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Avec Nicolas Conquer, Porte-parole des républicains en France / Julie Girard, Écrivaine franco-américaine / Louis Sarkozy, Essayiste et spécialiste de la politique américaine

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##EN_TOUTE_VERITE-2024-11-10##

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News
Transcription
00:00En toute vérité, chaque dimanche, entre 11h et midi, sur Sud Radio, Sécurité, économie numérique, immigration, écologie,
00:11pendant une heure chaque semaine, nous débattons sans tabou des grands enjeux pour la France d'aujourd'hui et de demain.
00:16Et ce dimanche, nous consacrons une émission spéciale aux résultats des élections américaines.
00:21Nous avons le plaisir de recevoir le porte-parole des Républicains en France, Nicolas Conquer,
00:26l'écrivain franco-américaine Julie Girard, et en duplex de Washington, Louis Sarkozy, essayiste et spécialiste de la politique américaine.
00:34Pourquoi les journalistes se sont-ils encore plantés ? Quels sont les enseignements attirés de l'élection de Donald Trump ?
00:40La droite française peut-elle s'en inspirer ? Quelles seront les conséquences pour la France et l'Europe ?
00:46Tout de suite, les réponses de mes invités, en toute vérité.
00:50En toute vérité, sur Sud Radio, Alexandre De Vecchio.
00:54Bonjour à tous, ravi de vous recevoir sur Sud Radio pour discuter pendant une petite heure de l'élection américaine,
01:04essayer d'en tirer les enseignements. Mais d'abord, c'est peut-être une question pour Nicolas Conquer,
01:12le représentant des Républicains en France. Comment expliquer que les journalistes se sont totalement plantés ?
01:23Est-ce que les journalistes françaises, à votre avis, sont malhonnêtes, mauvais ? Est-ce que c'est la même chose aux Etats-Unis ?
01:31Est-ce que personne n'avait vu l'ampleur de la victoire de Donald Trump ?
01:35C'est sûr qu'en termes d'ampleur, c'est une victoire retentissante.
01:38C'est aussi le plus grand comeback historique en politique qu'on ait jamais vu.
01:41Tout le monde donnait Donald Trump mort politiquement.
01:44Après Capitol, notamment.
01:46Entre autres, on n'aime pas les losers aux Etats-Unis.
01:49Mais surtout, ce qu'on aime plus, c'est la culture de celui, un peu comme dans l'épopée hollywoodienne,
01:54de celui qui revient en scène et qui défie tous les obstacles qui viennent se placer en travers de sa route.
01:59Les médias et les sondeurs, qui avaient cette voix d'autorité, se sont encore une fois trompés
02:05parce qu'ils n'ont pas su identifier les changements dans l'électorat.
02:09Ils ont voulu un peu jouer la sécurité en prévisant les 49-51,
02:14en disant que c'était serré au coude à coude.
02:16Ils n'ont manifestement pas retenu les leçons.
02:18Même en 1980, entre Reagan et Carter, ils disaient que l'élection était très serrée la veille du scrutin.
02:23Le lendemain, Reagan remportait 49 des 50 Etats.
02:26Ça dit des choses qui sont aussi très compliquées à modéliser dans l'électorat de Trump.
02:30On sait que c'est un électorat qui se mobilise ou non.
02:32Mais en soi, il y a eu un véritable biais de confirmation aux Etats-Unis comme en France.
02:36Les journalistes, les experts ont voulu s'appuyer sur des anomalies statistiques,
02:40un sondage qui permettait de faire avancer leur narratif,
02:44alors qu'en fait, c'était ce qu'ils voulaient plutôt que ce qui était vraiment la réalité.
02:47Est-ce qu'il y a une forme d'aveuglement idéologique des journalistes,
02:52est-ce qu'on peut le dire ?
02:53Voire une volonté d'influencer le résultat ?
02:55Oui, d'une certaine manière, il y a ce biais de confirmation.
02:57C'est-à-dire, on trouve l'information, le sondage qui va dans votre sens
03:00et qui ne sont pas à prendre isolément.
03:01Je disais, c'est une anomalie statistique, il faut les regarder,
03:03il faut les agréger et suivre des tendances.
03:06Et de manière plus spécifique, regarder de manière en détail
03:09là où l'élection se passe, dans les fameux swing states,
03:11ces états pivots, et de manière encore plus spécifique,
03:14croiser les données sur des franges de l'électorat
03:16pour savoir comment ça se comporte et voir si certains sondeurs
03:19soit ont des biais ou ont une approche un peu faussée
03:22qui paraît insensée typiquement.
03:23On a eu un sondage qui est sorti trois jours avant l'élection
03:26et qui aurait même pu influer sur l'élection, je m'explique.
03:29Une sondeuse très connue qui s'appelle Soultzer
03:31sort un sondage assez fracassant et dit que l'Iowa,
03:34qui pourtant depuis plusieurs années n'est plus un swing state
03:37et qui est solidement républicain,
03:39serait remportée par Kamala Harris par trois points.
03:41On dit, mais tiens, c'est quand même étonnant, on ne l'attendait pas du tout ça.
03:44Et de fait, c'est quelqu'un qui fait autorité,
03:46donc elle joue vraiment sa crédibilité
03:48et tous les médias s'en sont emparés en disant
03:50c'est Kamala Harris qui non seulement va gagner l'Iowa,
03:52elle va chasser l'entité républicaine,
03:54elle va avoir une victoire retentissante, la fin de l'histoire.
03:56En parallèle, il y a d'autres instituts de sondage
03:58qui donnaient Trump gagnant à 10 points dans cet état-là.
04:00Mais ils ont fait le choix de mettre la focale
04:02uniquement sur ce qui est donné Kamala Harris gagnante,
04:04ce qui peut également influer l'électorat.
04:06C'est une prophétie autoréalisatrice, ça va démotiver l'électorat de se déplacer.
04:09Si vous dites que de toute manière c'est Kamala Harris qui gagne,
04:11c'est le vrai enjeu de est-ce que vous allez pouvoir faire sortir les gens pour voter.
04:14La fin de l'histoire, vous la connaissez,
04:16Donald Trump est élu, mais il remporte l'état de l'Iowa avec 15 points d'avance.
04:20Julie Gérard, vous êtes franco-américaine,
04:23vous êtes écrivain,
04:25vous habitez à New York,
04:27qui n'est pas l'état le plus Trumpé.
04:29Est-ce que vous aviez anticipé cette vague rouge ?
04:34Et comment vous expliquez finalement
04:37que les journalistes n'aient rien vu des deux côtés de l'Atlantique ?
04:42On pouvait l'anticiper d'un point de vue social et culturel,
04:46puisqu'on voit bien une fracture, une polarisation de la société américaine
04:50entre un parti démocrate de plus en plus progressiste, identitariste,
04:55et puis une population qui a du mal à se retrouver de plus en plus
04:59dans cette vision des choses.
05:01Alors si les médias se sont peut-être trompés,
05:03les marchés ont eu raison,
05:05puisque très tôt dans la journée de l'élection,
05:09ils ont pronostiqué une victoire de Donald Trump.
05:12Et d'ailleurs même Polymarket a eu 50 états sur 50,
05:15cet organisme de Paris.
05:18Donc effectivement il y a un biais des médias,
05:21mais nous quand on vit aux Etats-Unis,
05:23on sent dans la société américaine, et même à New York,
05:25ce clivage entre ce progressisme très très marqué,
05:29et puis le reste de la société qui a du mal de plus en plus avec cela.
05:34Et d'ailleurs on se rend compte que le wokisme est en train de reculer quand même,
05:38il a pris un sacré coup aux Etats-Unis,
05:40notamment des entreprises comme General Motors,
05:42comme Harley-Davidson, comme Ford,
05:44qui dans les derniers mois ont renoncé à leur bureau D8,
05:47donc diversité, équité, inclusion,
05:49qui mettait en avant ces principes de justice sociale
05:52prônés par le Parti Démocrate.
05:55Louis Sarkozy, vous venez de publier un article en ligne sur le site 21 News,
06:03où vous expliquez carrément que c'est un désastre Kamala Harris.
