• l’année dernière
Mardi 24 septembre 2024, BOSSA NOVA reçoit Maud Caillaux (Cofondatrice, Green-Got)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Une bonne entrepreneur, je dirais que c'est pas forcément quelqu'un qui sait tout, pas
00:24forcément quelqu'un qui a une vision sur 20 ans, je dirais que la plus grande qualité
00:29d'un et d'une entrepreneur, c'est vraiment de savoir embrasser le chaos, parce que c'est
00:36le chaos l'entrepreneuriat, c'est vraiment être ok avec le fait d'avancer avec le courant,
00:44le flot, et vraiment embrasser toute l'improvisation et toutes les choses qui sont pas du tout
00:50prévues qui vont t'arriver, aussi fort expérimenté et visionnaire que tu sois.
00:56Alors moi je suis franco-iranienne, d'un papa français, d'une maman iranienne qui est partie
01:03à la révolution et qui est venue s'installer et à commencer ses études en France, et mes parents
01:10ont décidé de s'installer à Dijon justement, et j'ai alors eu la chance de vivre ma jeunesse
01:16dans ce pays de cocagne, dans ce pays vert et absolument incroyable qui est ma campagne,
01:25et j'ai vu à ma courte échelle de vie déjà les insectes mourir, les oiseaux, le nombre d'oiseaux
01:37diminuer, et déjà le climat s'est réchauffé avec mes ormes, mes chênes, mes érables mourir
01:44quelques fois par manque d'eau. Donc évidemment ma mère qui vient d'un pays du coup très sec,
01:51nous a transmis aussi un stress hydrique absolument monstrueux, et mon père pur jus français,
01:57scoute toujours, nous a transmis un amour absolument inconditionnel de la nature,
02:01donc à la base je dirais que ça a absolument forgé toute ma base de valeur, et ensuite quand
02:08j'ai connecté les points avec le réchauffement climatique et donc les émissions de gaz à effet
02:15de serre, notamment quand on brûle les énergies fossiles, à ce moment là il m'a paru complètement
02:21impensable de juste refermer le rapport du GIEC ou ses conclusions, et de revenir à cette vie
02:27un peu normale en continuant en plus de travailler dans une banque qui faisait les choses pas
02:32forcément très bien. Et puis je dirais qu'il y a un second déclic, c'est vraiment en termes d'ordre
02:37de grandeur, c'est lors d'une interview d'Aurélien Barrault, qui est donc un astrophysicien, et qui
02:45expliquait évidemment que le climat sur Terre c'est en cycle, c'est-à-dire que tu as des périodes
02:52glaciaires et des périodes donc chaudes, froides pardon, et des périodes interglaciaires, chaudes,
02:56actuellement on est en période interglaciaire donc période chaude. La dernière ère glaciaire c'était
03:00il y a 20 000 ans. Il y a 20 000 ans il y avait 2000 mètres de glace au-dessus de nos têtes,
03:04et le niveau de la mer était 100 mètres plus bas, si bien qu'on pouvait marcher jusqu'à l'Angleterre.
03:10Et il faisait deviner à son intervieweur, alors à votre avis, de combien de degrés la Terre s'est
03:17réchauffée pour que sur 20 000 ans, 2000 mètres de glace au-dessus de nos têtes fondent, et que la
03:23mer remonte de 100 mètres, sur la totalité du globe, 100 mètres. Et à ce moment-là je me dis,
03:29très rapidement dans ma tête, je me dis, il faisait, je sais pas, moins 30 à l'époque, plus 15
03:35maintenant, 45 degrés de réchauffement. Et Aurélien Barraud dit à ce moment-là, 5 degrés sur 20 000
03:42ans. On est en train de parler actuellement d'un réchauffement climatique de plus 2, plus 3, plus
03:482 a priori, plus 3, plus 5 degrés en 500 ans, déjà sur une période chaude. Donc en fait on n'a
03:56aucun référentiel, aucun étalon. Les scientifiques ne savent pas du tout vers quoi on va aller. Et
04:02comment est-ce que ça peut être aussi chaud ? Qu'est-ce qui va se passer dans nos vies ? Et donc
04:07la seule certitude, c'est que ça va être un chaos monumental. Et on parle pas juste de mésérables
04:13qui vont mourir de plus d'eau l'été, ou je ne sais quoi. On parle de la sécurité alimentaire, de
04:19savoir que quand on entre dans un supermarché, on va trouver à manger. C'est un confort absolu, on n'a
04:23pas conscience. On parle aussi de l'accès à l'eau, de savoir quand on ouvre le robinet que l'eau coule.
