Mardi 15 octobre 2024, DEALMAKERS SHOW reçoit Mounia Mir (DAF, Kili Technology) , Nicolas Cherpentier (DAF, Pretto) et Jonathan Sarfati (DAF, Freeland)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:23Suite et fin de ces épisodes du DealMaker Show dédié à l'édition 2024 de ce dossier
00:28spécial publié par Decider Corporate Finance, les CFO de moins de 40 ans dans les 20 profils
00:34qui ont été retenus cette année.
00:35Vous en avez déjà rencontré quelques-uns pour l'épisode 1 et 2.
00:38Pour cet épisode 3, j'en reçois 3.
00:40Mounia Amir à ma droite.
00:42Bonjour Mounia.
00:43Bonjour.
00:44Tu fais donc partie de ce dossier.
00:45Tu es CFO de Kili Technologies.
00:47Kili Techno, tout le monde ne connaît pas encore, mais ça ne serait tardé.
00:51C'est la boîte qui permet de rendre l'IA concrète et rapide et de le projectiser un
00:58petit peu dans la boîte et vous accompagnez des grands comptes dans l'usage de l'IA.
01:04Oui.
01:05Tout à fait.
01:06Kili Technologies, c'est effectivement une start-up qui opère dans le domaine de l'IA
01:10et qui est plutôt spécialisée dans l'amélioration de la donnée, ce qu'on appelle la donnée
01:15d'apprentissage, qui est intégrée dans les modèles d'IA et qui permet d'améliorer
01:19la performance de ces modèles.
01:21C'est du latin, mais tu vas nous expliquer un petit peu plus concrètement ce que c'est.
01:27Nicolas Charpentier à ma droite.
01:28Bonjour Nicolas.
01:29Bonjour.
01:30Tu es CFO de Preto, le courtier IMO 100% en ligne.
01:34Dans le brokerage IMO, tu viens d'enchaîner deux très belles années.
01:38Les deux meilleures années de ma vie.
01:40Les deux meilleures années.
01:41Tu es CFO depuis combien de temps ?
01:42Ça fait trois ans et demi, donc je suis arrivé pile-poil au bon moment.
01:45Tu as vécu une année quand même encore où tout allait bien et puis après, ça a changé
01:50Tout va toujours bien chez Preto.
01:52Je parle de l'industrie de l'immobilier, de la filière, qui effectivement a vécu une
01:57légère correction.
01:58Il y a eu quelques turbulences les dernières années.
02:01Quelques turbulences.
02:02Côté finances, l'avantage, c'était quelque chose de très intéressant.
02:04On est passé, comme tu l'as dit, de faire de la croissance à la profilabilité à tout
02:09prix.
02:10Et donc, dans un marché avec de fortes turbulences, c'est encore plus challengeant et c'était
02:14très intéressant.
02:15On va en parler notamment.
02:16On parlera de ta relation peut-être avec les investisseurs si vous en avez.
02:19Je pense que vous en avez.
02:20Jonathan Saint-Fatim à ma droite.
02:22Bonjour.
02:23Bonjour.
02:24Bonjour, Jonathan.
02:25On te connaît pour ton poste d'avant, notamment parce que tu étais CFO de Stuart pendant
02:30huit ans.
02:31Oui, exactement.
02:32Et tu es aujourd'hui CFO de Freeland.
02:34Freeland, c'est la plateforme, service, outil, solution à destination de l'indépendant,
02:40du freelance.
02:41Qu'il soit, on va dire, freelance de 20 ans ou, on le disait, manager de transition avec
02:48plus d'expérience.
02:50Vous êtes un peu les concierge version back-office de tous ces fris qui n'ont pas envie de gérer
02:55le back-office.
02:56Exactement.
02:57En fait, les gens imaginent que le monde de l'indépendance, c'est facile et qu'il
03:02suffit d'y matriculer sa boîte et que ça va rouler tout seul.
03:05Et en fait, il y a pas mal de choses à gérer.
03:07Et donc, que ce soit en portage salarial ou que ce soit même quand la personne garde
03:11sa boîte et comporte sa boîte, il y a du boulot.
03:13Et donc, nous, on l'accompagne dans les méandres des référencements, de la gestion des frais,
03:19etc.
03:20Quand on dit que quand on lance une boîte, il faut toujours réfléchir au pain qu'on
03:23va adresser.
03:24Le pain du back-office pour un freelance, je pense qu'il est très clair.
