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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce soir, il est largement question de l'élection présidentielle aux États-Unis, qui s'annoncent très serrée entre Donald Trump et Kamala Harris.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Et dans cette deuxième heure, on parlera Etats-Unis mais pas que, on parlera également
00:08de cette journée noire pour l'emploi en France avec Alexandre Malafaille.
00:11Bonsoir Alexandre.
00:12Bonsoir Pierre de Villeneuve.
00:13Fondateur du think-tank Synopia, bonsoir Raphaël Stainville.
00:16Bonsoir Pierre.
00:17Directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche, on va partir à New York, rejoindre
00:21notre invité en cette deuxième heure, bonsoir Denis Jacquet.
00:25Bonsoir.
00:26Parce que chez vous il est 6h du mois évidemment, entrepreneur et écrivain installé à New
00:33York, comment est-ce que vous la vivez cette élection américaine ? Beaucoup d'effervescence
00:38?
00:39Oui parce que je pense que c'est très clairement l'élection la plus tendue depuis très longtemps,
00:47c'est une élection qui est souvent assez mal comprise du côté européen parce qu'on
00:52imagine qu'un personnage comme Trump pourrait pas prospérer chez nous, pourtant on a bien
00:56pire, on a Mélenchon et grosso modo on pense qu'il appartient mais il fait toujours la
01:02moitié des votes, on sent une grosse tension parce qu'en fait l'inquiétude est principalement
01:06centrée au fait de savoir ce que veut être la réaction des électeurs dans le cas où
01:12Trump, enfin les électeurs de Trump dans le cas où ils perdraient, ça aujourd'hui
01:15c'est à peu près le seul souci, il y a quand même beaucoup de relativisation, alors évidemment
01:20il y a des sujets qui fâchent, il y a des sujets qui seraient traités de façon complètement
01:23différente par Kamala Harris et Trump, politique internationale etc. mais en même temps il
01:29faut bien garder en tête qu'aux Etats-Unis, tout ce qui ne concerne pas les Etats-Unis
01:34les intéresse relativement peu et le fond des électeurs, les problèmes sur l'Ukraine,
01:39les problèmes, c'est pas leur sujet, leur sujet c'est l'inflation, c'est le pouvoir
01:43d'achat, c'est l'immigration comme dans beaucoup de pays dans le monde et tout ce
01:48qui est sujet international qui souvent nous passionne sont vraiment un petit peu à côté
01:52de la plage pour les électeurs.
01:53Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose en l'occurrence en commun entre l'Europe et les Etats-Unis,
01:59c'est la présentation que les adversaires de Donald Trump ont de lui, c'est-à-dire
02:05qu'on le présente littéralement comme le diable, c'est-à-dire comme quelqu'un de
02:09misogyne qui marche à l'insulte et ça évidemment, alors ça peut être productif comme ça peut
02:16être d'ailleurs contre-productif.
02:17De toute façon, le moins qu'on puisse dire, c'est que depuis que Trump est apparu dans
02:23la vie politique américaine, la polarisation est extrême, on n'a jamais eu une telle
02:28division, un tel fossé entre les démocrates et les républicains, tout s'est polarisé
02:34à l'extrême.
02:35Je regardais tout à l'heure un reportage qui disait que les femmes votent majoritairement,
02:41même si c'est pas une énorme majorité, plus pour les démocrates que pour les républicains
02:45aux Etats-Unis, mais néanmoins, les femmes de plus de 65 ans votent à un tiers pour
02:50Kamala Harris et deux tiers pour Donald Trump, donc ce qui est très étonnant, c'est qu'on
02:56s'attend de quelqu'un qui serait considéré comme misogyne, comme outrancier, etc., d'avoir
03:02des réactions de refus et pour l'instant, on est toujours à une ou deux ou cinq ou
03:06mille voix près entre les deux candidats à l'heure où je vous parle.
03:09Alexandre Malafaille.
