Les vendanges battent toujours leur plein, mais touchent à leur fin.
Selon les expers, la France s’apprête à voir sa production de vin passer sous la barre des 40 millions d’hectolitres en 2024 alors qu’elle s’était placée en tête de la récolte européenne et mondiale en 2023.
Des vendanges 2024 qui risquent donc d'être beaucoup moins rentables que les précédentes. Mais qui promettent peut-être un vin de meilleure qualité.
Parallèlement, la consommation de vin en France continue de baisser.
Selon une enquête datant de l'année dernière, seulement 11% des français disent boire du vin tous les jours. Alors que dans les années 80, ils étaient 50% à en consommer quotidiennement.
Selon les expers, la France s’apprête à voir sa production de vin passer sous la barre des 40 millions d’hectolitres en 2024 alors qu’elle s’était placée en tête de la récolte européenne et mondiale en 2023.
Des vendanges 2024 qui risquent donc d'être beaucoup moins rentables que les précédentes. Mais qui promettent peut-être un vin de meilleure qualité.
Parallèlement, la consommation de vin en France continue de baisser.
Selon une enquête datant de l'année dernière, seulement 11% des français disent boire du vin tous les jours. Alors que dans les années 80, ils étaient 50% à en consommer quotidiennement.
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00:00Il y a quelqu'un qui se lève encore plus tôt que nous !
00:02C'est vrai ?
00:02Oui, notre invité !
00:03Ça existe !
00:03Mais avant ça, on rappelle effectivement la question de ce matin.
00:06Est-ce que vous buvez moins de vin qu'avant ?
00:09Oui, parce que je bois moins d'alcool en général.
00:12Oui, parce que je bois un peu plus de bière.
00:14Oui, parce que je bois du vin de meilleure qualité.
00:16Je vous donnerai les résultats de tout ça.
00:17Ou alors non, vous buvez toujours autant,
00:19voire même peut-être un peu plus de vin qu'avant.
00:22Vous nous appelez au standard sans tarder, maintenant.
00:24Mais si vous vous appelez, c'est pour intervenir à l'antenne,
00:27pas pour donner votre avis.
00:29Pour ça, vous avez l'appli avec laquelle vous pouvez voter.
00:32Le téléphone, c'est le 04 67 58 6000.
00:34On est avec Rémi Dumas, viticulteur et président des Jeunes Agriculteurs de l'Hérault.
00:39Et viticulteur à Saint-Géniès-des-Mours.
00:41Bonjour, Rémi Dumas.
00:42Bonjour.
00:42Je sais que vous vous êtes levé encore plus tôt que nous,
00:44parce que là, en fait, vous descendez de votre machine avant-danger.
00:47Tel quel, je suis parti à une heure et demie du matin
00:50pour essayer d'être à l'heure avec vous aujourd'hui.
00:51Une heure et demie du matin ?
00:53Une heure et demie, oui, c'est ça.
00:55Vous n'avez pas dormi, quoi ?
00:56Un petit peu, oui.
00:57Est-ce qu'il y a beaucoup de viticulteurs,
00:59parce que ça vendange beaucoup la nuit en ce moment encore ?
01:01C'est ça.
01:02Le but de vendanger la nuit, ce n'est pas par plaisir.
01:04On aimerait bien dormir comme tout le monde.
01:06C'est pour garder la fraîcheur du raisin, éviter l'oxydation.
01:09Et puis aussi, ça permet de moins refroidir le jus quand il arrive en cave.
01:14Donc, c'est aussi écologique.
01:16Puis, c'est bien pour tout le monde.
01:18Alors, à part un petit peu les nuisances sonores,
01:20on s'en excuse, pardon.
01:22Mais bon, voilà, c'est pour le bien de tout le monde.
01:25Et puis, faire un vin de qualité derrière,
01:27ce qu'on sait faire dans notre beau département.
01:28Alors, vous en êtes où dans ces vendanges ?
01:30Elles se terminent, là ?
01:31On approche de la fin, doucement.
01:34Ça dépend des endroits.
01:35Ça dépend du vin que l'on veut faire aussi,
01:37parce que ces vendages ont été quand même assez tardives.
01:40Une maturité très aléatoire, parce qu'on a eu de la pluie.
01:45Alors, on ne va pas s'en plaindre, parce qu'on a besoin d'eau.
01:48Voilà, on a eu de la pluie au printemps aussi.
01:50Mais un été plutôt sec et chaud.
01:52Donc, on dit qu'en degrés d'alcool,
01:54ça va être pas du costaud, mais en tout cas du bon.
01:58Oui, ça peut être bon pour ceux qui vont vendanger un petit peu plus tard.
02:01Du coup, garder les raisins sur les souches plus tard
02:04pour atteindre vraiment la bonne maturité.
02:07Par contre, l'eau, un petit peu sur toute l'année,
02:09on ne va pas s'en plaindre.
02:10Par contre, ça a été au moment de la fleur où il a fait froid aussi.
02:12Et du coup, ça a fait beaucoup de ce qu'on appelle le millerandage.
02:15Donc, c'est des grappes avec des gros et des petits grains.
