Pour Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, la nomination de Gabriel Attal à Matignon ne change rien, ni à la "configuration politique" de l'Assemblée nationale, ni à la "politique menée par Emmanuel Macron". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-10-janvier-2024-7408163
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00:00 Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée ce matin est députée Rassemblement National
00:10 de la Somme et président délégué du groupe RN à l'Assemblée Nationale.
00:14 Jordan Bardella domine pour l'instant les intentions de vote aux élections européennes,
00:18 mais voici que la majorité dégaine elle aussi sa carte jeune, Gabrielle Attal.
00:22 Pendant la présidentielle, les médias avaient adoré les faire débattre tous les deux.
00:27 A lire la presse ce matin, on découvre que nombreux sont les cadres du RN qui apprécient
00:33 ou qui craignent ce nouveau Premier Ministre.
00:36 Bonjour Jean-Philippe Tanguy.
00:37 Bonjour Madame De Villers.
00:38 Gabrielle Attal a réservé son premier déplacement à des sinistrés, des inondations.
00:43 Vous qui êtes élu de la Somme, où ça a débordé aussi, dès le jour 1, vous lui
00:48 donnez raison ?
00:49 Ah oui, moi je ne peux que me satisfaire qu'il aille voir les personnes qui souffrent, mais
00:54 il va aussi voir un mauvais bilan gouvernemental, puisque c'est le deuxième épisode d'inondation
01:00 du Pas-de-Calais en partie de la Somme, et les mesures qui avaient été annoncées n'ont
01:03 pas été prises.
01:04 On l'a vu sur le terrain, que ce soit pour les agriculteurs, que ce soit pour les sinistrés,
01:07 que ce soit pour les collectivités territoriales, les visites de la semaine dernière et les
01:10 événements qui se sont produits ont montré qu'il ne s'était rien passé.
01:14 Donc aller voir les sinistrés c'est bien, être solidaires c'est bien, mais l'action
01:17 gouvernementale n'a pas suivi, et je crains qu'elle ne suive toujours pas, puisque la
01:20 nomination d'une personnalité, même si elle paraît sympathique aux yeux des Français
01:24 et aux yeux de certains, ne va pas changer la politique menée par Emmanuel Macron.
01:28 Alors politique justement, la gauche réclame, accord réacri, que le Premier ministre se
01:32 soumette à un vote de confiance à l'Assemblée Nationale, et vous ?
01:35 Il ne le fera pas, donc on peut demander des choses qui n'arriveront pas, mais la configuration
01:40 politique de l'Assemblée n'a pas changé, et Gabriel Attal n'amène aucune voix, il
01:44 n'amène aucun député nouveau, il ne va pas détacher les LR ou d'autres centristes
01:48 pour élagir sa majorité.
01:50 En fait, on part sur la même configuration politique.
01:52 Et si la gauche propose une motion de censure, vous la voteriez avec la gauche ? Vous pourriez
01:55 voter une motion de censure proposée par la gauche ?
01:57 On verra ce qu'on fera, ça dépendra de ce qu'annonce M.
02:00 Attal, mais bon, je ne pense pas que les Français veuillent qu'on ferme la porte a priori,
02:04 qu'on censure a priori un gouvernement qui n'a encore rien fait ou qui n'a encore
02:08 rien annoncé, mais en fait, je pense qu'Attal va se révéler en fait un Premier ministre
02:11 placebo, c'est-à-dire qu'on pense soigner un mal, mais il n'y a pas de mal, ça peut
02:15 être une molécule sympathique, ça peut être plaisant, il peut y avoir du marketing,
02:18 mais il ne va pas réduire le mal.
02:20 Vous pourriez le conforter, le Rassemblement National pourrait conforter Gabriel Attal.
02:24 Peut-être que là, M.
02:25 Attal surestime ses forces et son image, on ne va pas conforter M.
02:29 Attal.
02:30 Ce qu'on dit, c'est qu'il n'y a pas de raison de censurer a priori quelqu'un
02:33 qui n'a pas encore annoncé, mais peut-être va-t-il annoncer quelque chose, parce que
02:35 la vraie nouvelle qui a fait peu d'écho jusqu'à présent, c'est l'annonce de
02:40 M.
02:41 Le Maire d'un plan d'austérité de 12 milliards d'euros en début de semaine.
02:44 Et donc c'est ça, la seule ligne de conduite aujourd'hui de M.
02:47 Attal, c'est comment trouver 12 milliards d'euros qu'ils n'ont jamais trouvé.
02:50 Et M.
02:51 Gauze disait, oui, M.
02:52 Attal avait annoncé quand il était ministre des Comptes Publics, une baisse d'impôt
02:55 de 2 milliards pour les classes moyennes.
02:56 Vous avez dit, il n'y a pas eu de nouvelles.
02:57 Si, les 2 milliards ont été enterrés à Noël, juste avant Noël, par le rapporteur
03:02 général qui a dit que cette baisse d'impôt pour les classes moyennes n'existerait
03:04 pas.
