SMART IMPACT - La consigne fait son retour

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10% d’emballages réemployés d'ici à 2027, c’est l’objectif donné par la loi anti-gaspi. Jean Hornain, le directeur général de Citeo nous explique qu’on en est encore loin. Afin de permettre d’y arriver, l’éco-organisme organise une opération qui sera lancée en mai 2025 : une centaine d’acteurs sont fédérés dans le nord et l’ouest de la France afin de généraliser la consigne et donc réduire l’utilisation d’emballages uniques.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Jean Hornin, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes le directeur général de Citeo.
00:11On va parler ensemble du retour de la consigne, de cet emballage, de cette ambition de refaire
00:18des emballages réutilisables, un usage massif pour nous.
00:22D'abord, rappelez-nous le rôle de Citeo, Eco-Organisme, comment vous fonctionnez ?
00:26Citeo, c'est une entreprise à but non lucratif qui a été créée par les entreprises de
00:31la grande consommation et de la distribution pour réduire l'impact environnemental de
00:34leurs emballages.
00:35Elles financent, elles payent 1,3 milliard chaque année pour qu'on puisse développer
00:41ce qu'on appelle l'éco-conception, la recyclabilité ou le réemploi, et puis collecter vos emballages
00:46dans le bac jaune.
00:47On paye les collectivités locales pour que tout ça aille dans un bac, dans un centre
00:51de tri et aille au recyclage.
00:53Le principe, c'est l'économie circulaire, c'est éviter de puiser dans les ressources naturelles.
00:57Ça existe depuis combien de temps, Citeo ?
00:58Depuis 30 ans.
00:5930 ans.
01:00Alors, il y a 30 ans, c'était peut-être un peu pionnier, j'en sais rien, mais aujourd'hui...
01:04Et puis surtout, dans l'évolution et la simplification peut-être de nos modes de tri, il y a du progrès quand même ?
01:11Par rapport à il y a 30 ans, oui, puisqu'on avait encore des décharges à ciel ouvert.
01:17Tout ça, finalement, partait dans des décharges.
01:19Aujourd'hui, on a quand même créé le geste de tri.
01:21On recycle 70% de nos emballages ménagers.
01:24Alors, on est très bon sur le verre, on est beaucoup moins bon sur le plastique, on a
01:28des progrès à faire.
01:29Mais le geste s'est installé, c'est le deuxième geste éco-citoyen, et c'est un système qui
01:36se déploie dans le monde entier.
01:37Et donc, vous lancez une opération pour généraliser les emballages réemployables, je le disais
01:44tout à l'heure.
01:45C'est le retour de la consigne ?
01:47Oui, en fait, c'est le fait qu'il faut à un moment donné réduire la production de
01:52nos déchets et que dans le domaine de l'emballage, qui est quand même une partie importante
01:56de nos déchets, on peut faire de l'usage multiple par rapport à l'usage unique.
02:01Donc, au lieu d'utiliser une seule fois un emballage, on va l'utiliser 10 fois ou 20
02:05fois avant, bien évidemment, dans le recyclé.
02:07Alors là, vous êtes venu avec un exemple.
02:09C'est quoi ? C'est une bouteille de verre ?
02:11Oui, en fait, c'est ce qu'on appelle un litre fraîcheur.
02:14Ce sont des standards.
02:16Donc, on essaie de restandardiser des emballages pour qu'on puisse y mettre celui-ci à la
02:20fois des jus de fruits ou de la soupe et qu'il puisse être utilisé par différents industriels.
02:24Et le principe, il est assez solide, il y a un petit marquage.
02:30Le principe, c'est que celui-ci, quand vous allez acheter votre produit, vous allez effectivement
02:36payer 20 ou 30 centimes de plus, c'est le montant de la consigne quand vous allez l'acheter
02:41et on vous rendra vos 20 ou 30 centimes quand vous le rapporterez au magasin.
02:45Et ensuite, il va partir dans un cycle de lavage pour pouvoir être réutilisé et revenir
02:52en magasin.
02:53Et donc, là, par rapport peut-être à la consigne de nos parents ou de nos grands-parents,
02:58c'est que là, vous avez fédéré une centaine d'acteurs et notamment, alors peut-être
03:03que parmi la centaine d'acteurs, il n'y a pas que des commerces, mais pas mal d'enseignes
03:08qui vont tout accepter ce modèle.
