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Avec François Ruffin, député écologiste/Picardie Debout ! de la Somme

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-11-13##

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News
Transcription
00:03Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Éditor 35, notre invité François Ruffin, député écologiste de la Somme.
00:11Debout la Somme, bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Debout la Somme.
00:15France-Israël, demain, vous aimez le foot, vous adorez le foot, vous êtes comme moi.
00:18Vous regarderez le match ?
00:20Je serai en salle de cinéma à Quénoa, du côté de Valenciennes.
00:23Vous savez, en souvenir de Merci Patron que j'avais tourné avec Marie-Hélène Bourlard.
00:28Je suis réinvité à aller sur ces terres pour présenter mon nouveau film.
00:31Je ne serai pas devant ma télévision, ni au stade de France.
00:34Vous y seriez allé ?
00:36Non.
00:37Ce match devait-il être maintenu au stade de France ?
00:41D'abord dire des choses sérieuses, puisque là on parle de quelque chose qui est en vérité tragique.
00:46Il ne faudrait pas se limiter à de la petite polémique.
00:49Vous savez que dès le 7 octobre de l'année dernière,
00:51dès qu'il y a eu les attaques sur les kiboutz israéliens,
00:54j'ai avec force dit que c'était des actes terroristes qui étaient commis par le Hamas
00:58et montré toute ma compassion évidente à l'égard des familles de victimes.
01:01Qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
01:03Depuis, on a plus de 45 000 morts, qui sont en majorité des femmes et des enfants, des innocentes.
01:09On a les hôpitaux qui sont détruits.
01:11On a des personnes qui sont opérées sans anesthésie.
01:15On a des millions de déplacés.
01:17On a une situation que l'ONU caractérise d'apocalyptique.
01:21Voilà tout ce qui s'est passé depuis.
01:23Qu'a fait la France ?
01:25Quelles sont les sanctions qui ont été prises ?
01:27La France aurait pu reconnaître la Palestine.
01:30La France, comme membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies,
01:33elle aurait pu demander un cessez-le-feu en son nom.
01:36En tant que membre de l'Union Européenne,
01:38elle aurait pu demander la fin de l'accord commercial.
01:40– Elle a demandé un cessez-le-feu avec les États-Unis, à plusieurs reprises.
01:43– Elle n'a pas déposé quelque chose en son nom,
01:46en disant voilà, nous demandons un cessez-le-feu immédiat
01:49devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
01:51Je veux dire que l'inertie de la diplomatie française,
01:56en fait du chef de la diplomatie française qui est Emmanuel Macron,
01:59qui mène une politique à la godille,
02:01parce qu'un jour il dit que ce qui est fait par Benjamin Netanyahou
02:05relève de la barbarie et que ce n'est pas par la barbarie
02:08qu'on mène à la civilisation,
02:10et le lendemain il continue à avoir des affaires courantes avec Israël.
02:15Cette politique à la godille, elle ne peut pas durer.
02:17– Deux questions, tout de même,
02:19vous allez organiser ce match en France, au Stade de France.
02:21– Écoutez, il aura lieu M. Bourdin.
02:23– Non mais parce que j'entends les députés et les filles
02:25continuer à dire, à demander l'annulation.
02:28– Mais ce match aura lieu, on peut le regretter, on peut le souhaiter,
02:31moi personnellement… – Vous ne demandez pas l'annulation.
02:34– Je vous dis que je souhaiterais qu'il y ait des mesures,
02:36des sanctions qui soient brises à l'égard d'Israël,
02:38qui ne soient pas que de l'ordre symbolique.
02:40– Mais vous ne demandez pas l'annulation.
02:41– J'avais demandé par exemple pour les Jeux Olympiques
02:43que les athlètes israéliens, de la même manière que les athlètes russes,
02:46défilent sans drapeau et sans hymne.
02:48Je le dis, ça concerne évidemment la France, mais au-delà de ça,
02:53qu'est-ce que l'Occident renvoie aux pays du Sud aujourd'hui ?
02:56Comment on va pouvoir continuer à être crédible dans les pays du Sud
02:59en leur parlant des droits humains, en leur parlant d'intervention humanitaire
03:05quand cette tragédie se déroule à nos portes
03:09et que l'Occident, la France, l'Europe, les États-Unis laissent faire,
03:14qu'on laisse faire ça ?