06:09Alors c'est un triomphe pour Trump,
06:11ou un désastre pour Kamala Harris,
06:13ou les deux, et est-ce que ceci était prévisible finalement ?
06:17C'est entièrement les deux, cher Alexandre.
06:21Le triomphe de Trump d'abord,
06:23et M. Conquer l'a parfaitement résumé,
06:25parce que c'est une expérience quand même,
06:27le Trumpist qui est profondément individuel, individualiste,
06:30c'est l'homme qui incarne son mouvement.
06:32J'entends les questions sur les plateaux,
06:34qu'est-ce que ça peut présager pour la droite européenne,
06:37la droite française ?
06:38Ecoutez, elle espère beaucoup de choses,
06:41mais en vérité, tous les courants idéologiques
06:43de centre et de droite aux Etats-Unis
06:45sont incarnés par un seul homme,
06:47qui s'avère invincible,
06:49qui survit à 34 chefs d'accusation,
06:51qui survit à trois tentatives d'assassinat,
06:53qui survit aux accusations de viol,
06:55à tous les scandales.
06:56Ça c'est vraiment le premier caractéristique du Trumpist,
06:58c'est-à-dire que c'est l'homme qui incarne le mouvement,
07:01il est son mouvement,
07:02tout le monde l'identifie immédiatement,
07:04soit à l'immigration, au rejet de l'immigration plutôt,
07:08soit à la sécurité,
07:09soit à l'isolationnisme dans la politique étrangère,
07:12donc c'est vraiment un triomphe individuel.
07:14Après, tout ceci est marié au désastre total
07:17qu'est la campagne de Mme Harris,
07:19et qui, il faut le dire, depuis le début,
07:21était un petit peu une espèce d'arnaque.
07:24C'est-à-dire que Mme Harris ne gagne aucune primaire,
07:26on la glisse dedans là,
07:28parce qu'on se rend compte beaucoup trop tard
07:30que la présidence de Joe Biden est une catastrophe
07:33et vouée à l'implosion.
07:34Elle attend 35 jours pour faire sa première vraie interview,
07:38mais quel scandale !
07:39Elle essaye de profiter d'une vague d'enthousiasme
07:42qui n'est rien d'autre que l'envie
07:44d'avoir quelque chose de nouveau.
07:46Et en fait, la vérité, c'est que Mme Harris
07:48était un, beaucoup trop à gauche,
07:50considérée en 2019 sa première campagne présidentielle
07:53comme un possible délire
07:55à cause de ses positions extrêmement extrémistes,
07:58et deuxièmement, c'est une mauvaise candidate.
08:00Elle a toujours été assez prête à faire des gaffes,
08:05à faire des erreurs,
08:06à apparaître comme étant très malhonnête, etc.
08:09Donc il y a cette combinaison de facteurs
08:11sur sa malhonnêteté et son manque de talent,
08:13avec un Donald Trump ressurgissant,
08:16et tout ceci est couronné à la fin
08:18parce que l'électorat, on le sait très bien,
08:20c'est la règle en politique,
08:21punit et ne récompense pas.
08:23Et ici, il a puni quoi ?
08:25Il a puni le bilan économique de la présidence de Biden.
08:28Elle n'a pas réussi à se dissocier de lui.
08:30Alors est-ce que c'est juste le fait
08:32que l'électorat américain pense que les années Biden
08:34étaient un désastre économique ?
08:35Je ne sais pas, on peut en parler.
08:37C'est peut-être un peu injuste,
08:38mais en tout cas l'électorat,
08:39qui paye 1600 ou 1700 dollars de plus
08:43pour ses premières nécessités
08:44qu'il ne payait la trois ans,
08:45a fait payer Mme Harris
08:47avec les résultats qu'on connaît.
08:49Nicolas Conquer, ce qui est effectivement spectaculaire,
08:52ce n'est pas tant la victoire de Donald Trump,
08:54certains l'avaient vu,
08:56que son ampleur après sa première élection.
08:59On a beaucoup dit que le Trumpisme
09:02c'était d'abord une base populaire.
09:05Effectivement, Donald Trump a réussi
09:08à s'adresser à une Amérique des classes moyennes,
09:12des classes populaires,
09:13un peu délaissée par le parti démocrate.
09:16Mais là, vu l'ampleur de sa victoire,
09:19il dépasse ses catégories sociologiques.
09:22Là, comment Donald Trump
09:24a gagné de nouvelles catégories ?
09:26Est-ce simplement parce qu'effectivement
09:28Kamala Harris était mauvaise ?
09:30Est-ce dû à un travail spécifique du parti républicain ?
09:34C'est vrai qu'en 2016, l'élection de Trump,
09:36on l'a qualifié un peu facilement
09:38de la revanche de l'homme blanc en colère.
09:40Il a remporté ce fameux Blue Wall.
09:43Vous savez, c'est l'État Pensyvalley,
09:44Wisconsin, Michigan,
09:46qui sont très prisés
09:47parce que c'est les activités pays-bas.
09:48On appelle ça le Blue Wall, le mur bleu.
09:50Il est tombé d'un coup en faveur de Donald Trump
09:52parce que c'est les classes populaires
09:53qui se sentaient complètement laissées pour compte.
09:56Ils étaient victimes d'un déclassement
09:58et qui ont adhéré.
09:59On voit que ce parti républicain,
10:01derrière l'impulsion de Donald Trump,
10:03qui a voulu protéger les intérêts des Américains,
10:05s'est métamorphosé
10:06et est devenu moins le parti élitiste
10:08qu'il l'était dans les années 80-90
10:10pour devenir désormais
10:11le parti des cols bleus, des classes populaires.
10:13Et on le voit,
10:15sans faire du clientélisme racial
10:17comme l'ont fait Harris et les Démocrates
10:19de par leur positionnement très extrémiste.
10:21Il y a vraiment des choses très choquantes
10:22qui se sont allées jusqu'à proposer,
10:24qui étaient même contraires à l'esprit de la Constitution.
10:26Les Démocrates ont fait des propositions
10:28basées sur la couleur de peau.
10:30Ce qui est quand même choquant,
10:31pour ne pas dire insultant,
10:32vis-à-vis des électeurs et des minorités.
10:34Oui, notamment autour du commerce de la drogue,
10:37légaliser le commerce de la drogue,
10:39payer moins d'impôts les hommes noirs
10:42qui investiraient dans ce commerce-là.
10:44C'est ça, au mieux du clientélisme électoral,
10:46voire du clientélisme crasse racial
10:48qui est absolument indigne des États-Unis,
10:50compte tenu du passé que nous avons.
10:52Et de fait, il y a un amendement de la Constitution
10:54qui est prévu à cet effet.
10:55Donc ça, ça montre que
10:57les électorats des minorités ne réfléchissent pas
10:59sur la base de promesses creuses
11:01qui vont être faites par des partis démocrates
11:03qui les utilisent à des fins électorales tous les 4 ans
11:05et ont voulu se tourner vers le candidat
11:07qui pouvait le plus leur apporter une prospérité,
11:09une sécurité pour leur communauté
11:11et ne pas juste être essentialisé et retourné
11:13à leur couleur de peau.
11:14Et ça s'est matérialisé dans les votes.
11:15Donald Trump, il a progressé
11:17dans toutes les franges de l'électorat.
11:18Il a progressé chez les Latinos,
11:20mais de manière significative.
11:21Il a progressé également chez les Afro-Américains,
11:24chez les hommes en particulier.
11:25Et également, même dans l'électorat juif des swing states
11:27qui a basculé très nettement en sa faveur.
11:29Même les femmes aussi.
11:31Et sans parler, évidemment, des jeunes
11:33et des personnes non diplômées.
11:35Par contraste, Kamala Harris,
11:37la seule frange de l'électorat
11:39dans laquelle elle progresse,
11:40c'est les femmes diplômées,
11:42très fortunées et athées.
11:43Donc ça montre véritablement
11:45deux Amériques, deux visions différentes.
11:47Et cette frange de l'électorat,
11:48elle ne suffit pas de gagner les États-Unis.
