Mardi 29 octobre 2024, BOSSA NOVA reçoit Clara Gaymard (co-fondatrice, RAISE)
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00:00Bonjour, je m'appelle Clara Guémard, j'ai un parcours assez classique puisque j'ai
00:25fait des études de Sciences Po, puis ensuite j'ai fait l'ENA, un parcours dans l'administration
00:29pendant 25 ans et après j'ai basculé dans le privé.
00:32J'ai appris beaucoup de choses de venir de deux cultures, d'abord le goût de la différence,
00:45la chose la plus importante je pense que j'ai apprise et que j'espère avoir transmis à
00:49mes enfants c'est qu'il n'y a pas de vérité absolue et qu'il y a des règles du jeu dans
00:54un pays qu'il faut respecter et des règles du jeu dans un autre pays qu'il faut respecter
00:59et c'est pas une question de bien ou de mal, c'est juste une question de respect des cultures.
01:04Être heureuse.
01:08D'être heureuse bien sûr, mais je crois que j'ai compris ce qui me rendait heureuse,
01:19ce qui me rend heureuse c'est d'aider les autres à grandir, que ce soit des entreprises,
01:24que ce soit des jeunes, que ce soit mes enfants, que ce soit des entrepreneurs, que ce soit
01:27des amis, de participer, d'être là main dans la main pour la construction d'un projet
01:33ou pour une aventure, je crois que c'est vraiment ça qui me rend heureuse.
01:37Oh c'est le ridicule, j'ai eu une fois une situation où j'étais devant les plus
01:49grandes sommités de Général Electric dans une réunion et l'anglais, vous savez c'est
01:55une langue, quand on la comprend, on ne comprend pas forcément le sens qu'il y a derrière,
02:00et derrière les compliments qui étaient faits, en fait c'était un non qui était
02:03dit, c'est-à-dire on me disait c'est formidable, c'est très bien, j'avais pas compris que
02:08ça voulait dire non, et je me suis enferrée pendant bien dix minutes à essayer de défendre
02:14le projet et après j'ai eu la directrice marketing du monde qui m'a pris à part et
02:19qui m'a dit j'aimerais vraiment pas être dans ta situation, et là j'ai compris qu'en
02:22fait j'avais été ridicule.
02:24Je ne peux pas dire qu'il y ait eu de grands défis parce que l'administration est un univers
02:34passionnant, extrêmement complexe, où il y a beaucoup de vent contraire, en revanche
02:40dans une grande entreprise comme Général Electric, c'est aussi très complexe mais
02:43il y a moins de vent contraire puisque tout le monde essaye de tirer dans le même sens.
02:46Donc moi j'ai adoré l'efficacité de la culture américaine mêlée à la créativité
02:57et l'inventivité de la culture française, je trouvais que ça faisait un meeting pot
03:01qui était très amusant et très constructif.
03:03Arès c'est une société de gestion qu'on a voulu être pionnière de la finance engagée
03:14et en fait avec Gonzague on s'est dit qu'il fallait qu'on crée un écosystème qui permette
03:20à des entrepreneurs visionnaires qui veulent construire le monde de demain, de leur apporter
03:25une plateforme qui leur apporte bien sûr du financement mais aussi du conseil et au
03:32départ on est parti avec quatre piliers, le premier c'est qu'on donne 50% de notre
03:40CARID à une fondation pour l'entrepreneuriat donc la générosité, le deuxième c'est la
03:45parité et la diversité, le troisième c'est de mesurer l'impact de tout ce qu'on fait et pas
03:51simplement chez RAISE mais dans nos participations et le quatrième on l'a appelé l'innovation pour
03:56le bien commun, ce qui nous permet d'inventer des nouveaux outils en permanence pour le bien
04:01commun et quand on a démarré on s'était dit si on arrive à lever 300 millions d'euros on sera
04:06vraiment très très heureux, ça sera formidable, on a réalisé notre rêve, aujourd'hui on a
04:12deux milliards sous gestion, on espère bientôt d'ici 18 mois on aura trois milliards et surtout
04:20on a recruté, on a aujourd'hui une centaine de personnes qui sont des gens extrêmement engagés
04:27qui sont heureux de pouvoir donner du sens à ce qu'ils font et qu'ils voient grâce à la
04:31fondation RAISE Sherpa à quoi servent leurs dons puisque ça sert à aider des entrepreneurs, ça
04:37sert à accompagner des associations et ils voient très concrètement à quoi sert à la fois leur
04:44performance et leur générosité et donc avec Gonzague et toute l'équipe, d'abord on
04:51aime beaucoup rire, on aime beaucoup célébrer et on se dit qu'on a beaucoup beaucoup beaucoup
04:57de chance que le sens de ce qu'on fait soit tourné vers des entrepreneurs qui
05:04des entrepreneuses qui créent le monde de demain et que l'on a la chance de pouvoir les accompagner.