03:27Exactement.
03:28Vous allez devenir milliardaire et la plus grosse boîte du monde à n'en point douter.
03:31Donc, on vous réunit, on va reparler de vos entreprises évidemment, mais on vous réunit
03:37parce que vous êtes dans ce dossier CFO Under40.
03:40Première question, qu'est-ce que ça fait d'être dans ce dossier et quel regard vous
03:43portez sur l'évolution de votre job depuis que vous avez commencé à travailler il y
03:46a 10, 12 ans, peut-être 15 ans dans ce métier ? Mounia, pour commencer.
03:52Qu'est-ce que ça fait ? Évidemment, c'est gratifiant.
03:55Donc, de nouveau, merci de nous avoir sélectionnés.
03:57Évidemment, on est hyper content d'être là aujourd'hui pour discuter des évolutions
04:03du métier puisqu'évidemment, il y en a eu beaucoup sur les dix dernières années.
04:07Donc, on est tous assez jeunes, je pense, dans la profession.
04:10Néanmoins, on a tous plus de 10 ou 15 ans d'expérience, donc on a quand même un regard
04:15sur l'évolution de la fonction finance et ça va être intéressant d'en parler aujourd'hui.
04:19Et si on devait retenir un point, l'évolution la plus tangible, en tout cas celle qui t'a
04:26le plus marquée, toi, depuis que tu as commencé à travailler dans ce bel univers de la fonction
04:30finance.
04:31Je dirais que c'est l'évolution d'une fonction très technique au sens support, administratif,
04:38etc. à une fonction qui est extrêmement business-oriented, très impliquée dans des
04:44décisions qui sont très importantes dans la vie de l'entreprise et qui font qu'aujourd'hui,
04:50ce métier, en tout cas de mon point de vue, est vraiment passionnant.
04:53Merci, Mounia.
04:54Jonathan, même lecture ?
04:56Oui, même lecture, le côté, je pense qu'on a l'occasion de reparler, le côté couteau
05:00suisse aussi.
05:01On était un peu limité aux trois grands artefacts qui étaient la compta, le contrôle de jets,
05:08la trésorerie.
05:09Et puis aujourd'hui, on s'ouvre à des sujets comme parler du juridique en introduction,
05:15et puis des sujets vraiment très hyper transverses, les sujets de transfo, enfin c'est des portes
05:19ouvertes, mais beaucoup de transfo au cours des dernières années, les outils, les process.
05:22On ne fait pas la compta il y a dix ans comme on l'a fait aujourd'hui.
05:26La compta, quand on est en direction financière, ça reste quand même le cœur du réacteur.
05:31Et toi, qu'est-ce que tu en penses ?
05:34Je suis complètement d'accord.
05:35Je pense qu'il y a quelques années, on était un peu vu comme le comptable derrière
05:38son bureau avec de grosses lunettes en regardant les tableaux Excel et on est passé de plus
05:42en plus vers celui qui accompagne, qui est vraiment le business partner de tout le Clevel
05:47et toute la direction, qui est quelque chose de complètement essentiel, notamment avec
05:52les turbulences, de bouger de la croissance à la rentabilité.
05:58Le CFO est un peu le gardien de la bonne trajectoire et qui s'assure que tout le monde
06:03va dans la bonne direction.
06:06Comment on fait ? Parce que cette évolution implique une évolution de profil, une évolution
06:11personnelle, de positionnement dans la boîte, être le comptable au fond à droite du couloir
06:16qu'on ne va jamais voir versus participer à des discussions stratégiques avec un board
06:22ou même en interne d'être un peu un CFO leader de la transformation.
06:27Donc, ça veut dire d'impulser quelque chose, le change, ça embête tout le monde.
06:31Donc du coup, ça veut dire là aussi d'avoir de nouvelles compétences.
06:33Comment on se construit en tant que personne pour adresser ces différents segments qui
06:40à la fin vous font devenir quelqu'un qui a énormément de compétences différentes ?
06:45Je pense qu'on a la chance d'avoir dans les fonctions qui nous reportent de plus en plus
06:52d'outils et de process.
06:54Et je pense qu'avant d'être des directeurs financiers, on était des managers.
06:56Donc, je pense qu'il faut bien s'entourer des chevaux en dessous et sécuriser le backbone.
07:01Et après, ça nous permet, j'aime bien l'expression faire l'élastique, c'est-à-dire d'être
07:05à la fois avec les équipes sur les sujets, etc., et de prendre un peu de hauteur.