03:16Et on peut annuler un match de foot, mais ce n'est pas un match de foot
03:20qui va parvenir à entraver…
03:23– Vous êtes contre l'annulation ?
03:25– Il est trop tard aujourd'hui, le match de foot va se dérouler
03:29et il faut qu'il se déroule sans heurts.
03:31Il faut qu'il y ait des protestations contre ça,
03:34il faut qu'il y ait des protestations contre la politique de Benjamin Netanyahou,
03:38non seulement à Gaza, mais en Cisjordanie, mais maintenant au Liban
03:42avec un embrasement généralisé de la région
03:44et que du côté de la France, du côté de l'Union Européenne,
03:47on dise non, on dit stop, parce qu'on voit très bien
03:50qu'on va avoir en plus une administration américaine
03:52qui va quasiment pousser.
03:54Et là on a une visite en France de Smotrich…
03:57– Non, il ne vient pas, il ne vient pas, il sera en vidéo.
04:00– Il sera en vidéo, mais enfin…
04:02– Le ministre d'extrême-droite qui prône l'annexion des territoires palestiniens.
04:07– Il va être appuyé par Trump pour mener l'annexion de la Cisjordanie.
04:10Tout ça ne va pas se régler sur un terrain de foot, d'accord ?
04:13Donc le foot, comme le sport, c'est un lieu où il y a de la politique aussi,
04:18mais ce n'est pas là que ça va se régler.
04:19– Il fallait interdire ce gars-là, Israël forever ?
04:22– En tout cas la venue de M. Smotrich en France…
04:25– Non, en vidéo.
04:26– … n'est pas la bienvenue.
04:27– Est-ce qu'il fallait interdire ce gars-là ?
04:29– Écoutez, moi ce que je demande,
04:31c'est qu'au-delà des interdictions de choses et d'autres,
04:34c'est qu'il y ait une politique claire de la diplomatie française.
04:37Vous savez, pendant longtemps, de Jacques Chirac à François Mitterrand,
04:40on a su mener une politique à l'égard d'Israël
04:44et à l'égard de la Palestine qui était claire
04:46et qui nous permettait de nous faire entendre partout
04:48et qui faisait qu'on avait une voix forte de la France.
04:51Cette voix forte de la France, elle a disparu depuis un an.
04:54On n'entend rien, on n'entend que de la confusion.
04:56Donc je demande que la France et que l'Europe aient une voix forte
04:59pour s'opposer à la politique menée par M. Netanyahou
05:02qui nous rende crédibles aussi à l'égard des pays du Sud.
05:05— Bien. François Ruffin, le budget, la partie recette a été rejetée.
05:09Le texte est parti au Sénat. Il va revenir.
05:12Commission mixte paritaire. Je vous vois soupirer.
05:15Commission mixte paritaire. Et que va-t-il se passer ?
05:17Ce qui était prévu au départ, c'est-à-dire 49-3, émotion de censure.
05:21Voilà. C'est écrit. François Ruffin, à quoi ont servi tous ces débats ?
05:25— Écoutez, on est dans un imbroglio, un chaos.
05:28Vous dire que ce que a fait le président de la République
05:31le 9 juin au soir continue de peser.
05:34Et on avait déjà une instabilité sociale,
05:37une instabilité économique dans le pays,
05:40une instabilité budgétaire. Il y a rajouté de l'instabilité politique.
05:44— Mais c'est les Français qui ont voté, François Ruffin,
05:47qui ont créé l'instabilité politique.
05:49— Non, non, non, non, non. C'est le président de la République
05:51qui a choisi de mener une dissolution improvisée.
05:53Et en déclarant à cette époque-là, je vous le rappelle,
05:55qu'il jetait une grenade dans les pattes des partis.
05:58Il n'a pas jeté une grenade dans les pattes des partis.
06:00Il l'a jetée dans les pattes du pays, dans les pattes de la démocratie.
06:03Et on voit aujourd'hui qu'on a une situation
06:06qui est complètement confuse, qui est en lambeaux,
06:09avec une espèce d'imbroglio auquel personne ne comprend rien.
06:12Alors, dans un premier temps, les députés à l'Assemblée nationale,
06:15nous avons posé pour qu'il y ait une taxe sur les superprofits, d'un côté.
06:18Nous avons... Donc ça, c'est pour que les gros payent plus gros.
06:21Et pour que les petits payent plus petits,
06:23nous avons annulé la taxe de la hausse sur l'électricité.