05:08On déjeunait ensemble, il y avait un article de Libération qui disait jeûne de France,
05:16barrez-vous, l'avenir est ailleurs et on s'est posé la question de savoir qu'est-ce qu'on
05:20pouvait faire pour d'autres pays et on s'est dit qu'on avait envie de monter une aventure pour
05:25aider les jeunes entrepreneurs, c'est le début de la start-up nation et on a quitté tous les deux
05:29de situations confortables, on s'est mis dans un petit local, on a monté des meubles Ikea,
05:34on ne s'est pas payé pendant deux ans et on a démarré l'aventure de RAISE.
05:36Dans les entreprises qu'on accompagne, en fait on accompagne des entreprises de
05:45toute taille, donc ça va de la start-up au niveau du CIDE jusqu'à la très belle PME et ETI,
05:56je pourrais en citer quelques-unes, il y a une société qui s'appelle Equal qui est dans la
06:00partie impact et qui est une société qui fait des prothèses pour les handicapés et qui développe
06:09énormément de technologies aussi et on voit que dans ce domaine qui est un domaine social,
06:14en réalité il y a aussi beaucoup de technologies, beaucoup de savoir-faire et beaucoup d'innovation
06:18et c'est une entreprise qui grandit, qui se développe très bien donc c'est pour nous
06:23important de démontrer que dans le secteur social il peut y avoir beaucoup de réussite.
06:28Une entreprise qui s'appelle Morpho qui elle combine à la fois l'intelligence,
06:32la technologie avec les drones, avec les technologies d'image et l'ingénierie
06:40agricole pour ressemer très rapidement des terres qui ont été abîmées avec des drones et lutter
06:47contre la déforestation ou l'artificialisation des sols pour les replanter rapidement un peu
06:56partout dans le monde et puis il y a des entreprises qui inventent des nouveaux outils notamment M2i
07:07qui utilisent des phéromones, alors c'est assez rigolo parce qu'en fait c'est de la confusion
07:11sexuelle des insectes qui évite les pesticides. Il y a tellement d'innovation, il y a aussi
07:16beaucoup d'innovation sociale comme des entreprises qui travaillent dans la fintech pour permettre à
07:25ceux qui veulent placer leur argent dans des investissements qui ne sont que liés
07:30à l'environnement. Après on a 50 entreprises dans notre portefeuille, on en a eu 75 depuis
07:41dix ans puisqu'on en a vendu et réacheté. A chaque fois c'est des rencontres avec des
07:45entrepreneurs, des entrepreneuses qui ont des projets qui veulent avoir un impact sur le monde
07:52et c'est ça qui est formidable.
07:59C'est non seulement compatible mais c'est l'avenir. C'est qu'aujourd'hui, par chance j'allais dire,
08:06l'avenir de l'économie et l'avenir de la planète c'est la décarbonation, c'est la biodiversité,
08:14c'est le social, c'est l'entraide. Aujourd'hui il y a des champs entiers de développement à
08:19la fois technologique mais aussi humain, sociétaux qui sont devant nous, qui n'ont pas été adressés
08:24pendant le siècle dernier et qui sont devant nous, qui sont les vrais chantiers de prospérité,
08:32pas forcément consuméristes mais de prospérité dans le sens du bonheur
08:38collectif et individuel qui sont devant nous.
