Le président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale attend le discours de politique général du nouveau Premier ministre avant de se prononcer sur une possible censure du gouvernement. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-23-septembre-2024-8882246
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00:007h48, Sonia De Villers, votre invitée ce matin est députée RN de la Somme et président délégué du groupe RN à l'Assemblée Nationale.
00:09Bonjour Jean-Philippe Tanguy.
00:10Bonjour Madame.
00:11Éric Ciotti, président des Républicains, avait choisi d'être votre allié pendant les législatives.
00:17Il a annoncé hier qu'il était définitivement le parti avec qui il était en rupture.
00:21Est-ce qu'il est invité à vous rejoindre au Rassemblement National ?
00:24Non, je ne pense pas du tout.
00:26Il a créé ou en tout cas annoncé la création de son propre mouvement, l'UDR, avec son groupe parlementaire indépendant d'une autre.
00:34Il sera libre de son choix et du programme qu'il propose aux Français.
00:37Je pense qu'il est important pour le Rassemblement National d'avoir un allié sur lequel on peut compter mais qui affiche une vraie identité politique.
00:44Avant même que le nouveau Premier ministre prenne la parole hier soir,
00:47Olivier Faure a annoncé que les socialistes allaient défendre la motion de censure qui sera votée par l'ensemble de la gauche
00:53Dès la déclaration de politique générale de Michel Barnier, allez-vous la voter, vous ?
00:58Nous, on attend le discours de politique générale de M. Barnier.
01:02Qu'est-ce qu'il va annoncer comme chemin pour notre pays ?
01:04Qu'est-ce qu'il va annoncer comme mesure concrète ?
01:06Très rapide sur le budget et on jugera sur pièce ce qui est vrai.
01:11C'est que depuis quelques jours maintenant et quand j'écoute M. Barnier hier soir, il n'y a rien.
01:16C'est-à-dire qu'hier, on a eu pendant plus de 30 minutes un discours, une prise de parole très longue.
01:22Et il faut bien le dire, avec très peu d'informations concrètes.
01:25D'ailleurs, j'ai vu les reprises des journalistes, il y avait un ou deux points.
01:28On va y revenir, mais il y a eu des annonces quand même sur les impôts, sur les retraites, sur l'immigration.
01:32Mais quand Jordan Bardella, président du Rassemblement National, dit vraiment
01:37« Ce gouvernement n'a aucun avenir », ça s'appelle comment ?
01:40Ça s'appelle mettre le gouvernement sous pression ?
01:41Ça signifie menacer d'une motion de censure ?
01:45Si vous ajoutez vos voix à celle de la gauche, le gouvernement tombe ?
01:48Bien sûr, mais ça on l'a toujours dit.
01:50Effectivement, c'est nous qui déciderons si oui ou non, ce gouvernement a un avenir.
01:53Monsieur Barnier, hier soir, a étrangement choisi de prendre comme objectif le mur.
02:00Puisqu'il s'est mis dans la continuité de monsieur Macron.
02:04Il a dit « On n'est pas en cohabitation.
02:06L'essentiel de ma minorité dépend de ceux qui ont travaillé avec monsieur Macron.
02:11Les macronistes, monsieur Attal, monsieur Philippe, monsieur Bérou et les républicains.
02:15Parce que la seule information qu'on a depuis deux semaines, c'est que les républicains
02:19Canal, Hippocrite, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau étaient en fait dissolvables
02:25dans la Macronie, comme on l'avait annoncé.
02:26C'est la grande information pour ceux qui en doutaient de ces deux semaines.
02:30Bruno Retailleau maintient un discours extrêmement virulent, très ferme, très dur sur l'immigration.
02:36Patrick Cohen vient de le rappeler.
02:38Michel Barnier lui-même a affirmé hier soir vouloir traiter le sujet avec beaucoup plus
02:43de rigueur et proposer des solutions concrètes.
02:46Ça ne vous convainc pas ?
02:47Absolument pas.
02:48C'est des lieux communs, humanisme, fermeté, être concret.
02:52Je ne sais pas ce que ça veut dire.
02:53D'ailleurs, je crois que personne ne le sait.
02:54Peut-être que monsieur Barnier ne le sait pas lui-même.
02:57Mais c'est-à-dire que pour qu'on comprenne dans le monde, hier, un autre député RN
03:01de la Somme, Mathias Renaud, que vous devez très bien connaître, a affirmé « Plus
03:06Michel Barnier donnera des gages, plus on le laissera durer ». On veut capitaliser un
03:10maximum sur ses déclarations, le forcer à légitimer notre discours.
03:15C'est ça le choix qu'il a, Michel Barnier.
03:17C'est-à-dire, soit il reprend votre discours, soit il enterrine votre victoire idéologique,
03:23comme dirait Marine Le Pen, soit il saute.