07:10Et après, comme on se forme, parler de l'expérience et cette notion de ce qu'on peut être d'affaire
07:17et avoir moins de 40 ans, en fait, on se forme avec l'expérience, avec le réseau et avec
07:23les événements de la vie.
07:24C'est vrai qu'en termes de 15 ans, on a eu le temps de voir plein de choses.
07:28On a vu les subprimes, on a eu le Covid, le télétravail, la guerre, l'inflation, les
07:33taux.
07:34Il y a des milliers de sujets.
07:35Donc, ça forge, on va dire.
07:37Mounia ?
07:38Oui ?
07:39Vous les deux ?
07:40Je pense qu'il faut commencer par les fondamentaux.
07:44Donc, je pense qu'un bon socle technique et une bonne formation post-école traditionnelle
07:50vaut son pesant d'or.
07:52Il faut toujours faire un big avant d'être daf ?
07:53En tout cas, il faut passer par une case très structurée, je trouve.
07:58Vous avez fait tous les trois un passage big ou pas ?
08:00Moi, j'ai survécu six mois, mais…
08:02Six mois ?
08:03Moi, oui.
08:04Trois ans ?
08:05Moi, cinq.
08:06Cinq ans.
08:07Ah oui.
08:08Donc, toi, tu es même montée dans la hiérarchie.
08:09Cinq, oui.
08:10Quasi-manager.
08:11Et puis ensuite, du TS, donc du Conseil en Transactions Partices après mes années
08:15chez Deloitte.
08:16Et définitivement, c'est un socle qui, je pense, est nécessaire aux dafs de start-up
08:22pour qui ces sujets-là doivent quasiment devenir des non-sujets parce qu'on attend
08:25beaucoup de lui sur des aspects très opérationnels, très business.
08:28Et ensuite, je rejoins ce que disait Jonathan, je pense que l'expérience, ça n'a pas
08:32de prix et que progressivement, avec le temps et les expériences et ce qu'on va
08:39avoir dans une boîte, puis dans l'autre, en termes de management également, va faire
08:43qu'on va in fine être ce couteau suisse.
08:46Nicolas ?
08:47Oui, je pense qu'en étant daf sous 40 ans, on a un peu ce côté de… il faut savoir
08:53rester humble.
08:54On sait qu'on n'a pas forcément l'expérience de quelqu'un qui a 50, 55 ans et ce côté
08:59humble nous permet aussi un peu de nous remettre en question et de se dire, OK, en fait, le
09:03daf d'aujourd'hui, il doit être beaucoup plus communiquant qu'avant et ça, c'est
09:07une compétence qu'il faut apprendre.
09:08Et en étant un peu plus jeune, je trouve qu'on a un peu ce côté humble de savoir
09:13OK, il faut que je remette en question, il faut que j'aille dans cette direction-là
09:16et on est peut-être un peu moins arrêté sur nos idées sans rentrer dans les clichés
09:19que quelqu'un d'un peu plus expérimenté.
09:21C'est sûr qu'en 15 ans déjà, vous avez accumulé pas mal de choses.
09:25Comme le disait Jonathan, le Covid, évidemment, les subprimes avec les quelques années qui
09:32ont finalement été nos premières années sur le monde du travail à tous, qui n'étaient
09:35pas forcément les plus fun d'un point de vue macro.
09:37Derrière des crises qui concernent certaines industries, on y reviendra.
09:44De toute façon, dans la tech, depuis deux ans, ce n'est pas la fête non plus et dans
09:48l'IMO.
09:49Donc, du coup, vous avez vécu pas mal de choses.
09:51Ma question est la suivante.
09:52Le moment le plus intense, il y a du bon et du moins bon dans le mot intense.
09:59Le moment le plus intense que vous avez vécu sur ces 15 dernières années, en tant que
10:04CFO ou CFO to be ?
10:08Peut-être de mon côté, pour commencer, je travaille en start-up aujourd'hui, donc forcément
10:12le moment le plus intense a été la dernière levée de fonds.
10:13On a fait une série B de 30 millions avec trois nouveaux gros fonds que sont Stellena,
10:19Orange et Razéo.
10:20Forcément intense.
10:21En termes d'interlocuteur, ça pose le sujet.
10:24Les gens étaient là, il fallait être sérieux, il fallait être droit dans ses boîtes.
10:27C'était très intéressant et très intense.
