LE JOUR OÙ - LE JOUR OÙ, 1er partie du 15 octobre 2024

  • il y a 13 heures
Mardi 15 octobre 2024, LE JOUR OÙ reçoit Fanny Letier (cofondatrice, GENEO capital entrepreneur)

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00:00Bonjour, ravie d'être avec vous sur Fortchange dans le jour où. Dans cette émission, nous
00:22allons décrypter les décisions qu'ont prises les grands de ce monde pour permettre
00:25à leur vision d'aboutir. Nous sommes avec Fanny Laettier. Bonjour Fanny.
00:30Bonjour. Et merci d'avoir accepté notre invitation
00:32dans le jour où. Avec plaisir.
00:34Fanny, vous êtes une ancienne élève de l'ENA, vous avez suivi un parcours public-privé,
00:39vous êtes convaincue que le capital humain est la clé d'une croissance réussie et
00:43durable. Fanny, quelle a été la plus grande décision professionnelle que vous ayez prise?
00:48La plus grande décision que j'ai prise, je l'ai prise le 1er mars 2019 en créant
00:55ma société, Généo Capital Entrepreneur, avec un associé, François Rivolier. Ça
01:01veut dire que je quittais la sphère publique pour devenir entrepreneur dans la finance
01:07et mettre à disposition des PME, des ETI de croissance, une finance positive qu'on
01:13appelle le capital entrepreneur et qui doit permettre, je l'espère, de fabriquer des
01:17champions européens. Vous étiez où quand vous avez pris cette
01:20décision? Alors à plusieurs endroits. Cette décision,
01:27elle a commencé à mûrir dans un restaurant au fil d'une discussion avec François Rivolier
01:34où moi je dirigeais les fonds de BPI France et puis lui dirigeait les fonds de Société
01:40Générale et on échangeait sur vraiment les besoins des entreprises, ces entreprises
01:46qui ont des superbes projets d'innovation, d'internationalisation, mais qui parfois
01:50ont peur d'ouvrir leur capital à un fonds d'investissement. Et dans ce restaurant,
01:56je vois encore François qui me dit « mais et si on le faisait ? » et je lui dis « mais
02:00comment ça ? » et il me dit « ben, on n'a qu'à créer une boîte ». Et là,
02:03je le prends pour un fou et je me dis « pourquoi je démissionnerais de BPI France où j'étais
02:09à l'époque pour faire ça ? ». Et puis cette année-là, en fait, je courais le marathon
02:13de New York. Et donc, en fait, le vrai lieu, c'est le 35e kilomètre du marathon de New
02:20York où en fait, je rentre dans le dur comme disent les runners. C'était mon premier
02:25marathon. Je n'avais jamais couru de marathon. Je ne savais pas si j'irais au bout du marathon
02:30et j'ai effectivement les muscles qui se raidissent. Et là, il y a un Américain sur
02:37le côté de la route qui lève un panneau et qui écrit « it's the last damn bridge
02:41». Et là, je me dis « c'est un signe, je vais sauter le pas et je vais effectivement
02:46créer ma boîte. Il n'y a plus aucun obstacle à ce que je crée ma boîte ». Et donc,
02:51je finis le marathon. Je rappelle François et je lui dis « allez, on y va ».
02:55Donc, on va parler un peu de votre carrière. Vous avez démarré au sein du Trésor dans
02:59des fonctions de réglementation financière. Comment se sont déroulées déjà vos dix
03:02premières années ? Alors, mes dix premières années, très heureuses,
03:06très stimulantes. J'ai eu cette chance, il faut voir, de savoir assez tôt ce que
03:12je voulais. Assez tôt, je me suis dit « moi, je suis née dans le Nord. Ce que je veux,
03:17c'est contribuer à la création d'emplois ». Il y avait trop de gens au chômage dans
03:20ma région, j'en ai trop vu les conséquences. Et du coup, très vite, je me suis dit « il
03:25faut créer de l'emploi et pour créer de l'emploi, il faut faire grandir les entreprises
03:28». Donc, j'ai fait Science Poléna assez vite.
03:31Vous avez intégré le monde du travail, vous étiez toute jeune.
03:35J'étais à 21 ans. À 21 ans, effectivement, je rentre à l'ENA et deux ans après, je
03:42rejoins la direction du Trésor du ministère des Finances au service du financement de
03:50l'économie. Une toute petite direction à l'époque, 80 personnes.
03:55Et est-ce qu'on vous fait confiance ? Parce que quand on voit une jeune fille de 23 ans
03:59arriver comme ça à la direction d'un gros palbeau, comment ça se passe ?
04:06Il y a l'interne et l'externe. En interne, énormément de chance. J'ai toujours eu
04:13des patrons, des managers hommes et femmes qui étaient favorables à la parité, favorables
04:19à la promotion des femmes. La direction du Trésor a essaimé énormément de femmes
04:24dirigeantes dans la finance aujourd'hui. Et puis, très, très soutenant sur le fait
04:29que l'âge n'est pas un problème et que c'est le travail qui compte et l'implication.
04:34Donc, assez vite, la capacité à donner beaucoup de responsabilités à des gens quand même
04:39assez jeunes. En externe, c'est beaucoup plus difficile
04:43parce que vous vous retrouvez au conseil d'État à avoir écrit des textes réglementaires
04:50et puis on dit « mais qui est la personne qui représente l'État ? » et vous dites
04:53« c'est moi ». Et alors, vous avez des anecdotes ? Il y
04:56a eu des réflexions ? Vous avez vu des regards ?