02:18Ça a fait de la coulure.
02:19Donc, des grains qui ne sont pas là.
02:22Et donc, ça fait une maturité qui est compliquée
02:25parce que ces petits grains ne mûrissent pas.
02:28Et donc, du coup, quand on fait les prélèvements,
02:29par exemple, pour voir la maturité,
02:31on prend les grains qui sont devant.
02:34Et donc, ça fosse un petit peu.
02:35Mais bon, il faut de la patience.
02:37On a eu un petit peu d'eau pendant les vannages.
02:38Donc, là aussi, ça a stoppé la maturité.
02:40Mais en tout cas, oui, le millésime s'annonce quand même plutôt bien.
02:44Malgré beaucoup d'aléas aussi dus au Midjou sur pas mal d'endroits aussi.
02:50Plutôt de la qualité, mais moins de quantité.
02:52D'ailleurs, au niveau national, c'est la tendance.
02:55On parle de 40 millions d'hectolitres en 2024.
03:01C'est beaucoup moins que l'année dernière.
03:02Alors que l'année dernière, la récolte française
03:05était en tête de la récolte européenne et même mondiale, je crois.
03:08Oui, mais effectivement.
03:09Et puis, sur le département de l'Euro, on a une moyenne de 4,6 millions.
03:13Là, on sera à 4,2 à peu près.
03:15Voilà, donc c'est vrai qu'il y a une grosse baisse de rendement cette année.
03:19Alors, grosse baisse de rendement.
03:21Baisse aussi observée, celle de la consommation.
03:23Ça continue de diminuer dans des proportions relativement raisonnables.
03:27C'est quand même une courbe descendante qui ne fléchit pas, qui ne remonte pas.
03:32Ça, ça vous préoccupe ?
03:34Ça nous préoccupe parce qu'effectivement, on a du vin de disponible.
03:38On a augmenté la qualité.
03:39On est meilleur au niveau de l'environnement aussi.
03:42On fait tous les efforts que l'on peut avec les moyens que l'on nous donne aussi,
03:46sans tomber dans des impasses techniques à certains endroits.
03:49Mais on essaye toujours de s'améliorer au maximum.
03:51Et donc, ces vins de qualité sont sur le marché,
03:54mais effectivement, ils ne trouvent pas preneur.
03:56Donc, pour plusieurs raisons, bien sûr.
03:57Pourquoi ? C'est une question de coût déjà, pour commencer ?
04:00Il y a plusieurs facteurs.
04:01La baisse de consommation, ça, c'est un fait.
04:04Et puis, effectivement, le pouvoir d'achat.
04:06On le voit notamment en grande surface.
04:07Les gens vont acheter leur alimentation avant la partie plaisir, j'ai envie de dire,
04:11qui est le vin.
04:12Et puis, sur les marchés internationaux, à l'export,
04:17on n'est pas compétitifs parce qu'on a des vins qui coûtent assez cher.
04:19Et donc, du coup, on a du mal à aller aussi rechercher des marchés à l'export.
04:23Le client étranger, il ne fait pas forcément la distinction.
04:26Et lui, ce qu'il va regarder d'abord, c'est le prix.
04:28Il ne va pas faire la distinction entre un bon vin français de qualité
04:31et un vin moins coûteux, moins onéreux, mais produit ailleurs, c'est ça ?
04:34Il y a un petit peu de tout là aussi.
04:37Mais il faut savoir qu'aussi, au niveau mondial, tout le monde a augmenté sa qualité
04:40parce que le mauvais vin, il ne se vend plus.
04:42Qu'il soit en France, en Espagne ou au Chili, etc.
04:45Le mauvais vin ne se vend plus.
04:46Donc, tout le monde a augmenté en qualité.
04:48Et forcément, les gens vont voir le rapport qualité-prix, effectivement, le mieux.
04:53Et donc, la France, on n'est pas super bien placé au niveau mondial.
04:56Vous nous appelez 0467586000 pour répondre à cette question.
04:59Buvez-vous moins de vin qu'avant ?
05:01On a envie, évidemment, d'entendre si c'est le cas ou non.
05:03Oui, alors déjà, on va tuer le suspense.
05:05On va donner les résultats du sondage.
05:06Vous êtes une toute petite majorité relative à répondre
05:09Oui, j'en bois moins qu'avant, mais je bois moins d'alcool en général.
05:13Donc, ça veut dire qu'il y a déjà une baisse de la consommation d'alcool.
05:16Évidemment, les campagnes sanitaires, notamment, sont passées par là.
05:20Vous êtes 26% à répondre non autant.
05:22Vous êtes 22% à dire oui, mais du vin de meilleure qualité.
05:26On y revient, Amélie Dumas.
05:28Et puis, vous êtes 8% à dire oui parce que vous buvez un petit peu plus de bière.
05:32Voilà, parce que ça, la bière, ça vous fait du mal aussi.
05:34Ça nous fait du mal. C'est les agriculteurs aussi derrière.
05:38Alors là, par contre, je pense qu'il y a beaucoup une question de prix,
05:42d'approche, d'éducation.