03:05 Donc en fait, vous connaissez ce film, Attrape-moi si tu peux.
03:07 M.
03:08 Attal, c'était Attrape-moi si tu peux, c'est qu'il passe suffisamment peu de temps
03:11 à chaque poste pour qu'on se rende compte qu'il était incompétent.
03:13 Donc là, il va être rattrapé par les événements, il va devoir rendre des comptes sur les 3
03:17 dossiers qu'il avait eus et on se rendra compte.
03:18 Incompétent à chaque poste, Gabriel Attal.
03:20 Et pourtant, ces mesures, comme ministre de l'Éducation nationale, vous les avez saluées.
03:25 Oui, c'est les nôtres.
03:26 Alors c'est sûr qu'on salue généralement ce qu'on fait.
03:28 C'est comme sur le texte Immigration, à la fin, quand est enlevées les quelques
03:32 mauvaises mesures et que ça va un peu dans le bon sens, on le soutient.
03:35 Donc quand il met fin au collège unique, qui était un tabou du système français
03:40 et qu'on demande depuis 30 ans, on le soutient.
03:42 Quand il expérimente l'uniforme, notamment à Perpignan avec Louis Alliot, évidemment,
03:47 on va le soutenir.
03:48 Mais ce sont des annonces.
03:49 L'Éducation nationale, c'est un ministère du temps long.
03:52 Le fait que M.
03:53 Attal ait choisi de ne pas assumer ce ministère du temps long est pour moi une preuve d'irresponsabilité.
03:58 Je pense que les Français vont le voir.
04:00 Et moi, j'alerte les Français là-dessus.
04:01 Je comprends aujourd'hui.
04:02 Sauf que vous dites « il reprend nos idées, il reprend nos propositions Jean-Philippe
04:06 Tanguy ». Mais ça prouve d'abord que vous n'avez pas le monopole de l'interdiction
04:10 de la BAYA, ça prouve que vous n'avez pas le monopole de la réforme du collège ou
04:13 du brevet.
04:14 Mais ça prouve surtout que ça lui réussit.
04:16 Icara colle à une cote de popularité élevée.
04:19 Il est en rien assimilé à l'extrême droite.
04:23 Et il passe même pour un adversaire dangereux de Jordan Bardella.
04:25 Mais vous savez, on l'a vu avec M.
04:28 Darmanin qui avait été annoncé il y a deux ans, j'ai un peu de mémoire, pareil comme
04:31 une arme anti-IRN.
04:32 Et en fait non.
04:33 Le fait de valider nos thèses rend possible, probable et souhaitable en réalité aux yeux
04:38 des Français.
04:39 Quand on arrive au pouvoir, l'original gagne toujours sur la mauvaise copie ou la
04:43 pâle copie ou même la copie excessive concernant M.
04:46 Darmanin.
04:47 Donc moi je ne comprends pas la stratégie de M.
04:49 Macron, je n'ai pas spécialement à la connaître d'ailleurs et à la comprendre.
04:53 Et nous, on continue notre route, celle tracée par Marine Le Pen, à savoir montrer que nos
04:57 idées, la stratégie de la fameuse cravate, ce n'était pas une stratégie pour une
05:01 stratégie.
05:02 C'était montrer que des idées qui avaient été caricaturées, diabolisées à tort
05:06 étaient en fait non seulement possibles mais souhaitables.
05:08 Et en fait la Macronie, en allant systématiquement dans notre sens après avoir voulu combattre
05:13 et incarner l'anti-IRN, nous montre qu'en fait le chemin que nous préparions pour la
05:18 France est le bon et que nous serons les seuls à vraiment prendre ce chemin.
05:22 - Parlons des Européennes, parce que ça approche.
05:24 Gabriel Attal, renforcé par la majorité, la montée en puissance d'un Raphaël Glucksmann
05:29 à gauche, ça commence à se compliquer pour Jordan Bardella ?
05:31 - Non justement, je crois en fait, tout le monde vous savez, il y a toujours les faux-semblants.
05:36 Je pense qu'en fait la nomination de M. Attal c'est contre M. Glucksmann.
05:39 C'est un retour aux sources de la Macronie et la force de la Macronie c'était les
05:42 sociodémocrates, le centre-gauche et qu'en fait M. Attal ne vise pas à prendre des électeurs
05:47 à Jordan Bardella, ce serait totalement vain par rapport à ses objectifs politiques.
05:51 C'est de reprendre le centre-gauche.
05:53 Et même à l'éducation nationale c'était ça son but, c'était de reprendre la base
05:56 de centre-gauche de la Macronie.
05:58 Tout le reste c'est vraiment du cinéma.
06:00 - Sauf que Jordan Bardella il est parti très tôt, il était très seul.
06:02 Donc il n'avait pas vraiment d'adversaires costauds.
06:04 Là il commence à en avoir.
06:06 Jordan il est connu, le fait qu'il lance sa campagne, ce n'était pas un choc pour
06:11 la population française.
06:12 Tout le monde savait qu'il serait tête de liste aux européennes.