04:28C'est un stress monumental quand on vous coupe l'eau et qu'on ne sait pas quand est-ce qu'elle va être
04:32remise. On parle aussi vraiment de ce monde tel qu'on le connaît, et même de nos démocraties,
04:42nos systèmes politiques. Parce que quand on parle presque de 300 millions de personnes qui vont être
04:49déplacées climatiques, les zones qui vont être les plus longtemps préservées, c'est les zones du
04:55nord, donc Europe, Asie et tout ça. Donc on va avoir énormément de personnes qui vont remonter vers le
05:00nord pour juste survivre. On va devoir faire face à des décisions à prendre qui vont être humainement
05:09intenables. Et pourquoi ? Parce qu'on a eu la chance d'être nés, nous, du bon côté de la frontière.
05:14Ma mère, elle vient de l'Iran, j'ai eu la chance de naître en France, j'ai parfaitement conscience
05:19que ça ne tient à rien. On n'a pas envie de vivre ça, pas du tout. Et donc pour ça, pour que
05:26finalement rien ne change, pour que ma bourgogne reste ma bourgogne, pour qu'on puisse avoir de
05:30l'eau au robinet et de la nourriture à foison, il faut clairement se battre pour que tout change.
05:36Si j'avais su. Il y a une expression que j'aime beaucoup, ils l'ont fait parce qu'ils ne savaient
05:47pas que c'était impossible. Alors je ne sais pas si c'est pour l'entrepreneuriat, mais en tout cas le
05:51projet que je porte, à savoir créer une banque qui financera, il y a on va se dire, plusieurs milliards
05:56d'euros dans la transition pour lutter contre le réchauffement climatique et stopper le réchauffement
06:01climatique. Donc c'est très ambitieux et je dirais que je crois un petit peu quelquefois en la
06:09destinée ou en tout cas quelque chose qui est en toi et qui va devoir à un moment donné s'exprimer.
06:13Donc je pense que l'entrepreneuriat, je le vis depuis que je suis née, je suis quelqu'un de très
06:19entreprenant dans tous les aspects de ma vie, donc je pense que ça allait arriver dans tous les cas.
06:24Mais on ne sait jamais si j'avais eu des enfants, si j'avais eu un crédit, si j'avais eu toutes ces
06:30choses-là. Autant de routes qui m'auraient dévié de l'entrepreneuriat, mais je pense que dans tous
06:35les cas j'y serais arrivée.
06:37C'est une grande question ça, je me la pose souvent. Je pense qu'il y a un côté inné dans le sens
06:45justement être entreprenant, mais je pense que tout peut s'apprendre littéralement. Je pense que c'est
06:51ça aussi une force et une des forces des entrepreneurs, c'est de ne pas avoir peur d'apprendre, de ne pas
06:56avoir peur d'être face à une montagne, d'être ok avec le fait qu'ils n'y connaissent rien à ce secteur,
07:03à ce métier, à cette industrie, mais d'être confiant dans ses capacités à apprendre.
07:08Donc j'aurais envie de te dire un mix des deux, en tout cas ça se travaille, ça c'est sûr.