08:41On a tout simplement décidé que c'était absolument non négociable. Donc quand on a démarré Gonzaguez-Moi,
08:51on a recruté un homme et une femme pour diriger la partie investe, on a recruté un homme et une femme
08:59pour diriger la partie impact, etc. Et en fait pour nous, c'était absolument non négociable.
09:10Pour nous, ce n'est pas simplement la parité mais c'est la gouvernance en binôme qui fait le secret de la réussite de Reiz
09:16parce que quand on est en binôme, on est obligé de discuter, on apprend l'art de la conversation
09:22et on apprend à déminer tout avant même de prendre une décision. Quand on réfléchit avec soi-même,
09:27souvent on saute des étapes tandis que quand on est confronté dans un dialogue,
09:31ça nourrit, on est toujours plus intelligent à plusieurs. Mais c'était non négociable.
09:35Je pense que l'influence est paradoxalement aujourd'hui beaucoup plus puissante que le
09:44pouvoir. Les deux sont importants. Je ne sais pas s'il faut préférer l'un ou l'autre. Le pouvoir,
09:54c'est intéressant s'il s'agit de faire. Ce qui est vrai, c'est que moi, par tempérament, je ne suis
10:00pas une militante. Je suis plutôt quelqu'un qui aime faire. C'est-à-dire que quand il y a un
10:05problème, plutôt que de le critiquer, de m'y opposer ou d'être le porte-parole de la contestation,
10:12je me dis qu'est-ce que je vais pouvoir tricoter avec mes deux petites mains pour
10:16essayer d'apporter une solution. Je suis plus dans cette catégorie-là.
10:19Écoutez, je ne sais pas si elle est légitime, mais en tout cas, vous n'êtes pas la seule à me
10:31la poser. Quand j'étais plus jeune, elle m'agaçait beaucoup. Je tournais ça en pirouette et je disais
10:37pourquoi vous ne posez pas la question à mon mari. Mais en même temps, ce dont je me rends
10:43compte, c'est que de l'avoir fait, peut-être que ça montre un chemin à d'autres femmes en disant
10:51que c'est possible. Ça n'a rien d'héroïque, c'est juste l'envie. Je n'avais pas envie de choisir
10:57entre une famille et ma vie, ma vie professionnelle. Ce n'est pas une question de carrière, c'est une
11:04question de pouvoir accomplir les désirs que j'avais, de participer au monde, d'être acteur,
11:12de ne pas être passagère du train. Peut-être que la seule réponse que je peux donner,
11:17c'est que je ne me suis jamais posé la question de savoir si j'en étais capable. Parce que si je
11:23m'étais posé la question, la réponse aurait été évidemment non. J'ai simplement suivi mon envie
11:28et je me suis fait confiance. Je ne sais pas si on peut parler de réussite. Vous savez,
11:40les critères de la réussite, c'est tellement personnel. Mes plus grandes joies, c'est mes
11:49enfants, ma famille. Ma plus grande joie, c'est de me lever le matin et de venir au bureau et de
11:54voir des sourires sur les visages de mes collaborateurs qui sont contents d'être là,
11:57qui ont envie d'être là, qui ont le sentiment de participer à une vraie aventure, d'être pionnier
12:03de la finance engagée. C'est quelque chose qui vous porte, qui vous embarque. Ça, c'est plus des
12:09bonheurs que des conceptions de la réussite. De ne pas dire exactement ce que je pense,
12:21d'accommoder pour faire plaisir. Parce que de toute façon, quand quelque chose ne va pas,
12:31il vaut mieux le mettre tout de suite sur la table et ne pas attendre que ça devienne gros.
12:37Quelquefois, par respect ou par lâcheté ou par manque de courage, on se dit que ça attendra.