06:26Bon. Mais on voit très bien que tout ça est annulé par derrière,
06:29avec le bloc central, on va dire,
06:32plus le rassemblement national qui vient à son secours.
06:35Mais tout ça nous amène juste dans une situation de grande confusion,
06:38où, à mon sens, sorti de l'Assemblée nationale,
06:41plus personne ne comprend rien.
06:43— Bien. Mais le budget sera adopté probablement avec 49-3.
06:47Et motion de censure, nous verrons. Vous voterez la motion de censure ?
06:50— Je voterai la motion de censure.
06:52— Oui. Qui va la déposer ? — Je n'en sais rien.
06:54— Vous verrez bien. Vous verrez bien. Bon.
06:56Mais ça montre aussi... Est-ce que ça ne montre pas aussi
06:59que la gauche était incapable de gouverner ?
07:01Puisque ce budget a été construit par le NFP,
07:04et que le NFP a recueilli combien ?
07:06192 voix à l'Assemblée.
07:08Comment auriez-vous pu gouverner ?
07:10Vous demandiez Lucie Castet au pouvoir. Je me souviens.
07:13Mais elle était incapable de gouverner, non ?
07:15— De toute façon, on peut dire que dans la situation qui est la nôtre aujourd'hui,
07:18on a une France qui est...
07:20Une Assemblée nationale qui, pour moi, représente une France,
07:22une France découpée en 3 blocs,
07:24il est bien difficile de gouverner dans cette situation-là.
07:26Maintenant, on ne va pas revenir...
07:28Je n'ai pas envie de revenir là-dessus.
07:30Mais enfin, la force qui arrivait en tête, c'est quand même la gauche.
07:33Emmanuel Macron pouvait donner sa chance à Lucie Castet et à Matignon.
07:37— 192 voix.
07:39— Quitte à ce qu'à l'arrivée, on voit qu'on était incapables
07:41d'élargir le bloc que nous représentions.
07:44— Mais avec LFI, comment auriez-vous élargi ?
07:46— Ça n'est pas... — François Ruffin.
07:48— Ça n'est pas à Emmanuel Macron de...
07:50— Comment auriez-vous élargi avec LFI ?
07:52— ...de censurer à priori ?
07:54Eh bien, on aurait bien vu, d'accord, M. Bourdin ?
07:56— On aurait bien vu, c'est-à-dire ?
07:58— Est-ce que ça sert à quelque chose d'en parler au conditionnel passé ?
08:00Je veux dire, moi, je viens ici, M. Bourdin, avec sérieux.
08:03Qu'est-ce qui se passe dans notre pays ?
08:05— Oui. Alors parlons des crises sociales.
08:07Alors parlons des crises sociales.
08:09— Je vous dis le problème que nous...
08:11Je vais vous faire le lien entre les deux.
08:13Nous sommes dans un temps de tempête.
08:15Et dans ce temps de tempête-là,
08:17nous n'avons plus de capitaine et nous n'avons plus d'équipage.
08:20On a un bateau France qui part à volo.
08:22Voilà la situation dans laquelle le président de la République nous a mis.
08:26Il n'y a plus personne à bord.
08:28Donc on va faire de la gestion à la petite semaine,
08:32quand ça souffle fort.
08:34Vous voyez ? Quand on revient...
08:36— Alors quelles mesures prend-on quand ça souffle fort,
08:38pour sauver nos entreprises, par exemple ?
08:40Les PME, TPE ?
08:42— Je vais vous dire une chose simple, sur l'industrie.
08:44Ça suffit, M. Bourdin.
08:46— On augmente les salaires ?
08:48— Ça suffit. Ce qu'on a vu pendant 40 ans, ça suffit.
08:51Je l'ai dit, je l'ai répété.
08:53Ça suffit maintenant.
08:55L'Europe ouverte à tous les vents mauvais de la mondialisation,
08:57ça suffit.
08:59Maintenant, nous avons un choix.
09:01C'est soit on ne veut plus d'industrie chez nous
09:03et on continue ce qui se fait depuis 40 ans
09:05et on signe tous les accords internationaux
09:07et on respecte les règles de l'OMC
09:11en étant les seuls à la respecter.
09:13Soit on dit qu'on veut une industrie dans notre pays,
09:15qu'on veut défendre nos entreprises,
09:17qu'on veut défendre nos emplois.
09:19— Et comment fait-on seul pour défendre nos entreprises
09:21et pour avoir une industrie dans notre pays ?
