu'on appelle le ruissellement.
08:05Donc c'est la théorie selon laquelle, si les riches ont plus d'argent,
08:09si les entreprises peuvent investir,
08:11eh bien ça rejaillira forcément sur toute l'économie du pays.
08:15Eh bien non, cette théorie, elle peut fonctionner en partie.
08:18Mais ce que je déplore et ce que je regrette,
08:19c'est que très souvent, en fait, il y a toute une partie de la population
08:22qui est complètement à côté de ça, qui n'en bénéficie pas,
08:25qui ne voit pas un euro sonnant et trébuchant arriver jusqu'à lui.
08:29Et c'est pour ça qu'il faut doubler à la fois le fait d'investir
08:32et donc de se tourner vers l'avenir, redévelopper l'industrie en France,
08:37essayer d'être attractif et incitatif.
08:39Et en même temps, là pour le coup, il faut vraiment faire un en même temps,
08:42se mettre au service des plus pauvres, des plus faibles
08:45et avoir une vraie politique, vraiment de charité et de générosité,
08:49tout en avec un juste milieu.
08:51C'est-à-dire que je pense qu'il faut aussi avoir des leviers incitatifs
08:55pour pousser certaines personnes qui se disent que c'est inaccessible
08:59de trouver un travail, que tout ça est trop compliqué,
09:02essayer de faire en sorte de les pousser le plus possible
09:04à revenir sur le marché de l'emploi,
09:06parce que c'est quand même le début du commencement
09:09pour essayer de retrouver une capacité par soi-même à vivre dignement.
09:16– Mais faites attention lorsque vous utilisez la phrase « du en même temps ».
09:20Mais surtout, vous comprenez pourquoi.
09:22– Non mais bien sûr, le problème c'est que là pour le coup…
09:24– Parce que c'est de cela dont on parle, la politique du « en même temps »…
09:28– Non mais le problème c'est qu'il n'y a pas de « en même temps »…
09:30– Mais je vous taquine.
09:31– Non mais je suis d'accord avec vous,
09:32mais le problème c'est que sur ce sujet-là,
09:34il n'y a pas eu de « en même temps » de la part d'Emmanuel Macron,
09:36ou alors c'est de l'assistanat total.
09:40– Non mais le problème c'est qu'il n'y a pas eu de libéralisme non plus,
09:42parce que mettre en cause le libéralisme dans l'histoire,
09:45ça n'a pas fondamentalement de sens.
09:46Le problème c'est que l'économie française,
09:48et ça explique aussi l'évolution de la pauvreté dans le pays,
09:54c'est que quand vous créez des emplois plutôt dans les services,
09:56des emplois de livreurs Uber Eats, ou bref ce genre d'emplois-là,
10:01ils sont bien moins rémunérés et il y a beaucoup moins de productivité
10:03que quand vous créez des emplois dans l'industrie.
10:05Le problème c'est que malgré tous les discours d'Emmanuel Macron
10:07sur la réindustrialisation du pays,
10:09déjà nous nous sommes étirés, mais là ce n'est pas une balle dans le pied,
10:12c'est un missile dans la chaussure.
10:14– Un énorme missile.
10:15– Avec la politique sur l'énergie,
10:17parce que les coûts de l'énergie en Europe
10:18font que nous ne pourrons plus garder d'énergie,
10:20osons regarder la réalité en face,
10:23les coûts de l'énergie en Europe ont explosé
10:25par rapport à ce qu'ils sont aux États-Unis.
10:27La complexité administrative, les poids,
10:29regardez même on dit oui on donne trop d'argent,
10:31on veut contrôler les aides données aux entreprises,
10:33mais on n'a qu'à supprimer les aides aux entreprises
10:34et supprimer tous les impôts qui pèsent sur la production,
10:37parce qu'on est dans un délire absolu.
10:39Et ça, ça pèse, je ne sais pas si vous avez écouté les auditions
10:42des nouveaux membres de la Commission européenne
10:44qui ont eu lieu cette semaine devant le Parlement européen.