12:45Il faut toujours mieux déminer les problèmes tout de suite. Une chose que j'ai appris en
12:51vieillissant, c'est qu'on peut tout dire avec bienveillance. Même les choses un peu difficiles,
12:56comme vous l'avez dit, dans une bonne intention, avec bienveillance pour aider quelqu'un ou aider
13:04une situation, finalement, ça finit toujours par faire du bien. Moi, je n'ai manqué de conseils
13:14quand j'étais jeune femme parce que j'étais très seule. On n'était pas très nombreuse à être là.
13:20Je pense que c'est le conseil que mon oncle m'a donné un jour et que j'ai répété sans cesse à
13:27mes enfants. Il m'a dit, tu sais, Clara, fais ce que tu veux, mais fais-le beaucoup et fais-le bien.
13:33Ce n'est pas le prochain, c'est celui qui est là. Le grand chambardement qui est devant nous,
13:45c'est qu'on a créé une civilisation qui est coupée de la nature, coupée du réel, coupée de nous-mêmes,
13:52qui crée d'ailleurs une forme d'obésité collective de l'information, de la consommation,
14:00du mal-être, en réalité, et de revenir à une civilisation qui soit une vraie civilisation,
14:09pas une civilisation de la consommation, mais une civilisation de l'humain, dont le premier acte
14:15essentiel, c'est le respect de l'autre. C'est le tout premier, le respect de soi-même, le respect
14:19de l'autre, le respect du monde, et le respect aussi d'une forme de sacré. On n'est pas obligé
14:27d'être croyant pour penser qu'il y a des choses qui sont sacrées.
14:37Je ne sais pas si je peux donner des conseils aux femmes entrepreneuses, mais parce que moi,
14:43je suis très admiratrice des femmes entrepreneuses, j'en connais un certain nombre, et je trouve
14:48qu'elles ont toutes cette petite étoile dans les yeux, cette petite lumière qui fait que, bon,
14:53le soir, on se couche, on se dit, c'est la fin du monde, et le matin, on se lève, et c'est un peu
15:00les montagnes russes. Je pense que les trois conseils que je leur donnerais, c'est d'écouter,
15:06de beaucoup consulter, mais de ne faire que ce que l'on croit soi. Un peu comme les mamans,
15:11vous savez, on donne plein de conseils, mais en fait, il faut faire simplement ce en quoi on
15:16croit, mais ça n'empêche pas de beaucoup partager, beaucoup consulter, entendre, et tout ça, parce
15:21que c'est la meilleure façon de se forger sa propre conviction, et aussi d'apprendre, donc de
15:27ne jamais cesser d'apprendre, c'est la première chose, d'aller respirer le monde ailleurs, de ne
15:33jamais totalement se focaliser que sur son travail, parce que le monde a besoin de gens curieux,
15:39et puis le troisième, c'est la générosité. C'est jamais oublié que quand on est généreux,
15:46c'est parce qu'on est curieux, et l'avenir appartient aux gens curieux.
15:49Bravo pour ce que vous faites, merci de me permettre de témoigner, parce que je pense
16:00que le partage des expériences, c'est sans doute ce qui est le plus nourrissant pour chacun. Bien
16:08sûr, on peut lire plein de choses dans les livres, il y a plein de manuels de management,
16:13mais de partager ce qu'on a vécu, ou ce qu'on a envie de vivre, et de le construire ensemble.
16:19Avec Gonzague de Bunière, on se dit toujours que la magie de la vie, c'est la magie des rencontres.
16:25Alors, il y a les rencontres réelles, les rencontres physiques, et puis il y a les
16:29rencontres virtuelles qu'on peut avoir à travers des podcasts ou des émissions,
16:32et j'espère, je souhaite qu'un succès à votre chaîne Bossa Nova, pour qu'elle crée beaucoup
16:37de rencontres, et qu'elle permette à beaucoup de ceux qui vous regardent de réaliser leurs rêves.