10:30Et c'était quand cette levée ?
10:31C'était il y a trois ans, c'était le moment des grosses levées de fonds, fin 2021, début 2022.
10:36Ça vous positionnait combien en valo ? C'était public ou pas ?
10:38Je pense que ce n'était pas public.
10:40Pas encore licorne ?
10:41Pas encore licorne.
10:42C'est IC bientôt ? On verra.
10:45Vous êtes profitable ?
10:46Dans quelques mois.
10:48Dans quelques mois.
10:49Quelle belle réponse, on voit bien qu'elle est rodée celle-là.
10:52Je te la réponds toutes les deux semaines en borde.
10:54Quelques mois.
10:55C'est les éléments de langage.
10:56Pour le coup, on a le secteur immobilier qui a l'avantage d'être quelque chose qui est
11:02un inconvénient fort côté financier parce que c'est des cycles de vente qui sont très
11:05longs, mais c'est le côté avantageux d'être très prévisible.
11:09Et là, pour le coup, on sait que dans 4-5 mois, avec les performances opérationnelles
11:13qu'on est en train de réaliser aujourd'hui, T1, T2, on sera en top.
11:18On est très content.
11:19On se recevra à ce moment-là pour fêter cela.
11:22Mounia ou Jonathan, sur le moment le plus intense de votre carrière ?
11:27Je dirais que c'est chez Kili déjà.
11:31Et c'est un plan de restructuration qu'on a dû mettre en place fin d'année dernière
11:39parce qu'effectivement, on n'est plus dans une dynamique de croissance à tout prix,
11:43mais de croissance raisonnée, de recherche de rentabilité.
11:45Donc, ça a été évidemment un point, un élément, enfin un moment de ma carrière
11:49assez éprouvant.
11:50C'était ton premier moment de downgrade, enfin en tout cas de réduire l'activité.
11:55C'est la première fois que tu faisais ça ?
11:56Oui, c'est la première fois que je faisais ça.
11:58Avant, j'étais passée plutôt par des gros cabinets, LVMH, etc.
12:01Donc, ce n'étaient pas vraiment les sujets que j'avais à gérer.
12:04Et chez Kili, ça a été l'un des sujets, donc l'année dernière.
12:07Et évidemment, d'un point de vue humain, c'était intense à gérer.
12:12Est-ce que tu as les fonctions RH aussi ?
12:14Non, je n'ai pas les fonctions RH, mais on était extrêmement impliqués dans les
12:17différents scénarios, la détermination…
12:19Tu n'étais pas faite non plus les ORP, parce que vous êtes combien chez Kili ?
12:22On est aujourd'hui une quarantaine.
12:23Ah, donc vous n'avez pas encore trop de tout ce qui est ORP, enfin d'organisme de représentation
12:30de personnel et tout ça ?
12:31Non.
12:32Non, mais ça reste…
12:33OK.
12:34Et donc, du coup, vous étiez combien avant ?
12:35On était 60 à peu près.
12:37Et il fallait le faire, c'était important pour la période de l'activité.
12:40C'était important, oui.
12:41On a bien fait de le faire.
12:42C'était attendu.
12:43Oui.
12:44Vous avez coupé un truc, vous avez arrêté une diversification, un pan ?
12:49Oui.
12:50Non.
12:51En fait, on a liné tout ce qu'on pouvait liner.
12:54On a vécu une rupture technologique avec l'émergence de ChaGPT, donc ça a évidemment
12:59bouleversé le marché sur lequel on était.
13:01Donc, en parallèle, on a shifté l'activité historique de la société pour s'adapter
13:06à ce nouvel environnement, à ce nouveau paradigme.
13:10Et donc, on a re-réfléchi à la structure qui allait être adaptée au nouveau business
13:16model qu'on était en train de construire.
13:19Et la finance, dans ce contexte-là, a aidé à scénariser les éléments pour qu'on
13:28atteigne la rentabilité cette année.
13:30Merci en tout cas de partager ce moment qu'on imagine pas forcément facile.
13:35Jonathan ?
13:37Moi, je dirais que c'est quand j'ai été chez Stuart, la boîte a changé de main
13:42deux fois.
13:43Puisque je suis arrivé, la boîte était encore indépendante, elle a été rachetée
13:46par le groupe La Poste en 2017, puis cédée au groupe allemand Mutares en 2023.
13:52Et les deux changements de main ont été assez intenses, mais avec des problématiques
13:58différentes.