04:59L'anecdote, c'est avec les assureurs quand même puisque j'ai commencé au bureau de
05:04la réglementation des entreprises d'assurance. Et déjà, un de mes projets, c'était comment
05:09orienter davantage l'assurance vie vers les PME et brancher les tuyaux.
05:15Et effectivement, même chose, je rentre dans la salle et puis le monsieur me dit
05:21« mais qui préside la réunion aujourd'hui ? » Et en réalité, il pensait que j'étais
05:26l'assistante qui était là pour proposer les cafés alors que j'étais la présidente
05:31de la réunion. Et comment on s'impose dans ce cas-là ?
05:33Progressivement. Avec la douceur, avec une main de maître.
05:38D'abord l'humour, la douceur, on ne se braque pas.
05:42Non, surtout pas. On comprend. C'est possible effectivement
05:46que ça surprenne. Et puis effectivement, je pense que comme toujours, les gens croient
05:52que ce qu'ils voient, donc les résultats, c'est le travail, la qualité du travail
05:57qu'on fournit, la qualité de l'écoute, la qualité relationnelle qu'on est capable
06:01d'établir. Et finalement, et dans le temps, ils trouvaient que cette petite jeune finalement
06:05ce n'était pas si mal de bosser avec elle. Donc, 10 ans.
06:09Donc, 10 ans, oui, à la direction du Trésor, où j'ai eu vraiment l'occasion de faire
06:15le tour des problématiques de financement de l'économie parce qu'il y a un service
06:18dédié. Donc, réglementation des banques, des assurances, des marchés financiers, des
06:23fonds d'investissement à Paris et à Bruxelles. Un grand moment. C'est la présidence française
06:30de l'Union européenne en 2018 avec Christine Lagarde.
06:36Et la grande rencontre pour vous. Vous êtes nommée à 29 ans par Christine Lagarde, secrétaire
06:42générale du CIRI. Dans cette période, on parle de 240 entreprises restructurées à
06:46peu près. Qu'est-ce que vous a apporté ce poste ?
06:49Le CIRI, c'est arrivé après. C'est-à-dire que la présidence française, c'est juillet
06:552008. En août 2008, on a la chute de Lehman Brothers. Et derrière s'enchaîne toute
07:00la crise économique. Et donc, pendant six mois, derrière Christine Lagarde, l'équipe
07:05de France essaie de sauver des boîtes en difficulté, de sauver des pays qui étaient
07:12en difficulté sous plan FMI, de sauver des banques, notamment en Écosse, qui étaient
07:19en difficulté, en Allemagne aussi, et des fonds monétaires. Et puis, la présidence
07:24finit. C'est vrai qu'un peu au culot, je lui dis « mais moi, j'ai envie de continuer
07:27l'action, mais en France et sur le terrain, auprès des entreprises ». Et elle prend
07:32cette décision, qui est probablement un des premiers tournants de ma vie, de me nommer
07:38au CIRI. Et là, en fait, c'est ma vraie école. On peut dire j'ai fait l'ENA, j'ai
07:42fait Sciences Po, etc. Ce que j'ai appris, tout ce que j'ai appris, tout ce qui me
07:48sert aujourd'hui, je l'ai appris à partir de ce moment-là, c'est-à-dire à côté
07:53des entrepreneurs. C'est le seul endroit à Bercy. On ne discute pas uniquement avec
07:58des fédérations, mais on est sur des sujets d'entreprise et on est sur la matière
08:04vivante de l'entreprise. Il y a une crise et à côté de l'entrepreneur, on essaye
08:09de trouver des solutions pragmatiques de négociation avec ses banques, ses actionnaires, ses clients,
08:15ses fournisseurs. Mais ça suppose de descendre dans la compréhension de l'entreprise.
08:19Pourquoi elle en est arrivée là ? D'où elle vient la crise ? Et comment on va concrètement
08:24et opérationnellement construire un plan de rebond qui ait la confiance des financeurs.
08:30Et on s'aperçoit que les sujets sont très opérationnels, mais aussi profondément humains.
08:34Très bien. Pour faire ce métier de secrétaire générale du CIRI, est-ce que vous allez
08:43directement dans les entreprises ou est-ce que votre poste se joue à Bercy, uniquement
08:48à Bercy ?
08:49C'est le théâtre de Bercy.
08:51C'est le théâtre de Bercy.
08:52On appelle ça comme ça. C'est-à-dire que le CIRI, ça suppose une démarche volontaire
08:58d'un entrepreneur qui dit « là, je suis un peu arrivé au bout et si je veux éviter
09:02le tribunal de commerce, je vais me faire aider par un administrateur judiciaire et
09:07je vais me mettre sous la médiation du CIRI ». Et effectivement, toutes les parties prenantes,
09:15on citait les clients, les fournisseurs, mais il faut aussi rendre compte aux salariés,
09:19les rassurés, les impliqués, les banques, les actionnaires, sont convoqués à Bercy
09:25pour des réunions où on se met autour de la table.
09:28Et c'est quel type d'entreprise, par exemple ?
09:30J'ai eu, rendez-vous compte, 2009, c'est la déflagration quand même. Donc, tous les
09:38secteurs rentrent dans le dur et jusqu'à 2012.
09:41Mais c'est des grosses entreprises, c'est que des grosses entreprises.
09:44Alors, c'est à partir de…
09:45Quelle taille ?