09:23Est-ce qu'il ne faut pas plus d'Europe ?
09:25Plus d'Europe sociale, plus d'Europe économique ?
09:27— Il faut aller peser,
09:29mais ça, ça fait maintenant longtemps qu'on le raconte,
09:31il faut aller peser pour avoir des protections douanières,
09:34pour avoir des taxes aux frontières,
09:36pour avoir des quotas d'infrastructurations.
09:38D'abord, si l'Europe n'est pas fichue de le faire,
09:40il y a des mesures qui peuvent être prises en France,
09:42type un « Buy French Act » ou des choses comme ça.
09:44Mais maintenant, c'est plus possible.
09:46On a sauvé une boîte dans mon coin
09:49qui s'appelle Metex, qui fabrique des acides aminés, d'accord ?
09:52C'est deux fois plus cher qu'en Chine.
09:55Pourtant, ça pollue cinq fois moins qu'en Chine.
09:58Et qu'est-ce qui vient combler ?
10:00Ce sera des dizaines de millions d'euros de subventions,
10:02objectivement, qui vont venir combler ça.
10:04Et c'est à peu près tout le secteur manufacturier,
10:06toute l'industrie, qui est sous perfusion de la même manière,
10:09parce qu'en étant ouvert à une Chine
10:11et, de l'autre côté, à des États-Unis
10:13qui, eux, pratiquent le protectionnisme,
10:15qui, eux, protègent leur industrie.
10:18— Mais dites-moi, comment faites-vous,
10:20alors que l'énergie et la main-d'œuvre
10:22coûtent plus cher en Europe,
10:24et notamment en France, qu'ailleurs dans le monde ?
10:26Comment faites-vous ?
10:27— C'est justement pour ça que je...
10:29Mais ça, moi, c'est pas une découverte d'aujourd'hui.
10:31J'ai écrit un livre qui réclamait du protectionnisme
10:34au début des années 2010.
10:36— Oui. Mais protectionnisme français ou européen ?
10:39— Écoutez, il faut le mettre en place au niveau européen.
10:41Aujourd'hui, par exemple, il faudrait
10:43qu'on ait une taxe sur le carbone importé,
10:46qu'on se dise que voilà,
10:48tout ce qui est fait à partir de charbon
10:50dans les grands pays qui utilisent le charbon,
10:52et le premier pays à utiliser du charbon,
10:54c'est la Chine,
10:55eh bien tout ce qui est importé de là-bas
10:57contient du charbon.
10:59Ça permettrait de résoudre possiblement
11:01trois choses en même temps.
11:02Un, ça nous fait une protection industrielle.
11:04Deux, ça fait qu'on comble un déficit budgétaire,
11:07puisque ça ferait des ressources
11:09par les taxes aux frontières.
11:11Trois, ça remettrait la question écologique,
11:14puisqu'on a aujourd'hui une transition qui empanne.
11:16Mais si jamais...
11:18Et vous savez, ça a des conséquences politiques.
11:20C'est lié à ce qu'on se racontait précédemment.
11:22Comment ? Ça fait 40 ans que ça dure.
11:24Vous savez, quand on regarde Michelin,
11:26chez moi, ça a été Continental, ça a été Goodyear,
11:28ça a été Bridgestone, rien que dans ma région.
11:31C'est toujours la même histoire qu'on laisse se recommencer.
11:33Oui, parce que les coûts d'énergie sont plus élevés ici,
11:36parce que le coût du travail, évidemment,
11:38il est plus élevé ici qu'en Chine.
11:40Ça a des conséquences politiques. Pourquoi ?
11:42Parce que les Français sont à même d'accepter une élite,
11:45une élite qui les dirige,
11:47si c'est une élite qui les protège.
11:49Mais depuis 40 ans, on n'a pas une élite qui les protège.
11:51On a au contraire une élite qui livre le pays,
11:54qui livre les meilleurs morceaux du pays.
11:56Pensez à nos florons industriels,
11:58Arcelor, Alstom, Alcatel, rien que pour les A.
12:00Mais on peut penser à Péchiné,
12:02on peut penser à plein d'autres groupes,
12:04que nos élites, à la place de les protéger,
12:06ont livré aux fonds de pension,
12:08ont livré à la mondialisation.
12:10Et donc, il y a un refus, dans la durée,
12:12d'une élite qui ne protège plus.
12:14Et bien, il faut qu'on retrouve une élite qui protège.