13:59C'est-à-dire qu'au début, on cède une start-up, on était une cinquantaine avec
14:03un gros potentiel, etc.
14:05Et puis, 6-7 ans après, on cède un groupe qui fait 600-700 personnes, qui est dans
14:096 pays, avec la VDD fiscale qui va bien et où j'ai pas mal transpiré parce que la
14:14fiscale, c'était clairement pas ma spécialité.
14:16Et puis, tu as l'habitude de ce monde, encore une fois, tech, start-up, scale-up, etc.
14:25Et puis, tu te retrouves dans une transaction avec encore une fois des banquiers, des VDD,
14:29des avocats.
14:30Et donc, c'était chaud.
14:33On connaît bien Mutares, par ailleurs.
14:35Tu étais avec Philippe l'année dernière.
14:37Exactement.
14:38Et donc, voilà.
14:39Donc, c'est des moments hyper formateurs, c'est des moments chauds et c'est des moments
14:44particuliers pour un DAF parce que d'un côté, tu te dis, le deal, c'est pas forcément
14:49toi qui va topper le deal, ça se décide un peu au-dessus, etc.
14:52Mais tu as un rôle clé à jouer parce que si tu te foires, ça peut foirer le truc.
14:58Et voilà.
14:59Et c'est un peu ingrat parce que si tu fais bien ton travail, c'est les termes du deal
15:01décidés il y a deux mois qui vont bien se faire.
15:03Et si tu fais mal ton travail, tu as un risque que le deal explose.
15:06Donc, c'est un peu chaud.
15:08Mais c'est pour ça qu'on fait ce métier aussi.
15:10Et j'ai parlé de l'expérience, de management, etc.
15:13On aime l'exposition.
15:16Donc là, on a été un peu exposés comme des petits camarades, exposés au monde extérieur.
15:21Et c'est un peu flippant.
15:22Comment vous gérez vos investisseurs, justement, depuis deux ans ? Parce que là, on est en
15:28fin, je dis justement, parce que vous en avez tous un petit peu parlé à un moment ou à un autre.
15:31Comment est-ce qu'on gère cette discussion Roadmap Profitability ?
15:36Tiens, est-ce que tu peux refaire un scénario si tu enlèves 20% en R&D ou en Dev et puis on voit ce que ça donne ?
15:41C'est un nouveau paradigme.
15:43Et comment vous vous l'avez vécu ? Et aujourd'hui, est-ce que ça s'est un peu calmé ?
15:47Forcément, après la tempête de changement de fonctionnement, maintenant, c'est plus cool.
15:53Ou est-ce qu'on est encore dans une relation de proximité avec ses investisseurs, beaucoup plus qu'avant ?
16:03Pour ma part, je sais qu'on est beaucoup plus proche de nos investisseurs aujourd'hui, depuis quelques années d'ailleurs.
16:09C'est aussi notre volonté à nous de beaucoup communiquer, d'être très transparent dans où est-ce qu'on en est aujourd'hui.
16:16De faire énormément de scénarios à chaque fois, bien sûr.
16:20Pour montrer qu'on prévoit, on anticipe les choses.
16:23Et justement, on a ce côté dernier milestone, dernier kilomètre à faire avant la rentabilité.
16:30Et on communique dessus, je pense que les investisseurs n'attendent que ça, tout comme nous.
16:36Et donc du coup, je pense que c'est bien d'être très transparent et d'aligner tout ça.
16:39Et t'as des tableaux, t'as des forecasts qui vont évoluer.
16:41La vraie question peut-être aussi pour les CFO qui nous regardent, c'est comment tu fais évoluer ta façon de présenter l'avenir,
16:47vu que c'est un endroit où vous êtes ultra challengé maintenant ?
16:50Oui, tu l'as dit, mais c'est énormément de forecasts.
16:54On fait des prévisionnels tous les mois.
16:56Et on est toujours sur Excel, ou alors tu t'es équipé, ou tu le fais différemment ?
17:00L'Excel a un peu la même tête qu'avant ? Il est plus pro, puisqu'il y a plus d'intensité sur cette partie-là ?
17:07Je suis encore resté sur Excel, mais je n'ai pas encore trouvé toutes ces merdes.
17:10Oh là là, un DAF sur Excel, ça existe encore alors !
17:13Mais oui, on est beaucoup plus fin dans notre analyse.
