Emmanuel Macron va organiser dès mardi un deuxième cycle de consultations en prévision de la nomination d'un Premier ministre, après avoir écarté la possibilité d'un gouvernement dirigé par le Nouveau Front populaire (NFP).
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00:00Sonia De Villers, la candidate désignée par le Nouveau Front Populaire pour devenir
00:05Première Ministre, ne sera pas Première Ministre.
00:08Nous la recevons ce matin, Nicolas.
00:10Première réaction de Lucie Castex au micro de France Inter.
00:13Bonjour.
00:14Vous ne serez donc pas Première Ministre.
00:17Qu'avez-vous ressenti hier soir à 20h ?
00:20De la colère.
00:21De la colère parce qu'on a un Président de la République qui a annoncé une dissolution
00:27avant l'été, sans concertation manifestement.
00:31Personne n'a compris le calendrier.
00:33Ensuite, les gens se sont déplacés massivement dans les urnes.
00:36Ils ont désigné le Nouveau Front Populaire en tête, certes sans majorité absolue mais
00:41avec une majorité relative.
00:42Et ensuite, on met des semaines, des semaines à discuter.
00:46Le Président a attendu au moins un mois avant d'entamer ses consultations.
00:50Et là, on dit aux Français, en fait, vous êtes déplacés mais ça ne vaut rien, vous
00:54avez mal voté.
00:56La démocratie ne signifie rien aux yeux du Président et je trouve ça extrêmement dangereux.
01:00Alors, la décision d'Emmanuel Macron est argumentée.
01:03Un tel gouvernement serait, je le cite, immédiatement censuré par l'ensemble des autres groupes
01:08représentés à l'Assemblée Nationale, soit plus de 350 députés contre lui, l'empêchant
01:14de fait d'agir.
01:15C'est donc un mur que vous avez face à vous ?
01:18Oui.
01:19Là, on est face à un Président de la République qui veut à la fois être Président de la
01:22République, Premier ministre et chef de parti.
01:25Les institutions ne peuvent pas fonctionner comme ça, ça n'est satisfaisant pour personne,
01:29ça n'est pas respectueux des Français ni de la démocratie.
01:31Le rôle du Président de la République, aujourd'hui, ce serait de nommer un Premier
01:35ministre qui est issu du groupe qui est majoritaire à l'Assemblée Nationale.
01:38Et ensuite, à ce groupe majoritaire à l'Assemblée Nationale, d'aller chercher des accords avec
01:42les autres.
01:43C'est ça le fonctionnement de la démocratie, ça n'est pas autre chose.
01:45Le Président ne peut pas composer le gouvernement de ses rêves.
01:48Le Président de la République est tout à fait légitime à considérer qu'il n'est
01:53pas d'accord avec l'orientation politique qui est proposée par le Nouveau Front Populaire.
01:57Mais au risque, Lucie Castex, que vous formiez un gouvernement et que ce gouvernement soit
02:02immédiatement censuré et bloqué, si c'est un gouvernement qui représente les forces
02:07en présence du Nouveau Front Populaire, au risque d'être censuré et bloqué ?
02:10Le risque de la censure, c'est un risque qui est lié au jeu démocratique.
02:14Donc vous prenez le risque, par exemple, de bloquer le pays ? Vous assumez ce risque ?
02:18Déjà, je pense qu'il est absolument indispensable de rappeler que la personne qui bloque le
02:23pays aujourd'hui, c'est le Président de la République.
02:25Ça fait des mois que maintenant la situation de la France est celle d'une paralysie et
02:29que les Français ne comprennent pas cette situation.
02:31C'est important de le rappeler.
02:32Ensuite, on a toujours dit, il y a eu une série de pirouettes.
02:36On nous a dit au départ, vous ne comprenez pas le jeu des équilibres parlementaires.
02:40Vous dites le programme, rien que le programme.
02:42Moi, je n'ai jamais dit tout le programme, rien que le programme.
02:44Jean-Luc Mélenchon l'a dit.
02:45Il l'a dit le lendemain des élections.
02:47Ensuite, on a dit tout de suite, et la présidente du groupe à l'Assemblée Nationale issue
02:52de la France insoumise a signé un courrier avec tous les présidents de groupe à tous
02:56les parlementaires pour dire, on travaillera ensemble, on trouvera des accords texte par
03:00texte.
03:01Ensuite, on nous a dit, le problème, c'est la France insoumise.