07:16GreenGut, c'est l'histoire de trois jeunes personnes qui pensent qu'il ne faut absolument pas attendre
07:23que les autres sauvent le monde, et qu'ils peuvent vraiment apporter une pierre à l'édifice assez importante,
07:29et qui comprennent rapidement que l'argent c'est le nerf de la guerre, c'est ce qui façonne le monde actuel,
07:35mais qu'aujourd'hui l'argent il est investi, il est dirigé vers des industries du passé.
07:41Les industries fossiles, le pétrole, le gaz, le charbon. Et donc ces trois jeunes personnes se disent
07:46« mais alors attendez, si l'argent intrinsèquement n'est pas polluant, on va juste rediriger ses milliards
07:52vers la transition ». Et ça fait 4 ans que l'aventure a commencé, 4 ans que la montagne a commencé à être abordée,
08:00mais 4 ans qu'on enchaîne les succès, qu'on enchaîne les victoires, on est très contents,
08:07mais évidemment ça a été au prix de beaucoup de déconvenues, beaucoup de mauvaises surprises,
08:14beaucoup de complications. Donc voilà, j'ai un message à faire passer aux personnes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat,
08:20c'est que c'est pour tout le monde la même chose, c'est très dur, mais que ça en vaut la chandelle,
08:25puisque vous apprenez tellement sur vous, vous apprenez tellement sur votre manière aussi de percevoir les choses,
08:31ce qui compte vraiment pour vous, ça remet vraiment l'église au milieu du village.
08:35Donc il ne faut pas avoir peur de se lancer, il ne faut pas tout savoir avant de se lancer, il faut juste se lancer.
08:42On passe de cette idée, de ce constat, d'aujourd'hui l'argent va au mauvais endroit, à je vais créer une banque.
08:53On le passe de ça à ça avec peut-être un peu de naïveté, en tout cas énormément d'ambition, un petit peu de confiance en sa bonne étoile,
09:06et encore une fois, il n'y a pas un avant-après, il n'y a pas un jour J d'un coup où on a construit une banque,
09:11il y a petit à petit, on commence à creuser le sujet, on parle à des gens, et puis un jour on démissionne,
09:16et puis un jour on trouve des associés, et puis un jour on embauche ses premiers employés,
09:21et puis un jour on commence à créer les partenariats, et on commence à avoir un produit, tout ça c'est très crescendo,
09:28ce qui fait, et c'est aussi un grand reproche qu'on a quelquefois comme entrepreneur, c'est qu'on ne célèbre pas assez,
09:32c'est qu'on ne se rend pas compte de tout ce qu'on fait, tellement c'est petit à petit un travail de fourmi,
09:37et quelquefois il faut juste prendre le temps de se poser, de regarder derrière soi et de dire « waouh, je viens de tout en bas là, c'est fou ! »
09:48Les meilleurs choix qu'on a fait pour Green Gut, c'est évidemment l'équipe qu'on a créée, mais tout projet en fait,
09:56on dit souvent l'idée n'a pas vraiment d'importance, il est vrai que tout le monde a des très bonnes idées, tout le temps,
10:01c'est comment est-ce que tu vas faire en sorte que cette idée va devenir concrète, c'est comment est-ce qu'on appelle ça l'exécution,
10:07et pour ça il faut s'entourer des meilleurs, c'est comme dans tous les livres, tous les récits d'aventure, c'est la même chose pour l'entreprenariat,
10:13et il y a une grande partie de chance évidemment, et on a trouvé des personnes pour composer cette équipe,
10:20qui sont en plus d'être extrêmement talentueuses, très expérimentées et parfaitement motivées et animées par la même idée et envie que nous,
10:30à savoir de laisser un monde sympathique pour nos vieux jours, pour nos enfants,
10:34et puis de permettre à toutes et à tous de le faire aussi grâce à un outil très démocratisé et très simple d'utilisation.
10:41Alors GreenGut, l'ambition est de devenir une banque, mais pour être une banque il faut une licence d'investissement de crédit,
10:50c'est-à-dire qu'il faut pouvoir faire du crédit, de la création monétaire ex nihilo.
