À quelques jours du second tour des législatives, qui a vu la majorité et la droite longuement tergiverser sur le barrage à ériger ou non face au RN, Sonia Devillers reçoit Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-03-juillet-2024-4122777
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00:007h47, Sonia De Villers, votre invitée ce matin, est le président LR de la région Hauts-de-France.
00:07Bonjour Xavier Bertrand.
00:08Bonjour.
00:08Dans les Hauts-de-France, déjà 18 candidats à Rassemblement National ont été élus au premier tour, 23 autres sont arrivés en tête.
00:13Le RN peut donc être ultra-majoritaire dans votre région dimanche prochain.
00:17Est-ce un échec pour vous aussi, qui présidez cette région ?
00:21Écoutez, je pense qu'avant tout, ce qui se passe, et on le voit, c'est le rejet du président de la République.
00:27Il y a aussi, ça a été dit dans l'édito tout à l'heure, la crainte de la victoire de M. Mélenchon, qui ne peut pas arriver, mais c'est une crainte qui est importante.
00:34Et puis vous savez, chez nous, plus qu'ailleurs, et depuis longtemps, on est dans la région la plus pauvre de métropole, c'est qu'il y a de la misère et de la colère.
00:43Et je les entends et je les vois, c'est ce que je combats moi en tant que président de région, c'est ce qui fait que quand il y a des élections régionales,
00:48je réussis, parce que je me bats pour les gens, parce qu'il y a des résultats, à faire reculer les causes du vote du Front National.
00:54Mais aujourd'hui, dans une élection nationale, la colère est tellement forte contre le président qu'il est là, je ne suis pas surpris.
01:00Mais, en revanche, on est en train de se battre, jusqu'au soir du deuxième tour, pour permettre déjà aux candidats les républicains, les indépendants, d'être élus,
01:09dans ma région comme partout en France, et aussi de faire en sorte qu'il y ait le moins possible de députés du Rassemblement National.
01:15Vous avez songé à vous présenter, vous, à la députation, comme Laurent Wauquiez, autre président de région, le fait en haute-loire.
01:22François Hollande veut retourner à l'Assemblée, Gérald Darmanin veut retourner à l'Assemblée, Marine Le Pen ne veut rien d'autre que siéger à l'Assemblée.
01:29On sent que l'Assemblée Nationale va devenir un lieu de bataille démocratique et médiatique avant la prochaine présidentielle, sans vous.
01:36Mais les territoires aussi seront importants. Et présider une région de 6 millions d'habitants, c'est aussi essentiel.
01:40Je n'ai pas fini ma mission, et je pense encore une fois que s'attaquer aux causes du vote Rassemblement National, c'est aussi important.
01:48Mais vous aurez les leviers, un président de région, il a la main sur les lycées, il a la main sur la formation professionnelle, il a la main sur les transports, vous aurez les leviers.
01:55Je viens vous parler politique ce matin. Je viens vous dire pourquoi je m'engage dans cette campagne comme je le fais.
01:59Parce qu'il s'agit, au-delà de ma région, au-delà de mon parti, de ce qu'il y a de plus important, notre pays, le projet politique que nous devons porter.
02:07C'est pour ça que je me bats. Et puis regardez, j'aurais été candidat, je n'étais pas là ce matin, je n'aurais pas été soutenir comme je le fais aujourd'hui, comme hier, comme après-demain,
02:155 à 6 candidats dans la journée, je fais campagne dans des dizaines de circonscriptions depuis le début.
02:20Alors, Xavier Bertrand, premier scénario, si le Rassemblement National remporte une majorité absolue, que ferez-vous ?
02:27Déjà, la première des choses, c'est qu'il y a une majorité, une très large majorité de Français en colère, il n'y a pas une majorité de Français qui ont voté Rassemblement National.
02:3533% des Français qui sont allés voter, c'est beaucoup, ils sont arrivés en tête, mais ils ne sont pas majoritaires.
02:42Et le message que je voudrais passer, c'est que leur victoire n'est pas une fatalité.
02:46Et qu'encore une fois, si toutes celles et ceux qui sont allés voter dimanche dernier, et qui ne veulent pas du Rassemblement National, ce sont eux qui décident.
02:55Mais qu'ils retournent voter dimanche prochain.
02:57Vous avez peur de l'abstention ?
02:58Elle est là, la différence. C'est-à-dire qu'on a eu un taux de participation important, tout le monde s'en est félicité.
03:03Nous avons absolument besoin que celles et ceux qui, comme moi, ne veulent pas se résoudre à la victoire du Front National, qu'ils aillent clairement.
03:10Mais qu'est-ce qui fait que les gens n'iraient pas voter ? Se seraient déplacés au premier tour et n'iraient pas au second tour ?