17:17On est beaucoup plus fin dans les différents scénarios, et on sait prévoir très précisément à 9-12 mois ce qu'on va faire.
17:24Si je reviens un peu en arrière, il y a 2-3 ans, je pense qu'on a tous fait des budgets qui étaient des BPs,
17:30qui étaient un peu sur la lune avec de la croissance exceptionnelle.
17:33Là maintenant, on fait des budgets. En 2024, on fait un budget, on l'annonce et on l'a tenu.
17:37Et ça, je pense que c'est la...
17:39C'est gratifiant aussi. C'est moins fun, mais c'est gratifiant.
17:43Le petit plaisir à la fin du mois quand tu vois que c'est...
17:45Tu vois, tic, bim, voilà.
17:47Et en ligne.
17:48Oui, je vois le sourire à droite, oui.
17:50On n'est plus sur les mêmes BPs, les mêmes golden BPs d'avant, quoi.
17:54Non.
17:55Et du coup, comment vous le construisez, et comment vous arrivez à suivre cette activité ?
18:01Qu'est-ce que vous avez fait pour changer votre façon d'envisager l'avenir et de le reporter ?
18:05Oui, un peu comme ce que tu disais, par rapport à la relation investisseur, on est évidemment très transparents.
18:13On a de la chance d'avoir trois très beaux fonds au-dessus de Kili,
18:17qui sont Balderton, Serena, Compreto et Headline,
18:22qui vont vraiment nous accompagner sur les enjeux de business et de développement de la top line,
18:26parce qu'aujourd'hui, on est à un stade de maturité,
18:28c'est des éléments qui sont particulièrement regardés.
18:31Donc, beaucoup de transparence, d'échange et l'accompagnement grâce à leurs conseils sur telle ou telle option.
18:39Et d'un point de vue forecast, on est aussi resté sur Excel à aujourd'hui,
18:44avec évidemment des outils qui permettent d'automatiser certains sujets,
18:49comme les dépenses ou les notes de frais, qui nous permettent d'aller plus vite.
18:54Mais in fine, ce qu'on essaye de faire, c'est des reports qui soient lisibles pour les investisseurs,
18:59sur les sujets qui les intéressent.
19:00Donc, en l'occurrence, chez nous, c'est beaucoup top line et cash.
19:04Top line, cash.
19:05Voilà.
19:08Alors, je pense que de manière générale, moi, depuis la période que tu mentionnes,
19:12j'ai un peu changé de monde et rejoint le côté obscur des LBO.
19:16Donc, on est sur des investisseurs qui ont d'autres problématiques,
19:19puisque la rentabilité, elle est là des WAN, et donc, on va gérer d'autres sujets.
19:23Mais je pense que dans cet univers macro un peu compliqué, un peu chahuté,
19:27je pense que le DAF, il a un vrai rôle à jouer sur la consistance.
19:30C'est-à-dire qu'on donne un chiffre le mardi, on va peut-être donner un autre le mardi d'après,
19:34mais on va comparer au mardi d'avant, etc.
19:36Ce que je veux dire, c'est que notre légitimité, elle est liée.
19:40Évidemment, tout le monde sait mettre des formules dans un Excel,
19:42tout le monde sait jouer avec des chiffres, etc.
19:45Mais c'est de tenir un discours de réalité et un discours de variance,
19:48et de dire, oui, oui, ce n'est pas le même chiffre qu'il y a deux mois.
19:51Le chiffre qu'il y a deux mois, je me rappelle, je te le montre, oui,
19:53dans la slide 12, je t'ai montré qu'on allait faire ça.
19:55Maintenant, je te dis qu'on va faire plus ou qu'on va faire moins,
19:57et je t'explique pourquoi, parce que j'ai changé de tête l'hypothèse, etc.
19:59Je peux penser plus, ce n'est pas tellement un problème.
20:01Ça dépend si c'est plus en charge ou en produit.
20:02Ce n'est pas faux.
20:03Oui, c'est ça.
20:03Ça dépend parce qu'on regarde tout, nous.
20:05Mais c'est vrai qu'on a, le mot consistance, je trouve, est important.
20:11Vraiment de garder toujours le même discours, de s'y tenir.
20:16Et quand tu parles des investisseurs, c'est des investisseurs financiers.
20:18Donc, mon patron actuel avec qui j'ai échangé il n'y a pas très longtemps,
20:22il me disait que quand tu balances un chiffre à un financier,
20:24il ne s'en rappelle, il ne regarde que ça.