10:53Nous aujourd'hui on n'est pas encore à ce niveau de licence, on est au premier niveau de licence, et ce niveau de licence c'est le troisième.
11:00Voilà, donc on gravit les échelons petit à petit, bientôt le deuxième, et après le troisième dans quelques années.
11:10Tu l'as dit, je suis en effet une jeune femme dans la finance qui parle en plus d'écologie,
11:16dans un milieu financier qui n'est pas forcément très prompte à écouter ce discours, en tout cas il y a quelques années.
11:22Qu'est-ce qui a été le pire ? Je dirais qu'à chaque fois le côté inconvénient avait un revers de la médiale,
11:32une symétrie équivalente en termes d'impact, en termes d'avantages aussi.
11:37Par exemple le fait d'être une femme dans un milieu d'hommes, ça m'a amené énormément de remarques misogynes,
11:44de non-prises au sérieux et tout ça, mais ça m'a aussi amené beaucoup d'attention de la part des médias,
11:49beaucoup d'attention de la part du public et tout, par cette originalité entre guillemets.
11:56Le fait d'être jeune, un peu pareil, mais si je devais choisir, ça serait quand même le pire.
12:01Je dirais qu'au début j'étais vraiment perçue comme un peu la jeune effrontée inconsciente,
12:08mais aujourd'hui avec les énormes victoires et succès aujourd'hui de Greengot,
12:15il y a un journaliste qui m'a baptisée il n'y a pas longtemps, et j'en suis reconnaissante,
12:20plutôt les petits génies de la finance, en mode plutôt précurseur et visionnaire sur certains points.
12:26Donc aujourd'hui ce qui était hier un inconvénient, aujourd'hui devient un avantage.
12:31Et puis après la finance, il manque évidemment de femmes, beaucoup de femmes, beaucoup de jeunes.
12:38Mais j'aime bien les défis, il fallait que ça soit compliqué.
12:40La décision que je suis le plus fière d'avoir prise, c'est de me dire que ok, je vais le faire.
12:49Parce qu'il faut bien avoir conscience que la première fois que je dis à mes amis que je vais créer une banque,
12:56j'ai 25 ans, je n'ai pas non plus une expérience très longue et incroyable dans la finance.
13:03Le regard de ses proches qui sont là en inquiétant en disant « ah ouais c'est bien »,
13:09pas assez franc pour te dire « mais qu'est-ce que tu fous ? » et en même temps « mais qu'est-ce qu'elle fout ? ».
13:14Donc ça, et la décision que je regrette d'avoir prise, ou plutôt pas prise,
13:20c'est d'avoir la force de garder quand même un peu d'équilibre vie professionnelle, vie personnelle.
13:28Et surtout pour ma famille, surtout pour mon papa, j'aurais aimé être un peu plus avec lui.
13:32Comment est-ce que vous avez choisi votre voie d'entrepreneur ?
13:35Je pense qu'il y a autant de manières de faire que d'entrepreneur.
13:39Très clairement, nous c'est une voie pas forcément que j'ai choisie,
13:43mais qui s'est un petit peu, pas imposée, mais qui s'est révélée d'elle-même.
13:47Ça a été depuis le départ mon idée, mon projet.
13:51Depuis le départ, je m'occupe de la communication et du marketing.
13:55Mes autres associés sont très occupés sur leur sujet technologique, compliance, réglementation et tout ça.
14:02Donc, je pense qu'aujourd'hui, une de mes forces, très clairement,
14:06c'est d'être assez originale dans ce paysage financier.
14:10Donc, j'utilise toutes les cartes que la nature m'a données, évidemment.
14:14Mais je pense qu'il y avait beaucoup d'autres moyens de le faire.
14:18En tout cas, ce qui est sûr, c'est que cette stratégie a marché.