11:49Donc ça montre que
11:51le fait de se focaliser uniquement sur cette base
11:53et de jamais vouloir toucher le cœur des Américains
11:56comme l'a fait Donald Trump
11:57en s'exprimant sur des nouveaux médiums,
11:58des podcasts,
11:59en allant vraiment faire une campagne de terrain,
12:01a montré qu'elle était complètement déconnectée
12:03des préoccupations des citoyens,
12:05des classes populaires complètement déclassées
12:07qu'on voyait dans la Virginie Occidentale.
12:09Donc ça montre que
12:10faire campagne avec des stars du showbiz,
12:12aujourd'hui, ça ne prend plus.
12:14Et les Américains pensent en inconscience
12:16pour se rejeter vers les idées
12:17et celui qui fera campagne.
12:18Nicolas Conquer, merci.
12:19Merci aussi à Julie Girard et à lui, Sarkozy.
12:22On se retrouve dans quelques minutes
12:24après une courte pause sur Sud Radio.
12:26En toute vérité, on continue à parler
12:28des élections américaines.
12:30On verra quels sont les enseignements
12:32à en tirer, notamment,
12:34pour la droite française.
12:35A tout de suite sur Sud Radio.
12:36En toute vérité.
12:42Nous sommes de retour sur Sud Radio.
12:43En toute vérité,
12:45pour parler des élections américaines
12:47avec Louis Sarkozy
12:49en duplex The Washington,
12:51spécialiste de la politique américaine,
12:54avec Nicolas Conquer,
12:56porte-parole des Républicains en France,
12:59et avec Julie Girard,
13:01écrivain franco-américaine
13:03qui est venu spécialement de New York
13:05pour commenter les élections.
13:07Julie Girard, avant la pause,
13:09on notait que Donald Trump
13:11avait su séduire des catégories
13:13qui n'étaient pas forcément les catégories
13:15qui avaient voté pour lui en 2016.
13:18Comment vous l'expliquez ?
13:19Est-ce que c'est dû à la stratégie électorale
13:22de Donald Trump ?
13:24Est-ce que c'est dû à la radicalité,
13:26effectivement, des démocrates
13:28qui ont pu faire peur
13:30à l'électorat centriste,
13:32en réalité,
13:34par leur position vogue ?
13:36Parce que c'est vrai qu'en France,
13:37on dit beaucoup que Donald Trump fait peur,
13:39qu'il est outrancier, excessif,
13:41et on oublie peut-être certaines outrances
13:43des démocrates,
13:45et notamment de Kamala Harris.
13:47Je vois trois raisons principales.
13:49La première, c'est l'économie,
13:50pour revenir sur ce que vous disiez,
13:52parce qu'on se rend compte qu'effectivement,
13:54Joe Biden a créé 15 ou 16 millions d'emplois,
13:5610% de croissance,
13:58mais à quel prix ?
14:00En 2021, on sort du Covid,
14:02on a un vaccin,
14:04l'inflation commence à monter,
14:05les marchés sont euphoriques,
14:06et là, Joe Biden crée
14:082 700 milliards de déficit.
14:10Cette année, on est encore à 1 800 milliards de déficit.
14:13Ce déficit, en réalité,
14:15qu'est-ce qu'il a comme conséquence ?
14:16Il faut regarder par classe,
14:18par catégorie socio-économique.
14:20Les populations les plus pauvres ont bénéficié
14:22de ce déficit,
14:24parce qu'on a augmenté le salaire minimum.
14:26Les classes les plus aisées ont bénéficié
14:28des rendements de leur capital qui étaient supérieurs à l'inflation.
14:30Mais la classe moyenne, elle souffre.
14:32Elle a eu de l'inflation à 6,6%
14:34en juin 2022,
14:36on est encore à 3,2%,
14:38au-delà de 3%, les gens le ressentent,
14:40et cette classe, elle a voté aussi avec son portefeuille,
14:42et ensuite,
14:44je vous rejoins, sur la question
14:46des valeurs. Parce qu'effectivement,
14:48le Parti Démocrate a
14:50radicalisé son propos ces dernières années.
14:52Comme le disait Louis Sarkozy,
14:54Mme Harris a fait une campagne en 2019
14:56où elle n'était pas contre
14:58potentiellement définancer la police.
15:00Elle nous a proposé le
15:02Opportunity Agenda for Black Men,
15:04qui étaient des mesures fondées
15:06sur l'énigité. Je crois qu'il y a une grande partie
15:08de la population américaine qui ne veut plus de ça,
15:10qui ne se reconnaît pas dans ce
15:12progressisme exacerbé,
15:14et qui voudrait revenir à des valeurs un peu plus
15:16traditionnelles et conservatrices.
15:18Y compris les minorités,
15:20puisque l'un des enseignements, c'est que non seulement
15:22les latinos, mais aussi
15:24les hommes noirs ont davantage
15:26voté pour
15:28les républicains qu'ils ne le faisaient
15:30par le passé. Là encore,
15:32est-ce que c'est un refus de
15:34ces minorités d'être
15:36essentialisées et instrumentalisées,
15:38ou est-ce que si c'est un réflexe
15:40de leur
15:42portefeuille, peut-être, comme vous l'expliquiez,
15:44puisque Donald Trump, à son
15:46époque, a plutôt donné
15:48des emplois à ces catégories-là,
15:50et peut-être aussi qu'il a su les
15:52inclure dans une forme de rêve
15:54américain et de possibilité
15:56d'ascension sociale ? Comment vous
15:58l'expliquez ? Je vois trois éléments.
16:00Le premier, c'est effectivement que
16:02la question économique a été importante.
16:04Le deuxième, c'est je pense la question de l'immigration,
16:06parce qu'on voit effectivement dans ces
16:08populations latinos
16:10et noires,
16:12beaucoup de gens qui s'inquiètent de l'immigration
16:14massive que l'on a eue au cours des trois dernières années,
16:16puisque entre
16:182020 et aujourd'hui, l'immigration a
16:20été multipliée par quatre. Mme Harris
16:22était en charge de cela.
16:24Et effectivement aussi les valeurs, et je crois que,
16:26comme le disait très bien Louis Sarkozy,
16:28Donald Trump a été capable
16:30d'aller chercher cet électorat masculin,
16:32notamment en allant
16:34sur le podcast de Joe Rogan.
16:36Joe Rogan, il est au Texas,
16:38il a reçu J.D. Pence et Donald Trump,
16:40qui ont passé trois heures avec lui. En fait,
16:42il est allé dans l'espace de ces hommes,
16:44discuter avec eux, là où
16:46Kamala Harris avait demandé à Joe Rogan de venir
16:48à Washington et de se plier
16:50à ces conditions qu'était une heure d'interview.
16:52Je crois que
16:54les Républicains ont vraiment fait
16:56le pas d'aller chercher ces hommes dans leur
16:58espace de communauté, à travers les podcasts,
17:00à travers des médias qui
17:02divergeaient un peu de ceux
17:04clairement du Parti Démocrate.
17:06Louis Sarkozy, sur ce
17:08vote des minorités,
17:10est-ce qu'il y a une angoisse
17:12des Américains concernant
17:14l'immigration, y compris
17:16des Américains
17:18issus d'une immigration récente ?
17:20Oui, et ça c'est
17:22toute la subtilité de ces calculs
17:24électoraux que les Démocrates n'ont pas compris.
17:26Et est-ce qu'ils les comprendront un jour ?
17:28On ne sait jamais, parce qu'ils sont
17:30emprisonnés dans cette vue identitaire
17:32communautaire de la politique et en
17:34vérité de la philosophie même, et ils ne
17:36peuvent pas comprendre que le discours
17:38anti-immigratoire de Donald Trump peut plaire à
17:40une population latino. Les raisons sont
17:42en vérité assez simples.
17:44La plupart des immigrants légaux
17:46latino aujourd'hui sur le marché du travail
17:48sont en compétition avec les
17:50nouveaux arrivés. Et donc on appelle ça
17:52« les migrants fermez la porte derrière moi ».