09:46Ça, c'est un sujet. C'est à partir de 400 salariés. Donc, il y a eu les dossiers
09:52qui sont sortis publiquement. C'était l'entreprise Latécoère, l'entreprise Entremont, le groupe
09:58Ersan. Ça, ce sont de très grosses entreprises. Il y a eu beaucoup d'ETI également dans
10:04des secteurs de l'agroalimentaire, dans le secteur de la presse. Mais après, vous
10:10avez aussi juste des problèmes d'entreprises sous LBO qui s'étaient sur-endettées,
10:17de dirigeants qui, à 80, 90 ans, n'avaient pas anticipé leur transmission, de disruptions
10:23technologiques, d'accidents d'usines qui font que ça peut arriver à n'importe qui.
10:29La crise, ça fait partie de la vie de l'entrepreneur. Et il faut savoir rebondir. Et la preuve
10:35est que 90 % d'entre elles ont rebondi aujourd'hui.
10:37On va faire un parallèle avec aujourd'hui parce qu'aujourd'hui, on rentre quand même
10:40dans une crise. Est-ce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui ont justement besoin de
10:44ces rebonds ?
10:45Aujourd'hui, il y a beaucoup d'entreprises qui viennent de s'avaler une succession de
10:50crises uniques entre la crise Covid, les crises géopolitiques, la montée du prix de l'énergie,
11:00des matières premières, l'inflation, maintenant la hausse des taux. C'est vrai qu'on peut
11:07être agile, on peut être effectivement très bon à construire des plans de compétitivité,
11:14à serrer un peu les boulons de partout. Les gens sont fatigués. Et donc aujourd'hui,
11:19la question, c'est comment on prend du recul sur son entreprise pour peut-être reprojeter
11:24la même entreprise autrement dans le monde de demain. Parce que finalement, les ajustements
11:30à la marge pour tenir bon et passer la crise, ça ne suffit plus. Et donc, remettre du souffle,
11:37remettre de l'innovation, remettre de l'envie dans les projets de croissance, ça c'est
11:41vraiment ce qui me paraît aujourd'hui nécessaire si la France veut repartir de l'avant et
11:47ne pas se laisser engluer par les problèmes.
11:49D'accord. Dès 2012, vous intégrez pendant 5 ans BPI France. Vous êtes en charge des
11:53équipes d'investissement direct PME et ETI. Ça correspond à un portefeuille d'environ
11:581,5 milliard d'euros. Combien d'entreprises ont été aidées et soutenues durant cette période ?
12:04BPI France, c'est une invention formidable quand même, qui soutient aujourd'hui directement
12:12à peu près 50 000 entreprises et indirectement, à travers la garantie des banques, à peu
12:17près 200 000. Donc, c'est un observatoire de l'économie extraordinaire. Moi sur mes
12:24deux métiers, les fonds d'investissement, c'est quand même extrêmement significatif
12:29puisqu'en 6 ans, entre 2013 et 2018, on a fait 400 investissements en région sur des
12:37secteurs prioritaires ou sur des pépites régionales, des PME qui avaient la capacité
12:42à devenir des ETI. Et ça, c'est une immense fierté parce que 400 investissements quand
12:49on sait qu'il n'y a que 5 000 ETI, c'est significatif.
12:54Ensuite, sur mon autre métier, j'ai créé les accélérateurs PME, les accélérateurs
13:02ETI. En quoi ça consistait exactement déjà ?
13:05L'idée, c'était de dire que ce que j'ai appris au Ciri, c'est que ce qui peut amener
13:10une boîte dans le mur, ce n'est pas tellement le manque de carburant dans le moteur parce
13:14que pour les bons projets, il y a toujours des financiers. C'est en réalité le capital
13:19humain. On parlait des problématiques de transmission, de gouvernance, de dialogue
13:23social, de compétence, de capacité du chef d'entreprise à déléguer, à s'entourer,
13:30d'attirer les talents. Ça, c'est les vrais sujets.
13:32Et je me suis dit comment on aide là-dessus ? On peut monter des exécutives MBA pour
13:39les entrepreneurs et pour leur comité de direction. Et s'il n'y en a pas, pour
13:44les 4-5 personnes clés qui vont devenir le comité de direction, du conseil injecté
13:49massivement du conseil dans les PME, ça avec Nicolas Dufour qu'on était très convaincus
13:55que c'est un monde qui ne se parle pas, le monde des PME et le monde du conseil.
13:59Ce qui est très dommage. Et ce qui est très dommage parce qu'on
14:03va voir, mais ça fait vraiment une différence. Il faut juste savoir organiser le matching.
14:07Et puis ensuite, la gouvernance parce qu'effectivement, pour se projeter, doubler, tripler de taille,
14:14à un moment donné, il faut savoir aussi se réorganiser et s'entourer de regard
14:20externe pour aller plus loin. Ces programmes accélérateurs, au départ
14:24une petite expérimentation en 2015, un programme de 2 ans avec 60 boîtes. Ces 60 boîtes ont
14:32fait 25% de croissance en 2 ans. Et là, on s'est dit avec Nicolas, franchement,
14:37il y a un truc à faire. On a massifié. Quand je suis partie, il y avait 700 entreprises
14:43qui étaient passées dans ces accélérateurs et qui avaient toutes répliquées le même
14:47niveau de performance. Et je crois qu'aujourd'hui, parce que ça continue et ça continue très
14:51bien, les équipes sont à 1 500 entreprises accompagnées.
14:55C'est beau. Vous avez cette force incroyable, celle d'avoir des convictions et de savoir
14:59demander aux bonnes personnes pour atteindre vos objectifs, les fonctions que vous vouliez
15:03dans votre carrière. Alors déjà, comment on a ce courage ?