03:10C'est ce que je comprends bien.
03:11Oui, en fait, pour créer ce système-là, il faut créer ce qu'on appelle une filière.
03:15C'est-à-dire qu'il faut qu'un grand nombre de magasins référencent ce produit et le
03:19vendent, qui est en amont des entreprises qui disent « oui, je vais mettre mon jus
03:23de fruits ou ma soupe » et donc, éventuellement, modifier sa ligne de production.
03:28Ensuite, il faut des systèmes de logistique qui embarquent ça pour les emmener dans
03:34des laveuses, parce qu'il faut laver, faire la vaisselle en gros, et ensuite les renvoyer
03:39chez les industriels.
03:40Donc, c'est vrai, c'est toute une chaîne très complexe.
03:43Quelque chose de simple pour un consommateur, mais toute une chaîne complexe.
03:46Et donc, on met ça en place dans quatre grandes régions françaises à partir de l'année
03:50prochaine pour relancer ce mouvement du réemploi en France.
03:53Pays de la Loire, Bretagne, Normandie, Hauts-de-France, est-ce qu'il y a encore des partenaires
03:58à trouver ou à convaincre ?
03:59Il faut bien évidemment, parce qu'il faut que c'est un mouvement global.
04:03Donc, il nous faut des distributeurs, des grandes chaînes de magasins, mais ils sont
04:07globalement volontaires.
04:09On est en train de prendre ce pli du, finalement, on va continuer bien évidemment à recycler
04:15nos emballages.
04:16On aura toujours de l'emballage à usage unique, mais on peut de temps en temps peut-être
04:21faire réduire notre production de déchets.
04:24Après, il faut aussi qu'on ait des grandes marques d'industriels qui finalement vont
04:28mettre leur jus de fruits, leur soupe dans ce domaine-là.
04:30Il nous faut des industriels du lavage, il faut des industriels de la logistique.
04:34Et après, surtout, il faut qu'il y ait des gens qui viennent dans les magasins et qui
04:38se disent « ah ben, je vais prendre celui-ci plutôt qu'une autre qui sera emballage à
04:42usage unique ».
04:43Avec parfois, sortir les 20 ou 30 centimes de plus pour acheter le produit par rapport
04:49à un autre, ça peut être un frein.
04:51Oui, et puis nos vies ont changé, on n'est plus, il y a 20 ou 30 ans, les gens travaillent.
04:57Oui, moi je n'imagine pas me trimballer mes 10 bouteilles de verre en allant au bureau
05:02le matin.
05:03Il peut y avoir des systèmes de livraison à domicile, il y en a, avec des jeunes entreprises,
05:08le fourgon, la tournée, qui font ça, mais c'est vrai que c'est quand même un changement.
05:11Mais au global, si on veut réduire notre impact environnemental, on sait qu'on doit
05:16changer.
05:17Le changement n'est pas facile, il faut essayer de rendre cette expérience la plus désirable
05:22et la plus compétitive en matière de prix, parce que vous avez raison, il y a un enjeu
05:26de prix.
05:27Or, dans des contextes aujourd'hui d'inflation, il faut que ce soit compétitif par rapport
05:30à la même chose en usage unique.
05:32C'est tout le challenge qu'on a dans les années qui viennent.
05:34Je vais rappeler l'objectif donné par la loi AGEC, la loi anti-gaspi pour une économie
05:40circulaire, 10% d'emballages réemployés d'ici 2027.
05:43On en est loin, très loin aujourd'hui.
05:46Oui, on en est loin.
05:47Dans l'emballage ménager, on est à peu près à 1,5%.
05:49C'est un objectif qui est ambitieux.
05:54Atteignable ?
05:56Oui, il est atteignable.
05:59Dès lors que l'ensemble des acteurs, en fait c'est le principe de Citeo, c'est l'ensemble
06:05des entreprises de la grande consommation et de la distribution qui se mettent ensemble
06:08pour trouver des solutions.
06:10Elles ont réussi à le faire dans le domaine du recyclage, où finalement on arrive aujourd'hui
06:14sur toute la France à collecter, trier, recycler la majeure partie des emballages.