17:54Et ces gens-là écoutent le discours de
17:56Donald Trump en disant « le coût du travail
17:58est en train de baisser, donc il faut absolument
18:00l'immigration pour protéger les employés
18:02qu'on a déjà aux États-Unis ». Ça leur plaît.
18:04Quand on marie ça au débat culturel
18:06américain où le Parti Démocrate est de plus
18:08en plus laïque, de plus en plus athée
18:10et qu'on voit que les latino-américains
18:12sont beaucoup plus religieux que la moyenne,
18:14ça plaît aussi. C'est le fameux
18:16discours de Ronald Reagan dans les années
18:1880 où il dit « les latinos sont des républicains
18:20qui ne s'assument pas ». Et en vérité,
18:22la totalité de ma vie, le rêve des républicains
18:24c'était de sécuriser
18:26l'électorat latino. Il y avait des
18:28petits progrès qui ont été faits, mais rien
18:30comparé au triomphe
18:32de Donald Trump. Et c'est là où votre question,
18:34M. De Vecchio, est complètement juste.
18:36Je pense que nous, commentateurs, observateurs,
18:38écrivains sur ces élections et sur cette
18:40politique, on a une responsabilité maintenant.
18:42Je pense qu'on n'a plus le droit de parler de la base trumpiste.
18:44En 2016, elle était là, la base
18:46trumpiste. Mais ce qu'on a vu avant-hier, c'était pas le succès
18:48d'une base aussi
18:50mobilisée ou aussi large soit-elle.
18:52C'était le réveil d'une nation.
18:54Là, c'était le mandat
18:56d'un peuple d'hommes à un homme.
18:58Chez les hommes noirs, notamment, plus de 10%
19:00malgré le fait qu'une femme noire
19:02était candidate. Chez les latinos, 52%
19:04des femmes blanches. C'était pas du tout.
19:06C'était au contraire. C'était l'échec
19:08total du communautarisme
19:10de la gauche qui essaie de diviser en sous-groupes
19:12et minorités. Et c'était le réveil
19:14d'une nation, en vérité.
19:16Et c'est pour ça que c'est très important de dire que le parti républicain
19:18n'est pas forcément le parti de M. Trump.
19:20C'est les Etats-Unis qui sont son pays aujourd'hui.
19:22Il a vraiment réussi à sécuriser
19:24son mandat.
19:26America First, c'était effectivement
19:28le slogan de Donald Trump.
19:30C'est le slogan depuis toujours.
19:32Est-ce que finalement, le projet
19:34nationaliste
19:36et aujourd'hui nationaliste,
19:38sans que ce soit péjoratif,
19:40ou le projet national,
19:42est vraiment aujourd'hui le projet
19:44qui est porteur aux Etats-Unis ?
19:46On a connu une Amérique
19:48et un parti républicain plus impérialiste.
19:50Je pense à Ronald Reagan.
19:52Je pense à George Bush.
19:54Ce repli
19:56sur un projet
19:58souverainiste, en quelque sorte.
20:00Je dis repli,
20:02mais là encore, ce n'est pas forcément péjoratif.
20:04Mais cette
20:06révolution idéologique
20:08au sein du parti républicain,
20:10est-ce que c'est une révolution
20:12qui fait mouche et qui touche
20:14les Républicains et les Américains ?
20:16C'est quelque chose qu'on va voir aujourd'hui.
20:18Nicolas Conquer, du coup.
20:20Ne serait-ce que les
20:22barons du parti républicain,
20:24qui étaient donc les néo-conservateurs,
20:26la personne de Bush, Dick Cheney,
20:28sont désormais du côté de Kamala Harris
20:30et des démocrates. Donc les partisans de la guerre à outrance,
20:32ceux qui étaient les interventionnistes,
20:34sont désormais le parti,
20:36on appelle ça le Uniparty,
20:38qui sont désormais un système
20:40entier face à ceux qui porteront
20:42la cause du peuple, en la personne
20:44de Donald Trump, son couvrant MAGA
20:46et sa ligne America First, qui s'étend
20:48au-delà de la chapelle historique du parti républicain
20:50et c'est là où ça devient intéressant. Il y a une coalition
20:52qui s'est élargie, avec des soutiens
20:54notamment de grands non-démocrates, comme
20:56Kennedy, qui a été
20:58d'ailleurs très décisif. C'était un candidat
21:00indépendant que les démocrates
21:02avaient évincé. C'est vrai, c'est que le nom
21:04de Kennedy pour
21:06le soutien au parti républicain,
21:08on ne s'en rend pas compte en France, mais c'est une transgression
21:10majeure. C'est une véritable prise
21:12de guerre d'une part, et après c'est un véritable ajout
21:14dans le corpus idéologique, une vraie approche
21:16sur la santé au cœur
21:18de cette élection et du programme
21:20qui doit être porté par Donald Trump, car il y a une véritable
21:22crise sanitaire et
21:24de santé publique aux Etats-Unis,
21:26qui doit faire apparaître des gens
21:28et je peux vous assurer que même depuis la France,
21:30j'ai pu mobiliser énormément d'électeurs
21:32sur la base de, vous n'êtes peut-être pas pour
21:34Trump, mais regardez Kennedy qui vient faire son apport
21:36et on a différentes autres figures
21:38qui ont pu créer un mouvement qui est désormais
21:40le plus grand mouvement qui s'étend.
21:42Donald Trump, non seulement il remporte
21:44le collège électoral, il remporte le vote populaire,
21:46c'était la première fois depuis 2004, et
21:48il progresse systématiquement
21:50à travers cet apport d'une coalition plus large
21:52que juste les figures
21:54des barons et des faucons
21:56qu'on pouvait avoir au sein du parti républicain.
21:58Il y a des nouvelles figures, une nouvelle caste qui est à l'image
22:00de son électorat, diverse et talentueuse.
22:02Est-ce que Donald Trump,
22:04je ne sais pas forcément, les chiffres
22:06s'y intéressent peu, peut-être que
22:08vous les avez,
22:10a aussi été chercher les
22:12abstentionnistes. J'ai l'impression que
22:14ça a voté énormément aux Etats-Unis,
22:16plus que d'habitude.
22:18C'est un pays où il y a beaucoup d'abstentions, encore plus qu'en France,
22:20Nicolas Conquer. La moyenne lors des élections
22:22est de l'ordre de 60%, voire même un peu
22:24en dessous, autour de 58% pour être précis. En 2020,
22:26on a un point de données qui est absolument anormal.
22:28On a eu 66% de participation
22:30à la faveur de la crise Covid,
22:32beaucoup de votes par correspondance, une très forte mobilisation
22:34des démocrates. Joe Biden fait 80
22:36millions de voix, c'est absolument considérable.
22:38La participation a été plus réduite aujourd'hui,
22:40mais dans l'électorat de Trump,
22:42et c'est plutôt des électeurs faiblement
22:44diplômés notamment, et qui ont le sentiment
22:46que gauche, droite, républicain, démocrate,
22:48ça ne change pas forcément leur quotidien.
22:50Ils se sont déplacés en 2016,
22:52en 2020, ils étaient un peu excédés, ils ne sont pas allés voter.
22:54Aujourd'hui, à travers des nouvelles manières de faire
22:56campagne, et aussi autour de sa figure,
22:58qui est également un référendum
23:00contre Biden, mais aussi une adhésion
23:02à la personne de Donald Trump, aux valeurs,
23:04à cette réincarnation du rêve américain,
23:06il a réussi à les mobiliser, et c'est ça qui est vraiment clé.
23:08Les républicains ont su se saisir aussi
23:10de ce travail de terrain, aller labourer
23:12les États pivots, aller chercher aussi
23:14dans des terres qui étaient des bastions démocrates.
23:16Donald Trump a fait un meeting dans le sud
23:18du Bronx, jamais on n'aurait vu un démocrate
23:20faire un meeting là-bas. Il est allé à Coachella
23:22en Californie, c'était dans
23:24le jardin de Kamala Harris, la terre très
23:26démocrate, et on voit que ça bouge.