20:25Donc, si le chiffre change, ça peut arriver, évidemment,
20:28ça arrive tous les jours, mais il expliquait pourquoi, comment.
20:30On ne se cache pas derrière son doigt.
20:30Oui, on ne se cache pas derrière.
20:32Peut-être pour rebondir, je pense que sur la consistance,
20:34il y a quelque chose que je trouve qu'on fait beaucoup plus ces derniers temps,
20:37c'est qu'on embarque, de mon côté en tout cas,
20:38on embarque beaucoup plus les autres départements
20:41dans la création de ces prévisionnels.
20:43Et comme ça, tout le monde est un peu main et pied liés.
20:45On avait dit qu'on faisait ça.
20:46Toi, sur ton marketing, tu avais dit que tu allais faire Tendakis.
20:48On n'est aucun table beaucoup plus grand.
20:50Tout le monde n'a aucune table de sa partie.
20:52Et ça permet aussi vachement de solidifier un peu nos prévies.
20:54C'est la fin d'une tradition de l'oralité en France, de travail.
20:58C'est plus carré, maintenant ?
20:59Tu as beaucoup d'outils qui se mettent, les wikis, les girafes.
21:03Tu as une tonne de choses qui se mettent en place.
21:05J'étais chez Stuart, on avait passé un an sur le succession planning.
21:09Donc, tu as beaucoup aussi de sujets.
21:11Les boîtes se professionnalisent et cette culture de trois mecs dans un garage
21:15où 90% de la valeur de la boîte est répartie dans les cerveaux des trois,
21:18en fait, les gens se rendent compte que ce n'est pas tenable.
21:21Donc, oui.
21:22Puis, tu as des outils, maintenant que tu écris beaucoup plus,
21:24tu processes beaucoup plus.
21:26Donc, oui, je pense.
21:27Mais on est aussi, c'est aussi notre rôle en tant que leader et de manager.
21:32Il faut aussi qu'on apporte quelque chose d'autre.
21:34Donc, il faut apporter...
21:36C'est la consistance, cette analyse.
21:38Et puis, ça touche.
21:40On a toutes nos spécialités, nos atouts et nos faiblesses.
21:45Et je pense qu'en face d'un board, tu es un peu passé au vitriol.
21:50Donc, c'est au rayon X.
21:51Donc, voilà, il faut être bon sur ces sujets-là.
21:54On embrasse vos boards, évidemment.
21:56Est-ce que vous pouvez nous donner...
21:57Alors, il nous reste une minute.
21:58Le mot de la fin, ce que vous souhaitez aux jeunes qui veulent rejoindre la fonction finance,
22:02qu'ils soient aujourd'hui heureux dans un big
22:06ou qu'ils aient déjà sauté le pas dans une fonction finance
22:10ou qu'ils aient même commencé directement en direction financière.
22:13Qu'est-ce que vous leur souhaitez pour l'avenir ?
22:15Nicolas.
22:17Je pense que la fonction finance a de beaux jours devant elle.
22:20C'est un métier qui est d'autant plus passionnant en ce moment
22:23avec ce côté très transverse de...
22:24On travaille beaucoup plus avec tout le monde.
22:27Et en plus de ça, avec tous les changements qu'on voit, avec l'IA, avec d'autres...
22:30C'est l'un parmi tant d'autres.
22:33Ça va beaucoup évoluer.
22:34Et du coup, je pense qu'il y a plein de choses à faire et ça va être très intéressant.
22:40Merci.
22:41Et donc, la promesse de ce que tu leur dis, c'est que la filière finance,
22:49c'est plein d'opportunités, plein d'enjeux.
22:52Plein d'opportunités, plein d'enjeux et surtout...
22:54Et tu aurais fait quelque chose différemment, toi, ou pas,
22:56si tu commençais ta carrière aujourd'hui ?
22:58Ah !
23:00Je serais peut-être resté plus longtemps chez un big, en vrai.
23:02Ah oui ?
23:03Ouais.
23:03Ouais, je pense que 5 ans, c'est une bonne durée.
23:06Et je serais peut-être parti...
23:07J'aurais pu faire 2 ans de plus.
23:08Patience, chers amis, patience.
23:11Mounia.
23:12Eh bien, je leur souhaite d'abord de prendre beaucoup de plaisir dans ce qu'ils font, évidemment.
