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En France, une femme sur quatre sera victime d'un AVC au cours de sa vie. Première cause de mortalité chez les femmes, 80 % des AVC pourraient être pourtant évités avec des gestes simples. Le professeur Pierre Amarenco, membre de l'Académie de médecine et neurologue à l'Hôpital Bichat, publie "L'AVC, une histoire de femmes" aux éditions Kero. Il est l'invité d'Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 18 septembre 2024.

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Transcription
00:00Il est 8h18, l'interview d'Amandine Bégaud.
00:07Amandine, ce matin, vous avez eu envie de mettre un coup de projecteur sur une maladie
00:10qui fait de gros dégâts chez les femmes, et ça on ne le savait pas jusqu'ici, cette
00:13maladie c'est l'AVC, raison pour laquelle vous avez choisi de recevoir le professeur
00:17Pierre Amarinko qui publie l'AVC, une histoire de femmes.
00:20Bonjour et bienvenue à vous.
00:21Bonjour professeur, vous êtes également membre de l'académie de médecine neurologue
00:25à l'hôpital Bichat et co-fondateur et président de la fondation Vaincre l'AVC.
00:30Alors, quand j'ai reçu votre livre, je ne vous cache pas qu'en lisant les premières
00:33pages, je me suis tout de suite dit, ne pas en parler, ce serait de la non-assistance
00:37à personne en danger, et c'est très sincère, l'AVC, je l'ai découvert dans votre livre,
00:42est aujourd'hui la première cause de décès chez la femme en France, 18 200 victimes chaque
00:47année, c'est plus que le cancer du sein, l'AVC tue plus que le cancer du sein.
00:51Avant d'évoquer les pourquoi et surtout les façons de l'éviter, on rappelle peut-être
00:55pour nos auditeurs ce que c'est qu'un AVC.
00:57Un AVC c'est deux choses, soit c'est une hémorragie cérébrale, c'est-à-dire une
01:04artère éclate dans le cerveau et le sang se répand, c'est quelque chose de très
01:10grave l'AVC hémorragique, c'est 20% des AVC, et l'autre AVC qui fait 80% c'est une
01:17artère se bouche par un caillot, et donc le territoire qui est irrigué par cette artère
01:22se nécrose, on appelle ça un infarctus cérébral, c'est comme l'infarctus du myocarde ou l'infarctus
01:26de la rate ou du rein ou etc.
01:28Quand une artère se bouche, le territoire n'est plus irrigué, il n'y a plus de nutriments
01:33qui arrivent, il se mortifie.
01:34L'AVC tue donc plus que le cancer du sein, pourquoi on en parle si peu ?
01:39On en parlait peu jusque-là parce qu'il n'y avait pas de moyens de guérir de l'AVC
01:45et on connaît mal la façon de prévenir l'AVC.
01:49On estime, je rappelle juste les chiffres, qu'une femme sur quatre aujourd'hui, près
01:53d'une femme sur quatre aura un AVC en France.
01:55Donc là les femmes qui nous écoutent sont toutes en train de paniquer, on va les rassurer.
01:58Et c'est vrai dès l'âge de 25 ans.
02:00Tôt donc, jeune.
02:01Oui, tôt.
02:02La femme fait plus d'AVC que l'homme avant 45 ans, 20% de plus.
02:08Et on sait pourquoi ?
02:09Parce qu'il y a des particularités de l'AVC chez la femme, la femme est plus exposée
02:17en période de règle parce qu'elle peut avoir l'endométriose, elle peut avoir un
02:23sort misovère polycystique, elle peut avoir certaines causes d'AVC qui sont plus fréquentes
02:28chez la femme que chez l'homme.
02:30Et puis quand elle passe la ménopause, elle est plus exposée car elle vit d'abord plus
02:36longtemps que l'homme, c'est indéniable.
02:39C'est le revers de la médaille.
02:40Voilà, c'est le revers de la médaille et elle est alors plus exposée à certaines
02:44causes qui sont très prévalentes à une très âgée qui sont l'arythmie cardiaque.
02:50Et quand le cœur se met à battre irrégulièrement, il peut envoyer des caillots dans le cerveau.
02:55Est-ce que l'AVC chez la femme est différent de l'AVC chez l'homme ?
03:01Il y a deux différences qu'on a mises en évidence, il n'y a pas de différence sur
03:08la présentation, mais la femme arrive plus tard à l'hôpital que l'homme.
03:14Pourquoi ?
03:15Malheureusement, je crois que c'est au détriment des hommes, c'est que les hommes ont tendance
03:18toujours à minimiser ce qui arrive chez leurs conjoints.
03:21Ils disent « ça va passer, on y va » et elle arrive plus tard que les hommes parce
03:30que l'inverse n'est pas vrai.
03:31C'est-à-dire que la femme est beaucoup plus pratique, tu fais un AVC, j'appelle le 15
03:35et tu vas directement à l'hôpital et voilà pourquoi il y a une différence.
03:40L'autre chose, c'est que comme l'AVC est plus fréquent chez la femme, lié à
03:47une arrhythmie cardiaque, ce sont les AVC les plus sévères quand il y a une embolie
03:52cérébrale et donc la femme est exposée à des AVC plus sévères que l'homme.
03:56La femme arrive plus tard à l'hôpital et pourtant en cas d'AVC, il faut agir extrêmement
04:00vite.
04:01Chaque minute de perdue, c'est deux millions de neurones en moins.
04:04Quels sont les symptômes et à quel moment on compose le 15, professeur ?