23:28Il y a des comtés qui, en Californie,
23:30le Orange County par exemple, a basculé.
23:32On a des comtés au Texas
23:34qui n'avaient pas été républicains depuis plus de 150 ans
23:36et qui viennent de basculer pour la première fois républicains.
23:38Donc il y a vraiment quelque chose qui est en train de s'opérer.
23:40Et si vous voulez juste regarder la carte de tous les comtés,
23:42elle est absolument rouge partout.
23:44Donc républicaines, c'est encore quelques villes
23:46et des bastions démocrates qui sont encore bleues.
23:48Les grandes métropoles, un peu comme
23:50en France justement, on en parle.
23:52Après une courte pause,
23:54on se retrouve en toute vérité sur Sud Radio
23:56où on continue à débattre des élections américaines.
23:58En toute vérité,
24:0011h30 sur Sud Radio,
24:02Alexandre Devecchio. Nous sommes de retour
24:04en toute vérité sur Sud Radio
24:06avec Louis Sarkozy,
24:08spécialiste des États-Unis.
24:10Il est en duplex avec nous
24:12de Washington, avec Nicolas Conquer,
24:14porte-parole des Républicains en France
24:16et avec Julie Girard,
24:18écrivain
24:20franco-américaine.
24:24Vous êtes observatrice à la fois
24:26de la société française et de la société américaine.
24:28Est-ce que l'expérience
24:30Trump est transposable
24:32en France ?
24:34On voit en France plutôt un rejet du président
24:36américain. Je crois que les sondages
24:38disent que les Français sont assez mécontents.
24:40Je ne sais pas si c'est par anti-américanisme
24:42ou anti-Trumpisme.
24:44Les Républicains de manière générale
24:46ont souvent une mauvaise image
24:48en France. Cela dit,
24:50est-ce qu'il y a des leçons à en tirer
24:52aujourd'hui pour la droite
24:54française au sens large ?
24:56Oui, je crois qu'il y a des leçons à en tirer.
24:58Après que les citoyens français
25:00voient Donald Trump
25:02pas forcément positivement, je pense que ça tient
25:04aussi au fait qu'il incarne
25:06une Amérique qui parle vraiment aux Américains, qui est plus divisement
25:08papal depuis l'Europe. En revanche,
25:10ce qu'on voit aux Etats-Unis, on le voit aussi
25:12en Europe aujourd'hui.
25:14La classe moyenne souffre, effectivement
25:16de la même manière que la classe moyenne américaine
25:18souffre. Et les problématiques
25:20communautaristes
25:22sont aussi celles de l'Europe
25:24à bien des égards. Donc effectivement,
25:26je pense qu'il y a des leçons à tirer
25:28en tout cas de ce qui s'est passé aux Etats-Unis.
25:30Je crois qu'Elon Musk, pardon,
25:32Donald Trump à l'absus, a été très
25:34fort dans sa capacité à
25:36incarner de nouveau ce rêve
25:38américain qui était vraiment en panne.
25:40Et je pense qu'Elon Musk
25:42a joué un rôle absolument central
25:44et je crois qu'on voit dans
25:46ce second
25:48mandat de Donald Trump
25:50émerger en réalité
25:52une élite nouvelle,
25:54c'est-à-dire
25:56des outsiders
25:58qui prennent le pouvoir et qui sont
26:00plus du village.
26:02Comme le dit Nate Silver dans son livre
26:04On the Edge, où il distingue
26:06entre les gens du village et les gens de la rivière.
26:08C'est-à-dire des gens très analytiques et ultra-compétitifs.
26:10Je crois que c'est la rivière qui a gagné là, en fait.
26:12Et qu'il y a un renouvellement
26:14important de la classe politique
26:16qui peut donner des...
26:18En tout cas, dont on peut tirer les leçons en Europe
26:20et en France.
26:22C'est la fin de l'establishment tel qu'on le connaissait
26:24de Washington
26:26et c'est la mission orbite d'une nouvelle
26:28élite de la tech.
26:30C'est un milieu que vous connaissez bien, que vous avez
26:32décrit parfois dans vos romans.
26:34C'est ça, Elon Musk.
26:36Est-ce que c'est quelque chose qui fait aussi rêver l'américain moyen ?
26:38Je crois que
26:40Elon Musk... Alors, c'est pas toute la tech,
26:42parce qu'on a quand même...
26:44Elon Musk
26:46et ce qu'on appelle la PayPal mafia,
26:48c'est-à-dire Peter Thiel, David Sachs,
26:50Red Hoffman, dirigeant
26:52de LinkedIn. Je crois qu'on voit arriver
26:54des hommes qui se sont faits tout seuls
26:56et je crois que ça, ça parle
26:58à l'Amérique,
27:00et qui inquentent,
27:02qui ne sont pas déconnectés. Elon Musk,
27:04il est allé sur le terrain, il est allé en Pennsylvanie,
27:06il est allé au contact des gens, il a mouillé sa chemise,
27:08d'une certaine manière, contrairement à cette élite
27:10de Washington qui reste à Washington,
27:12qui est très dans son carcan,
27:14et je crois que c'est de ça dont les
27:16Américains ont envie aujourd'hui.
27:18Louis Sarkozy,
27:20est-ce que vous nous avez
27:22dit, le phénomène, c'est
27:24d'abord Trump, donc ça c'est intransposable,
27:26parce que
27:28Trump a gagné parce qu'il était Trump,
27:30c'est un tribunicien, ce qu'on ne voit
27:32pas forcément en France,
27:34exceptionnel, quelqu'un qui a un instinct
27:36de la foule,
27:38une personnalité hors normes,
27:40mais au-delà de cette personnalité hors normes, est-ce qu'il n'y a pas
27:42une stratégie, qui a été tout de même
27:44très intéressante, qui s'est faite en plusieurs étapes,
27:46on l'a rappelé en 2016,
27:48en cas d'une nouvelle base populaire,
27:50et aujourd'hui, l'élargissement
27:52de cette base à d'autres
27:54catégories, est-ce que ça, c'est pas quelque chose
27:56dont peut s'inspirer la droite française ?
27:58D'ailleurs, le Rassemblement National
28:00pour le coup,
28:02a aussi une base fortement populaire,
28:04sans parvenir toujours à élargir
28:06aux autres catégories, à l'inverse, la droite
28:08LR, depuis
28:10que Nicolas Sarkozy
28:12d'ailleurs a quitté le pouvoir, est incapable
28:14de s'adresser à d'autres catégories
28:16que les retraités,
28:18disons-le comme ça,
28:20et donc, est-ce qu'il n'y a pas des leçons
28:22à en tirer, malgré tout, pour la vie politique
28:24française, lui, Sarkozy ?
28:26Bah écoutez, j'en vois une,
28:28au-dessus de tout, et c'est
28:30d'attraper l'issue économique
28:32et de ne plus la lâcher.
28:34Parce qu'en vérité, cette victoire, elle nous surprend tous,
28:36mais elle se cachait au grand jour,
28:38parce que dans tous les sondages
28:40réputés, on demandait aux Américains
28:42quelle était la première problématique, ils répondaient l'inflation.
28:44Ils répondaient l'économie.
28:46Ça, c'est le sujet que Donald Trump a pris,
28:48c'était sa première, deuxième et troisième priorité.
28:50Ensuite, c'était l'immigration,
28:52c'était d'ailleurs le numéro deux
28:54sur la liste des priorités américaines. Donc ça, c'est la première
28:56leçon, toucher l'issue économique
28:58et en faire vraiment son fort.
29:00Ouais, mais sur l'économie, il n'est pas
29:02forcément très orthodoxe par rapport à ce qu'était
29:04le Parti Républicain, il a
29:06introduit beaucoup de protectionnisme
29:08dans son logiciel,
29:10ce qui n'était pas
29:12une idéologie régalienne de base, qui voulait
29:14plutôt abolir toutes les barrières douanières.