10:47La quasi-totalité des nouveaux commissaires,
10:50des prétendants commissaires font le constat
10:52de l'échec technologique européen,
10:54l'échec d'innovation européen,
10:55l'échec industriel européen,
10:56l'échec économique européen,
10:57l'échec énergétique européen.
10:59Et il n'y en a pas un qui se dit
11:00ah ben peut-être c'est parce qu'on a pris les mauvaises décisions.
11:03Mais tous les pays au monde ne sont pas dans la même situation,
11:06il y a des tas d'autres problèmes aux États-Unis,
11:08mais ils n'ont pas de problème énergétique,
11:11ils sont redevenus les premiers producteurs de pétrole,
11:13mais on ne peut pas tout avoir.
11:14À un moment, ça ne sert à rien de se lamenter sur la pauvreté
11:16tout en voulant être décroissant.
11:18Ça ne sert à rien de se lamenter sur la pauvreté
11:20tout en ne voulant pas construire des usines.
11:22Ça ne sert à rien de se lamenter sur la pauvreté
11:24tout en disant ah ben tiens on n'a qu'à travailler que 32 heures
11:26quand les Chinois sont maintenant plus diplômés que nous
11:29et qu'ils travaillent plus longtemps.
11:30Parce que moi je veux bien qu'on nous explique tout ça
11:32et qu'on soit hyper suprémacistes blancs
11:34en pensant que peut-être parce qu'on est blanc ou français ou européen
11:36on aurait un espèce de droit à la prospérité
11:39acquis qui nous tomberait du ciel.
11:41Ben non, si on travaille moins que les autres,
11:43qu'on travaille moins bien à l'école,
11:44qu'on travaille moins dans l'année,
11:45qu'on travaille moins tout au long d'une vie
11:47et en plus en étant moins productifs
11:49parce qu'on est dans des emplois qui sont moins productifs,
11:51il n'y a pas de miracle.
11:52À l'arrivée, on n'est plus pauvre.
11:53Et on va dans le mur.
11:54Nathan Devers et Emmanuel très rapidement.
11:57Moi je ne suis pas économiste,
11:59je n'ai pas les compétences du tout pour dire ce qu'il faudrait faire
12:02pour régler ce problème-là.
12:05Mais j'aimerais quand même faire une remarque
12:07qui concerne la responsabilité qui est la nôtre,
12:09à savoir qu'on participe au débat public,
12:11le monde médiatique de manière générale.
12:13Ce que je remarque, c'est que là aujourd'hui,
12:15et d'ailleurs c'est très important
12:18que vous mettiez ce sujet en relief,
12:20que vous lui donniez de l'importance.
12:22On a vu tout à l'heure dans l'heure précédente
12:24un reportage sur la précarité en effet,
12:27qui explose en France de partout,
12:29notamment dans les campagnes.
12:30Dans les campagnes, mais vraiment de partout,
12:32sur les associations qui doivent soutenir à bout de bras cette réalité.
12:36Ce que j'observe, c'est que globalement,
12:38ce sujet-là n'est pas un sujet
12:40qui a l'importance qu'il devrait avoir dans le débat public.
12:43Si on réfléchit sur les dernières années,
12:44le grand moment où il y a eu une explosion de réel,
12:48et où en effet la classe politique qui est déconnectée,
12:50mais ça, on ne lui reproche pas d'être déconnectée,
12:51c'est normal quand vous êtes ministre,
12:53que vous avez des chauffeurs, etc.,
12:54que vous n'êtes pas, si vous voulez,
12:56dans la réalité quotidienne des gens qui souffrent.
12:58Donc moi, je ne fais pas de la démagogie.
12:59En revanche, là où il y a un problème,
13:01c'est quand elle est déconnectée intellectuellement.
13:03Et donc, le seul moment où il y a eu une émergence du réel,
13:06c'était le moment des Gilets jaunes.
13:08C'est-à-dire qu'on a attendu qu'il y ait une révolte,
13:10un mouvement massif de contestation,
13:13avec évidemment les violences,
13:14avec la peur que ça engendrait du côté du pouvoir,
13:16pour que, collectivement, on mette en relief
13:20le fait qu'il y avait des gens extrêmement nombreux en France
13:22qui vivaient dans une situation absolument insupportable.