03:15Parce qu'ils sentent bien et qu'ils savent bien qu'ils ne veulent pas d'une France dirigée par le Rassemblement National, de toute l'histoire de France.
03:20Non, vous m'avez pas compris. Qu'est-ce qui fait que les gens n'iraient pas voter ?
03:24Tout simplement parce que le candidat qu'ils avaient choisi au premier tour n'est plus forcément là au deuxième.
03:29Mais je pense que ce qui est le plus important aujourd'hui, c'est de savoir ce que l'on veut, quel projet politique.
03:35Et moi je pense que nos concitoyens veulent à la fois davantage d'autorité, de sécurité, le pouvoir d'achat par le travail, le renforcement des services publics.
03:43Et puis pardonnez-moi, aussi aujourd'hui, faire barrage au Front National n'est pas un projet politique.
03:48Le projet politique, c'est ce que j'ai rapidement esquissé devant vous à l'instant.
03:52Mais ce qu'ils ne veulent pas, c'est d'un Rassemblement National qui, d'ailleurs hier vous aviez une invitée, pas aux 7h50, Marine Le Pen.
04:00On voit bien aujourd'hui qu'elle n'était absolument pas à l'aise. On le voit bien.
04:05Et si vous ne voulez pas aujourd'hui du Rassemblement National, avec ce que ça veut dire, c'est-à-dire dans un pays divisé, des fractures supplémentaires.
04:14Si vous ne voulez pas non plus...
04:16Il faut aller voter.
04:17Il faut aller voter.
04:18Premier scénario, deuxième scénario, soyons concrets, Xavier Bertrand. Premier scénario, le Rassemblement National obtient une majorité.
04:27Non, non, je ne suis pas là pour vous dire aujourd'hui, ils ont gagné. Si je me bats toutes mes forces et je ne suis pas le seul, c'est pour éviter cela.
04:34Second scénario, si la majorité n'est que relative et que le Rassemblement National ne gouverne pas.
04:41Mais d'ailleurs, vous avez vu hier le rétro-pédalage, quand vous avez essayé de torturer Mme Le Pen pour dire « est-ce que vous avez des noms ? »
04:47Elle n'a même pas regardé l'intervieweur en face quand on lui a dit. Elle avait les yeux qui étaient fuyants.
04:52Parce qu'ils ne sont pas prêts, ils n'ont pas les solutions, ils n'ont pas les fameuses équipes.
04:55Et vous, vous avez des solutions ? Et vous, vous avez des noms ? Alors, la solution c'est quoi ?
04:59Attendez, on a trois minutes d'interview ou on a dix minutes ?
05:01Allez-y. Il en reste plus que trois, donc allez-y.
05:04Regardez notamment ce qui est en train de se passer. La réponse hier sur les binationaux.
05:09Mais le Front National a l'intention de commencer à trier les Français. La réponse sur la Russie.
05:14Moi, je suis attaché à ce qu'un pays comme le nôtre soit pétri d'indépendance nationale.
05:19Mais eux, le Front National, ils ont un fil à la patte, c'est ça qu'il faut regarder.
05:22Et sur la question de la privatisation de l'audiovisuel public, vous avez vu l'idée ?
05:26On a très bien vu l'idée.
05:28C'est pour refiler un groupe privé. Les questions d'indépendance...
05:31Vous avez une solution. Vous avez une proposition, Xavier Bertrand, en cas de majorité...
05:36Je vous réponds très précisément. Ne vous inquiétez pas.
05:38C'est que ce n'est pas une majorité rassemblement national ou le blocage à l'Assemblée.
05:43Non, il y a une autre solution. C'est ce que j'appelle, moi, de mes voeux,
05:46c'est ce que j'appelle un gouvernement provisoire.
05:48Un gouvernement provisoire qui rassemblera à l'Assemblée les hommes et les femmes de bonne volonté,
05:53qui sont capables de s'ouvrir, mais sur un projet concret.
05:56Attention, ce n'est pas pour faire de l'eau tiède.
05:58Ce n'est pas pour expédier les affaires courantes.
06:00C'est de dire sur ses priorités, je vous ai parlé des services publics, la santé.
06:04On ne s'en est pas condamné à attendre encore des années pour qu'on remette sur pied notre système de santé
06:09qui ne tient aujourd'hui que par les soignants.
06:11Je vous ai parlé de la place de la culture. Elle a besoin d'être protégée.
06:14Elle est en danger si le rassemblement national est élu.
06:16Vous êtes un gaulliste patenté.
06:18Vous utilisez l'expression « gouvernement provisoire de la République française ».