29:16Oui, et c'est pour ça
29:18que la stratégie a tant marché,
29:20parce qu'il a purgé le Parti Républicain,
29:22des anciens libre-échangistes,
29:24et de la vieille garde, si vous voulez. Parce que sa stratégie
29:26par elle-même
29:28ne pourrait pas marcher, et c'est pour ça que je reviens
29:30à mon premier point, ce qui est l'incarnation.
29:32On peut prendre toutes les leçons qu'on veut, on peut essayer de répliquer
29:34le même mouvement, on peut avoir la même stratégie,
29:36mais si vous n'avez pas un champion,
29:38ça va aller nulle part. Et le champion, qu'est-ce qu'il a fait
29:40aux Etats-Unis ? Il a complètement
29:42transformé le Parti Républicain, qui est
29:44maintenant une machine, qui travaille
29:46uniquement à son succès. Enfin, je veux dire,
29:48on est loin de là en France. Déjà, si le Parti
29:50Républicain était en France, ça serait 4 ou 5 partis.
29:52Donc par définition, déjà,
29:54ça serait la division. Mais même
29:56si on réussit à unifier la droite, avoir
29:58un champion qui survit à tout,
30:00ça fait 8 ans qu'il est là, et qui arrive
30:02à créer cette image de lui-même, c'est quand même
30:04pour moi le premier atout de son succès.
30:06Aujourd'hui, malgré les succès
30:08du Rassemblement National, qui, on rappelle, est le premier
30:10parti de France, il n'y a pas ce champion
30:12qui arrive à toucher le centre, et toucher
30:14la droite, et toucher l'extrême. Pour l'instant,
30:16ça nous manque ici. Mais si demain,
30:18il y arrive, effectivement, le premier argument,
30:20c'est l'argument économique. Et regardez
30:22la campagne de Mme Harris. Certes,
30:24c'était une magnifique campagne de M. Trump.
30:26Certes, c'est un grand caractère, etc.
30:28Mais l'échec fondamental stratégique
30:30de la campagne démocrate, c'était quoi
30:32leur première problématique ? L'avortement.
30:34Ils étaient sûrs, vu que les femmes
30:36sont 53% de l'électorat,
30:38que sur les questions des droits reproductifs,
30:40ils allaient avoir une grande mobilisation, ça allait
30:42leur port à l'élection. Ils ont tout misé sur
30:44l'électorat féminin. 52% des femmes
30:46blanches ont voté pour Trump. Donc ça montre
30:48à quel point, même chez les femmes,
30:50c'est l'économie qui compte en premier.
30:52Les femmes sont des acteurs économiques. Et essayer de les
30:54réduire à ces espèces de créatures
30:56qui ne pensent qu'à une chose, c'est l'avortement,
30:58c'est pas vrai. Ça, c'est
31:00ce qui marche dans les élites des côtes,
31:02à Washington, à New York, à Los Angeles. Mais
31:04dans le fin fond du pays, dans la majorité
31:06du pays, ça ne marche pas.
31:08Pour la question de
31:10l'avortement, une question qu'on n'a pas encore
31:12posée, mais
31:14qui est intéressante.
31:16Effectivement, les femmes ne se réduisent pas à cette
31:18question-là. Mais est-ce qu'on n'en a pas une vision
31:20caricaturale en France ? Parce que ce qu'on voit,
31:22c'est que les Américains ont su faire la part des
31:24choses. Les mêmes qui ont voté
31:26plutôt pour ne pas trop
31:28limiter l'avortement dans
31:30les référendums, ont tout de même voté
31:32Donald Trump. Donc finalement,
31:34on a peut-être une démocratie qui fonctionne
31:36bien, qui est plus nuancée
31:38que ce qu'on dit. Du reste, est-ce que la
31:40volonté de Donald Trump était réellement
31:42d'en finir avec l'avortement ou
31:44simplement d'éviter certaines dérives ?
31:46Puisqu'on rappelle quand même aux Français
31:48que dans certains États, aux États-Unis, on pouvait
31:50quasiment avorter jusqu'au
31:52terme.
31:54L'argument de Donald Trump, il est forcé
31:56ici à jouer un jeu d'équilibre. Parce que
31:58il a à sa droite, la droite religieuse,
32:00qui veut absolument être contre
32:02l'avortement. Et il a tout le reste de sa
32:04coalition, notamment à sa gauche, qui reste
32:06quand même ambiguë sur le sujet. Alors lui,
32:08il était obligé de dire un peu tout et son contraire.
32:10Mais ce qu'il a dit, par contre, c'est qu'il
32:12était pour le fameux IVF
32:14et qu'au début, je ne sais pas si vous vous souvenez,
32:16le sixième amendement de la Constitution de la Floride
32:18qui demandait qu'un avortement
32:20soit fait après la date des six semaines.
32:22D'abord, il a dit qu'il était contre.
32:24Il a envoyé, quand il a dit ça,
32:26une vague de protestation de
32:28la part de sa droite. Il s'est immédiatement repris.
32:30Et en fait, le succès de l'expérience Trump
32:32sur cette question, c'est exactement d'avoir joué le jeu
32:34de l'équilibre. Mais aussi, le deuxième
32:36point que vous soulevez est totalement juste. C'est-à-dire que
32:38les Américains votent pour un président.
32:40Mais il y a aussi encore une chose que tellement
32:42de nos concitoyens français, malheureusement, ne comprennent pas.
32:44C'est l'aspect du fédéralisme.
32:46C'est-à-dire que les élections des États
32:48et que dans la psychose américaine
32:50avant tout, il y a cette idée
32:52qu'on va, avec les problèmes locaux,
32:54on va à l'autorité locale.
32:56Et c'est uniquement sur les grandes questions de société
32:58qu'on court à Washington.
33:00Ça, c'est vraiment ce qu'il y a
33:02de premier dans la psychologie
33:04politique américaine, cette idée
33:06que c'est 50 États. On décide
33:08des petits problèmes chez nous. Et vraiment
33:10pour les grands problèmes politiques, on va à Washington.
33:12C'est ce qui s'est passé ici. Ils ont voté
33:14Donald Trump. Ils l'ont élu à la Maison Blanche.
33:16Mais effectivement, une grande partie de l'électorat
33:18a dit, par contre, sur mon État,
33:20j'ai deux ou trois idées différentes pour l'avortement.
33:22Nicolas Conquer,
33:24vous vouliez rebondir peut-être sur l'avortement.
33:26Effectivement, c'est-à-dire que c'est une thématique qui a été
33:28très forte pour les démocrates lors des dernières élections
33:30de mi-mandat. Trump n'était pas sur
33:32le bulletin, comme on dit. Et de fait,
33:34ça venait dans un contexte où la décision
33:36de la Cour suprême venait juste, dans un effort
33:38démocratique, d'être renvoyée à chacun des 50 États.
33:40Et ça a permis de vraiment mobiliser
33:42massivement les démocrates pour voter
33:44contre, encore une fois, les républicains.
33:46La vague rouge qui était annoncée lors des dernières élections de mi-mandat
33:48ne s'est pas présentée notamment en ça,
33:50pour cette raison. Mais aujourd'hui,
33:52malgré les caricatures qu'ont voulu en donner les
33:54démocrates, et leur relais d'influence en disant que
33:56Donald Trump serait le pire hyper
33:58conservateur, c'est mal le dépeindre, c'est quelqu'un
34:00qui est quand même très modéré sur ses positions-là.
34:02Et de fait, il compose, et aujourd'hui,
34:04il essaie de réconcilier un petit peu ses franges
34:06plus évangéliques et très conservatrices
34:08avec des gens qui
34:10sont plus relativistes par
34:12rapport à ça. Et il reste sur sa position
34:14de rendre à chacun des États cette
34:16compétence. Donc c'est pas tant
34:18un argument qui a pris vis-à-vis
34:20des populations qui, encore une fois, on le dit,
34:22ne veulent pas se limiter uniquement à avoir recours à l'avortement.
34:24Aujourd'hui, il y a des questions très concrètes,
34:26des problématiques « bread and butter », c'est-à-dire vraiment
34:28des problématiques du quotidien qui impactent
34:30l'ensemble des hommes et des femmes aux États-Unis.