13:25Vu que Paris, on n'a pas vu cette colère qui montait
13:27de la province ou de la région.
13:28Je n'aime pas le terme province.
13:29D'autant plus qu'elle concerne aussi Paris,
13:31qu'elle concerne aussi les métropoles,
13:32que la question du logement est devenue impossible,
13:35si vous voulez, pour la totalité des Français,
13:36pour les Européens, pour les Occidentaux, de manière générale.
13:39Et donc, si vous voulez, je pense qu'il y a une responsabilité,
13:41mais là, on est en train de le faire, nous,
13:42mais il faudrait le faire de manière plus globale,
13:44de mettre en lumière cette souffrance
13:47sans attendre qu'elle explose.
13:49Non, mais d'accord.
13:49Je vais donner la parole à Amélie,
13:51parce qu'on ne l'a pas encore entendue,
13:52mais à Wekin Melki.
13:54Alors, je ne sais pas,
13:56mais on est quand même destinataires
13:58de pas mal d'informations.
13:59Moi, je ne découvre pas une situation.
14:01Je ne sais pas vous, sur ce plateau, si vous la découvrez,
14:02mais moi, cette situation, j'en suis informée.
14:04J'en suis informée depuis longtemps.
14:06Ce n'est pas parce qu'on vit sur Paris ou en région parisienne
14:08qu'on est coupé de la réalité.
14:10On a des contacts avec quantité de personnes.
14:12Il suffit de s'intéresser, en fait.
14:14Il suffit d'écouter. Il suffit de regarder.
14:16Il suffit d'aller chercher l'information, là où elle est.
14:18L'information remonte.
14:19On l'a par plein de canaux,
14:21que ce soit dans nos cabinets d'avocats,
14:23les personnes qui nous parlent,
14:24que ce soient les personnes qu'on croise au quotidien
14:27et qui nous expliquent leurs histoires.
14:28On sait qu'il y a une misère qui s'est installée en France.
14:31On a l'impression que les politiques sont déconnectés de la réalité.
14:33Alors, ça, c'est autre chose.
14:34Que les politiques soient déconnectés
14:36ou qu'ils ne décident pas d'en faire une priorité
14:38dans leur programme politique,
14:40là-dessus, je suis entièrement d'accord.
14:42Les Français le sont aussi.
14:43Je crois qu'il y a quand même bon nombre de Français
14:46qui savent que quantité de citoyens
14:50sont dans la difficulté pour manger.
14:54Je ne sais pas, vous n'avez jamais entendu parler
14:55de ces enfants qui arrivent à l'école
14:57et qui n'ont pas de goûter
14:59et qui ont un seul repas par jour,
15:01c'est quand ils sont à la cantine.
15:02Et les instituteurs et les institutrices nous le disent,
15:05on a des retours de ça.
15:06Donc, moi, je n'ai pas le sentiment de découvrir quelque chose.
15:09En revanche, quand on voit l'engouement,
15:12vous parliez tout à l'heure des Restos du Coeur
15:14et du formidable essor qu'ont pris les Restos du Coeur,
15:17moi, je trouve ça formidable.
15:18Vous, vous y voyez quelque chose de négatif
15:20parce que vous dites que ça devrait être assuré.
15:22Ça dure dans le temps.
15:24Et ça devrait être assuré par le politique.
15:26Mais on ne peut pas aujourd'hui ne pas savoir
15:28que si les Restos du Coeur ont un tel essor,
15:30c'est que forcément, derrière, des gens viennent
15:31et en profitent.
15:32Je suis d'accord avec vous là-dessus,
15:34mais il y avait un problème de représentation de ce sujet.
15:36Ce n'est évidemment pas pour dire
15:37qu'on a besoin de voir ça à la télévision
15:39pour découvrir qu'il y a un problème de précarité
15:41ou qu'il y a un problème de prise de conscience politique.
15:44C'est dans le débat public.