15:07Alors déjà, moi, j'ai une grand-mère qui tenait le café du village.
15:11Ah, ça, c'est génial. Et derrière le comptoir, elle m'a quand
15:16même donné beaucoup de conseils de bon sens. Il y a une phrase que je cite souvent où
15:21elle me dit « tu sais ma fille, tant que tu n'as pas essayé, tu ne sais pas ». C'est
15:25sûr que si on n'essaye pas, on n'ira pas très loin.
15:28Et vous viviez dans le nord, vous étiez dans un petit village, donc votre grand-mère
15:31tenait le petit café du village et vous faites Sciences Po et Sciences Po Paris.
15:37Héléna, comment on arrive à avoir un parcours aussi exemplaire, un parcours éducatif exemplaire
15:42quand on vient d'une petite école, quand on vient d'un petit collège justement en
15:47province ? Comment ça se passe ? Comment on s'en sort ? Vous étiez un petit génie ?
15:52Ma grand-mère avait décidé que ses filles auraient la sécurité de l'emploi, donc
15:58ma mère et ma marraine sont toutes les deux institutrices. Je fais partie de la statistique
16:04de soit tu es dans la reproduction sociale, soit tu es fille d'enseignant. Je suis fille
16:08d'enseignant, je confesse, et enseignant de primaire. Ce n'est pas tellement qu'elles
16:15m'ont suivie sur les très hautes études, mais c'est que j'ai appris à étudier,
16:21j'ai appris à apprendre. Je pense que j'ai toujours été curieuse d'aller rechercher
16:27de l'information et de me structurer pour atteindre mes objectifs, qu'ils soient scolaires
16:33ou professionnels. C'est toute une démarche, un coaching que j'ai eu très jeune.
16:39Ça, c'est votre période publique de votre vie professionnelle, qui va être encore riche
16:45j'imagine. Qu'est-ce que vous pourriez nous raconter justement sur toute cette période
16:50de votre vie ? Quelles ont été les choses les plus incroyables que vous ayez vécues
16:54justement dans le public ? Dans le secteur public, il y en a beaucoup,
17:00mais c'est sûr que la chute de Lehman Brothers, quand vous êtes le 1er juillet 2008, s'ouvre
17:08la présidence française, et on avait vraiment des plans très structurants, très long terme.
17:14Vous ne le voyiez pas venir ? Non, pas du tout. Si, il y avait cette agitation
17:18sur les subprimes, mais c'est vrai que tout l'enchaînement qu'il y a eu derrière
17:23a fait qu'on a posé le stylo, le joli plan qu'on avait construit, on l'a laissé
17:28de côté, et puis on a fait les pompiers. Ça, c'est très clairement un moment fort.
17:35Un deuxième moment fort, c'est au Syrie, un dirigeant d'entreprise qui franchit
17:43la porte de mon bureau et qui s'effondre en larmes dans mes bras en me disant « je
17:47n'y arrive plus, vous allez prendre les clés parce que moi, je ne suis plus l'homme
17:51de la situation, je suis un problème pour mon entreprise, il faut trouver quelqu'un
17:55d'autre ». Et j'ai dû lui expliquer qu'en fait, non, je n'allais pas diriger
17:59son entreprise, ce n'était pas exactement ma mission, et qu'on allait trouver des
18:04solutions. Je suis très contente parce qu'on n'a mis finalement que 4 mois à sortir
18:09son dossier. On l'a très bien sorti et aujourd'hui, l'entreprise, c'est une
18:13très jolie entreprise de croissance. Et il est encore là, c'est sûr ?
18:16Il est encore là, c'est sûr. C'est une belle réussite.
18:19Très bien. Vous décidez de changer de cap en créant Généo Capital Entrepreneur
18:23avec François Rivolier. C'est une société d'investissement et d'accompagnement
18:27pour les PME et les UTI dans leur projet de développement au long terme. En quoi Généo
18:32Capital Entrepreneur est-elle différente des autres sociétés de capital investisseur ?
18:36Alors, tout est différent.
18:37Ah, ça, c'est une bonne nouvelle.
18:39C'est pour ça qu'il fallait créer une entreprise parce que beaucoup de gens me
18:42disent « mais pourquoi tu ne l'as pas fait chez BPI France ? Pourquoi François
18:45ne l'a pas fait chez Société Générale ? ». En fait, quand vous avez identifié
18:49un problème à résoudre, à un moment donné, il n'y a que l'entrepreneuriat pour partir
18:54d'une page blanche et faire quelque chose de pur.
18:56Donc, c'est quoi la différence ? C'est d'abord que ce n'est pas un métier précis
19:00mais c'est un ensemble de solutions pour la croissance des PME et UTI. Donc, le capital
19:05entrepreneur, c'est trois choses. C'est du capital du fonds propre parce que c'est
19:12ce qui permet effectivement d'accélérer. Deux, du conseil mais pas séparément dans
19:18la même équipe. Et trois, un réseau business puisque nos financeurs sont très largement
19:23des familiers office et des entrepreneurs. Pour faire tout ça, on a choisi de ne pas
19:28être un fonds d'investissement mais une société d'investissement. Et ça, ça
19:33change énormément de choses. C'est de dire au lieu de raisonner sur des phases
19:37de 5 ans qui obligent en fait au bout de 3 ans à arrêter les investissements parce
19:42que finalement, il faut préparer la sortie et optimiser la sortie. Eh bien, on va créer
19:47une société d'investissement qui a 99 ans de durée de vie renouvelable. Comme ça,
19:53le temps n'est pas un problème et comme ça, on libère les énergies mais surtout
19:57l'agilité parce que si vous avez votre concurrente toujours qui est avant de la quatrième année,
20:02on ne va pas dire « je suis désolée, il fallait que ce soit l'année 2, l'année
20:053, l'année 4, ce n'est pas la bonne année ». Et donc en fait, on va pouvoir
20:08être extrêmement réactif et attirer comme ça les plus ambitieux.