34:32Nicolas Conquer, merci. Merci aussi
34:34à Louis Sarkozy et à Julie Girard.
34:36Continuez
34:38à rester sur l'antenne de Sud Radio
34:40parce que le débat n'est pas fini.
34:42On se retrouve après une courte
34:44pause pour parler
34:46des États-Unis. On n'a pas encore parlé
34:48des conséquences sur
34:50la France et sur l'Europe.
34:52Est-ce que la politique
34:54économique de Donald Trump
34:56est une bonne ou une mauvaise nouvelle
34:58pour les Français ? Est-ce que sa politique
35:00étrangère également ?
35:02On en débat après une courte pause
35:04dans la dernière partie d'En Toute Vérité.
35:06À tout de suite.
35:08En Toute Vérité, 11h30 sur Sud Radio.
35:10Alexandre Devecchio. Nous sommes de retour
35:12en Toute Vérité sur Sud Radio
35:14pour cette émission spéciale
35:16des États-Unis avec
35:18Julie Girard, écrivain franco-américaine,
35:20avec Louis Sarkozy,
35:22qui est en duplex
35:24de Washington,
35:26qui est spécialiste des États-Unis,
35:28essayiste,
35:30et avec Nicolas Conquer,
35:32porte-parole des Républicains
35:34en France. Je ne vous ai pas entendu
35:36avant la pause sur
35:38les enseignements tirés
35:40de la victoire de Donald Trump pour la vie
35:42politique française. Est-ce que
35:44le Rassemblement National
35:46avec sa base populaire, vous paraît
35:48être un parti comparable
35:50au parti républicain aujourd'hui ?
35:52Ou est-ce que le système électoral,
35:54le système partisan français étant tellement différent,
35:56ça n'a pas de sens de comparer ?
35:58Et du reste, est-ce que aussi
36:00le succès de Donald Trump tient
36:02à Donald Trump ? C'est sûr qu'il y a des choses
36:04à reprendre, qui vont faire écho dans la population
36:06française. Je ne milite pas du tout pour un copier-coller
36:08de Trump en France, ça ne marcherait pas.
36:10Mais c'est sûr qu'on peut avoir un avènement
36:12de quelque chose qui ressemblerait à un trumpisme à la française.
36:14Tout d'abord, c'est nécessaire
36:16d'abattre les digues idéologiques. On l'a vu
36:18lors des dernières élections législatives
36:20et Axioti a franchi
36:22un petit peu ce rubicon, ce cordon sanitaire
36:24en faisant une alliance avec le RN.
36:26Il y a vraiment cette coalition qui est en train de se faire.
36:28On se rappelle, en 2016,
36:30le parti républicain aux Etats-Unis, cette fois-ci,
36:32lui était très fragmenté et Donald Trump a réussi
36:34à réunifier. Ce qui
36:36est nécessaire de faire, c'est d'assurer que notre
36:38appareil politique soit fortement mobilisé.
36:40Derrière, aux Etats-Unis, ce n'est pas seulement
36:42l'avènement d'un homme aussi. Il y a également l'appui
36:44de laboratoires d'idées, de think-tanks et
36:46de doctrines qui ont été développées. Aujourd'hui, la droite
36:48en en est un peu dépourvue. Il y a des figures
36:50qui s'enlèvent et je vous félicite aussi dans ce sens.
36:52Mais il y a vraiment une nécessité
36:54de mobiliser au-delà de nos chapelles.
36:56Et on le voit, aux Etats-Unis, ils sont passés
36:58par d'autres relais d'influence. Il y a des
37:00blogueurs assez célèbres qui ont
37:02pu mobiliser notamment ces
37:04franges de l'électorat qui n'étaient traditionnellement pas républicaines,
37:06à savoir les
37:08milliardaires de la Silicon Valley, d'une certaine manière,
37:10qui sont libres-penseurs, mais qui, à travers
37:12d'autres éditoriaux, d'autres
37:14blogueurs, d'autres courants de blog,
37:16ont pu créer une pensée
37:18qui leur a fait comprendre que cette coalition,
37:20malgré ce qu'on pouvait dire de Donald Trump,
37:22l'idéal et le rêve américain qu'il allait pouvoir déployer
37:24était quelque chose qui les concernerait.
37:26Il y a vraiment cette association assez inédite entre
37:28les classes populaires et ceux qui sont les grands
37:30gagnants de la mondialisation, qui sont les champions
37:32de la Silicon Valley, qui se doivent être opérés.
37:34Il faut arriver à surpasser un peu
37:36ces fractures entre une base populaire
37:38et certaines droites
37:40libérales ou souverainistes,
37:42qu'il est nécessaire de vouloir réconcilier.
37:44Et on le voit aujourd'hui, même en faisant des pas dans ce sens-là,
37:46on a encore nos querelles intestines, donc
37:48est-ce qu'on arrêtera un jour d'avoir la droite la plus bête
37:50du monde ? C'est du moins tout ce que j'espère avec une
37:52personne forte qui arrivera à incarner cette idée, comme
37:54Donald Trump, mais en France.
37:56Julie Girard, sur
37:58les conséquences de cette élection
38:00pour l'Europe, on voit que
38:02Emmanuel Macron a dit
38:04que l'Europe devait être plus
38:06unie que jamais. Est-ce que
38:08Donald Trump, c'est une menace
38:10économique pour l'Europe, avec sa
38:12politique protectionniste ?
38:14Ou est-ce que c'est une chance aussi
38:16d'être indépendant, d'une certaine
38:18manière, de ne pas tout attendre des Etats-Unis ?
38:20Je crois qu'effectivement, c'est
38:22à la fois une menace, parce qu'effectivement, si les
38:24tarifs sont appliqués, ce sera
38:26plus difficile pour les Européens de vendre leurs productions
38:28aux Etats-Unis. Ça peut être une menace
38:30aussi dans le sens où Donald
38:32Trump va probablement continuer à
38:34maintenir une faible régulation
38:36des entreprises technologiques, notamment de l'intelligence
38:38artificielle, et donc s'il pourrait donner
38:40aussi un coup de pouce encore plus important
38:42au secteur de la tech américain.
38:44On n'a pas de géant, effectivement,
38:46de la tech en Europe.
38:48Ça peut être une chance pour l'Europe de se dire
38:50qu'il est temps de faire une politique technologique
38:52ambitieuse, parce qu'on
38:54voit qu'effectivement, c'est ce
38:56qui aujourd'hui tracte la croissance,
38:58principalement. La seule croissance à deux chiffres, c'est la croissance
39:00de la tech. Et de ce point de vue-là,
39:02la question
39:04aussi va être de comment est-ce que Donald Trump
39:06va établir sa fiscalité sur les entreprises, parce que
39:08s'il fait
39:10sa promesse de campagne, c'est-à-dire qu'il baisse
39:12l'impôt sur les sociétés de 21% à 15%,
39:14cela pourrait aussi inciter beaucoup
39:16d'entreprises européennes à s'installer aux Etats-Unis.
39:18Je crois qu'effectivement, l'Europe a
39:20potentiellement la chance, en ce
39:22moment, aujourd'hui, de mettre en place
39:24son autonomie, à la fois sur la tech, sur la défense
39:26aussi, bien sûr.
39:28On rappelle qu'en France, on n'y est pas, parce qu'avec
39:30un premier ministre de droite, on augmente
39:32l'impôt sur les sociétés,
39:34notamment l'impôt industriel.
39:36Mais pour revenir
39:38à Donald Trump, c'est un homme de deals
39:40également.
39:42C'est un secret pour
39:44personne. Le principal adversaire
39:46des Etats-Unis
39:48aujourd'hui, c'est la Chine,
39:50désignée comme telle par Donald Trump.
39:52Est-ce qu'il n'y a pas aussi
39:54des deals à faire entre les Etats-Unis
39:56et l'Europe, pour mener
39:58une politique protectionniste globale
40:00face à la Chine ?
40:02Dans l'idée des Américains, ou pas du tout ?
40:04Est-ce qu'on ne rentre pas, tout simplement, aux yeux
40:06de l'Amérique, aujourd'hui ?