03:25Reprendre nos éléments de langage, nos discours, c'est ce qu'ils font pour nous contrer
03:29aux élections.
03:30Ils pensent, ils déclarent comme le Rassemblement National.
03:33Maintenant, il est au gouvernement.
03:34Donc, est-ce qu'il va agir ? Même hier, sur l'aide médicale d'État, on n'avait
03:38pas d'opposition.
03:39C'était tout et le contraire de tout.
03:41Donc, est-ce que oui ou non, on va enfin avancer ? Parce qu'au-delà, M.
03:44Seux a dit avec juste raison qu'on avait mis deux semaines à faire ce gouvernement,
03:47mais pendant deux semaines, il n'y a surtout pas eu d'avance sur le fond.
03:51Quand on parle du barème d'impôt sur le revenu, quand on dit « on travaille dessus
03:54chaque année », on travaille dessus, donc on sait très bien ce que le barème coûte,
03:58ce qu'il rapporte.
03:59Ne pas indexer le barème, on sait, ça rapporte 4 milliards d'euros sur les classes moyennes
04:04et les classes populaires, et ça fait rentrer 300 000 personnes qui ne le sont pas dans
04:08le revenu.
04:09Il n'y a pas besoin d'études, tous les chiffres sont là, il y a peut-être des petites
04:11variations entre 2024 et 2025, mais il n'y a pas besoin d'études, on le sait.
04:16Donc, gagner du temps sur le temps, et en fait, prendre les gens en traite, parce que
04:19cette histoire d'indexation du barème, c'est quoi ? On n'assume pas une hausse d'impôt
04:23frontale, et donc on prend les gens en traite en utilisant des variations techniques qui
04:27ne sont pas dignes en démocratie.
04:28Michel Barnier a quand même donné deux grands axes.
04:30Le premier, qu'il n'augmenterait pas les impôts sur les Français les plus modestes
04:36et qu'en revanche, il n'excluait pas de faire participer les ménages et les gens les plus
04:41riches à l'effort de redressement.
04:43Oui, mais ça c'est le programme de Marine Le Pen, donc sur le papier, on est d'accord
04:46avec ça.
04:47Mais est-ce que cet effort qu'on demande aux plus favorisés et par exemple aux surprofits
04:51permet de soulager la pression fiscale sur les classes populaires ? Pour le moment, non.
04:55La justice fiscale, c'est pas de taxer encore plus les personnes qui le sont.
04:59Alors, le nouveau ministre de l'économie a affirmé hier, au moment de la passation,
05:04que son rôle était, je cite, « d'accompagner les entreprises ». Quelle différence avec
05:09votre programme, publié la semaine dernière, dans lequel on peut lire que vous ne toucherez
05:13pas aux super profits des grandes entreprises, dans lequel on peut lire que vous supprimerez
05:17la cotisation foncière des entreprises, vous supprimerez partiellement la cotisation sociale
05:22de solidarité des sociétés, que vous exonérez les cotisations patronales sur les hausses
05:28des salaires de plus de 10%.
05:30La liste est très longue.
05:32Que vous allez exonérer d'impôt les sociétés créées par les moins de 30 ans, que vous
05:35allez supprimer la fiscalité sur la transmission des entreprises jusqu'à 5 000 salariés
05:39et que vous allez maintenir les crédits d'impôt recherche.
05:42Quelle différence entre ce qu'a affirmé le nouveau ministre de l'économie et votre position ?
05:47La différence principale, c'est que la cohérence de cette liste, si on est un peu plus précis,
05:51même si tout ce que vous avez dit est parfaitement vrai, c'est que ça cible avant tout les entreprises
05:55moyennes et les entreprises intermédiaires qui n'ont pas été beaucoup aidées.
05:58Si, c'est moi qui ai rédigé en grande partie ce programme économique.
06:02Contrairement à la Macronique, il s'est toujours concentré une fois plus sur les multinationales,
06:06sur les très grands projets.
06:08Il y a une interview très intéressante, c'est le seul élément qui n'est pas vrai dans votre liste.
06:14Dix-huit, Marine Le Pen.
06:16Je vais revenir dessus, il n'y a pas de difficulté.
06:18Mais la personne en charge de la réindustrialisation a donné une interview très intéressante à Capital
06:22où il dit « Monsieur Macron a fait les mêmes erreurs que ses prédécesseurs pendant 30 ans,
06:26c'est se concentrer sur les grandes annonces, se concentrer sur les gigafactories
06:31et délaisser les PME, les ETI qui sont le moyen principal de créer des emplois, des richesses et des innovations.
06:36Mais comment vous expliquez ?
06:37Je suis désolé, je ne sais pas si vous avez vu qu'on ne veut pas taxer les surprofits.