20:12Et on vous a suivi quand vous avez 99 ans, c'est long. C'est long. Les entreprises
20:17vous ont suivi, vous ont dit « ça paraît naturel finalement ».
20:21Alors, il y a deux problématiques. Moi, j'ai deux clients. Les sociétés dans lesquelles
20:27j'investis, ça leur ferait peur que je leur dise « je suis là pour 99 ans ». Non,
20:32c'est qu'on fait du surveillement. On se met d'accord sur un horizon de temps
20:36que l'on va contractualiser et on s'adapte au cycle naturel de l'entreprise qui est
20:42en général celui de son plan stratégique. Donc ça, c'est très clair. Ça permet
20:47juste de dire « le temps n'est pas un problème, mettons-nous d'accord sur le
20:51bon horizon de temps ». Et si ça change au cours de vie de l'entreprise, parce
20:55que justement, on double de taille, on fait une acquisition, on va en Chine, on pourra
20:59rallonger aussi. Une entreprise est vivante quelque part.
21:02Voilà. Une entreprise est vivante et donc, on est sur un cycle glissant de rallonger
21:07petit à petit si c'est nécessaire. Et puis, pour mes financeurs aussi, évidemment,
21:12je ne vais pas leur dire que leur épargne est tanquée pendant 99 ans. Sinon, je n'aurais
21:17pas beaucoup de financeurs. Donc, on leur dit « nous, la finance positive, c'est
21:23notre mission, c'est de concilier performance et sens. On pense que parce qu'on va attirer
21:28les meilleurs, on va être performants, mais on veut aussi donner du sens à l'investissement.
21:32» Et donc, moi, ce que je leur dis, c'est « tant que je suis bonne, restez et moi,
21:37je vous verse un modèle de rente, en fait, de dividende. Et puis, si vous avez besoin
21:42de sortir, comme toute entreprise, en fait, je réduis le capital et je vous sors. »
21:47Très bien. Vous n'auriez pas créé Généo Capital Investissement seul. C'est une
21:51décision que vous n'auriez jamais faite seule. Pourquoi ?
21:53Ça faisait déjà beaucoup quand même de démissionner de la fonction publique.
21:57Oui, c'est vrai. Effectivement. De devenir entrepreneur. Le « tu seras fonctionnaire
22:03ma fille ». D'ailleurs, votre maman, elle n'a pas eu peur ?
22:08Les gens ont tous cru que je faisais ma crise de la quarantaine. J'avais 40 ans.
22:14Ah, c'est vrai ? Oui, mais moi, je leur ai dit non, non.
22:18Vous avez pris pour une folle ou pas ? Un peu. Parce que vous savez, dans ce monde-là,
22:22les gens vous pensent plutôt dans des grands groupes, à des grandes responsabilités,
22:29etc. Et moi, mon truc, c'est les PME, l'emploi et maintenant l'entrepreneuriat. Donc,
22:34effectivement, ça détonne. Mais bon, 5 ans après, je ne regrette pas.
22:38Et effectivement, il fallait que je m'associe d'abord avec quelqu'un qui avait un parcours
22:46complètement complémentaire du mien puisque purement financier, banque et private equity,
22:53très expérimenté, 20 ans de track record. Et effectivement, des qualités relationnelles
23:01et décisionnelles très complémentaires. Je trouve que briser la solitude de l'entrepreneur,
23:07c'est très important. Ça peut se faire de plein de manières, par le mentoring,
23:11par la gouvernance. Pour moi, c'était plutôt l'association.
23:15C'est vrai que Néo a une raison d'être, mettre à disposition de l'économie une
23:18réelle, une finance positive. Alors, comment on atteint un objectif comme celui-là ?
23:23Alors, de 4 manières. On a déjà nos 4 promesses monitorées, je le dis, par notre
23:31comité de mission et sur lequel on va aussi se faire auditer en externe, comme toutes
23:36les sociétés à mission. Eh bien, c'est 4 choses. C'est apporter de la sérénité,
23:41on en a parlé, par la maîtrise du temps. Et se dire, on ne va pas rajouter un objet
23:46de stress qui est de dire, je dois sortir là maintenant. Le deuxième, c'est d'apporter
23:51du capital humain avec une méthode, on pourra y revenir si vous souhaitez, le carnet de
23:56croissance, mais beaucoup d'injections de compétences dans les entreprises dans lesquelles
24:01on investit. Le troisième pilier, c'est de viser un impact positif, c'est-à-dire
24:08de dire, écoutez, tout le monde n'est pas société à impact, mais tout le monde
24:12peut innover dans ses produits, dans ses services, dans ses procédés pour demain répondre
24:17de mieux en mieux aux enjeux sociétaux et on a un accompagnement spécialisé là-dessus.
