Caddie liquidé, Duralex en difficulté : l'industrie française étouffe-t-elle ?

  • il y a 3 mois
Avec David Cousquer, gérant du cabinet d’analyse Trendeo.

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##C_EST_DANS_LACTU_1-2024-07-17##

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Transcription
00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Thierry Guerrier.
00:06Bonjour à toutes et à tous, et ravi de vous retrouver pour cette tranche de débat de l'été,
00:13en effet, entre 10h et 13h sur Sud Radio.
00:17Alors, trois temps, d'abord jusqu'à 10h30, deux grands sujets.
00:20Vous connaissez Duralex, Duralex, les verres de notre enfance.
00:24Notre enfance, Duralex, est en difficulté.
00:27C'est une entreprise française du côté de l'Est de la France.
00:31Elle est en redressement judiciaire.
00:33Est-ce qu'ils vont trouver une solution ?
00:35On y reviendra dans un instant et on parlera réindustrialisation
00:38avec un expert de la réindustrialisation, David Kosker.
00:42Caddie, Caddie aussi est en liquidation.
00:45Vous savez, les caddies des supermarchés.
00:46On va en parler tout à l'heure et on parlera des industries françaises.
00:50Et puis le retour de la guerre de l'eau, l'agribashing,
00:53les agriculteurs comme cible des écolos violents,
00:56et bien ce sera un coup de cœur ou un coup de gueule du maire de Saint-Saëline
01:01qui sera avec nous en direct dans quelques instants.
01:03Et puis alors de 10h30 à midi, les quatre débatteurs,
01:07habituellement invités de Valérie Expert qui est en vacances,
01:09et bien ils seront là avec nous, quatre débatteurs de 10h30 à midi.
01:12On parlera du gouvernement introuvable et puis qui peut-être demain au perchoir.
01:17De midi à 13h avec Joseph Ruiz, notre rendez-vous coulisses des Jeux Olympiques.
01:22Et puis l'actualité des JO, les JO dans tous leurs états,
01:26et bien je viens de vous le dire, Anne Hidalgo il y a quelques minutes
01:30a plongé avec Tony Estanguet, enfin elle a plongé,
01:32elle s'est mise à l'eau dans la Seine, on verra ça.
01:35Et puis après ce faux suspense qui n'en est plus un,
01:38on verra aussi s'il n'y a pas une menace sur les Jeux avec la CGT
01:41qui menace de mettre en grève les agents de sécurité des Jeux Olympiques.
01:46On se retrouve tout de suite, c'est les débats de l'été.
01:54Alors, premier sujet, je vous le disais,
01:56notre industrie, l'industrie française depuis 40-50 ans
02:00qui se délide petit à petit, on se désindustrialise,
02:03et puis il y a un retour depuis quelques années avec l'idée de réindustrialiser la France.
02:08Bonjour David Kouskière.
02:09Bonjour.
02:10Ravi de vous avoir en ligne avec nous,
02:12vous êtes un analyste, un observateur et un analyste
02:15de l'actualité économique, financière des entreprises françaises
02:20et notamment des industries.
02:22Vous gérez le cabinet d'analyse Trendeo,
02:24vous réalisez d'ailleurs régulièrement un observatoire de la réalité industrielle.
02:30Alors je le disais, des marques emblématiques,
02:33même pour ceux qui connaissent de très loin l'économie,
02:35que sont Caddy, que sont Duralex, même l'Aïeul.
02:39L'Aïeul se bat pour avoir une AOP, une sorte de label particulier
02:43et protection locale de sa marque.
02:46Ces grandes marques françaises sont en difficulté aujourd'hui,
02:50on l'a vu, Duralex cherche un repreneur pour Caddy,
02:55ça a l'air bien compliqué si ce n'est même fini.
02:58Qu'est-ce que vous inspire cette question, cette situation de l'industrie française,
03:04alors même que, pourtant, depuis 2020, 2021, après le Covid,
03:09il y a un grand plan de réindustrialisation de la France.
03:13On ne sait pas très bien où on en est, on se réindustrialise,
03:17ou au contraire, derrière l'arbre qui cache la forêt,
03:20il y aurait une forêt de faillite ?
03:22Non, non, il y a eu une vraie reprise après 2016, c'est certain,
03:27et il y a des annonces de grands sites qui continuent à...
03:31des méga factories, comme on dit.
03:33Voilà, à préparer leur ouverture et leur mise en production,
03:36et certains ont déjà commencé à fournir,
03:39même s'il y a là aussi des interrogations avec une concluance chinoise extrêmement forte.
03:44Ce qui se passe, c'est que sur les deux sites que vous mentionnez ce matin,
03:48qui font l'actualité, Duralex et Caddy,
03:50ce sont des sites qui sont en difficulté depuis plusieurs années,
03:53qui ont connu plusieurs repreneurs,
03:56et qui, probablement en ce moment, souffrent aussi d'un ralentissement de la conjoncture.