06:40Non, les superprofits, j'ai dit.
06:42Oui, c'est quoi la différence pour ceux qui nous écoutent ?
06:45Les superprofits, c'est les gros profits.
06:47Si une entreprise fait des gros profits parce qu'ils ont innové et gagné un marché, on n'a pas à les taxer.
06:51Si on veut taxer les surprofits à 53%, c'est les profits induits.
06:58Ceux qui sont faits parce qu'il y a une crise économique,
07:00ceux qui sont faits parce qu'ils profitent d'une situation de tension sur un marché.
07:03Bref, ça concerne en fait l'essentiel des profits induits réalisés depuis la guerre en Ukraine.
07:09Mais qu'est-ce que vous faites pour vos électeurs ?
07:11Qu'est-ce que vous dites aux ouvriers, aux employés qui ont massivement voté pour vous ?
07:16Que c'est leurs intérêts que vous défendez quand vous défendez les entreprises ?
07:21Mais évidemment, le fait de pouvoir créer de la richesse, il faut la redistribuer.
07:25La hausse des salaires des 10%, ça concerne tous les salaires entre 1 et 3 SMIC.
07:29Et c'est un accord d'entreprise.
07:31C'est-à-dire qu'on donne cette exonération sur les cotisations sociales supplémentaires, pas les passées,
07:36uniquement si ça concerne tous les salaires et pas s'il y a des effets d'opportunité.
07:40J'ajoute que c'est une mesure temporaire qui dure trois ans,
07:43ce qui permet d'aider l'entreprise à passer un cap.
07:45Mais le but n'est pas de les dispenser pendant des années.
07:48Il y a quand même plusieurs dizaines de milliards d'euros aujourd'hui de baisse de cotisation sur les entreprises
07:53qui n'ont jamais été conditionnées à rien.
07:55Donc ce n'est pas ceux qui ont distribué des dizaines de milliards d'euros qui vont donner des leçons.
07:59Michel Barnier veut faire confiance aux partenaires sociaux pour améliorer la loi sur la réforme des retraites.
08:04Est-ce que vous leur faites confiance aussi ?
08:06Ou est-ce que dès le 31 octobre, vous proposerez quand même d'abroger ?
08:11Moi je fais confiance aux partenaires sociaux mais pas à Michel Barnier.
08:14Donc nous on proposera toujours d'abroger la réforme des retraites cet automne et on verra.
08:19Et on remettra à plat parce que la mesure qu'on propose elle est très simple,
08:23c'est qu'on revient à 62 et on revient à 42 ans.
08:25Donc on efface la mesure de M. Macron mais aussi la mesure Touraine des socialistes.
08:30Parce que je le rappelle quand même que ceux qui ont privé de plusieurs mois de vie après une vie de travail méritée,
08:38c'étaient les socialistes de François Hollande.
08:40Comment vous allez financer tout ça ? Un dernier mot parce que c'est important.
08:42La semaine prochaine, procès des emplois fictifs du Front national au Parlement européen.
08:48Ça va démarrer la semaine prochaine.
08:50Des accusations, c'est pas prouvé.
08:52Des accusations, certes, il y a quand même 27 membres du parti qui sont mis en examen,
08:57dont Marine Le Pen elle-même, elle risque 5 ans d'inéligibilité.
09:01L'Union européenne affirme 7 millions d'euros détournés.
09:07Après 9 ans d'enquête, quelle sera la ligne de défense du parti ?
09:11C'est simple, c'est que tout ça est faux.
09:13C'est une machination.
09:14Nos adversaires socialistes, Martin Schulz au Parlement européen, étaient affidés.
09:18D'ailleurs, cette mascarade cible les trois partis qui contestaient l'organisation de Bruxelles.
09:23C'est-à-dire le Modem de François Bayrou, les Insoumis de Monsieur Mélenchon et le Rassemblement national.
09:28Donc en fait, dès qu'on s'oppose au fonctionnement pourri de Bruxelles, on devient un adversaire politique.
09:34Pourquoi avoir fabriqué de fausses preuves ?
09:36Vous ne mettez rien au conditionnel.
09:37Ce n'est pas très prudent, madame, ce matin.
09:38Faites attention quand même.
09:39Bon, je pense qu'on n'a pas à rendre la justice sur le plateau de France Inter.
09:42En plus, ce n'est pas votre genre.
09:43Non, ce n'est pas mon genre.
09:44C'est néanmoins l'enquête de libération, l'enquête de complément d'enquête sur France 2.
09:48Libération, permettez-moi de mettre au conditionnel les conclusions de libération.
09:51Vous ne m'en voudrez pas, je pense, en tant que représentant du Rassemblement national.
09:54Merci Jean-Philippe Tanguy.
09:55Merci à vous.
09:56Et merci Sonia De Villers, 7h58.