06:23Avril 1944, octobre 1946, la référence ne tombe pas du ciel.
06:27C'est vrai ?
06:28Voilà.
06:29Vous savez pourquoi ? A l'époque, c'est la reconstruction après la guerre.
06:32Ce n'est pas après la guerre.
06:34Avril 1944, Vichy n'est pas encore tombée.
06:37Je suis d'accord avec vous, mais la réalité de ce gouvernement, les priorités, la sécurité sociale,
06:42ça interviendra après la guerre.
06:43Là, on est obligé de reconstruire après quoi ?
06:45Après des années où la France s'est affaiblie et les Français vivent plus mal.
06:49Et puis surtout, après un tremblement de terre.
06:51Ce que nous avons connu, la décision du Président de la République,
06:54a créé un tremblement de terre politique.
06:56La première secousse dimanche dernier, je n'ai pas envie d'avoir une réplique
06:59qui nous amène à une faille.
07:01Dans ce gouvernement provisoire, vous aviez l'air tranquille.
07:05Vous incluez qui dans ce gouvernement provisoire ?
07:08Dans les hommes et les femmes de bonne volonté ?
07:10Je vous rappelle que le général de Gaulle y avait inclus les communistes
07:13alors qu'il redoutait plus que tout de les voir arriver au pouvoir.
07:15Vous allez jusqu'où ? A gauche ? Vous allez jusqu'où ? A droite ?
07:18Mais encore une fois, la configuration de dimanche prochain sera qu'elle.
07:21Pourquoi je me bats à fond ?
07:23Pour qu'on a une centaine de candidats, les républicains indépendants,
07:27qui aujourd'hui peuvent revenir à l'Assemblée Nationale.
07:30Si notre groupe est fort, on pourra aussi aller dans le sens que je vous indique aujourd'hui.
07:34Et je fais la différence, vous savez, avec les...
07:36Vous ne me dites pas qui vous mettez dans ce gouvernement provisoire.
07:38Si vous voulez donner aux gens que Xavier Bertrand a envie de retourner voter dimanche...
07:42Pas les extrêmes. Pas les extrêmes. Ni LFI, ni le Rassemblement National.
07:46Ça laisse du champ pour savoir si chacun...
07:48Vous mettez les communistes, pas les LFI.
07:50Si chacun est à la hauteur des enjeux.
07:52Notre pays ne verra pas la fin de la crise dimanche prochain.
07:55On est dans un processus qui va durer.
07:57Et je pense que le moment est venu de savoir qui est prêt à se hisser à la hauteur des enjeux
08:02pour faire en sorte que notre pays se retrouve
08:05et qu'on forme une communauté nationale sur des projets forts.
08:08Et alors, qui pour diriger ce gouvernement provisoire de la République française ?
08:12Déjà, que M. Macron s'en mêle le moins possible.
08:15Qui s'en mêle le moins possible.
08:17Et d'ailleurs, il devrait venir, cette fois-ci, solennellement,
08:20pour dire qu'il respectera le résultat du scrutin, quel qu'il soit.
08:25Et qu'il s'en mêle le moins possible.
08:27Venir solennellement, c'est-à-dire ?
08:29S'exprimer avant dimanche prochain, quand même.
08:31C'est-à-dire que là, il rencontre les chefs de parti, Gérard Larcher, hier ?
08:34Il rencontre, on ne sait pas. Ça touille, ça brouille, tout ça.
08:36Là, pour une fois, pour une fois, qu'il vienne dire solennellement, je respecte.
08:40Il faut qu'il parle.
08:41Et qu'il ne reste pas planqué et silencieux à l'Élysée.
08:44Qui pour diriger le gouvernement provisoire, Xavier Bertrand ?
08:46Vous ?
08:47Non mais écoutez, je viens de vous...
08:48Madame, je ne suis pas venu ici à 7h55, vous dire, tiens, je suis à la recherche d'un emploi.
08:52Ce n'est pas le genre de la maison Bertrand.
08:54Maintenant, il y a aussi autre chose.
08:55Non, non, attendez.
08:56C'est que derrière, ça se décidera au sein de l'Assemblée.
08:59Et on verra justement le sens des responsabilités qui, clairement, il anime.
09:03Ce n'est pas pour faire la même chose qu'avant.
09:05C'est pour ça que les trucs à l'ancienne.
09:07On va refaire une coalition.
09:09Non, la politique d'avant, la politique menée depuis 7 ans, les Français n'en veulent plus.
09:13Et ce changement, cette rupture passera par un nouveau projet.
09:16C'est ce que portent mes candidats.
09:18Merci Xavier Bertrand.
09:19Merci à vous.
09:20Et merci Sonia De Villers.