40:08Je pense que, en tout cas,
40:10pour ce qui est de l'Europe, clairement, il faudrait
40:12que l'Europe se positionne dans une relation
40:14particulière avec les Etats-Unis
40:16sur la tech, mais sur tous les secteurs.
40:18Parce que je crois qu'effectivement, aujourd'hui, la bataille
40:20se fait entre les Etats-Unis et la Chine, et que l'Europe
40:22a tout intérêt à se mettre dans le sillage des Etats-Unis.
40:24C'est absolument essentiel.
40:26Louis Sarkozy,
40:28sur la politique
40:30économique des Etats-Unis,
40:32c'est une chance, c'est une menace
40:34pour la France ?
40:36Elle me fait rire, votre question, monsieur De Vecchio,
40:38en étant tout à fait honnête,
40:40parce qu'aujourd'hui, on a un peu peur,
40:42on a peur du désengagement, on a peur que le
40:44grand frère s'éloigne,
40:46on a nos problèmes économiques, politiques,
40:48on est en perte de puissance, mais
40:50j'ai du mal à ne pas me rappeler du général De Gaulle,
40:52après la libération, qui,
40:54le pays détruit, pas d'infrastructures,
40:56une dette énorme, le chaos,
40:58la guerre civile sur l'horizon,
41:00et pourtant, il se plaignait
41:02déjà que l'Américain était trop présent.
41:04Mais imaginez si on lui disait
41:06« Est-ce que vous serez
41:08en faveur d'un désengagement américain ? »
41:10Il serait complètement en faveur.
41:12Ça nous laisse de la marge.
41:14Malgré les difficultés, malgré les problèmes économiques,
41:16ça serait son rêve, au général De Gaulle,
41:18qu'on lui dise ça, même en 1945.
41:20Ça témoigne d'une chose pour moi,
41:22c'est du manque d'ambition,
41:24le manque de vision de notre classe politique.
41:26On n'arrive pas à voir aujourd'hui
41:28une opportunité dans le désengagement
41:30d'une présence, qu'il faut le dire, impériale
41:32sur notre continent.
41:34La montée de la Chine est une des meilleures choses
41:36qui puissent se passer en France, justement
41:38parce que ça nous laisse le temps de reprendre
41:40notre espace et de mener le continent européen.
41:42Alors il est vrai qu'on va souffrir,
41:44notamment sur les politiques douanières.
41:46Vous savez, c'est très drôle, parce qu'il a fait
41:48l'interview de Donald Trump il y a quelques mois
41:50sur le journal Bloomberg.
41:52Une très bonne question, d'ailleurs,
41:54que des journalistes, pas vous bien sûr,
41:56vous êtes un journaliste exceptionnel
41:58et toujours une vue sur l'histoire.
42:00Vous êtes diplomate.
42:02Oh non, je vous assure, c'est complètement honnête.
42:04Mais on a posé la question à Donald Trump
42:06en disant qui est votre président américain
42:08historique préféré.
42:10Question très intéressante.
42:12C'était sûrement un piège, d'ailleurs,
42:14parce qu'on s'attendait à ce qu'il nous dise un truc
42:16Il dit William McKinley.
42:18Très intéressant. Un président qui n'est pas du tout
42:20connu aujourd'hui. Pourquoi ?
42:22A cause des tarifs. Le surnom de
42:24William McKinley, c'était le roi des tarifs.
42:26William McKinley, il est vrai, d'abord à la
42:28chambre, ensuite en tant que président,
42:30installe des tarifs douaniers.
42:32Son idée, c'était d'empêcher le revenu
42:34qui n'était pas encore existant à l'époque,
42:36d'empêcher l'impôt sur le revenu
42:38de s'installer
42:40et de payer, à son contraire,
42:42ça par des tarifs douaniers.
42:44Le problème, c'est que les prix américains
42:46ont immédiatement augmenté et que les tarifs
42:48n'étaient pas tenables.
42:50Les républicains perdent l'élection présidentielle,
42:52perdent la législative et sont obligés de se débarrasser
42:54des tarifs. Mais Trump n'en parle pas de ça.
42:56Il a arrêté l'histoire
42:58à mi-chemin et il dit
43:00c'est mon préféré, c'est lui, il a rendu le pays
43:02riche. C'est très drôle parce que
43:04William McKinley aussi a été
43:06assassiné. Il est tué. Peut-être une autre raison
43:08pourquoi... Trump n'a pas encore été
43:10assassiné. On a essayé mais c'est
43:12pas encore fait. Pas encore,
43:14mais il s'est quand même pris une balle dans l'oreille.
43:16Il faut le rappeler. Oui, c'est vrai qu'on
43:18n'en a pas parlé mais ça a été un des rebondissements
43:20de cette campagne folle.
43:22Bien sûr, mais 24 heures avant
43:24sa mort, William McKinley
43:26dit finalement la guerre commerciale c'est une mauvaise idée.
43:28On a l'impression que Trump
43:30a lu l'histoire de McKinley, s'est arrêté à mi-chemin
43:32et sorti avec ses conclusions
43:34financières. Tout ça pour dire que la France
43:36va sûrement souffrir au court terme,
43:38surtout si on rentre dans une relation de
43:40conflits économiquement, mais que
43:42mon Dieu, voyons l'opportunité
43:44ici. Enfin, enfin un peu d'espace.
43:46Il faut juste avoir assez d'ambition pour
43:48récupérer l'opportunité.
43:50Louis Sarkozy, c'est bientôt la fin de cette émission.
43:52Ça pourrait être le thème d'une émission
43:54en entier mais on n'a pas parlé de
43:56politiques étrangères.
43:58Est-ce que
44:00Donald Trump est finalement un homme de paix
44:02qui va faire la paix avec la Russie
44:04comme il l'a dit ou
44:06est-ce que c'est un facteur d'instabilité
44:08internationale ?
44:10Qu'est-ce qu'il va faire par rapport à la Russie,
44:12par rapport à l'Iran
44:14aujourd'hui, Donald Trump ?
44:16Alors, qu'est-ce qu'il va faire ?
44:18Monsieur Devecu, je donnerais beaucoup d'argent pour être dans sa tête,
44:20je ne le suis pas malheureusement.
44:22Qu'est-ce qu'il a annoncé en tout cas ?
44:24Il n'a pas la plus grande consistance, il faut l'admettre
44:26et je pense que même ses supporters l'admettent.
44:28Il est capable de dire quelque chose et de faire le contraire.
44:30D'ailleurs, ça peut participer à quelque chose de bénéfice
44:32parce que ne pas être prévisible,
44:34ça a aussi sa valeur en relation
44:36étrangère. La vérité, c'est que ce n'est
44:38pas un belliciste, ça enterre
44:40à jamais les accusations de fascisme
44:42qui sont ridicules et qui sont fausses,
44:44c'est d'ailleurs électoralement qui ne marche pas.
44:46C'est quelqu'un qui vise avant tout
44:48de dépenser moins d'argent sur l'étranger
44:50et de moins faire la guerre. Jane Evans a dit
44:52sur l'Ukraine qu'en vérité, et je pense
44:54c'est ma prédiction, il y aura une négociation
44:56sur les terrains déjà conquis
44:58et je pense qu'il menace d'un côté
45:00de couper les ponts à l'Ukraine pour pousser
45:02Zelensky à négocier et de l'autre
45:04il menace sur le prix du gasoil
45:06et de l'essence mondiale pour pousser Poutine à négocier
45:08et je pense qu'il va tenir les deux là
45:10et à la fin, on va redessiner
45:12les frontières. A mon avis,
45:14la Crimée et le Donbass, c'est fini à jamais
45:16et ça va se finir comme ça. C'est ma prévision
45:18mais encore une fois, la consistance
45:20chez Donald Trump, ce n'est pas sa valeur primordiale.
45:22Merci Louis Sarkozy, merci Julie Girard,
45:24merci Nicolas Conquer, c'était
45:26passionnant. On se retrouve
45:28la semaine prochaine pour un nouveau numéro.
45:30Dans toute vérité, à bientôt !

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