05:43Quand vous allez au restaurant, la bière est beaucoup moins chère que le vin.
05:46Et ça aussi, c'est quelque chose, notamment à la Chambre d'agriculture,
05:49la CCI, la mairie, etc.
05:51que l'on va développer pour essayer de réduire aussi les vins dans les restaurants.
05:55Je squeeze un peu, mais c'est un peu inexclu.
05:57Mais on vous en dira plus.
05:59Ce qui est sûr, c'est qu'on le voit sur les tables.
06:01Au final, les gens, quand ils ont envie de boire l'apéro,
06:04ils boivent souvent plus une bière qu'un verre de vin à 7 ou 8 euros.
06:07Et on le comprend. Et surtout, ce qu'il faut savoir,
06:09c'est que cet argent-là ne va pas dans la poche des viticulteurs.
06:12Parce qu'on dit qu'il y a une baisse de récolte récurrente.
06:15Par contre, la rémunération est derrière l'agriculteur.
06:18On ne la voit pas. Le prix du vin a presque baissé depuis 2019.
06:23Par contre, nos charges ont augmenté de 20 %, de 20 %, donc c'est énorme.
06:27C'est-à-dire qu'en fait, on absorbe tant bien que mal cette hausse de charge
06:31sans être rémunéré derrière, tout comme les pratiques vertueuses
06:34quand on est certifié haute valeur environnementale,
06:37ou même le bio, qui a un marché qui a beaucoup baissé.
06:40Et ça, on n'est pas rémunéré pour nos pratiques,
06:43alors qu'on passe beaucoup plus de charges.
06:44– C'est là où je voulais en venir, Jamy Dumas.
06:45Je voulais terminer par ça avec vous aujourd'hui.
06:47Il y a eu ce mouvement du monde agricole en début d'année,
06:50qui a pris fin avec l'annonce du précédent gouvernement,
06:53qui est toujours en place d'ailleurs, il n'y a toujours pas rien pour l'instant,
06:55des missionnaires, mais qui ont fini par calmer un peu les choses.
06:59Mais on sent qu'à nouveau, la colère est en train de remonter,
07:02est en train de gronder, notamment dans le milieu de la viticulture,
07:05ça pourrait répéter du jour au lendemain.
07:07– Ce qu'il faut savoir, c'est que la colère, elle n'est jamais baissée.
07:10Nous, chez les jeunes agriculteurs notamment, avec nos amis de la FNSEA,
07:15on est toujours au travail et on est toujours derrière nos politiques
07:18pour essayer de construire l'agriculture de demain,
07:20et surtout pousser nos positions,
07:23montrer aussi la réalité du terrain au quotidien à nos politiques.
07:27Et ce n'est pas parce qu'on n'est pas dans la rue, qu'on n'est pas au travail.
07:29Et ça, c'est une certitude, et c'est ce qu'on fait tout le temps.
07:32Par contre, effectivement, le gouvernement avait annoncé des choses
07:35qui allaient plutôt dans le bon sens, même s'il n'y avait pas tout.
07:38Donc c'est pour ça qu'on a rentré les tracteurs,
07:39et puis de toute façon, on est agriculteurs, on est là pour bosser,
07:42parce que nous, on ne peut pas mettre sur pause nos exploitations.
07:45Voilà, on sait que là…
07:46– Il faudrait que les annonces soient suivies d'effets.
07:49– Voilà, c'est les effets, parce que les annonces, elles ont été faites,
07:51elles vont être remaniées avec un nouveau gouvernement très certainement,
07:54notamment au niveau de la loi sur l'orientation agricole.
07:58Et on n'a toujours pas cette vision de l'agriculture française
08:00que l'on demande depuis des mois, parce que ça donnerait un cap de se dire
08:04quelle agriculture nous voulons en France demain.
08:07Et ça, on ne le sait toujours pas.
08:08Encore une fois, il ne faut pas opposer environnement et production alimentaire,
08:12mais il ne faut pas oublier que l'agriculture, c'est produire notre alimentation.
08:15– Il y a quelques messages sur notre page Facebook.
08:17Je vous lis le message de Christian, qui en fait, ce n'est pas de lui,
08:19il cite Pasteur.
08:20Vous saviez que Pasteur avait dit un jour
08:21« le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons »,
08:23comme vous l'aviez dit ?
08:24– Bien sûr, bien sûr, je l'ai à la maison.
08:26– Mais avec modération, évidemment.
08:27– Je l'ai à la maison.
08:28Et mon mère Yvonne Pelé dirait, avec sagesse, si vous reprendrez,
08:32parce que c'est vrai, on ne va pas faire la consommation de l'alcool
08:35en faisant la pub, mais boire un bon vin,
08:38c'est apporter un moment de plaisir aussi au moment du repas.
08:40– Merci Rémi Dumas, viticulteur à Saint-Géniès-des-Mourgues
08:43et président des Jeunes Agriculteurs de l'Hérault
08:45d'être revenu ce matin et bon courage pour la fin des vendanges.
08:47– Merci.
08:48– Et des vendanges, on en parle dans l'info d'ici.