24:22Et le quatrième, c'est le partage de la valeur. Alors là, on parle de sous, c'est
24:28dans mon milieu un sujet tabou qu'on a voulu mettre sur la table en disant, vous
24:33savez quoi, les fonds d'investissement, ils gagnent pas mal d'argent et donc, il
24:37faut qu'ils en rendent et donc, nous, on donne un tiers de la rémunération variable
24:42de l'équipe, soit 7% de la création de valeur totale du fonds, un fonds de dotation
24:49pour rendre à la société ce qu'elle a permis de créer parce qu'on rend aux salariés
24:55à travers l'actionnariat salarié, on rend aux dirigeants à travers son management
25:00package, on a effectivement ceux qui nous ont confié les fonds que l'on rémunère
25:05pour leur épargne, mais on oublie souvent les territoires. Et moi, je tiens à dire
25:10que les territoires sont une partie essentielle de la création de valeur. C'est pour ça
25:14que la Banque des Territoires a investi chez nous à côté des familles et donc, on rend
25:197% de la création de valeur pour créer de l'emploi dans les territoires défavorisés
25:25ou réinsérer les jeunes défavorisés dans l'emploi.
25:28Très bien. Généo Capital, en chiffre, ça donne quoi ? Vous êtes combien aujourd'hui ?
25:32Alors, on gère à peu près 600 millions d'euros dédiés entièrement aux PME et
25:38aux ETI. Vous gérez combien de boîtes ?
25:41On a investi dans 27 entreprises qui ont elles-mêmes fait 52 acquisitions, dont 26 à l'international.
25:50Donc vous voyez, on fabrique vraiment des champions européens, des champions internationaux.
25:55Pour faire ça, on est 25 personnes, on recrute tous les jours.
26:00J'imagine.
26:01Et on a mis un point très cher à mon cœur, la parité au cœur de nos règles de recrutement.
26:10Donc, on se fixe un objectif de 50-50 que l'on atteint aujourd'hui globalement.
26:16Alors, on est en bon nombre impair, mais on est 54% de femmes et on tient aux 50-50.
26:22On allait venir justement parce que vous avez un parcours professionnel très riche
26:25dans les secteurs privés et publics. Mais actuellement, quelle est la place des femmes
26:29dans les entreprises de la finance ou dans les institutions dans lesquelles vous avez travaillé ?
26:35Alors, elle est très insuffisante.
26:37Eh oui, on est bien d'accord.
26:38Alors, il y a un endroit où elles sont très bien représentées grâce à la direction du Trésor
26:43qui a fait ce travail d'essaimage, c'est la sphère publique.
26:47Donc, la présidente de l'Autorité des marchés financiers, Marianne Barbayani,
26:51la patronne d'Euronext, Delphine Damarzy, la présidente de la Fédération bancaire française,
26:57Maya Atig, la présidente de la Fédération française de l'assurance, Florence Lussman,
27:03sont toutes issues de Bercy.
27:05Donc, de ce côté-là, il y a des talents féminins bien aidés par les directeurs du Trésor
27:11qui ont été à la manœuvre pour les faire ressortir.
27:14En revanche, c'est vrai qu'au niveau de l'entrepreneuriat, on a un sujet,
27:18seulement 11% de femmes entrepreneurs.
27:21C'est trop peu.
27:22C'est trop peu et en plus, elles ne lèvent pas de fonds pour la croissance.
27:26Donc, elles ne sont pas assez ambitieuses.
27:28Ou elles lèvent deux fois moins qu'un homme, c'est ça ?
27:30C'est ça. En moyenne, quand elles se lancent dans une levée de fonds, ce qui est trop rare,
27:34elles demandent deux fois moins que les hommes.
27:37Mais pourquoi ?
27:38Parce qu'il y a ce rapport au risque, cette mise en déséquilibre,
27:43et puis aussi ce fait de dire qu'on ne va pas surpromettre.
27:46On va rester, on va finalement projeter uniquement ce qu'on est sûr de réaliser.
27:54Alors qu'un investisseur, il a besoin d'avoir la vision complète, la vraie vision,
27:59le vrai business plan, celui qui est dans la tête et dans les cœurs.
28:03Parce qu'on peut accompagner ça.
28:06Et donc, ensemble, on peut aller plus loin et plus fort.
28:10Vous avez eu la chance d'avoir des mentors incroyables tout au long de votre parcours.
28:13Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
28:15Parce que vous avez quand même été aidée par des personnes assez incroyables.
28:18J'ai cité quatre personnes.
28:20Déjà.
28:22Avec qui vous avez travaillé à Bercy, j'imagine, déjà.
28:25C'est vos copines, quelque part.
28:27Alors, copines, je ne dirais pas ça.
28:30Mais inspirantes, oui, très certainement.
28:32En particulier, Marianne Barbelayani, que j'avais interrogée à la sortie de l'ENA
28:36en me disant, mais vous êtes sûre qu'on peut faire des bébés au Trésor ?
28:38Parce que moi, j'ai quand même envie d'enfants.
28:40Et qui m'a dit, écoute, moi, j'en ai.
28:42Et tout va bien pour moi.
28:44Effectivement, ça m'a pas mal libérée.
28:47Et mes mentors, ça a été beaucoup, en fait, René Ricolle, médiateur du Crédit,
28:54quand j'ai rejoint le Ciri.
28:57Ramon Fernandez, directeur du Trésor, quand, effectivement, j'étais jeune là-bas.
29:05Et puis ensuite, Nicolas Dufourcq, qui est chez BPI France, m'a dit, mais tu as carte blanche.
29:11Ça, c'est quand même génial qu'on vous autorise, justement, à faire ce que vous voulez.
29:15Voilà.
29:17Très bien. Avec votre expertise aujourd'hui, quels sont les besoins des créateurs d'entreprise ?