12:16Vous savez, moi je viens de la région Picardie,
12:18c'est la région de la Grande Jacquerie,
12:20qui s'est produite au Moyen-Âge.
12:22Vous savez pourquoi en 1358 se produit la Grande Jacquerie ?
12:24Parce que deux années auparavant, il y a eu la bataille de Poitiers.
12:26Et à la bataille de Poitiers,
12:28les soldats, les rôturiers,
12:30ont vu les aristocrates, les nobles,
12:32fuir devant les Anglais.
12:34Mais ils se sont dit, si c'est ça,
12:36c'est notre élite qui nous dirige, on ne va pas la respecter,
12:38puisqu'elle ne nous protège pas,
12:40elle ne nous sert pas de bouclier.
12:42Et donc, quand ils sont rentrés dans leur village,
12:44ils ont raconté que cette élite-là ne les protégeait pas.
12:46Et ils se sont mis à vouler...
12:48– Est-ce que, selon vous, nous sommes au bord d'une révolte sociale dure ?
12:52– Non, je crains que non.
12:54Je souhaiterais, aujourd'hui,
12:56qu'il y ait l'expression d'une révolte sociale,
12:58en toute franchesse.
13:00– Vous souhaiterez que les grèves se multiplient,
13:02que les manifestations se multiplient,
13:04se traduisent dans les faits,
13:06dans la rue, sur le pavé ?
13:08– Je souhaiterais que, soit ils multiplient des adversaires,
13:10parce que, vous savez, ce n'est pas comme si on était dans un pays où tout allait mal.
13:12Là, on vient de parler des plans sociaux.
13:14Mais si on lit la presse économique,
13:16quand je lis les échos,
13:18j'ai ça, moi.
13:20Toujours plus haut, des ailes aux Bourses Mondiales,
13:22une pluie de records,
13:24le CAC 40 a pulvérisé son dernier record,
13:26les géants du CAC 40
13:28ont généré plus de 145 000 euros
13:30de profits en 2023,
13:32etc.
13:34Donc ça va bien.
13:36Donc j'aimerais une colère sociale qui, en effet,
13:38se dise, mais bon sang, comment ça se fait
13:40que ceux qui ont tenu le pays debout,
13:42les ouvriers, les employés, sont aujourd'hui rationnés,
13:44tandis que ça se gave là-haut.
13:46Je souhaiterais cette colère sociale.
13:48Je ne pense pas qu'elle aura lieu.
13:50Je redoute que ça soit la résignation qui l'emporte.
13:52Mais il y aura une autre traduction.
13:54C'est une colère politique.
13:56C'est une colère politique froide et qui se dessine dans la durée.
13:58– Cette colère politique qui a bénéficié
14:00de l'Assemblée nationale, au départ,
14:02qui commence à être vue par la gauche,
14:04c'est vrai qu'elle a un peu oublié,
14:06vous l'avez dit vous-même,
14:08François Ruffin,
14:10ce sera l'axe de votre programme
14:12pour la présidentielle ?
14:14– Écoutez, on n'est pas à la présidentielle.
14:16– On n'est pas, mais vous y pensez.
14:18Vous l'avez dit.
14:20– Je ne cache rien.
14:22– Je peux même m'appuyer sur des propos
14:24du Président de la République pendant la crise Covid.
14:26Vous savez qu'il faudra se rappeler
14:28qu'un pays tout entier repose aujourd'hui
14:30sur ses femmes et ses hommes,
14:32que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal.
14:34Voilà, les travailleurs de la deuxième ligne,
14:36à qui on avait prouvé reconnaissance et rémunération.
14:38– Ce sera votre discours.
14:40Ça a toujours été votre discours.
14:42Ce sera le discours que vous porterez en 2027.
14:44– Ce sera le discours que je porte maintenant
14:46depuis quasiment 20 ans,
14:48même avant d'être député.
14:50Ce sera le discours que je porterai dans les années à venir
14:52et ce sera le discours que je porterai
14:54encore pour très longtemps.
14:56– Le Président de la République disait
14:58déléguer notre alimentation, notre protection,
15:00notre santé, notre cadre de vie à d'autres est une folie.
15:02Eh bien oui, on est dans un régime de folie,
15:04la folie du libre-échange.
15:06Je serai l'une des voix qui viendra réclamer,
15:08qui réclame avec force et avec constance
15:10qu'on sorte de cette folie-là.
