Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:0013h41, on note l'actualité aussi, c'est hier Emmanuel Macron qui a organisé une conférence internationale sur le Liban.
00:06Le président français en a profité pour tacler le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou
00:11qui avait affirmé que c'est avant tout une guerre de civilisation contre la barbarie.
00:15On parle beaucoup ces derniers jours de guerre de civilisation ou de civilisation qu'il faut défendre.
00:20Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en seulement soi-même la barbarie.
00:25Écoutons maintenant la réaction d'Éric Danon, ex-ambassadeur de France en Israël.
00:30Pour lui, cette prise de parole est une faute politique.
00:32Il se trompe fondamentalement sur les enjeux de la guerre que mène Israël aujourd'hui.
00:38Soit on dit, nous avons le même ennemi donc je peux au moins comprendre la guerre que mène Israël
00:45même si je ne suis pas d'accord sur ses modalités.
00:48Mais il peut dire aussi, comme il le dit là, je ne suis pas d'accord avec cette guerre
00:52et là je pense qu'il passe à côté de quelque chose de fondamental
00:56qui est la dimension d'une guerre de civilisation contre justement l'islamisme djihadiste, radical, violent.
01:03Je pense que ce qu'il a dit dans son discours est une vraie, vraie faute politique.
01:08Alors faute politique, situation diplomatique tendue entre la France et l'Israël.
01:13Je vous entends, je vous fais réagir dans quelques instants.
01:16Restez bien avec nous, à tout de suite.
01:17Et vous aussi, vous pouvez réagir au 01 80 20 39 21.
01:20Excellente après-midi avec Céline Giraud de 13h à 14h sur Europe 1.
01:2313h, 14h, Europe 1, 13h.
01:26Avec Céline Giraud sur Europe 1 et vos deux chroniqueurs du jour.
01:29Céline, le directeur adjointe de la rédaction journal du dimanche Raphaël Stainville
01:32et l'avocat Gilles-William Gonadel.
01:33Et Emmanuel Macron qui répond à Benjamin Netanyahou en disant
01:37je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie.
01:42Est-ce une faute politique ?
01:44Gilles-William Gonadel, comme le disait il y a quelques instants Éric Tannon.
01:48C'est une faute politique et c'est une faute morale.
01:50Pardon, c'est une faute morale quand vous n'incriminez pas.
01:57Il faut voir le message d'Emmanuel Macron pour commémorer la mort de nos 58 parachutistes.
02:05Il dit simplement qu'ils ont perdu la vie.
02:08Il ne dit pas qui les a assassinés.
02:11Il ne parle pas du Hezbollah.
02:13Pour des raisons qui échappent à mon entendement,
02:16le Hezbollah terroriste est préservé depuis longtemps par M. Macron.
02:22Donc au lieu de ça, s'en prendre à l'agresser,
02:26pogromiser et expliquer que c'est lui le barbare,
02:30c'est une faute morale.
02:31Mais sur le plan politique, j'attire votre attention sur le fait que M. Macron,
02:37parmi les bourdes les plus importantes qui lui sont consacrées,
02:41sont cohérentes.
02:45C'est quelqu'un qui a dit que la France avait commis des crimes contre l'humanité en Algérie.
02:52C'est quelqu'un qui a dit qu'un mâle blanc ne pouvait pas commander à un autre mâle blanc
02:57un rapport sur les banlieues françaises.
03:00Et c'est quelqu'un qui commet cette imprudence verbale-là.
03:05D'une certaine manière, je l'ai déjà dit,
03:09il n'a pas marché contre l'antisémitisme,
03:12mais il semble courir derrière M. Mélenchon.
03:14Et réaction du CRIF, outrance et gâchis.
03:17Jamais dans l'histoire, une démocratie n'a accusé une autre démocratie de semer la barbarie.
03:21Jamais en France, un président de la République n'a eu de tel mot envers nos alliés,
03:25quels que soient les désaccords et les divergences.
03:27Raphaël Stenville.
03:28Oui, les mots sont forts, mais je pense qu'ils sont à la hauteur de l'émoi
03:32que les propos d'Emmanuel Macron ont pu susciter,
03:36pas seulement dans la communauté juive en Israël,
03:39mais également chez nombre de Français qui ne se reconnaissent pas
03:42dans les discours répétés d'Emmanuel Macron ces derniers temps.