14:22Et qu'aujourd'hui, c'est quelque chose que je vais continuer à faire,
14:25parce que c'est un plaisir de représenter ce projet,
14:29et de faire en sorte qu'il devienne plus gros, plus grand et plus impactant tous les jours.
14:37Non, je pense que les banques n'ont pas forcément conscience du rôle,
14:42en tout cas certaines, et certaines personnes à l'intérieur de ces banques,
14:46se cachent un petit peu derrière le côté, nous on finance l'économie telle qu'elle est,
14:51on finance le monde tel qu'il est, c'est au monde de changer, et nous on changera avec elle.
14:54C'est un peu l'histoire de l'œuf au la poule.
14:56Moi, je pense qu'au contraire, les banques peuvent aussi impulser,
14:59peuvent aussi décider d'investir, de financer ce projet et pas celui-ci.
15:03Donc, ce n'est pas encore acquis,
15:07mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'avec le travail qu'on fait,
15:10avec cette communication très visible de GreenGut,
15:13on arrive un petit peu à faire changer les esprits.
15:17On arrive aussi à avoir énormément d'alliés dans ces banques,
15:21qui poussent du coup de l'intérieur pour faire changer les choses.
15:25Et on pense qu'à notre petite échelle déjà,
15:27on a réussi à changer quelques esprits, à faire bouger quelques murs.
15:33Je me souviens toujours, la première fois que j'ai raconté à quelqu'un,
15:37est-ce que tu savais que ton argent à la banque,
15:40il permettait de polluer et d'émettre du CO2 ?
15:42Il m'a regardée, et puis il m'a dit,
15:44ben oui, c'est vrai, parce que les banques, elles ont beaucoup d'ordinateurs.
15:48Voilà, donc vraiment, on n'a pas le lien, on n'a pas l'éducation en France.
15:53On a cette image un peu à la Picsou, à la Lucky Luke,
15:56que notre argent nous attend dans les sous-sols de la banque,
16:00en petite coupure ou en lingo d'or.
16:02On n'a pas du tout conscience que notre argent permet indirectement de faire du crédit,
16:06permet cet investissement-là, que cette épargne va finalement financer ça.
16:10Et on ne se rend pas compte de l'impact qu'on peut avoir sur le monde qui nous entoure,
16:14et puis sur le monde plus globalement, parce que c'est ça la force de l'argent,
16:18de la finance, c'est que ça ne connaît pas de frontières.
16:20Je peux avoir un impact au fin fond de l'Inde, au nord du Canada et tout, partout en fait.
16:31Pour une banque, ce qui est très important, enfin, dans sa matrice de risque,
16:35ce qui est évalué comme étant le plus risqué pour une banque,
16:38ce n'est pas de perdre votre argent ou de perdre vos données,
16:41c'est que vous le sachiez, c'est le risque de réputation.
16:44Et aujourd'hui, ce qu'on fait avec toute cette communication,
16:47cette vulgarisation et cette éducation sur le lien entre votre argent à la banque
16:53et le dernier puits de pétrole et le gaz de schiste au Canada,
16:57c'est en train de s'incorporer dans le risque de réputation d'une banque.
17:01Et ça, c'est très important pour les grandes banques traditionnelles,
17:05de ne surtout pas perdre cette bonne réputation qu'elles peuvent avoir dans vos esprits.
17:11Et du coup, c'est pour ça qu'elles sont en train de changer.
17:14Il y a aussi certainement beaucoup de personnes à l'intérieur de cette banque
17:16qui sont convaincues du fait qu'il faut changer pour le changement climatique et tout.
17:19Moi, qu'importe les motivations, tant que la finalité est là
17:23et tant qu'on voit en effet que les grosses banques changent et que leurs bilans se verdissent, ça me va.
17:30Nous, on a beaucoup, beaucoup d'employés de banque, beaucoup de directeurs de banque,
17:34beaucoup de dirigeants de très grosses banques qui nous appellent,
17:38qui nous demandent de nous rencontrer et pas du tout pour nous lapider ou nous fouetter.