06:18Il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas dans le domaine du réemploi.
06:21Ça c'est un exemple, il y en a d'autres ? Vous travaillez sur d'autres emballages ?
06:26Oui, vous allez avoir la bière, 75cl, 33cl, vous allez avoir des pots dans lesquels vous
06:32allez pouvoir mettre du fromage blanc ou des légumes et il y aura comme ça à terme
06:36sans doute une trentaine de références, de standards qui vont être mis sur le marché.
06:41Il va falloir quelques années, ça ne va pas se produire immédiatement puisqu'on
06:45a mis 30 ans à créer la filière de recyclage.
06:47On mettra du temps mais je pense qu'on y arrivera.
06:49Quel gain en termes environnemental ? Est-ce que vous l'avez modélisé ?
06:55Ou est-ce que c'est trop tôt pour répondre à cette question ?
06:58Non, on peut le modéliser, après il y a des conditions de nombre de rotations.
07:03Si elle fait juste une rotation et qu'on la met dans le bac de tri, ça ne vaut pas le coup.
07:10Donc il faut qu'elle fasse au moins 5-10 rotations en général, même jusqu'à 20.
07:15Et puis l'autre condition, c'est qu'elle ne fasse pas trop de kilomètres.
07:17C'est du verre, c'est lourd.
07:19Si vous mettez des camions qui font 1000km avec des emballages dedans, ce n'est pas bon.
07:22Donc il faut qu'il y ait un maillage de laveurs et d'industriels qui puissent l'utiliser
07:28pour différents produits.
07:30C'est tout le principe d'avoir des standards.
07:33Vous pouvez les réutiliser plus proches mais pour un produit qui sera différent
07:36de façon à réduire l'impact environnemental.
07:38Oui, c'est pour ça que vous le testez d'abord dans 4 régions avant de le diffuser.
07:43Je disais qu'en octobre, on est dans un appel à manifestation d'intérêt auprès des opérateurs
07:49pour identifier et sélectionner le gestionnaire unique chargé d'opérer la boucle de réemploi
07:54dans le périmètre de la phase d'activation.
07:56J'adore les termes employés pour les appels.
07:58Mais c'est exactement ce dont on parle, c'est-à-dire trouver région par région
08:03ceux qui vont permettre que l'on soit dans un cycle relativement court, c'est ça ?
08:06Oui, c'est ça.
08:06Il nous faut déjà un grand nombre de magasins.
08:09On a déjà 1200 magasins qui nous ont dit qu'ils étaient volontaires.
08:13Alors volontaire, il faut installer des machines de déconsignation
08:16ou alors avec la petite douchette pour arriver à déconsigner la bouchette.
08:19Donc, il faut un certain nombre de magasins.
08:21Après, il faut qu'on ait un opérateur qui puisse opérer toute la logistique,
08:26le lavage, le retour, avoir suffisamment de stock.
08:30Parce que si vous ne la rapportez pas tout de suite, il faut quand même continuer à pouvoir vendre des produits.
08:34Et donc, c'est tout cet enjeu logistique auquel il faut répondre.
08:39Et c'est tout l'enjeu de ce qu'on est en train d'accomplir dans ces 4 régions.
08:43Et le but, c'est d'essayer de commencer à créer quelque chose à l'échelle.
08:47Parce que du réemploi, vous avez beaucoup d'expérimentations aujourd'hui de réemploi ici ou là.
08:50Mais en fait, ce qu'on veut, c'est que la France passe au réemploi.
08:54Et donc, on démarre avec ces 4 grandes régions.
08:56Ça fait quand même 16 millions d'habitants.
08:58De façon à pouvoir tester, faire les premières erreurs aussi
09:02et corriger tout ça pour déployer à l'échelle du territoire.
09:05Date officielle du démarrage, c'est pour quand ?
09:07Ce sera avant l'été.
09:08Ce sera mai-juin 2025.
09:11Donc, vous aurez ce premier litre fraîcheur dans les rayons.
09:14Super, on se revoit dans un an pour faire le premier bilan.
09:16Avec plaisir.
09:17Merci beaucoup Jean Ornin et à bientôt sur Be Smart For Change.
09:21On passe au débat de cette émission, la réparabilité en question.

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