Avec François Piquemal, député LFI de Haute-Garonne
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00:00téléphone avec un député LFI, camarade Joseph, parce qu'un ancien judoka qu'on connaît bien
00:05ici sur l'antenne de Sud Radio, David Douillet, a passé un petit coup de gueule.
00:09Effectivement, parce que les athlètes français médaillés, lors de ces Jeux
00:13Olympiques de Paris 2024, ils reçoivent une prime. Une prime sur performance,
00:17notamment pour les médaillés, mais cette prime, elle est imposable, ce qui n'était plus le cas,
00:22et ça a passablement énervé David Douillet. Du coup, sur l'antenne de RMC, il a expliqué que
00:27c'était absolument anormal, et on est en ligne pour en parler avec François Piquemalle. Bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Merci d'être avec nous. Vous êtes député LFI de Haute-Garonne. Qu'est-ce que vous en pensez,
00:38David Douillet ? Il dit, pour certains athlètes, c'est de l'argent de poche, et pour d'autres,
00:42dans de petits sports, c'est immense. Fiscaliser ça, je trouve que c'est une honte. Est-ce que
00:47c'est une honte, François Piquemalle ? Alors, moi, avec tout le respect que j'ai
00:51pour l'immense champion qui est David Douillet, je pense qu'il prend le mauvais angle. Par contre,
00:56ce qu'il dit, parce que j'ai lu l'intégralité de son propos, je ne me suis pas arrêté à cette
01:01phrase, et il dit quelque chose avec lequel je suis d'accord, c'est-à-dire que souvent,
01:06une médaille olympique, c'est 10 à 15 ans de travail, sauf pour des gens qui ont des
01:10potentialités comme les hauts marchands. Mais ce que ça revêt, c'est aussi la difficulté pour les
01:18sportifs de haut niveau. Il y en a aujourd'hui plus de 16 000 en France, et la plupart sont
01:23en fait dans la précarité, et sont parfois sous le seuil de pauvreté, parce qu'il n'y a pas de
01:28dispositif qui les accompagne. Celles et ceux qui ont été accompagnés, par exemple, de manière
01:33correcte et cohérente pendant les Jeux olympiques, sont une infime partie de nos sportifs de haut
01:39niveau. Alors, on va le rappeler, François Piquemalle, on va rappeler quand même qu'il y
01:43avait 40% des athlètes français à Rio qui étaient sous le seuil de pauvreté. Il y en a zéro
01:47aujourd'hui. Ils ont été accompagnés. Maintenant, on ne va pas dire qu'ils n'ont pas de l'argent qui
01:53coule des poches nos athlètes, mais c'est une réalité. Ils sont plutôt dans une relative
01:57précarité, mais pas sous le seuil de pauvreté quand même. Alors, si, si, je vous assure qu'il y en a
02:02beaucoup qui le sont, parce que ceux qui ont été accompagnés, ils sont très peu nombreux. C'est
02:07332 qui ont eu un soutien financier réel de plus de 2000 euros pour les JO. On a 571 athlètes qui
02:15sont aux JO français, et il y en a 16 000 qui sont des sportifs de haut niveau. Et d'ailleurs, vous
02:21les médias, vous avez raison, faites des articles montrant un certain nombre de sportifs et sportives
02:26obligés de faire des cagnottes en ligne pour pouvoir avoir une préparation correcte, on va dire,
02:32pour ces JO. Donc, ceux qui sont accompagnés, c'est en fait une infime partie des sportifs de
02:42haut niveau. Et par exemple, la question de l'imposition des primes pour les médailles,
02:47cet argent-là pourrait aller justement dans une caisse qui serve à aider les sportifs de haut
02:52niveau dans leur ensemble, et pas que les médaillés olympiques. Mais du coup, est-ce que ça ne peut
02:56pas récompenser directement les médaillés ? Est-ce que le fait... Avant, c'était défiscalisé,
03:01est-ce que ce n'est pas non plus dommage de les avoir à nouveau fiscalisés alors que ça les
03:06récompensait directement ? Ce qui est le fruit d'un travail olympique, c'est 8 ans environ,
03:11et donc ça fait une prime, c'est quelque chose comme 4 euros par jour quand on ramène à 8 ans.
03:17En fait, le problème, pour moi, il n'est pas là. Le problème, il est comment on accompagne sur le
03:23long terme nos sportifs de haut niveau, et pas que le côté bling-bling et médaillés. Parce que
03:29celles et ceux qu'on va accompagner aujourd'hui, qui aujourd'hui ne sont peut-être pas, n'ont pas
03:34les capacités pour être médaillables, mais c'est peut-être ceux qui dans 4 ans le seront.