04:02Moins d'argent, plus de prudence des investisseurs,
04:06avec notamment les questions électorales,
04:09donc les reprises sont plus difficiles.
04:12Mais ce sont aussi deux sites, et notamment Duralex,
04:15qui sont sur un positionnement compliqué pour l'industrie française.
04:19Pourquoi ?
04:20Parce que ce sont des sites d'entrée de gamme,
04:22c'est des sites de produits du quotidien,
04:26Et les chinois font moins cher, et plus facilement, ils produisent plus.
04:30Exactement, c'est sur ces sujets-là qu'on a perdu.
04:34Les deux sites aussi ont la particularité d'avoir été propriété de grands groupes,
04:39Saint-Gobain pour Duralex, il y a longtemps.
04:43Et donc c'est des sites qui ont un cœur industriel,
04:47mais qui n'ont pas forcément la fonction marketing,
04:49qui n'ont pas forcément les capitaux.
04:51C'est un comble, c'est-à-dire qu'on a des ouvriers qui savent faire,
04:54on a des techniciens, des ouvriers, des machines qui savent faire,
04:57mais au fond, on n'a pas le bon positionnement marketing,
05:01et on ne vend pas les produits,
05:03et au même prix finalement, même un peu moins cher,
05:06on trouve du moyen de gamme qui est fait ailleurs.
05:10Ou du moins cher, j'ai regardé rapidement tout à l'heure sur le site d'un grand immobilier suédois,
05:17on trouve des verres à moins d'un euro pièce sur le site de Duralex,
05:21ils sont à 2-3 euros.
05:24Voilà, c'est plus solide,
05:26il peut y avoir un design plus intéressant pour des marques françaises,
05:31et c'est fait en France,
05:33mais il y a une limite à l'achat patriotique.
05:37C'est-à-dire qu'on peut supporter que ce soit un peu plus cher,
05:40mais il ne faut pas que ce soit le double de ce qu'on peut trouver ailleurs.
05:44Est-ce que la solution parmi les propositions de reprise de Duralex,
05:49avec quand même à la clé plus de 100 emplois,
05:52est-ce que les solutions pourraient être par exemple
05:56ce projet de reprise par les salariés et leur cadre eux-mêmes
05:59avec une coopérative, une scope ?
06:01Qu'est-ce que vous pensez de ce type de formule ?
06:04A priori, pourquoi pas.
06:06J'ai vu que certains syndicats sont plutôt favorables à une reprise
06:10par un groupe qui a d'autres verreries,
06:13qui a des fonctions marketing,
06:16mais qui n'apprendra pas tous les emplois.
06:19Oui, mais le projet de scope risque d'être sous-capitalisé,
06:23de prolonger une situation qui est difficile depuis plusieurs années.
06:27Oui, parce que ce qu'il faut, c'est de la trésorerie, du cash,
06:30de l'argent frais pour pouvoir tenir.
06:32Il ne suffit pas de dire je reprends à court terme,
06:34il faut un plan pour relancer notamment la pub, le marketing,
06:37comme vous disiez.
06:38Donc c'est ça que vous appelez sous-capitaliser.
06:40Il faut un projet.
06:41Il y a des difficultés dans certains secteurs en ce moment.
06:44Il y a toutes les reconversions des sites automobiles
06:47qui sont sur le thermique et qui ne seront pas sur le véhicule électrique
06:50parce qu'il y aura moins de pièces notamment,
06:52on ne va pas retrouver les mêmes pièces.
06:54Donc il y a des questions sectorielles,
06:56mais chaque échec, chaque réussite d'entreprise
07:01est aussi une tort individuelle.
07:03Duralex a eu son heure de gloire.
07:07On vit encore sur une popularité acquise depuis plusieurs années,
07:10mais il y a un projet pour relancer l'entreprise aujourd'hui.
07:14Alors, David Kouskère, vous êtes donc, je le rappelle,
07:17un analyste, observateur de la situation de nos entreprises
07:22et de leurs finances avec Trend.io et cet observatoire.
07:25Venons-en de manière plus générale, plus macro je dirais,
07:28à la réindustrialisation.
07:30Il y a des méga factories et puis il y a un plan en France,
07:33relance 2030 par exemple, financé en partie par l'Europe,
07:36voulu par le gouvernement précédent,
07:38pour essayer de pousser les entreprises à revenir.
07:41Et pourtant, il y a une série d'obstacles.
07:44Il y a les obstacles à court terme qui sont la dissolution
07:47et l'instabilité politique qui font peur.
07:49Par exemple, le Figaro Economy évoquait ce matin la French Tech
07:52qui a peur des effets de la dissolution.