03:46Je pense qu'il est urgent de se demander si le président doit porter encore seul
03:52la parole de la France à l'étranger,
03:55au motif qu'il y aurait une sorte de jurisprudence
04:00qui voudrait que, notamment en période de cohabitation,
04:02ce soit lui qui ait la main sur ces domaines réservés.
04:06Je pense qu'aujourd'hui, il serait urgent de pouvoir voir compléter
04:10ce discours du président par une parole, peut-être celle du premier ministre,
04:14puisque celle de son ministre des Affaires étrangères
04:16est très largement alignée sur celle d'Emmanuel Macron,
04:18puisqu'il est issu de son même camp.
04:20Est-ce que c'est possible, ça ?
04:21En fait, c'est une pratique qui veut que le président ait la main,
04:26mais rien dans les textes n'empêche que d'autres,
04:30au sein de ce gouvernement, puissent s'exprimer de manière forte.
04:34Alors, M. Barnier s'était quand même exprimé un peu
04:37lors d'une précédente bourde de M. Macron sur le même sujet.
04:42Oui, il s'était fait siffler lorsqu'il avait prononcé le nom d'Emmanuel Macron
04:45lors de ce discours.
04:46Exact, exact.
04:47Et puis, vous avez le numéro 2 de l'État,
04:51le président du Sénat,
04:53qui lui aussi a pensé très vertement M. Macron
04:56sur la méconnaissance de l'histoire.
04:59Donc, son domaine n'est plus si réservé que cela
05:02lorsqu'il ne s'est pas réservé ses propos.
05:05Et selon vous, la voie de la France, la crise diplomatique est actée.
05:10On a du mal à imaginer une issue,
05:13les liens se réchauffer, en tout cas entre Israël et la France,
05:16entre Benjamin Netanyahou et Emmanuel Macron.
05:18Le fossé se creuse chaque jour un peu plus.
05:20Oui, mais à la fois le fossé se creuse d'un point de vue politique et médiatique,
05:25mais je pense que les Français et les Israéliens ne sont pas dupes
05:29que les peuples sont quand même très largement amis
05:33et liés par des liens historiques.
05:36Raphaël, malheureusement,
05:39je suis obligé de te dire
05:41qu'il y a peut-être 20% quand même de la population française
05:45à qui ça fait plaisir.
05:47Et donc, M. Macron, qui n'était qu'à 22% de popularité,
05:52il peut aller glaner là quelques pourcentages.
05:55Et puis, tu sais, être mal avec un État d'Israël isolé,
06:00ça n'est pas prendre un très grand risque
06:03et ce n'est d'ailleurs pas la marque d'un très grand courage.
06:05Et ces déclarations ont fait l'effet d'une bombe,
06:09y compris au sein de sa majorité, avec notamment Caroline Yannan,
06:12qui dit non, Israël ne sème pas la barbarie.
06:14La barbarie, c'est celle que les Israéliens subissent depuis le 7 octobre.
06:17Éric Ciotti, de son côté, dit la barbarie, c'est le Hezbollah et le Hamas,
06:20pas la démocratie israélienne.
06:21Il y a quand même une réaction globale qui cristallise la tension.
06:24Et Emmanuel Macron, ça va être très compliqué pour lui,
06:27pendant les deux ans et demi qui restent.
06:28Non, mais ce qui est fou, c'est qu'Israël est engagé dans une guerre existentielle
06:33et la France, dans ce combat où Israël est en première ligne,
06:39la France préfère suspendre ses livraisons d'armes
06:43et communiquer à grands frais sur la barbarie supposée de Benjamin Netanyahou.
06:50C'est quand même assez sidérant.
06:51Mais pardon de le dire, il est dans sa propre cohérence incohérente.
06:56Il maltraite aussi la France et les Français.
06:59On ne peut pas dire qu'il est beaucoup protégé des frontières françaises.
07:03Pourquoi veux-tu qu'il protège ou qu'il veuille protéger les frontières israéliennes ?
07:07Je lui trouve de la cohérence dans l'incohérence.
07:09Et la popularité d'Emmanuel Macron est en chute libre.