15:12– Bien.
15:14– Je ne dis pas que ça se fait en claquant des doigts.
15:16Je ne dis pas que les choses sont simples.
15:18Et il ne s'agit pas de passer du tout à l'autarcie d'un côté.
15:20Mais il nous faut de la régulation.
15:22Il nous faut de la régulation des gestionnaires internationaux.
15:24– Bien. Vous avez assigné LVMH en justice.
15:26Vous réclamez un eurosymbolique pour avoir été espionné
15:28pendant le tournage de votre film
15:30Merci patron.
15:32Bernard Squarsini, qui est l'ancien directeur central
15:34du renseignement intérieur,
15:36comparé pour plusieurs infractions,
15:38il vous espionnait.
15:40– Ah oui, c'est sûr.
15:42Il est prouvé que Bernard Squarsini
15:44et l'autre Bernard reçu,
15:46Bernard Arnault, il y a eu des gens
15:48qui ont été envoyés pour fouiller les poubelles de fakirs,
15:50pour me surveiller,
15:52pour avoir un thrombinoscope
15:54pour relever les plaques minéralogiques,
15:56pour avoir les adresses de tout le monde.
15:58Ça va être établi,
16:00c'est déjà dans les documents de la justice,
16:02mais ça va être montré au grand jour
16:04lors des audiences qui auront lieu devant le tribunal de Paris.
16:06– Que vous voulez qu'il soit condamné et que…
16:08– D'abord, vous savez,
16:10vous imaginez si ça avait été l'inverse ?
16:12Vous imaginez si c'était moi
16:14qui avait fait filer Bernard Arnault,
16:16qui avait relevé ses plaques minéralogiques,
16:18qui avait surveillé son emploi du temps,
16:20qui avait installé une top,
16:22parce qu'ils ont quand même installé une top
16:24à l'intérieur de notre rédaction,
16:26mais aussi qui avait utilisé la police de la République.
16:28La police de la République
16:30a été utilisée pour surveiller
16:32le petit journal fakir
16:34et le journaliste indépendant que je suis.
16:36Est-ce que la police est juste convaincue
16:38que les policiers préfèreraient se consacrer
16:40à la lutte contre les violences conjugales,
16:42à la répression de la délinquance financière,
16:44à la lutte contre le trafic de grog,
16:46ou là, puisque c'est les hauts gradés
16:48des services de renseignement,
16:50à la lutte contre le terrorisme,
16:52plutôt que de perdre leur temps
16:54pour la protection personnelle de Bernard Arnault,
16:56qui risquait quoi ?
16:58Une intervention lors d'une assemblée générale
17:00d'actionnaires ? Jamais nous n'avons
17:02fait preuve de violence.
17:04Comment ça se fait que,
17:06quand on est la première fortune de France,
17:08on peut avoir la police de la République
17:10qui sert des intérêts privés ?
17:12Comment on peut échapper à la justice,
17:14faire un gros chèque et avoir une justice d'exception ?
17:16– Je termine avec votre dernier film,
17:18« Au boulot ».
17:20Je l'ai vu.
17:22Est-ce que vous avez voulu mettre en avant
17:24évidemment toutes celles et ceux
17:26qui travaillent au SMIC, ou autour du SMIC,
17:28qui ont des difficultés au quotidien,
17:30ils sont très émouvants d'ailleurs dans votre film,
17:32mais est-ce que vous avez voulu ridiculiser
17:34Sarah Saldman,
17:36qui est l'actrice principale,
17:38parce qu'elle est d'un ridicule absolu
17:40dans ce film,
17:42bête et méprisante ?
17:44– Je vous dis ce que je pense.
17:46– Allez-y.
17:48– Je vous dis ce que je pense.
17:50– Est-ce que vous avez ri ?
17:52– J'ai ri parfois, oui.
17:54Parfois j'ai ri devant la bêtise.
17:56– J'espère que ce film procure déjà des rires et des larmes,
18:00procure de l'émotion,
18:02parce que dans les temps de morosité,
18:04de dépression,
18:06je pense que le mot qui caractérise le mieux
18:08la France aujourd'hui, c'est la dépression.
18:10Dans les temps de dépression que nous vivons,
18:12remettre des rires,
18:14remettre de la joie, c'est déjà
18:16au moins un acte politique.
18:18– Vous regrettez de l'avoir mobilisée pour ce film ?
