Punchline - Une hausse des refus d'obtempérer en France ?

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Aujourd'hui dans "Punchline", Elodie Huchard et ses invités débattent de la hausse des refus d'obtempérer en France.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcript
00:00Punchline, 18h-19h, Elodie Huchard sur CNews et Europe 1.
00:09De retour pour la dernière partie de Punchline.
00:13On va commencer à vous parler de ce qui s'est passé à Menton.
00:16Un nouveau refus d'obtempérer, c'est un jeune homme à scooter
00:19qui était dans le viseur de la police depuis quelques jours
00:22et évidemment qui a tenté de refuser d'obtempérer
00:25quand la police a tenté de l'interpeller.
00:27D'abord, on va faire le point sur les explications et les détails
00:30de cette affaire avec Dunia Tangour.
00:32Un nouveau drame évité de justesse à Menton.
00:35Un mineur de 15 ans a fait un refus d'obtempérer vendredi dernier.
00:39Il a traîné en scooter sur quelques mètres un agent de police
00:43alors que ce dernier tentait de l'interpeller.
00:46Le jeune homme roulait alors sans assurance
00:48et après avoir consommé de la drogue.
00:50Il est très connu des services judiciaires
00:52et a été présenté à un magistrat ce dimanche
00:55notamment pour refus d'obtempérer aggravé par la mise en danger d'autrui.
01:00Écoutez ce représentant syndical
01:02qui nous donne plus de précisions sur les circonstances des faits.
01:07Il a manqué de percuter un enfant, un bébé dans une poussette.
01:11Lors de l'interpellation, la population était plutôt du côté de la police.
01:15On est sur Menton et ils se sont bien rendus compte
01:18des risques insensés qui ont été pris par ce jeune individu, mineur évidemment.
01:21Dans l'attente de son jugement, le 12 septembre prochain
01:24et conformément aux réquisitions du parquet,
01:27l'adolescent a été placé sous contrôle judiciaire par le juge des enfants
01:31et doit respecter les conditions d'un placement en centre éducatif fermé.
01:36Il fait l'objet d'une interdiction de paraître dans la ville de Menton
01:40où les faits se sont déroulés.
01:42Donc Jean-Christophe Couville, on rappelle, il a 15 ans,
01:45il est déjà connu des services de police, il circule à scooter,
01:48il est dans le visaire de la police, il n'a évidemment pas d'assurance
01:50puisqu'à priori à 15 ans c'est compliqué de s'assurer.
01:53Il est sous l'effet de la drogue, les policiers tentent de l'interpeller
01:56et il traîne un policier et le blesse au genou.
01:59Malheureusement, c'est un exemple qu'on voit beaucoup trop souvent.
02:02C'est notre quotidien aujourd'hui.
02:04Toutes les 17 minutes, il y a un refus d'entempérer,
02:06c'est la nouvelle plaie de notre siècle.
02:09Et c'est 27 500 délits par an.
02:12Donc c'est un fléau et surtout, c'est qu'en fait, on se rend compte
02:15que derrière, ces gamins-là, encore une fois, c'est pas son premier.
02:21Il a 15 ans et il est déjà très connu des services de police.
02:24Il a 15 ans, il a un cursus, et en fait, on se rend compte aujourd'hui
02:27que l'éducation ne marche pas.
02:30Et surtout, la sanction n'arrive pas.
02:33Et même quand elle arrive, ça ne leur sert pas pour préparer l'avenir.
02:37Donc il y a un déficit là-dedans.
02:39Là, c'est un mineur, donc il va encore une fois être jugé,
02:43il va être reconnu coupable, sûrement, et il va attendre 6 mois.
02:46Dans 6 mois, on va lui dire, voilà ta sanction.
02:48Entre-temps, s'il a dit, OK, je retourne à l'école tous les jours,
02:51je suis sage, etc., on lui fera baisser la sanction.
02:54Et derrière, il recommencera.
02:55Enfin, je veux dire, c'est sans fin.
02:57Donc oui, OK, c'est un mineur.
02:58Oui, ça sera peut-être un futur adulte.
03:00Mais à un moment donné, il va falloir vraiment que la sanction tombe.
03:03Mais dès le départ, il faut les prendre en main.
03:05Et il faut surtout avoir plus d'exigence avec ces gamins.
03:08Et c'est vrai que Marc Hanot, c'est aussi forcément la question
03:11très présente dans l'actualité politique, mais très taboue aussi,
03:14de la justice des mineurs.
03:15Parce qu'on se dit, évidemment, qu'il a 15 ans,
03:17il ne sera pas jugé comme un majeur.
03:19Mais à 15 ans, il est quand même sous l'effet de la drogue.
03:21Il conduit, il est déjà connu des services de police.
03:23On ne peut plus considérer aujourd'hui qu'un jeune qui a 15 ans,
03:26même parfois 10, 13 ans, d'ailleurs, soit le même jeune qu'à 40 ans.