03:04La France insoumise a pris une position extrêmement constructive en disant, vraiment, est-ce que
03:08le problème, c'est la présence de la France insoumise au gouvernement ? Si tel était
03:11le cas, alors, si nous envisageons de renoncer au fait d'avoir des ministres dans ce gouvernement,
03:17est-ce que les autres forces politiques accepteraient de ne pas voter la censure de manière immédiate,
03:22c'est-à-dire de nous laisser notre chance d'aller construire des compromis à l'Assemblée ?
03:25C'est un refus catégorique.
03:26Justement, même si Mathilde Panot adresse un courrier à tous en disant, on est prêts
03:32à faire des compromis, on va travailler texte par texte.
03:35Il ne peut pas y avoir de travail texte par texte puisque toutes les autres forces représentées
03:41à l'Assemblée disent, dès l'instant où il y a un gouvernement issu du Nouveau Front
03:45Populaire avec le programme du Nouveau Front Populaire, on va demander une censure.
03:48Donc, il ne peut pas y avoir de travail.
03:50Je pense qu'il s'agit d'une posture.
03:52En réalité, moi j'ai eu beaucoup de contacts avec des députés du MoDem, avec des députés
03:55Eliott.
03:56On a des accords sur le fond, y compris sur les sujets de politique économique.
04:00Par exemple, il y a des députés Eliott qui ont proposé un texte sur la taxe sur les
04:04transactions financières.
04:05Ils ont proposé un texte qui rapporte plusieurs milliards d'euros à la France tous les ans,
04:09et ce texte a été balayé d'un revers de main par le gouvernement en place au moment
04:13où cette proposition a été formulée.
04:17Y compris Gabriel Attal a proposé de travailler sur un ISF vert.
04:20Il a proposé de revenir sur les aides aux entreprises et de les conditionner.
04:24Tous les leaders de tous ces partis s'expriment depuis 48 heures pour menacer d'une censure
04:29si un gouvernement du Nouveau Front Populaire est nommé avec un programme du Nouveau Front
04:33Populaire.
04:34Donc la question c'est plutôt, est-ce que vous êtes capable de faire des compromis
04:37avant de former un gouvernement ? C'est-à-dire pour pouvoir faire des alliances avec d'autres
04:42formations politiques ?
04:43Oui, on l'a dit d'emblée.
04:44On sera capable de travailler avec les autres.
04:45On sera capable de faire des compromis.
04:47Et la sanction démocratique, si on n'est pas capable de faire des compromis, c'est
04:50la censure.
04:51Nous en avons conscience.
04:52Ensuite, tous les députés, tous les parlementaires prendront leur responsabilité pour ou contre
04:56le fait d'améliorer le pouvoir d'achat des Français, pour ou contre le fait de recruter
04:59des AESH à l'école pour accueillir les enfants en situation de handicap, pour ou
05:03contre la revalorisation de la rémunération à l'hôpital.
05:06Les Français attendent ces changements-là.
05:08En attendant, est-ce que vous appelez comme le Parti Communiste, est-ce que vous appelez
05:11comme les écologistes à la mobilisation populaire, à la manif ?
05:15Déjà, moi, je voudrais dire d'une manière assez solennelle que je suis très inquiète
05:18et très en colère.
05:19Je vous l'ai dit, on a fait campagne, jour après jour, à la suite de l'annonce de
05:23la dissolution par le président Emmanuel Macron.
05:25On a été voir les gens, on a fait du porte-à-porte, on leur a dit c'est extrêmement important
05:29de se mobiliser, y compris pour faire barrage au Rassemblement National.
05:33Les gens se sont mis dans les urnes, sont venus dans les urnes.
05:35Vous le savez, la démocratie est dans un état préoccupant puisqu'il y a des niveaux
05:39d'abstention qui ont été très élevés, les gens se sont mobilisés massivement.
05:42Aujourd'hui, on leur dit quoi ? On leur dit votre vote ne sert à rien.
05:45On ne vous entend pas.
05:46Ça m'inquiète considérablement.
05:48Le Parti Communiste parle d'un coup d'État.
05:50Qu'est-ce que vous pensez de cette expression ?
05:51Je pense qu'il est fondamental que les gens se mobilisent aujourd'hui.
05:54Mais qu'est-ce que vous pensez de cette expression ? Est-ce que vous pensez que le refus d'Emmanuel
05:57Macron de nommer un gouvernement Nouveau Front Populaire, c'est un coup d'État ?