07:54Vous allez nous expliquer pourquoi ils ont peur des effets politiques,
07:57les patrons de ces jeunes entreprises de la nouvelle technologie.
08:02Et puis il y a d'autres blocages.
08:04Il y a les questions de terrain,
08:06d'acceptabilité par les voisins qui font des recours
08:10quand on crée une usine.
08:11Et puis on ne recrute pas, c'est quand même un comble.
08:13C'est quoi les difficultés auxquelles sont confrontées
08:16ceux qui essayent de recréer des usines en France ?
08:20Alors, il y a l'absence de garantie.
08:22Vous avez parlé des méga factories.
08:24Il y en a, il n'y en a pas assez.
08:26C'est-à-dire que par rapport à la taille de l'économie française,
08:29il y a beaucoup moins de giga factories qu'en Europe de l'Est
08:33Ou en Allemagne, ou en Pologne.
08:35Voilà, on a un problème déjà de grands sites effectivement
08:39avec des réticences chaque fois qu'un grand projet est annoncé.
08:46Il y a des réticences sur la consommation d'eau, sur l'espace.
08:49Mais c'est un comble quand même.
08:50On veut réindustrialiser.
08:52Et dès qu'il y a un projet, on envoie des recours,
08:55on se mobilise, les riverains n'en veulent pas.
08:58C'est quand même paradoxal.
08:59Alors, c'est compliqué.
09:00En même temps, on ne va pas remettre en question
09:03l'urgence du problème climatique.
09:07Ce qu'il faut, c'est préparer des sites.
09:09Ce qu'il faut, c'est préparer à la fois l'opinion et des sites
09:12et compenser.
09:13C'est-à-dire que chaque fois qu'on prépare un grand site,
09:17il faut en échange faire une réserve biologique
09:20ou quelque chose comme ça
09:22qui permette de prévendre un peu les projets.
09:24Parce que quand l'industriel est là,
09:27qu'il a besoin d'ouvrir dans quelques mois,
09:29ce n'est pas à ce moment-là qu'on peut faire une grande concertation.
09:31Donc, il faut au maximum préparer l'arrivée de grands sites.
09:34Mais il faut savoir qu'on a besoin de grands sites aussi.
09:38OK. Et alors, ça, c'est pour les recours.
09:41Le foncier, c'est donc le terrain.
09:43On manque de terrain aujourd'hui.
09:45Certains agriculteurs ne veulent pas lâcher certains de leurs terrains.
09:48Il y a les fameuses zones sur lesquelles
09:52on ne peut plus construire de bâtiments nouveaux.
09:56Alors, il y a le zéro artificialisation net
09:58qui, effectivement, complique beaucoup la tâche
10:01et qu'il faudrait probablement relaxer un petit peu
10:04spécifiquement pour l'aménagement de grandes zones industrielles
10:08compensées par des zones ou des réserves de protection biologique.
10:12Ça, c'est sûr.
10:13Vous avez cité aussi tout à l'heure la formation
10:16et les problèmes de recrutement.
10:18C'est vrai que l'industrie a eu une mauvaise image.
10:20Donc, il y a eu moins de gens formés pour les métiers industriels.
10:24Bon, ça revient un petit peu.
10:26Et puis, je pense que ça doit plaider aussi
10:28pour un recours inclus à tout ce qui est robotisation.
10:32Il ne faut pas en avoir peur.
10:34Il ne faut pas avoir peur des robots, en fait.
10:36C'est ça que vous le dites.
10:37Non, c'est une solution aux manques de main d'œuvre.
10:42Et donc, il faut robotiser autant qu'on le peut.
10:46C'est ce qui permet aussi de baisser les prix.
10:49C'est ce qui permet à des entreprises comme Duralex ou autres
10:52qui sont sur des produits d'entrée bien.
10:54C'est ce qui leur aurait permis probablement de survivre.
10:58C'est un paradoxe.
10:59Les robots peuvent permettre de moderniser
11:01et finalement de relancer une industrie.
11:03Et donc finalement, au bout du compte, de créer des emplois par ailleurs.
11:06Merci pour toutes ces informations.
11:08David Kouskère, vous êtes, je le rappelle,
11:10le gérant analyste du cabinet d'Anis Financière.
11:13Trendeo, vous avez été avec nous sur ce sujet de la réindustrialisation
11:17avec les difficultés, on l'a vu, de marques très connues
11:20qui sont dans nos souvenirs et pas uniquement dans notre réalité aujourd'hui.
11:23Duralex qui a dit, bien sûr, qu'ils vont plus ou moins bien
11:26et qui essayent de se relancer.
11:28A tout de suite pour un autre débat de l'été.
11:30Vous êtes resté avec nous sur Sud Radio.

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