29:22Quels sont les vrais besoins des créateurs d'entreprise pour vous ?
29:25Les vrais besoins des créateurs d'entreprise, c'est du soutien psychologique.
29:35En tout cas, du soutien humain.
29:37C'est juste, en fait, un accompagnement.
29:40C'est long, la création d'entreprise.
29:43On envoie les résultats au bout de 18 mois, 24 mois.
29:47Ce n'est pas gagné tout de suite.
29:49Généo s'est allé vite.
29:51Moi, j'ai eu beaucoup de chance.
29:52Mais pour la plupart des gens, c'est beaucoup plus long.
29:56Et donc, moi, ce que je conseille toujours, c'est le mentoring.
30:00Ou, en fait, parfois, le partage.
30:04On peut très bien mettre en place un petit panel avec quelques autres chefs d'entreprise.
30:09Et puis, quelque part, en fait, on s'épaule et tout le monde vient en soutien, en co-développement.
30:15C'est la technique du co-développement de celui qui pose son sujet sur la table.
30:20Vous pensez qu'il est important pour un créateur d'entreprise, par exemple, de faire partie d'un accélérateur ?
30:25D'un accélérateur, très certainement.
30:27Alors là, pour aller chercher autre chose, c'est de l'expertise, du conseil qu'au départ, on n'a pas dans son entreprise.
30:34Et ça, ça reste vrai aussi sur mon métier qui est le mien aujourd'hui.
30:38Pour les sociétés plus grosses, pour les belles PME, pour les ETI, en fait,
30:44on n'a jamais, à un stade de croissance donnée, on n'a jamais toutes les compétences en interne.
30:51Il faut savoir aller les chercher en externe par du recrutement, par du conseil,
30:56par l'accompagnement d'un fonds et puis par de la bonne gouvernance.
31:01Généo Capital Entrepreneur est une organisation assez incroyable qui détonne,
31:05parce que dans le monde de la finance, vous êtes aujourd'hui 7 associées, 3 hommes, 4 femmes.
31:09C'est ça.
31:10C'est déjà vachement bien. Elle s'engage à porter une diversité de performances.
31:14Ah oui, la diversité est facteur de performance.
31:17Évidemment.
31:18Alors, particulièrement dans mon métier, puisque mon métier, c'est un métier de sélectivité.
31:23On investit dans à peu près 4% des entreprises que l'on regarde quand on fait du capital investissement.
31:30Et chez Généo, c'est 2%.
31:32Donc, il faut pouvoir croiser les regards.
31:36Et pour moi, la diversité, c'est essentiel, parce que les jeunes vont avoir un regard sur le potentiel d'innovation.
31:42Les plus matures vont avoir un regard sur la capacité de l'entreprise à délivrer la promesse qui est la sienne.
31:50Et la diversité hommes-femmes, c'est incroyable, parce qu'on ne regarde vraiment pas les mêmes sujets
31:56quand on regarde une entreprise.
31:58Donc oui, j'y tiens beaucoup.
31:59Avec votre expertise, si on parle un petit peu d'avenir,
32:02quelles vont être les difficultés auxquelles les entrepreneurs vont se confronter dans les prochaines années ?
32:08C'est le sujet de la taille, de la taille critique.
32:12La concurrence internationale, aujourd'hui, elle est assez débridée,
32:18avec une Europe qui ne s'est pas beaucoup protégée.
32:23Et donc, aujourd'hui, il y a un sujet de taille critique.
32:27Voilà pourquoi il faut plus d'ETI.
32:29Voilà pourquoi il faut que les ETI soient plus grosses.
32:32Voilà pourquoi il faut, quand on est dans les services, raisonner au niveau européen, et pas moins.
32:38Et quand on est dans l'industrie, avoir une implantation sur les trois grandes zones mondiales,
32:43que sont l'Asie, les US et l'Europe.
32:45J'ai compris que vous étiez maman, que vous aviez une vie de famille.
32:49Comment on fait quand on est comme vous, famille,
32:52quand on a un parcours aussi riche,
32:54pour justement allier les deux, vie de famille et vie professionnelle ?
32:58Oui, moi j'ai deux garçons, l'un qui approche des 14 ans,
33:02l'autre qui vient de fêter ses 12 ans, donc assez rapprochés.
33:05En pleine adolescence.
33:06Voilà. Et ils vont bien, je crois.
33:10Ça, c'est une bonne nouvelle.
33:11Donc, je tiens à le dire.
33:13Je le dis souvent aux femmes qui renoncent à venir dans le métier du capital investissement,
33:18ou en tout cas dans des métiers exigeants.
33:20C'est la même chose pour les avocats,
33:22ou motifs qu'elles ne pourraient pas avoir de vie de famille.
33:27Moi, je dis qu'aujourd'hui, c'est un schéma qui est dépassé.
33:31Aujourd'hui, les papas s'impliquent énormément dans l'éducation des enfants.
33:37Et ils ont le droit, eux aussi, à des congés paternités.
33:42Ils ont le droit aussi de profiter de leurs enfants.
33:44Donc, du coup, c'est gagnant-gagnant.
33:48Et puis surtout, derrière, c'est l'organisation.
33:51Et je pense qu'en plus, la plus grande flexibilité aujourd'hui du monde du travail facilite grandement ça.
34:00Je ne crois pas au tout-télétravail.
34:02Je pense que le télétravail a montré ses limites et on en revient.
34:06Mais je pense qu'on a appris à raisonner de façon plus flexible.