17:44Au contraire, pour nous encourager en pensant que c'est ce qu'il faut faire et tout.
17:48Donc non, il n'y a pas que des méchants dans les banques, bien au contraire,
17:53il y a beaucoup d'humains, d'humains qui sont parfaitement conscients de la crise qui arrive
17:58pour eux, pour leurs enfants et qui ont envie de changer.
18:01Mais il faut avoir conscience de la taille des paquebots
18:04et des énormes choses qu'aujourd'hui sont nos banques,
18:08notamment en France qui sont des banques systémiques, on a de très, très grosses banques.
18:12Et du coup, un petit peu de savoir comment est-ce qu'on manœuvre,
18:15qui est-ce qu'il faut aussi convaincre, parce qu'ils ne sont pas tous convaincus,
18:17elles ne sont pas toutes convaincues non plus.
18:19Donc, il y a encore du travail, mais on sent que ça s'enclenche.
18:26Ça, c'est sûr qu'en France, on n'aime pas parler d'argent.
18:29Ça fait partie de nos traditions, de notre culture, de notre histoire,
18:34surtout catholique où l'argent est quand même très tabou,
18:38contrairement aux pays de cultures plus protestantes comme les cultures anglo-saxonnes
18:43où l'argent, là, si tu es riche, tu ne l'es pas perçu comme quelqu'un qui a volé,
18:47mais tu es perçu comme quelqu'un d'élu et du coup, on en parle beaucoup plus facilement.
18:50Donc, l'argent est très tabou. Il est encore plus tabou chez les femmes.
18:54Donc, il y a beaucoup de choses à faire sur ces deux plans-là.
18:58Mais en effet, si on avait plus conscience déjà de ce que son argent permettait de faire,
19:03ça bougerait certainement plus vite. Après, rien n'est simple.
19:06C'est plus compliqué que juste les banques qui vendent tous leurs actifs liés aux énergies fossiles.
19:12Évidemment, ça ne marche pas non plus parce que du coup,
19:15ce sera d'autres banques américaines, chinoises, russes qui vont les acheter et on va continuer.
19:19Donc, les banques ont aussi une responsabilité et aussi un levier extrêmement important,
19:25à savoir d'accompagner les entreprises qu'elles financent et dans lesquelles elles ont investi
19:32vers une transition au sein même de l'entreprise, au sein même du business model.
19:36Donc, ça, c'est du temps long, évidemment.
19:38Nous, ce qu'on demande, c'est que ça soit enclenché et c'est ce qu'on encourage, évidemment, avec le sourire.
19:47C'est une très bonne question. C'est souvent des fois une certaine peur qu'il peut y avoir.
19:52Alors oui, il y a beaucoup de projets et en fait, ça va encore une fois un cercle assez virtueux.
19:59Si les banques commencent à dire que les conditions sont améliorées pour les projets
20:03qui remplissent les critères de diversité, climat, social, sociaux et tout ça,
20:08évidemment que les projets vont être encouragés à cocher aussi ces cases
20:12pour avoir ces financements, pour avoir ces investissements.
20:14Donc, c'est un cercle vertueux qui va s'auto-alimenter.
20:17Et c'est pour ça que c'est très important de l'enclencher.
20:20Qui doit l'enclencher ? Est-ce que ce sont les projets ou est-ce que ce sont les banques ?
20:23Je pense qu'on peut jouer sur, et on doit jouer sur les deux tableaux,
20:26mais les banques ont très clairement un pouvoir là-dessus qui est indéniable.
20:32Oui, il n'y a pas de réponse simple, ça c'est sûr.
20:36Mais il y a une chose qui est sûre, c'est que l'argent est le nerf de la guerre
20:39et que ça, ça ne va pas changer d'ici 10 ans.
20:40Et que l'argent, il est encore pour coucher les banques.

Recommandations