23:18La fonction finance, aujourd'hui, elle est évidemment assez transverse dans les entreprises
23:22et c'est vraiment un métier passionnant quand on le vit, en tout cas pour ma part.
23:29Je leur souhaite de prendre des risques, effectivement, d'être patient,
23:32je pense sur la partie structuration, technicité, parce qu'à mon avis, elle est indispensable.
23:38Mais ensuite, de prendre le risque dès qu'ils en ressentent le besoin.
23:44OK. Et tu aurais tout fait pareil, toi, sur ta carrière ?
23:47Moi, j'aurais peut-être pris le risque d'aller en start-up un peu plus tôt.
23:50OK. Donc, avance, passage, grand groupe, que tu évoquais.
23:54Oui.
23:55Mais bon, le luxe, c'est cool, quand même.
23:56Le luxe, c'est cool.
23:58C'est aussi un autre apprentissage.
23:59C'est un autre apprentissage sur des sujets de communication, par exemple,
24:03sur des sujets de structuration, d'outils, de management d'équipe,
24:07puisque le management en big ou en cabinet, c'est assez facile, entre guillemets,
24:12puisqu'on manage quelqu'un qui a un an de moins que soi,
24:14qui, globalement, a un profil, je ne vais pas caricaturer, mais assez identique.
24:19Donc, c'est un management qui est bien en tant que premier management,
24:24mais assez facile.
24:24Et en grand groupe, c'est très différent.
24:26Là, on manage des gens parfois bien plus âgés que soi
24:29ou avec des horizons, des profils très différents.
24:32Donc, cette diversité nous enrichit, évidemment.
24:35Et oui, évidemment, j'ai adoré mes années chez LVMH,
24:39mais je pense que je serais partie un tout petit peu plus tôt.
24:43Ça aurait été très bien aussi.
24:45Jonathan, le mot de la fin.
24:46Alors, moi, je n'aurais pas fait de big si je m'étais donné un conseil,
24:49parce que j'ai fait six mois de stage et ça m'a largement vacciné.
24:53Et je suis très élogieux auprès de mes camarades qui ont tenu aussi longtemps.
25:00Qu'est-ce que je souhaite au financier ?
25:02Je pense que c'est un métier qui est top,
25:04parce que c'est un métier où on peut se construire sa roadmap,
25:08où on peut se construire, encore une fois, je précise beaucoup là-dessus,
25:11mais un métier de management avec des parcours,
25:14voir grandir des gens, voir dans ses équipes,
25:16tu recrutes quelqu'un et puis deux ans après,
25:18quatre ans après, la personne prend du galon, etc.
25:20Je trouve que c'est vachement intéressant.
25:22Et puis, on apprend plein de choses.
25:26Je raconte souvent cette anecdote.
25:28Quand on était au début de Stuart,
25:31quand le CEO ne savait pas quoi répondre à un mail, il me l'envoyait en fait.
25:34Donc, quel que soit le mail, tu te retrouves à gérer des sujets,
25:37tu te dis mais pourquoi ça retombe sur moi ?
25:39Et je trouve que le financier va garder ça,
25:40parce qu'encore une fois, le basique,
25:43j'ai fait six mois chez EY et les basiques, tu les as.
25:47Tu sais lire un P&L, tu sais lire un bilan,
25:49tu sais à peu près comment ça marche.
25:50Évidemment, faire plus, ça te donne d'autres réflexes et d'autres lecteurs,
25:53mais les basiques sont là, ils vont de plus en plus s'automatiser,
25:58donc il va falloir aller chercher de la valeur ajoutée.
26:00Et je pense qu'il n'y a rien de plus sexy qu'un métier qui,
26:02année après année, gagne en valeur ajoutée.
26:05Ce sera un très joli mot de la fin, valeur ajoutée.
26:08On n'a même pas fait exprès, mais en tout cas,
26:11ça vient bien clôturer cette troisième et dernière émission
26:13dédiée au CFO Under 40, le dossier spécial 2024
26:17de Decider Corporate Finance, qui a réuni une vingtaine de DAF
26:20de moins de 40 ans qui, par leurs actions,
26:23nous ont tout simplement paru tout à fait pertinents
26:29pour rejoindre cette édition 2024.
26:31Merci infiniment Mounia, merci Nicolas, merci Jonathan.
26:34C'était un plaisir de vous recevoir en plateau.
26:36Vous regardez Be Smart For Change, la suite des programmes dans un instant.
26:40Sous-titrage Société Radio-Canada