03:10Sur la polarisation, ce que je constate, mais ça c'est pour faire un commentaire, c'est
03:14que globalement, on assiste à ça dans toutes les démocraties, c'est-à-dire l'état du
03:17paysage politique français n'est pas beaucoup plus réjouissant quand on voit ce qui se
03:21passe en Europe, en Allemagne, en Pologne et dans plein d'autres pays, on voit bien
03:24qu'il y a de toute façon des montées en radicalité qui sont liées à plein de raisons
03:28en particulier parce que finalement, les politiques n'ont peut-être pas suffisamment délivré
03:31et qu'ils n'ont peut-être pas suffisamment montré l'exemple, suffisamment fait le job
03:35comme les gens auraient voulu et ceci explique peut-être cela, mais pour en revenir un instant
03:38à la question de cette élection et sur le point des enseignements qu'on peut en tirer
03:42nous, Européens, qu'est-ce qu'il faut en attendre et qu'est-ce qu'on pourrait, vu d'un
03:48Français à New York, qu'est-ce qui vaut mieux pour nous et pour la France en particulier,
03:52plutôt Trump, plutôt Kamala Harris, qu'est-ce qui va peut-être accélérer la résolution
03:56du conflit en Ukraine qui est un vrai sujet, c'est-à-dire ce conflit, ça devient vraiment
04:00un sujet de fond qui coûte très cher, qui pollue beaucoup la vie politique européenne
04:05et pour de très bonnes raisons, mais finalement pour nous, qu'est-ce qui est mieux ?
04:08Denis Jaquet.
04:09Alors, c'est Alexandre qui m'a posé la question.
04:15C'est Alexandre Malafaille que vous connaissez je crois.
04:18Merci Alexandre, c'est une très bonne question.
04:20Vous avez trois secondes.
04:21J'ai une heure de préparation.
04:23Non mais est-ce que, je reprends la question d'Alexandre Malafaille, on a souvent dit,
04:29attendez, juste une précision parce qu'on a dit, vous allez voir, en tout cas du point
04:36de vue économique, quand Biden a été élu, tout va changer et en réalité, nous ce qu'on
04:42a eu comme répercussion en Europe, c'est qu'au contraire, il y a eu une politique presque
04:49plus coercitive économiquement avec Biden qu'avec Trump.
04:54Je vous laisse répondre, pardon Denis Jaquet.
04:56Non, non, mais je vous en prie.
04:58Je veux dire, c'est une très bonne question.
05:00Il faut à nouveau se dire, Chine ou États-Unis, c'est moi d'abord.
05:05Donc de toute façon, que vous soyez un candidat ou un président, une présidente américaine
05:10ou chinoise d'ailleurs, c'est vous d'abord.
05:13Donc en réalité, que ce soit l'un ou l'autre, ce sera toujours les États-Unis d'abord et
05:18l'Europe ensuite.
05:19Il faut comprendre aussi qu'ils ont de moins en moins de considérations pour l'Europe.
05:24Franchement, ils pensent qu'aujourd'hui le monde c'est la Chine, les États-Unis sur
05:29les technologies.
05:30Il n'y a aucun autre candidat sur la planète.
05:32L'Europe n'existe pas et elle n'existera pas.
05:34A moins d'un changement majeur.
05:35Donc ils n'ont aucune considération pour nous.
05:38Ce qu'on ne sait pas souvent, mais il faut observer de ça, c'est d'ailleurs très intéressant.
05:42Vous le savez tous, on a eu une position très forte en Afrique de l'Ouest francophone.
05:46On a complètement dérivé.
05:48Macron a fini par achever les dégâts avec une politique complètement erratique.
05:53Et qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? Ils viennent d'annoncer que les crédits qui vont
05:57être accordés à l'Afrique de l'Ouest vont quadrupler, quintupler.
06:00Quand les Américains disent que les Européens et notamment les Français ne savent pas faire,
06:04on va les remplacer.
06:05Donc du coup, aujourd'hui, il n'y a aucune considération pour l'ordre.
06:08Donc il ne faut pas vraiment s'attendre à un impact très important.
06:11La seule chose, effectivement sur l'Ukraine, et Alexandre connaît mes positions aussi
06:15là-dessus, je pense que ce conflit va s'enterrer, durer, coûter pour rien.
06:18Il faut le décourter.
06:20Et je pense qu'effectivement, Trump mettra fin d'une façon ou d'une autre.
06:23Et je pense que malheureusement, peut-être pour la démocratie, mais pour des raisons
06:27plus pratiques économiques, les gens, notamment les agriculteurs en France, ne comprennent
06:31pas qu'on débloque des crédits de 50 ou 100 milliards pour des armes qui tuent et
06:36qu'on en trouve 150 millions pour eux qui crèvent la faim.