18:20– Non, je pense qu'elle fait…
18:22– Actrice principale, avec vous.
18:24– Elle fait le sel du film en un sens.
18:26Pourquoi ? Parce qu'il est sûr
18:28qu'en comparaison,
18:30les gens ordinaires apparaissent comme extraordinaires.
18:32– Sarah Saldman, beaucoup ne la connaissent pas,
18:34et c'est heureux,
18:36mais c'est une jeune femme
18:38qui est très riche et qui tout à coup découvre
18:40la vie des personnes
18:42de tous les jours,
18:44et qui ne comprend pas
18:46comment on peut livrer un colis,
18:48comment on peut aider une personne âgée,
18:50mais c'est hallucinant,
18:52comment peut-on être si loin
18:54de la réalité du quotidien des gens ?
18:56– Vous savez, j'avais écrit un livre…
18:58– Pourquoi ? Parce que les milliardaires sont tous comme ça ?
19:00– D'abord, je doute qu'elles soient milliardaires.
19:02– Oui, enfin bon, pas milliardaires, mais…
19:04– Non, mais je pense
19:06que nous avons un problème aujourd'hui,
19:08que les élites qui nous dirigent
19:10sont aujourd'hui les personnes
19:12qui sont les plus déconnectées
19:14de l'ordinaire des Français.
19:16J'avais déjà écrit un livre sur Emmanuel Macron
19:18qui s'intitulait « Ce pays que tu ne connais pas ».
19:20Mais on a fait une classe de dirigeants
19:22médiatiques, politiques
19:24et pour partie économiques
19:26qui aujourd'hui vivent dans une autre réalité,
19:28qui connaissent mieux parfois
19:30ce qui va pouvoir se passer à New York
19:32que ce qui va pouvoir se passer
19:34sur la zone industrielle en Picardie.
19:36Donc je crains que pour partie
19:38Sarah Salman soit à l'image
19:40d'une élite qui s'est déconnectée de ça.
19:42Vous savez, s'il y avait des gens déconnectés
19:44c'est pas si grave que ça, mais qui donnent
19:46des leçons aux Français ordinaires
19:48depuis la hauteur des plateaux télé.
19:50Et donc moi je lui reconnais ce courage
19:52d'être descendu de son piédestal
19:54et d'avoir été parlé d'égal à égal
19:56avec les salariés
19:58de l'industrie agroalimentaire,
20:00avec les auxiliaires de vie,
20:02avec les livreurs, avec les poseurs
20:04de fibres optiques, c'est-à-dire
20:06avec tous ceux et comptes
20:08parmi vos éditeurs.
20:10— Mais les acteurs principaux de ce film, effectivement,
20:12ce sont les travailleurs.
20:14Mais elle, vous l'avez payée ?
20:16— Non. Vous savez, dans le cinéma documentaire
20:18il y a une interdiction, M. Bourdin,
20:20de verser un euro
20:22de salaire.
20:24Oui, voilà, le maquillage,
20:26le café au bistrot, tout ça, ok.
20:28Mais en revanche, il y a une interdiction.
20:30— Et le croque-monsieur à 54 euros,
20:32il a été payé.
20:34Il a été payé par la production.
20:36C'est sûr que quand on dit aux gens
20:38« Mais vous savez, le problème qu'on a, c'est qu'on a aujourd'hui
20:40deux invisibles. Il y a un invisible d'en bas,
20:42les travailleurs, que j'ai lancé, mais il y a un invisible
20:44d'en haut. C'est-à-dire que quand je dis
20:46150 milliards d'euros de dividendes,
20:48qu'est-ce que ça signifie ? Où est-ce qu'ils partent ? »
20:50Vous voyez, ça n'est pas vu. Eh bien, il faut le rendre
20:52visible. Alors oui, c'est un sac
20:54à 20 000 euros, c'est un croque-monsieur
20:56à 3 000 euros, c'est un niveau de vie que les gens
20:58n'imaginent pas, quoi.
21:00Merci de défendre. Là, je vous rejoins.
21:02On n'est pas d'accord sur tout, mais là,
21:04je vous rejoins. Merci de défendre celles
21:06et ceux qui travaillent au quotidien et qui
21:08en bavent au quotidien. Merci, François Rassas.
21:10Merci à vous et merci à eux et à elles.
21:12Il est 8h56.
21:14Vous êtes sur Sud Radio. Merci.
21:16Nous avons Patrick Roger avec nous dans un instant.

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