06:13 Non je ne pense pas que l'enjeu se pose là.
06:16 Il y a deux projets qui sont dans la réalité et dans la durée.
06:19 Puisque en politique il n'y a que le temps long qui compte quand les grandes décisions
06:22 arrivent.
06:23 Deux projets extrêmement différents.
06:25 Une Macronie qui devait être l'antidote contre les dangers du RN et qui en fait chaque
06:29 jour montre que le soi-disant poison du RN était en fait l'antidote pour sauver la
06:34 France.
06:35 Et que le macronisme pur et parfait était le poison de la France.
06:37 Et M.
06:38 Attal va être confronté à des contradictions.
06:40 Et surtout il va enfin devoir prendre lui-même des décisions.
06:42 Et pas seulement désinguer ses prédécesseurs.
06:44 C'est facile de dire, de taper comme une piñata sur M.
06:47 Papendiaï en prenant les friandises puisque personne n'était en fait d'accord en France
06:50 avec Papendiaï.
06:51 Et donc la réalité c'est que maintenant c'est lui qui va se faire taper.
06:54 Et je pense que ça va être très difficile pour lui parce que c'était un peu le golden
06:57 boy de la Macronie.
06:58 Et que maintenant il va falloir payer la facture des français.
07:01 Et elle va être très chère.
07:02 12 milliards d'euros à payer pour les français.
07:03 Le New York Times titre, Gabriel Attal est le plus jeune et le premier premier ministre
07:14 français ouvertement homosexuel.
07:16 Vous, vous-même vous assumez publiquement votre homosexualité.
07:19 Est-ce que vous saluez ce symbole ?
07:20 Ecoutez, ça prouve que la France a toujours été ce que j'ai su, perçu, aimé dans mon
07:26 pays.
07:27 C'est un pays tolérant.
07:28 Mais aussi un pays pour lequel ça ne compte pas.
07:30 Et on a raison du fait que ça ne compte pas.
07:32 La France est un pays de tolérance et d'indifférence à la vie privée des gens.
07:36 Et je pense que c'est quelque chose qu'il faut respecter.
07:37 D'ailleurs Gabriel Attal, on n'a jamais joué de manière indigente ou contraire aux
07:43 valeurs de la République, aux valeurs de la France.
07:45 Donc moi, voilà.
07:46 Mais il ne faut pas non plus essentialiser les gens.
07:48 Et ce n'est pas ça qui compte aux yeux des français.
07:50 Ce qui compte ce n'est pas qu'on parle de nous, c'est qu'on parle d'eux et surtout
07:53 qu'on règle leurs problèmes.
07:54 Et les français sont très lassés du fait que le monde politique parle beaucoup de lui-même.
07:58 Dimanche à Rome, un millier de personnes vêtues en noir se sont rassemblées devant
08:01 le siège de l'ancien parti néofasciste.
08:03 Et tous en même temps ont salué le bras tendu.
08:06 Que pensez-vous de la résurgence du salut fasciste ?
08:10 C'est consternant.
08:12 Je ne connais pas la réglementation italienne sur ce genre de manifestation intolérable.
08:17 Vous savez que j'ai écrit avec Marine Le Pen à plusieurs reprises à Elisabeth Borne
08:20 pour lui demander l'interdiction de tous les groupes extrémistes qui considèrent
08:23 la violence comme un moyen d'action.
08:25 Libération révèle que des jeunes gens, profs du Rassemblement National, étaient
08:31 présents à Rome.
08:32 Ils se trompaient de parti parce que je crois qu'ils n'ont pas bien lu nos statuts et
08:34 surtout écouté Jordan et Marine.
08:36 Mais c'est intolérable.
08:37 Et en France, vous savez, j'ai toujours demandé la dissolution des groupes d'extrême-gauche
08:39 et d'extrême-droite en les qualifiant comme tels.
08:42 Lundi, Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, a tensé Emmanuel Macron.
08:46 Je résume ses propos.
08:47 C'est irresponsable de faire voter une loi qui est contraire aux lois fondamentales.
08:51 Le Conseil constitutionnel va rendre son avis d'ici quelques jours sur la loi immigration.
08:56 Si l'intégralité de cette loi est censurée, que ferez-vous ?
08:59 Ça nous donnera raison sur le fait qu'à la présidentielle, on a été les seuls, contrairement
09:03 aux républicains, à dire que oui, ce que nous proposions demandait un changement de
09:06 la Constitution.
09:07 On n'a jamais menti aux Français.
09:08 On ne leur a jamais dit ce qu'on propose peut être appliqué sans changement de la
09:11 Constitution.
09:12 Par contre, là où M.
09:13 Fabius doit dire « a raison », c'est que M.
09:14 Macron a voulu utiliser le Conseil constitutionnel d'une manière contraire à l'esprit
09:19 de la Ve République.
09:20 Je rappelle que selon De Gaulle, le seul juge suprême, c'est le peuple français.
09:23 Le Conseil constitutionnel n'est pas là pour arbitrer les différents politiciens.
09:27 Merci Jean-Philippe.