06:39Donc je pense que, populairement parlant, puisque cette élection va se décider, comme
06:43dans tous les pays du monde, par ceux qui s'estiment oubliés du système et qui votent
06:47pour Trump, qui votent pour tous les populistes en Europe aujourd'hui, le sens de l'histoire,
06:51c'est pour une élection pour Trump, non pas que ce soit mon choix particulièrement,
06:54mais si on regarde les tendances de l'histoire, c'est Trump qui devrait gagner.
06:59Mais au niveau américain, là, pour le coup, jamais on n'a vu une élection aussi serrée.
07:05Question pour vous de Raphaël Stainville du Journal du Dimanche.
07:09Oui, Denis Jaquet, je vais en revenir à votre terrain d'observation, puisque vous êtes
07:12à New York, un état très particulier, qui en tout cas ne ressemble pas à l'ensemble
07:19de l'Amérique.
07:20Pour autant, on a vu Donald Trump faire des meetings dans une ville, notamment, qui ne
07:26lui est pas acquise.
07:27Est-ce qu'il faut y voir cette stratégie de Donald Trump, ce qu'on appelle la stratégie
07:31du splash, où finalement, il veut même essayer de gagner des voix là où il n'a aucune
07:37chance d'emporter ces états et donc ces grands électeurs ? Et finalement, est-ce
07:41que vous pensez possible que non seulement Donald Trump puisse l'emporter au terme
07:46de ce scrutin, mais aussi remporter ce vote populaire qui échappe aux républicains
07:50depuis 2002 ?
07:51Sur le vote populaire, si je voulais m'hazarder à faire une comparaison entre nos gilets
08:00jaunes de l'époque et ceux qui votent Trump aujourd'hui, on voit bien que vous avez tous
08:05vu la carte des États-Unis, tout le centre est rouge, le côtier est bleu.
08:10Donc, on a vraiment les oubliés du système, ceux qui n'ont plus aucune chance de trouver
08:15un emploi, ceux qui n'en trouveront d'ailleurs jamais, qui n'ont aucune chance d'élévation
08:19sociale.
08:20Enfin, pour qui le rêve américain est brisé ? On sait très clairement où ils votent,
08:23un petit peu de la même façon que les ouvriers en France sont passés de la gauche ou de
08:28l'extrême gauche au Rassemblement national pour une très large majorité.
08:32Donc, on a franchi les barrières de l'idéologie pour arriver dans des critères plus populistes.
08:38Il y a un ou deux mots-clés auxquels je m'attache pour voter pour quelqu'un, et je peux y
08:44aller.
08:45En fait, ça mérite, même pour Trump, d'aller chercher les quelques voix qui manquent ou
08:50qui pourraient manquer, partout où elles sont, y compris, vu son tempérament, d'aller
08:55chercher dans des États où on considère qu'il a perdu d'avance, parce qu'il suffit
08:58de lui dire qu'il a perdu d'avance pour qu'il aille se battre dessus.
09:01Donc, c'est quand même un peu dans son tempérament.
09:03Je pense qu'il y a un côté de tempérament personnel.
09:06Il ne faut pas oublier que Trump n'écoute quasiment personne, il ne prépare pas ses
09:10interviews, il ne prépare pas ses meetings.
09:12On l'a vu face à Kamala Harris, c'était quand même assez catastrophique, il a été
09:16très mauvais, et elle était super bien préparée.
09:19Donc, c'est quand même quelqu'un qui n'écoute peu, qui a un taux d'attention assez limité.
09:2430 secondes, apparemment.
09:25Un combattant incroyable.
09:26Apparemment, il paraît qu'il a un temps d'attention de 30 secondes, c'est un membre
09:35de l'ancien gouvernement, que je ne citerai pas, qu'il a rencontré, et qui m'a dit
09:39qu'il vous écoute 30 secondes, et après, il passe à autre chose.
09:43Et si vous n'avez pas eu le temps en 30 secondes de lui dire les choses, ça c'est
09:47assez particulier.
09:48Il faut être synthétique, et effectivement, ce débat avec Kamala Harris était complètement
09:56raté, et je pense que là où il a raté son virage, c'est avec les chiens et les
10:03chats à Springfield.
10:04Je pense que ça, ça restera dans l'histoire et dans les meurtres.
10:07Je ne suis pas d'accord avec vous, parce qu'encore une fois, on a notre jugement et
10:13notre regard, mais qui ne correspond pas à celui des Américains, notamment de l'Amérique
10:16profonde.