15:45Prenons l'exemple des dernières élections présidentielles.
15:47Au sein du débat politique, en fait.
15:49Au sein du débat politique.
15:50Les politiques, globalement,
15:52au début de la campagne présidentielle de la dernière,
15:54ils ont lancé toute la campagne sur la question de l'identité.
15:57C'était le grand sujet.
15:59Et ils ont découvert, parce que...
16:00Et ça, c'est le génie populaire français,
16:03que le sujet qui a monté,
16:05c'était le sujet du pouvoir d'achat.
16:06Mais ce n'était pas leur instinct,
16:08leur réflexe premier,
16:10que de dire qu'il y a un problème massif
16:12de pouvoir d'achat en France.
16:13Il y a une responsabilité collective
16:17et qui n'est pas celle des politiques.
16:21Pardon, mais quand les Français ne veulent pas entendre...
16:23Moi, je veux bien qu'on refasse tous les débats sur les retraites.
16:25Mais où tout le monde expliquait qu'il y avait...
16:27Précisément, mais on a un problème de volume de travail
16:30dans le pays.
16:31On a un problème de volume de travail dans le pays.
16:32On pourra le tourner dans tous les sens
16:34si on ne travaille pas collectivement
16:36autant que les autres pays.
16:37Et ça ne veut pas dire à hauteur d'individus.
16:38Ça veut dire la masse de travail.
16:39C'est aussi le taux d'emploi,
16:40le nombre de personnes du même âge
16:42qui sont effectivement employées dans le pays.
16:44Quand on a un problème de logement,
16:45parce que les gens préfèrent réélire Mme Hidalgo,
16:47qui a aggravé dans des proportions délirantes
16:49la situation du logement à Paris,
16:51parce que ça a fait s'effondrer l'offre de logement.
16:54Parce qu'on dit, ah oui, on préfère les politiques de gauche
16:55parce qu'il faut protéger les pauvres.
16:57Sauf que protéger les pauvres en s'attaquant aux propriétaires,
16:59à l'arrivée, ça aboutit à se retourner contre les pauvres.
17:02Et je pourrais vous faire une liste comme ça,
17:04longue comme un jour, sans pain.
17:06Quand on a voulu adopter, sous l'influence des écologistes,
17:08parce que c'était très bien d'être écologiste,
17:10c'était tellement supérieur moralement au fait
17:12que de vouloir se salir les mains dans une usine,
17:15et qu'on nous a fait adopter le plan Farm to Market.
17:17Mais vous lisiez Atlantico, on vous l'aurait expliqué,
17:20que de toute façon, ce plan-là,
17:21il allait amener à la crise de l'agriculture
17:22à laquelle on allait arriver.
17:24Les choix énergétiques qu'on a faits, on l'expliquait.
17:26Nous, on l'avait dit des mois avant
17:28qu'on allait vers une crise des boulangeries, etc.
17:30Donc toutes ces questions-là, elles sont sur la table.
17:31Mais il n'y a pas que les politiques qui ne les entendent pas.
17:34Il y a aussi les Français qui refusent d'entendre
17:35dans un certain nombre de cas.
17:36Ils ne veulent pas travailler plus.
17:38Ils ne veulent pas qu'on diminue les aides,
17:40justement, ce maquis des aides françaises
17:42qui est complètement absurde,
17:43mais qui finit par peser très lourdement
17:45sur l'activité économique.
17:46Et donc, il n'y a pas d'enclois.
17:48Il y a un moment, il faut savoir ce qu'on veut.
17:50Les amis, pub.
17:51On parlera, vous évoquiez, à l'agriculture,
17:53Jean-Sébastien Ferjou.
17:54On va parler de nos amis agriculteurs
17:58qui ont manifesté avant l'heure.
18:00Peut-être qu'on y voit un sens avec le déplacement
18:02d'Emmanuel Macron en Amérique latine,
18:04avec le Mercosur.
18:06Je pense qu'il y a un lien de cause à effet.
18:08On se retrouve sur CNews et sur Europe
18:10dans quelques instants,
18:10le temps d'une petite respiration.