03:39Ça, personne ne le sait. On sait comment c'est le sport. C'est beaucoup de variables, des blessures,
03:44des contingences qui ne vous appartiennent pas. Et nous, on est davantage pour massifier le
03:49soutien aux sportifs de haut niveau que d'en privilégier juste ceux qui ont la chance d'avoir
03:58une médaille d'or. Et donc d'ailleurs, moi, je n'en ai entendu aucun se plaindre du fait qu'il y
04:03avait une fiscalité sur leurs primes. Et la plupart d'entre eux, Léon Marchand, qui est de
04:08chez moi à Toulouse, l'a bien dit. Son but à lui, c'est qu'il y ait le plus de pichounes qui
04:13puissent apprendre à nager. Et si on veut qu'ils puissent apprendre à nager, eh bien il faut aussi
04:18faire en sorte qu'il y ait des équipements publics et des éducateurs qui soient formés pour la
04:24façon et qui soient bien payés, correctement rémunérés. Mais François Piquemal, est-ce que ça
04:29n'est pas tout simplement l'objet d'une politique sportive beaucoup plus large à un niveau d'État,
04:34plutôt que le but d'une simple taxe sur les médailles, qui objectivement renvoie peut-être
04:39une image un peu délicate de savoir qu'on va aller chercher de l'argent jusqu'au moindre
04:45petit effort sportif ? En fait, pour moi, le débat, c'est pour ça que je disais que l'angle est mal
04:51choisi. Parce que la question de fond que pose David Douillet sur le soutien au sportif de haut
04:55niveau sur le long terme est pour moi la bonne. Celle de la fiscalisation des médaillés, pour
05:00moi, est en fait assez... Moi, je suis favorable, mais c'est assez accessoire. Par contre, vous avez
05:06mis le doigt sur le vrai problème. J'aimerais qu'il y ait des débats là-dessus, parce qu'on
05:10parle beaucoup des JO. C'est au-delà des médailles, quelle politique sportive en France ? Le Nouveau
05:15Fonds Populaire, par exemple, a présenté des mesures claires. On est pour qu'il y ait 1 % du
05:20budget de l'État qui soit alloué au sport, une extension du chèque sport à 150 euros et son
05:25élargissement, la reconstitution des emplois aidés, la rénovation des équipements et la création de
05:30nouveaux équipements qui soient inclusifs. Il y a plein de propositions et de débats à avoir sur
05:34le sport. Je vais vous donner juste un chiffre, quand même, qu'on a tendance à oublier suite à
05:39l'inflation. Il y a 24 % des Français qui avaient une activité sportive en 2022 qui ont dû y
05:45renoncer en 2023, parce que les licences coûtent trop cher, parce que les salles de sport ont
05:50augmenté leurs tarifs et parce qu'il y a aussi un problème de temporalité pour pouvoir accéder au
05:55sport. On sait à quel point c'est essentiel en matière de santé publique. Patrick Vignale,
06:00sur l'antenne de Sud Radio, il y a quelques jours, dans Les Vraies Voix, un ex-député
06:06renaissant son rappel, évoquait la possibilité d'avoir une retraite, notamment pour les anciens
06:11sportifs. Est-ce que, du côté de la France Insoumise, vous êtes d'accord avec cette idée-là ?
06:15On est plus que d'accord, puisqu'on a déposé une proposition de loi avec ma collègue Karen
06:21Erodi pour qu'il y ait une retraite pour les sportifs de haut niveau qui ont exercé
06:28leur sport avant 2012. Parce qu'aujourd'hui, il y a un régime un peu particulier qui fait qu'après
06:342012, on comptabilise vos trimestres, on les compense, parce que quand vous êtes sportif,
06:39souvent vous vous consacrez soit pleinement à votre sport, soit vous êtes à temps partiel et
06:44donc vous ne cotisez pas à taux plein. Aujourd'hui, il y a 35 000 sportifs de haut niveau passés qui
06:51ont exercé avant 2012, qui ont cette problématique-là. Je pense notamment à Philippe Cordeloro qui s'est
06:59exprimé sur le sujet. Et à Malia Metella notamment, qui est passée elle aussi par Toulouse et les
07:07dauphins du TOREC et que je sais. Et donc, si vous voulez, on a déposé cette proposition de loi lors
07:13de la précédente législature. On va essayer de la redéposer, je pense, à l'ouverture de l'Assemblée,
07:19mais c'est un vrai sujet effectivement que celle de la retraite des sportifs de haut niveau.
07:24Merci beaucoup François Piquemal, député La France Insoumise, d'avoir été avec nous sur Sud
07:29Radio. Exactement, et puis il y a une transition qui était déjà toute faite puisque notre député
07:34a parlé de Toulouse, donc c'est juste l'occasion de marquer une très courte pause. Et avec l'ami
07:39Quentin Gérard, on reviendra sur les Toulousains qui, visiblement, sont pourvoyeurs de médailles
07:43françaises dans ces Jeux Olympiques. A tout de suite sur Sud Radio.