10:17Cette polémique, certes, à New York, j'imagine qu'elle a fait rire tout le monde, mais
10:22en Pennsylvanie, dans un certain nombre d'États, cette polémique, elle a trouvé un écho.
10:28Elle a trouvé un écho, on peut le moquer, mais elle a trouvé un écho dans les terres
10:34que vise Donald Trump.
10:36Oui, et puis après, il y a un point particulier, c'est que les médias ont aussi ceci de capacité
10:40à présenter de manière plus ou moins importante les choses.
10:43Nous, on en a fait des caisses, comme il y a quelques jours, il avait mimé une fellation
10:50avec un micro, etc.
10:51Donc nous, on a pris ça, on en a fait les gros titres, et ça a occupé les médias
10:54pendant 24 heures, comme certains médias.
10:55Voilà, peut-être que aux États-Unis, ça passe.
10:57Et en fait, entre ce qui est symbolique, ce qui est révélateur, ce qui est important,
11:01on a souvent du mal à faire la part des choses entre les États-Unis et ce qui est perçu
11:04depuis l'Europe ou depuis la France.
11:06Voilà, moi je voudrais une question sur le profil de Kamala Harris, parce que là, ce
11:09site particulier, qu'elle rejoint Donald Trump sur un point, ce ne sont pas des personnages
11:12politiques au départ.
11:13Donald Trump, c'est un homme d'affaires, elle, elle est procureure, elle n'a aucune
11:16expérience politique, si ce n'est qu'elle a été vice-présidente, mais très transparente
11:19pendant les quasi quatre premières années de son mandat, jusqu'à ce qu'on la mette
11:23sur la scène devant pour remplacer Biden.
11:24Qu'est-ce que pensent les Américains de Kamala Harris, du fait qu'elle n'a pas d'expérience
11:29politique, elle n'a pas été gouverneure, elle n'a pas été parlementaire, ni au Congrès,
11:34ni à la Chambre des représentants.
11:37Qu'est-ce que ça dit aux Américains, ça les inquiète ou pas ?
11:42Alors, pas trop.
11:43Alors, je suis d'accord, bien évidemment, elle n'a pas eu ce rôle politique électif,
11:49mais néanmoins, un procureur, comme vous savez, aux Etats-Unis, c'est élu, donc ça
11:53reste d'une certaine façon un personnage politique qui va orienter ses actions en fonction
11:59d'une capacité à gagner par les votes ce poste.
12:02C'est quand même une démarche, à la base, en France, c'est un concours, vous êtes magistrat,
12:06ici, ça vient se gagner avec les dents et avec une bataille politique.
12:11Et puis après, comme vous savez tous, elle a suivi Obama, Obama lui a renvoyé l'ascenseur,
12:16elle a grimpé.
12:17Donc, je pense que, simplement, aux Etats-Unis, y compris dans les populations noires américaines,
12:22il y a une espèce de non-emballement.
12:26C'est-à-dire qu'en fait, Trump leur font un peu peur et Kamala Harris ne leur fait pas
12:30envie.
12:31Donc, sa gestuelle, son attitude sur scène, c'est pas une grande communicante, elle est
12:39pas très charismatique.
12:40Moi, je regardais, comme on dit, son body language, encore récemment, c'est pas bon,
12:45ça n'attrape pas les gens, elle sourit un peu bêtement tout le temps, on a l'impression
12:50que c'est une gamine qui s'amuse sur scène.
12:51Donc, du coup, il n'y a pas d'emballement et je vois, pour finir, toutes les femmes
12:57dans les 24 ou 48 heures où elle a été nominée à la place de Biden, il y a eu un espèce
13:02de raz-de-marée en disant, les femmes, c'est fantastique, enfin, une première femme au
13:06pouvoir et vous prôniez ces mêmes femmes trois semaines, un mois, une nuit plus tard
13:10qui disaient, ah, en fait, je ne suis pas très convaincu.
13:12Donc, on est loin d'Hillary Clinton, en tout cas.
13:15Merci beaucoup, Denis Jaquet, d'avoir été avec nous en direct de New York et dans un
13:20instant, on retrouvera un autre Français habitant aux Etats-Unis, cette fois-ci en
13:24Floride.
13:25Donc, restez avec nous sur Europe 1, je vous signale également que vous retrouvez Thomas
13:28Hill pour Culture Média demain de 9h30 à 11h, ses invités seront Gérard Holtz et
13:34Amanda Leer.
13:35A tout de suite sur Europe 1.

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