03:30On se disait qu'évidemment, on ne jugeait pas
03:32des jeunes ados comme des adultes, en se disant notamment
03:34que le discernement, etc., n'est pas le même.
03:36A l'époque, on se disait ça.
03:37Aujourd'hui, c'est moins valable.
03:38Bien évidemment.
03:39Et je pense que, vous l'avez dit, c'est un scénario
03:41qui manque cruellement d'originalité.
03:43Malheureusement.
03:44C'est des choses qui se démultiplient.
03:46Moi, ce qui est amusant, c'est que je ne serais pas journaliste
03:49et je n'avais pas des policiers,
03:50je n'étais pas au contact de l'actualité quotidiennement.
03:53Je croirais, je pense comme beaucoup de gens,
03:55que la police est violente, qu'elle tue, qu'elle fait peur, etc.
03:57Tellement peur que, vous l'avez dit, un refus d'autant enterrer
03:59tous les 17 minutes.
04:00Alors, ce n'est évidemment pas vraiment la police en soi,
04:02c'est évidemment la sanction derrière.
04:05À partir du moment où il n'y a pas de crainte de sanction
04:07et qu'il y a un sentiment de toute puissance,
04:08eh bien, on se permet tout.
04:10Ça, on a encore une fois la preuve.
04:11Alors, heureusement, je suis désolé pour votre collègue blessé,
04:14mais je pensais surtout au bébé dans une poussette.
04:16On a frôlé une tragédie abominable.
04:20La course poursuite, c'est le danger pour l'auteur de l'acte,
04:23pour le policier et pour toute personne
04:24qui peut se retrouver sur la route.
04:26Je pense notamment au fils de Yannick Allénaud.
04:28Yannick Allénaud, c'est ça ?
04:29Oui.
04:31Malheureusement, ces choses-là conduisent souvent à des drames.
04:35Le problème, c'est quand les policiers interviennent
04:38et qu'ils sont obligés de faire usage de la violence,
04:40eh bien, ça crée des polémiques pendant des mois
04:43et les policiers en prennent plein la figure.
04:45Et lorsque les policiers n'interviennent pas
04:47et que cette personne va justement faucher une poussette
04:49ou une grand-mère ou n'importe qui sur la chaussée,
04:51les policiers en prennent aussi plein la figure en disant
04:53pourquoi n'ont-ils pas interpellé ?
04:54Parce qu'à la fin, il y a toujours cette réponse pénale inexistante.
04:57Il y a toujours placé sous contrôle.
05:00Encore là, en centre éducatif fermé, c'est déjà ça.
05:02Mais je me rappelle, il y a eu une jeune fille de 18 ans
05:05violée à Clermont-Ferrand par un réfugié.
05:07Il a été placé sous contrôle judiciaire et remis en liberté.
05:10Ce que je veux dire, c'est que vous pouvez arrêter 40...
05:13Enfin, je vous apprends rien.
05:14Il faut arrêter 40 fois, 50 fois la même personne.
05:17On arrête des types qui ont 37 antécédents au casier judiciaire.
05:20Ils sont encore en liberté.
05:21Enfin, la question, c'est même plus de savoir
05:23est-ce que la police fait son travail ?
05:24Est-ce que la police, à la limite, le ferait bien ou mal ?
05:26C'est même plus le débat.
05:27La question, c'est que la police le fasse bien ou mal.
05:28De toute façon, il n'y a jamais de réponse pénale à la fin.
05:31Donc, il y a toujours ce sentiment de toute puissance
05:34et ce sentiment d'impunité de la part des délinquants et des voyous.
05:36Oui, et ce sentiment d'impunité,
05:37parce que quand il a été pris en chasse,
05:38l'instruction a été donnée d'arrêter la course-poursuite
05:41car le pilote prenait trop de risques
05:43et donc tout le monde était mis en danger.
05:44Mais ça aussi...
05:45Alors, on comprend parfaitement Jean-Christophe Couville,
05:47la logique de se dire, il ne faut évidemment pas
05:49qu'il y ait trois morts par course-poursuite, bien sûr.
05:51Mais pour les policiers, pour les personnes qui sont sur le terrain,
05:54c'est extrêmement frustrant parce qu'en fait,
05:55maintenant, ils ont compris.
05:56Lors d'un refus d'obtempérer, vous partez très vite,
05:58vous êtes sur la chaussée, vous faites n'importe quoi.
05:59Vous savez que la police arrêtera de vous suivre
06:01parce que justement, la police ne mettra pas en danger
06:03les riverains qui peuvent se trouver sur votre chemin.
06:06Oui, parce que contrairement à ce que certains disent,
06:08chez nous, la vie est précieuse.
06:09Et donc, on respecte même l'avis effectivement
06:11des auteurs de troubles ou des délinquants.