04:09On compose le 15 dès lors qu'il y a un symptôme qui arrive brutalement.
04:12C'est soudain, c'est un coup de tonnerre dans un ciel serein.
04:16On a brusquement une paralysie d'un bras, vous avez la télécommande qui tombe de la
04:21main.
04:22La main est flasque, le bras est lourd, la jambe est lourde, on ne peut pas se lever.
04:27Donc ça, c'est la paralysie d'un côté du corps.
04:30La deuxième chose, c'est la perte de la vue d'un oeil qui peut être la perte du champ
04:35visuel ou la perte de la vue d'un oeil en totalité.
04:39Ça peut être un trouble de la parole avec une aphasie, ce qu'on appelle une aphasie,
04:46c'est-à-dire un manque du mot, une difficulté à sortir les mots, une difficulté à trouver
04:50les mots.
04:51On les a dans la tête mais on ne peut pas les sortir.
04:52Ça, c'est l'aphasie.
04:53Et puis, le trouble de l'équilibre, le trouble de l'équilibre brutal, on se met à marcher
04:58comme une personne ivre.
04:59Et enfin, un trouble de la sensibilité de l'hémicorps.
05:03Et si on ressent l'un de ces symptômes, vous dites qu'il vaut mieux appeler le 15
05:06qui t'a trompé ?
05:07Le 15, oui.
05:08Tant pis si on a fait une erreur.
05:09Exactement.
05:10Le 15 fera le tri et vous enverra là où il faut.
05:14L'AVC, on le disait, tue plus aujourd'hui que le cancer du sein en France.
05:18Mais la bonne nouvelle, Docteur, c'est que 80% de ces AVC, dites-vous, pourraient être
05:22évités.
05:23On va essayer d'être extrêmement pratique pour tous les auditeurs et les auditrices
05:26qui nous écoutent.
05:27C'est une bonne hygiène de vie, bien sûr, alimentation, sport, bien dormir, pas de tabac.
05:32Pas de tabac, bien sûr, pas de cannabis.
05:34Le sport, il faut insister là-dessus.
05:37L'activité physique, parce que tout le monde ne peut pas faire du sport.
05:40L'activité physique, c'est très important.
05:42Mais ça veut dire quoi ?
05:43Tous les jours ?
05:44Une femme en transition ménopausique qui fait du sport a 50% de risque en moins de
05:50faire un AVC.
05:51Le sport diminue ou l'activité physique diminue le risque d'AVC de 25%.
05:57C'est énorme.
05:58Voilà.
05:59Donc du sport, tous les jours, vous conseillez ?
06:01Moi, je conseille mes patients de faire 20 minutes ou 30 minutes de vélo d'appartement
06:05tous les jours.
06:06Vélo d'appartement, parce qu'au moins, on n'est pas gêné par les intempéries.
06:08On n'a pas cette excuse.
06:09Et puis, c'est très important parce que c'est bon pour le cœur et pour les artères.
06:13Et c'est très important pour garder son capital musculaire pour le reste de sa vie.
06:17C'est très important.
06:18On comparait ces chiffres du cancer du sein et de l'AVC.
06:22Pour le cancer du sein, il y a la mammographie, il y a toutes ces campagnes de prévention
06:26octobre-rose qui commencera à la fin du mois de septembre.
06:29Est-ce qu'il existe un dépistage pour l'AVC ?
06:31Oui.
06:32Alors, Vaincre l'AVC a mis en ligne un questionnaire.
06:35Il y a 11 questions qui vous permettent de savoir si vous êtes à risque d'AVC.
06:40Alors moi, je suis à risque modéré.
06:41J'ai fait le test.
06:42Ça veut dire quoi modéré ?
06:43Modéré, c'est-à-dire que vous avez un risque intermédiaire.
06:46Vous êtes en bonne forme parce que le test en lui-même privilégie quand même les gens
06:52plus à risque de sorte à ce qu'ils en prennent conscience et ils se fassent traiter.
06:57Mais oui, en effet, ce test permet de dépister les gens et les gens reçoivent sur leur e-mail
07:04un compte rendu détaillé, personnalisé en fonction des réponses qu'ils ont fait
07:08aux 11 questions qui concernent la pression artérielle, le cholestérol, la glycémie,
07:14le surpoids, le tabac et le cannabis, l'activité physique, le sommeil qui est très important,
07:20le stress et enfin l'alimentation.
07:23Ces 11 questions sont très importantes pour déterminer le risque d'AVC et le fait de
07:33le savoir vous permet de pouvoir prendre les mesures nécessaires.
07:38Vous imprimez votre compte rendu, vous allez chez votre médecin généraliste ou chez
07:42le spécialiste d'AVC et vous prenez les mesures nécessaires.
07:4680% des AVC pourraient être évitées si on prenait les mesures nécessaires tout au
07:51long de sa vie et il n'est jamais trop tard pour bien faire.
07:53Merci beaucoup professeur Amarenko.
07:57Ce questionnaire, on le retrouve sur le site de la fondation Vaincre l'AVC et je rappelle
08:02donc le titre de votre livre, l'AVC, une histoire de femme, c'est publié aux éditions
08:06Quairault.
08:07J'espère qu'on aura sauvé quelques vies ce matin, vous voyez, j'espère.
08:11Merci à vous, 80% des AVC pourraient être évitées et il n'est jamais trop tard, il
08:16faut faire de l'activité physique, 20 minutes de vélo d'appartement tous les jours.

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