06:01Ce n'est pas une expression que j'emploierais à titre personnel parce que je pense que
06:04ça correspond à des réalités historiques qui sont différentes.
06:07Je pense que c'est un déni de démocratie.
06:09Je pense que la décision du président Macron ne correspond pas du tout à la logique des
06:12institutions et à la logique démocratique.
06:14Je pense que c'est extrêmement inquiétant.
06:15Et oui, j'appelle les gens à se mobiliser, chacun de la manière dont ils le souhaitent.
06:21Il y a des mobilisations associatives, il y a des mobilisations dans les collectifs.
06:24Je viens moi de la société civile et donc j'accorde une très grande importance à ça.
06:28Moi, je continuerai à titre personnel de me mobiliser pour incarner l'union de la gauche
06:32parce que je pense que c'est extrêmement important.
06:33Les gens ont salué cette unité et quand j'ai fait des déplacements sur le terrain,
06:38les Français sont très heureux que la gauche soit parvenue à être unie et à le rester.
06:43Je pense que c'est important de dire qu'on continuera à l'être.
06:45Est-ce que la gauche va rester unie ?
06:46Parce que là, on a l'impression qu'il y a des consultations qui vont reprendre
06:49et que tout le monde y est convié, mais pas la France insoumise.
06:52C'est le cas ?
06:54Alors oui, le président de la République a appelé tous les chefs de parti de la gauche
06:57à l'exception de la France insoumise.
06:59Déjà, je voudrais dire qu'il me semble extrêmement problématique d'écarter ainsi la France insoumise.
07:05Je le rappelle, il y a 34 députés du camp présidentiel qui ont été élus grâce à
07:09des désistements de candidats de la France insoumise.
07:12Donc, à un moment, la France insoumise a été jugée fréquentable.
07:15Elle ne l'est plus pour des raisons qui me semblent difficilement acceptables dans une démocratie.
07:20Donc, on continuera à être mobilisés.
07:23Je pense que la France insoumise a eu une position constructive en disant
07:26si le problème, c'est des ministres insoumis au gouvernement dont actent,
07:30en réalité, on voit que ce n'est pas ça le problème.
07:31On voit que le problème du président de la République,
07:33c'est qu'il ne souhaite pas nous laisser mettre en place la politique que l'on propose.
07:36Vous allez retourner à une nouvelle invitation du président de la République.
07:40Vous allez vous soumettre à une nouvelle consultation.
07:43Alors, on l'a dit, on sera disponible pour discuter avec le président de la République de nouveau
07:48s'il s'agit de discuter des modalités d'une cohabitation.
07:52Je crois que sinon, dans le format précédent,
07:55on a pu tout se dire avec le président de la République.
07:57On a eu une discussion extrêmement respectueuse.
07:59C'était vendredi dernier.
08:01On ne peut que constater que cette discussion, c'était très cordial.
08:05Y compris avec les représentants de la France insoumise.
08:09Et le président de la République a reconnu que la France insoumise
08:11a joué le jeu du barrage républicain au moment des élections.
08:15Donc que les choses soient bien claires,
08:16si on ne vous propose pas de discuter des modalités d'une cohabitation,
08:20vous n'y retournez pas ?
08:21Vous ne mettez plus les pieds à l'Elysée ?
08:23On n'y retournera pas s'il ne s'agit pas d'avancer
08:25pour trouver une solution pour sortir la France de son immobilisme actuel.
08:29Personne ne comprend.
08:30J'ai entendu le patron du Medef à votre micro hier.
08:35Je pense que les entreprises ont également intérêt
08:37à ce que l'économie française redémarre.
08:40Elles sont en activité.
08:40Elles ont besoin de stabilité.
08:42Elles ont besoin de visibilité.
08:43Dominique Seul disait qu'on n'est pas toujours d'accord.
08:45Mais je pense que là-dessus, on peut s'accorder.
08:48C'est extrêmement important que l'économie française...
08:50Vous le dites, le ciel est bleu maintenant.
08:53Les nuages arrivent.
08:54L'économie allemande est dans une posture compliquée.
08:56L'économie mondiale ralentit.
08:58Les entreprises ont besoin de visibilité.
08:59Et elles ont aussi besoin qu'on finance les services publics.
09:03C'est extrêmement important.
09:04Merci Lucie Castex.
09:05Merci à vous.
09:05Et merci Sonia De Villers.