34:10Et si une maman veut quitter le bureau à 18h30…
34:13C'est ce que j'allais vous poser comme question.
34:15Et effectivement, dîner avec ses enfants.
34:17Et quand ils sont au lit à 20h30, 21h…
34:20Ils se mettent un petit peu à travailler.
34:22Qu'est-ce qu'on s'en fiche ?
34:24Si le travail est fait, bien fait, de qualité, dans les temps.
34:28Donc, je pense qu'aujourd'hui, c'est le moment des femmes.
34:31Et que ces sujets-là, il faut bien s'organiser.
34:34C'est le moment des femmes.
34:36C'est le moment des femmes.
34:38Vous pensez qu'on y est déjà ?
34:40Oui, je pense qu'il y a plus de confiance.
34:42Elles ont plus confiance.
34:44C'est important, mais vous pensez qu'on y est déjà ?
34:46Pour moi, c'est encore beaucoup de travail à faire.
34:48Non, il s'est passé quand même pas mal de choses.
34:51Il s'est passé pas mal de choses.
34:53Et je pense que les femmes ont de plus en plus confiance en elles.
34:57Et que le monde a changé.
34:59Même, je vois sur les jeunes hommes que je recrute.
35:03Ce n'est plus du tout un sujet.
35:05Très bien.
35:06Quelle est votre boussole, Fanny Métier ?
35:08Ma boussole ?
35:09Oui, votre boussole.
35:10Qu'est-ce qui vous a emmené ?
35:12J'imagine qu'il y a quelque chose avec votre grand-mère là-dedans.
35:15Mais votre boussole, qu'est-ce qui vous tient ?
35:18Une envie d'être utile.
35:21L'utilité, c'est important.
35:24Utile à mon pays, la France, que j'aime.
35:28Et la façon de le faire, c'est de créer des emplois dans toutes les régions, dans tous les territoires.
35:34J'ai trouvé ma vocation.
35:36Le fil rouge, il est clair.
35:38Même si j'ai fait des choses très différentes, c'est toujours ça qui m'a attiré.
35:42Au-delà de votre activité, vous avez quand même trouvé le temps d'écrire deux livres que j'aimerais recommander aux personnes qui nous regardent.
35:49Le premier, « Comment doubler la taille de votre entreprise ? »
35:53Et le deuxième, « Carnet de rebond pour PMI et ETI aux éditions Erol ».
35:57Quels sont les grands conseils que vous donnez dans ces livres ?
35:59Ce sont des livres dont l'entrepreneur est le héros.
36:03C'est étonnant.
36:06Dans le premier, j'ai consigné tout ce que j'ai compris au contact des 700 entreprises accompagnées dans les accélérateurs,
36:15avec qui je me suis beaucoup déplacée en région, à l'étranger.
36:19Et donc, les clés de succès pour doubler la taille de son entreprise sur une douzaine de thématiques.
36:24Dans le deuxième, je reviens sur mon expérience au Syrie, parce que j'ai commencé l'écriture de ça pendant le Covid.
36:31Et donc, je reviens dans mon expérience au Syrie pour, effectivement, face à la crise,
36:36comment on sort de la tétanie et comment on s'organise pour rebondir.
36:41Et alors, quelles sont les clés, justement, pour rebondir ?
36:44Les clés pour rebondir ?
36:46Alors, un, le sang-froid.
36:50Donc, stabiliser, faire rentrer un maximum de cash,
36:55gagner du temps, rassurer les équipes, montrer qu'il y a un capitaine dans le navire, communiquer.
37:03Deux, prendre du recul et s'entourer pour, effectivement, faire le diagnostic de pourquoi on en est arrivé là
37:11et, du coup, construire les bonnes réponses, des réponses qui sauront convaincre les parties prenantes.
37:16Et trois, effectivement, redévelopper et donc donner du sens à un projet d'entreprise
37:22qui, en plus, est un projet de rebond.
37:25Donner du sens, c'est, effectivement, le sujet commun à toutes les entreprises en croissance et de rebond.
37:31Le principe de ces livres, c'est qu'on peut les lire dans le désordre
37:36et qu'à la fin de chaque chapitre, il y a un auto-diagnostic
37:40parce que je ne crois pas qu'on puisse donner des solutions toutes faites,
37:43mais on donne plein de petits tips.
37:46C'est un ouvrage collectif aussi.
37:48Dans ce livre, beaucoup d'entrepreneurs témoignent.
37:51Beaucoup d'experts interviennent.
37:53Et moi, je donne un peu les leviers que j'ai observés.
37:56Mais ensuite, à chacun de se poser les bonnes questions,
37:59de se dire « là-dessus, je suis bon, là-dessus, je n'ai pas regardé,
38:02et là, je sais qu'il y a un truc à faire ».
38:04Et puis, dans le livre, il y a quelques clés pour s'organiser.
38:08Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour l'avenir, Fanny Léthier ?
38:12De contribuer à doubler le nombre de TI en France.
38:16Très bien.
38:18Doubler, c'est pas mal.
38:20Et puis, si on pouvait rejoindre l'Allemagne
38:23et en avoir 12 000 d'ici 10 ans, ce serait très bien.
38:27Et puis, de donner à Généo une dimension européenne.
38:31Parce que, comme je le disais,
38:33je pense que c'est l'échelle de raisonnement pertinent
38:35quand on veut fabriquer des champions.
38:37Merci beaucoup d'avoir été avec nous dans le jour.
38:40Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis.
38:43À très bientôt avec une nouvelle ou une nouvelle invitée.

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