06:14D'ailleurs, cette philosophie se retrouve
06:16même chez l'ORED, GIGN, etc.
06:18Jusqu'au dernier moment, on essaye de préserver la vie humaine.
06:21Donc oui, ce qui est rageant, en fait,
06:24quand vous êtes policier, c'est que vous voyez ça
06:26et qu'à chaque fois, quand vous réussissez à interpeller le gamin
06:29et vous faites la procédure, etc.,
06:32les avocats arrivent.
06:33C'est tant bien, on a un avocat sur le plateau.
06:35Mais première des choses, et je ne peux pas les blâmer
06:37parce que la loi le permet,
06:38c'est de chercher la faille juridique,
06:40à savoir la forme plutôt que le fond.
06:43La procédure.
06:44La procédure, la faille.
06:45Parce qu'effectivement, nous, on a de l'abattage.
06:47On a des collègues,
06:48on a une déficience d'officiers de pôle judiciaire
06:51où on a 300, 400 dossiers en attente.
06:53Donc, il faut toujours aller très vite.
06:55La procédure est de plus en plus technique.
06:57Prendre du temps.
06:58Elle est très chronophage, etc.
07:00Et donc, effectivement, on peut commettre des erreurs de droit.
07:03Et un jour, il va falloir s'attacher vraiment,
07:05mais réellement, à simplifier la procédure.
07:07Bon.
07:08Et donc, une fois que vous avez ça,
07:09vous avez fisté l'affaire,
07:10le juge, donc, prend l'affaire en main
07:13et lui, il se fait une idée du gamin.
07:15Parce que, voilà, c'est normal.
07:17Je veux dire, on regarde.
07:18C'est une pelle individualisée
07:20en fonction de son environnement,
07:22de comment il a été élevé, etc., etc.
07:24Les sanctions tombent.
07:25Et 90 %, les sanctions ne sont pas en adéquation
07:29avec les attentes des victimes et même des policiers.
07:32On se dit, mais attendez, tout ça pour ça ?
07:34Mais bon, la justice, encore une fois,
07:36elle est indépendante.
07:37Mais il faut aussi se creuser le bol.
07:38C'est-à-dire, on rend toujours la justice
07:41au nom du peuple français,
07:42mais est-ce qu'on le consulte, le peuple français,
07:44par rapport à est-ce que ça lui convient ou pas,
07:46au peuple français, la justice qui est rendue ?
07:48Et après, qu'est-ce qu'on fait de ces gamins
07:50qui sont en prison ?
07:51Est-ce qu'il y a un suivi ?
07:52Est-ce que derrière, on les prépare bien
07:54à se réinsérer dans la vie courante ?
07:57Et on voit bien, effectivement,
07:58qu'il y a des coupes budgétaires de partout.
07:59Et donc, en fait, on n'y arrive pas.
08:01Et le but, c'est qu'il n'y ait pas de récidive.
08:02Mais est-ce qu'on met vraiment tous les moyens
08:04pour éviter la récidive ?
08:05Aujourd'hui, non.
08:06D'autant que les centres d'éducation fermés,
08:09il y a 20 ans, Nicolas Sarkozy m'avait demandé
08:12de faire un rapport sur la délinquance des mineurs.
08:15Déjà, elle avait empiré terriblement
08:17depuis les 10 années précédentes.
08:21Et là, elle a encore empiré.
08:23Mais les centres d'éducation fermés,
08:25qui sont pour les mineurs de moins de 16 ans,
08:27une nuit d'un mineur dans un centre d'éducation fermé
08:31coûtait à l'époque, c'est-à-dire en 2005,
08:34une nuit au RIT.
08:36C'est-à-dire, pour le contribuable français,
08:38ça compte.
08:39Et aujourd'hui, ça doit être la même chose
08:40parce que le nombre de personnes
08:41qui doivent travailler.
08:43Donc, c'est que c'est compliqué de construire
08:45les places dans les centres d'éducation fermés.
08:49Mais j'avais préconisé à l'époque
08:51que la majorité pénale soit baissée de 18 à 16.
08:55Et d'autres choses aussi,
08:58comme sur les allocations familiales aussi,
09:00pour les parents,
09:01concernant uniquement l'enfant
09:05qui est impliqué dans les actes.
09:08Le Conseil constitutionnel leur dira non.
09:10Mais c'est très compliqué parce que
09:12un enfant comme ça, qui a 15 ans ou 16 ans,
09:16qui a déjà un passé criminel derrière lui,
09:18ou qui est même impliqué dans le trafic de drogue,
09:21c'est très difficile de le remettre dans le droit chemin
09:24puisqu'il n'a pas envie d'aller au travail
09:26pour un salaire de misère,
09:28alors qu'il peut gagner relativement bien sa vie
09:31dans le trafic de drogue.

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